Le narrateur : pronoms personnels représentant le narrateur : "je (…) m'(…) j'(…) je (…)
j' ", donc 5 fois le pronom sujet, 1 fois le pronom C.O.D..
La femme et le narrateur : un seul pronom personnel à la première personne du pluriel, "nous". Il y a un
seul adjectif possessif : " notre (…) ".
On remarquera la forte présence du pronom personnel qui représente la femme, celle un peu moindre du
pronom représentant le narrateur et la quasi absence de pronoms ou adjectifs représentant la première
personne du pluriel. Dans l'esprit du narrateur, le couple n'est donc pas constitué.
COMMENTAIRE COMPOSE
Ce texte s'inscrit dans la tradition des scènes de l'aveu, moment redouté, parfois retardé, parfois précipité
par les amants. L'intérêt principal du texte est qu'il raconte moins l'aveu que la réaction redoutée qui n'a
pas eu lieu. Celle-ci est d'ailleurs d'une extrême simplicité, puisqu'elle consiste simplement dans le mot
"oui", et l'expression du visage de la femme aimée. Le personnage surpris n'est donc pas la femme
comme on pouvait l'imaginer au début, mais le narrateur qui se déclare. On a ainsi un développement
subtil des deux possibilités que pouvait amener cet aveu, mis en relief par le plus-que-parfait.
Première partie : La scène de l'aveu.
Cette scène se décompose chronologiquement en trois moments :
- L'aveu lui-même : "J'avais tout débité d'un trait". On notera l'ellipse de cet aveu qui n'est pas formulé
comme pour mieux rendre compte de la pudeur et de la crainte du sujet.
- Les craintes de la réaction négative : Tout le texte développe un autre scénario que celui qui va se
réaliser. Cela a pour effet de distendre démesurément le moment qui sépare l'aveu lui même de la
réponse "oui". On ne peut en effet imaginer un long moment entre la déclaration et la réponse. Mais le
temps est ici envisagé sous l'angle de la peur, de la très forte attente qui donne au sujet l'impression
qu'un très long moment s'est écoulé.
- Le "oui". La brièveté, la netteté contraste fortement avec les attentes craintives du sujet. Comme pour
donner plus d'épaisseur à ce "oui", il se trouve répété neuf fois au cours du texte et commenté.
Deuxième partie : Un scénario imaginé : le fiasco.
On analysera précisément cette partie centrale en montrant comment sont développés les sentiments
supposés de la femme ("surprise", "indifférence", "compassion") puis ses réactions pleines de "politesse
et consolation"; ses paroles "des formules contorsionnées"…"il ne lui semblait pas possible"… "promettre
que nous nous resterions bons amis". On montrera le lien étroit entre l'attitude la femme évoquée et les
sentiments du narrateur qui se remémore après coup ce qu'il avait imaginé : la peur, la pudeur,
l'embarras devant les réponses. On aura relevé les répétitions des mots "peur", "surprise", détourner".
On insistera sur la syntaxe qui joue sur deux plans : les craintes du narrateur sont grammaticalement au
premier plan, les réactions de la femme sont surtout dans les subordonnées et autres compléments.
Troisième partie : Le "oui".
Tout se passe comme si, par un effet de compensation, le narrateur s'étendait sur la brièveté du "oui"
répété neuf fois.
Cependant, il s'agit aussi de mettre en valeur l'effet de surprise d'autant plus fort que le narrateur
s'attendait à un refus. Quant à la possibilité d'un accueil favorable, elle est imaginée d'une autre manière.
Le "oui" est donc questionné dans son décalage.
On aura remarqué que "oui" n'est pas la réponse à un aveu, à "je vous aime", mais à une question
"m'aimez-vous?". A travers l'interrogation du narrateur "oui, quoi ?", la réaction de la femme se donne à
lire de manière décalée par rapport à l'aveu.
Le "oui" se donne donc à lire comme la figure inversée du classique "non" redouté dans cette évocation
au plus-que-parfait.
Au-delà du contraste entre les craintes et l'espoir, entre de longs discours et le "oui", on a un
renversement de situation. Alors qu'il s'attendait à ce qu'elle soit surprise, c'est en fait lui qui est
finalement surpris. La seule évocation qui développe le "oui" se trouve dans l'expression du visage dans
une phrase nominale pour mieux en souligner l'importance : "Avec des yeux en larmes et un sourire de
femme aimée". Ce sont le regard et les yeux qui lèvent, paradoxalement, l'ambiguïté du signe donné par
le langage.
V - LES FAUSSES PISTES
La principale erreur aurait été de s'en tenir à une paraphrase de ce texte sans grands effets de style.
Il fallait aussi ne pas tomber dans une interprétation psychologique.