PACEMAKER ET ANESTHESIE Dr Karine Nubret-Le Coniat SAR II CCV Pr Ouattara Hôpital du Haut-Lévêque Généralités • Le Pace maker a été mis au point afin de traiter des troubles du rythme ou de la conduction qui autrefois étaient responsables de décès par arrêt cardiaque, de chocs cardiogéniques ou d’insuffisance cardiaque aigue sur bradycardie extrême Pace maker But: Assurer la contraction cardiaque par émission d’un influx électrique au niveau de la paroi cardiaque - Fonctionnement basé sur: 1. écoute du rythme cardiaque 2. stimulation cardiaque - Par le biais de sondes endocavitaires ou péricardiques (chirurgie cardiaque et pédiatrie) - Le stimulateur est externe(temporaire) ou interne Pace maker • Il en existe différents types en fonction du nombre de sondes utilisées: simple, double ou triple chambre (= bi ventriculaires) • Chaque sonde est capable d’écouter ou stimuler de manière indépendante ou coordonné avec les sondes qui lui sont associées Sonde VG passant par le sinus veineux Mode de fonctionnement • Chaque pace maker est réglé différemment en fonction de la pathologie sous jacente • Différents modes : asynchrones / synchrones (+/-sentinelle) Asynchrone = VOO Délivre des impulsions électriques à intervalle régulier qui permettent de maintenir un rythme cardiaque fixe. Ce mode ne tient pas compte de l'activité cardiaque spontanée Non utilisé en programmation VOO Permanente=>Risque de stimulation en période vulnérable VVI Mode sous aimant pour les stimulateurs simple chambre Mode de fonctionnement SYNCHRONE: Permet de synchroniser la stimulation ventriculaire sur la détection atriale Stimulation plus physiologique qui s’est imposé en 2004 Par exemple : patient en BAV => PM double chambre : électrode auriculaire sentinelle ( écoute le rythme auriculaire) et électrode ventriculaire synchrone (stimule le ventricule à une fréquence synchrone) Pace maker SENTINELLE : Stimulation à intervalles réguliers en l’absence d’un rythme spontané du patient mais si il persiste une activité spontanée: 1) rythme spontané < fréquence de base: Stimulation à intervalles réguliers 2) rythme spontané > fréquence de base: Inhibition du simulateur Ce mode de stimulation permet de s’adapter au rythme cardiaque sous jacent Sentinelle en VVI Pace maker • Programmation du pace maker : code universel Lettre I Lettre II Lettre III Lettre IV Cavité stimulée Cavité détectée Réponse du PM lorsqu’il détecte une activité cardiaque Fréquence de stimulation O = aucune O = aucune =mode asynchrone O = absente=mode asynchrone O = non asservie A = oreillette A = oreillette I =inhibée R = asservie V = ventricule V = ventricule T = déclenchée D = oreillette et ventricule D = oreillette et ventricule D = double (I+T) VVI DDD Indication du PM 1. 2. 3. 4. 5. 6. Blocs bi ou tri fasciculaires avec un bloc de branche alternant ou un BAV de type II ou III intermittent. Bradycardies et pauses sinusales symptomatiques Syndrome du sinus carotidien symptomatique ou pause>3sec lors du massage du sinus. BAV II symptomatique ou entraînant des asystolies > 3sec ou un rythme d’échappement<40/min BAV II iatrogène (cardiologie interventionnelle) BAV III Indication des PM 7. BAV postopératoire une après un délai de 10j 8. Syndrome du QT long 9. Cardiomyopathie hypertrophiques et obstructives avec asynchronisme VD/VG par BBG (PM de resynchronisation) Etiologies multiples: Dégénératif, ischémique, métabolique, toxique, infectieuse, post-opératoire Bradycardie sinusale Bloc sino auriculaire F BAV 1° BAV 2° Mobitz 1 Mobitz 2 BAV 3° Complications Lors de la pose: 1. 2. 3. 4. 5. Hémorragies Pneumothorax/Hémothorax Troubles du rythme Perforation du VD avec tamponnade Infection de la loge de PM (2%) Dysfonctionnement Causes de dysfonction des PM 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. Défaut d’écoute ou de stimulation Défaut d’entraînement Inhibition en cross talk (inhibition de la sonde ventriculaire capte la dépolarisation auriculaire qu’elle soit spontanée ou stimulée Tachycardie par réentrée électronique (onde P rétrograde induisant une nouvelle stimulation ventriculaire) Tachycardie induite par des interférences Endocardite sur sonde (0,005 à 0,5%) Thrombose veineuse Usure de la pile Rupture ou déplacement de la sonde Dysfonctionnement 10. Fibrose ou ischémie myocardique au contact de la sonde modifiant les seuils de détection et de stimulation) 11. Troubles métaboliques ou effets secondaires des anti arythmique type flécaine et sotalol qui peuvent modifier les seuils 12. Interférences électromagnétiques: elles peuvent soit induire des tachycardies par réentrées électroniques (PM double chambre) soit le plus souvent elles provoquent une inhibition du PM (pouvant être fatales) 13. Certaines interférences peuvent endommager ou déprogrammer le PM Dysfonctionnement • Sur 1000 dispositif 1.4/an tombe en panne sans raison évidente (Maisel et al) • Les interférences les plus fréquemment rencontrées en médecine sont: le bistouri électrique (mono polaire>> bipolaire), l’IRM, les convulsions, la sismothérapie et les choc électrique externes, la lithotripsie extra corporelle N.B. • Attention : votre patient a une FC à 60bpm avec un PM sentinelle réglé à 70/min => le PM n’est pas forcement défectueux (il s’agit d’une fréquence de repli: le PM tolère une fréquence < à la fréquence sentinelle tant que le rythme est sinusal!) Cette fréquence est réglée indépendamment de la fréquence sentinelle ou ESV Prise en charge pré-opératoire • Déterminer le type de PM et sa programmation (carte de porteur de PM) • Date de mise en place, suivi cardiologique • Évaluer la tolérance : persistance de lipothymie, de palpitation • Examens complémentaires: RxT, Ionogramme, ECG sans puis avec aimant • Adresser systématiquement le patient a son cardiologue si : Manque d’information Dernier contrôle > 6 mois Doute sur une dysfonction Prise en charge pré-opératoire • PM asservi: désactiver l’asservissement (rarement fait en pratique) mais risque de tachycardie lors du passage en ventilation mécanique ou lors de l’utilisation du bistouri monopolaire ou de certains scopes! • Selon certain auteurs: programmer le PM en mode VOO ou DOO chez tous les patients dépendant pour lesquels un bistouri monopolaire va être utilisé • De plus certains producteurs de PM recommandent d’augmenter les seuils de stimulation de 5v (modification peropératoire des seuils de stimulation) Prise en charge per-opératoire La base: • Avoir à proximité: un défibrillateur externe avec ses électrodes d’entraînement électrosystolique externe, une sonde de stimulation, de l’isoprénaline et un aimant • Mettre en place des électrodes d’entraînement chez tous les patients dépendants si l’accès per opératoire au thorax du patient est difficile • Toujours avoir deux moyens de monitorage de la FC (ECG et SpO2) • L’analyse du segment ST impossible chez les patients électroentrainés en permanence • Attention sondes de PM facilement mobilisables durant le premier mois (elle sont ensuite fixées par un processus de fibrose endovasculaire et endomyocardique): donc prudence avec les voies veineuses centrales et les sonde de swan ganz Prise en charge per-opératoire • Limiter toutes les causes possibles de troubles du rythme: prévention de l’ischémie myocardique, pas d’hypovolémie, maintient de l’homéostasie du milieu intérieur • Prévenir ou limiter les interférences électromagnétiques: – Limiter le recours au bistouri électrique, bannir le bistouri mono polaire ou, si le chirurgien ne veut pas entendre raison, veiller à ce que la terre du bistouri électrique soit le plus loin possible du PM de manière à ce que le trajet du courant électrique entre le bistouri et la terre ne croise pas le trajet des électrodes du PM – Limiter l’intensité de l’électrocoagulation (elle génère beaucoup plus d’interférences que le mode section) – A noter le bistouri bipolaire émet aussi des interférences mais dans un champ restreint Prise en charge per-opératoire • Risque de déprogrammation du PM en présence de l’aimant sur le PM lors de l’utilisation du bistouri, mais si le patient dépendant du PM l’aimant permet souvent de passer en mode asynchrone • ->mettre en place un aimant lors d’une utilisation prolongée du bistouri peut être parfois nécessaire (uniquement si patient dépendant du PM et que le bistouri inhibe le PM!) • Attention à l’aimant : pas toujours salvateur en cas de dysfonction du PM, parfois aucun effet • Mode VOO peut être mal supporté en cas de perte de la synchronisation auriculo-ventriculaire (patients bénéficiant d’une resynchronisation) Interférences du bistouri inhibant le PM le PM ne stimule plus => si le patient est dépendant: ACR SpO2 CAT en cas de dysfonctionnement du PM • Arrêter l’utilisation de tout appareil provoquant des interférences: bistouri, réchauffeur d’air pulsé, curamètre • Évaluer l’impact du trouble du rythme sur l’hémodynamique (CEE?) • Bradycardie: défaut de stimulation, modification des seuils, reprogrammation, déplacement de sonde…Passer en VOO (aimant) si inefficace: EES externe puis éventuellement mettre en place une sonde EES endocavitaire ou une perfusion continue d’isoprénaline • Tachycardie(reprogrammation ou arythmie ventriculaire): passer en VOO, si la tachycardie persiste utiliser des agents antiarythmiques Prise en charge en post-opératoire • En cas de problème peropératoire: reprogammation urgente du PM (adresser le patient en USIC) • Si aucun problème peropératoire: le PM devra être vérifié durant l’hospitalisation par un cardiologue Anesthésie pour pose de PM • Patientèle souvent âgée et poly pathologique • Bilan préopératoire standard avec RxT, NFS, Ionogramme sanguin, groupe Rh RAI • Mêmes précautions que l’anesthésie d’un patient porteur de PM (défibrillateur en salle, sonde EES, isoprénaline). • Geste de courte durée et peu douloureux (anesthésie locale) réalisé sous simple AIVOC Propofol (Benzodiazépines utilisables mais risque de dépression respiratoire) • Antibioprophylaxie: céfazoline 2g dose unique ou Vancomycine 15mg/kg si allergie aux bétalactamines • L’existence de sondes de PM ne modifie pas le risque d’endocardite significativement et n’impose pas d’antibioprophylaxie spécifique