Quelques conjectures mathématiques Gisella Croce Laboratoire de Mathématiques Appliquées du Havre 4 janvier 2011 Deux problèmes ouverts sur les nombres premiers Les nombres premiers (Euclide, 300 a.C.) Il existe une infinité de nombres premiers. Les nombres premiers (Euclide, 300 a.C.) Il existe une infinité de nombres premiers. Une curiosité: 243.112.609 − 1 est le plus grand nombre premier connu. Les nombres premiers (Euclide, 300 a.C.) Il existe une infinité de nombres premiers. Une curiosité: 243.112.609 − 1 est le plus grand nombre premier connu. Il a 12.978.189 chiffres. Les nombres premiers (Euclide, 300 a.C.) Il existe une infinité de nombres premiers. Une curiosité: 243.112.609 − 1 est le plus grand nombre premier connu. Il a 12.978.189 chiffres. Remarque: Les nombres premiers sont utilisés en cryptographie, par exemple dans le code RSA (1978). Les nombres premiers (Euclide, 300 a.C.) Il existe une infinité de nombres premiers. Une curiosité: 243.112.609 − 1 est le plus grand nombre premier connu. Il a 12.978.189 chiffres. Remarque: Les nombres premiers sont utilisés en cryptographie, par exemple dans le code RSA (1978). La sécurité du code RSA est basée sur le fait que si on sait qu’un nombre n est le produit de deux nombres premiers, il est difficil de calculer dans un temps raisonable ces deux nombres. Conjecture de Goldbach (1742) Tout nombre entier pair ≥ 4 peut être écrit comme la somme de deux nombres premiers. Conjecture de Goldbach (1742) Tout nombre entier pair ≥ 4 peut être écrit comme la somme de deux nombres premiers. Par exemple: 4=2+2 6=3+3 8=3+5 10 = 3 + 7 Cette conjecture a été vérifiée par ordinateur pour tous les nombres pairs jusqu’a 1, 1 × 1018 (2008). L’éditeur du livre ”Uncle Petros and Goldbach’s Conjecture” de Apostolos Doxiadis, offrit 1.000.000 de dollars pour une preuve de la conjecture en 2000. L’éditeur du livre ”Uncle Petros and Goldbach’s Conjecture” de Apostolos Doxiadis, offrit 1.000.000 de dollars pour une preuve de la conjecture en 2000. L’éditeur du livre ”Uncle Petros and Goldbach’s Conjecture” de Apostolos Doxiadis, offrit 1.000.000 de dollars pour une preuve de la conjecture en 2000. Il n’a jamais été réclamé. Conjecture des nombres premiers jumeaux Il existe une infinité de nombres premiers p tels que p + 2 soit aussi premier. Conjecture des nombres premiers jumeaux Il existe une infinité de nombres premiers p tels que p + 2 soit aussi premier. Par exemple: 3, 5 5, 7 11, 13 41, 43 sont des premiers jumeaux; 7, 11 ne sont pas jumeaux. Conjecture des nombres premiers jumeaux Il existe une infinité de nombres premiers p tels que p + 2 soit aussi premier. Par exemple: 3, 5 5, 7 11, 13 41, 43 sont des premiers jumeaux; 7, 11 ne sont pas jumeaux. Le plus grand couple connu est 2.003.663.6132195.000 − 1, 2.003.663.6132195.000 + 1. Ces deux nombres possèdent 58.711 chiffres. Conjecture des nombres premiers jumeaux Il existe une infinité de nombres premiers p tels que p + 2 soit aussi premier. Par exemple: 3, 5 5, 7 11, 13 41, 43 sont des premiers jumeaux; 7, 11 ne sont pas jumeaux. Le plus grand couple connu est 2.003.663.6132195.000 − 1, 2.003.663.6132195.000 + 1. Ces deux nombres possèdent 58.711 chiffres. Conjecture de Polignac (1849) Pour tout k pair, il existe une infinité de nombres premiers p tels que p + k est premier aussi. Le dernier théorème de Fermat Théorème de Fermat-Wiles Il n’y a aucun triplet de nombres naturels non nuls x, y , z tels que x n + y n = z n pour n ≥ 3. Théorème de Fermat-Wiles Il n’y a aucun triplet de nombres naturels non nuls x, y , z tels que x n + y n = z n pour n ≥ 3. Remarque: I n = 1: il existe évidemment des triplets d’entiers x, y , z tels que x + y = z; Théorème de Fermat-Wiles Il n’y a aucun triplet de nombres naturels non nuls x, y , z tels que x n + y n = z n pour n ≥ 3. Remarque: I n = 1: il existe évidemment des triplets d’entiers x, y , z tels que x + y = z; I n = 2: il existe des triplets d’entiers tels que x 2 + y 2 = z 2 ; par exemple x = 3, y = 4, z = 5 et x = 5, y = 12, z = 13. Théorème de Fermat-Wiles Il n’y a aucun triplet de nombres naturels non nuls x, y , z tels que x n + y n = z n pour n ≥ 3. Remarque: I n = 1: il existe évidemment des triplets d’entiers x, y , z tels que x + y = z; I n = 2: il existe des triplets d’entiers tels que x 2 + y 2 = z 2 ; par exemple x = 3, y = 4, z = 5 et x = 5, y = 12, z = 13. Pierre de Fermat écrivait, en 1637, en marge d’une traduction de l’Arithmetica de Diophante, à la suite de l’énoncé de ce problème: J’ai trouvé une merveilleuse démonstration de cette proposition, mais la marge est trop étroite pour la contenir. Théorème de Fermat-Wiles Il n’y a aucun triplet de nombres naturels non nuls x, y , z tels que x n + y n = z n pour n ≥ 3. Remarque: I n = 1: il existe évidemment des triplets d’entiers x, y , z tels que x + y = z; I n = 2: il existe des triplets d’entiers tels que x 2 + y 2 = z 2 ; par exemple x = 3, y = 4, z = 5 et x = 5, y = 12, z = 13. Pierre de Fermat écrivait, en 1637, en marge d’une traduction de l’Arithmetica de Diophante, à la suite de l’énoncé de ce problème: J’ai trouvé une merveilleuse démonstration de cette proposition, mais la marge est trop étroite pour la contenir. Ce théorème, avant 1995, était énoncé dans le livre Guinness des records comme le problème mathématique le plus difficil. Histoire de la preuve I Fermat: n = 4 I Euler (1770): n = 3 Histoire de la preuve I Fermat: n = 4 I Euler (1770): n = 3 I Il suffit de montrer le résultat pour n premier. Pourquoi? Histoire de la preuve I Fermat: n = 4 I Euler (1770): n = 3 I Il suffit de montrer le résultat pour n premier. Pourquoi? Soit n = n0 p avec p premier. Histoire de la preuve I Fermat: n = 4 I Euler (1770): n = 3 I Il suffit de montrer le résultat pour n premier. Pourquoi? Soit n = n0 p avec p premier. S’il existe un triplet x, y , z de nombres entiers tels que x n + y n = z n , alors Histoire de la preuve I Fermat: n = 4 I Euler (1770): n = 3 I Il suffit de montrer le résultat pour n premier. Pourquoi? Soit n = n0 p avec p premier. S’il existe un triplet x, y , z de nombres entiers tels que x n + y n = z n , alors on aurait (x n0 )p + (y n0 )p = (z n0 )p . Histoire de la preuve I Fermat: n = 4 I Euler (1770): n = 3 I Il suffit de montrer le résultat pour n premier. Pourquoi? Soit n = n0 p avec p premier. S’il existe un triplet x, y , z de nombres entiers tels que x n + y n = z n , alors on aurait (x n0 )p + (y n0 )p = (z n0 )p . Alors il existerait un triplet d’entiers pour l’exposant p qui est premier... Histoire de la preuve I Fermat: n = 4 I Euler (1770): n = 3 I Il suffit de montrer le résultat pour n premier. Pourquoi? Soit n = n0 p avec p premier. S’il existe un triplet x, y , z de nombres entiers tels que x n + y n = z n , alors on aurait (x n0 )p + (y n0 )p = (z n0 )p . Alors il existerait un triplet d’entiers pour l’exposant p qui est premier... contradiction! Histoire de la preuve I Fermat: n = 4 I Euler (1770): n = 3 I Il suffit de montrer le résultat pour n premier. Pourquoi? Soit n = n0 p avec p premier. S’il existe un triplet x, y , z de nombres entiers tels que x n + y n = z n , alors on aurait (x n0 )p + (y n0 )p = (z n0 )p . Alors il existerait un triplet d’entiers pour l’exposant p qui est premier... contradiction! I Kummer (1850): nombres premiers ”réguliers” Histoire de la preuve I Fermat: n = 4 I Euler (1770): n = 3 I Il suffit de montrer le résultat pour n premier. Pourquoi? Soit n = n0 p avec p premier. S’il existe un triplet x, y , z de nombres entiers tels que x n + y n = z n , alors on aurait (x n0 )p + (y n0 )p = (z n0 )p . Alors il existerait un triplet d’entiers pour l’exposant p qui est premier... contradiction! I Kummer (1850): nombres premiers ”réguliers” I En 1993, après sept ans de travail, A. Wiles annonce à l’Isaac Newton Institute for Mathematical Sciences qu’il a montré le dernier théorème de Fermat. Histoire de la preuve I Fermat: n = 4 I Euler (1770): n = 3 I Il suffit de montrer le résultat pour n premier. Pourquoi? Soit n = n0 p avec p premier. S’il existe un triplet x, y , z de nombres entiers tels que x n + y n = z n , alors on aurait (x n0 )p + (y n0 )p = (z n0 )p . Alors il existerait un triplet d’entiers pour l’exposant p qui est premier... contradiction! I Kummer (1850): nombres premiers ”réguliers” I En 1993, après sept ans de travail, A. Wiles annonce à l’Isaac Newton Institute for Mathematical Sciences qu’il a montré le dernier théorème de Fermat. Il soumet sa preuve à ”Inventiones Mathematicae” Histoire de la preuve I Fermat: n = 4 I Euler (1770): n = 3 I Il suffit de montrer le résultat pour n premier. Pourquoi? Soit n = n0 p avec p premier. S’il existe un triplet x, y , z de nombres entiers tels que x n + y n = z n , alors on aurait (x n0 )p + (y n0 )p = (z n0 )p . Alors il existerait un triplet d’entiers pour l’exposant p qui est premier... contradiction! I Kummer (1850): nombres premiers ”réguliers” I En 1993, après sept ans de travail, A. Wiles annonce à l’Isaac Newton Institute for Mathematical Sciences qu’il a montré le dernier théorème de Fermat. Il soumet sa preuve à ”Inventiones Mathematicae” mais les referees trouvent une faute. Histoire de la preuve I Fermat: n = 4 I Euler (1770): n = 3 I Il suffit de montrer le résultat pour n premier. Pourquoi? Soit n = n0 p avec p premier. S’il existe un triplet x, y , z de nombres entiers tels que x n + y n = z n , alors on aurait (x n0 )p + (y n0 )p = (z n0 )p . Alors il existerait un triplet d’entiers pour l’exposant p qui est premier... contradiction! I Kummer (1850): nombres premiers ”réguliers” I En 1993, après sept ans de travail, A. Wiles annonce à l’Isaac Newton Institute for Mathematical Sciences qu’il a montré le dernier théorème de Fermat. Il soumet sa preuve à ”Inventiones Mathematicae” mais les referees trouvent une faute. Il arrive à la corriger en 1994 à l’aide de R. Taylor. Histoire de la preuve I Fermat: n = 4 I Euler (1770): n = 3 I Il suffit de montrer le résultat pour n premier. Pourquoi? Soit n = n0 p avec p premier. S’il existe un triplet x, y , z de nombres entiers tels que x n + y n = z n , alors on aurait (x n0 )p + (y n0 )p = (z n0 )p . Alors il existerait un triplet d’entiers pour l’exposant p qui est premier... contradiction! I Kummer (1850): nombres premiers ”réguliers” I En 1993, après sept ans de travail, A. Wiles annonce à l’Isaac Newton Institute for Mathematical Sciences qu’il a montré le dernier théorème de Fermat. Il soumet sa preuve à ”Inventiones Mathematicae” mais les referees trouvent une faute. Il arrive à la corriger en 1994 à l’aide de R. Taylor. Prix: ”Silver Medal” de l’”International Mathematical Union”. Le fruitier et le mathématicien Conjecture de Kepler (1611) Il n’est pas possible de trouver un empilement de boules égales plus serré que celui du fruitier. Conjecture de Kepler (1611) Il n’est pas possible de trouver un empilement de boules égales plus serré que celui du fruitier. Pourquoi s’est-on posé ce problème? En Angleterre on voulait connaı̂tre la meilleure manière d’empiler des balles de canon sur des bateaux. Conjecture de Kepler (1611) Il n’est pas possible de trouver un empilement de boules égales plus serré que celui du fruitier. Pourquoi s’est-on posé ce problème? En Angleterre on voulait connaı̂tre la meilleure manière d’empiler des balles de canon sur des bateaux. Thomas Hales démontre en 1998 la conjecture de Kepler. Conjecture de Kepler (1611) Il n’est pas possible de trouver un empilement de boules égales plus serré que celui du fruitier. Pourquoi s’est-on posé ce problème? En Angleterre on voulait connaı̂tre la meilleure manière d’empiler des balles de canon sur des bateaux. Thomas Hales démontre en 1998 la conjecture de Kepler. Sa démonstration totalise environ 300 pages et se base sur plus que 5000 problèmes d’optimisation non-linéaire, résolus à l’aide de l’ordinateur. La densité d’un empilement Etant donné un empilement qui remplit tout l’espace, on considère un cube de coté a, de plus en plus grand. La densité de l’empilement est la limite, pour a → ∞ du rapport entre le volume des boules contenues dans le cube et le volume du cube, a3 . La densité d’un empilement Etant donné un empilement qui remplit tout l’espace, on considère un cube de coté a, de plus en plus grand. La densité de l’empilement est la limite, pour a → ∞ du rapport entre le volume des boules contenues dans le cube et le volume du cube, a3 . La conjecture de Kepler affirme que l’empilement du marchand de fruits est celui qui possède la plus grande densité parmi tous les empilements. Quelle est la disposition optimale de cercles dans le plan? Quelle est la disposition optimale de cercles dans le plan? Quelle est la disposition optimale de cercles dans le plan? La démonstration est due à Toth (1953). Trois empilements réguliers: Trois empilements réguliers: simple: Trois empilements réguliers: simple: centré: Trois empilements réguliers: simple: centré: cubique à faces centrées: Trois empilements réguliers: simple: densité = π/6. centré: cubique à faces centrées: Trois empilements réguliers: simple: densité = π/6. centré: √ densité = π 3/8. cubique à faces centrées: Trois empilements réguliers: simple: densité = π/6. centré: √ densité = π 3/8. cubique à faces centrées: √ densité = π/ 18. Comment le fruitier dispose-t-il ses oranges? Comment le fruitier dispose-t-il ses oranges? 1. Il dispose six boules aux sommets d’un hexagone et une au centre. Comment le fruitier dispose-t-il ses oranges? 1. Il dispose six boules aux sommets d’un hexagone et une au centre. 2. Dans la couche suivante il place une boule dans chacun des trois creux qui se sont formés. Comment le fruitier dispose-t-il ses oranges? 1. Il dispose six boules aux sommets d’un hexagone et une au centre. 2. Dans la couche suivante il place une boule dans chacun des trois creux qui se sont formés. 3. Dans la troisième couche il place les boules de manière décalée par rapport aux deux couches précédentes. Comment le fruitier dispose-t-il ses oranges? 1. Il dispose six boules aux sommets d’un hexagone et une au centre. 2. Dans la couche suivante il place une boule dans chacun des trois creux qui se sont formés. 3. Dans la troisième couche il place les boules de manière décalée par rapport aux deux couches précédentes. Les diverses couches sont alors de type ABC qu’on répète: ABCABCA... Comment le fruitier dispose-t-il ses oranges? 1. Il dispose six boules aux sommets d’un hexagone et une au centre. 2. Dans la couche suivante il place une boule dans chacun des trois creux qui se sont formés. 3. Dans la troisième couche il place les boules de manière décalée par rapport aux deux couches précédentes. Les diverses couches sont alors de type ABC qu’on répète: ABCABCA... Cet empilement est cubique à faces centrées. Comment le fruitier dispose-t-il ses oranges? 1. Il dispose six boules aux sommets d’un hexagone et une au centre. 2. Dans la couche suivante il place une boule dans chacun des trois creux qui se sont formés. 3. Dans la troisième couche il place les boules de manière décalée par rapport aux deux couches précédentes. Les diverses couches sont alors de type ABC qu’on répète: ABCABCA... Cet empilement est cubique à faces centrées. Si on répète les couches ABABABAB..., on obtient un empilement (appelé hexagonal) avec la même densité que ABCABCA... Bibliographie: [1] Auroux, Tas d’oranges, cristaux et empilement de sphères, preprint (2000). [2] Baumann, Arrangement de boules dans l’espace, L’ouvert 104 (2001). [3] Brumley, communication personnelle. [4] Singh, Le dernier théorème de Fermat, Hachette Littérature (1999).