Session professionnelle 289
patient, des chirurgiens expérimentés, des cristallins « compliants » et s’avère
insuffisante en cas de complications peropératoires. Cette anesthésie comprend
l’instillation de gouttes d’anesthésiques locaux type oxybuprocaïne à 0,40 % ou
tétracaïne à 0,5 ou 1 % sur la cornée ou dans les culs de sacs conjonctivaux
(instillations répétées toutes les 5 minutes de 1 à 2 gouttes dans le cul de sac
conjonctival de l’œil à opérer quelques minutes avant le geste). La durée d’action
des anesthésiques locaux est de 4 à 8 minutes. Elle suffit pour la majorité des
chirurgies de la cataracte. En effet, l’incision est réalisée au niveau de la cornée qui
est correctement analgésiée par l’anesthésie topique. Les milieux transparents
du globe oculaire (cristallin, humeur aqueuse) n’ont pas d’innervation sensitive.
L’iris est la seule structure potentiellement douloureuse mais, pour une chirurgie
de la cataracte, il est dilaté ce qui prévient son contact avec les instruments.
L’anesthésie topique est fréquemment associée à d’autres techniques ayant pour
but d’améliorer l’analgésie, on parle alors de « topique améliorée » :
• L’anesthésie intracamérulaire, qui consiste en l’injection de lidocaïne dans
l’humeur aqueuse de la chambre antérieure pour insensibiliser l’iris, est
actuellement très largement utilisée [4, 5].
• L’utilisation du gel de lidocaïne 2 % hors AMM (AMM limitée à l’usage uro-
logique) qui procure une meilleure analgésie que l’instillation de gouttes. Un
communiqué de presse de l’AFFSAPS du 14/10/2004 alerte sur le mésusage de
ce gel urétral en chirurgie de la cataracte avec la survenue d’effets indésirables
graves à type d’endophtalmie [6].
• L’anesthésie sous-ténonienne [7] qui peut être réalisée par le chirurgien à
tout instant de la chirurgie, et qui consiste à injecter l’anesthésique local dans
l’espace épiscléral (espace virtuel qui entoure la portion sclérale du bulbe) avec
une diffusion du produit autour du globe.
Il existe à ce jour peu de données évaluant l’incidence des complications
chirurgicales suivant la technique anesthésique utilisée d’autant que les compli-
cations chirurgicales sont rares, dépendantes de l’expérience de l’opérateur et
probablement sous déclarées. La méta-analyse de Zhao [8] parue dans Ophtal-
mology en 2012 comparant l’anesthésie topique à l’anesthésie locorégionale ne
retrouvait toutefois pas de différence en termes de complications chirurgicales,
même si la douleur et le recours à un complément d’anesthésie étaient plus
importants en cas de topique.
La popularité de l’anesthésie « topique améliorée » a modifié depuis 10 ans
l’environnement anesthésique en Europe pour la chirurgie de la cataracte, avec
la mise en place du « monitored anesthesia care », à savoir la présence de
personnel paramédical en salle d’opération, ayant une formation à la sédation
intraveineuse et à la gestion des incidents les plus fréquents à savoir le stress,
la douleur et les poussées hypertensives [9]. Dans ce cadre, la nécessité de
l’intervention d’un médecin anesthésiste est limitée à 5 % des patients environ.
Ainsi, Moreno-Montanes [10] a individualisé 3 facteurs de risque d’intervention
anesthésique lors de la chirurgie de la cataracte sous anesthésie topique et
intracamérulaire : les antécédents d’HTA, les antécédents psychiatriques et une
pression artérielle systolique élevée lors de l’examen clinique.