La biopsie cutanée et la pathologie dermatologique à l`usage des

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Forum Med Suisse No 10 5 mars 2003
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La biopsie cutanée et la pathologie
dermatologique à l’usage des
cliniciens
Bruno E. Paredes
Pour le clinicien, la peau est abordable aussi
bien macroscopiquement que sur le plan de la
petite chirurgie. Entre les mains d’un professionnel expérimenté, la biopsie cutanée est en
effet un outil de valeur pour le diagnostic et,
avec le même geste, pour le traitement de nombreuses maladies de la peau, en particulier les
néoplasies.
Même si la majeure partie des biopsies cutanées est de bonne qualité, un échantillon de
tissu inadéquat représente un difficile défi pour
le (dermato)pathologiste. La biopsie cutanée ne
consiste pas en la seule ablation mécanique de
tissu. On a souvent à faire à des échantillons de
peau de trop petites dimensions, trop superficiels, abîmés par une électrocoagulation,
écrasés par une pincette ou même desséchés.
Par ailleurs, les données cliniques et les descriptions macroscopiques des lésions sont parfois insuffisantes ou font même totalement
défaut. Un autre problème à ne pas minimiser
consiste dans le fait que certains cliniciens ne
sont pas assez familiers avec l’interprétation
d’un rapport histologique dans le contexte clinique, surtout en cas de maladie cutanée inflammatoire [1]. En dermatologie/pathologie
dermatologique, la nomenclature «fleurie» et
de nombreux synonymes représentent une difficulté supplémentaire qui fait que les non-dermatologues et les (dermato)pathologistes ne
parlent parfois pas la même langue. Ci-dessous,
nous exposons les principes et les concepts de
base de la biopsie cutanée et de la pathologie
dermatologique.
Indications
Correspondance:
Dr Bruno E. Paredes
FMH Dermatologie und
Venerologie
Institut für Pathologie
Universität Bern
CH-3010 Berne
[email protected]
La fonction principale d’une biopsie cutanée est
d’atteindre une certitude diagnostique en face
d’une situation clinique peu claire. En face de
nombreuses lésions cutanées inclassables à
l’œil mais suspectes de néoplasie, la biopsie
cutanée est la meilleure technique de diagnostic et de traitement à la fois. Par ailleurs, en cas
de néoplasie cutanée maligne, la biopsie permet une conclusion rudimentaire sur le pronostic (mesure de l’épaisseur de la tumeur selon
Breslow pour les mélanomes malins). Pour de
nombreuses maladies cutanées inflammatoi-
res, l’examen histologique est très utile et
même souvent diagnostique alors même que
l’aspect clinique ne permet pas de poser un
diagnostic spécifique. Ainsi, la biopsie cutanée
permet d’affiner les diagnostics différentiels et
de confirmer ou infirmer les suspicions cliniques. De plus, l’échantillon cutané prélevé
peut être assigné à d’autres méthodes diagnostiques telles que l’immunofluorescence directe
(IFD), la microscopie électronique, l’immunohistochimie, la culture ou la PCR (polymerase
chain reaction) [2]. Il n’est pas rare non plus
d’être confronté à des questions médicolégales
dans le cadre desquelles le diagnostic dermatopathologique doit être documenté par un expert
[3]. Parfois, chez les patients inquiets qui ont
par exemple été traités sans succès sur une
longue période, la biopsie cutanée est légitime
et indiquée. La relation médecin–patient s’en
trouvera renforcée ou rétablie. La biopsie cutanée peut encore être indiquée pour le contrôle
du traitement et de l’évolution, ainsi que pour
des besoins de documentation scientifique. Finalement, il faut savoir qu’en cas de persistance
d’insécurité clinico-pathologique après une
première biopsie, une seconde, voire une troisième biopsie cutanée ne représentent en général pas un problème de surcharge pour le patient.
Données cliniques
Il semble aller de soi que les données cliniques
soient transmises au pathologiste. Mais ce n’est
malheureusement pas toujours le cas. Dans la
précipitation du quotidien, il est fréquent que
des données lacunaires soient transmises. Pour
les verrues planes séniles (kératoses séborrhéiques) ou un naevus mélanocytaire commun
du nez, les longs rapports sont évidemment
superflus. Mais pour les maladies cutanées
inflammatoires ou des tumeurs cutanées inhabituelles, la situation est toute différente. En
plus de l’âge et du sexe du patient ainsi que de
l’endroit du prélèvement, on devrait mentionner sur le formulaire de demande d’examen la
description macroscopique de la lésion, les
symptômes d’accompagnement, les facteurs
déclenchants, le diagnostic de suspicion/hypo-
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Tableau 1. Où se situe l’altération cutanée? Exemples.
Epiderme et derme supérieur
naevus mélanocytaire
lentigo solaire (lentigo sénile)
verrue séborrhéique (kératose sénile)
papule fibreuse du nez
verrue vulgaire
naevus épidermique
basaliome, type superficiel
mélanome (in situ)
mycosis fungoïde
(variante la plus fréquente d’un lymphome cutané
à cellules T)
kératose solaire (actinique)
maladie de Paget/Paget extra-mammaire
dermatite de contact (allergique, toxique-irritative)
dermatite atopique, dermatite séborrhéique
psoriasis vulgaire
scabies
lichen plan
pityriasis rosé
dermatoses vésiculo-bulleuses
Derme supérieur et inférieur
naevus mélanocytaire
hémangiome
kyste folliculaire cutané (kyste épidermoïde; athérome) tumeur glomique
neurofibrome
naevus sébacé
(hamartome de l’unité folliculo-apocrino-sébacée)
basaliome (nodulaire, sclérodermiforme)
épithélioma pavimenteux cutané (carcinome
spinocellulaire)
mélanome
dermatite photo-allergique/phototoxique
photodermatose polymorphe («photoallergie»)
sclérodermie / morphée
scabies nodulaire persistante
vasculite leucocytoclastique
lupus érythémateux cutané
urticaire
granulome annulaire
Derme profond et tissu cellulaire sous-cutané
naevus bleu
lipome
kyste folliculaire cutané (kyste épidermoïde,
athérome)
dermatofibrome
histiocytome fibreux malin
mélanome
lymphome malin
dermatofibrosarcome protubérant
métastases (mélanome, cancer mammaire, etc.)
panniculite (par ex. érythème noueux)
sarcoïdose
nodules rhumatismaux
vasculite nodulaire, panartérite noueuse cutanée
thrombophlébite
granulome annulaire, variante sous-cutanée
thèse de travail ou le diagnostic différentiel,
ainsi que les traitements locaux et/ou systémiques entrepris. La description «exanthème
maculo-papuleux» n’est souvent que peu utile.
Dans certaines situations, il faudrait également
mentionner le résultat de biopsies antérieures.
Cela est particulièrement important pour les récidives/persistances de naevus mélanocytaires
incomplètement excisés ou pour les néoplasies.
Pour les patients atteints d’exanthème généralisé, respectivement d’érythrodermie (psoriasis
vulgaire, pityriasis rubra pilaire, dermatite séborrhéique, dermatite atopique, mycosis fungoïde, etc.), il existe souvent d’anciens rapports
histopathologiques. Les circonstances qui paraissent à première vue manquer de pertinence
devraient aussi être signalées le cas échéant,
comme par exemple un status après transplantation d’organe. Une photographie de l’efflorescence cutanée adressée au pathologiste en
annexe à la demande d’examen peut être d’une
aide précieuse. Une biopsie cutanée s’avère
même parfois superflue après avoir demandé
l’avis d’un dermatologue.
Procédure de biopsie
Avant d’envisager un prélèvement de peau, il
faudrait être familier avec les connaissances de
base de l’histologie de la peau et de la (dermato)pathologie. En particulier, on devrait bien
avoir à l’esprit à quel «étage» de la peau se déroule le processus morbide (cf. tableau 1) et à
quel endroit du tégument il se situe. En effet,
selon la localisation, il existe des différences
d’épaisseur de la couche cornée, de l’épiderme
ou même du derme. C’est en particulier le cas
des biopsies régulièrement trop superficielles
de la paume de la main et de la plante du pied,
où la couche cornée est d’une épaisseur beaucoup supérieure à celle des autres parties du
corps. Les biopsies du cuir chevelu lors d’une
investigation d’une alopécie posent un pro-
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blème semblable; il est ici important que la
biopsie atteigne en profondeur le tissu graisseux sous-cutané, de sorte que l’on puisse examiner le follicule pileux dans toute sa profondeur, c’est-à-dire jusqu’au bulbe. Il s’agit de
prêter également attention aux lignes de tension de la peau (les «relaxed skin tension
lines»). En principe, l’axe d’incision devrait
suivre ces lignes de tension, de sorte que la plaie
ne présente aucune béance et que les points
d’adaptation des bords puissent se faire sans
tension. Le prélèvement de peau peut se faire
par les méthodes suivantes: 1) excision aux
ciseaux, 2) curetage (prélèvement au moyen
d’une curette affûtée), 3) shave-biopsie / shaveexcision (excision à ras), 4) biopsie par carottage (poinçonnage à l’emporte-pièce, punchbiopsie), 5) biopsie au scalpel en quartier
d’orange (en fuseau) – excision ou incision.
Excision aux ciseaux
L’excision aux ciseaux est le procédé de choix
pour les lésions cutanées superficielles pédiculées telles que le molluscum pendulum (syn.:
polype fibro-épithélial cutané, acrochordon).
Une anesthésie locale n’est utile que dans de
rares cas. La section doit se faire à la base, aussi
près de la peau que possible.
Curetage (prélèvement au
moyen d’une curette affûtée)
Le curetage correspond à un raclage au moyen
d’une curette affûtée. En gynécologie, le curetage est un procédé diagnostique et thérapeutique très important au niveau de l’utérus (col
utérin, endomètre). En dermatologie, le procédé est utilisé en première ligne pour l’ablation de lésions superficielles (épidermiques)
telles que les kératoses séborrhéiques, les naevus épidermiques, les verrues vulgaires, les
molluscum contagiosum, les kératoses solaires
(actiniques) et les basaliomes superficiels. Pour
des raisons techniques, ce procédé relègue la
question diagnostique au deuxième plan. Cependant, de multiples petits fragments de curetage peuvent aider au diagnostic. Même si le
matériel obtenu par curetage est le plus souvent
incomplet, il faut l’adresser pour examen histologique dans tous les cas de néoplasie (basaliome, kératose solaire) et dans les cas avec
implications médicolégales. En cas d’ablation
par exemple de kératoses séborrhéiques multiples, à savoir au nombre de plus de 20, il est
en règle générale superflu d’envoyer le tissu
obtenu.
Après cryo-anesthésie préalable (spray de
chlorure d’éthyle, azote liquide) ou anesthésie
locale, on procédera à l’ablation de la lésion en
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exerçant la pression la plus faible possible,
après avoir mis la peau sous tension en la maintenant écartée entre le pouce et l’index de
l’autre main. En cas de pression trop forte avec
la curette, on court le danger de léser les tissus
en profondeur, donc le risque de cicatrice [4].
On a avantage à tenir la curette comme un éplucheur à légumes, car la technique «en pelures
de pomme de terre» permet une bonne immobilisation de la lésion, une meilleure stabilité
ainsi qu’une bonne flexibilité et une bonne mobilité de la main qui conduit l’instrument. Le fait
de s’exercer sur une pomme de terre affine sa
propre technique [5]. Les néoplasies mélanocytaires, surtout en cas de suspicion de mélanome, et les lésions au diagnostic peu clair suspectes de dégénérescence tumorale constituent
une contre-indication à l’ablation par curetage.
Shave-biopsie / shave-excision
(excision à ras)
La shave-biopsie se fait à la lame de scalpel
(avec ou sans manche) ou au moyen d’une
curette en forme d’anneau (curette en anneau).
La lame de scalpel évolue parallèlement à la
surface de la peau. On ôte la lésion par des fins
mouvements de scie [6]. Les indications à cette
technique sont également les lésions cutanées
superficielles de l’épiderme et du derme. Cette
technique permet d’obtenir de bons résultats
cosmétiques surtout pour les lésions exophytiques (fibromes papuleux, verruqueux, pédiculés), les kératoses séborrhéiques, les naevus
épidermiques, les verrues vulgaires, les naevus
mélanocytaires, les kératoses solaires ou les
basaliomes superficiels [7]. La suture de la peau
est superflue. La shave-biopsie n’est pas indiquée en cas de maladie cutanée inflammatoire.
A la moindre suspicion de mélanome, cette
technique est également contre-indiquée.
Biopsie par carottage
(poinçonnage à l’emporte-pièce,
punch-biopsie)
A l’une de ses extrémités, le carotteur est muni
d’un couteau métallique cylindrique, dont le
diamètre varie entre 2 et 8 mm. On ne devrait
utiliser qu’exceptionnellement les carotteurs de
2 mm de diamètre. Leur seule indication est la
biopsie de lésions au visage, une localisation
délicate du point de vue cosmétique. L’examen
histologique de biopsies par carottage d’un diamètre de 3 mm ou inférieur est d’interprétation
difficile, voire insuffisante. En règle générale,
les carottes de 4 mm sont au contraire déjà suffisantes. Mais le diagnostic histologique des
biopsies de petit diamètre est plus délicat, de
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sorte que plusieurs auteurs recommandent de
prélever des carottes d’au moins 6 mm [2, 4].
Un carotteur de 6 mm est donc utilisé lorsque
la préparation devra être segmentée en vue de
mesures diagnostiques complémentaires telles
qu’immunofluorescence ou examen microbiologique. Après anesthésie locale, on pratique la
biopsie la peau étant étirée entre deux doigts,
perpendiculairement aux sillons cutanés. Le
prélèvement est effectué par des mouvements
de rotation en pression axiale et laisse place à
une plaie opératoire de surface elliptique. Le cylindre de peau prélevé devrait être retiré directement avec les ciseaux, éventuellement à l’aide
de l’aiguille d’injection, afin d’éviter des artefacts par écrasement. Le cylindre de peau est
légèrement soulevé à l’aide de l’aiguille. Le défect cutané peut être refermé sans problème
par un point de suture, mais on peut aussi, sans
suturer, simplement couvrir directement la
plaie par un pansement protecteur.
Biopsie au scalpel en quartier
d’orange (en fuseau) – excision
ou incision
La principale indication à l’excision est celle de
l’ablation complète de tumeurs bénignes ou
malignes. Les panniculites, les alopécies, les
lésions sclérosantes ou atrophiantes, les vasculites des gros vaisseaux situés en profondeur
(vasculite nodulaire, panartérite noueuse,
thrombophlébite) et quelques maladies ulcéreuses telles que le pyoderma gangraenosum,
sont des affections où la biopsie en quartier
d’orange est d’une très grande utilité diagnostique. En cas de dermatose ulcéreuse, il est très
important de pouvoir comparer les peaux malade et intacte. Les lignes de tension de la peau
devraient être marquées avant l’anesthésie locale par du violet de gentiane ou une mine stérile. La longueur de l’incision doit être trois fois
celle de la largeur de la lésion, afin d’éviter au
mieux toute tension au niveau de la suture de
fermeture de la plaie. L’incision se fera toujours
dans la direction des lignes de tension de la
peau. On veillera à l’orientation bien perpendiculairement à la surface de la peau, de manière
à assurer une bonne adaptation des bords de la
plaie lors de la suture, surtout aux extrémités.
En profondeur, la section doit atteindre le tissu
cellulaire sous-cutané [8]. Pour les particularités d’ordre esthétique, les plasties par lambeau,
les transplantations, les matériels de suture, le
lecteur voudra bien se référer à la littérature
correspondante.
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Matériel biopsié
Le matériel biopsié devrait être soigneusement
manipulé avec la pincette ou l’aiguille à injection, de manière à éviter les artefacts par écrasement. En routine, l’échantillon prélevé est
placé dans un récipient transparent contenant
un fixateur sous forme d’une solution de formol
à 10% (correspondant à une solution aqueuse
de formaldéhyde à 4%), ce qui sert également
de milieu de transport. La transparence du
récipient permet de contrôler la présence du
matériel prélevé conformément à la demande
d’examen. Le rapport volume de formol/
volume de la biopsie devrait être de 20/1, car
la fixation «utilise» le formol. En règle générale,
on ne place dans un récipient qu’un seul échantillon de biopsie, afin d’éviter toute confusion.
Des échantillons bien marqués (fils) de manière
différenciée peuvent faire exception. Les laboratoires, instituts ou cliniques mettent à disposition des récipients de transport pré-remplis
de formol, de grandeurs différentes. Il va sans
dire que les récipients de transport doivent être
étiquetés avec les données permettant d’identifier correctement le patient.
Si l’on demande un examen par immunofluorescence directe, la pièce de tissu prélevé doit
être partagée en deux. L’une des deux parties
est fixée dans le formol comme indiqué ci-dessus. L’autre moitié est enroulée dans une gaze
imbibée (non pas détrempée) de solution physiologique de NaCl et envoyée dans un récipient
de transport par express au laboratoire d’immunofluorescence. Si le transport est susceptible de durer plus d’un jour (fin de semaine,
par exemple), on recommande d’ajouter de la
neige carbonique dans le récipient de transport.
Le milieu de Michel (sulfate d’ammonium,
N-éthylmaléimide et sulfate de magnésium
dans du citrate tamponné) constitue une alternative et dans ce milieu, la pièce reste utilisable
pour plus d’une semaine.
Pour l’examen microbiologique, les prélèvements doivent être envoyés dans un tube stérile. Le fragment de tissu n’est pas fixé dans
le formol, mais enroulé dans une gaze stérile
imbibée d’une solution saline physiologique
non bactériostatique.
Le patient
Le patient collabore en général d’autant mieux
qu’il est bien informé. Avant le geste, on le renseignera donc en détails sur l’indication à la
biopsie de peau, la technique de prélèvement et
la guérison de la plaie. Cette information devrait inclure les risques, même s’ils sont rares,
tels que saignement, infection, cicatrice disgra-
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cieuse ou chéloïde, dyspigmentation (leucodermie, mélanodermie). Il ne faut pas sous-évaluer
le risque de déhiscence cutanée au niveau de la
cicatrice aux localisations de grande mobilité
mécanique. Il faut expliquer le danger de récidive inhérent à la technique de shave-biopsie,
surtout en cas de néoplasie mélanocytaire. On
peut en règle générale se contenter d’un
consentement tacite à la biopsie. Une anamnèse allergologique permettra d’être fixé sur
une éventuelle intolérance au latex, aux anesthésiques locaux, aux désinfectants, aux antibiotiques topiques ou aux pansements adhésifs;
nous profitons de préciser que la plupart du
temps, il s’agit là de réactions toxiques irritatives plutôt que d’allergie de contact. L’anticoagulation par voie orale, les coagulopathies, une
thrombocytopénie ou une immunosuppression
constituent des contre-indications relatives à la
biopsie cutanée. Il convient également d’être
prudent chez les diabétiques atteints d’une angiopathie avancée en raison du retard de cicatrisation des plaies qui l’accompagne. Il en est
de même en face d’un patient présentant une
insuffisance veineuse chronique. La proximité
de structures anatomiques sensibles telles que
les vaisseaux d’une certaine dimension, les
nerfs ou les capsules articulaires devrait être
évitée et constitue parfois une contre-indication
relative [7]. La plus grande prudence est de
rigueur en face de grosses lésions cutanées pulsatiles et pellucides localisées à la tête ou au
tronc. De telles lésions peuvent être en continuité avec des structures profondes (gros vaisseaux ou liquide céphalo-rachidien) et nécessitent donc une investigation clinique et radiologique préalables approfondies [9]. Chez les
patients à risque – valve cardiaque artificielle,
endoprothèse articulaire, vice cardiaque, immunosuppression – la prophylaxie antibiotique
péri-opératoire n’est pas absolument nécessaire [7]. Dans ces situations, certains auteurs
recommandent au contraire une prophylaxie
antibiotique pré-opératoire, c’est-à-dire l’administration d’un antibiotique adéquat deux
heures avant la biopsie [10, 11].
Désinfection
Dans la plupart des cas, une désinfection à
l’alcool est suffisante. Elle permet de réduire la
flore cutanée de 75% en moins d’une minute.
L’éthanol est surtout efficace contre les germes
Gram positifs. Les solutions de povidone iodée
ont un spectre antibactérien aussi bien grampositif que gram-négatif. Leur entrée en action
est cependant plus lente que celle de l’alcool et
la povidone iodée colore la peau. La chlorhexidine est aussi efficace contre les gram-positifs
et les gram-négatifs. Son action est d’entrée
rapide et dure plusieurs heures. Elle est contre-
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indiquée en application péri-oculaire en raison
de ses propriétés irritantes sur la cornée.
On utilise souvent des antiseptiques en combinaison, c’est-à-dire en solution alcoolique. On
exclut ainsi les possibles lacunes de spectre des
antiseptiques isolés.
Anesthésie
Pour l’anesthésie locale, on distingue les procédés suivants: anesthésie par infiltration (lidocaïne, mépivacaïne, bupivacaïne), cryo-anesthésie pour les curetages, anesthésie de surface (crème Emla®). L’adjonction d’adrénaline
(1:100 000) prolonge la durée de l’effet de la
lidocaïne et diminue en même temps les saignements.
Moment et endroit de la biopsie?
Les dermatoses inflammatoires passent par diverses phases selon une séquence typique pour
la maladie. Ainsi, le moment adéquat pour la
biopsie de peau se limite uniquement à l’efflorescence présente au commencement. En principe, on prélèvera l’efflorescence la plus jeune
(efflorescence primaire). Dans les lésions cutanées anciennes, on trouve régulièrement des
modifications qui ne contribuent que peu au
diagnostic. Mais en pratique, la réalité est la
plupart du temps bien différente, car en règle
générale le patient ne consulte pas au bon moment et les efflorescences ont souvent déjà subi
des modifications en raison d’une automédication et/ou d’ordre irritatif. Lorsqu’on suspecte
une mastocytose cutanée, la friction de la lésion
afin de provoquer une réaction urticarienne
(signe de Darier) est plutôt contre-productive
pour assurer un diagnostic histologique fin. En
effet après cette manœuvre, les mastocytes dégranulés ne sont histochimiquement presque
plus ou plus du tout démontrables. Dans les
dermatoses bulleuses (pemphigoïde bulleux,
pemphigoïde vulgaire, dermatite herpétiforme
de Duhring, etc.), les lésions initiales correspondent fréquemment à une lésion urticarienne et/ou érythémateuse. Histologiquement,
cette phase urticarienne se révèle le plus souvent comme une spongiose avec des éosinophiles dans l’épiderme («spongiose éosinophile») et le chorion supérieur. Cette spongiose
avec éosinophiles se rencontre entre autres
aussi dans l’eczéma de contact allergique, dans
diverses formes d’exanthèmes médicamenteux, dans les ectoparasitoses, dans l’incontinentia pigmenti ou dans l’érythème toxique
du nouveau-né (Maladie de Leiner) [12]. Dans
cette dernière maladie, aussi dénommée érythrodermie desquamative du nourrisson, la
biopsie cutanée est superflue du fait que l’affec-
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tion régresse en quelques jours. Ainsi, dans
les dermatoses bulleuses, on ne peut poser un
diagnostic plus spécifique que lorsque la formation de bulles est manifeste. Si le matériel de
biopsie est prélevé plus tard, c’est-à-dire
lorsque le tableau clinique est essentiellement
conditionné par des érosions et des ulcérations,
il existe d’autres composantes inflammatoires,
une colonisation bactérienne et des modifications réparatrices sont déjà présentes. Il n’est
pas rare que certaines maladies se présentent
simultanément à divers stades de leur développement, telles la vasculite leucocytoclastique
ou la rare dermatite du pityriasis lichénoïde et
varioliforme aigu (Maladie de Mucha-Habermann). Dans ces situations, il est parfois nécessaire de répéter les biopsies à plusieurs reprises
pour être en mesure de donner un diagnostic
définitif. Les efflorescences annulaires telles
que le granulome annulaire, les mycoses cutanées, le pityriasis rosé, l’érythème (chronique)
migrant, l’érythème annulaire centrifuge, le
lupus érythémateux cutané, les porokératoses,
etc. devraient être biopsiées en périphérie de la
lésion, c’est-à-dire au lieu de leur progression.
Conformément à sa définition, l’érythrodermie
correspond à un érythème généralisé atteignant plus de 90% de la surface cutanée. Dans
les pays anglo-saxons, on utilise aussi la dénomination «dermatite exfoliative». Tant histopathologiquement que cliniquement, il est
parfois très difficile de relier l’érythrodermie à
une entité nosologique précise. L’établissement
du diagnostic nécessite, en plus d’une bonne
anamnèse – maladies de la peau connues, médicaments – un examen physique soigneux incluant la recherche d’adénopathies. Dans plus
de la moitié des cas, il est possible de poser un
diagnostic histologique fin grâce à une ou plusieurs biopsies cutanées. Parfois, le diagnostic
définitif n’est possible que grâce à la combinaison de paramètres cliniques et pathologiques
[13]. Autant que possible, il faudrait biopsier
des lésions représentatives au tronc ou à la
racine des membres. Les fragments tissulaires
prélevés aux extrémités, surtout inférieures,
montrent souvent – aussi chez les personnes
jeunes – des signes de stase ou des altérations
non spécifiques, de caractère peu inflammatoire. Par ailleurs, la guérison des plaies est
plus lente au niveau des membres inférieurs
[10, 14].
Le diagnostic de panniculite dépend fortement
de la proportion de tissu graisseux obtenu par
la biopsie. Deux signes distinctifs au niveau du
tissu sous-cutané sont très importants pour
l’appréciation histologique: d’une part la répartition de l’infiltrat inflammatoire, c’est-à-dire
surtout septale ou au contraire lobulaire; et
d’autre part la présence ou l’absence d’une vasculite. Les excisions en quartier d’orange au
scalpel sont idéales, car elles permettent d’ob-
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tenir avec une certaine sûreté plus de deux
petits lambeaux de tissu graisseux. Si l’on n’a
au contraire pratiqué qu’une biopsie par carottage, celle-ci doit si possible avoir un diamètre
de plus de 6 mm. Les carottes de dimensions
inférieures ne permettent fréquemment aucun
diagnostic ou seulement un diagnostic hasardeux.
Les dyspigmentations, en particulier les hypopigmentations post-inflammatoires ou le vitiligo, devraient si possible être biopsiées sur leur
pourtour, comme les efflorescences annulaires.
C’est à cet endroit en effet que l’on peut histologiquement constater un bon contraste entre
peau malade et peau saine. Le diagnostic peut
être affiné par des colorations spéciales (Masson-Fontana) et en immuno-histo-chimie, par
la mise en évidence de la protéine S-100 ou le
Melan A. Dans ces situations, il faudrait simultanément demander une coloration au PAS,
afin d’exclure une mycose, en particulier un
pityriasis versicolor (Malassezia furfur). Même
pour les lésions déjà traitées par des antimycotiques, on recommande de pratiquer aussi une
coloration au PAS, à la recherche de spores ou
d’hyphes.
Biopsie de tumeurs cutanées
pigmentées
Les lésions pigmentées de nature peu claire,
surtout en cas de suspicion de mélanome, devraient faire l’objet d’une excision-biopsie
d’emblée. En dépit du caractère aujourd’hui
reconnu anodin de l’incision-biopsie, certains
éléments du point de vue histologique parlent
contre. Le diagnostic d’un mélanome repose
aussi sur des critères tissulaires fins tels que
l’architecture, très spécifique, et la cytologie.
Concernant l’architecture, l’asymétrie et la délimitation floue sur les flancs de la lésion ont
une importance significative. Si le prélèvement
n’est que partiel – carottage, biopsie par incision – ces éléments diagnostiques importants
font défaut. Si l’échantillon de biopsie provient
accidentellement d’un endroit «pseudo-bénin»,
la probabilité d’un diagnostic erroné est considérable [15]. Malheureusement, il n’est pas
toujours possible de suivre à la lettre la règle
d’une excision complète en cas de suspicion
de mélanome. Pour les néoplasies de grand
diamètre, il faut parfois se contenter d’une incision-biopsie ou du prélèvement d’un échantillon pour biopsie. Mais dans ce cas, où doiton pratiquer la biopsie? On choisira les endroits
surélevés avec une pigmentation foncée, c’està-dire là où la néoplasie est largement avancée,
ainsi que les bords dont l’examen permettra
d’examiner la zone de transition avec la peau
saine [15]. En cas de suspicion de mélanome,
la shave-biopsie est contre-indiquée, même si
CABINET
Tableau 2.
Biopsie cutanée pour l’examen en immunofluorescence directe.
Les lésions cutanées ne doivent pas être âgées de plus de 24 heures.
Le pourtour de la lésion, surtout en présence de formation bulleuse, est diagnostique.
Un tiers de la biopsie doit contenir de la peau péri-lésionnelle.
En cas de séparation de l’épiderme du derme, envoyer les deux fragments séparément
avec une identification distinctive.
Milieu de transport: milieu de Michel ou dans une gaze imbibée de solution saline physiologique (éventuellement avec de la glace).
Pas de biopsie d’ulcère ou du centre d’une bulle.
quelques rares auteurs ne la désapprouvent pas
complètement [15, 16]. La shave-biopsie n’est
pas fiable et trop superficielle pour le diagnostic histopathologique du mélanome versus naevus de Spitz ou du basaliome pigmenté morphéiforme versus trichoblastome desmoplastique [17]. Par égard envers le patient, il faut
évidemment choisir la technique de prélèvement la plus fiable du point de vue du diagnostic mais qui soit aussi la plus simple du point de
vue technique.
Artefacts et sources d’erreur
dans les biopsies de peau
Une désinfection trop vigoureuse de la peau
peut entraîner la perte (par desquamation)
d’informations importantes au niveau de la
couche cornée. Les spores et le mycélium d’un
champignon (mycose cutanée) peuvent manquer, la parakératose du psoriasis vulgaire ou
les granulocytes neutrophiles et les bactéries
lors d’un impetigo peuvent avoir disparu sous
l’effet d’une désinfection inconsidérée. Une injection trop rapide de l’anesthésique local,
même avec un dermojet, peut provoquer de petits trous dans le derme et même dans l’épiderme [18].
Une vigoureuse compression mécanique avec
la pincette (artefact de pincette) au moment de
retirer un fragment de biopsie produit des altérations du chorion. Selon la localisation dans le
derme, les artefacts de pincette imitent histologiquement une sclérodermie localisée (morphée) ou un fibrome pendulaire (syn.: polype
fibro-épithélial de la peau, acrochordon) [18].
Dans les basaliomes, surtout de type nodulaire,
une pression mécanique trop prononcée par
une pincette peut parfois provoquer des agrégats de cellules tumorales. De semblables altérations surviennent aussi parfois lors de curetage des basaliomes superficiels. Les espaces
laissés vides peuvent parfois ressembler à des
lymphangiomes en histologie fine. Lorsqu’une
pression est exercée directement sur la zone de
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246
jonction dermo-épidermique, c’est-à-dire dans
la région de la membrane basale, il est possible
qu’il se produise un décollement de l’épiderme.
Histologiquement, on constate alors une bulle
sub-épidermique [18]. Les artefacts d’écrasement sont souvent observés dans les biopsies
de trop petites dimensions avec la question
d’une panniculite. Parfois, les petits lambeaux
mous de tissu adipeux restent pris dans le cylindre du carotteur.
Les artefacts de coagulation surviennent lors
d’ablation de lésions cutanées par électrocoagulation ou laser. En cas d’électrocoagulation,
les noyaux des cellules du pourtour de la lésion,
surtout ceux de l’épiderme ou d’une lésion néoplasique, sont élongués (polarisation des cellules). La déshydratation des cellules, également en rapport avec le courant électrique, produit en plus une vacuolisation du cytoplasme.
Lorsque du matériel à peine fixé dans du formol à 10% est envoyé à des températures inférieures à 0°, on aura inévitablement des artéfacts de congélation. L’expansion des cristaux
de glace dans le tissu entraîne au minimum une
vacuolisation des cellules mais peut aller jusqu’à une perte cellulaire complète. Pour prévenir ces artefacts de congélation, il suffit de laisser les préparations se fixer à température
ambiante durant la nuit, c’est-à-dire pendant
8 à 12 heures. Si on est plus «pressé» que cela,
on peut empêcher la formation de ces artefacts
en ajoutant à la solution de formol de l’éthanol
à 75–95% dans un rapport 1:10 [18–20]. En
Suisse, grâce à notre système de poste et aux
courtes distances, ce problème ne se pose
qu’exceptionnellement.
Comme déjà indiqué, des récipients de transport remplis de formol sont mis à disposition.
Malgré cela, le laboratoire d’analyse reçoit parfois des prélèvements desséchés ou peu fixés
dans de curieux récipients. Ainsi, on reçoit parfois du matériel dans un récipient en plastic
cassant et d’ailleurs cassé, ou bien le récipient
est un godet pour lentilles de contact usagé (!).
Régulièrement, deux ou même plusieurs lésions (par exemple naevus mélanocytaires)
parviennent au laboratoire dans le même récipient. Cela devrait être absolument évité. En
effet, lorsque parmi six (!) lésions pigmentées,
une seule s’avère être un mélanome, on peut
bien imaginer l’odyssée (pour toutes les personnes concernées) de la prise en charge ultérieure.
Les biopsies effectuées au mauvais moment
ou au mauvais endroit sont les prélèvements
d’efflorescences secondaires, de bulles âgées
de plus de 24 heures, de tissu nécrotique ou du
fond d’un ulcère sans épiderme adjacent.
CABINET
Indications et endroits
particuliers de la biopsie cutanée
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247
l’échantillon conserve sa réactivité durant environ deux semaines [22].
Cuir chevelu
Dermatoses vésiculo-bulleuses ou bien
immuno-bulleuses
L’examen en immunofluorescence constitue un
procédé diagnostique standard pour les patients atteints de dermatose d’ordre immunologique. Font partie de ces situations la famille
des pemphigoïdes (pemphigoïde bulleux, épidermolyse bulleuse acquise, herpes gestationis
[pemphigoïde gestationis] et le pemphigoïde
cicatriciel), la dermatite herpétiforme de Duhring, le pemphigus vulgaire et le lupus érythémateux (cutané). L’immunofluorescence directe (IFD) permet de mettre en évidence des
auto-anticorps (IgG, IgA, IgM), des composants
du complément et la fibrine dans le tissu examiné. Les dépôts des protéines mentionnées se
font dans l’épiderme, au niveau de la jonction
dermo-épidermique ou dans la couche papillaire du derme. L’IFD est aussi utilisée dans le
diagnostic d’exclusion. Il est en effet possible
qu’on ne puisse, ni cliniquement ni histopathologiquement, faire la différence entre un lichen
plan buccal érosif ou une manifestation buccale
d’un lupus érythémateux, et un pemphigoïde
buccal. Le diagnostic exact ne pourra alors être
posé qu’à l’aide d’une IFD complémentaire. En
cas de vasculite et à l’exception d’une suspicion
de vasculite de Schönlein-Henoch, l’IFD est
superflue [21]. A la recherche d’IgA dans le
cadre d’une suspicion de vasculite de Schönlein-Henoch, il faudrait ne prélever que des
lésions âgées de moins de 24 heures [22].
Pour les dermatoses bulleuses, on recommande
de biopsier les efflorescences primaires, c’està-dire les lésions fraîches sans altération secondaire. Idéalement, on prélèvera une vésicule
(<5 mm) avec la peau péri-vésiculaire bordant
la lésion. Les bulles formées il y a plus de
24 heures ne donnent en IFD que des résultats
insatisfaisants et histologiquement on y trouve
déjà des altérations de réparation [23, 24]. Où
doit-on prélever l’échantillon de biopsie pour
l’examen IFD? Pour les maladies bulleuses, il
faudrait prélever ensemble une vésicule et le
tissu péri-lésionnel. Pour l’examen IFD d’une
dermatite herpétiforme, il est aussi possible
de prélever de la peau normale. Pour le lupus
érythémateux, on recommande de prélever une
aire érythémateuse [25].
Le tissu prélevé en vue d’une IFD ne doit pas
être fixé dans le formol, mais enroulé dans une
gaze imprégnée de solution de NaCl physiologique, et non pas baigné dans une solution de
NaCl (effet d’extraction). Un récipient de transport adéquat doit protéger l’échantillon du
dessèchement. Le matériel doit être envoyé
par express directement au laboratoire qui
pratique l’analyse. Dans le milieu de Michel,
En cas de chute de cheveux, la biopsie de scalp
ne remplace pas une bonne anamnèse et un
examen clinique soigneux. Elle représente cependant un bon outil diagnostique complémentaire dans les cas de chute de cheveux peu clairs
tels que 1) les alopécies cicatricielles, respectivement persistantes et 2) les alopécies non
cicatricielles diffuses ou localisées inclassables.
Pour l’appréciation d’une alopécie, respectivement d’un effluvium, l’étendue de la chute de
cheveux – diffuse ou localisée –, la fragilité de
la tige du cheveu, l’inspection du cuir chevelu,
ici en particulier les ostiums folliculaires, sont
très importants. Le test de résistance du cheveu
à l’arrachement (hair pull test) et parfois le trichogramme fournissent des renseignements
complémentaires utiles. Les efflorescences pustuleuses nécessitent une préparation spécifique
en vue d’un examen microbiologique, afin
d’exclure une infection bactérienne et surtout
une mycose. La recherche d’efflorescences au
niveau d’autres structures tégumentaires, en
particulier les ongles et les muqueuses, va de
soi. Il n’existe pas d’examen standard de laboratoire. Le choix des tests de laboratoire est
dicté par l’anamnèse et les constatations cliniques [26, 27]. En raison de l’hémostase difficile due à la vascularisation importante du
cuir chevelu, on évite souvent la biopsie du
scalp. La technique de biopsie est pourtant
fondamentalement simple. Elle doit poursuivre
le but de prélever un nombre suffisant de follicules pileux en entier, en tenant compte du fait
que le bulbe du poil terminal soit situé dans le
tissu cellulaire sous-cutané. Au préalable, les
cheveux de l’endroit à biopsier doivent être
rasés. On se sert volontiers de rubans adhésifs
pour écarter et fixer les cheveux autour de la
région à biopsier. L’hémostase sera facilitée par
l’utilisation d’un anesthésique local avec adjonction d’adrénaline. 10 à 15 minutes après
l’infiltration d’anesthésique, on pratique le prélèvement non pas perpendiculairement au cuir
chevelu, mais parallèlement à la tige capillaire,
respectivement au follicule pileux. Les bulbes
des poils terminaux sont situés dans le tissu
sous-cutané, de sorte que le matériel prélevé
devrait absolument comporter une partie du
tissu sous-cutané. Dans la littérature, on recommande des biopsies par carottage de 4 mm
de diamètre [26, 28]. Selon mon expérience,
des carottes de 4 mm sont cependant en règle
générale insuffisantes, car le fragment n’est
souvent pas prélevé de manière optimale et la
portion de tissu sous-cutané insuffisante. On
trouve également fréquemment des artefacts
d’écrasement, vraisemblablement du fait que
l’intervention est souvent pratiquée à la hâte en
CABINET
Forum Med Suisse No 10 5 mars 2003
248
Tableau 3. Biopsie d’ongle (modifié d’après [30, 32]).
Lit de l’ongle
Indications:
tumeurs, onycholyse d’origine incertaine, hyperkératose
sub-unguéale, psoriasis vulgaire non documenté ou douteux ou
onychomycose, pigmentation douteuse, lit unguéal douloureux:
tumeur glomique, métastase, infection, granulome pyogénique,
tumeur ostéo-cartilagineuse, verrue vulgaire, abcès sous-unguéal
Peau péri-unguéale (paronychie)
Indications:
paronychie persistante, tumeurs, masse d’origine incertaine au repli
unguéal proximal avec dystrophie consécutive par pression sur la
matrice, kyste mucoïde, infection
Matrice unguéale
Indications:
néoplasie, mélanonychie longitudinale douteuse, dystrophie unguéale
totale douteuse
raison du saignement. Dans les alopécies cicatricielles (lupus érythémateux cutané, lichen
planopilaire), on pratiquera le prélèvement sur
les bords encore actifs de la lésion et le fragment prélevé ne doit pas contenir plus d’un
tiers de tissu cicatriciel. Dans les cas d’alopécie
cicatricielle, un examen complémentaire par
immunofluorescence directe est toujours nécessaire. De ce fait, on partagera le fragment
prélevé en deux, parallèlement à l’axe longitudinal du cheveu. A mon avis, les biopsies par
carottage de 6 mm de diamètre ou une excision
au scalpel en quartier d’orange de 1 cm de long
permettent de mieux respecter les critères susmentionnés. La plupart des (dermato)pathologistes examinent le fragment de biopsie en
coupe longitudinale. Les coupes transversales
(horizontales) permettent certes d’affiner le
diagnostic, mais elles ne sont pas absolument
nécessaires. Les préparations sont coupées
graduellement et colorées à l’hématoxylineéosine (HE). Les colorations à l’EVG, au bleu
d’alcyan ou PAS sont d’autres procédés de coloration utiles en histochimie. Pour certaines
problématiques, la coloration de Ziehl-Neelsen
fait aussi partie de la palette utilisée [29].
Biopsie de l’appareil unguéal
La biopsie d’ongle est indiquée lorsque le diagnostic de l’altération unguéale ne peut être
posé ni cliniquement, ni radiologiquement, ni
par des méthodes techniques de laboratoire.
Malheureusement, les diagnostics posés à propos de l’appareil unguéal sont le plus fréquemment erronés. Les indications principales à la
biopsie unguéale sont: les néoplasies bénignes
et malignes, en particulier à la recherche d’un
mélanome en cas de mélanonychie longitudi-
Procédé:
biopsie (2 à 3 mm) avec
ou sans ablation de l’ongle
excision en quartier d’orange
– ou biopsie par incision
Procédé:
biopsie
excision-biopsie
excision en bloc d’une tumeur
ou d’un kyste
shave-biopsie des lésions
superficielles
Procédé:
biopsie
excision en quartier d’orange –
ou incision-biopsie
nale (striation pigmentée longitudinale); les
dermatoses inflammatoires qui peuvent se limiter à l’appareil unguéal (lichen plan, psoriasis
vulgaire); l’exclusion d’une infection (surtout
mycose, rarement gale) qui ne peut pas être
identifiée microbiologiquement; et l’ablation
d’altérations unguéales douloureuses [30, 31].
Fondamentalement, on distingue trois types,
respectivement localisations, de biopsie unguéale: la matrice, le lit de l’ongle, la peau périunguéale (cf. tableau 3) [30, 32]. En principe,
l’orientation de l’axe d’excision est perpendiculaire au niveau de la matrice et parallèle à l’axe
longitudinal au niveau du lit de l’ongle. Malheureusement, l’intervention la plus fréquemment
pratiquée au niveau de l’appareil unguéal est
aujourd’hui encore l’extraction de l’ongle. A
part le fait qu’elle est trop souvent pratiquée,
elle traumatise entre autres la matrice et le lit
unguéal. L’indication à cette intervention doit
donc être strictement posée [33]. Les interventions pratiquées sur l’appareil unguéal requièrent toujours des conditions de stérilité adéquates, une anesthésie locale et un champ
exsangue. Pour obtenir un résultat optimal, il
est important de maîtriser l’anatomie et la physiologie complexes de ce territoire. Certaines
altérations de l’appareil unguéal (hyperkératose, dyschromie, onycholyse, ongle moucheté,
doigts en baguette de tambour, etc.) devraient
pouvoir être reliées aux diverses structures de
l’ongle. La biopsie du lit unguéal ainsi que du
repli unguéal proximal et latéral est simple et
d’exécution sûre. Un bain de 10 minutes dans
de l’eau savonneuse ramollit le corps de l’ongle
et facilite ainsi sa biopsie [33]. A mon avis, les
biopsies d’ongle dans la région de la matrice ne
devraient être exécutées que par des mains
CABINET
expertes. Ici, il faut souligner l’importance du
diagnostic précoce du mélanome sous-unguéal,
qui prend justement de préférence origine au
niveau de la matrice unguéale (distale). Le pronostic du mélanome de cette localisation (rare)
est fréquemment mauvais. Ce mélanome est
plus volontiers localisé au pouce ou au gros
orteil et se présente généralement sous la forme
d’une mélanonychie longitudinale. Parfois,
l’ongle atteint peut aussi présenter une masse
non pigmentée (amélanique), une dystrophie
ou une ulcération. Dans de telles situations,
pour assurer le diagnostic, il est très important
de pratiquer une biopsie incluant la matrice
unguéale. L’épaisseur de la tumeur selon Breslow détermine la procédure thérapeutique ultérieure et le pronostic [34].
Tableau 4. La biopsie de peau comme aide au diagnostic des troubles
neurologiques (choix).
Maladie de Lafora [42]
corpuscules d’inclusion de Lafora dans les glandes sudoripares apocrines
CADASIL [36]
matériel osmiophile granuleux de densité électromicroscopique adhérant aux cellules
musculaires lisses des vaisseaux
Maladie des corps de polyglucosane de l’adulte [43]
corps d’inclusion dans les cellules myo-épithéliales des glandes sudoripares apocrines
Maladie de Unverricht-Lundborg [44]
vacuoles à contenu clair attachées à la membrane dans les glandes sudoripares
eccrines
Neuropathies périphériques
neuropathie diabétique [45]
quelques rares neuropathies sensorielles [46]
neuropathie sensorielle idiopathique des fibres nerveuses de petit calibre de l’enfant
[47]
Neuropathie infantile démyélinisante [48]
Quintessence
La biopsie de peau est un procédé diagnostique et thérapeutique applicable
aussi bien pour certaines maladies systémiques que pour les maladies
dermatologiques.
Pour les dermatoses inflammatoires, le choix de l’efflorescence (primaire)
à biopsier est capital; il faut prélever la lésion la plus fraîche (la plus
récente).
Toujours joindre à la demande d’examen une description macroscopique
avec des informations cliniques le plus détaillées possibles, éventuellement
avec une photographie.
Choix de la méthode de biopsie la plus efficace.
Manipulation soigneuse et fixation correcte de l’échantillon de tissu
prélevé.
En cas de résultats peu clairs, il faut rechercher le dialogue (téléphone)
entre le clinicien et le dermatopathologiste.
Forum Med Suisse No 10 5 mars 2003
249
La biopsie cutanée comme aide précieuse
dans certaines maladies neurologiques
rares
En 1969, Decloux et Friederici purent montrer,
chez 6 patients atteints de mucopolysaccharidose, que les altérations histopathologiques de
la peau sont comparables à celles qu’on trouve
dans le tissu nerveux malade [35]. L’indication
à la biopsie cutanée comme mesure diagnostique complémentaire en cas de maladie neurologique se présente pourtant rarement. On
recherche alors des anomalies de répartition
des organelles cellulaires ou des produits métaboliques pathologiques intra- ou extracellulaires. Par exemple, la microscopie électronique permet de mettre en évidence des dépôts
lysosomiaux ultrastructurels. Dans la majorité
des cas, les maladies du métabolisme avec atteinte du système nerveux sont identifiées biochimiquement et génétiquement en période
prénatale. Les maladies neurologiques suivantes peuvent être diagnostiquées par une
biopsie cutanée (cf. également tableau 4):
– La maladie de Lafora, soit une lipofuscinose
responsable d’une épilepsie myoclonique
progressive associée à un syndrome cérébelleux et à une démence progressive. Les
dépôts pathologiques homogènes, dits corpuscules d’inclusion de Lafora, se trouvent
dans le cytoplasme dans une situation paranucléaire. Les corpuscules d’inclusion correspondent à des grains de glycogène et sont
présents dans les glandes sudoripares apocrines de la peau. La biopsie cutanée sera
donc pratiquée en peau saine dans la région
axillaire.
– Dans le syndrome CADASIL (Cerebral Autosomal Dominant Arteriopathy with Subcortical Infarcts and Leukoencephalopathy), on
trouve en microscopie électronique du matériel granulaire osmiophile en contact
étroit avec les cellules musculaires lisses des
artérioles. Les dépôts se font dans le cerveau, les nerfs et le derme [36].
– Quelques neuropathies périphériques avec
atteinte des fibres sensitives de petit calibre
sont aussi accessibles à la biopsie de peau
[37].
Le tableau 4 donne un petit choix de maladies
neurologiques pour lesquelles une biopsie cutanée peut aider au diagnostic et dans lesquelles un diagnostic avant l’apparition des
symptômes est possible. Jusqu’ici, l’auteur n’a
encore pu récolter aucune expérience personnelle dans ce domaine.
L’expression de la dystrophine dans la musculature lisse de la peau, c’est-à-dire dans les
muscles pilo-érecteurs, peut aussi aujourd’hui
constituer une aide pour le diagnostic de la dystrophie musculaire de Duchenne ou de Becker.
Dans ces maladies neuromusculaires, on
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Forum Med Suisse No 10 5 mars 2003
constate en immuno-histochimie une expression diminuée ou absente de la dystrophine
dans les cellules de la musculature lisse des
poils [38].
Diagnostic prénatal de maladies graves
de la peau
Ces dernières années, le diagnostic prénatal de
maladies cutanées héréditaires a fait de grands
progrès. Les biopsies cutanées sur le fœtus au
cours du deuxième trimestre de grossesse, sous
contrôle échographique, sont examinées immuno-histochimiquement et ultrastructurellement [39, 41]. On recherche des défauts enzymatiques ou des mutations dans les gènes
kératine [41]. Les génodermatoses les plus fréquemment découvertes par le diagnostic prénatal sont l’épidermolyse bulleuse, l’albinisme
oculo-cutané et l’ichthyose-arlequin. Dans les
familles à haut risque avec un phénotype dramatique, le diagnostic prénatal est certainement justifié. Pour la détermination de l’ADN
fœtal, l’amniocentèse et la biopsie des villosités
choriales sont toutes deux pratiquées [41]. Aujourd’hui, on a réalisé de tels progrès que dans
le cadre des techniques de fertilisation in vitro,
il est possible de diagnostiquer les maladies
héréditaires de la peau avant l’implantation
de l’œuf [40]. On recherche en effet les défauts
génétiques sur l’ADN d’un blastomère d’un
embryon isolé au stade cellulaire 6–10. Ensuite,
on procède à l’implantation d’un embryon non
malade dans l’utérus. Le pas suivant serait
l’examen non invasif de routine d’une seule cellule fœtale dans le sang maternel, par exemple
un érythrocyte nucléé [40]. Toute séduisante du
250
point de vue scientifique qu’elle soit, cette procédure pose actuellement des questions
presque insurmontables sur le plan éthique et
sociopolitique. Il va sans dire que de telles interventions diagnostiques et leurs résultats nécessitent la collaboration de divers spécialistes
(pédiatres, généticiens, gynécologues, dermatologues, éthiciens, etc.) avec, évidemment, les
parents.
Pathologie dermatologique
En cas de dermatose inflammatoire, la peau ne
possède qu’un nombre restreint de types de réaction morphologique. Ce fait met l’histopathologiste devant une large palette de diagnostics
différentiels parmi lesquels il s’agit de s’orienter correctement. Plus la description macroscopique fournie par le clinicien est précise – configuration des lésions, type de répartition des lésions, circonstances de temps d’apparition des
lésions, symptômes d’accompagnement, facteurs déclenchants, traitements entrepris –,
plus l’exactitude du diagnostic histologique fin
sera facilitée. Il existe aussi des dermatoses
avec des différences histopathologiques minimes, qui souvent ne peuvent être distinguées
(par exemple certains troubles de la pigmentation, exanthèmes médicamenteux) ou qui
miment d’autres dermatoses (dermatites bulleuses, dermatite allergique de contact / eczéma nummulaire / dishydrose). Cela explique
la nécessité d’une collaboration étroite entre le
clinicien et le (dermato)pathologiste.
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