diales, telles que les objectifs de développement du Sommet
du Millénaire. Le FMI, œuvrant selon son mandat et dans ses
domaines de compétence, continue aussi à se réadapter pour
mieux aider les pays à relever les défis de la mondialisation.
La mondialisation aujourd’hui
La planète a connu des vagues successives de ce que nous appe-
lons actuellement la mondialisation, qui remontent à l’époque
de Marco Polo au XIIIesiècle. Ces périodes présentent toutes
certains points communs avec la nôtre : expansion du com-
merce, diffusion des technologies, migrations massives et mé-
tissage culturel — combinaison de phénomènes qui devrait
donner à réfléchir à ceux qui réduisent la mondialisation à un
processus strictement soutenu par les forces économiques.
À la fin du XIXesiècle, la mondialisation existait déjà sur une
grande échelle. La baisse des coûts de transport avait induit un
essor rapide des échanges, et en 1913 le commerce
mondial rapporté à la production mondiale avait at-
teint des sommets qu’il ne retrouverait pas avant 1970.
Le développement du commerce s’est accompagné de
flux de capitaux sans précédent (équivalant à 10 % du
PIB, en termes nets, dans certains pays à la fois in-
vestisseurs et bénéficiaires) et de flux migratoires (!/2 %
de la population par an pour de nombreux pays), en
particulier vers les Amériques.
Après les deux guerres mondiales et la Grande
Dépression, une nouvelle vague de mondialisation a
commencé, caractérisée à nouveau par des baisses des coûts de
transport, qui ont diminué de moitié en termes réels de 1940 à
1960, l’expansion des entreprises multinationales modernes,
qui sont bien adaptées pour éviter les obstacles aux échanges
imposés par la langue, les politiques commerciales nationales
et d’autres éléments, et l’augmentation sans précédent de la
production et du niveau de vie.
Plus récemment, la mondialisation a été dynamisée par l’im-
mense facilité de l’échange et du traitement de l’information
grâce aux avancées technologiques dans l’informatique et les
télécommunications qui, depuis 1970, ont réduit les coûts de
99 % en termes réels dans ces deux secteurs. Ces progrès tech-
nologiques ne cessent d’améliorer la gamme et la qualité des
services pouvant faire l’objet d’échanges, notamment ceux qui
soutiennent le commerce des biens, ce qui nous a acheminés
vers une économie intégrée à l’échelle mondiale.
Cette évolution doit-elle être applaudie? La théorie écono-
mique représentée par le modèle des échanges de Heckscher-
Ohlin-Samuelson soutient qu’une économie mondiale totale-
ment intégrée offre les meilleures chances d’optimisation du
bien-être de l’humanité. Cette suggestion repose sur des hypo-
thèses relatives au libre mouvement international des biens et
des facteurs de production (capital et main-d’œuvre), à la
disponibilité de l’information et à un degré élevé de concur-
rence. Cependant, même si le capital et la main-d’œuvre ne
peuvent circuler librement, des avantages apparaissent dès lors
que les biens sont librement échangés.
Dans le monde réel, nous savons qu’il existe encore de nom-
breux obstacles au libre flux des capitaux et de la main-
d’œuvre. Et il subsiste, à n’en pas douter, d’importantes bar-
rières commerciales. Mais des progrès considérables ont été
accomplis en matière de libéralisation des échanges depuis la
deuxième guerre mondiale. Par exemple, le cycle de dévelop-
pement de Doha, qu’on a récemment décidé de lancer, sera le
dixième cycle de négociations commerciales mondiales. L’essor
du commerce de marchandises a été l’une des caractéristiques
de la mondialisation, et les gains générés, ces dernières décen-
nies, par la libéralisation des échanges ont très largement dé-
passé les coûts. On estime que l’accord issu des négociations
d’Uruguay en 1995 a généré plus de 100 milliards de dollars par
an, en bénéfices nets, essentiellement dégagés par les pays qui
ont le plus réduit les obstacles aux échanges.
Ces gains induits par les échanges se sont traduits par une
accélération de la croissance économique et une élévation du
niveau de vie, qui sont les plus visibles dans l’Est asiatique : le
revenu réel en Corée a doublé tous les douze ans depuis 1960.
Dans le monde hispanophone, des pays comme l’Espagne, le
Mexique et le Chili ont fortement accru leur part du commerce
mondial et leur revenu par habitant depuis 1980 en participant
à la mondialisation. Une étude récente de la Banque mondiale
indique également que les pays qui se sont ouverts au com-
merce ces vingt dernières années sont en moyenne ceux qui
ont connu la croissance la plus rapide. Ces «nouveaux mondia-
listes» parmi les pays en développement ont réduit les droits
sur les importations de 34 points de pourcentage, en moyenne,
depuis 1980, contre 11 points seulement dans les pays en déve-
loppement qui, en moyenne, n’ont enregistré aucune crois-
sance du revenu par habitant pendant la même période.
En outre, nous savons qu’une croissance accélérée s’accom-
pagne d’un recul de la pauvreté et d’un allongement de l’espé-
rance de vie plus marqués. Une étude récente de la Banque
mondiale réalisée par David Dollar et Aart Kraay pousse ainsi
le raisonnement : puisque le commerce est en général favorable
à la croissance et que la croissance est généralement favorable
aux pauvres — ils estiment qu’en moyenne, un renforcement
de la croissance induit une augmentation du revenu des
pauvres proportionnellement à celui de l’ensemble de la popu-
lation —, le commerce est favorable aux pauvres.
L’intégration des marchés de capitaux a aussi considérable-
ment progressé ces dernières décennies. Les bienfaits de la
mondialisation des échanges sont certes relativement évi-
dents, mais les pays en développement doivent avoir instauré
un ensemble de conditions préalables pour tirer profit de la
mondialisation financière et pour ne pas succomber face au
risque accru de crises monétaires ou bancaires. C’est pour-
quoi la libéralisation des mouvements de capitaux est envi-
sagée avec beaucoup plus de prudence que pendant la période
optimiste du milieu des années 90. Les entrées de capitaux
contribuent à la croissance en stimulant l’investissement et
le progrès technique et en favorisant un développement
Finances & Développement / Mars 2002 5
«Au-delà de son aspect moral,
la réduction de la pauvreté est désormais
reconnue comme indispensable à la paix
et à la sécurité.»