Le 15e jour du mois, mensuel de l'Université de Liège
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Mars 2014 /232
L'urgence antibiotique
Le CIP au coeur d'un consortium européen
La problématique de la résistance des bactéries aux antibiotiques n'est pas nouvelle. Elle relève d'une
préoccupation croissante dans le domaine de la santé publique et s'impose plus que jamais comme une
priorité. « Le problème actuel, selon le Pr Moreno Galleni, directeur du Centre d'ingénierie des protéines
(CIP), c'est qu'il n'y a globalement dans le monde que peu de composés candidats antibiotiques. Il y a
donc un hiatus entre le développement de la résistance des bactéries et les nouvelles molécules dont
nous disposons dans not re arsenal thérapeutique. » Pour y remédier, l'Europe a lancé "ENABLE", un
projet de grande envergure (85 millions d'euros) coordonné par quatre sociétés pharmaceutiques, dont
GlaxoSmithKline et Sanofi. Visant à la formation d'un consortium d'expertises des antibiotiques, ENABLE
regroupe 34 partenaires issus d'universités et de PME diverses.
Dès avril 2014, les nombreux laboratoires européens participants étudieront la
résistance bactérienne au prisme de leurs compétences spécifiques et de leurs niches de prédilection.
Chacun amenant sa pierre à l'édifice. Parmi eux, le CIP de l'ULg. Créé en 1990 par le Pr Jean-Marie
Ghuysen, ce centre a vu de nombreux scientifiques tels que Jacques Coyette, Jean Dusart, Georges Dive,
Martine Distèche ou encore Jean-Marie Frère s'engager sur la voie des cibles antibactériennes. La majorité
des recherches qui y sont menées actuellement s'inscrivent toujours dans ce champ faisant du centre un
expert en la matière. Comme l'argumente le Pr Galleni : « S'inscrire dans ce réseau augmente les chances
de parvenir à un nouveau composé antibiotique intéressant. »
Le projet se déploiera jusqu'en 2019 au cours de différentes phases induisant des relations étroites et des
échanges continus entre les différents acteurs. Le CIP, unique laboratoire belge investi dans le consortium,
apportera notamment son éclairage avec l'aide des laboratoires de microbiologie clinique de l'université
de Cardiff, Varsovie et Uppsala lors des phases de synthèse des molécules et lors des tests. L'équipe du
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Pr Chris Schofield (université d'Oxford) synthétisera des composés qui seront soumis au CIP pour vérifier
leurs activités antibactériennes. « Si nous obtenons de bons résultats, ces composés seront distribués dans
le consortium pour les valider contre un grand nombre de bactéries, toutes celles que l'on peut trouver en
milieu clinique et qui posaient un problème de traitement », explique Moreno Galleni. Une fois cette étape
passée, leur toxicité sera alors testée sur des modèles animaux et sur des cellules humaines isolées. Enfin,
si le nouveau composé présente toutes les propriétés requises, il sera testé lors de phases cliniques pour
tendre vers le but ultime : la mise au point d'un nouvel antibiotique.
Si le projet ENABLE fonctionne comme une véritable rampe de lancement d'un consortium d'experts en
résistance antibiotique, l'objectif à long terme sera ensuite de veiller à sa pérennisation au-delà de 2019
pour continuer à alimenter la recherche. « Il faut toujours garder une longueur d'avance, car les bactéries
peuvent facilement trouver des parades aux antibiotiques », confirme Paulette Charlier, cristallographe au
CIP.
Marjorie Ranieri
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