professionnelle de la publicité, le nombre de messages liés à l’environnement avait quintuplé
depuis trois ans.
Un tel intérêt des entreprises pour la qualité de l’environnement peut surprendre puisqu’il
s’agit d’un bien public dont l’agrément ne peut faire l’objet, par essence, d’aucune appro-
priation individuelle. Qu’un tel respire de l’air pur n’empêche pas les autres d’en béné…cier
aussi. La Nature est prodigue en spectacles et bienfaits gratuits dont nul n’est exclu. En
quoi une entreprise, mue par la quête de pro…t, peut-elle s’intéresser à des biens comme la
qualité de l’eau, de l’air, de la terre, la biodiversité, dont la jouissance dépasse le seul champ
de sa clientèle?
Tout comme les entreprises, les gouvernements portent un intérêt grandissant à l’environnement
à travers leurs propositions de “Green New Deals”.
En 2009, la Chambre des Représentants américaine a voté le plan de relance de 819
milliards de dollars (639 milliards d’euros) du président Barack Obama qui visait à doubler
la capacité des énergies renouvelables pour réduire la consommation de pétrole de 35 % d’ici
à 2012. Il prévoyait aussi des normes plus contraignantes de consommation de carburant à
partir de 2011 ainsi que l’amélioration de l’e¢ cacité énergétique dans les bâtiments fédéraux.
La même année, le Parlement français a adopté un plan de relance de 26 milliards d’euros
pour mettre en application le Grenelle de l’environnement organisé en 2007. L’objectif
était de doubler la part des énergies renouvelables dans la la consommation d’énergie …nale
d’ici à 2020 et de prendre toute une batterie de mesures …scales: écoprêts à taux zéro pour
améliorer l’e¢ cacité énergétique des logements des ménages, rénovation du réseau électrique,
subventions à la recherche et au développement de produits et de services moins polluants
dans l’industrie et les transports, normes environnementales plus sévères. A la suite du
protocole de Kyoto signé en 1997, des marchés de quotas d’émissions de CO2, dits aussi
marchés de permis ou droits à polluer, ont été créés en 2005 en Europe, dans le but de
réduire les émissions de gaz à e¤et de serre. Une o¤re et une demande se sont établies sur
ces marchés après l’attribution de quotas d’émissions de CO2aux entreprises des secteurs les
plus polluants. Les échanges qui en ont résulté ont permis que se …xe un prix du carbone.
Que les gouvernements se préoccupent de l’environnement n’est pas très étonnant en soi.
Ainsi que je l’ai précédemment mentionné, la qualité de l’environnement est un bienfait pour
tous. Préserver la beauté d’un paysage, assurer la propreté d’une plage, garantir la salubrité
d’un lieu, entretenir la forêt, protéger la diversité des espèces, nettoyer les dégâts de la
pollution sont autant de tâches qui incombent à l’Etat s’il est bienveillant, pour la simple
raison que le béné…ce de mener à bien ces tâches est essentiellement collectif. Un particulier,
quant à lui, peut di¢ cilement s’approprier l’agrément que distille un environnement de bonne
qualité. Si ses décisions économiques obéissent à un raisonnement égoïste, il manque de
motivation pour contribuer à un bien-être qui dépasse son propre intérêt. Il se comporte en
“passager clandestin”. On plante des ‡eurs pour soi, pas pour les autres, aussi n’en plante-
t-on pas assez. Elzéard Bou¢ er, le berger qui plante des arbres pour le bonheur des autres,
dans L’homme qui plantait des arbres de Giono, est un personnage de …ction. Il cadre
mal avec l’hypothèse d’homo economicus, préoccupé par son seul intérêt particulier, que
retiennent d’habitude les modèles économiques pour analyser les comportements rationnels.
Qu’un espace public soit beau, naturellement riche et préservé des dégâts causés par
l’industrie des hommes, est agréable pour tous, sans exclusive. C’est précisément cette
absence d’exclusive qui empêche l’émergence spontanée d’un marché pour la qualité de
l’environnement. Or, le marché est un système par lequel les hommes “disent”habituelle-
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