SAISON 2010 -11 DE MEYRIN
ANNE BRÜSCHWEILER AUX COMMANDES
DU VAISSEAU FORUM MEYRIN
Compte rendu de la conférence de presse du 17 novembre 2009
— 108 —
Anne Brüschweiler, directrice artistique du
Théâtre Forum Meyrin à partir de la saison 2010-
2011, dessine sa ligne artistique d’une plume
trempée dans l’encrier de la poésie. Accompa-
gnée par Laurent Gisler, codirecteur en charge
de l’administration, et les membres de l’équipe
actuelle, elle favorisera le rapprochement entre
l’art et la Cité en proposant chaque année une
résidence d’artiste. Les nouvelles saisons feront
davantage de place aux spectacles de chanson
et de cirque contemporain. Les collaborations
actuelles sont étendues et renforcées.
La future directrice du Théâtre Forum Meyrin
estime que, dans une société qui privilégie les
chiffres et la feuille Excel, une institution théâ-
trale doit servir à redonner du poids aux mots,
participer à la création de nouvelles formes, se
ressourcer, « aller vers ce que l’on ignore encore»,
rester vivant. Il est également souhaitable que le
spectateur puisse éprouver du plaisir, de l’émo-
tion, et sortir du théâtre avec un désir de change-
ment – pour lui-même ou pour le monde.
Il s’agit aussi d’être attentif à la langue. Une
langue qu’Anne Brüschweiler souhaite inventive,
en phase avec les propos défendus sur scène,
une langue qui retrouverait l’impact qu’elle tend
à perdre, «notamment dans l’espace politique».
C’est pourquoi la poésie règne au cœur de son
projet, sous toutes les formes que metteurs en
scène, auteurs, musiciens, chanteurs, danseurs
et artistes de cirque sont prêts à lui donner. La
pluridisciplinarité restera donc la marque dis-
tinctive du Théâtre Forum Meyrin, dont la pro-
grammation compte plus de trente spectacles
par année. Qu’on la décline à travers l’écriture, la
mise en scène, le mouvement, la lumière, la voix,
la musique, le décor, les costumes ou le jeu, la
poésie traverse toutes les formes artistiques et
peut se parer de toutes les nuances. Grave,
intense, légère ou candide, Anne Brüschweiler
souhaite explorer ses multiples facettes pourvu
qu’elles nous entraînent vers des élans toujours
nouveaux.
En lien avec la Cité
Entamées par le premier directeur du TFM, Jean-
Pierre Aebersold, les collaborations avec le Teatro
Malandro d’Omar Porras et la compagnie Alias de
Guilherme Botelho, résidentes à Meyrin, seront
maintenues. Ce qui n’empêche pas la nouvelle
directrice d’indiquer qu’elle restera attentive à la
création locale. Parmi les nouveautés de cette
ligne artistique, la volonté d’élargir l’offre
de
spectacles de chanson, «la poésie en musique»,
en privilégiant des récitals originaux. En outre, le
domaine du cirque contemporain, «l’un des
pôles les plus dynamiques du spectacle vivant
aujourd’hui», sera plus présent que précédem-
ment, avec de nouvelles propositions destinées
au jeune public et aux familles – mais pas uni-
quement.
Anne Brüschweiler prévoit encore de
multiplier les liens entre le Forum et ses alen-
tours – la commune de Meyrin, en priorité, mais
aussi la Cité au sens large. C’est la raison pour
laquelle elle prévoit d’initier chaque année un
projet de résidence artistique. L’objectif consis-
tera à faire travailler des artistes sur des théma-
tiques proches des citoyens, afin que résonnent
au Forum les échos de la Cité. Les modalités de
la résidence (durée, forme, aboutissement, etc.)
seront définies en fonction du profil des artistes
invités. Par ailleurs, des ateliers (destinés aux
enfants et aux adultes), des expositions et des
parcours artistiques poursuivront le travail de
démocratisation des arts entrepris par les pré-
cédents directeurs.
Des partenariats étendus
Le partenariat entre le Théâtre Forum Meyrin et
le Théâtre de Carouge, initié par Mathieu Men-
ghini et Jean Liermier en 2008, subsiste et s’élar-
git en franchissant les frontières grâce à l’arri-
vée d’une troisième institution, la scène du
Châtelard dirigée par Hervé Loichemol à Ferney-
Voltaire. Le projet de rendre visible un espace
artistique commun, avec des préoccupations
semblables, sera, par conséquent, proposé à un
public plus large. Mais le trio s’engage égale-
ment à contribuer, par des ateliers d’écriture, de
théâtre, des laboratoires de mise en scène, à
favoriser l’émergence de jeunes talents. L’axe
périphérique sera renforcé, les spectateurs de
Genève et de France voisine pourront profiter
d’un abonnement commun et d’un journal qui
mettra en valeur la programmation des trois
institutions.
Soucieuse d’éveiller l’imagination du specta-
teur et de l’ouvrir à la réflexion, Anne Brüschweiler
est persuadée que ce travail s’opère sur scène et
hors scène. Elle n’ignore pas qu’il faudra, pour
faire mouche, inventer à chaque fois un nouvel
espace de dialogue avec les artistes et avec le
public, définir pour chaque élément du pro-
gramme une approche spécifique, construire sa
pertinence.
Coré Cathoud