Route de Pâques 2011
5e semaine du Carême
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LA FOI DE LAZARE (ET DE MARTHE ET MARIE)
Depuis deux semaines, nous faisons route avec des personnages qui nous ressemblent, auxquels
nous pouvons sans peine nous identier : une femme revenant sans cesse vers le puits, pour
étancher sa soif d’eau, et plus encore d’amour ; un homme, aveugle et mendiant, en quête de
lumière. Et il ne nous est pas difcile avec eux d’emprunter le chemin de la foi : reconnaître en
Jésus celui qui donne l’eau vive, le Christ qui vient dans le monde ; découvrir ensus celui qui ouvre les
yeux aveuglés, lui, la lumière du monde.
Mais voici qu’en cette semaine qui nous achemine presqu’au terme du Carême, vers la Semaine
Sainte et la célébration des mystères de la Passion et de la Résurrection du Christ, en cette semaine,
l’identication devient moins évidente, alors même que la révélation est plus déterminante. Double dif-
culté : Lazare, qui doit nous guider, est mort, et nous ne pouvons guère saisir le cheminement de sa foi ; et
surtout Jésus se présente non plus seulement comme «le Christ de Dieu» (Jean 4,26), «le Fils de l’homme»
(9,35), mais abruptement comme «la Résurrection» (11,25). Le choix que nous avons à faire, alors même
qu’il est plus malaisé à fonder, apparaît cependant comme décisif : c’est un choix de vie et de mort.
Par grâce, Lazare a des sœurs. Des sœurs qui envoient prévenir Jésus : «Seigneur, celui que tu aimes
est malade» (11,3). Deux sœurs qui réagissent selon leurs tempéraments différents, lorsque survient sa
mort : l’une, Marthe, courant à la rencontre de Jésus pour le supplier encore ; l’autre, Marie, demeurant
«assise à la maison» (11,20), accablée par le chagrin. Deux femmes, deux chemins de foi. Et le plus tou-
chant est ici la manière dont Jésus assume toutes ces attitudes devant la mort, sa façon d’accepter les re-
tentissements de la mort dans la vie et le cœur des hommes et de les prendre sur lui. Il accueille la prière
de Marthe et l’expression de sa foi encore imparfaite, pour l’éclairer et la fortier. Il accueille les larmes
de Marie, pour les accompagner et les purier par sa propre douleur. Il accueille le silence et l’incapaci
radicale où est réduit Lazare, en le délivrant des entraves multiples se débat toute existence humaine.
Il embrasse notre mort corporelle, pour que sa vie – une vie éternelle – nous soit redonnée.
«Je suis la Résurrection. Le crois-tu , nous interroge aujourd’hui Jésus (11,25-26). Et nous percevons
bien la gravité de la question. est bien le plus incroyable de notre foi : comment un homme peut-il
poser une telle afrmation ? se présenter comme le Donateur de vie, plus encore comme la Vie même ?
est le plus incroyable, mais est aussi le plus enthousiasmant, car qu’aurions-nous à faire de prophètes
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et de thaumaturges qui ne nous guériraient ou ne nous instruiraient que pour un temps, nous laissant
sombrer sans retour dans la mort ? Qu’aurions-nous à faire d’un dieu qui ne nous délivrerait pas de la
mort ? «Crois-tu cela La question décisive nous est posée. «Si le Christ n’est pas ressuscité des morts, alors
notre message est vide, vide aussi votre foi», avertit Paul (1 Corinthiens 15,14).
Mais notre foi n’est pas un pari, fût-ce un pari contre l’absurde. Elle est une conance. Conance
en cette voix puissante qui ouvre nos tombeaux. Conance en cette voix qui sait se faire si tendre pour
supplier : «Choisis donc la vie, pour que toi et tes ls viviez» (Deutéronome 30,19). Conance en Celui qui
n’a pas réveillé Lazare de loin, mais qui s’est fait Lazare, jusqu’en sa mort et sa mise au tombeau. Celui
qui arrache notre foi à l’ombre et au néant, au prix même de sa vie. Celui qui se relève dans la lumière
de Pâques, pour que désormais nous vivions de sa vie. «Moi je suis venu, nous redit Jésus, pour qu’on ait la
vie, et qu’on l’ait en abondance» (Jean 10,10).
Dimanche 10 avril
Chaque jour, un texte biblique proposé à la lectio divina fait écho à l’évangile du dimanche. Pour lancer
la semaine, l’évangile est accompagné d’une homélie et d’un texte patristique et notre route baptismale suit les
étapes des catéchumènes vers leur baptême, dans la nuit de Pâques.
Un évangile à méditer
Jean 11,1-45
Un homme était tombé malade. C’était Lazare, de Béthanie, le village de Marie et de sa
sœur Marthe. (Marie est celle qui versa du parfum sur le Seigneur et lui essuya les pieds
avec ses cheveux. Lazare, le malade, était son frère.) Donc, les deux sœurs envoyèrent dire à
Jésus : «Seigneur, celui que tu aimes est malade.» En apprenant cela, Jésus dit : «Cette maladie ne conduit pas
à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, an que par elle le Fils de Dieu soit glorié.» Jésus aimait Marthe et
sa sœur, ainsi que Lazare. Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura pourtant deux jours à l’endroit
où il se trouvait ; alors seulement il dit aux disciples : «Revenons en Judée.» Les disciples lui dirent : «Rabbi, tout
récemment, les Juifs cherchaient à te lapider, et tu retournes là-bas ?» Jésus répondit : «Ne fait-il pas jour pen-
dant douze heures ? Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas, parce qu’il voit la lumière de ce monde ;
mais celui qui marche pendant la nuit trébuche, parce que la lumière n’est pas en lui.» Après ces paroles, il
ajouta : «Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je m’en vais le tirer de ce sommeil.» Les disciples lui dirent alors :
«Seigneur, s’il s’est endormi, il sera sauvé.» Car ils pensaient que Jésus voulait parler du sommeil, tandis qu’il
parlait de la mort. Alors il leur dit clairement : «Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de
vous, pour que vous croyiez. Mais allons auprès de lui !» Thomas (dont le nom signie : Jumeau) dit aux autres
disciples : «Allons-y nous aussi, pour mourir avec lui !»
Quand Jésus arriva, il trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà. Comme Béthanie était tout
près de Jérusalem à une demi-heure de marche environ –, beaucoup de Juifs étaient venus manifester leur
sympathie à Marthe et à Marie, dans leur deuil. Lorsque Marthe apprit l’arrivée de Jésus, elle partit à sa ren-
contre, tandis que Marie restait à la maison. Marthe dit à Jésus : «Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait
pas mort. Mais je sais que, maintenant encore, Dieu t’accordera tout ce que tu lui demanderas.» Jésus lui dit :
«Ton frère ressuscitera.» Marthe reprit : «Je sais qu’il ressuscitera au dernier jour, à la résurrection.» Jésus lui
dit : «Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et tout homme qui vit et
qui croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ?» Elle répondit : «Oui, Seigneur, tu es le Messie, je le crois ; tu
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es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le mondeAyant dit cela, elle s’en alla appeler sa sœur Marie, et lui dit
tout bas : «Le Maître est là, il t’appelle
Marie, dès qu’elle l’entendit, se leva aussitôt et partit rejoindre Jésus. Il n’était pas encore entré dans le
village ; il se trouvait toujours à l’endroit Marthe l’avait rencontré. Les Juifs qui étaient à la maison avec Marie,
et lui manifestaient leur sympathie, quand ils la virent se lever et sortir si vite, la suivirent, pensant qu’elle allait
au tombeau pour y pleurer. Elle arriva à l’endroit où se trouvait Jésus ; dès qu’elle le vit, elle se jeta à ses pieds
et lui dit : «Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort.» Quand il vit qu’elle pleurait, et que les
Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus fut bouleversé d’une émotion profonde. Il demanda : «Où l’avez-vous
déposé Ils lui répondirent : «Viens voir, SeigneurAlors Jésus pleura. Les Juifs se dirent :
«Voyez comme il l’aimait !» Mais certains d’entre eux disaient : «Lui qui a ouvert les yeux
de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ?» Jésus, repris par l’émotion,
arriva au tombeau. C’était une grotte fermée par une pierre. Jésus dit : «Enlevez la
pierre.» Marthe, la sœur du mort, lui dit : «Mais, Seigneur, il sent déjà ; voilà quatre jours
qu’il est là.» Alors Jésus dit à Marthe : «Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras
la gloire de Dieu.» On enleva donc la pierre. Alors Jésus leva les yeux au ciel et
dit : «Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je savais bien, moi, que tu
m’exauces toujours ; mais si j’ai parlé, c’est pour cette foule qui est autour de moi,
an qu’ils croient que tu m’as envoyé.» Après cela, il cria d’une voix forte : «Lazare,
viens dehors Et le mort sortit, les pieds et les mains attachés, le visage enveloppé
d’un suaire. Jésus leur dit : «Déliez-le, et laissez-le aller
Les nombreux Juifs, qui étaient venus entourer Marie et avaient donc vu ce que faisait Jésus, crurent en lui.
À l’écoute des Pères
De saint Jean Damascène, au VIIIe s.
Étant Dieu véritable, tu connaissais, Seigneur, le sommeil de Lazare et tu l’as prédit à tes
disciples, les convainquant de la puissance innie de ta divinité. Étant dans la chair, toi
sans limite, tu viens à Béthanie. Vrai homme, Seigneur, tu pleures sur Lazare ; vrai Dieu,
par ta volonté tu ressuscites le mort de quatre jours.
Pleurant sur ton ami, tu as mis n dans ta compassion aux larmes de Marthe, et, par ta passion
volontaire, tu as ôté toute larme du visage de ton peuple. Dieu de nos pères, tu es béni ! Trésorier de la
vie, Seigneur, tu as appelé le mort comme s’il dormait. Par une parole tu as déchiré le ventre des enfers
et tu as ressuscité celui qui se mit à jubiler : Dieu de nos pères, tu es béni ! Tu as réveillé le mort sentant
déjà, lié de bandelettes. Moi, étranglé par les liens de mes péchés, relève-moi aussi et je chanterai : Dieu
de nos pères, tu es béni !
Marie, dans sa reconnaissance, t’apporte, comme un pour son frère, un vase de myrrhe, Sei-
gneur, et elle te chante dans tous les siècles. Comme mortel, tu invoques le Père, comme Dieu, tu -
veilles Lazare. C’est pourquoi nous te chantons, ô Christ, pour les siècles des siècles. Tu réveilles Lazare,
un mort de quatre jours, et le fais surgir du tombeau, le désignant ainsi comme témoin véridique de ta
résurrection le troisième jour, ô Christ. Tu marches, tu pleures, tu parles, mon Sauveur, montrant ton
énergie humaine, mais en réveillant Lazare, tu révèles ton énergie divine. De manière indicible, Seigneur
mon Sauveur, tu as, selon tes deux natures, librement opéré mon salut.
Triode des matines du Samedi de Lazare
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La Parole commentée
Homélie de frère Pierre-Marie (Carême 2002 - Saint-Gervais)
Le récit de l’Évangile que nous venons d’entendre, nous rapporte l’acte le plus fan-
tastique de l’histoire des hommes. Le rappel de la mort et le retour à la vie d’un
homme enseveli depuis quatre jours déjà (Jn 11,17). D’un homme, nommément -
signé : «Lazare» ; parfaitement situé dans sa famille et sa maison ; en temps et lieux
bien précisés, «dans le village de Béthanie», voisinant Jérusalem (11,1-5) et «à l’appro-
che de la pâque des Juifs» (12,1) ; en présence de nombreux témoins (11,33 ; 12,9), sous le ponticat de
«Caïphe, grand prêtre cette année-là» (11,49). On ne saurait être plus explicite ni plus afrmatif.
Mais cet événement, si clairement inscrit dans l’histoire, est plus encore «un signe accompli»
(11,47), qui traverse le temps. Manifestement, en effet, Celui que Marthe et Marie appellent à juste titre
«Maître et Seigneur» (11,28.32.39), veut par nous révéler une des vérités les plus fondamentales qui
soient. Une vérité capable, à elle seule, de donner sens et espérance à toute notre existence si, vraiment,
nous voulons nous aussi, «vivre et croire en lui».
Ainsi «le Maître» nous montre-t-il ce qu’est la mort aux yeux des hommes ; et «le Seigneur» nous
révèle-t-il ce qu’est la mort aux yeux de Dieu. Tout baptisé n’est-il pas dès lors appelé à «marcher et à
croire en sa lumière» (12,35-36) ?
*
Ce qu’est la mort aux yeux des hommes, nul ne le sait mieux que le «créateur du monde» des-
cendu jusqu’à nous pour se faire «le Rédempteur de l’homme». «Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit
pas de la perte des vivants», proclame l’Écriture (Sg 1,13). Mais il la prend au sérieux et la voit dans toute
l’épaisseur de sa réalité tragique. Il sait que sa cause est le péché puisque, comme dit l’apôtre Jacques,
dans un raccourci saisissant : «Le péché, parvenu à son terme, enfante la mor(1,15). Ou, comme dit
l’apôtre Paul, de manière plus lapidaire encore : «Le salaire du péché, c’est la mor (Rm 6,23) ! «Ainsi la
mort a passé en tous les hommes du fait que tous ont péché» (Rm 5,12). La voilà donc, l’invisible compagne
que l’ensemble des hommes côtoient partout, au long des jours, et que chacun rencontrera un jour au
terme de sa propre route.
Jésus, en tant qu’homme, ne se cache pas et ne nous voile pas cette réalité. Tout au contraire, il la
regarde et nous invite à la regarder en face. «Montons en Judée», dit-il à ses disciples (11,7). «Lazare est
mort… allons auprès de lui» (11,14-15). Même les justes, même les saints, même les innocents doivent
mourir. Le récit de la marche vers Béthanie est éloquent à ce sujet. La mort est bien une n, provoque
deuil et désolation, et entraîne à la peine et aux sanglots. Même les amis de Jésus n’ont pu y échapper
et lui-même, le premier, en «a pleuré» (11,35).
Rien que de commun, dira-t-on peut-être. Mais il n’est pas inutile de nous souvenir combien en
face de ce drame, «le Fils de Dieu», en personne, devenu «ls de l’homme» pour notre salut, s’est vraiment
comporté en tout, en «ami des hommes». La grande nouveauté du christianisme est que celui qui nous a
créés semblables à lui, s’est fait aussi lui-même «en tout semblable à nous» ! Sur le rude chemin de notre
vie qui s’avance vers la mort, Quelqu’un a marché devant nous et chemine toujours auprès de nous ; et
c’est «le Prince de la Vie». Lui, «le premier-né de toute créature», devenu aussi pour nous «le premier-né d’en-
tre les morts», sans partage et sans faire-semblant (Col 1,15.18). «Ce n’est pas pour rire que je t’ai aimé»
(sainte Angèle de Foligno). Quel stimulant pour nos cœurs et quelle espérance pour nos âmes !
*
Qu’est donc la mort aux yeux de Dieu ? Demandons-le à «l’envoyé du Père». L’attitude de Jésus en
face de la mort n’est pas seulement celle de la solidarité et de la compassion. Même s’il marche vers elle
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à travers l’opacité de notre nuit, il avance «sans trébucher» car il est «la lumière de ce monde» (Jn 8,12 ;
11,10). Dès lors toute une clarse lève sur ses pas. La pleine vérité nous est révélée concernant «notre
sœur la mort corporelle».
«Notre ami Lazare repose, je vais aller le réveiller» (11,1). Aux yeux de Dieu, la mort n’est qu’un
sommeil. «Ne pleurez plus ! La llette n’est pas morte, elle dort.» Et Jésus ramène à la vie la lle de Jaïre
(Lc 8,52). La mort n’est plus le terme dénitif de l’existence. Elle n’est qu’un moment de la vie. Un
moment grave et douloureux certes. Mais seulement un moment, puisqu’elle est le passage de cette vie
mortelle à la vie éternelle. «Viens des quatre vents, Esprit, soufe sur ces morts et qu’ils vivent !» (Ez 37,1).
La mort n’est pas d’abord la n de notre existence ici-bas, elle est le vrai commencement de la vie en
plénitude. Elle n’est donc pas pour notre tourment ; elle est pour l’affermissement et le triomphe de
notre foi. «Lazare est bien mort et je me réjouis pour vous an que vous croyiez» (11,14).
Alors, de plus en plus clairement, Jésus afrme l’essentiel de son message. «Je suis la Résurrection
et la Vie. Qui croit en moi, fût-il mort, vivra. Et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela
(11,25-26). Il n’y a que «le Seigneur de la gloire» (1 Co 2,8), porteur de la Toute-Puissance de la Vie, qui
puisse proclamer de semblables paroles ! «Ne t’ai-je pas dit que si tu crois tu verras la gloire de Dieu
(Jn 11,40). Nous savons comment Marthe et «beaucoup de Juifs venus auprès de Marie, crurent alors en
lui» en voyant la manifestation de cette gloire divine jaillie de la parole de «notre grand Dieu et Sauveur
Jésus Christ» (Tt 2,13).
*
«C’est pour tous ces hommes qui m’entourent que je parle an qu’ils sachent que tu m’as envoyé»
(Jn 11,42). Nous nous tenons tous là, devant le seuil prodigieux de notre suprême liberté. À présent,
plus besoin d’arguments à avancer, de démonstrations à faire, de preuves à revendiquer. «Si je ne fais
pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas. Mais si je les fais, quand bien même vous ne me croiriez pas,
croyez en ces œuvres ; et sachez une bonne fois que le Père est en moi et moi dans le Pèr(Jn 10,37-38 ;
14,11). Nous connaissons la réplique d’Abraham dans la parabole du mauvais riche visant Caïphe et son
Sanhédrin : «Même si quelqu’un ressuscite d’entre les morts, ils ne croiront pas !» (Lc 16,31).
De fait, il nous faut choisir : ou nous croyons en Jésus Christ, ou nous ne croyons pas en lui. Si la
résurrection de Lazare, après celles du ls de la veuve de Naïm et de la lle de Jaïre, ne nous suft pas ;
si la propre résurrection du Christ, par la puissance du Père, ne nous paraît pas assez ; si vingt siècles de
vie chrétienne tant de témoins ont proclamé leur foi en lui, jusqu’au martyre, nous semblent encore
trop peu ; nous sommes libres ! Dramatiquement libres de penser que la mort aurait dénitivement le
dernier mot et que cette existence où tout nirait à la tombe n’aurait donc pas de sens… Mais com-
ment consentir à se soumettre à l’absurde ?
Ou bien, comme Marthe et Marie, les apôtres, les disciples, comme des myriades d’hommes et
de femmes «de toutes races, langues, peuples et nations» (Ap 7,9), depuis 2000 ans, nous lui redirons : «Oui
Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, celui qui devait venir en ce monde» (Jn 11,27). Alors tout
prend un sens. Notre vie est rendue à l’espérance. Nous avançons dans la paix. Nous croyons à l’éter-
nité de l’amour. La lumière, issue de la Résurrection du Christ, emplit nos cœurs de joie. Nous compre-
nons enn le sens de notre baptême : «Baptisés dans le Christ Jésus, c’est dans sa mort que nous avons été
baptisés. Nous avons donc été ensevelis avec lui, par le baptême dans la mort, an que, comme le Christ est
ressuscité des morts pour la gloire du Père, nous vivions, nous aussi, dans une vie nouvelle» (Rm 6,3-4).
Alors, non ! La mort n’est plus mortelle ! Elle n’est que le seuil, tout en haut de l’escalier, au-delà
duquel nous tomberons enn dans les bras du Père ! C’est écrit : «Celui qui a ressuscité le Christ Jésus
d’entre les morts, donnera aussi la vie à nos corps mortels, par son Esprit qui habite en nous» (Rm 8,11). Ne
faut-il pas qu’en nous aussi, l’Écriture s’accomplisse ?
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