Fraternités de Jérusalem http://jerusalem.cef.fr | © FMJ2011
59
Route de Pâques 2011
5e semaine du Carême
à travers l’opacité de notre nuit, il avance «sans trébucher» car il est «la lumière de ce monde» (Jn 8,12 ;
11,10). Dès lors toute une clarté se lève sur ses pas. La pleine vérité nous est révélée concernant «notre
sœur la mort corporelle».
«Notre ami Lazare repose, je vais aller le réveiller» (11,1). Aux yeux de Dieu, la mort n’est qu’un
sommeil. «Ne pleurez plus ! La llette n’est pas morte, elle dort.» Et Jésus ramène à la vie la lle de Jaïre
(Lc 8,52). La mort n’est plus le terme dénitif de l’existence. Elle n’est qu’un moment de la vie. Un
moment grave et douloureux certes. Mais seulement un moment, puisqu’elle est le passage de cette vie
mortelle à la vie éternelle. «Viens des quatre vents, Esprit, soufe sur ces morts et qu’ils vivent !» (Ez 37,1).
La mort n’est pas d’abord la n de notre existence ici-bas, elle est le vrai commencement de la vie en
plénitude. Elle n’est donc pas pour notre tourment ; elle est pour l’affermissement et le triomphe de
notre foi. «Lazare est bien mort et je me réjouis pour vous an que vous croyiez» (11,14).
Alors, de plus en plus clairement, Jésus afrme l’essentiel de son message. «Je suis la Résurrection
et la Vie. Qui croit en moi, fût-il mort, vivra. Et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ?»
(11,25-26). Il n’y a que «le Seigneur de la gloire» (1 Co 2,8), porteur de la Toute-Puissance de la Vie, qui
puisse proclamer de semblables paroles ! «Ne t’ai-je pas dit que si tu crois tu verras la gloire de Dieu ?»
(Jn 11,40). Nous savons comment Marthe et «beaucoup de Juifs venus auprès de Marie, crurent alors en
lui» en voyant la manifestation de cette gloire divine jaillie de la parole de «notre grand Dieu et Sauveur
Jésus Christ» (Tt 2,13).
*
«C’est pour tous ces hommes qui m’entourent que je parle an qu’ils sachent que tu m’as envoyé»
(Jn 11,42). Nous nous tenons tous là, devant le seuil prodigieux de notre suprême liberté. À présent,
plus besoin d’arguments à avancer, de démonstrations à faire, de preuves à revendiquer. «Si je ne fais
pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas. Mais si je les fais, quand bien même vous ne me croiriez pas,
croyez en ces œuvres ; et sachez une bonne fois que le Père est en moi et moi dans le Père» (Jn 10,37-38 ;
14,11). Nous connaissons la réplique d’Abraham dans la parabole du mauvais riche visant Caïphe et son
Sanhédrin : «Même si quelqu’un ressuscite d’entre les morts, ils ne croiront pas !» (Lc 16,31).
De fait, il nous faut choisir : ou nous croyons en Jésus Christ, ou nous ne croyons pas en lui. Si la
résurrection de Lazare, après celles du ls de la veuve de Naïm et de la lle de Jaïre, ne nous suft pas ;
si la propre résurrection du Christ, par la puissance du Père, ne nous paraît pas assez ; si vingt siècles de
vie chrétienne où tant de témoins ont proclamé leur foi en lui, jusqu’au martyre, nous semblent encore
trop peu ; nous sommes libres ! Dramatiquement libres de penser que la mort aurait dénitivement le
dernier mot et que cette existence où tout nirait à la tombe n’aurait donc pas de sens… Mais com-
ment consentir à se soumettre à l’absurde ?
Ou bien, comme Marthe et Marie, les apôtres, les disciples, comme des myriades d’hommes et
de femmes «de toutes races, langues, peuples et nations» (Ap 7,9), depuis 2000 ans, nous lui redirons : «Oui
Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, celui qui devait venir en ce monde» (Jn 11,27). Alors tout
prend un sens. Notre vie est rendue à l’espérance. Nous avançons dans la paix. Nous croyons à l’éter-
nité de l’amour. La lumière, issue de la Résurrection du Christ, emplit nos cœurs de joie. Nous compre-
nons enn le sens de notre baptême : «Baptisés dans le Christ Jésus, c’est dans sa mort que nous avons été
baptisés. Nous avons donc été ensevelis avec lui, par le baptême dans la mort, an que, comme le Christ est
ressuscité des morts pour la gloire du Père, nous vivions, nous aussi, dans une vie nouvelle» (Rm 6,3-4).
Alors, non ! La mort n’est plus mortelle ! Elle n’est que le seuil, tout en haut de l’escalier, au-delà
duquel nous tomberons enn dans les bras du Père ! C’est écrit : «Celui qui a ressuscité le Christ Jésus
d’entre les morts, donnera aussi la vie à nos corps mortels, par son Esprit qui habite en nous» (Rm 8,11). Ne
faut-il pas qu’en nous aussi, l’Écriture s’accomplisse ?