Une stratégie de mobilisation 63
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Vol. 4, no 2, automne 2000 Interactions
modèle traditionnel (bureaucratique) comporte des inconvénients qui finissent par
faire de sa structure un objectif plutôt qu’un moyen pour satisfaire les clients et
assurer le développement des ressources humaines (Beaudoin, 1995).
Équipes semi-autonomes (ESA)
Historiquement, en Amérique du Nord, les équipes de travail semi-autonomes ont
commencé à prendre un sens avec les recherches d’Elton Mayo. Il a mis en
évidence le sentiment d’appartenance comme source de motivation supérieure
pour les travailleuses. Ces recherches ont consisté à isoler des groupes d’ouvrières
afin de vérifier l’effet de changements liés aux conditions de travail. Le postulat
de base était qu’en améliorant les conditions de travail, les ouvrières seraient plus
productives et qu’en les empirant, la production baisserait. À la grande surprise
des chercheurs, même en rendant les conditions de travail plus difficiles, les
ouvrières continuaient de produire au-delà de ce qui était demandé dans certains
cas. Ils ont découvert que le sentiment d’appartenance et les normes de production
choisies par les membres de l’équipe avaient une plus grande importance que les
conditions de travail elles-mêmes. Le fait que la direction de l’entreprise prenait
en considération les dires des personnes et qu’on les écoutait réellement changeait
le climat de travail et induisait une plus grande motivation, donc une meilleure
production. En effet, plus tard, on a nommé ce phénomène “ l’effet Hawthorne ”.
Presque par erreur, en raison de la prise en considération des ouvrières participant
à la recherche, l’ancêtre de l’empowerment venait de voir le jour.
Les équipes de travail sont souvent abordées sous l’angle de la psychologie du
groupe restreint faisant référence principalement à l’étude de la dynamique des
groupes restreints développée par Lewin et ses collaborateurs. Pour les besoins du
présent article, nous retenons la théorie du groupe optimal de St-Arnaud (1989)
parce qu’elle fait l’objet d’un consensus relatif sur la question. Le groupe restreint
se définit comme étant un champ psychologique produit par l’interaction de trois
personnes ou plus, réunies en situation de face à face dans la recherche, la
définition ou la poursuite d’une cible commune; il y a interaction de chacune de
ces personnes avec cette cible commune, et interaction des personnes entre elles
(St-Arnaud, 1989). Cette définition des groupes restreints pose les bases pour
définir l’équipe semi-autonome, mais il faut aller plus loin dans les conceptions de
l’équipe et de l’autonomie.
À la différence du groupe restreint, l’équipe inclut la notion de pérennité et selon
Mucchielli (1976) de multidisciplinarité. L’équipe se retrouve de façon régulière
en situation de groupe restreint lorsque les membres ressentent le besoin de