Guillaume Secoue-Lance (« Non sanz droict », dit la devise), naît
en 1564 à Stratford-sur-l’Avon, dans le comté de Warwick. Très tôt
fécond, c’est à l’âge de 18 ans et en l’an de grâce 1582 qu’il inspire
Anne Hathaway de ses talents créatifs. Celle-ci, de 8 ans son aînée,
engendre conséquemment sa première œuvre, neuf mois plus tard et
six mois après leur mariage. Deux autres élaborations collaboratives
jaillissent du ventre d’Anne ; les suivantes issirent du cerveau de
Guillaume.
Secoue-Lance monte à Londres dans des circonstances inconnues,
fait du théâtre en acteur et en dramaturge et subit en 1592 la première
de ses critiques qui nous soit parvenue. Robert Greene nous
dit (nous traduisons de l’anglais élisabéthain): « [Shakespeare est] un
corbeau, un parvenu en plus, touche-à-tout bon-à-rien, il pense être
le seul acteur de l’arrondissement à être capable de secouer la scène. »
Le passable jeu de mots de Greene
n’empêchera pas Secoue-Lance
de devenir célèbre et, ce qui ne gâche rien, riche. Sa compagnie,
d’abord les Lord Chamberlain’s men, puis les Kingsmen sera la plus en
vue de Londres, patronnée par le roi comme ceux qui savent l’anglais
l’auront déjà compris, elle aura son propre théâtre et tout. Il achètera
une maison, des terres, et peut-être même des poules. Il meurt en
1616, de vieillesse sans doute, Wikipedia n’indiquant pas de meilleure
raison.
Secoue-Lance écrivit 38 pièces de théâtre, dont 26 à lui tout-seul et
le reste avec d’autres lascars qui sont moins connus que lui. Il fit aussi
des poèmes, au sein desquels beaucoup de sonnets, dont même Yves
Bonnefoy – qui est un de ses traducteurs et qui a reçu des gros prix
de poésie, donc nous faisons bien de le citer – glisse qu’ils ne lui
semblent pas tous au niveau du théâtre.
Du haut de son petit nuage, Guillaume observe depuis quatre siècles
bientôt le petit monde qui joue beaucoup et par tous les temps de ses
pièces de théâtre, qui ont influencé tout le gotha de la littérature
mondiale et ça n’est pas près de s’arrêter vu que l’angliche prend un
espace de plus en plus intersidéral ces temps-ci, mais allez voir
Corneille, c’était déjà dedans.
Nous n’inventons rien, le calembour est de Greene : « [Shakespeare] is in his own conceit the only Shake-scene in a country. »
Quant à ceux de nos lecteurs qui douteront de la pertinence de nos traductions, qu’ils se rapportent aux armoiries de
Guillaume.
Allez voir sa préface chez Gallimard, la vérité si je mens.