Né à Buenos Aires en 1939, grandi en Uruguay, passé par
New-York, Raùl Damonte Botana, dit Copi, arrive à Paris en 1963,
fils d’une certaine élite sud-américaine dont la première langue
étrangère est encore le français. D’abord connu pour ses
dessins, il devient d’abord dessinateur de presse à Hara-Kiri ou
Charlie-Hebdo, plus tard à Libération, fit également de la
bande dessinée. S’investissant dans le théâtre, surtout par le
biais de l’écriture, mais aussi en tant que metteur en scène,
qu’acteur, travesti ou non, il devient l’une des figures de proues
du mouvement homosexuel. Ses pièces revendicatrices,
baroques, grotesques jusqu’au drame portent haut la bannière
du mouvement gay. Nous rappellerons que l’homosexualité
était interdite dans les dictatures d’Amérique du Sud. Qu’il y a
deux ans, en avril 2012, un chilien de 24 ans, homosexuel, est
battu à mort par des néo-nazis. Qu’il ne fait pas bon faire partie
des minorités réprouvées par la morale publique, la norme, dont
les extrêmes se réclament le plus souvent pour « nettoyer les
rues ».
Se revendiquer différent, ce n’est donc pas anodin. C’est un
acte poétique, politique, identitaire, et Copi se voulait socialiste
et homosexuel. Il meurt du SIDA en 1987, d’une maladie dont le
monde pensa d’abord qu’il était le cancer gay. Encore
aujourd’hui, alors que les campagnes publicitaires incitent le
bon citoyen à donner son sang et que le sang donné est
systématiquement contrôlé, ce don est interdit aux
homosexuels. Piétinant volontiers le pantin de Pudeur,
questionnant l’identité et le travestissement sous toutes ses
formes sociales et humaines (Eva Perón de 1969 est peut-être
son théâtre politique par excellence), Copi allait jusqu’au bout
des sentiments, des déchirures, et menait l’exhibition comme un
combat, avec pour mots d’ordres le courage, le délire et,
paradoxalement, la lucidité.
L’auteur de cette notice juge bon d’y ajouter son expérience personnelle. Quelque part en Suisse, il y
a de cela cinq ans, on dut cacher un membre de sa famille qui, suite à un quiproquo, était recherché
par des groupuscules d’extrême droite qui désiraient lui « apprendre les bonnes manières ».
Nous nous permettrons de dédier cette petite biographie à Charles-Louis La Salle et à Zaher, dit Doudou,
qui eurent la gentillesse de nous accueillir chez eux et qui, grands êtres humains, surent et savent chacun
à sa manière défendre l’identité dont nous tentons de parler dans ces lignes.