On sait depuis Paul Bert (1878) que les manifestations pathologiques qui surviennent à l'issue d'un
séjour en pression sont dues à la présence de bulles qui, embolisant le réseau vasculaire, sont à l’origine
d’ischémies le plus souvent neurologiques. En 1961, Laborit et Barthélémy décrivaient les manifestations
biologiques accompagnant ces accidents (amas plaquettaires, thromboses, vaso-constriction, stase
circulatoire, extravasation, œdèmes interstitiels), qui constituent la maladie de la décompression (1).
L’accident de décompression (ADD)comporte deux versants : l’accident bullaire initial et la maladie de la
décompression (MDD).
I- 1. L’accident bullaire initial
Sous pression, l'azote de l'air se dissout dans les liquides de l'organisme. Non métabolisé, il doit être
restitué à l'atmosphère lors du retour à la pression normale. Cette désaturation de l’organisme n'est pas
instantanée. Elle suit une loi exponentielle (Haldane, 1908) telle que la désaturation complète de
l’organisme n’est atteinte qu’en 12 heures environ. Des tables de plongée, maintenant calculées en continu
par des ordinateurs portables, donnent en fonction du temps passé aux différentes profondeurs la durée de
remontée et les temps d'arrêt à respecter à chaque palier. Le non-respect de cette cinétique expose au
développement de bulles dans certains tissus et dans le réseau veineux qui les draine. Leur taille, mesurée
par échographie, va de 10 à 500 µm de diamètre. Il existe des bulles extravasculaires et des bulles
intravasculaires, circulantes ou non (2). Leurs effets, compressifs et hémodynamiques, apparaissent entre
quelques minutes et quelques heures après l’émersion.
Les effets compressifs sont surtout le fait des bulles extravasculaires. Ils s’observent au niveau :
- de la peau, avec compressions irritatives des terminaisons nerveuses proprioceptives ;
- des tendons, capsules articulaires et extrémités osseuses, sous la forme de douleurs périarticulaires (les
"bends") en réponse à la distension mécanique ;
- des liquides de l’oreille interne, avec destruction des structures sensorielles .
Les bulles veineuses ,créant des ischiémies veineuses ,sont drainées vers les cavités droites du cœur et
embolisent la circulation pulmonaire .avec hypertension artérielle pulmonaire et réduction du débit de
l’artère pulmonaire. Ce ralentissement se répercute en amont dans le système azygos et lombaire
ascendant, entraîne une stase veineuse des plexus lombaires, extra et périduraux. et est responsable des
formes neurologiques médullaires (3),avec lésions étagées des faisceaux de la moelle .Les bulles
artérielles présentes dans l’oreillette droite peuvent, à l’occasion d’une variation de pression
intrathoracique, franchir le filtre pulmonaire ou un foramen ovale perméable et d’emboliser la circulation
artérielle. créant des ischémies cérébrales, cochléovestibulaires ou médullaires cervicales.
I- 2. La maladie de la décompression
Les bulles sont ubiquitaires. Elles s'infiltrent dans les réseaux capillaires pulmonaires, d’où elles sont
normalement éliminées, ou systémiques, où elles exercent leurs effets délétères. Elles sont en contact avec