4MAGUY MARIN SINGSPIELE
I. INTRODUCTION AU SPECTACLE
MAGUY MARIN
Singspiele
21.4. – 24.4.
Salle René Gonzalez
Mardi 21.4. 19h
Mercredi 22.4. 19h
Jeudi 23.4. 14h15
Jeudi 23.4. 21h30
Vendredi 24.4. 14h15
Vendredi 24.4. 19h
Singspiele est une petite forme pour un acteur-danseur qui travaille le
masque. David Mambouch fait défiler un grand nombre de visages sur son
corps en métamorphoses constantes : chaque masque déclenche une
gestuelle, des postures différentes, liées de manière essentielle au visage
apparu. Tout va assez vite, mais chaque individualité a le temps de se
constituer, d’émerger dans l’attitude, la pose d’un bras, une flexion du
torse, l’inclinaison de la tête : tout un travail extrêmement ténu sur la
corporalité et sur le costume. «Rencontrer un homme, c’est être tenu en
éveil par une énigme», écrit Emmanuel Levinas, philosophe tutélaire de ce
spectacle. L’interprète passe d’un vieux à un jeune, d’un sportif à un
philosophe, d’un inconnu à une figure emblématique. Sans un mot.
Simplement sur le petit chantonnement de la vie qui passe, un lied de
Schubert. Singspiele est une frise d’humanité, réflexion sur l’identité, sur
la singularité et l’universel.
© B. Lebreton
«L’histoire de chacun se fait à travers le besoin d’être reconnu sans limite;
l’amitié désigne cette capacité infinie de reconnaissance. Imaginer que ce
besoin soit constamment celui d’autrui, que l’autre comme nous-même
soit livré à cette exigence et acharné à obtenir réponse, qu’il se dévore lui-
même et qu’il soit comme une bête si la réponse ne vient pas, c’est à quoi
on devrait s’obliger et c’est l’enfer de la vie quand on y manque. Le chemin
de la reconnaissance, c’est l’infini : on fait deux pas, on-ne-peut-pas-tout-
faire, mais personne n’ose justifier autrement que par un petit cynisme le
recul devant une telle tâche…» (Robert Antelme, «Les principes à l’épreuve»,
1958).
C’est à partir de ce fragment d’un texte de Robert Antelme que nous avons
voulu dans ce travail donner place et attention à des visages, anonymes ou
reconnaissables, qui, apparaissant, captent notre regard avec l’étrangeté
d’une perception, inintelligible dans l’immédiat.
Travail d’écoute de ce que précisément ou confusément ces visages nous
disent de leurs corps absents, l’histoire particulière que ces visages muets
portent, et qui nous échappera toujours. Ils nous parlent d’un lieu que
J.L.Nancy nomme «le parler du manque de parole», un lieu «d’avant ou
d’après la parole» (J.-L Nancy, «Penser l’image», Les Presses du réel, 2o1o).
Quels mystères irréductibles se cachent derrière cette constellation de
sensations qui nous arrive au contact d’autrui ? Du visage d’autrui ? Une
épiphanie qui déborde ses expressions, révélant alors l’invisible d’un
individu singulier là devant nous.
MAGUY MARIN
NOTE D’INTENTION