
4Elena Nonka
La création en décembre 1991 de la Communauté des États indépendants (CEI) venait
consacrer la fin de l’Union Soviétique en tant qu’unité géopolitique et sujet de droit international,
mais cela signifiait également la disparition de l’URSS en tant qu’acteur de la scène économique
mondiale et régionale. Il serait pourtant faux de croire que le “poids” politique, économique,
militaire ou même idéologique de l’URSS sera par le fait même absorbé par les 15 nouveaux
acteurs régionaux pris séparément ou par une structure aussi floue que celle de la CEI. C’est sur
le problème spécifique de l’intégration1 économique régionale des États à l’intérieur de la CEI que
nous allons concentrer notre attention dans les pages qui suivent.
La question du régionalisme économique est un sujet extrêmement complexe en soi.
Malgré les avantages évidents que représentent des accords régionaux, notamment sur le plan de
la libéralisation des échanges marchands entre les États membres, leur rôle politique, économique
et culturel est un sujet de débat international. On ne peut en effet expliquer l’évolution des
relations économiques entre les États sans prendre en compte les interactions complexes qui
existent entre les multiples causes objectives, les aspirations subjectives, les différentes
interprétations de la situation par différents acteurs, les réalités économiques et politiques et le
contexte historique du moment.
Les relations économiques des États membres de la CEI représentent un cas bien
particulier de développement de la coopération et de l’intégration régionale. Si généralement, ce
processus suit la direction ascendante, c’est-à-dire de formes plus simples à plus complexes, dans
le cas des Nouveaux États indépendants (NEI) il suit la direction inverse : d'un système unifié
d'économies nationalisées, centralisées et dirigées vers un système aux formes plus souples de
liens réciproques. Le lancement des réformes économiques en 1986 a placé ces États dans le
groupe des pays aux économies dites “en transition”. Ainsi, la construction des relations
économiques entre les NEI sur les bases nouvelles s’accompagne-t-elle d’une restructuration
profonde du système économique et politique de ces États, de sorte que les programmes de
réformes occupent également une place importante dans les projets d’intégration économique de
la CEI.
1Dans cette analyse, les termes “intégration” et “coopération” sont utilisés en tant que synonymes. Cependant, cette utilisation
ne relève pas de l’erreur ou de la confusion. Tout en étant conscient de la différence des significations de ces termes du point
de vue de l’analyse des relations économiques internationales, nous nous permettons cette imprécision pour souligner que, dans
les discours des leaders politiques des États de la CEI, cette distinction est absente. La seule distinction qui est parfois faite est
que la coopération est un phénomène plus conjoncturel, alors que l’intégration relève de la “proximité historique” des peuples