1 Pierre 410 - mettre son don au service des autres - calv

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« Que chacun mette au service des autres le don qu’il a reçu de la grâce »
1 Pierre 4,10
En mars dernier, j’étais de passage au culte du Sentier. Ce dimanche-là des jeunes l’avaient animé. Je me
souviens très bien du message sur la diversité des membres du Corps du Christ : Tous différents, mais
reliés les uns aux autres. Tous ayant reçus des dons.
Eh bien, j’aimerais dire bravo aux jeunes. Sans peut-être le savoir, vous êtes calvinistes. Car pour Calvin,
les charismes ou les dons de Dieu sont essentiels pour animer la vie de l’Eglise.
Vous m’avez demandé de parler de Jean Calvin, dont on fête cette année le 500e anniversaire. Mais
j’aimerais avant tout commenter la Parole de Dieu. Car si Calvin a quelque chose à nous dire aujourd’hui,
c’est avant tout parce qu’il a été un grand commentateur de la Bible. Cela serait, je pense, faire un affront
à Calvin, si, durant ce culte, je parlais uniquement de lui.
Si les écrits de Calvin ont quelque actualité, c’est dans la mesure où ils reflètent un peu la sagesse de
l’Evangile.
Et la parole que je vous propose de commenter ce matin est celle de Pierre dans sa 1ère lettre :
« Que chacun mette au service des autres le don qu’il a reçu de la grâce »
Mettre au service des autres le don que chacun a reçu. Chacun a reçu un don et doit l’exercer pour la
communauté.
Calvin a été chassé de Genève, trois ans après avoir commencé son ministère. Il a alors été appelé pour
devenir pasteur à Strasbourg, où la Réforme était établie. Là, il a été vraiment marqué par la vie d’Eglise
très intense et fraternelle qu’il a vécu et par Martin Bucer, le réformateur de cette ville. Celui-ci voyait
dans l’Eglise, rassemblée par la Parole et la célébration de la sainte cène, une fraternité où nul ne vit pour
lui-même, où tous les membres contribuent à l’amélioration du corps entier et ressentent les misères du
prochain.1
Une fraternité où nul ne vit pour lui-même. Je trouve que c’est une très belle définition de l’Eglise.
Pour Calvin l’Eglise est aussi la « communion des saints », comme le dit le symbole des apôtres. Et il
comprend ainsi ce terme : « Les mots communion des saints expliquent…clairement ce qu’est l’Eglise : la
communion des fidèles est telle que lorsque l’un d’eux a reçu de Dieu quelque don, tous en sont faits
participants ».
Donc pour Calvin, si Dieu nous donne quelque don, il ne faut pas le garder pour soi, mais le faire circuler.
La vie chrétienne c’est faire profiter les autres de ce que j’ai reçu. Tout ce que je garde pour moi, je le
perds. Mais tout ce que donne, je le retrouve, parfois au centuple.
1
Cf. H. Strohl, La pensée de la Réforme, Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, 1951, p. 200, 211
1
« Que chacun mette au service des autres le don qu’il a reçu de la grâce »
Mais quels sont les dons que Dieu donne pour que son Eglise vive et se développe ?
Tout d’abord constatons que chacun a reçu un don qu’il doit faire fructifier.
Pour Calvin, tous les dons sont importants. Mais ils sont de différentes natures. Essayons de les
répertorier.
Il y a d’abord le don du ministère. Pour lui, qu’il y ait des pasteurs et des diacres, des anciens et des
docteurs dans l’Eglise est un don de Dieu. Un don qu’il faut demander à Dieu quand il en manque. Et il
faut prier pour que Dieu verse abondamment son Saint Esprit sur les pasteurs en exercice de son Eglise.
Voici ce qu’il écrit à leur sujet :
« Personne ne sera capable d’exercer ce ministère si excellent, si le Christ ne l’a formé et façonné. C’est
donc un don de Christ, que nous ayons des ministres de l’Evangile ; c’est aussi un don de lui, qu’ils
soient doués des grâces nécessaires. Bref, c’est un don de lui qu’ils exécutent fidèlement la charge qui
leur est confiée. »2
Si c’est un don du Christ, que nous ayons des ministres, prions avec ardeur pour que le Christ en donne à
son Eglise, et prions avec persévérance et amour pour les ministres qui sont en charge, afin qu’ils vivent
leur ministère avec joie et enthousiasme.
Mais ce n’est pas seulement le ministère qui est un don du Christ, chacun a reçu un don pour garder
l’unité de l’Eglise.
Le don du ministère et les autres dons doivent être en harmonie et en communion les uns avec les autres.
Il ne faut pas les opposer, ni les confondre. Ces dons viennent du même Esprit qui est à l’origine des deux
aspects institutionnel et charismatique de l’Eglise.
« Que chacun mette au service des autres le don qu’il a reçu de la grâce »
Pour Calvin, c’est une volonté de Dieu bien précise qu’il y ait des charismes divers. Le chrétien ne doit
pas désirer avoir tous les dons.
On ne peut se suffire à soi-même car on n’a pas tous les dons. Si les autres ont reçu des dons, on a donc
besoin d’eux. On doit avoir l’humilité d’accepter d’être aidé par les dons des autres :
« Dieu n’a pas mis tous les dons en un seul homme, mais plutôt que chacun en a reçu une certaine
mesure, afin que les uns aient besoin des autres, et qu’en mettant en commun ce qui est donné à chacun à
part, ils s’entraident les uns les autres ».3
Chaque don a donc sa fonction particulière dans la communauté. Il y a des dons extraordinaires accordés
dans des situations extraordinaires, il y a aussi le don de la sagesse, des miracles, de guérison, de parler en
langues, etc…. De plus les dons (qu’ils soient « naturels » ou « spirituels » que l’on a reçus doivent être
consacrés au bien commun de l’Eglise.
Tu possèdes un diplôme ? N’as-tu jamais pensé à consacrer quelques heures de la semaine à
l’enseignement pour celui qui en a besoin ou pour celui qui n’a pas les moyens d’étudier ?
2
Commentaire de l’Epître aux Ephésiens 4,11ss. Commentaires sur le Nouveau Testament, Tome 6, Labor et
Fides, 1965, p. 193
3
Ibid, p. 189
2
Toi qui as un cœur particulièrement généreux, n’as-tu jamais pensé à utiliser toutes tes forces pour aider
des gens pauvres ou vivant en marge de la société ? Tu as le don particulier de réconforter les personnes ?
Ou bien, tu es capable de tenir une maison en ordre, de faire la cuisine, de confectionner avec peu de
moyens des vêtements utiles ou de faire des travaux manuels ? Regarde autour de toi et vois qui peut
avoir besoin de tes services.
Que deviendrait l’Eglise si tous les chrétiens, quel que soit leur âge, mettaient leurs dons à la disposition
des autres et si les plus forts aidaient les plus faibles :
« Il faut que toutes les grâces soient communiquées entre les membres du corps du Christ. Donc, plus
chacun est confirmé en Christ, plus il est tenu de supporter les faibles ». 4
La grande contribution de Calvin est de rappeler à l’Eglise sa vocation d’être une communion, où nous
devenons capables d’être attentifs à nos frères et sœurs dans la foi pour savoir partager joies et
souffrances, pour deviner leurs désirs et répondre à leurs besoins, pour leur offrir une amitié vraie et
profonde.
Que l’Esprit saint nous donne de voir surtout ce qu’il y a de positif dans l’autre, pour l’accueillir et le
valoriser comme un don de Dieu. Qu’il nous aide à donner une place à nos frère, en “portant les fardeaux
les uns des autres” et en repoussant les tentations égoïstes qui continuellement nous tendent des pièges”.
« Que chacun mette au service des autres le don qu’il a reçu de la grâce »
Tous les charismes doivent circuler dans l’Eglise. Mais le plus grand charisme, c’est la charité. C’est elle
qui bâtit l’Eglise, où l’Esprit saint habite. L’amour conduit au pardon : les chrétiens, dit Calvin, doivent
« s’entr’aimer », pour se pardonner, au lieu de « s’entremordre ».5
Comment puis-je savoir quel est mon don ? Je vais te donner maintenant une réponse simple et pratique.
Si tu ne sais pas encore quel est ton don, alors mets-toi à donner aux autres, et peu à peu Dieu te montrera
quel don il t’a donné. C’est pourquoi l’apôtre Pierre dit juste avant notre texte : « Avant tout, ayez les uns
pour les autres un amour fervent ».
Donne et tu comprendras quel est le don que Dieu t’a donné. Donne ce que tu as reçu, comme le faisaient
les apôtres (Act. 3). Si tu commences à donner, tu vivras peut-être des surprises, comme cette amie dont
je vais, pour conclure, raconter l’histoire :
Elle avait quitté sa famille depuis peu, pour suivre Dieu dans une communauté fraternelle. Quand elle
était encore à la maison, une des choses qui lui plaisaient par-dessus tout était de se présenter à la
porte de la communauté avec des fleurs, en économisant parfois sur son argent de poche. Maintenant
qu’elle était dans cette communauté, cela ne se produisait plus.
Mais des fleurs ont commencé à arriver à la communauté... quotidiennement. Et un jour, il y en avait
tellement, qu’il n’y a avait plus de vases où les mettre. Elle a alors dit à Jésus : « Merci ! Tu es
vraiment galant, mais maintenant, les fleurs, ça suffit. Nous n'avons plus assez de vases. » On sonne à
la porte. Un monsieur apportait en cadeau pour la communauté... un beau vase pour y mettre des
fleurs
Martin Hoegger, Paroisse de la Vallée de Joux, 17 mai 09
4
Commentaire de l’Epître aux Romains 15,1. Commentaires de J. Calvin sur le NT, Tome IV. Kerygma, Aix-en-Provence,
1978, p. 331 (1539)
5
Commentaire de la 1ère Epître de Pierre 4,8 Commentaires de J. Calvin sur le NT, Tome VIII,2. Kerygma, Aix-en-Provence,
1992, p. 149 (1551)
3
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