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SAISON 2017-18
Calderón ǁ Clément Poirée
M. Maeterlinck ǁ Géraldine Martineau
Ahmed Madani
F. Richter ǁ Jean-Claude Fall
Corneille ǁ Julia Vidit
N. Huston ǁ Laurent Hatat
B.-M. Koltès ǁ Philippe Baronnet
Nathalie Bécue ǁ Félix Prader
François de Brauer
M. Boulgakov ǁ Igor Mendjisky
Camille Bernon ǁ Simon Bourgade
LA VIE EST UN SONGE
de Calderón ǁ mise en scène Clément Poirée
Sigismond, prince héritier de Pologne,
vit au secret dans une tour depuis que le
roi Basile a lu dans les astres que son fils
le destituerait et livrerait le
royaume à la violence. Au
terme de son règne, Basile
est devant une alternative :
remettre la couronne à Astolphe et Etoile, ses neveu
et nièce, ou donner une
chance à son fils en le soumettant à une épreuve : on
administre un narcotique au prisonnier,
et le voilà transporté dans le palais royal
où on le traite en prince. Sigismond se
comporte en véritable brute. A nouveau
endormi, et renvoyé au cachot, on le persuade alors qu’il a vécu en songe. Mais
une révolte éclate et le peuple, libérant
Sigismond, le proclame son souverain.
Maintenant chef de guerre, se laissera-t-il aller à sa fureur vengeresse ? De
grands changements toutefois se sont
produits en lui. Héritier légitime, victorieux
sur lui-même, Sigismond rétablit l’ordre,
pardonne à son père, et
fait par la sagesse de ses
décisions l’admiration de
tous. Mais c’est l’amour,
sous les traits de Rosaura,
sa jumelle en infortune –
abandonnée par son père
Clothalde puis abusée par
Astolphe – qui aura été le
grand agent de sa métamorphose. « Quel
est ce confus labyrinthe dont la raison
ne peut trouver le fil ? » : comme dans un
conte, c’est par les plus invraisemblables
péripéties et dans le feu des passions que
la vérité vient au jour. Lucidité et pondération, justice et honneur, amour et liberté
en sont les maîtres mots : Sigismond ou
le Destin de l’homme.
« J’ai survécu à mes désirs
J’ai cessé d’aimer tous mes rêves.»
ǁ Pouchkine
Production
Théâtre de
la Tempête
15 septembre > 22 octobre 2017
avec John Arnold, Louise Coldefy, Pierre Duprat, Laurent Menoret, Morgane Nairaud, Makita Samba… (distribution en cours)
ǁ equipe scénographie Erwan Creff, lumières Kévin Briard, costumes Hanna Sjödin, musiques et son Stéphanie Gibert, maquillages et coiffures Pauline Bry, collaboration artistique Margaux Eskenazi, régie générale Farid Laroussi… ǁ production Théâtre
de la Tempête subventionné par le ministère de la Culture ; en coproduction avec Hypermobile et la Scène conventionnée Théâtre
et Théâtre Musical Figeac/Saint-Céré - Festival de Figeac ; avec la participation artistique du Jeune Théâtre National ; avec le
soutien de la scène Watteau - Nogent-sur-Marne et des Trois Pierrots - Saint-Cloud.
La Vie est un songe
clément poirée
ǁ Directeur du Théâtre de la Tempête
à la Cartoucherie depuis 2017.
ǁ A mis en scène : Kroum, l’Ectoplasme de H. Levin * (2004) ; Meurtre
de H. Levin* (2005) ; Dans la jungle
des villes de B. Brecht * (2009) ; Beaucoup de bruit pour rien de W. Shakespeare * (création 2011, puis festival
international Globe to Globe à Londres
en 2012 et tournée en 2013) ; Moscou,
la rouge de C. Thibaut (festival de
Grignan – 2011) ; Homme pour homme
de B. Brecht * (création à l’Espace des
Arts en 2013) ; La Nuit des Rois de
W. Shakespeare * (création au Théâtre
des Quartiers d’Ivry en 2014, tournées
en 2015-16, 2016-17 et 2017-18) ;
Vie et mort de H de H. Levin *…
ǁ En tant que collaborateur artistique de Philippe Adrien, au sein de la
compagnie ARRT et de la compagnie
du Troisième Œil, il a participé depuis
2000 aux créations de : Le Roi Lear *, Le
Malade imaginaire *, L’Ivrogne dans la
brousse *, Yvonne Princesse de Bourgogne *, Le Procès *, La Mouette *,
Don Quichotte *, Ivanov *, Œdipe *,
Le Projet Conrad *, Le Dindon *, Les
Chaises *, Bug ! *, Exposition d’une
femme *, Partage de midi *, Protée *,
L’École des femmes *, La Grande
Nouvelle *, Le Bizarre Incident du chien
pendant la nuit *…(* spectacles
présentés au Théâtre de la Tempête).
ǁ En tant que pédagogue, il a assisté
Philippe Adrien au Conservatoire national (CNSAD) en 2000-2001 et dirige
depuis 2015 des stages de formation
pour artistes professionnels.
La Vie est un songe est un conte métaphysique. Trois journées,
trois métamorphoses de l’esprit qui conduisent de la soumission
à la révolte ; du triomphe des pulsions au renoncement à la jouissance. Trois journées pour découvrir une éthique de responsabilité,
pour que l’enfant sacrifié devienne un enfant sacrifiant à la civilisation ses propres désirs et ainsi rétablisse le lien de filiation rompu
par un père défaillant.
La Vie est un songe est une fable politique. Ce qui est perçu
comme vrai : « cet enfant sera un sauvageon », est vrai dans ses
conséquences. A vouloir se prémunir de la violence du monde on
crée l’enfermement et la suspicion. Un enfant qui cristallise craintes
et reproches en conçoit un tel ressentiment qu’il développe les comportements auxquels, d’une certaine manière, on l’a condamné.
Traité comme un animal il devient un animal.
La Vie est un songe retrace une grande aventure psychique. Sigismond – tout comme Calderón lui-même qui dans un élan de colère a, dit-on, tué un homme – est submergé par la rage, par ses désirs, par ses pulsions. Il vit dans la soumission à l’instinct, jusqu’au
meurtre, frôlant le viol et le parricide. Calderón entoure Sigismond
de personnages menés par leur aveuglement : Rosaura aveuglée
par l’honneur, Basile par la connaissance, Clothalde par la loyauté,
Astolphe par la gloire… Autant de maladies de l’âme. Lui aura les
yeux dessillés par le doute.
La Vie est un songe est un poème
vertigineux par son ambition de traiter
du monde, de la filiation, des pulsions,
des impératifs moraux, de nos défaillances et de nos triomphes sur nousmêmes. Ce qui fascine ici, c’est de découvrir une pièce entièrement écrite de
manière subjective, impressionniste ;
on perçoit le monde par les yeux effarés
de Sigismond et de Rosaura.
C’est une pièce monstre en cela
qu’elle échappe en grande partie
aux règles de l’écriture dramatique. Comment trouver sa vérité
concrète ? Notre réponse ne passera certainement pas par une
tentative de réorganisation rationnelle. Nous nous risquerons à l’immersion dans ce monde de visions. J’aimerais conduire les spectateurs à l’intérieur de ces impressions, dans une théâtralité comme
en apesanteur, faite d’apparitions, de variations des focales, de
métamorphoses, d’élans lyriques démesurés, de bruit et de fureur.
ǁ Clément Poirée
LA MORT DE TINTAGILES
de Maurice Maeterlinck ǁ mise en scène Géraldine Martineau
C’est un univers de conte, avec île, tour et
château, sur lequel plane la figure du Destin : la vieille méchante reine a fait revenir
son neveu Tintagiles que
ses sœurs, Ygraine et Bellongère, accueillent avec
joie. Mais tous partagent le
pressentiment qu’une menace pèse sur la vie de Tintagiles et que l’amour est
la seule force qu’on peut
opposer à la fatalité : « Mets tes petits bras
là, tout autour de mon cou ; on ne pourra
peut-être pas les dénouer. » Vient la nuit où
Tintagiles est emmené… Ygraine le suit,
mais ils sont désormais séparés l’un de
l’autre par une porte infranchissable.
« Le silence est l’élément dans
lequel se forment les grandes
choses, pour qu’enfin elles
puissent émerger, parfaites et majestueuses, à la lumière de la vie qu’elles
vont dominer. La parole est trop souvent,
non l’art de cacher la pensée, mais l’art
Suggérer l’indicible, éveiller le mystère,
cristalliser le temps, donner du volume au
silence, telle est l’ambition de ce théâtre
poétique, à fleur d’âme,
qui ouvre un champ de
perception bouleversant,
à la fois infime et infini. En
se détournant du tragique
des grandes aventures et
des passions, comme des
aspects triviaux du théâtre
naturaliste contemporain, Maeterlinck
dans ses « petits drames » « entr’ouvre la
scène intérieure, en chuchote les échos »,
et décèle sous l’insignifiance apparente
de la vie ordinaire les puissances inquiétantes de la destinée.
d’étouffer et de suspendre celle-ci, en
sorte qu’il n’en reste plus à cacher. Dès
que nous avons vraiment quelque chose
à nous dire, nous sommes obligés de
nous taire; et si, dans ces moments, nous
résistons aux ordres invisibles et pressants du silence, nous faisons une perte
éternelle que les plus grands trésors de la
sagesse humaine ne pourront réparer, car
nous avons perdu l’occasion d’écouter
une autre âme et de donner un instant
d’existence à la nôtre.»
ǁ Maeterlinck, Le Trésor des humbles
21 septembre > 22 octobre 2017
avec Sylvain Dieuaide, Ophélia Kolb, Agathe L’Huillier, Evelyne Istria, et les voix de Anne Benoit, Christiane Cohendy, Claude
Degliame ǁ équipe scénographie Salma Bordes, lumières Laurence Magnée, composition musicale Simon Dalmais, collaboration
artistique Emma Santini ǁ production Atypiques Utopies ; en coproduction avec le Théâtre Montansier ; avec la participation du
Jeune Théâtre National.
La Mort de Tintagiles
Géraldine martineau
ǁ Formation : Classe Libre du Cours
Florent, puis Conservatoire National
d’Art Dramatique.
ǁ A joué notamment avec J.-M. Ribes
Musée Haut Musée Bas ; J. Liermier
Penthésilée de Kleist ; J. M. Rabeux
Opérette de Gombrowicz et La Nuit des
rois de Shakespeare ; Y. Beaunesne
Le Canard sauvage d’Ibsen ; P. Bureau
Roberto Zucco *, Sirènes et Dormir cent ans ; G. Watkins Je ne me
souviens plus très bien ; V. Bellegarde
Terre océane de Danis et Isabelle et La
Bête de Solotareff ; V. Dréville La Troade
de Garnier ; S. Hillel Sunderland de
Koch ; T. Rossigneux Corps étrangers *
de S. Marchais ; S.Bester et I. Antoine
La Tragédie du Belge et On a dit on fait
un spectacle ; C.Schaub Le Poisson
belge de L. Confino, rôle pour lequel
elle obtient le Molière de la révélation
féminine en 2016 (*spectacles présentés au Théâtre de la Tempête).
ǁ Crée en 2010 la compagnie Atypiques Utopies et monte Mademoiselle
Julie de Strindberg.
ǁ Auteur de Jackie M.
ǁ Cinéma avec J.-J. Chervier La Fonte
des neiges ; J. Huth Hell Phone ;
P. Mazingarbe Blanche, Les Poissons
préfèrent l’eau du bain et Le Roi des
Belges ; R. Rosenberg Aglaé pour
lequel elle obtient un prix d’interprétation aux festivals de ClermontFerrand et Angers ; M. Placido Le
Guetteur ; B. Rolland Léa ; V. Lemercier
Le Bol de Marie-Francine ; C. Régin Le
Gardien du temple ; H. Charuel Bloody
Milk et M. Lavoine Lulu.
Maeterlinck place la mort au centre de son œuvre, telle qu’elle
est, violente, soudaine et inéluctable, annoncée dés la première
réplique : «Ta première nuit sera mauvaise, Tintagiles ». Maeterlinck
dépeint un amour fraternel plein de lumière, un lien qui semble indestructible, un amour d’une puissance si grande qu’il sera leur
arme, leur espoir : « La mort est une force extérieure qui empêche
tout mouvement qui s’oppose à elle et l’amour est une force intérieure qui incite à agir contre la mort. » Cette dernière veillée est
pleine de douceur, de tendresse, de bienveillance, de musique, de
grâce, de partage et d’empathie. Le texte, d’une grande puissance
poétique, porte les mouvements de l’âme, les forces invisibles,
leur relation à l’inconnu. Cette densité donne à la pièce, pourtant
très courte, mystère et puissance. Cette bienveillance, lumineuse
et délicate pour repousser la mort, c’est ce qui me touche le plus
profondément dans cette pièce. La Mort de Tintagiles est un conte
initiatique et métaphysique. J’aimerais proposer aux spectateurs
une expérience sensorielle et émotionnelle qui leur permettra, peutêtre, d’en sortir eux aussi légèrement transformés.
ǁ Géraldine Martineau
F(L)AMMES
texte et mise en scène Ahmed Madani (Actes Sud-Papiers)
Deuxième volet d’une trilogie intitulée
« Face à leur destin », F(l)ammes, réalisé
avec des jeunes femmes issues des
quartiers populaires, fait
suite à Illumination(s) qui en
constituait le versant masculin.
Ahmed Madani souhaite ainsi
faire découvrir de l’intérieur
la réalité de ces jeunes
Français vivant dans une
zone urbaine sensible. Pour
dresser un état des lieux, il
n’est pas de meilleurs experts
que les jeunes eux-mêmes. Aucune
étude sociologique ou démographique
ne rendra compte des espoirs et des
peines, des questions et des rêves qui
animent ces jeunes gens. Aucun espace
n’est aussi propice à leur partage que
la scène, à la fois lieu de rencontre de
l’autre au sein de l’assemblée, mais
aussi d’apprivoisement, de dévoilement
de soi. La puissance du théâtre se révèle
dans ces moments où nous pouvons
voir le monde avec les yeux d’un autre,
et ainsi changer de regard. La question
des femmes semble avoir été longtemps
un point aveugle de l’histoire
de l’immigration. La réalité
de la jeune génération est
plus complexe, plus riche et
plus folle ou créative qu’on
ne veut bien nous le dire. Et
c’est le désir de raconter, de
jouer, de danser et de chanter
qui, en chaque interprète, va
le mieux révéler sa sensibilité
et refléter ses identités multiples et
mouvantes. Monologues et séquences
chorales, scènes de comédie ou récit
poétique - écrits et agencés par Ahmed
Madani – font de cette création partagée
un vibrant témoignage : le récit que
portent les jeunes filles à la fois les inclut
et les dépasse ; le plus singulier fait signe
vers le collectif, et chacune se découvre
« différente de sa différence », avec feu,
avec flammes.
16 novembre > 17 décembre 2017
avec Anissa Aou, Ludivine Bah, Chirine Boussaha, Laurène Dulymbois, Dana Fiaque, Yasmina Ghemzi, Maurine Ilahiri, Anissa
Kaki, Haby N’Diaye, Inès Zahoré ǁ équipe collaboration à la mise en scène Karima El Kharraze, regard extérieur Mohamed El
Khatib, vidéo Nicolas Clauss, lumière et régie générale Damien Klein, création sonore Christophe Séchet, chorégraphie Salia
Sanou, costumes Pascale Barré et Ahmed Madani, coaching vocal Dominique Magloire et Roland Chammougom ǁ production
Madani Compagnie ; en coproduction avec Le Théâtre de la Poudrerie à Sevran, Le Grand T théâtre de Loire-Atlantique, L’Atelier
à spectacle - scène conventionnée de l’Agglo du Pays de Dreux, La CCAS, Fontenay en Scènes à Fontenay sous Bois, l’ECAM
au Kremlin-Bicêtre ; avec le soutien de La Maison des métallos, Le Collectif 12 à Mantes-la-Jolie, La MPAA à Paris, La Ferme
de Bel Ébat à Guyancourt, La Maison des Arts et de la Culture de Créteil, le Commissariat Général à l’Egalité des Territoires, le
Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, le Conseil départemental du Val-de-Marne dans le cadre de l’aide à la création, et
ARCADI Île-de-France ; en partenariat avec La Terrasse. Madani Compagnie est conventionnée par le Ministère de la Culture et
de la Communication – DRAC Ile-de-France et par la Région Ile-de-France.
F(l)ammes
Libération - Une énergie solaire se dégage de F(l)ammes, de ces
femmes dans la fleur de l’âge, rageuses, exaltées ou douces. À en
rire parfois, en pleurer d’émotion aussi, devant cette danse de la vie
et du doute. Frédérique Roussel
ahmed madani
ǁ Auteur, metteur en scène : Désireux
d’adopter une démarche « d’auteur en
scène » – écriture dramatique et écriture scénique – il réunit en 1985, au
sein de Madani Compagnie, un collectif
d’artistes et développe un théâtre fondé
sur le rapport au sociétal. De 1987 à
2002, il présente notamment : Rixe
et les Rouquins de J.-C. Grumberg,
Les Français parlent aux Français,
Nous crèverons l’horizon, J’accuse de
Zola, La Tour (adapté pour la télévision par Dominique Cabréra sous le
titre Un balcon au Val Fourré), L’Os,
C’était une guerre, Rapt *, Familles, je
vous hais… me. (Diffusion canal+),
Méfiez-vous de la pierre à barbe *, Il
faut tuer Sammy…. De 2003 à 2007, il
dirige le Centre dramatique de l’Océan
Indien à Saint-Denis-la -Réunion.
Depuis 2011, il a engagé un projet
qui interroge l’histoire des cinquante
dernières années et se décline en
plusieurs créations : Je marche dans la
nuit…* ; Illumination(s) d’A. Madani –
premier volet du triptyque Face à leur
destin – a réuni, en 2012, une dizaine
de jeunes du Val Fourré (*spectacles
présentés au Théâtre de la Tempête).
ǁ Publications chez Actes Sud : Petit
garçon rouge, Voyage à la mer, Méfiezvous de la pierre à barbe ; L’Ecole des
Loisirs : Ernest ou comment l’oublier,
Il faut tuer Sammy, traduction de Sa
majesté des Mouches de N. Williams
d’après W. Golding ; Médianes : Rapt.
France Inter - F(l)ammes est un spectacle d’utilité publique que
tous les directeurs de théâtre devraient programmer. Stéphane Capron
L’Humanité - Dans F(l)ammes, chacune dit, chante, danse ses colères et ses envies, dénonce les injustices de tous les jours, les petites brimades et les claques brûlantes, réclame la tolérance. Gérald
Rossi
Télérama - Un spectacle fort en gueule et riche en émotions, qui
culbute les identités. On pleure parfois, on rit beaucoup. Pierre Pinelli
Charlie Hebdo - Une démarche poétique pour entendre une expression féminine trop souvent spoliée, d’une génération en quête
de liberté… et de reconnaissance. Gil Chauveau
La Terrasse - F(l)ammes contribue avec élégance à l’émergence récente d’une parole afropéenne féminine sur les scènes françaises.
Très performatifs, entrecoupés de quelques moments de danse
collective, les monologues qui se succèdent ont beau avoir chacun
leur singularité, ils sont traversés par une même urgence à sortir
de l’ombre. Par une énergie et un humour d’autant plus touchants
qu’ils ne visent jamais à la séduction mais à la recherche d’une
place au sein de la société française (…) l’ensemble est d’une belle
finesse. Militante, mais avant tout humaine. Anaïs Héluin
ivresse(S)
de Falk Richter (L’Arche éditeur) ǁ mise en scène Jean-Claude Fall
Auteur et metteur en scène allemand né
en 1969, Falk Richter interroge, d’œuvre
en œuvre, la façon dont nous faisons
face aux pressions économiques qui influencent aussi
bien notre manière de penser et de ressentir que notre
relation à l’autre. Sommesnous voués à la seule ivresse
de la consommation, du travail, de la Bourse ? Rausch
(Ivresse) dit l’urgence et nous
plonge – par l’enchevêtrement
de ses intrigues et l’entrelacement de
ses discours – dans le désarroi du sujet
contemporain, étourdi d’images et d’informations, dicté jusqu’au plus intime par
des mots d’ordre implicites, homme fragmenté dans un monde disloqué, régi par
des puissances incontrôlables. C’est en
jouant d’une « politique de la perception »,
que Richter en appelle à un ressaisissement, à une autre ivresse, soit
à la réinvention, hors modèle,
des liens collectifs, des relations privées et d’un rapport
apaisé à soi-même. Drôle,
caustique, cruel, rempli de
colère et de rage, Ivresse(s)
laisse entrevoir que dans la fugacité et la fragilité se dessine
une nouvelle dynamique, une
opposition non pas frontale mais interstitielle. « Nous vivons des temps de friction ; les gens et les esprits se remettent
en mouvement… dans un esprit de résistance : c’est ça, le sujet d’Ivresse. »
17 novembre > 17 décembre 2017
avec Roxane Borgna, Jean-Marie Deboffe, Jean-Claude Fall, Isabelle Fürst, Paul-Frédéric Manolis, Nolwenn Peterschmitt, Laurent
Rojol, Alex Selmane ǁ équipe traduction Anne Monfort, création vidéo Laurent Rojol, direction technique Jean-Marie Deboffe ǁ
production La Manufacture - Cie Jean-Claude Fall, compagnie conventionnée par la Drac Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées ;
en coproduction avec le Domaine d’O, domaine départemental d’art et de culture, Département de l’Hérault ; avec l’aide de
l’Académie ESPTL (École Supérieure Professionnelle de Théâtre du Limousin) ; avec l’aide à la création de la Région Occitanie
Pyrénées Méditerranée.
Ivresse(s)
jean-claude fall
ǁ Directeur de compagnie, il crée en
1982 le Théâtre de la Bastille qu’il dirigera jusqu’en 1988. De 1989 à1997,
il dirige le Théâtre Gérard-Philipe de
Saint-Denis, puis de 1998 à 2009, le
Théâtre des Treize Vents à Montpellier.
En 2010 il crée sa compagnie « La
Manufacture – Compagnie Jean-Claude
Fall ».
ǁ A mis en scène près de 70
spectacles pour le théâtre et l’opéra, et
présenté au Théâtre de la Tempête : État
de siège de P. Handke ; L’Exception et la
Règle de B. Brecht ; Alarmes 2, Textes
pour rien de S. Beckett et G. Perec ;
Histoires de famille de B. Srbljanovi ;
Blancs d’après N. Renaude, E. Darley
et J. Fosse ; Belle du Seigneur
d’A. Cohen, 2014 ; Tête d’or de
Claudel, 2015 ; Une Vie bouleversée
d’E. Hillesum, 2016.
Ivresse(s) est un montage réalisé à partir de trois textes de Falk
Richter. Ecrit en 2012, Ivresse est la colonne vertébrale de ce travail.
Nous y avons intégré quelques extraits de Protect me et Play loud.
Ces textes déclinent à l’infini un des thèmes les plus récurrents de
l’œuvre de Falk Richter :
Comment ce système en crise, ce système de la crise, ce système
qui jouit de la crise vit en chacun de nous dans tous les instants
de nos existences, un peu comme un alien que nous porterions en
nous et qui nous dévorerait de l’intérieur.
Comment ce système en crise produit la crise dont il tire profit.
Comment il produit l’écriture de l’auteur de théâtre.
Comment il produit nos relations amoureuses.
Nos relations sociales. Amicales. Professionnelles. Sexuelles.
Nos relations au public. Nos relations à la production même.
Comment il les guide, les induit, les empêche, les détruit, les démolit, les pourrit de l’intérieur.
Comment il bouffe notre spiritualité, nos corps, nos désirs mêmes.
Comment il récupère instantanément toutes nos tentatives de nous
rebeller, comment nos tentatives de rébellion sont inscrites dans le
programme de crise.
Comment chacune de nos révoltes est toujours et déjà digérée et
utilisée contre nous par ce système totalitaire.
Désespérant ? Non pas. Richter lance un message « positif » : dans
les moments dangereux de détresse intime, dans les moments
d’errance ou d’effroi, se trouvent peut-être
les vrais moyens de résistance, d’ébranlement du système.
Changer le monde (qui en a bien besoin comme dit Brecht) se fera
peut-être sans plan précis. Cela se fera peut-être parce que nous
ne pourrons pas faire autrement sous peine de mort. Parce que
nous n’en pourrons tout simplement plus.
Une sorte d’épuisement salvateur, de « ne pas faire » entêté et muet,
de transfiguration silencieuse et paisible.
ǁ Jean-Claude Fall
LE MENTEUR
de Corneille ǁ mise en scène Julia Vidit
Licencié ès lois, le jeune Dorante « a
quitté la robe pour l’épée » et, de retour
de province avec son valet Cliton, débarque à Paris où il craint
de « sentir l’écolier » et de ne
pas rapporter « un visage à
la mode ». Épris d’aventures
amoureuses, il est en vérité
à la recherche de sa propre
image. Alors, dans ce « pays
de romans » qu’est devenu
Paris, Dorante, « vaillant par
nature et menteur par coutume », imagine, « rêve en parlant » et
s’invente des exploits guerriers en Allemagne, raconte une fête nautique qu’il
aurait organisée, un mariage clandestin… Dorante a du talent, Dorante est un
artiste, un joueur. À sa façon il se veut un
héros, et ses exploits sont la contrepartie imaginaire des actes des hauts personnages cornéliens. Si le mensonge fait
partie d’une stratégie savante, il semble
aussi imposé par la loi de prestige qui
règne sur la ville où le crédit repose sur la
réputation plus que sur la vertu, comme
il permet d’échapper au mariage arrangé
par un père. Mais le menteur s’expose au
leurre et il est loin d’imaginer
que la belle Clarice qu’il veut
subjuguer – et qu’il croit s’appeler Lucrèce – lui tend un
piège en faisant passer son
amie pour elle-même ! Les
intrigues de l’une, le silence
de l’autre ne font pas de ces
femmes des êtres plus véridiques. L’euphorie du mensonge tourne au vertige : qui aime qui ?
Démasqué, le menteur s’en tirera par une
ultime pirouette : « Vous pensiez me jouer,
et moi je vous jouais ». L’important est
de ne pas perdre la face. L’aventure finit bien, Dorante épousera Lucrèce, mais
La Suite du Menteur nous apprendra qu’il
s’est esquivé la veille de ses noces ! Métamorphose de la ville, identités en fuite,
versatilité des sentiments : dans la comédie baroque le monde n’est qu’un jeu, ou
plutôt un théâtre.
18 janvier > 18 février 2018
avec Joris Avodo, Aurore Déon, Nathalie Kousnetzoff, Adil Laboudi, Barthélémy Meridjen, Lisa Pajon, Karine Pédurant, Jacques
Pieiller ǁ équipe dramaturgie, adaptation et écriture Guillaume Cayet, scénographe Thibaut Fack, lumières Nathalie Perrier, son
Bernard Valléry, costumes Valérie Ranchoux, maquillage et perruques Catherine Saint-Sever ǁ production Java Vérité, compagnie conventionnée par la DRAC Grand Est et soutenue au titre de la structuration par la Région Grand Est ; en coproduction avec
La Manufacture - CDN de Nancy-Lorraine, ACB - scène nationale de Bar-le-Duc, Théâtre Firmin Gémier / La Piscine - Pôle National
du Cirque d’Antony, Le Carreau - scène nationale de Forbach, Les Théâtres - Aix-en-Provence, MC2 Grenoble, Théâtre Jacques
Prévert - Aulnay-sous-Bois, Le Théâtre de Rungis ; avec le soutien de la DRAC Grand Est, de la Région Grand Est, de la Ville de
Nancy. Avec la participation artistique de l’Ensatt et de l’Esad.
Le Menteur
julia vidit
ǁ Formation à l’École - Théâtre du
Passage, avec A. Del Perugia, F. Clavier, N. Arestrup et J. Klesyk, puis au
Conservatoire national supérieur d’Art
dramatique.
ǁ A joué au théâtre avec L. Lagarde
Oui, dit le très jeune homme de
G. Stein ; V. Gaultier-Martin La Vie de
Timon ; J.- B. Sastre Les Paravents et La
Surprise de l’amour ; avec J. Hankins et
E. Bond Numéro d’Équilibre ; A. Ollivier
Le Cid ; J. Vincey Madame de Sade…
ǁ Crée en 2006 la compagnie Java
Vérité et met en scène Mon cadavre
sera piégé de P. Desproges ; Fantasio de
Musset ; Bon gré Mal gré d’E. Bémer.
Collabore avec V. Goethals au théâtre
du Peuple pour la création de Caillasses de L. Gaudé puis de Small Talk
de C. Fréchette. En 2014, elle met en
scène Le Faiseur de théâtre de T. Bernhard ; en 2015 Illusions de Viripaev ; et
avec L. Guédon Prises d’auteurs ! La
compagnie Java Vérité est en résidence
à l’ACB Scène Nationale de Bar-leDuc. Dans le cadre de l’accompagnement auteur / compagnie elle collabore
avec l’auteur et dramaturge G. Cayet et
crée Nous serons à l’heure.
Ce projet s’inscrit dans le prolongement d’une recherche sur l’illusion théâtrale, menée au sein de la compagnie. De création en
création, notre désir est d’explorer le théâtre comme un exercice
de vérité à partager. Nous créons des formes variées à partir de
textes écrits par des auteurs qui œuvrent autour de cette problématique : le réel et son double. Le premier spectacle, Fantasio de
Musset, était une intrusion menée par le héros dans l’illusion d’une
cour d’opérette imaginaire. Le Faiseur de théâtre de Thomas Bernhard nous engageait
à créer une illusion
préexistante. Le rideau s’ouvrait sur
une auberge hyperréaliste. Le Faiseur
de théâtre déréalisait le décor et son
discours
l’emportait : nous plongions
au fil des actes le
spectateur dans une
abstraction
théâtrale. En 2015, avec
Illusions de Viripaev,
la scénographie est
un espace de projection, ce sont les
acteurs-narrateurs, qui par leur récit, engagent les spectateurs à
l’élaboration de ces illusions.
L’intrigue du Menteur n’est pas vraisemblable et chez Corneille,
comme le rappelle l’Abbé d’Aubignac, « c’est bien la conscience
de la tromperie qui en garantit l’efficacité ». Plus Dorante ment, plus
nous croyons à ses élucubrations. Et mensonge après mensonge,
c’est chaque fois la vérité que l’on pense voir advenir. Dans un dispositif joueur, c’est la partialité des êtres et des choses que nous
allons tenter de mettre en scène.
ǁ Julia Vidit
UNE ADORATION
de Nancy Huston ǁ mise en scène Laurent Hatat
A la mort de Cosmo, célèbre comédien-clown, s’ouvre une improbable audience où comparaissent
ceux qui, vivants ou disparus, ont eu part à son destin. Dans l’entrelacs de leurs
témoignages se dessine le
portrait d’un homme qui « de
mille fils de couleur tissait une
vaste tapisserie bariolée » et
qui, surtout, servait de réflecteur aux sourdes passions
d’un village sans âme et dont
émerge, lumineux, l’amour déraisonnable
d’Elke, son ‘adoration’. « Il était comme
un miroir dans un kaleïdoscope » ; et ce
sont, au long de treize journées, vingtcinq personnages qui donneront leur ver« Ce miracle qui fait le tissu
même de notre existence, au
point que nous ne le voyons
pas : des images qui étaient dans la tête
de Cosmo sont venues dans la mienne,
des fragments de sa vie sont devenus
fragments de la mienne ... et, désormais,
sion, à moins qu’il ne faille, pour élucider
les causes et les conditions de sa mort,
faire aussi parler les plantes
et les animaux, et le couteau
qui l’a transpercé. L’enquête
policière cède le pas à une
vertigineuse question sur
l’identité et le tissu social, ce
pêle-mêle des fantasmes.
Ne serions-nous qu’une figure, un rôle dans la pièce,
qu’à son insu, chacun écrit ?
Par son architecture même,
polyphonique, le roman de Nancy Huston
appelle la scène. Où est Cosmo ? Dans la
multiplicité des voix qui se rapportent à
lui. « Où est l’espèce humaine ? Dans les
fictions qui la constituent. »
de la vôtre. Les histoires, elles seules,
sont susceptibles de transformer en destinée le chaos de notre existence. Nous
sommes tous des romans ambulants,
foisonnant de personnages principaux et
secondaires, ponctués par des ellipses,
des moments de suspens et de drame,
de longues descriptions ennuyeuses,
des apogées et des dénouements. Tu me
racontes ton histoire et je te raconte la
mienne, ton histoire fait désormais partie
de la mienne… »
ǁ Nancy Huston, Une adoration
19 janvier > 18 février 2018
avec Océane Mozas, Mireille Herbstmeyer, Jeanne Lazar, Yann Lesvenan ǁ équipe collaboration dramaturgique Laurent Caillon,
assistanat à la mise en scène Clara Benoit Casanova, scénographie Laurent Hatat et Nicolas Tourte, images Nicolas Tourte,
lumières Anna Sauvage, espace sonore Antoine Reibre, costumes Martha Romero ǁ production anima motrix ; en coproduction
avec La Comédie de Béthune ; avec le soutien de la Région Hauts-de-France et de la Drac Hauts-de-France.
Une adoration
laurent hatat
ǁ Artiste associé successivement à
l’Hippodrome de Douai, au Nouveau
Théâtre de Besançon, au Théâtre de la
Commune à Aubervilliers et actuellement au Théâtre du Nord à Lille.
ǁ A joué au théâtre avec S. Maurice
La Foi, l’Amour, l’Espérance de Ö. von
Horváth ; J. Renault Louison de Musset ; J. Stickan Sur la grand’route de
Tchekhov ; A. Alexis La Forêt d’A. Ostrovski ; J.-L. Wolff Le Dialogue dans le
marécage de M. Yourcenar…
ǁ A mis en scène Retour à Reims
d’après D. Eribon ; Nanine de Voltaire
et HHhH d’après L. Binet ; Les Piliers
de la société de Ibsen ; La Précaution
inutile de Beaumarchais ; Les Oranges
d’A. Chouaki ; Nathan le sage de
G. Ephraïm Lessing ; Dissident, il va
sans dire de M. Vinaver ; Foley chevauchée irlandaise de M. West ; Dehors
devant la porte de W. Borchert et Papa
Alzheimer de L. Tartar ; Histoire d’amour
(derniers chapitres) de J.-L. Lagarce ;
Grand Cahier d’après A. Kristof.
Et vous ?
Cosmo, quand l’avez vous rencontré pour la première fois ? Cosmo, l’acteur le plus célèbre du pays ?! Quel est l’homme qui se
cache derrière ce nom ? Est-ce un être de chair ou un fantasme
bien commode pour combler vos désirs inavoués ? Bien sûr, Cosmo transforme votre vie, il ouvre la bouche et vous voilà héroïne,
héros de roman, vous voilà personnage de théâtre, vous voilà immortel ! Il vous aspire Cosmo, pour lui il n’y a aucune distance, aucune différence entre vie et œuvre.
Alors pourquoi l’a-t-on assassiné ? Qui l’a assassiné ?
Vous voulez le savoir ?
Vous voilà devant la scène du crime et le piège se referme sur les
personnages qui la hantent. Ils sont tous là, ceux de toute une vie :
l’amoureuse, l’amante, la mère, l’enfant, l’arbre, la biche et le couteau, comme dans une fable ancienne. Affolés dans la lumière, ils
se volent la parole pour donner leur vision du cœur ensanglanté de
Cosmo. Ils vous parlent, directement, droit dans les yeux, la chaire
palpite et les récits des événements s’entremêlent. Dans la lumière
violente, avec une beauté et une froideur plastique se révèle la plus
belle et la plus effrayante des histoires d’amours.
Vous voulez l’entendre ?
Faites attention ! Parler du destin de Cosmo, c’est parler de
soi, c’est s’exposer, c’est livrer
l’endroit le plus intime, le plus
humide de son être à la lumière
crue du jugement des autres.
Et il se pourrait bien que la machine se renverse et que la vraie
question se pose : quel est ce
besoin de fable qui nous hante,
qu’est-ce qui nous anime au plus
profond… l’amour, la peur ? Qui
sommes-nous ici, ensemble,
bientôt dans le noir ?
ǁ Laurent Hatat
QUAI OUEST
de Bernard-Marie Koltès ǁ mise en scène Philippe Baronnet
Homme d’affaires ruiné, Maurice Koch
se rend en Jaguar, avec sa secrétaire,
sur les quais d’une ville portuaire pour
se donner la mort… Mais
dans un hangar voisin, qu’il
lui faut traverser, vit une famille d’immigrés : père à demi
détruit par la guerre, mère
vampirique, venue d’un pays
lointain qu’elle évoque avec
nostalgie, et leurs enfants :
Charles, qui n’a qu’un rêve,
traverser le fleuve et trouver
un emploi, et puis Claire, la plus jeune,
que son frère n’hésite pas à marchander… Comme déposés là aussi, Fak, petit dragon de 22 ans qui saute de combine
en combine, et un homme sans paroles,
Abad, le Noir, immobile et inquiétant…
Heurt de deux mondes : « De l’autre côté
là-bas, c’est le haut, ici, c’est le bas, le
plus haut qu’on montera, de toute façon,
on ne sera jamais que le haut du bas. »
Et cet homme qui vient ici
mourir, suscitant haine et envie, et qui, comme chacun
d’eux, à sa façon, voudrait
être ailleurs ! Tous sont devant un mur d’obscurité, et la
présence de Koch relance la
dynamique des transactions :
droit de vivre, droit de mourir,
dans le hangar tout se monnaie : « Ce sont des scènes d’échange et
de trafic ; il n’y a pas de tendresse dans
le commerce. » Question de survie. Colonialisme, violence sociale, exclusion, immigration, arrogance de l’argent : Koltès
crée le choc révélateur du « ballottement
de l’homme par l’Histoire ».
15 mars > 15 avril 2018
avec Félix Kysyl, Marc Lamigeon, Julien Müller, Marie-Cécile Ouakil, Vincent Schmitt… ǁ équipe scénographie Estelle Gautier, lumières Lucas Delachaux, son Julien Lafosse ǁ production Les échappés vifs ; en coproduction avec les Producteurs associés de
Normandie : Comédie de Caen - CDN de Normandie, Centre dramatique national de Normandie - Rouen, Le Préau - Centre dramatique de Normandie - Vire, Scène nationale 61 Alençon - Flers - Mortagne-au-Perche, Dieppe Scène Nationale, Le Tangram - scène
nationale d’Evreux Louviers, Le Trident - scène nationale de Cherbourg-Octeville.
Quai ouest
philippe baronnet
ǁ Formation au cours Florent puis à
l’École nationale supérieure des arts
et techniques du théâtre – ENSATT de
2006 à 2009. Dans le cadre de l’ENSATT a joué notamment avec : B. Sobel
Cymbeline de Shakespeare ; C. Schiaretti Hippolyte/La Troade de R. Garnier ;
A. Françon Les Ennemis de M. Gorki ;
Ph. Delaigue Les Sincères de Marivaux,
Les Démons de L. Norén ; J. Fioramante
Andromaque de Racine ; C. Schiaretti
Tête d’or de Claudel, Le Cadavre encerclé de K. Yacine ; V. Garanger La Bête
dans la jungle de M. Duras ; G. Gotti
L’Hamblette de G. Testori.
ǁ Comédien permanent au Théâtre
de Sartrouville en 2009, participe,
jusqu’en 2012, aux créations de L. Fréchuret : Embrassons-nous, Folleville ! de
Labiche, La Pyramide de Copi (comédien et assistant), L’Opéra de quat’sous
de Brecht et Weill. Interprète De la
salive comme oxygène de P. Sales,
mise en scène K. Lardjam…
ǁ Fonde la compagnie Les Permanents, aujourd’hui Les Échappés vifs
– compagnie associée au Préau Centre
dramatique de Normandie – Vire.
ǁ A mis en scène en 2008 Bam ; en
2010 Phénomène #3 d’après les écrits
de D. Harms ; en 2012 Bobby Fischer vit
à Pasadena * de Lars Norén ; en 2014
Le Monstre du couloir de D. Greig ;
en 2015 Maladie de la jeunesse * de
F. Bruckner ; en 2016 - 2017 La Musica deuxième de M. Duras (*spectacles
présentés au Théâtre de la Tempête).
ǁ Cinéma avec L. Delplanque, Président.
ǁ Diplôme d’Etat d’enseignement
théâtral, 2010. Chargé d’enseignement
de théâtre à Sciences Po Paris, depuis
2012.
Echanger, manigancer, bluffer, faire chanter : le « deal », sujet majeur de Koltès, est pour moi une matière inépuisable pour mettre
en jeu les acteurs, incarner des situations ambiguës et raconter
la violence du monde. Au centre de toute relation humaine : le
commerce – ici, on vend sa sœur contre les clés d’une voiture…
Alors, avec l’épaisseur des personnages, le mystère du lieu et la
présence d’une arme, on croit plonger immédiatement dans un
drame. Et puis on réalise qu’on fait fausse route : pour moi la pièce
Quai ouest n’est ni complètement tragique, ni tout à fait sérieuse ;
elle témoigne d’un désespoir radical qui, pour l’auteur, n’est pas
incompatible avec une certaine forme d’humour ! Dans ce hangar
apparemment déserté et à l’écart du monde, Koltès confronte des
gens qui n’auraient jamais dû se rencontrer. Le choc est brutal
certes, la misère palpable, les personnages irréconciliables, mais
leurs échanges nocturnes sont aussi inquiétants qu’incongrus, parfois aussi drôles que tragiques. Jouant avec l’urgence et le détour,
l’étrange et le familier, le grotesque et le sublime, la pièce chemine
et trouve une force peu commune dans cette indétermination. Il en
va de même pour les personnages : cachant en permanence leurs
véritables motivations, ils n’ont jamais l’air de penser ce qu’ils disent
ni d’agir pour ce qu’ils désirent vraiment. Absolument inclassable,
construite sur une intrigue très sophistiquée, Quai ouest est selon
moi une pièce expérimentale, qui navigue librement d’un genre à
l’autre. Shakespeare, Conrad ou encore Jarmush : Koltès joue de
nombreuses références, souvent cinématographiques, mais toujours au service d’une langue singulière, éminemment théâtrale, qui
déploie une poésie et une rhétorique insensées et qui, trente ans
plus tard, résonne encore de manière inouïe.
ǁ Philippe Baronnet
BOURRASQUE
de Nathalie Bécue ǁ mise en scène Félix Prader
Lorsque Synge se rend en 1898 dans
les îles d’Aran, au large de l’Irlande, c’est
pour apprendre le gaélique et vivre avec
les paysans. Là, dans un
lieu sauvage et rocheux,
« entouré de gens simples
et passionnés comme son
cœur », il découvre le caractère primitif de leur vie
sociale, la ferveur véhémente qui les habite, leur
faculté poétique qui se déploie en chansons et légendes, leur familiarité avec le
surnaturel : la rudesse de la vie concrète
ouvre sans coupure sur le merveilleux et
le fantastique. Librement adapté de la
pièce L’Ombre de la vallée, Bourrasque
en reprend l’argument mais, redefinissant
le parcours des personnages, en modifie
les enjeux et la portée. Par un soir de violente tempête, dans une contrée reculée,
Nora Burke veille son mari défunt, l’âpre
et ombrageux fermier Dan Burke. Silence
dans la chaumière isolée quand à la porte
frappe un inconnu, éternel marcheur, nomade des collines, cueilleur d’histoires
qui soulève de sa parole la
beauté du monde et ravive
dans l’âme de Nora la soif
d’un ailleurs. Les intérêts
primant, cédera-t-elle aux
avances de Michaël Dara,
le marin devenu berger
qui vit à quelques lieues et
convoite à la fois les biens et la femme ?
Mais c’est méconnaître la malignité du
vieux Burke et oublier que nous sommes
là en pays de prodiges où l’au-delà se
rappelle aux vivants. Et si la mort n’était
qu’une ruse ? Si, soudain, s’éveillait le
défunt, chahutant les vivants, que ferait
Nora ? Nathalie Bécue, dans une langue
rocailleuse, fait d’une pièce féroce et
drôle une parabole sur le destin. Passé la
bourrasque, Nora va dérouler « ses rêves
sous ses pas ».
16 mars > 15 avril 2018
D’après les œuvres de J.M. Synge - variation sur « The shadow of the Glen »
avec Nathalie Bécue, Pierre-Alain Chapuis, Jean-Quentin Châtelain, Jocelyn Lagarrigue ǁ équipe collaboration à la mise en scène
Laura Thomassaint, scénographie et costumes Cécilia Galli ǁ production En Votre Compagnie ; en coproduction avec le Théâtre
Montansier - Versailles, ABC - scène nationale de Bar Le Duc, le Centre culturel Jacques Duhamel - Ville de Vitré.
félix prader
ǁ A assisté Peter
Stein, Klaus-Michael Grüber et
Robert Wilson à
la Schaubühne
de Berlin.
ǁ A mis en scène en France : Oncle
Vania de Tchekhov, Homme et galant
homme d’E. de Filippo, Le Mariage de
Gogol, La Lettre codée de J. Tomeo
et L’Apprentie Sage-Femme de
Ph. Crubézy ; et une quarantaine de
pièces en Allemagne, Autriche, Suisse,
Espagne et aux U.S.A.
ǁ A dispensé des stages à l’école du
TNS de Strasbourg, aux CDN de Reims
et d’Angers. Il a été professeur d’art
dramatique au Mozarteum, Salzbourg
(Conservatoire national).
nathalie
bécue
ǁ Formation au
Conservatoire
national d’Art
dramatique
(1978-1981).
ǁ Pensionnaire à la Comédie-Française (1982-1989). Prix du Syndicat
de la Critique en 1982 et 2000. Lauréate en 2012 de la fondation Charles
Oulmont pour L’Apprentie sage-femme.
ǁ A joué au théâtre notamment avec
W. Mouawad, P. Chéreau, C. Yersin,
S. Seide, L. Pasqual, E. Recoing,
F. Prader, J. Nichet, D. Guénoun,
C. Hiégel, J.-P. Vincent, J. Rosner,
J.-P. Lucet, J. Bouchot, Ph. Adrien,
C. Benedetti...
ǁ Cinéma avec M. Deville, A. Zulawsky,
C. Templeman, C. Corsini, Ph.
Leguay, D. Boccarossa, B. Tavernier,
R. Stephanik, Pitoeff, A. Santana,
Y. Angelo, F. Cavayé, M. Dugain,
S. Cazes, J. Doillon, G. Gallienne…
ǁ Professeur d’art dramatique à
l’ARIA, au conservatoire Darius Milhaud
Paris 14e et au Conservatoire National
Supérieur d’Art Dramatique.
ǁ A mis en scène L’Atelier de J.-C.
Grumberg, Les Trois Masques et L’île
des esclaves.
Bourrasque
Bourrasque fait suite à L’apprentie Sage-Femme, premier volet
d’une trilogie qui raconte la traversée d’un personnage féminin
dans trois époques différentes. Trois actes d’un seul conte. Bourrasque est né d’un puissant engouement pour toute l’œuvre du
poète et dramaturge irlandais John Millington Synge (1871-1909)
et du désir d’interpréter et de partager la générosité et la puissance
de ces personnages qui résistent à leurs épreuves, à leurs difficultés matérielles, aux fées, aux âmes errantes de ce monde irlandais
du début du vingtième siècle. Je me suis approchée lentement,
timidement et avec ferveur du roman de Synge, Les Îles Aran, dans
lequel il trace son cheminement, ses rencontres et sa quête d’histoires auprès des îliens. Un conte a retenu mon attention, celui dont
il s’est inspiré pour écrire The shadow of the glen. Je m’en suis emparée et au fil de mon imaginaire et de mes recherches, du travail
effectué avec Félix Prader à partir du texte original de la pièce j’ai eu
le besoin d’en écrire cette interprétation toute personnelle. Je me
suis attachée à être fidèle à mes impressions de lecture tout en développant librement les caractères des personnages, les situations
et les récits. La langue très travaillée de Synge – ainsi que le travail
de Philippe Crubézy accompli dans son adaptation de L’Apprentie
Sage-Femme –, m’a portée à inventer à mon tour un “parler” où
j’ai eu à cœur de glisser toute la tendresse, toutes les violences
des personnages et leurs non-dits, pensées loquaces, tempêtes
intérieures, révélations à eux-mêmes, ouvertures de la pensée vers
l’extérieur, vers l’issue que chacun cherche inconsciemment. Les
quatre personnages sont des figures massives. Chacun se bat
pour avancer. Le Type solitaire, figure énigmatique, s’enivre de sa
marche, de ses mots qui invitent à vivre dehors, à l’air libre, un
monde de rêve et de poésie. Il partira avec Nora. Daniel Burke en
passant par le tunnel d’une mort sérieusement jouée échappera
à son éternelle tristesse pour peut-être reprendre goût en l’avenir.
Michaël Dara ne sera plus l’étranger, le marin, et sera - qui sait ? reconnu comme berger par le fermier Dan Burke, Nora sortira pour
toujours de son immobilisme pour prendre sa vie à bras le corps.
ǁ Nathalie Bécue
LA LOI DES PRODIGES
écriture et interprétation François de Brauer
Un petit étudiant en histoire, devenu
député, se lance dans une étrange croisade : l’extinction pure et simple de l’art
et des artistes… Mais au-delà du personnage et de la
réforme qui porte son nom
- Goutard - qu’en est-il de
l’homme ? Qu’est-ce qui a pu
le pousser à rêver un monde
sans artiste ? Face à lui un
plasticien vain et prétentieux,
tout aussi radical : Régis Duflou et en filigrane, la question
du destin de l’art dans notre société. Pour
corser le débat, interviennent experts et
autres témoins qui ont façonné ou croi-
sé le destin du dénommé Rémi Goutard.
C’est ainsi que l’on suit, de l’appartement
familial au musée, du plateau de télévision à la manifestation de
rue, jusqu’au bureau aseptisé d’une invraisemblable tour
gouvernementale, le parcours
chaotique de ce réformateur
heureusement méconnu. Un
homme, seul en scène avec
une chaise, anime ce monde
et joue les épisodes-clés de la
vie intime et politique de notre
pathétique mais dangereux héros. Voilà
une idée du tourbillon irrésistible dans lequel nous entraîne François de Brauer !
25 avril > 13 mai 2018
avec François de Brauer ǁ équipe collaboration artistique Louis Arène et Joséphine Serre, lumières François Menou, costumes
Christelle André, photos Ugo Mechri ǁ production La Compagnie des Petites Heures ; remerciements à : Jean-Michel Ribes et
le Théâtre du Rond Point, Véronique Deshaires et le Théâtre de l’Atelier, le Théâtre Firmin Gémier/la Piscine - Chatenay Malabry,
Martine Spangaro et le Théâtre du Petit Louvre - Avignon, le Jeune Théâtre National, la MC 93 Bobigny.
La Loi des prodiges
françois de brauer
ǁ Formation au cours Florent, puis
Conservatoire national supérieur d’Art
dramatique (2007/2010).
ǁ A joué au théâtre notamment avec
G. Severac-Schmitz Richard II de
Shakespeare ; C. Poirée La Nuit des
Rois* et Beaucoup de bruit pour rien*
de Shakespeare ; J. Vidit Illusions
d’I. Viripaev ; M. Paquien La Locandiera
de Goldoni et Les Femmes Savantes
de Molière ; S. Llorca Les Deux nobles
cousins de Shakespeare et Fletcher,
Théâtre à la campagne de D. Lescot ;
V. Serre Les Trois sœurs de Tchekhov ;
Le Théâtre Nomade La Dernière Noce ;
F. Guignolet La Vie parisienne d’Offenbach ; T. Bouvet La Ravissante
Ronde de W. Schwab ; M. Kerzanet
La Coupe et les lèvres de Musset ;
J. Serre L’Opéra du dragon de Müller ;
G. Montel Léonie est en avance de Feydeau ; C. Arthus Le Chant du tournesol
d’I. Dalle (*spectacles présentés au
Théâtre de la Tempête).
ǁ Cinéma avec M. Deme, M. Nurzynski, Z. Arene, F. Olivier, J.-M. Ribes.
Je souhaitais depuis longtemps me confronter au seul en scène,
goûter à cette liberté et à ce risque. Après plusieurs années de
travail en troupe sur des œuvres du répertoire, je ressentais le besoin de retrouver mes premières intuitions de théâtre, celles qui
m’avaient amené, adolescent, à pratiquer les matchs d’improvisation. Je voulais me ré-approprier ces outils qui sont aussi ceux du
jeu masqué, découvert plus tard au Conservatoire : le plateau nu, le
mime et la composition de personnages.
Un désir d’écriture fictionnelle me poursuivait également depuis
longtemps et j’ai compris, en exerçant le métier d’acteur, que chez
moi la pulsion de jeu était première dans l’acte d’écriture. Alors j’ai
improvisé, devant une caméra, dès qu’une idée de situation ou de
personnage pointait. J’ai improvisé partout : dans mon salon, dans
les chambres d’hôtel, en tournée, dans les loges et (parfois !) dans
une salle de répétition. Au fur et à mesure, je retranscrivais les improvisations qui me semblaient les plus pertinentes et les arrangeais
en scènes, en me refusant, dans un premier temps, à chercher ce
qu’elles pourraient raconter ensemble. Je guettais, parmi tous ces
personnages, un héros dont les aventures se déploieraient sur une
longue tranche de vie. Mon intention était épique, conscient qu’une
épopée foisonnante serait sublimée par l’impression un peu dérisoire que suscite la solitude d’un acteur sur le plateau.
Face à l’actualité et au fil de mes improvisations, l’idée de raconter
l’histoire d’un homme politique et de son insensibilité totale à l’art
s’est révélée. En défendant ce postulat jusqu’à l’absurde, je restais
sur le terrain du burlesque et plaçais, au cœur de la pièce, le débat
sur « l’utilité des artistes ». De plus, pour que la radicalité de mon
héros ne soit pas trop facilement condamnable, je décidais de lui
créer un adversaire aussi extrême, qui incarnerait ce qu’on peut
imaginer de plus détestable chez un artiste. Mes collaborateurs
Louis Arene et Joséphine Serre ont beaucoup contribué à mûrir ces
idées, et m’ont accompagné dans toutes les étapes de la création.
J’avais donc une thématique et de la matière improvisée, il me
fallait maintenant construire mon histoire. Petit à petit, la structure
s’est affirmée autour de cinq séquences chronologiques entrecoupées d’interviews de certains personnages de la pièce, qui donnent
une impression d’existence réelle au héros…
ǁ François de Brauer
LE MAÎTRE ET MARGUERITE
de Mikhaïl Boulgakov ǁ mise en scène Igor Mendjisky
Le Diable est en visite dans le monde.
Et autour de Woland – c’est son nom –
s’entre-tissent trois récits : l’un relate
la sinistre sarabande dans
laquelle Moscou, dans les
années trente, se trouve entraînée ; l’autre, l’amour du
Maître pour Marguerite et un
troisième, l’histoire de Ponce
Pilate, dont la rédaction a rendu fou ledit Maître… Dans ce
monde à la fois tragique et
burlesque, les chats parlent,
les démons paradent et chaque figure
peut comporter un redoutable envers.
Juxtaposant les époques, emboitant les
récits, convoquant la tradition chrétienne
et le mythe de Faust, alternant scènes
réalistes et fantasmagoriques, alliant
l’abject et le sublime - celui de l’amour
de Marguerite -, Boulgakov constuit un
univers parodique, carnavalesque. Woland, l’illusionniste, organise,
pour une société sous hypnose collective, le spectacle
de l’apocalypse grandiose où
se déploient et l’horreur et le
miracle de la vie. Le Diable a
deux visages : en jouant de
la réversibilité du bien et du
mal, il est capable de semer
la violence et l’effroi, comme
de créer l’étincelle qui, dans un monde
figé, donne naissance à l’amour et à la
création. La liberté souveraine de l’imagination fait échec à la folie meurtrière de
l’ordre imposé.
10 mai > 10 juin 2018
adaptation Igor Mendjisky ǁ avec Marc Arnaud, Clement Bresson, Romain Cottard, Alexandre Soulier, Esther Vandendriessche,
Yuriy Zavalnyouk ǁ équipe lumières Stéphane Deschamps, costumes May Katrem, vidéo Yannick Donet, scénographie Claire
Massard et Igor Mendjisky ǁ production Les sans cou.
Le Maître et Marguerite
igor mendjisky
ǁ Formation au Conservatoire national
d’art dramatique dans les classes de
D. Valadié, A. Seweryn, M. Mayette et
D. Mesguich.
ǁ A joué au théâtre notamment avec
S. Douret Le Dragon d’E. Schwartz ;
R. Loyon Antigone de Sophocle,
Soudain l’été dernier de T. Williams ;
J.-Y. Ruf Mesure pour mesure de
Shakespeare ; W. Mouawad Littoral ;
M. Gonzales Molière en Masques ; E. de
Sablet L’Échange de Claudel…
ǁ Cinéma et télévision avec E. Niermans Le 7e Juré ; F. Olivier Vivre libre
ou mourir ; G. Behat Requiem pour
un assassin ; E. Deleuze Jardinage
humain ; C. Klapich et L. Doillon Dix
pour cent… En 2012 il réalise un
moyen-métrage Mon papy produit par
Top Shot Production. En 2014, il est
invité, sur les conseils de W. Mouawad,
à participer aux “Voyages de Kadmos”,
dans le cadre du festival IN d’Avignon.
ǁ A mis en scène tous les spectacles de la compagnie Les Sans Cou
(qui obtient en 2012 le Prix Théâtre
Adami) : Banquet à Babarville ; La
Lamentable Tragédie du cimetière des
éléphants ; Le Plus Heureux des trois
de Labiche ; Cabaret pour tes parents ;
Rêves de W. Mouawad et Hamlet de
Shakespeare ; J’ai couru comme dans
un rêve et Masques et Nez ; Idem
(spectacle présenté en 2015 au Théâtre
de la Tempête) ; Notre crâne comme
accessoire, librement inspiré du Théâtre
ambulant Chopalovitch de L. Simovitch.
Depuis septembre 2014, il est artiste
associé au Théâtre du Nord – CDN de
Lille.
L’œuvre de Boulgakov est un choc. C’est un bloc protéiforme
mystérieux et slave qui résonne en moi depuis longtemps comme
une ritournelle, une musique venue de l’enfance ou plutôt une
symphonie étrange mêlant le sublime et le chaos. Boulgakov crée un
espace de narration à mi-chemin entre l’inconnu et l’éternellement
familier. En convoquant les grands mythes comme celui de Faust, il
nous entraîne sur un chemin que nous croyons connaitre. Mais tout
d’un coup l’opacité, la folie et la grandeur des songes se mêlent
à tout ça. Le Diable tutoie les mythes modernes de la société de
consommation, il réinterroge la notion de bien et de mal. Le poète
fou dialogue avec un énorme chat et croise une sorcière sur le bord
d’une route banale. Boulgakov nous réconcilie avec la magie des
légendes. Il nous rappelle qu’aujourd’hui encore il est possible de
déplacer les frontières de la réalité. Ce sont ces limites floues entre
fiction et réalité, entre classique et
moderne qui m’ont incité à adapter
ce roman. C’est ce texte sans limite,
comme l’est parfois le théâtre dont je
rêve, qui m’a transporté. Boulgakov
savait pertinemment qu’il ne verrait
pas son roman publié de son vivant,
il s’est donc tout permis sans aucune
retenue. C’est cette permissivité que
je chercherai en deux heures de
spectacle, ce cri de liberté qu’on nous demande parfois de taire.
Le spectacle sera joué en tri-frontal ; peut-être que nous jouerons
dehors et que nous briserons les frontières du Théâtre, comme
Boulgakov l’a fait dans son œuvre littéraire. Comme le Maître, on
y parlera le français, le russe qui m’est cher, l’anglais, l’allemand,
le grec et le latin. Nous chanterons, Marguerite dansera et volera,
le Diable fera tomber une pluie d’indépendance et nous tenterons
tous de hurler à l’unisson qu’on se doit d’épouser librement la vie
telle qu’elle est.
ǁ Igor Mendjisky
CHANGE ME
d’après Ovide, Isaac de Benserade et la vie de T. Brandon
mise en scène Camille Bernon et Simon Bourgade
Au premier siècle de notre ère, Ovide
relate dans Les Métamorphoses la légende d’Iphis et Iante : Iphis,
pour échapper à la vindicte
de son père, a été élevée et
travestie en garçon. À l’âge
des amours, elle s’éprend
de la jeune Iante : « À quoi
puis-je m’attendre ? Moi que
tient sous son empire un
amour inconnu jusqu’ici, un
amour monstrueux et sans
exemple ? » La perspective du
mariage imminent porte Iphis au désespoir, avant qu’une métamorphose divine
ne vienne rétablir la norme et l’ordre social. En 1630, un jeune poète de la Préciosité, Isaac de Benserade, livre une
comédie qui tire son argument de cette
légende, et rend le mythe plus subversif :
le mariage est consommé avant la métamorphose d’Iphis. En 1993, aux Etats-
Unis, Teena Brandon, jeune fille travestie
en garçon, est violée puis assassinée par
ses amis quand ils découvrent
sa véritable identité. En rapprochant le mythe de cet événement, en proposant un kaléidoscope de situations, en
confrontant les personnages
de légende et des sujets
contemporains dramatiquement pris dans des questions
d’identité - qui induisent secret et mensonges, violences,
mais aussi audace et transgression -, le
spectacle, par sa vitalité même, veut témoigner du caractère intemporel du récit
originel. Camille Bernon et Simon Bourgade forgent un mythe contemporain qui
entend répondre aux enjeux antiques de
cette figure, à la frontière du masculin et
du féminin.
23 mai > 10 juin 2018
avec Camille Bernon, Pauline Bolcatto, Pauline Briand, Baptiste Chabauty, Mathieu Metral ǁ équipe dramaturgie Mathilde Hug
(Université Paris 3), scénographie Benjamin Gabrié, lumières Coralie Pacreau, son Vassili Bertrand, photographies Fabrice
Domenet ǁ production déléguée Théâtre Paris-Villette, avec le soutien du CentQuatre - Paris, du Jeune Théâtre National et du
Théâtre de la Tempête.
camille
bernon
ǁ Formation
dans la Classe
Libre du Cours
Florent, puis au
Conservatoire
national supérieur d’Art dramatique
avec B. Blairet, J.-P. Garnier, D. Mesguich, M. Fau, Y. -J. Collin et P. Pineau.
Elle met en scène au Cours Florent
Une Saison en enfer de Rimbaud et
Pasiphaé d’H. de Montherlant.
ǁ A joué au théâtre notamment avec
J.-P. Garnier Fragments d’un pays lointain* d’après J.-L. Lagarce ; C. Poirée
Beaucoup de bruit pour rien*, La Nuit
des Rois* de Shakespeare, Vie et mort
de H, pique-assiette et souffre-douleur*
d’H. Levin ; D. Lescot J’ai trop peur de
D. Lescot ; C. Tordjman Monologue du
nous de B. Noël (*spectacles présentés
au Théâtre de la Tempête).
ǁ A co-mis en scène en 2015 avec
S. Bourgade Le Songe d’après Le
Songe d’une nuit d’été de Shakespeare.
simon
bourgade
ǁ Formation
dans la Classe
Libre du Cours
Florent, puis au
Conservatoire
national supérieur d’Art dramatique
avec Nada Strancar et Sandy Ouvrier.
ǁ A joué au théâtre notamment avec
B. Sobel Le Juif de Malte de Marlowe ;
L. Duskova Das ist die Galerie d’après
H. Müller.
ǁ A mis en scène : en 2013 dans
le cadre des « cartes blanches »
du Conservatoire Les Choéphores
d’Eschyle ; en 2015 avec C. Bernon
Le Songe d’après Le Songe d’une nuit
d’été de Shakespeare ; Purifiés de
S. Kane ; Agnus Dei de V. Cova ; avec
la compagnie du Bonheur vert Invite
à l’amour d’après Belle du seigneur
d’A. Cohen.
ǁ Cinéma avec R. Brakni De Sas en
sas ; R. Campillo 120 battements par
minute, sur les années SIDA.
Change me
Notre spectacle met en scène la difficulté de l’affirmation de soi,
de sa sexualité, de son identité au milieu des autres et interroge la
question du genre. Suis-je obligé de me comporter comme une fille
à cause de mes attributs sexuels ? Puis-je vivre comme un homme,
et aimer qui je veux ?
Nous suivons l’histoire d’une jeune fille travestie qui fait croire à
son groupe d’amis et à sa petite copine qu’elle est un homme. Au
cours d’une soirée où les deux jeunes filles s’apprêtent à avoir leur
premier rapport sexuel, l’identité de la jeune travestie est révélée et
le scandale éclate. L’histoire bascule dans la violence.
Alors, comme des fantômes surgissant du passé, font retour la
fable mythologique d’Ovide, des interviews extraites du documentaire consacré à Teena Brandon, des scènes en alexandrins de la
pièce de Benserade.... L’histoire jusqu’ici linéaire, se tord, se transforme…
Change me suit le parcours intime de tous les protagonistes. Les
propos, aussi virulents soient-ils, y sont portés avec force. L’incompréhension et le rejet de la mère, les préjugés et le dégoût
transmis par le milieu sexiste ainsi que l’aliénation du personnage
principal sont formulés. Au moment de la révélation, tout l’entourage se trouve ébranlé, et la nouvelle provoque chez chacun des
réactions violentes. Au cours de la représentation,
le spectateur, quelles que soient ses convictions,
peut envisager différents points de vue et partager
des expériences contraires à la sienne. Ce spectacle offre, nous l’espérons, une possibilité de ne
pas être tétanisés par la violence. Elle n’est pas selon nous une fatalité à l’antique, mais un point de
départ pour inventer une autre issue au tragique qui
traverse nos vies.
ǁ Camille Bernon et Simon Bourgade
Prochainement : la Tempête vous convie à un événement exceptionnel du 22 au 25 juin 2017 !
BANQUET LA BAYE
texte de Philippe Adrien (éditions cent pages) ǁ mise en bouche Clément Poirée
Dans un pavillon en bord de mer, la famille Louis se prépare à recevoir la famille Jean. Ce dimanche
commence mal : le repas n’est pas prêt, la table pas mise, la mère se désespère, le père ne fait rien,
et les enfants font les enfants… La Baye, pièce écrite en 1967 par un jeune auteur de théâtre qui devait
par la suite se consacrer avant tout à la mise en scène, fut créée la même année au Festival d’Avignon
dans une mise en scène d’Antoine Bourseiller. On y découvre en germe les qualités de Philippe Adrien :
fougue, humour, onirisme et impertinence.
Après avoir animé la Tempête pendant 30 ans, Philippe Adrien passe aujourd’hui le relais à Clément
Poirée. Le moment est venu de lui adresser un clin d’œil reconnaissant : nous vous convions donc à
un banquet-spectacle festif, un impromptu foutraque et musical. Nous y célèbrerons Philippe Adrien,
grand serviteur de la Tempête, de la Cartoucherie, et plus largement du théâtre et des auteurs. Cette
fois, ce seront ses mots à lui que nous vous servirons.
avec Pierre-Alain Chapuis, Eddie Chignara, Valentine Galey, Pierre Lefebvre Adrien, Matthieu Marie, Guillaume Marquet, Luce
Mouchel, Juliette Poissonnier, Mireille Roussel, Sacha Todorov….
Infos pratiques
Renseignements et réservations
ǁ Théâtre de la Tempête, Cartoucherie, route du Champ-de-Manœuvre, 75012 Paris
ǁ 01 43 28 36 36 du mardi au vendredi de 11 h 30 à 13 h et de 14 h à 18 h 30,
samedi de 14 h à 18 h
ǁ billetterie en ligne : www.la-tempete.fr
Prix des places
ǁ plein tarif ...........................................................................................................20 €
ǁ collectivités, groupes, seniors, habitants des 12e et 20e arr.,
de Vincennes et Saint-Mandé...............................................................................16 €
ǁ de 26 ans, demandeurs d’emploi ........................................................................12 €
ǁ tarif unique le mercredi .......................................................................................12 €
ǁ groupes scolaires ............................................................................................... 10 €
Nos formules d’abonnement
ǁ Carte Tempête 3 spectacles, nominative ............................................................. 36 €
tarif spécial - de 26 ans (8 € la place)................................................................. 24 €
ǁ Carte Tempête 5 spectacles, nominative.............................................................. 55 €
tarif spécial - de 26 ans (8 € la place)................................................................. 40 €
ǁ Passeport Tempête 10 places ........................................................................... 100 €
NOUVEAU
SITE INTERNET
à découvrir en septembre 2017 !
www.la-tempete.fr
Ticket Théâtre
ǁ découvrez les programmations de 23 théâtres parisiens et de proche banlieue
au tarif unique de 12 €.
ǁ renseignements sur le site : www.ticket-theatre.com
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