SAISON 2017-18 Calderón ǁ Clément Poirée M. Maeterlinck ǁ Géraldine Martineau Ahmed Madani F. Richter ǁ Jean-Claude Fall Corneille ǁ Julia Vidit N. Huston ǁ Laurent Hatat B.-M. Koltès ǁ Philippe Baronnet Nathalie Bécue ǁ Félix Prader François de Brauer M. Boulgakov ǁ Igor Mendjisky Camille Bernon ǁ Simon Bourgade LA VIE EST UN SONGE de Calderón ǁ mise en scène Clément Poirée Sigismond, prince héritier de Pologne, vit au secret dans une tour depuis que le roi Basile a lu dans les astres que son fils le destituerait et livrerait le royaume à la violence. Au terme de son règne, Basile est devant une alternative : remettre la couronne à Astolphe et Etoile, ses neveu et nièce, ou donner une chance à son fils en le soumettant à une épreuve : on administre un narcotique au prisonnier, et le voilà transporté dans le palais royal où on le traite en prince. Sigismond se comporte en véritable brute. A nouveau endormi, et renvoyé au cachot, on le persuade alors qu’il a vécu en songe. Mais une révolte éclate et le peuple, libérant Sigismond, le proclame son souverain. Maintenant chef de guerre, se laissera-t-il aller à sa fureur vengeresse ? De grands changements toutefois se sont produits en lui. Héritier légitime, victorieux sur lui-même, Sigismond rétablit l’ordre, pardonne à son père, et fait par la sagesse de ses décisions l’admiration de tous. Mais c’est l’amour, sous les traits de Rosaura, sa jumelle en infortune – abandonnée par son père Clothalde puis abusée par Astolphe – qui aura été le grand agent de sa métamorphose. « Quel est ce confus labyrinthe dont la raison ne peut trouver le fil ? » : comme dans un conte, c’est par les plus invraisemblables péripéties et dans le feu des passions que la vérité vient au jour. Lucidité et pondération, justice et honneur, amour et liberté en sont les maîtres mots : Sigismond ou le Destin de l’homme. « J’ai survécu à mes désirs J’ai cessé d’aimer tous mes rêves.» ǁ Pouchkine Production Théâtre de la Tempête 15 septembre > 22 octobre 2017 avec John Arnold, Louise Coldefy, Pierre Duprat, Laurent Menoret, Morgane Nairaud, Makita Samba… (distribution en cours) ǁ equipe scénographie Erwan Creff, lumières Kévin Briard, costumes Hanna Sjödin, musiques et son Stéphanie Gibert, maquillages et coiffures Pauline Bry, collaboration artistique Margaux Eskenazi, régie générale Farid Laroussi… ǁ production Théâtre de la Tempête subventionné par le ministère de la Culture ; en coproduction avec Hypermobile et la Scène conventionnée Théâtre et Théâtre Musical Figeac/Saint-Céré - Festival de Figeac ; avec la participation artistique du Jeune Théâtre National ; avec le soutien de la scène Watteau - Nogent-sur-Marne et des Trois Pierrots - Saint-Cloud. La Vie est un songe clément poirée ǁ Directeur du Théâtre de la Tempête à la Cartoucherie depuis 2017. ǁ A mis en scène : Kroum, l’Ectoplasme de H. Levin * (2004) ; Meurtre de H. Levin* (2005) ; Dans la jungle des villes de B. Brecht * (2009) ; Beaucoup de bruit pour rien de W. Shakespeare * (création 2011, puis festival international Globe to Globe à Londres en 2012 et tournée en 2013) ; Moscou, la rouge de C. Thibaut (festival de Grignan – 2011) ; Homme pour homme de B. Brecht * (création à l’Espace des Arts en 2013) ; La Nuit des Rois de W. Shakespeare * (création au Théâtre des Quartiers d’Ivry en 2014, tournées en 2015-16, 2016-17 et 2017-18) ; Vie et mort de H de H. Levin *… ǁ En tant que collaborateur artistique de Philippe Adrien, au sein de la compagnie ARRT et de la compagnie du Troisième Œil, il a participé depuis 2000 aux créations de : Le Roi Lear *, Le Malade imaginaire *, L’Ivrogne dans la brousse *, Yvonne Princesse de Bourgogne *, Le Procès *, La Mouette *, Don Quichotte *, Ivanov *, Œdipe *, Le Projet Conrad *, Le Dindon *, Les Chaises *, Bug ! *, Exposition d’une femme *, Partage de midi *, Protée *, L’École des femmes *, La Grande Nouvelle *, Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit *…(* spectacles présentés au Théâtre de la Tempête). ǁ En tant que pédagogue, il a assisté Philippe Adrien au Conservatoire national (CNSAD) en 2000-2001 et dirige depuis 2015 des stages de formation pour artistes professionnels. La Vie est un songe est un conte métaphysique. Trois journées, trois métamorphoses de l’esprit qui conduisent de la soumission à la révolte ; du triomphe des pulsions au renoncement à la jouissance. Trois journées pour découvrir une éthique de responsabilité, pour que l’enfant sacrifié devienne un enfant sacrifiant à la civilisation ses propres désirs et ainsi rétablisse le lien de filiation rompu par un père défaillant. La Vie est un songe est une fable politique. Ce qui est perçu comme vrai : « cet enfant sera un sauvageon », est vrai dans ses conséquences. A vouloir se prémunir de la violence du monde on crée l’enfermement et la suspicion. Un enfant qui cristallise craintes et reproches en conçoit un tel ressentiment qu’il développe les comportements auxquels, d’une certaine manière, on l’a condamné. Traité comme un animal il devient un animal. La Vie est un songe retrace une grande aventure psychique. Sigismond – tout comme Calderón lui-même qui dans un élan de colère a, dit-on, tué un homme – est submergé par la rage, par ses désirs, par ses pulsions. Il vit dans la soumission à l’instinct, jusqu’au meurtre, frôlant le viol et le parricide. Calderón entoure Sigismond de personnages menés par leur aveuglement : Rosaura aveuglée par l’honneur, Basile par la connaissance, Clothalde par la loyauté, Astolphe par la gloire… Autant de maladies de l’âme. Lui aura les yeux dessillés par le doute. La Vie est un songe est un poème vertigineux par son ambition de traiter du monde, de la filiation, des pulsions, des impératifs moraux, de nos défaillances et de nos triomphes sur nousmêmes. Ce qui fascine ici, c’est de découvrir une pièce entièrement écrite de manière subjective, impressionniste ; on perçoit le monde par les yeux effarés de Sigismond et de Rosaura. C’est une pièce monstre en cela qu’elle échappe en grande partie aux règles de l’écriture dramatique. Comment trouver sa vérité concrète ? Notre réponse ne passera certainement pas par une tentative de réorganisation rationnelle. Nous nous risquerons à l’immersion dans ce monde de visions. J’aimerais conduire les spectateurs à l’intérieur de ces impressions, dans une théâtralité comme en apesanteur, faite d’apparitions, de variations des focales, de métamorphoses, d’élans lyriques démesurés, de bruit et de fureur. ǁ Clément Poirée LA MORT DE TINTAGILES de Maurice Maeterlinck ǁ mise en scène Géraldine Martineau C’est un univers de conte, avec île, tour et château, sur lequel plane la figure du Destin : la vieille méchante reine a fait revenir son neveu Tintagiles que ses sœurs, Ygraine et Bellongère, accueillent avec joie. Mais tous partagent le pressentiment qu’une menace pèse sur la vie de Tintagiles et que l’amour est la seule force qu’on peut opposer à la fatalité : « Mets tes petits bras là, tout autour de mon cou ; on ne pourra peut-être pas les dénouer. » Vient la nuit où Tintagiles est emmené… Ygraine le suit, mais ils sont désormais séparés l’un de l’autre par une porte infranchissable. « Le silence est l’élément dans lequel se forment les grandes choses, pour qu’enfin elles puissent émerger, parfaites et majestueuses, à la lumière de la vie qu’elles vont dominer. La parole est trop souvent, non l’art de cacher la pensée, mais l’art Suggérer l’indicible, éveiller le mystère, cristalliser le temps, donner du volume au silence, telle est l’ambition de ce théâtre poétique, à fleur d’âme, qui ouvre un champ de perception bouleversant, à la fois infime et infini. En se détournant du tragique des grandes aventures et des passions, comme des aspects triviaux du théâtre naturaliste contemporain, Maeterlinck dans ses « petits drames » « entr’ouvre la scène intérieure, en chuchote les échos », et décèle sous l’insignifiance apparente de la vie ordinaire les puissances inquiétantes de la destinée. d’étouffer et de suspendre celle-ci, en sorte qu’il n’en reste plus à cacher. Dès que nous avons vraiment quelque chose à nous dire, nous sommes obligés de nous taire; et si, dans ces moments, nous résistons aux ordres invisibles et pressants du silence, nous faisons une perte éternelle que les plus grands trésors de la sagesse humaine ne pourront réparer, car nous avons perdu l’occasion d’écouter une autre âme et de donner un instant d’existence à la nôtre.» ǁ Maeterlinck, Le Trésor des humbles 21 septembre > 22 octobre 2017 avec Sylvain Dieuaide, Ophélia Kolb, Agathe L’Huillier, Evelyne Istria, et les voix de Anne Benoit, Christiane Cohendy, Claude Degliame ǁ équipe scénographie Salma Bordes, lumières Laurence Magnée, composition musicale Simon Dalmais, collaboration artistique Emma Santini ǁ production Atypiques Utopies ; en coproduction avec le Théâtre Montansier ; avec la participation du Jeune Théâtre National. La Mort de Tintagiles Géraldine martineau ǁ Formation : Classe Libre du Cours Florent, puis Conservatoire National d’Art Dramatique. ǁ A joué notamment avec J.-M. Ribes Musée Haut Musée Bas ; J. Liermier Penthésilée de Kleist ; J. M. Rabeux Opérette de Gombrowicz et La Nuit des rois de Shakespeare ; Y. Beaunesne Le Canard sauvage d’Ibsen ; P. Bureau Roberto Zucco *, Sirènes et Dormir cent ans ; G. Watkins Je ne me souviens plus très bien ; V. Bellegarde Terre océane de Danis et Isabelle et La Bête de Solotareff ; V. Dréville La Troade de Garnier ; S. Hillel Sunderland de Koch ; T. Rossigneux Corps étrangers * de S. Marchais ; S.Bester et I. Antoine La Tragédie du Belge et On a dit on fait un spectacle ; C.Schaub Le Poisson belge de L. Confino, rôle pour lequel elle obtient le Molière de la révélation féminine en 2016 (*spectacles présentés au Théâtre de la Tempête). ǁ Crée en 2010 la compagnie Atypiques Utopies et monte Mademoiselle Julie de Strindberg. ǁ Auteur de Jackie M. ǁ Cinéma avec J.-J. Chervier La Fonte des neiges ; J. Huth Hell Phone ; P. Mazingarbe Blanche, Les Poissons préfèrent l’eau du bain et Le Roi des Belges ; R. Rosenberg Aglaé pour lequel elle obtient un prix d’interprétation aux festivals de ClermontFerrand et Angers ; M. Placido Le Guetteur ; B. Rolland Léa ; V. Lemercier Le Bol de Marie-Francine ; C. Régin Le Gardien du temple ; H. Charuel Bloody Milk et M. Lavoine Lulu. Maeterlinck place la mort au centre de son œuvre, telle qu’elle est, violente, soudaine et inéluctable, annoncée dés la première réplique : «Ta première nuit sera mauvaise, Tintagiles ». Maeterlinck dépeint un amour fraternel plein de lumière, un lien qui semble indestructible, un amour d’une puissance si grande qu’il sera leur arme, leur espoir : « La mort est une force extérieure qui empêche tout mouvement qui s’oppose à elle et l’amour est une force intérieure qui incite à agir contre la mort. » Cette dernière veillée est pleine de douceur, de tendresse, de bienveillance, de musique, de grâce, de partage et d’empathie. Le texte, d’une grande puissance poétique, porte les mouvements de l’âme, les forces invisibles, leur relation à l’inconnu. Cette densité donne à la pièce, pourtant très courte, mystère et puissance. Cette bienveillance, lumineuse et délicate pour repousser la mort, c’est ce qui me touche le plus profondément dans cette pièce. La Mort de Tintagiles est un conte initiatique et métaphysique. J’aimerais proposer aux spectateurs une expérience sensorielle et émotionnelle qui leur permettra, peutêtre, d’en sortir eux aussi légèrement transformés. ǁ Géraldine Martineau F(L)AMMES texte et mise en scène Ahmed Madani (Actes Sud-Papiers) Deuxième volet d’une trilogie intitulée « Face à leur destin », F(l)ammes, réalisé avec des jeunes femmes issues des quartiers populaires, fait suite à Illumination(s) qui en constituait le versant masculin. Ahmed Madani souhaite ainsi faire découvrir de l’intérieur la réalité de ces jeunes Français vivant dans une zone urbaine sensible. Pour dresser un état des lieux, il n’est pas de meilleurs experts que les jeunes eux-mêmes. Aucune étude sociologique ou démographique ne rendra compte des espoirs et des peines, des questions et des rêves qui animent ces jeunes gens. Aucun espace n’est aussi propice à leur partage que la scène, à la fois lieu de rencontre de l’autre au sein de l’assemblée, mais aussi d’apprivoisement, de dévoilement de soi. La puissance du théâtre se révèle dans ces moments où nous pouvons voir le monde avec les yeux d’un autre, et ainsi changer de regard. La question des femmes semble avoir été longtemps un point aveugle de l’histoire de l’immigration. La réalité de la jeune génération est plus complexe, plus riche et plus folle ou créative qu’on ne veut bien nous le dire. Et c’est le désir de raconter, de jouer, de danser et de chanter qui, en chaque interprète, va le mieux révéler sa sensibilité et refléter ses identités multiples et mouvantes. Monologues et séquences chorales, scènes de comédie ou récit poétique - écrits et agencés par Ahmed Madani – font de cette création partagée un vibrant témoignage : le récit que portent les jeunes filles à la fois les inclut et les dépasse ; le plus singulier fait signe vers le collectif, et chacune se découvre « différente de sa différence », avec feu, avec flammes. 16 novembre > 17 décembre 2017 avec Anissa Aou, Ludivine Bah, Chirine Boussaha, Laurène Dulymbois, Dana Fiaque, Yasmina Ghemzi, Maurine Ilahiri, Anissa Kaki, Haby N’Diaye, Inès Zahoré ǁ équipe collaboration à la mise en scène Karima El Kharraze, regard extérieur Mohamed El Khatib, vidéo Nicolas Clauss, lumière et régie générale Damien Klein, création sonore Christophe Séchet, chorégraphie Salia Sanou, costumes Pascale Barré et Ahmed Madani, coaching vocal Dominique Magloire et Roland Chammougom ǁ production Madani Compagnie ; en coproduction avec Le Théâtre de la Poudrerie à Sevran, Le Grand T théâtre de Loire-Atlantique, L’Atelier à spectacle - scène conventionnée de l’Agglo du Pays de Dreux, La CCAS, Fontenay en Scènes à Fontenay sous Bois, l’ECAM au Kremlin-Bicêtre ; avec le soutien de La Maison des métallos, Le Collectif 12 à Mantes-la-Jolie, La MPAA à Paris, La Ferme de Bel Ébat à Guyancourt, La Maison des Arts et de la Culture de Créteil, le Commissariat Général à l’Egalité des Territoires, le Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, le Conseil départemental du Val-de-Marne dans le cadre de l’aide à la création, et ARCADI Île-de-France ; en partenariat avec La Terrasse. Madani Compagnie est conventionnée par le Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC Ile-de-France et par la Région Ile-de-France. F(l)ammes Libération - Une énergie solaire se dégage de F(l)ammes, de ces femmes dans la fleur de l’âge, rageuses, exaltées ou douces. À en rire parfois, en pleurer d’émotion aussi, devant cette danse de la vie et du doute. Frédérique Roussel ahmed madani ǁ Auteur, metteur en scène : Désireux d’adopter une démarche « d’auteur en scène » – écriture dramatique et écriture scénique – il réunit en 1985, au sein de Madani Compagnie, un collectif d’artistes et développe un théâtre fondé sur le rapport au sociétal. De 1987 à 2002, il présente notamment : Rixe et les Rouquins de J.-C. Grumberg, Les Français parlent aux Français, Nous crèverons l’horizon, J’accuse de Zola, La Tour (adapté pour la télévision par Dominique Cabréra sous le titre Un balcon au Val Fourré), L’Os, C’était une guerre, Rapt *, Familles, je vous hais… me. (Diffusion canal+), Méfiez-vous de la pierre à barbe *, Il faut tuer Sammy…. De 2003 à 2007, il dirige le Centre dramatique de l’Océan Indien à Saint-Denis-la -Réunion. Depuis 2011, il a engagé un projet qui interroge l’histoire des cinquante dernières années et se décline en plusieurs créations : Je marche dans la nuit…* ; Illumination(s) d’A. Madani – premier volet du triptyque Face à leur destin – a réuni, en 2012, une dizaine de jeunes du Val Fourré (*spectacles présentés au Théâtre de la Tempête). ǁ Publications chez Actes Sud : Petit garçon rouge, Voyage à la mer, Méfiezvous de la pierre à barbe ; L’Ecole des Loisirs : Ernest ou comment l’oublier, Il faut tuer Sammy, traduction de Sa majesté des Mouches de N. Williams d’après W. Golding ; Médianes : Rapt. France Inter - F(l)ammes est un spectacle d’utilité publique que tous les directeurs de théâtre devraient programmer. Stéphane Capron L’Humanité - Dans F(l)ammes, chacune dit, chante, danse ses colères et ses envies, dénonce les injustices de tous les jours, les petites brimades et les claques brûlantes, réclame la tolérance. Gérald Rossi Télérama - Un spectacle fort en gueule et riche en émotions, qui culbute les identités. On pleure parfois, on rit beaucoup. Pierre Pinelli Charlie Hebdo - Une démarche poétique pour entendre une expression féminine trop souvent spoliée, d’une génération en quête de liberté… et de reconnaissance. Gil Chauveau La Terrasse - F(l)ammes contribue avec élégance à l’émergence récente d’une parole afropéenne féminine sur les scènes françaises. Très performatifs, entrecoupés de quelques moments de danse collective, les monologues qui se succèdent ont beau avoir chacun leur singularité, ils sont traversés par une même urgence à sortir de l’ombre. Par une énergie et un humour d’autant plus touchants qu’ils ne visent jamais à la séduction mais à la recherche d’une place au sein de la société française (…) l’ensemble est d’une belle finesse. Militante, mais avant tout humaine. Anaïs Héluin ivresse(S) de Falk Richter (L’Arche éditeur) ǁ mise en scène Jean-Claude Fall Auteur et metteur en scène allemand né en 1969, Falk Richter interroge, d’œuvre en œuvre, la façon dont nous faisons face aux pressions économiques qui influencent aussi bien notre manière de penser et de ressentir que notre relation à l’autre. Sommesnous voués à la seule ivresse de la consommation, du travail, de la Bourse ? Rausch (Ivresse) dit l’urgence et nous plonge – par l’enchevêtrement de ses intrigues et l’entrelacement de ses discours – dans le désarroi du sujet contemporain, étourdi d’images et d’informations, dicté jusqu’au plus intime par des mots d’ordre implicites, homme fragmenté dans un monde disloqué, régi par des puissances incontrôlables. C’est en jouant d’une « politique de la perception », que Richter en appelle à un ressaisissement, à une autre ivresse, soit à la réinvention, hors modèle, des liens collectifs, des relations privées et d’un rapport apaisé à soi-même. Drôle, caustique, cruel, rempli de colère et de rage, Ivresse(s) laisse entrevoir que dans la fugacité et la fragilité se dessine une nouvelle dynamique, une opposition non pas frontale mais interstitielle. « Nous vivons des temps de friction ; les gens et les esprits se remettent en mouvement… dans un esprit de résistance : c’est ça, le sujet d’Ivresse. » 17 novembre > 17 décembre 2017 avec Roxane Borgna, Jean-Marie Deboffe, Jean-Claude Fall, Isabelle Fürst, Paul-Frédéric Manolis, Nolwenn Peterschmitt, Laurent Rojol, Alex Selmane ǁ équipe traduction Anne Monfort, création vidéo Laurent Rojol, direction technique Jean-Marie Deboffe ǁ production La Manufacture - Cie Jean-Claude Fall, compagnie conventionnée par la Drac Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées ; en coproduction avec le Domaine d’O, domaine départemental d’art et de culture, Département de l’Hérault ; avec l’aide de l’Académie ESPTL (École Supérieure Professionnelle de Théâtre du Limousin) ; avec l’aide à la création de la Région Occitanie Pyrénées Méditerranée. Ivresse(s) jean-claude fall ǁ Directeur de compagnie, il crée en 1982 le Théâtre de la Bastille qu’il dirigera jusqu’en 1988. De 1989 à1997, il dirige le Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis, puis de 1998 à 2009, le Théâtre des Treize Vents à Montpellier. En 2010 il crée sa compagnie « La Manufacture – Compagnie Jean-Claude Fall ». ǁ A mis en scène près de 70 spectacles pour le théâtre et l’opéra, et présenté au Théâtre de la Tempête : État de siège de P. Handke ; L’Exception et la Règle de B. Brecht ; Alarmes 2, Textes pour rien de S. Beckett et G. Perec ; Histoires de famille de B. Srbljanovi ; Blancs d’après N. Renaude, E. Darley et J. Fosse ; Belle du Seigneur d’A. Cohen, 2014 ; Tête d’or de Claudel, 2015 ; Une Vie bouleversée d’E. Hillesum, 2016. Ivresse(s) est un montage réalisé à partir de trois textes de Falk Richter. Ecrit en 2012, Ivresse est la colonne vertébrale de ce travail. Nous y avons intégré quelques extraits de Protect me et Play loud. Ces textes déclinent à l’infini un des thèmes les plus récurrents de l’œuvre de Falk Richter : Comment ce système en crise, ce système de la crise, ce système qui jouit de la crise vit en chacun de nous dans tous les instants de nos existences, un peu comme un alien que nous porterions en nous et qui nous dévorerait de l’intérieur. Comment ce système en crise produit la crise dont il tire profit. Comment il produit l’écriture de l’auteur de théâtre. Comment il produit nos relations amoureuses. Nos relations sociales. Amicales. Professionnelles. Sexuelles. Nos relations au public. Nos relations à la production même. Comment il les guide, les induit, les empêche, les détruit, les démolit, les pourrit de l’intérieur. Comment il bouffe notre spiritualité, nos corps, nos désirs mêmes. Comment il récupère instantanément toutes nos tentatives de nous rebeller, comment nos tentatives de rébellion sont inscrites dans le programme de crise. Comment chacune de nos révoltes est toujours et déjà digérée et utilisée contre nous par ce système totalitaire. Désespérant ? Non pas. Richter lance un message « positif » : dans les moments dangereux de détresse intime, dans les moments d’errance ou d’effroi, se trouvent peut-être les vrais moyens de résistance, d’ébranlement du système. Changer le monde (qui en a bien besoin comme dit Brecht) se fera peut-être sans plan précis. Cela se fera peut-être parce que nous ne pourrons pas faire autrement sous peine de mort. Parce que nous n’en pourrons tout simplement plus. Une sorte d’épuisement salvateur, de « ne pas faire » entêté et muet, de transfiguration silencieuse et paisible. ǁ Jean-Claude Fall LE MENTEUR de Corneille ǁ mise en scène Julia Vidit Licencié ès lois, le jeune Dorante « a quitté la robe pour l’épée » et, de retour de province avec son valet Cliton, débarque à Paris où il craint de « sentir l’écolier » et de ne pas rapporter « un visage à la mode ». Épris d’aventures amoureuses, il est en vérité à la recherche de sa propre image. Alors, dans ce « pays de romans » qu’est devenu Paris, Dorante, « vaillant par nature et menteur par coutume », imagine, « rêve en parlant » et s’invente des exploits guerriers en Allemagne, raconte une fête nautique qu’il aurait organisée, un mariage clandestin… Dorante a du talent, Dorante est un artiste, un joueur. À sa façon il se veut un héros, et ses exploits sont la contrepartie imaginaire des actes des hauts personnages cornéliens. Si le mensonge fait partie d’une stratégie savante, il semble aussi imposé par la loi de prestige qui règne sur la ville où le crédit repose sur la réputation plus que sur la vertu, comme il permet d’échapper au mariage arrangé par un père. Mais le menteur s’expose au leurre et il est loin d’imaginer que la belle Clarice qu’il veut subjuguer – et qu’il croit s’appeler Lucrèce – lui tend un piège en faisant passer son amie pour elle-même ! Les intrigues de l’une, le silence de l’autre ne font pas de ces femmes des êtres plus véridiques. L’euphorie du mensonge tourne au vertige : qui aime qui ? Démasqué, le menteur s’en tirera par une ultime pirouette : « Vous pensiez me jouer, et moi je vous jouais ». L’important est de ne pas perdre la face. L’aventure finit bien, Dorante épousera Lucrèce, mais La Suite du Menteur nous apprendra qu’il s’est esquivé la veille de ses noces ! Métamorphose de la ville, identités en fuite, versatilité des sentiments : dans la comédie baroque le monde n’est qu’un jeu, ou plutôt un théâtre. 18 janvier > 18 février 2018 avec Joris Avodo, Aurore Déon, Nathalie Kousnetzoff, Adil Laboudi, Barthélémy Meridjen, Lisa Pajon, Karine Pédurant, Jacques Pieiller ǁ équipe dramaturgie, adaptation et écriture Guillaume Cayet, scénographe Thibaut Fack, lumières Nathalie Perrier, son Bernard Valléry, costumes Valérie Ranchoux, maquillage et perruques Catherine Saint-Sever ǁ production Java Vérité, compagnie conventionnée par la DRAC Grand Est et soutenue au titre de la structuration par la Région Grand Est ; en coproduction avec La Manufacture - CDN de Nancy-Lorraine, ACB - scène nationale de Bar-le-Duc, Théâtre Firmin Gémier / La Piscine - Pôle National du Cirque d’Antony, Le Carreau - scène nationale de Forbach, Les Théâtres - Aix-en-Provence, MC2 Grenoble, Théâtre Jacques Prévert - Aulnay-sous-Bois, Le Théâtre de Rungis ; avec le soutien de la DRAC Grand Est, de la Région Grand Est, de la Ville de Nancy. Avec la participation artistique de l’Ensatt et de l’Esad. Le Menteur julia vidit ǁ Formation à l’École - Théâtre du Passage, avec A. Del Perugia, F. Clavier, N. Arestrup et J. Klesyk, puis au Conservatoire national supérieur d’Art dramatique. ǁ A joué au théâtre avec L. Lagarde Oui, dit le très jeune homme de G. Stein ; V. Gaultier-Martin La Vie de Timon ; J.- B. Sastre Les Paravents et La Surprise de l’amour ; avec J. Hankins et E. Bond Numéro d’Équilibre ; A. Ollivier Le Cid ; J. Vincey Madame de Sade… ǁ Crée en 2006 la compagnie Java Vérité et met en scène Mon cadavre sera piégé de P. Desproges ; Fantasio de Musset ; Bon gré Mal gré d’E. Bémer. Collabore avec V. Goethals au théâtre du Peuple pour la création de Caillasses de L. Gaudé puis de Small Talk de C. Fréchette. En 2014, elle met en scène Le Faiseur de théâtre de T. Bernhard ; en 2015 Illusions de Viripaev ; et avec L. Guédon Prises d’auteurs ! La compagnie Java Vérité est en résidence à l’ACB Scène Nationale de Bar-leDuc. Dans le cadre de l’accompagnement auteur / compagnie elle collabore avec l’auteur et dramaturge G. Cayet et crée Nous serons à l’heure. Ce projet s’inscrit dans le prolongement d’une recherche sur l’illusion théâtrale, menée au sein de la compagnie. De création en création, notre désir est d’explorer le théâtre comme un exercice de vérité à partager. Nous créons des formes variées à partir de textes écrits par des auteurs qui œuvrent autour de cette problématique : le réel et son double. Le premier spectacle, Fantasio de Musset, était une intrusion menée par le héros dans l’illusion d’une cour d’opérette imaginaire. Le Faiseur de théâtre de Thomas Bernhard nous engageait à créer une illusion préexistante. Le rideau s’ouvrait sur une auberge hyperréaliste. Le Faiseur de théâtre déréalisait le décor et son discours l’emportait : nous plongions au fil des actes le spectateur dans une abstraction théâtrale. En 2015, avec Illusions de Viripaev, la scénographie est un espace de projection, ce sont les acteurs-narrateurs, qui par leur récit, engagent les spectateurs à l’élaboration de ces illusions. L’intrigue du Menteur n’est pas vraisemblable et chez Corneille, comme le rappelle l’Abbé d’Aubignac, « c’est bien la conscience de la tromperie qui en garantit l’efficacité ». Plus Dorante ment, plus nous croyons à ses élucubrations. Et mensonge après mensonge, c’est chaque fois la vérité que l’on pense voir advenir. Dans un dispositif joueur, c’est la partialité des êtres et des choses que nous allons tenter de mettre en scène. ǁ Julia Vidit UNE ADORATION de Nancy Huston ǁ mise en scène Laurent Hatat A la mort de Cosmo, célèbre comédien-clown, s’ouvre une improbable audience où comparaissent ceux qui, vivants ou disparus, ont eu part à son destin. Dans l’entrelacs de leurs témoignages se dessine le portrait d’un homme qui « de mille fils de couleur tissait une vaste tapisserie bariolée » et qui, surtout, servait de réflecteur aux sourdes passions d’un village sans âme et dont émerge, lumineux, l’amour déraisonnable d’Elke, son ‘adoration’. « Il était comme un miroir dans un kaleïdoscope » ; et ce sont, au long de treize journées, vingtcinq personnages qui donneront leur ver« Ce miracle qui fait le tissu même de notre existence, au point que nous ne le voyons pas : des images qui étaient dans la tête de Cosmo sont venues dans la mienne, des fragments de sa vie sont devenus fragments de la mienne ... et, désormais, sion, à moins qu’il ne faille, pour élucider les causes et les conditions de sa mort, faire aussi parler les plantes et les animaux, et le couteau qui l’a transpercé. L’enquête policière cède le pas à une vertigineuse question sur l’identité et le tissu social, ce pêle-mêle des fantasmes. Ne serions-nous qu’une figure, un rôle dans la pièce, qu’à son insu, chacun écrit ? Par son architecture même, polyphonique, le roman de Nancy Huston appelle la scène. Où est Cosmo ? Dans la multiplicité des voix qui se rapportent à lui. « Où est l’espèce humaine ? Dans les fictions qui la constituent. » de la vôtre. Les histoires, elles seules, sont susceptibles de transformer en destinée le chaos de notre existence. Nous sommes tous des romans ambulants, foisonnant de personnages principaux et secondaires, ponctués par des ellipses, des moments de suspens et de drame, de longues descriptions ennuyeuses, des apogées et des dénouements. Tu me racontes ton histoire et je te raconte la mienne, ton histoire fait désormais partie de la mienne… » ǁ Nancy Huston, Une adoration 19 janvier > 18 février 2018 avec Océane Mozas, Mireille Herbstmeyer, Jeanne Lazar, Yann Lesvenan ǁ équipe collaboration dramaturgique Laurent Caillon, assistanat à la mise en scène Clara Benoit Casanova, scénographie Laurent Hatat et Nicolas Tourte, images Nicolas Tourte, lumières Anna Sauvage, espace sonore Antoine Reibre, costumes Martha Romero ǁ production anima motrix ; en coproduction avec La Comédie de Béthune ; avec le soutien de la Région Hauts-de-France et de la Drac Hauts-de-France. Une adoration laurent hatat ǁ Artiste associé successivement à l’Hippodrome de Douai, au Nouveau Théâtre de Besançon, au Théâtre de la Commune à Aubervilliers et actuellement au Théâtre du Nord à Lille. ǁ A joué au théâtre avec S. Maurice La Foi, l’Amour, l’Espérance de Ö. von Horváth ; J. Renault Louison de Musset ; J. Stickan Sur la grand’route de Tchekhov ; A. Alexis La Forêt d’A. Ostrovski ; J.-L. Wolff Le Dialogue dans le marécage de M. Yourcenar… ǁ A mis en scène Retour à Reims d’après D. Eribon ; Nanine de Voltaire et HHhH d’après L. Binet ; Les Piliers de la société de Ibsen ; La Précaution inutile de Beaumarchais ; Les Oranges d’A. Chouaki ; Nathan le sage de G. Ephraïm Lessing ; Dissident, il va sans dire de M. Vinaver ; Foley chevauchée irlandaise de M. West ; Dehors devant la porte de W. Borchert et Papa Alzheimer de L. Tartar ; Histoire d’amour (derniers chapitres) de J.-L. Lagarce ; Grand Cahier d’après A. Kristof. Et vous ? Cosmo, quand l’avez vous rencontré pour la première fois ? Cosmo, l’acteur le plus célèbre du pays ?! Quel est l’homme qui se cache derrière ce nom ? Est-ce un être de chair ou un fantasme bien commode pour combler vos désirs inavoués ? Bien sûr, Cosmo transforme votre vie, il ouvre la bouche et vous voilà héroïne, héros de roman, vous voilà personnage de théâtre, vous voilà immortel ! Il vous aspire Cosmo, pour lui il n’y a aucune distance, aucune différence entre vie et œuvre. Alors pourquoi l’a-t-on assassiné ? Qui l’a assassiné ? Vous voulez le savoir ? Vous voilà devant la scène du crime et le piège se referme sur les personnages qui la hantent. Ils sont tous là, ceux de toute une vie : l’amoureuse, l’amante, la mère, l’enfant, l’arbre, la biche et le couteau, comme dans une fable ancienne. Affolés dans la lumière, ils se volent la parole pour donner leur vision du cœur ensanglanté de Cosmo. Ils vous parlent, directement, droit dans les yeux, la chaire palpite et les récits des événements s’entremêlent. Dans la lumière violente, avec une beauté et une froideur plastique se révèle la plus belle et la plus effrayante des histoires d’amours. Vous voulez l’entendre ? Faites attention ! Parler du destin de Cosmo, c’est parler de soi, c’est s’exposer, c’est livrer l’endroit le plus intime, le plus humide de son être à la lumière crue du jugement des autres. Et il se pourrait bien que la machine se renverse et que la vraie question se pose : quel est ce besoin de fable qui nous hante, qu’est-ce qui nous anime au plus profond… l’amour, la peur ? Qui sommes-nous ici, ensemble, bientôt dans le noir ? ǁ Laurent Hatat QUAI OUEST de Bernard-Marie Koltès ǁ mise en scène Philippe Baronnet Homme d’affaires ruiné, Maurice Koch se rend en Jaguar, avec sa secrétaire, sur les quais d’une ville portuaire pour se donner la mort… Mais dans un hangar voisin, qu’il lui faut traverser, vit une famille d’immigrés : père à demi détruit par la guerre, mère vampirique, venue d’un pays lointain qu’elle évoque avec nostalgie, et leurs enfants : Charles, qui n’a qu’un rêve, traverser le fleuve et trouver un emploi, et puis Claire, la plus jeune, que son frère n’hésite pas à marchander… Comme déposés là aussi, Fak, petit dragon de 22 ans qui saute de combine en combine, et un homme sans paroles, Abad, le Noir, immobile et inquiétant… Heurt de deux mondes : « De l’autre côté là-bas, c’est le haut, ici, c’est le bas, le plus haut qu’on montera, de toute façon, on ne sera jamais que le haut du bas. » Et cet homme qui vient ici mourir, suscitant haine et envie, et qui, comme chacun d’eux, à sa façon, voudrait être ailleurs ! Tous sont devant un mur d’obscurité, et la présence de Koch relance la dynamique des transactions : droit de vivre, droit de mourir, dans le hangar tout se monnaie : « Ce sont des scènes d’échange et de trafic ; il n’y a pas de tendresse dans le commerce. » Question de survie. Colonialisme, violence sociale, exclusion, immigration, arrogance de l’argent : Koltès crée le choc révélateur du « ballottement de l’homme par l’Histoire ». 15 mars > 15 avril 2018 avec Félix Kysyl, Marc Lamigeon, Julien Müller, Marie-Cécile Ouakil, Vincent Schmitt… ǁ équipe scénographie Estelle Gautier, lumières Lucas Delachaux, son Julien Lafosse ǁ production Les échappés vifs ; en coproduction avec les Producteurs associés de Normandie : Comédie de Caen - CDN de Normandie, Centre dramatique national de Normandie - Rouen, Le Préau - Centre dramatique de Normandie - Vire, Scène nationale 61 Alençon - Flers - Mortagne-au-Perche, Dieppe Scène Nationale, Le Tangram - scène nationale d’Evreux Louviers, Le Trident - scène nationale de Cherbourg-Octeville. Quai ouest philippe baronnet ǁ Formation au cours Florent puis à l’École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre – ENSATT de 2006 à 2009. Dans le cadre de l’ENSATT a joué notamment avec : B. Sobel Cymbeline de Shakespeare ; C. Schiaretti Hippolyte/La Troade de R. Garnier ; A. Françon Les Ennemis de M. Gorki ; Ph. Delaigue Les Sincères de Marivaux, Les Démons de L. Norén ; J. Fioramante Andromaque de Racine ; C. Schiaretti Tête d’or de Claudel, Le Cadavre encerclé de K. Yacine ; V. Garanger La Bête dans la jungle de M. Duras ; G. Gotti L’Hamblette de G. Testori. ǁ Comédien permanent au Théâtre de Sartrouville en 2009, participe, jusqu’en 2012, aux créations de L. Fréchuret : Embrassons-nous, Folleville ! de Labiche, La Pyramide de Copi (comédien et assistant), L’Opéra de quat’sous de Brecht et Weill. Interprète De la salive comme oxygène de P. Sales, mise en scène K. Lardjam… ǁ Fonde la compagnie Les Permanents, aujourd’hui Les Échappés vifs – compagnie associée au Préau Centre dramatique de Normandie – Vire. ǁ A mis en scène en 2008 Bam ; en 2010 Phénomène #3 d’après les écrits de D. Harms ; en 2012 Bobby Fischer vit à Pasadena * de Lars Norén ; en 2014 Le Monstre du couloir de D. Greig ; en 2015 Maladie de la jeunesse * de F. Bruckner ; en 2016 - 2017 La Musica deuxième de M. Duras (*spectacles présentés au Théâtre de la Tempête). ǁ Cinéma avec L. Delplanque, Président. ǁ Diplôme d’Etat d’enseignement théâtral, 2010. Chargé d’enseignement de théâtre à Sciences Po Paris, depuis 2012. Echanger, manigancer, bluffer, faire chanter : le « deal », sujet majeur de Koltès, est pour moi une matière inépuisable pour mettre en jeu les acteurs, incarner des situations ambiguës et raconter la violence du monde. Au centre de toute relation humaine : le commerce – ici, on vend sa sœur contre les clés d’une voiture… Alors, avec l’épaisseur des personnages, le mystère du lieu et la présence d’une arme, on croit plonger immédiatement dans un drame. Et puis on réalise qu’on fait fausse route : pour moi la pièce Quai ouest n’est ni complètement tragique, ni tout à fait sérieuse ; elle témoigne d’un désespoir radical qui, pour l’auteur, n’est pas incompatible avec une certaine forme d’humour ! Dans ce hangar apparemment déserté et à l’écart du monde, Koltès confronte des gens qui n’auraient jamais dû se rencontrer. Le choc est brutal certes, la misère palpable, les personnages irréconciliables, mais leurs échanges nocturnes sont aussi inquiétants qu’incongrus, parfois aussi drôles que tragiques. Jouant avec l’urgence et le détour, l’étrange et le familier, le grotesque et le sublime, la pièce chemine et trouve une force peu commune dans cette indétermination. Il en va de même pour les personnages : cachant en permanence leurs véritables motivations, ils n’ont jamais l’air de penser ce qu’ils disent ni d’agir pour ce qu’ils désirent vraiment. Absolument inclassable, construite sur une intrigue très sophistiquée, Quai ouest est selon moi une pièce expérimentale, qui navigue librement d’un genre à l’autre. Shakespeare, Conrad ou encore Jarmush : Koltès joue de nombreuses références, souvent cinématographiques, mais toujours au service d’une langue singulière, éminemment théâtrale, qui déploie une poésie et une rhétorique insensées et qui, trente ans plus tard, résonne encore de manière inouïe. ǁ Philippe Baronnet BOURRASQUE de Nathalie Bécue ǁ mise en scène Félix Prader Lorsque Synge se rend en 1898 dans les îles d’Aran, au large de l’Irlande, c’est pour apprendre le gaélique et vivre avec les paysans. Là, dans un lieu sauvage et rocheux, « entouré de gens simples et passionnés comme son cœur », il découvre le caractère primitif de leur vie sociale, la ferveur véhémente qui les habite, leur faculté poétique qui se déploie en chansons et légendes, leur familiarité avec le surnaturel : la rudesse de la vie concrète ouvre sans coupure sur le merveilleux et le fantastique. Librement adapté de la pièce L’Ombre de la vallée, Bourrasque en reprend l’argument mais, redefinissant le parcours des personnages, en modifie les enjeux et la portée. Par un soir de violente tempête, dans une contrée reculée, Nora Burke veille son mari défunt, l’âpre et ombrageux fermier Dan Burke. Silence dans la chaumière isolée quand à la porte frappe un inconnu, éternel marcheur, nomade des collines, cueilleur d’histoires qui soulève de sa parole la beauté du monde et ravive dans l’âme de Nora la soif d’un ailleurs. Les intérêts primant, cédera-t-elle aux avances de Michaël Dara, le marin devenu berger qui vit à quelques lieues et convoite à la fois les biens et la femme ? Mais c’est méconnaître la malignité du vieux Burke et oublier que nous sommes là en pays de prodiges où l’au-delà se rappelle aux vivants. Et si la mort n’était qu’une ruse ? Si, soudain, s’éveillait le défunt, chahutant les vivants, que ferait Nora ? Nathalie Bécue, dans une langue rocailleuse, fait d’une pièce féroce et drôle une parabole sur le destin. Passé la bourrasque, Nora va dérouler « ses rêves sous ses pas ». 16 mars > 15 avril 2018 D’après les œuvres de J.M. Synge - variation sur « The shadow of the Glen » avec Nathalie Bécue, Pierre-Alain Chapuis, Jean-Quentin Châtelain, Jocelyn Lagarrigue ǁ équipe collaboration à la mise en scène Laura Thomassaint, scénographie et costumes Cécilia Galli ǁ production En Votre Compagnie ; en coproduction avec le Théâtre Montansier - Versailles, ABC - scène nationale de Bar Le Duc, le Centre culturel Jacques Duhamel - Ville de Vitré. félix prader ǁ A assisté Peter Stein, Klaus-Michael Grüber et Robert Wilson à la Schaubühne de Berlin. ǁ A mis en scène en France : Oncle Vania de Tchekhov, Homme et galant homme d’E. de Filippo, Le Mariage de Gogol, La Lettre codée de J. Tomeo et L’Apprentie Sage-Femme de Ph. Crubézy ; et une quarantaine de pièces en Allemagne, Autriche, Suisse, Espagne et aux U.S.A. ǁ A dispensé des stages à l’école du TNS de Strasbourg, aux CDN de Reims et d’Angers. Il a été professeur d’art dramatique au Mozarteum, Salzbourg (Conservatoire national). nathalie bécue ǁ Formation au Conservatoire national d’Art dramatique (1978-1981). ǁ Pensionnaire à la Comédie-Française (1982-1989). Prix du Syndicat de la Critique en 1982 et 2000. Lauréate en 2012 de la fondation Charles Oulmont pour L’Apprentie sage-femme. ǁ A joué au théâtre notamment avec W. Mouawad, P. Chéreau, C. Yersin, S. Seide, L. Pasqual, E. Recoing, F. Prader, J. Nichet, D. Guénoun, C. Hiégel, J.-P. Vincent, J. Rosner, J.-P. Lucet, J. Bouchot, Ph. Adrien, C. Benedetti... ǁ Cinéma avec M. Deville, A. Zulawsky, C. Templeman, C. Corsini, Ph. Leguay, D. Boccarossa, B. Tavernier, R. Stephanik, Pitoeff, A. Santana, Y. Angelo, F. Cavayé, M. Dugain, S. Cazes, J. Doillon, G. Gallienne… ǁ Professeur d’art dramatique à l’ARIA, au conservatoire Darius Milhaud Paris 14e et au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique. ǁ A mis en scène L’Atelier de J.-C. Grumberg, Les Trois Masques et L’île des esclaves. Bourrasque Bourrasque fait suite à L’apprentie Sage-Femme, premier volet d’une trilogie qui raconte la traversée d’un personnage féminin dans trois époques différentes. Trois actes d’un seul conte. Bourrasque est né d’un puissant engouement pour toute l’œuvre du poète et dramaturge irlandais John Millington Synge (1871-1909) et du désir d’interpréter et de partager la générosité et la puissance de ces personnages qui résistent à leurs épreuves, à leurs difficultés matérielles, aux fées, aux âmes errantes de ce monde irlandais du début du vingtième siècle. Je me suis approchée lentement, timidement et avec ferveur du roman de Synge, Les Îles Aran, dans lequel il trace son cheminement, ses rencontres et sa quête d’histoires auprès des îliens. Un conte a retenu mon attention, celui dont il s’est inspiré pour écrire The shadow of the glen. Je m’en suis emparée et au fil de mon imaginaire et de mes recherches, du travail effectué avec Félix Prader à partir du texte original de la pièce j’ai eu le besoin d’en écrire cette interprétation toute personnelle. Je me suis attachée à être fidèle à mes impressions de lecture tout en développant librement les caractères des personnages, les situations et les récits. La langue très travaillée de Synge – ainsi que le travail de Philippe Crubézy accompli dans son adaptation de L’Apprentie Sage-Femme –, m’a portée à inventer à mon tour un “parler” où j’ai eu à cœur de glisser toute la tendresse, toutes les violences des personnages et leurs non-dits, pensées loquaces, tempêtes intérieures, révélations à eux-mêmes, ouvertures de la pensée vers l’extérieur, vers l’issue que chacun cherche inconsciemment. Les quatre personnages sont des figures massives. Chacun se bat pour avancer. Le Type solitaire, figure énigmatique, s’enivre de sa marche, de ses mots qui invitent à vivre dehors, à l’air libre, un monde de rêve et de poésie. Il partira avec Nora. Daniel Burke en passant par le tunnel d’une mort sérieusement jouée échappera à son éternelle tristesse pour peut-être reprendre goût en l’avenir. Michaël Dara ne sera plus l’étranger, le marin, et sera - qui sait ? reconnu comme berger par le fermier Dan Burke, Nora sortira pour toujours de son immobilisme pour prendre sa vie à bras le corps. ǁ Nathalie Bécue LA LOI DES PRODIGES écriture et interprétation François de Brauer Un petit étudiant en histoire, devenu député, se lance dans une étrange croisade : l’extinction pure et simple de l’art et des artistes… Mais au-delà du personnage et de la réforme qui porte son nom - Goutard - qu’en est-il de l’homme ? Qu’est-ce qui a pu le pousser à rêver un monde sans artiste ? Face à lui un plasticien vain et prétentieux, tout aussi radical : Régis Duflou et en filigrane, la question du destin de l’art dans notre société. Pour corser le débat, interviennent experts et autres témoins qui ont façonné ou croi- sé le destin du dénommé Rémi Goutard. C’est ainsi que l’on suit, de l’appartement familial au musée, du plateau de télévision à la manifestation de rue, jusqu’au bureau aseptisé d’une invraisemblable tour gouvernementale, le parcours chaotique de ce réformateur heureusement méconnu. Un homme, seul en scène avec une chaise, anime ce monde et joue les épisodes-clés de la vie intime et politique de notre pathétique mais dangereux héros. Voilà une idée du tourbillon irrésistible dans lequel nous entraîne François de Brauer ! 25 avril > 13 mai 2018 avec François de Brauer ǁ équipe collaboration artistique Louis Arène et Joséphine Serre, lumières François Menou, costumes Christelle André, photos Ugo Mechri ǁ production La Compagnie des Petites Heures ; remerciements à : Jean-Michel Ribes et le Théâtre du Rond Point, Véronique Deshaires et le Théâtre de l’Atelier, le Théâtre Firmin Gémier/la Piscine - Chatenay Malabry, Martine Spangaro et le Théâtre du Petit Louvre - Avignon, le Jeune Théâtre National, la MC 93 Bobigny. La Loi des prodiges françois de brauer ǁ Formation au cours Florent, puis Conservatoire national supérieur d’Art dramatique (2007/2010). ǁ A joué au théâtre notamment avec G. Severac-Schmitz Richard II de Shakespeare ; C. Poirée La Nuit des Rois* et Beaucoup de bruit pour rien* de Shakespeare ; J. Vidit Illusions d’I. Viripaev ; M. Paquien La Locandiera de Goldoni et Les Femmes Savantes de Molière ; S. Llorca Les Deux nobles cousins de Shakespeare et Fletcher, Théâtre à la campagne de D. Lescot ; V. Serre Les Trois sœurs de Tchekhov ; Le Théâtre Nomade La Dernière Noce ; F. Guignolet La Vie parisienne d’Offenbach ; T. Bouvet La Ravissante Ronde de W. Schwab ; M. Kerzanet La Coupe et les lèvres de Musset ; J. Serre L’Opéra du dragon de Müller ; G. Montel Léonie est en avance de Feydeau ; C. Arthus Le Chant du tournesol d’I. Dalle (*spectacles présentés au Théâtre de la Tempête). ǁ Cinéma avec M. Deme, M. Nurzynski, Z. Arene, F. Olivier, J.-M. Ribes. Je souhaitais depuis longtemps me confronter au seul en scène, goûter à cette liberté et à ce risque. Après plusieurs années de travail en troupe sur des œuvres du répertoire, je ressentais le besoin de retrouver mes premières intuitions de théâtre, celles qui m’avaient amené, adolescent, à pratiquer les matchs d’improvisation. Je voulais me ré-approprier ces outils qui sont aussi ceux du jeu masqué, découvert plus tard au Conservatoire : le plateau nu, le mime et la composition de personnages. Un désir d’écriture fictionnelle me poursuivait également depuis longtemps et j’ai compris, en exerçant le métier d’acteur, que chez moi la pulsion de jeu était première dans l’acte d’écriture. Alors j’ai improvisé, devant une caméra, dès qu’une idée de situation ou de personnage pointait. J’ai improvisé partout : dans mon salon, dans les chambres d’hôtel, en tournée, dans les loges et (parfois !) dans une salle de répétition. Au fur et à mesure, je retranscrivais les improvisations qui me semblaient les plus pertinentes et les arrangeais en scènes, en me refusant, dans un premier temps, à chercher ce qu’elles pourraient raconter ensemble. Je guettais, parmi tous ces personnages, un héros dont les aventures se déploieraient sur une longue tranche de vie. Mon intention était épique, conscient qu’une épopée foisonnante serait sublimée par l’impression un peu dérisoire que suscite la solitude d’un acteur sur le plateau. Face à l’actualité et au fil de mes improvisations, l’idée de raconter l’histoire d’un homme politique et de son insensibilité totale à l’art s’est révélée. En défendant ce postulat jusqu’à l’absurde, je restais sur le terrain du burlesque et plaçais, au cœur de la pièce, le débat sur « l’utilité des artistes ». De plus, pour que la radicalité de mon héros ne soit pas trop facilement condamnable, je décidais de lui créer un adversaire aussi extrême, qui incarnerait ce qu’on peut imaginer de plus détestable chez un artiste. Mes collaborateurs Louis Arene et Joséphine Serre ont beaucoup contribué à mûrir ces idées, et m’ont accompagné dans toutes les étapes de la création. J’avais donc une thématique et de la matière improvisée, il me fallait maintenant construire mon histoire. Petit à petit, la structure s’est affirmée autour de cinq séquences chronologiques entrecoupées d’interviews de certains personnages de la pièce, qui donnent une impression d’existence réelle au héros… ǁ François de Brauer LE MAÎTRE ET MARGUERITE de Mikhaïl Boulgakov ǁ mise en scène Igor Mendjisky Le Diable est en visite dans le monde. Et autour de Woland – c’est son nom – s’entre-tissent trois récits : l’un relate la sinistre sarabande dans laquelle Moscou, dans les années trente, se trouve entraînée ; l’autre, l’amour du Maître pour Marguerite et un troisième, l’histoire de Ponce Pilate, dont la rédaction a rendu fou ledit Maître… Dans ce monde à la fois tragique et burlesque, les chats parlent, les démons paradent et chaque figure peut comporter un redoutable envers. Juxtaposant les époques, emboitant les récits, convoquant la tradition chrétienne et le mythe de Faust, alternant scènes réalistes et fantasmagoriques, alliant l’abject et le sublime - celui de l’amour de Marguerite -, Boulgakov constuit un univers parodique, carnavalesque. Woland, l’illusionniste, organise, pour une société sous hypnose collective, le spectacle de l’apocalypse grandiose où se déploient et l’horreur et le miracle de la vie. Le Diable a deux visages : en jouant de la réversibilité du bien et du mal, il est capable de semer la violence et l’effroi, comme de créer l’étincelle qui, dans un monde figé, donne naissance à l’amour et à la création. La liberté souveraine de l’imagination fait échec à la folie meurtrière de l’ordre imposé. 10 mai > 10 juin 2018 adaptation Igor Mendjisky ǁ avec Marc Arnaud, Clement Bresson, Romain Cottard, Alexandre Soulier, Esther Vandendriessche, Yuriy Zavalnyouk ǁ équipe lumières Stéphane Deschamps, costumes May Katrem, vidéo Yannick Donet, scénographie Claire Massard et Igor Mendjisky ǁ production Les sans cou. Le Maître et Marguerite igor mendjisky ǁ Formation au Conservatoire national d’art dramatique dans les classes de D. Valadié, A. Seweryn, M. Mayette et D. Mesguich. ǁ A joué au théâtre notamment avec S. Douret Le Dragon d’E. Schwartz ; R. Loyon Antigone de Sophocle, Soudain l’été dernier de T. Williams ; J.-Y. Ruf Mesure pour mesure de Shakespeare ; W. Mouawad Littoral ; M. Gonzales Molière en Masques ; E. de Sablet L’Échange de Claudel… ǁ Cinéma et télévision avec E. Niermans Le 7e Juré ; F. Olivier Vivre libre ou mourir ; G. Behat Requiem pour un assassin ; E. Deleuze Jardinage humain ; C. Klapich et L. Doillon Dix pour cent… En 2012 il réalise un moyen-métrage Mon papy produit par Top Shot Production. En 2014, il est invité, sur les conseils de W. Mouawad, à participer aux “Voyages de Kadmos”, dans le cadre du festival IN d’Avignon. ǁ A mis en scène tous les spectacles de la compagnie Les Sans Cou (qui obtient en 2012 le Prix Théâtre Adami) : Banquet à Babarville ; La Lamentable Tragédie du cimetière des éléphants ; Le Plus Heureux des trois de Labiche ; Cabaret pour tes parents ; Rêves de W. Mouawad et Hamlet de Shakespeare ; J’ai couru comme dans un rêve et Masques et Nez ; Idem (spectacle présenté en 2015 au Théâtre de la Tempête) ; Notre crâne comme accessoire, librement inspiré du Théâtre ambulant Chopalovitch de L. Simovitch. Depuis septembre 2014, il est artiste associé au Théâtre du Nord – CDN de Lille. L’œuvre de Boulgakov est un choc. C’est un bloc protéiforme mystérieux et slave qui résonne en moi depuis longtemps comme une ritournelle, une musique venue de l’enfance ou plutôt une symphonie étrange mêlant le sublime et le chaos. Boulgakov crée un espace de narration à mi-chemin entre l’inconnu et l’éternellement familier. En convoquant les grands mythes comme celui de Faust, il nous entraîne sur un chemin que nous croyons connaitre. Mais tout d’un coup l’opacité, la folie et la grandeur des songes se mêlent à tout ça. Le Diable tutoie les mythes modernes de la société de consommation, il réinterroge la notion de bien et de mal. Le poète fou dialogue avec un énorme chat et croise une sorcière sur le bord d’une route banale. Boulgakov nous réconcilie avec la magie des légendes. Il nous rappelle qu’aujourd’hui encore il est possible de déplacer les frontières de la réalité. Ce sont ces limites floues entre fiction et réalité, entre classique et moderne qui m’ont incité à adapter ce roman. C’est ce texte sans limite, comme l’est parfois le théâtre dont je rêve, qui m’a transporté. Boulgakov savait pertinemment qu’il ne verrait pas son roman publié de son vivant, il s’est donc tout permis sans aucune retenue. C’est cette permissivité que je chercherai en deux heures de spectacle, ce cri de liberté qu’on nous demande parfois de taire. Le spectacle sera joué en tri-frontal ; peut-être que nous jouerons dehors et que nous briserons les frontières du Théâtre, comme Boulgakov l’a fait dans son œuvre littéraire. Comme le Maître, on y parlera le français, le russe qui m’est cher, l’anglais, l’allemand, le grec et le latin. Nous chanterons, Marguerite dansera et volera, le Diable fera tomber une pluie d’indépendance et nous tenterons tous de hurler à l’unisson qu’on se doit d’épouser librement la vie telle qu’elle est. ǁ Igor Mendjisky CHANGE ME d’après Ovide, Isaac de Benserade et la vie de T. Brandon mise en scène Camille Bernon et Simon Bourgade Au premier siècle de notre ère, Ovide relate dans Les Métamorphoses la légende d’Iphis et Iante : Iphis, pour échapper à la vindicte de son père, a été élevée et travestie en garçon. À l’âge des amours, elle s’éprend de la jeune Iante : « À quoi puis-je m’attendre ? Moi que tient sous son empire un amour inconnu jusqu’ici, un amour monstrueux et sans exemple ? » La perspective du mariage imminent porte Iphis au désespoir, avant qu’une métamorphose divine ne vienne rétablir la norme et l’ordre social. En 1630, un jeune poète de la Préciosité, Isaac de Benserade, livre une comédie qui tire son argument de cette légende, et rend le mythe plus subversif : le mariage est consommé avant la métamorphose d’Iphis. En 1993, aux Etats- Unis, Teena Brandon, jeune fille travestie en garçon, est violée puis assassinée par ses amis quand ils découvrent sa véritable identité. En rapprochant le mythe de cet événement, en proposant un kaléidoscope de situations, en confrontant les personnages de légende et des sujets contemporains dramatiquement pris dans des questions d’identité - qui induisent secret et mensonges, violences, mais aussi audace et transgression -, le spectacle, par sa vitalité même, veut témoigner du caractère intemporel du récit originel. Camille Bernon et Simon Bourgade forgent un mythe contemporain qui entend répondre aux enjeux antiques de cette figure, à la frontière du masculin et du féminin. 23 mai > 10 juin 2018 avec Camille Bernon, Pauline Bolcatto, Pauline Briand, Baptiste Chabauty, Mathieu Metral ǁ équipe dramaturgie Mathilde Hug (Université Paris 3), scénographie Benjamin Gabrié, lumières Coralie Pacreau, son Vassili Bertrand, photographies Fabrice Domenet ǁ production déléguée Théâtre Paris-Villette, avec le soutien du CentQuatre - Paris, du Jeune Théâtre National et du Théâtre de la Tempête. camille bernon ǁ Formation dans la Classe Libre du Cours Florent, puis au Conservatoire national supérieur d’Art dramatique avec B. Blairet, J.-P. Garnier, D. Mesguich, M. Fau, Y. -J. Collin et P. Pineau. Elle met en scène au Cours Florent Une Saison en enfer de Rimbaud et Pasiphaé d’H. de Montherlant. ǁ A joué au théâtre notamment avec J.-P. Garnier Fragments d’un pays lointain* d’après J.-L. Lagarce ; C. Poirée Beaucoup de bruit pour rien*, La Nuit des Rois* de Shakespeare, Vie et mort de H, pique-assiette et souffre-douleur* d’H. Levin ; D. Lescot J’ai trop peur de D. Lescot ; C. Tordjman Monologue du nous de B. Noël (*spectacles présentés au Théâtre de la Tempête). ǁ A co-mis en scène en 2015 avec S. Bourgade Le Songe d’après Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare. simon bourgade ǁ Formation dans la Classe Libre du Cours Florent, puis au Conservatoire national supérieur d’Art dramatique avec Nada Strancar et Sandy Ouvrier. ǁ A joué au théâtre notamment avec B. Sobel Le Juif de Malte de Marlowe ; L. Duskova Das ist die Galerie d’après H. Müller. ǁ A mis en scène : en 2013 dans le cadre des « cartes blanches » du Conservatoire Les Choéphores d’Eschyle ; en 2015 avec C. Bernon Le Songe d’après Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare ; Purifiés de S. Kane ; Agnus Dei de V. Cova ; avec la compagnie du Bonheur vert Invite à l’amour d’après Belle du seigneur d’A. Cohen. ǁ Cinéma avec R. Brakni De Sas en sas ; R. Campillo 120 battements par minute, sur les années SIDA. Change me Notre spectacle met en scène la difficulté de l’affirmation de soi, de sa sexualité, de son identité au milieu des autres et interroge la question du genre. Suis-je obligé de me comporter comme une fille à cause de mes attributs sexuels ? Puis-je vivre comme un homme, et aimer qui je veux ? Nous suivons l’histoire d’une jeune fille travestie qui fait croire à son groupe d’amis et à sa petite copine qu’elle est un homme. Au cours d’une soirée où les deux jeunes filles s’apprêtent à avoir leur premier rapport sexuel, l’identité de la jeune travestie est révélée et le scandale éclate. L’histoire bascule dans la violence. Alors, comme des fantômes surgissant du passé, font retour la fable mythologique d’Ovide, des interviews extraites du documentaire consacré à Teena Brandon, des scènes en alexandrins de la pièce de Benserade.... L’histoire jusqu’ici linéaire, se tord, se transforme… Change me suit le parcours intime de tous les protagonistes. Les propos, aussi virulents soient-ils, y sont portés avec force. L’incompréhension et le rejet de la mère, les préjugés et le dégoût transmis par le milieu sexiste ainsi que l’aliénation du personnage principal sont formulés. Au moment de la révélation, tout l’entourage se trouve ébranlé, et la nouvelle provoque chez chacun des réactions violentes. Au cours de la représentation, le spectateur, quelles que soient ses convictions, peut envisager différents points de vue et partager des expériences contraires à la sienne. Ce spectacle offre, nous l’espérons, une possibilité de ne pas être tétanisés par la violence. Elle n’est pas selon nous une fatalité à l’antique, mais un point de départ pour inventer une autre issue au tragique qui traverse nos vies. ǁ Camille Bernon et Simon Bourgade Prochainement : la Tempête vous convie à un événement exceptionnel du 22 au 25 juin 2017 ! BANQUET LA BAYE texte de Philippe Adrien (éditions cent pages) ǁ mise en bouche Clément Poirée Dans un pavillon en bord de mer, la famille Louis se prépare à recevoir la famille Jean. Ce dimanche commence mal : le repas n’est pas prêt, la table pas mise, la mère se désespère, le père ne fait rien, et les enfants font les enfants… La Baye, pièce écrite en 1967 par un jeune auteur de théâtre qui devait par la suite se consacrer avant tout à la mise en scène, fut créée la même année au Festival d’Avignon dans une mise en scène d’Antoine Bourseiller. On y découvre en germe les qualités de Philippe Adrien : fougue, humour, onirisme et impertinence. Après avoir animé la Tempête pendant 30 ans, Philippe Adrien passe aujourd’hui le relais à Clément Poirée. Le moment est venu de lui adresser un clin d’œil reconnaissant : nous vous convions donc à un banquet-spectacle festif, un impromptu foutraque et musical. Nous y célèbrerons Philippe Adrien, grand serviteur de la Tempête, de la Cartoucherie, et plus largement du théâtre et des auteurs. Cette fois, ce seront ses mots à lui que nous vous servirons. avec Pierre-Alain Chapuis, Eddie Chignara, Valentine Galey, Pierre Lefebvre Adrien, Matthieu Marie, Guillaume Marquet, Luce Mouchel, Juliette Poissonnier, Mireille Roussel, Sacha Todorov…. Infos pratiques Renseignements et réservations ǁ Théâtre de la Tempête, Cartoucherie, route du Champ-de-Manœuvre, 75012 Paris ǁ 01 43 28 36 36 du mardi au vendredi de 11 h 30 à 13 h et de 14 h à 18 h 30, samedi de 14 h à 18 h ǁ billetterie en ligne : www.la-tempete.fr Prix des places ǁ plein tarif ...........................................................................................................20 € ǁ collectivités, groupes, seniors, habitants des 12e et 20e arr., de Vincennes et Saint-Mandé...............................................................................16 € ǁ de 26 ans, demandeurs d’emploi ........................................................................12 € ǁ tarif unique le mercredi .......................................................................................12 € ǁ groupes scolaires ............................................................................................... 10 € Nos formules d’abonnement ǁ Carte Tempête 3 spectacles, nominative ............................................................. 36 € tarif spécial - de 26 ans (8 € la place)................................................................. 24 € ǁ Carte Tempête 5 spectacles, nominative.............................................................. 55 € tarif spécial - de 26 ans (8 € la place)................................................................. 40 € ǁ Passeport Tempête 10 places ........................................................................... 100 € NOUVEAU SITE INTERNET à découvrir en septembre 2017 ! www.la-tempete.fr Ticket Théâtre ǁ découvrez les programmations de 23 théâtres parisiens et de proche banlieue au tarif unique de 12 €. ǁ renseignements sur le site : www.ticket-theatre.com