la danse à biarritz # 64 - Malandain Ballet Biarritz

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JANVIER > MARS 2016
ÉDITO
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ACTUALITÉ
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ACTIVITÉ
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DANSE À BIARRITZ #64
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SENSIBILISATION
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FORMATION
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LE LABO
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EN BREF
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CALENDRIER
JOURNAL D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL D’AQUITAINE EN PYRÉNÉES ATLANTIQUES MALANDAIN BALLET BIARRITZ
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Claire Lonchampt & Mickaël Conte, La Belle et la Bête © Olivier Houeix
ÉDITO
D ans le cadre du Pôle de coopération
chorégraphique du grand Sud-Ouest
créé en 2012 avec le soutien du Ministère de
la Culture et de la Communication, le Ballet
de l’Opéra national de Bordeaux conduit par
Charles Jude et le Malandain Ballet Biarritz
lancent un Concours de Jeunes Chorégraphes
dont la première édition aura lieu à Biarritz
en avril prochain. Loin d’être un concours de
plus, il se donne pour objectif de promouvoir
dans son expression contemporaine ce que l’on
nomme la danse classique. Mais osons parler
de « ballet de demain » (1), puisqu’il s’agit aussi
d’attirer l’attention sur son avenir, même si ce
sujet est usé jusqu’à la corde à force de vieillir.
Parce que tout lasse. Parce que la mode ne
s’est jamais souciée d’être sensée et juste.
Par l’impéritie des pouvoirs. Par la faute des
hommes. Par exagération ou une opinion peutêtre trop pessimiste, régulièrement, on entendit
ce cri mêlé de larmes : « La danse se meurt,
la danse est morte ! » Ces pleurs versés sur le
tombeau de Terpsichore sont même à l’origine
de la naissance de la danse classique, que le
XVIIe siècle épris de beauté qualifia de « belle
danse ». C’est en effet, pour « rétablir ledit Art
dans sa première perfection, et l’augmenter
autant que faire se pourra », pour lutter contre
les abus capables de le porter à « une ruine
irréparable »(2) que Louis XIV créa l’Académie
royale de Danse en 1661. Ce qui constitua son
premier geste officiel, mais contentons-nous
de dire : autre temps, autre mœurs, et de faire
briller une autre vérité.
Claire Lonchampt & Mickaël Conte, La Belle et la Bête © Olivier Houeix + Yocom
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D’évidence, trop occupés à former des
danseurs pour avoir le temps de s’asseoir, les
treize « Académistes » nommés par le roi se
vouèrent au « plus profond silence » (3). Aussi
est-ce Pierre Beauchamps, le premier maître de
ballet de l’Académie royale de Musique (1669),
autrement dit de l’Opéra de Paris (car, si Louis
XIV n’a jamais déclaré : « l’Opéra, c’est moi ! »,
l’Opéra c’est lui), qui fixa les principes de la
« belle danse ». Citons : l’aplomb, la rigueur,
l’élégance…, « l’en-dehors » sur lequel il y aurait
plus à dire, vu qu’un système ouvert interagit
en continu avec son environnement. Puis les
« cinq positions » qui serviront d’alphabet à un
vocabulaire capable de s’enrichir sans cesse,
puisque l’esprit humain est toujours en action
et que la danse suit son évolution.
Mettant à profit les leçons de la Renaissance
italienne, ces « sacro-cinq » positions dont on
ne doit s’écarter comme de l’allée d’un jardin
régulier, fixent alors la bonne marche des pieds.
Celles des bras, puis de la tête et du corps
aujourd’hui oubliées, seront définies petit à
petit. Fait à noter, elles seront structurées autour
d’un chiffre associé à la figure du pentagramme,
qui répond symboliquement au chiffre de
la volonté divine, à celui de la vie, à celui de
l’homme, de ses cinq sens, avec la liberté
de les utiliser pour chercher, expérimenter,
s’affranchir de la routine. A ce titre, la fantaisie
des chorégraphes empruntera bientôt au style
pittoresque des jardins à l’anglaise. Pour dire
que « l’en-dedans » contraire aux usages et les
6e et 7e positions sélectionnées au XXe siècle
par Serge Lifar auront largement fleuries avant
de figurer parmi les semences de la danse dite
« néoclassique ».
Le beau étant regardé au XVIIe siècle comme
une promesse de bonheur, portées par la mode
et les conquêtes, les règles de la « belle danse »
s’imposeront partout en français par le biais
d’un système d’écriture, mais surtout oralement
et de corps à corps, puisque jusqu’au XIXe siècle
la France fournira les nations étrangères des
représentants de son école. Toutefois, même si
l’expression : « nul n’est prophète en son pays »
se traduit dans toutes les langues et qu’on
proclame fraternellement que l’art est sans
patrie, là où le bât blesse, c’est que la plupart
de ces émissaires seront « forcés de chercher
ailleurs ce qu’ils auraient dû rencontrer ici ! » (4)
et qu’ils développeront ce que nous laissions
perdre.
C’est ce qu’il ressort de notre histoire si on
l’examine de près. Mais, pour retourner
la légende dorée offerte à l’admiration
d’aujourd’hui, il faudrait un livre entier puisque
de Jean-Georges Noverre l’inventeur français
du « ballet d’action » (5) dont les conceptions
chorégraphiques figurent toujours au centre
des discussions, à Marius Petipa honoré par son
pays d’origine d’une médaille de sauvetage en
mer, ce qui explique sans doute pourquoi ses
ballets permettent toujours aux paquebots de
rester à flot, en passant par nombre d’efforts
novateurs oubliés comme ceux de Louis Henry
ou de Jules Perrot, la France laissa tomber les
plus illustres chorégraphes des XVIIIe et XIXe
siècle.
Cette énumération qui devrait suffire pour
faire entrevoir ce que l’on perdit, ne dit pas
que la création maintient la danse en vie tout
en donnant la main à un enseignement fondé
•••
ÉDITO
•••
la table rase du passé n’alla pas sans quelques
passions despotiques. Elles découragèrent
nombre de pratiquants d’une langue jugée
périmée, mais n’écrasèrent pas tout.
sur une tradition renouvelée. « Tant que l’on a
marché avec la tradition, écrit Léopold Adice
en 1859, l’instruction dansante a été féconde ;
en revanche, du moment que l’on a délaissé
les traditions l’enseignement a rétrogradé, n’a
alimenté que le corps de ballet, a cédé la place
à l’école étrangère » (6). Léopold Adice désigne
ici l’école italienne, qui imposa sa supériorité
en France pendant près d’un siècle. Ainsi pour
exciter la sympathie et réussir mieux valaitil porter un nom fleurant bon les raviolis. De
fait, de 1830 au début du XXe siècle, de Marie
Taglioni à Carlotta Zambelli, l’Italie fournit
les premiers rangs de l’Opéra. On sauvera,
Léontine Beaugrand, qui fit dire à son directeur,
Nestor Roqueplan : « Elle danse en français :
on ne se relève pas de cela ! » (7). Les autres
traînèrent paresseusement dans l’attente
de jours meilleurs, c’est-à-dire de directions
qui ne sacrifient pas la danse au profit de
l’art lyrique, ou bien choisirent sous un nom
italien ou pas les théâtres plus actifs, les plus
innovants. D’autres enfin récoltèrent les bravos
à l’étranger, à l’exemple de Victorine Legrain
qui après une carrière européenne enseigna
à Turin. Fleur du paradoxe, plusieurs de ses
élèves feront honneur à sa pédagogie en France
jusqu’au seuil du XXe siècle.
On ne peut toutefois pas fermer les yeux au
fait qu’aujourd’hui la création, le répertoire,
les conditions de l’enseignement de la danse
classique fichent le camp de chez nous.
Cependant, séchez vos larmes, car même si la
mort se situe au cœur de la condition humaine,
il serait excessif ou défaitiste de dire qu’elle est
morte ! Parce qu’à l’instar de l’air qu’on respire,
sans distinction de style, la danse est nécessaire,
pour ne pas dire vitale dans un monde devenu
trop dur. Parce que dans sa forme historique ou
actuelle, la danse classique remplit toujours les
théâtres où sans honte, on se laisse transporter
par le souffle d’un art ancestral qui naquit du
besoin d’exprimer en mouvements les lois de
Parce que les temps se suivent et se
ressemblent, du moins dans les grandes lignes,
en 1969, Jaque Chaurand, las d’entendre
qu’il n’y avait pas de chorégraphes en France
lança à Bagnolet le concours : « le Ballet pour
demain ». Une idée fixe veut que Serge Lifar
dont l’influence sur l’essor de la danse française
ne peut-être contestée, empêchait alors les
jeunes créateurs de s’exprimer. A dire vrai, il
ne régnait plus à l’Opéra depuis 1958, puis
comme en témoigne l’article consacré plus loin
à René Bon, dans un besoin de renouvellement,
après-guerre émergea au contraire une foule de
chorégraphes, qui peu ou pas soutenus par les
Autrement, on l’a dit, la mode n’est pas
toujours ce qu’il y a de mieux, ni l’indice d’un
progrès, surtout quand elle est poussée par des
inexperts qui déclarent la guerre aux usages pour
s’instituer les organisateurs d’une révolution
supposée bienfaitrice. C’est ainsi qu’au XIXe
siècle, les intellectuels et la presse aux mains de
la bourgeoise capitaliste bannirent les hommes
de la scène pour privilégier les danseuses en
costume masculin. Cette suprématie du ridicule
sous laquelle succomba le danseur, s’étendit
là où la France conservait son influence et se
prolongea chez nous bien après 1930.
Mais tout n’est pas sombre comme le désespoir,
d’abord les modes passent, puis après l’Italie,
un autre pays jeta sur notre terre de grands
talents : peut-être pour nous consoler. Certes,
ils reléguèrent loin du soleil, des hommes et
des femmes qui sans la considération du « ToutParis » rénovaient la danse classique. Certes
après l’heure italienne, il fallut se référer à un
autre fuseau horaire, mais l’oxygène apporté
par les Ballets russes de Serge Diaghilev fut un
bienfait. Ainsi, dans la fraîcheur de la nouveauté,
les beautés de la tradition qu’exhalaient Les
Sylphides de Michel Fokine enthousiasmèrent
clairement les élites mondaines. Quant aux
ensembles masculins des Danses Polovtsiennes
du Prince Igor, ceux-là même qui ne pouvaient
composer avec les représentants du « sexe
laid », acclamèrent les danseurs de Diaghilev
comme s’il s’agissait de femmes. Sans le
moindre sens critique, ce qui justifiera cette
récrimination d’un danseur : « Quelqu’un a
dit : " En France, on danse avec ses pieds ; en
Russie, on danse avec son âme..." C’est bien
possible, mais, quand on s’occupera de notre
estomac en France, vous verrez comme l’âme
nous poussera vite ! » (8).
La Belle et la Bête © Olivier Houeix
pouvoirs publics durent se battre avec mille
difficultés. Au reste, en 1954, un « ConcoursRéférendum du Ballet » en aidera quelquesuns. Celui du « Ballet pour demain » dont le
jury sera longtemps composé de personnalités
de la danse classique, ne se contenta pas de
découvrir les grands noms de « la nouvelle
danse » qui feront circuler un vent neuf porté
par des influences américaines et allemandes
trop longtemps ignorées. Dans les années
1980, à la faveur d’une augmentation de
budget sans précédent, il décida l’Etat à
élaborer une véritable politique en faveur
de l’art chorégraphique. Seulement, les
révolutions se laissant entrainer à repousser
toutes les entraves, en quête d’un geste neuf
et original, « la nouvelle danse » fit du ballet
classique la cause de tous ses maux. De fait,
la nature et les passions de l’homme. Parce
qu’hors de nos frontières, elle se porte plutôt
bien, ce dont témoigne les candidatures
enregistrée à notre concours. Puis, l’histoire se
répétant « en farce » disait Karl Marx, parce que
d’aucuns finiront un jour par adorer ce qu’ils
ont brulé. Alors, un sauvetage étranger sera
envisagé pour la ranimer. Raison de plus pour le
faire sans tarder en ayant foi dans nos propres
forces.
(1)
Comoedia, à propos de Serge Lifar, 20 novembre 1935
(2)
Lettres patentes du 30 mars 1662
(3)
J.G Noverre, Lettres sur la danse, lettre V, 1803, II, p.40
La sténochorégraphie, ou L’art d’écrire promptement la
danse, Arthur Saint-Léon, 1852, p.15
(4)
Ballet narratif où l’action dramatique se développait à
l’aide de la danse et de la pantomime, se distinguait du
divertissement mettant en valeur le mouvement pur.
(5)
n Thierry Malandain, janvier 2016
(6)
Théorie de la gymnastique de la danse théâtrale, Chaix,
1859, p.64
(7)
La Vie à Paris 1880, Jules Claretie, V. Havard Editeurs,
p.109
(8)
La Rampe, 3 janvier 1918
4 5
ACTIVITÉ
ACTUALITÉ
Cendrillon
à Limoges
Donostia / San
Sebastián 2016
Europako
Kultur
Hiriburua
Coproduction de la Biennale de la
danse de Lyon et de Château de
Versailles Spectacles, La Belle et la
Bête accompagnée par l’Orquesta
Sinfónica de Euskadi sous la
direction d’Ainars Rubikis a été
présenté les 5 et 8 décembre à la
Gare du Midi de Biarritz, puis les 11,
12 et 13 décembre à l’Opéra royal
du Château de Versailles.
La Belle et la Bête
à Biarritz et à Versailles
Sous l’égide de Donostia / San Sebastián
2016 Capitale Européenne de la Culture
et du projet transfrontalier Ballet T, le
Malandain Ballet Biarritz accompagné
de l’Orquesta Sinfónica de Euskadi dirigé
par Ainars Rubikis, présentera La Belle et
la Bête au Palacio de congresos y música
de Bilbao le 28 janvier, au Baluarte de
Pampelune le 1er février et au Kursaal de
Donostia / San Sebastián les 3 et 4 février.
Miyuki Kanei & Daniel Vizcayo, Cendrillon © Olivier Houeix
Par ailleurs, dans le cadre de la ligne de
programmation « Conversations » de
Donostia / San Sebastián 2016 Capitale
Européenne de la Culture, le 6 février à
17h et 20h, un « Bal de la Belle et la Bête »
sera proposé au Teatro Victoria Eugenia
pour un public de 9 à 99 ans. Il sera animé
une heure durant par Arnaud Mahouy
entouré des danseurs du Malandain Ballet
Biarritz et célèbrera de manière originale et
conviviale « le danser ensemble ».
Gratuit
sur inscription dans la limite
des places disponibles :
malandainballet.com/bal
+34 943 48 38 60
+33 (0)5 59 24 87 65
Mickaël Conte & Claire Lonchampt, La Belle et la Bête © Olivier Houeix
LA PRESSE EN PARLE
En ce début d’année, outre des
représentations en France, Allemagne,
Suisse et Espagne, en association avec
Danse Émoi - biennale 2016, le Malandain
Ballet Biarritz se produira dans la nouvelle
grande région avec Cendrillon, les 16 et
17 janvier à l’Opéra-Théâtre de Limoges.
L’Orchestre de Limoges et du Limousin
sera placé sous la direction de Philippe Hui.
6 7
Et suivre droit son
cœur
Que les choses soient bien claires : le
manque d’amour ne tue pas, on en
crève, c’est tout. A petit feu, à tout petit
bouillon muet, le sourire aux lèvres s’il le
faut. Faire bonne figure est une stratégie
de socialisation ordinaire pour un paquet
d’affamés. Mais même accoutumée à une
certaine dose de trop peu, de rien ou de
pas grand-chose, au cœur de l’exaspérante
cacophonie de la solitude, force est de
constater, sismographe braqué sur l’âme,
la persistance du chuchotement et des
lueurs. Je sais ce soir qu’au fond du placard
intime tambourine le secret espoir que la
puissance de feu de Thierry Malandain,
être plein et entier, artiste potentiellement
aussi affamé d’amour que nous le sommes,
pourrait bien enchanter le dîner.
C’est donc la faim au ventre, le cœur
vorace, perdue au milieu de la foule venue
goûter la sortie de création de « La Belle
et La Bête », que je m’installe de façon
précaire, sur une chaise sciemment choisie
pour son inconfort et sa capacité à négocier
avec la fatigue du jour en cas de faiblesse.
Il y a quelque chose de fébrile dans le flot
de spectateurs. Une tension particulière
aux soirs de première, un pépiement
nerveux qui vous gagne, vous envahit, vous
dépossède de vos pensées, jusqu’à être
apaisé enfin par l’obscurité qui se fait et les
premières notes de Tchaïkovski servies par
l’orchestre symphonique d’Euskadi.
•••
ACTIVITÉ
ACTIVITÉ
•••
Le jour se fait, trois danseurs, en noir et
blanc : l’artiste, son corps, son âme. Il faut
un certain humour métaphysique pour
représenter la dualité de l’être par un trio.
Ou un penchant pour une vision orientale
façon yin-yang selon laquelle opposition,
interdépendance et unité se résolvent, se
dissolvent et s’engendrent perpétuellement
en un seul et même tourbillon vital infini.
Ou est-ce tout simplement le désir de
dire la complexité de la création et du
geste artistique, de dompter les démons,
d’apprivoiser les affres, d’harmoniser les
sentiments, de cheminer vers le beau,
l’épure, la quintessence ?
La Belle et la Bête © Olivier Houeix
Mais bientôt le conte et sa douce
mystification l’emportent sur le monde
intérieur de l’artiste en souffrance, sorte
de double « intranquille » de la Bête. La
cour est joyeuse, le divertissement une
religion, c’est léger et doux comme un
printemps valsé, insouciant et chatoyant
de l’or patiné qui cerne les tableaux d’hier.
On danse un menuet, on sourit, on jouit,
c’est que ce petit monde est frivole, que
voulez-vous. Quand soudain l’un des
immenses rideaux noirs qui seuls feront
décor d’un bout à l’autre du récit – abri,
refuge, sombre forêt, antre, espace-temps
dissocié, intimité retrouvée – absorbe la
fête moirée, tandis que les oripeaux du
bonheur bourgeois jonchent peu à peu la
scène sur les sonorités sourdes du basson
et de la contrebasse. La pauvreté s’invite
au dîner, grise, austère, discrète mais
sûre, sans complications ni entrechats. Le
dénuement, c’est simple comme bonjour
lorsqu’il n’est pas une éthique mais un
destin.
A peine plus tard, le père, dans la nuit
égaré, s’est réfugié dans l’antre sylvestre
et aristocratique de la Bête. D’une
image saisissante, Malandain convoque
la puissance de l’imaginaire fantastique
avec sa monumentale table de conte,
quasi personnage, animal fantastique prêt
à bondir, frémissante d’une vie propre
autour de laquelle la liturgie du merveilleux
s’accomplira sans faillir : la coupe est portée
aux lèvres, le voyageur s’endort, et le petit
matin porte la blancheur éblouissante
d’une rose iridescente, virevoltant sur
le plateau, arrachée contre son gré au
corps et à l’âme de la Bête, scellant pour
jamais le destin de la Belle. Consolider un
royaume, redorer un blason, s’acheter une
respectabilité, calmer un courroux divin,
épargner des vies ou arrondir des fins de
mois…
Il est toujours déconcertant de constater
la facilité avec laquelle est livré le corps
des filles au profit des familles. La Bête
est horrifiante et ténébreuse, certes, et le
fatum du conte toujours particulièrement
obstiné. Mais somme toute, un père se
sera encore, pour ainsi dire, conformé aux
usages du temps en désignant à sa fille le
gendre de son choix. Sacrifier la tendre et
aimante Belle pour sauver la peau d’un
vieil homme épuisé et lessivé par la vie
est-il vraiment si contraire à l’ordre des
choses ? Pas vraiment. D’autant moins si
l’on songe que pour ce père en déroute,
la vision de l’union charnelle de sa tendre
enfant avec un autre homme, quel qu’il
soit – bouclier définitif contre le tabou
universel de l’inceste filial – relève d’une
scène insoutenable, où le fantasme fait de
l’amoureux un satyre, de l’amant une bête
à abattre.
L’instant des retrouvailles, lors du retour
du patriarche au logis, donne d’ailleurs
l’occasion d’un magique et troublant
« pas de deux » entre père et fille, si
affectueux, jouant d’une sensualité si
franche, d’une familiarité si chaude et
déliée qu’on en vient à douter du lien
filial, à vérifier mentalement la distribution
des personnages pour s’assurer que l’on ne
fait pas erreur. Et subitement, on souhaite
avec ardeur et anxiété que la Bête surgisse.
Gendre idéal ou amant bestial peu importe,
que l’être lunaire au visage sans nom, que
l’être de chair et de nuit vienne donc enfin
s’emparer de la Belle, qu’elle arrache au
regard et aux enlacements paternels cette
jeune fille avide d’amour. Et vite.
La rencontre entre la Belle et sa Bête,
entre l’innocence à déflorer et la bestialité
à apprivoiser sera d’une beauté absolue.
Vous traversent toutes les images de récits
vampiriques du 19e siècle, lorsque la jeune
fille au corps défaillant et abandonné,
devenue met de choix pour une prédation
nuptiale et charnelle, est couchée sur la
table, offerte à la dévoration symbolique.
Des répliques ardentes de cette vision
originelle ponctuent l’apprivoisement
réciproque, la Bête devenant sourdement
désirable et le corps sacrificiel de la Belle
de plus en plus maîtrisé, rayonnant d’ors
grisés aux accents de lune (on pensera
souvent aux robes couleur de lune, couleur
du temps et couleur de soleil de Peau
d’Âne).
Mais voici que l’idylle encore indicible
est interrompue par un retour de la Belle
auprès de son père malade. Les sœurs
comptent les épaisseurs de broderies,
dépouillent leur blonde et douce cadette
en sautillant. On se réjouit sottement et
gentiment, comme on plongerait les doigts
dans une boîte de loukoums venus de
confins exotiques et irréels mais opulents.
Le corps de la jeune amoureuse n’est
plus un sanctuaire mais le chemin le plus
direct vers la richesse perdue. Je retrouve
mon indignation d’enfant, décuplée par
la faim d’amour. Peut-on tuer le père par
amour pour une Bête ? Plutôt deux fois
qu’une ! Père et mère s’il le fallait. Et la
souffrance inouïe de la Bête, abandonnée
à sa sauvagerie, les hurlements muets de
son retour à l’état de nature, son agonie
immense vous saisissent à la gorge sur un
crescendo de cordes terribles puisées dans
l’Adagio Lamentoso de « la Pathétique ».
L’union magnifique de la Belle et la Bête
réunies, l’amour qui se dit enfin, pressé
par le spectre de Thanatos, autorisent
la métamorphose de l’être nocturne en
prince radieux, une métamorphose ôtée
à la vue, voilée de pudeur, enlacée dans
un rideau-refuge, préservée par le secret
des nuits et de la première étreinte. La
lumière solaire qui incendie le plateau, le
somptueux océan d’or liquide disent la
puissance de la sève pulsée par ce rêve
d’amour, qui irrigue jusqu’aux démons de
la Bête, jusqu’à l’artiste enfin réconcilié
corps et âme.
Saurait-on jamais vraiment donner à un
artiste tout l’amour qu’il mérite. Sauraiton comment faire d’ailleurs… Des chiffres
de vente ? Des critiques ? Des taux de
réservation ? L’applaudimètre ? Des mains
serrées ? Quel code social utiliser pour
transmettre à Thierry Malandain que les
éternels débats sur la nature de sa danse,
que les critiques bonnes ou mauvaises sur
son travail, ne nous racontent finalement
rien sur ce qui nous importe réellement,
sur ce qu’on aimerait qu’il sache sans
ambiguïté, comme ça, à plat, comme le
message émergeant d’un rêve dont on a
oublié le contenu mais dont la sensation
persiste violemment : sa sincérité,
son intégrité et son exigence nous
bouleversent. L’élégance et la générosité
de cette épiphanie de l’être dans les
hautes lumières sont un baume bienfaisant
qui rappelle à nos chuchotements et nos
lueurs qu’il n’y a d’autre chemin que de
suivre droit son cœur.
n Eklektika, Sevàn l’Hostis,
6 décembre 2015
C e n’est pas la première fois que
Thierry Malandain se plonge dans
la création d’un ballet en s’inspirant
d’un conte. Sa Cendrillon de 2013, avec
plus de 100 représentations jouées dans
le monde entier, a connu un succès
incontestable. Cette année le directeur
du Malandain Ballet Biarritz présente
une nouvelle création, La Belle et la Bête.
Cependant, la vocation artistique du
chorégraphe ne pouvait assurément pas se
contenter de « refaire » un nouveau ballet
narratif. Il tourne la page pour nous livrer
une pièce qui prend ses références dans
cette histoire enchantée et la dépasse.
Mais sous quelle forme ?
D’ailleurs Jean Cocteau dans son film de
1946 avait donné un rôle central à Bête,
personnage à la fois bête et homme,
terrifiant et fragile, menaçant et vulnérable.
Son amour pour Belle sera dès le début
total et exigeant, brutal et sensible. Il est
en proie à des démons et lutte contre sa
nature sauvage. Cette situation d’être
hybride l’éloigne de l’amour et d’une
vie commune avec Belle, ce qui l’afflige.
Arnaud Mahouy & Mickaël Conte, La Belle et la Bête © Olivier Houeix
La Belle et la Bête, Opéra Royal de Versailles © Olivier Houeix
LA PRESSE EN PARLE
Le philosophe allemand Konrad Fiedler
avait fait de l’activité artistique un des
sujets les plus importants de ses œuvres en
soulignant sa capacité de rendre visible le
réel. Et pour aller plus loin sur ce concept,
il affirme que cela est possible « à condition
de le concevoir comme une activité, et non
comme simple réceptivité ». Cela pourrait
justifier l’approche originale utilisée pour
cette création où l’aspect narratif et la
réflexion sur le processus de création sont
intimement liés.
En effet, Thierry Malandain met en œuvre
cette conception en introduisant outre les
protagonistes classiques du conte, trois
autres personnages qui représentent l’un
l’Artiste lui-même (Arnaud Mahouy), son
Corps et ses Instincts (Daniel Vizcayo) et
le dernier son Âme (Miyuki Kaney). Une
trinité parfaite qui pourrait évoquer un
concept religieux. Il se constitue ainsi une
sorte de parallélisme entre la Belle et la
Bête et cette triade. En fait la Belle réussira
avec ses sentiments à faire ressurgir la
Bête, et leur histoire constituera le résultat
visible de l’activité de l’artiste.
Mais la figure de monstre sans cœur et
dominateur, se transformera en celle d’un
être amoureux, face à Belle. Les rapports
entre eux dès lors s’inversent.
Son sentiment d’amour envers elle lui fera
dévoiler tous ses secrets, des symboles que
nous retrouvons dans ce ballet : la rose, qui
représente la beauté et la perfection ; la clé,
le moyen pour parvenir à la connaissance
et à la réalisation ; le cheval, la mesure du
temps et symbole de vitalité ; le miroir,
porte d’accès à un monde d’illusions ;
enfin le gant, symbole de la main du
créateur, qui devrait initier les hommes à la
moralité en passant par la beauté. Le ballet
s’ouvre avec un grand bal : les costumes
sont somptueux, les musiques d’Eugène
Oneguine de Tchaïkovski accompagnent
une danse conçue selon des principes
classiques.
•••
8 9
•••
Lentement on rentre dans le cœur du conte
et la chorégraphie acquière une dimension
psychologique. Belle interprétée par Claire
Lonchampt fait lentement et délicatement
résonner sa beauté, tant physique que
morale, puisque elle accepte de sauver
son père avant de retourner et embrasser
Bête (Mickaël Conte). Avec toute sa
laideur, celui-ci est parfois au sol, le visage
couvert d’une cagoule noire. Il exprime
toute sa souffrance et sa force sans jamais
excéder dans la violence. Son état d’âme
est bien mis en valeur par l’exécution de
mouvements glissants et silencieux. Les
passages entre les différents moments de la
pièce sont marqués par les déplacements
du rideau qui passe d’un côté à l’autre de
la scène, (presque comme pour feuilleter
un libre sur une tablette) et par les
personnages qui incarnent le trio « créatif,
hors du conte ».
Les images de leurs corps nous font
penser à des états de recueillements et
d’explosion ; ils sont toujours rapprochés,
indispensables les uns aux autres, en
coopération mutuelle. D’ailleurs un artiste
ne peut jamais travailler sans faire agir
ensemble corps et âme. La partie finale
de la pièce, sur les musiques de la Valse
de la Symphonie n.5 et sur le FinaleAdagio Lamentoso de la Symphonie n.6
« Pathétique » de Tchaïkovski, ouvre les
portes à la réalisation des sentiments : Belle
retrouve son père qu’elle peut finalement
embrasser, elle habille ses sœurs avec
ses robes de reine malgré leur jalousie et
elle retourne au château pour retrouver
Bête. Belle avec son acte reproduit l’idéal
kantien de beau exposé dans la Critique
de la Faculté de Juger et l’amour en sort
vainqueur : « Toute vérité ou légende qui
est montrée dans des milliers de livres
n’est qu’une Tour de Babel si l’amour ne
la rend pas cohérente. Les choses qui te
sont offertes sous milles facettes, comme
contes ou vérités, ne sont qu’une tour de
Babel si l’amour ne les lie pas », écrivait
Goethe dans une de ses poésies. Ce ballet
est en phase avec cette idée, que l’on
considère les sentiments exprimés dans le
conte original ou bien que l’on s’attache
à l’expression des sentiments de l’artiste
envers l’œuvre qu’il a créé. Ce n’est pas
un hasard, si l’Artiste se retrouve sur la
dernière scène du ballet cagoulé comme
la Bête, car tous les deux ont été auteurs
10 11
d’un processus de création et d’élévation
vers la beauté. Le public français pourra
encore être enchanté par ce ballet lors de
la Biennale de la Danse de Lyon 2016. »
n Chroniques de danse, Antonella Poli,
11 décembre 2015
A nouveau
digne de
tous les éloges
« Mais comment diable fait-il pour toujours
innover tant au niveau de la chorégraphie
que de la mise en scène, à chaque nouveau
spectacle ? Comment diable fait-il pour
deviner, devancer même, les desiderata
les plus ardents de son public ? Cela doit
faire maintenant plus de trente ans qu’il
m’a été donné d’assister aux premiers
pas de Thierry en tant que chorégraphe
néo-classique pour le suivre régulièrement
depuis dans ses pérégrinations dans
notre vaste monde, et cela fait plus de
trente ans que je m’émerveille de son
imagination débordante et débridée, de
son inventivité, de son éclectisme, de son
courage aussi car il en faut une bonne dose
pour maintenir de nos jours contre vents
et marées les spectacles de danse classique
dans un paysage presque totalement
conquis par la danse contemporaine !
Bref, le dernier né de Malandain, La Belle
et la Bête, est un nouveau chef d’œuvre
et, réellement, le mot n’est pas trop fort.
Il était logique qu’après le colossal succès
de sa relecture de Cendrillon, d’aucuns
lui susurrent à l’oreille de s’attaquer à un
nouveau contes de fée... Or, La Belle et
la Bête est une œuvre qui n’avait jusqu’à
présent, à ma connaissance tout au moins,
été traitée par l’art de Terpsichore que par
Ethéry Pagava en 2013, ce sur une musique
de Ravel. Comme pour Cendrillon, ce
conte dont l’une des versions les plus
anciennes remonte au IIe siècle et qui a été
immortalisé par Cocteau en 1946, est truffé
de concepts et symboles moralisateurs qui
nous donnent à réfléchir sur la dualité de
l’être ainsi que sur des valeurs souvent
perdues, en l’occurrence l’amour filial, le
courage et l’abnégation, l’affrontement du
danger, la pitié, voire même, le sens de la
beauté.
Thierry Malandain a choisi d’ancrer ce
ballet d’action narratif et très théâtral
sur différents extraits de partitions de
Tchaikovski, les Symphonies 5 et 6, ainsi
qu’Eugène Onéguine et Hamlet. Si la
chorégraphie, remarquablement adaptée
à une musique qui lui sied comme
un gant, regorge de variations d’une
étonnante inventivité bien perceptibles
par les balletomanes fervents de l’art
du chorégraphe, c’est toutefois dans
la scénographie que les trouvailles se
révèlent les plus fascinantes, témoignant
d’une maîtrise exceptionnelle de cet art.
Raconter une histoire par la danse de façon
à ce qu’elle soit compréhensible par tous,
les petits comme les grands, n’est en effet
pas l’apanage du premier chorégraphe
venu ! Outre l’art du narrateur, il lui faut
également faire voyager le spectateur dans
l’espace et le temps aussi souvent que la
trame de l’histoire l’exige. Or, Malandain
eut l’idée géniale de séparer les différentes
scènes et les « chasser » l’une par l’autre
grâce au va-et-vient d’un vaste rideau
tiré par les danseurs eux-mêmes, tantôt
de cour à jardin, tantôt de jardin à cour,
créant ainsi à chaque fois de nouveaux
espaces avec une remarquable économie
de moyens. Une autre de ses idées, et non
des moindres, fut d’évoquer l’histoire par
un « artiste-narrateur », faisant ainsi du
théâtre dans le théâtre, et l’on pourrait
d’ailleurs regretter qu’il n’ait lui-même
investi ce rôle... Quant à l’entrée et la
sortie de ses personnages, pourquoi - entre
autres - ne pas les faire passer carrément à
plat ventre sous le rideau ? Une manière
comme une autre peu conventionnelle, il
est vrai, mais aussi ludique qu’originale,
de rompre avec les habitudes. L’œuvre
est en effet émaillée d’une foultitude de
petites trouvailles de cette sorte, plus
divertissantes les unes que les autres,
toujours sans prétention, lesquelles
donnent une nouvelle dimension à ce
ballet parsemé de piques d’humour qui,
cependant, ne nuisent point à son extrême
raffinement, confirmant un chorégraphe
d’une extrême sensibilité, plein d’esprit et
de talent. Je ne terminerai pas sans évoquer
l’excellence des interprètes, tant les
danseurs magnifiques dans leurs costumes
chamarrés d’or que les musiciens car, lors
de cette avant-première dans ce fabuleux
écrin de l’Opéra Royal à Versailles, le
Malandain Ballet Biarritz était accompagné
par l’excellent orchestre Symphonique
d’Euskadi dont les timbres éclataient,
démultipliés par l’acoustique étonnante
de l’Opéra Royal. Voilà un nouveau chef
d’œuvre qui, tout comme Cendrillon, fera
sans aucun doute date dans l’histoire de la
danse. »
n Critiphotodanse, Jean-Marie Gourreau,
13 Décembre 2015
M. Kanei & D. Vizcayo, La Belle et la Bête © O. Houeix
LA PRESSE EN PARLE
Mickaël Conte & Claire Lonchampt, La Belle et la Bête © Olivier Houeix
ACTIVITÉ
La Belle et la Bête
de Thierry Malandain :
Beau et sombre
« C’est avec les vieux contes que l’on
fait encore les meilleurs ballets ! Et les
chorégraphes n’en finissent plus de puiser
à ces sources de l’imaginaire mondial
un renouvellement incessant pour leur
modes d’expression, la portée de leurs
messages, les fils à tresser pour remonter
au plus profond des angoisses, des peurs
et des désirs humains. Après les quêtes
identitaires du XIXe siècle, les russes s’en
emparèrent pour de grands spectacles,
tandis que les Ballets de Diaghilev s’en
détachaient ensuite, soucieux de sujets
neufs. Mais le Kirov et le Bolchoï remirent
à l’honneur ces féeries souvent lourdement
démonstratives conçues pour montrer
leurs superbes danseurs, et que Noureev
à Paris allait imposer à Paris jusqu’à ces
jours.
Pour les autres, Contes de Musaeus,
de Perrault, de Grimm, d’Andersen, de
Dumas sont revenus en foule inspirer les
chorégraphes d’aujourd’hui, tels Neumeier
(Cendrillon, La Belle au Bois Dormant, La
Petite Sirène), et Jean Christophe Maillot
(La Belle, Cendrillon, Casse-Noisette) de
Preljocaj (Blanche-Neige), et Maguy Marin
(Cendrillon) à Béatrice Massin et Geneviève
Massé, grandes dames du baroque.
Aujourd’hui c’est Thierry Malandain,
qui décidément trouve dans ces univers
symboliques un répondant à ses questions,
un tremplin pour ses sursauts, un jardin
pour ses fuites.
On avait déjà eu à l’Opéra Royal de
Versailles en 2013, un exemple de cette
nouvelle inspiration, avec une Cendrillon
qui depuis a fait un triomphe autour du
monde, réclamée partout pour son chic
inventif, sa vivacité piquante, sa douce
poésie. Voici avec La Belle et la Bête,
tiré de Madame Leprince de Beaumont,
une nouvelle et toute autre embarquée
au pays des contes, mais encore chez le
Roi-Soleil où le ballet a été présenté en
avant-première, avant la création officielle
l’an prochain à la Biennale de Lyon. Le
problème de Cendrillon était affectif, celui
auquel Malandain s’est ici attaché est
autrement profond, il soulève des vagues
de méditations, et le chorégraphe toujours
épris de quête métaphysique, voire
mystique, s’y est plongé jusqu’à l’âme, qu’il
fait incarner par une sorte de triade dont
on perçoit difficilement la composante au
début du ballet. Puis, comme il est normal
dans une descente en soi, tout s’éclaire
peu à peu et se fait nécessité.
Car contrairement à Cendrillon, beaucoup
plus lisible, il s’agit ici d’un ballet codé,
avançant à pas de loup pour dévoiler les
ressorts cachés des êtres : la césure due aux
apparences, la déchirure de la différence, le
désir de transcendance. Malandain a repris
de Cocteau (on rappelle son film fameux de
1946) le thème de la souffrance de l’artiste,
partagé entre l’esprit et la chair, la forme et
le fond, l’exposant avec le trio évoqué plus
haut, deux hommes et une femme dont
la présence intrigue fortement. Par-delà
la très habile registration de l’action grâce
à des pans de voiles noirs qui manipulés
sans cesse, définissent les lieux de l’action,
l’artiste mène le jeu et s’en trouve dépassé.
Si pendant une première demi-heure, l’on
cherche à décrypter une mise en place qui
semble compliquée, tout en savourant
une magnifique chorégraphie, la vraie
rencontre des deux héros du conte fait
basculer de l’attention à l’émotion. Dès
lors, on est suspendus au duo qui oppose
les deux êtres si dissemblables, bouleversés
par la délicatesse avec laquelle leurs
sentiments évoluent doucement, allant de
la bestialité à la tendresse et à la sensualité,
la souffrance de la bête, sa peur de se
laisser apprivoiser et celle de la belle d’être
conquise, au-delà des critères normaux de
la séduction. Moments forts où la beauté
ACTIVITÉ
des costumes de Jorge Gallardo, et du
principal élément de décor, une table à
pieds d’animaux, ajoute à la profondeur
de l’échange dansé, progressant par
séquences qui permettent à la Belle de
revenir se montrer périodiquement, dans
un état d’esprit mouvant.
Il arrive que de grandes œuvres
chorégraphiques s’appuient sur des
musiques mineures, ainsi du Pavillon
d’Armide, peut-être le bijou le plus
parfait ciselé par John Neumeier sur
l’inconsistante musique de Tcherepnine,
mais en général le choix de partitions
fortes aide notablement. Malandain, ici, a
frappé fort en mettant son conte sous le
signe de Tchaïkovsky, avec des emprunts
divers notamment à Eugène Onéguine et
Hamlet. Mais l’essentiel y reste lié à la 6e
Symphonie, la Pathétique, qui conduit vers
une fin angoissante et lourde de sens, alors
qu’on se demande si le chorégraphe va
achever son ballet sur quelque pas de deux
jubilatoire peut-être, comme il est d’usage.
Mais non, les eaux glacées de l’Adagio
final se referment sur un univers qui n’a été
que rêve, un voile recouvre les danseurs,
les ramène dans le néant, et l’artiste avoue
son échec et son impuissance.
Heureusement les interprètes, parmi les
meilleurs éléments du Malandain Ballet
Biarritz, se sont pénétrés en profondeur
de ce message complexe, et en graduent
très finement l’évolution. De la belle
et souveraine Claire Lonchampt, sortie
d’un album romantique, à l’étonnant
Mickaël Conte, Bête puissante aux
sauts impressionnants et à la souffrance
contagieuse, outre la superbe précision
d’Arnaud Mahouy et la force expressive de
Frederik Deberdt, père de la Belle. Parler ici
de néo-classicisme s’impose par le style des
portés, le dessin des ensembles, la qualité
des costumes, élégamment traditionnels,
et même l’intrusion de quelques pointes
pour la petite Patricia Velázquez, dans le
rôle de l’Amour.
Mais ce n’est là qu’un mot, pour essayer
d’englober ce style si complexe, riche
de strates pas toujours faciles à démêler,
qui révèle l’originalité profonde de son
auteur. Et le ballet est certainement à voir
et revoir, pour mieux cerner sa subtile
progression. On félicite aussi l’Orchestre
Symphonique d’Euskadi, dirigé par son
chef, le Letton Ainars Rubikis, qui après
avoir été à la peine au début du spectacle,
a livré un final de la Pathétique de la plus
haute tenue. »
n Concert classic.com, Jacqueline
Thuilleux, 14 décembre 2015
Suite
au prochain Numéro
LA DANSE À BIARRITZ # 64
René Bon
Au préalable, avant d’oublier à mon tour,
confions que je suivis son enseignement
dès l’âge de treize ans à l’Académie
de Danse de Rambouillet que dirigeait
Monique Le Dily. Une pépinière d’où
sortiront plusieurs générations d’artistes,
parmi lesquels Aureline Guillot, danseuse
à Biarritz jusqu’à la saison dernière, mais
aussi Isabelle Guérin, étoile de l’Opéra de
Paris : ma partenaire, au temps où René
venait à Rambouillet donner des cours
d’adage, autrement dit, nous enseigner la
technique que réclame l’art de danser à
deux. A ce sujet, afin de nous aguerrir à
la scène, Monique Le Dily nous présentait
tous les ans au vénérable concours de La
Scène Française. En 1977, sous l’œil de
Serge Lifar nous y décrocherons un 1er prix
avec Don Quichotte. René dont je suivais
depuis 1974 les classes à Paris nous avait
transmis « sa version ».
De tête, sous la douce condition de sa
baguette, l’insistance de sa pédagogie
allait à l’étude d’une danse brillante faite
d’accents, de respirations et d’humeur
joyeuse. Car, par nature amateur de fêtes
et de plaisirs à l’image du « Bon Roi
René », il prêchait avec ardeur la vivacité et
l’allégresse. Pour ne rester qu’au seuil de
son art, à l’instar de Léonard de Vinci qui
étudia les oiseaux pour donner des ailes aux
humains, René fondait son enseignement
sur l’observation de l’anatomie dans son
contexte mécanique. Tout comme Gilbert
Mayer, autre maître de renom, il s’attachait
au placement du corps dans le mouvement,
condition inséparable d’une technique
brillante. Il partait aussi du principe qu’une
morphologie pouvait évoluer et avait le
coup d’œil et les exercices pour parvenir à
la métamorphose.
« Le savoir et la technique permettent
d’exprimer avec ce merveilleux instrument
qu’est le corps, tous les sentiments qui
s’adressent à l’esprit et au cœur du
spectateur. Bien des espoirs, spéculant sur
la facilité seule, ont sombré dans l’inconnu,
sans jamais devenir artistes de la danse.
C’est pourquoi, celui qui enseigne cet art
si difficile doit savoir quoi faire : quoi
faire, pourquoi le faire, comment le faire
et surtout… voir ce qui n’est pas fait ».
René Bon
En matière d’anecdote, encore plein de
panache malgré la cinquantaine passée,
afin de montrer par l’exemple qu’il était
possible de maîtriser les difficultés sans user
de tensions excessives, avant d’exécuter
un « double tour en l’air », il se préparait
en cinquième position avec dans une main
une cigarette, dans l’autre son briquet,
puis après s’être élancé au ciel, retombait
vif comme un chat, la cigarette allumée au
bec. Une prouesse à faire mourir de dépit
les garçons, mais aussi capable d’épater
sublimement la galerie féminine. Car cabot
dans le sang, René était aussi constant
amateur de femmes et dans une classe
mixte, il n’avait souvent d’yeux que pour
elles. C’est pourquoi, lorsqu’il quitta son
studio du 4e arrondissement pour la Cité
Véron, où officiaient Raymond Franchetti
et Gilbert Mayer, tout excellent qu’il était
et en accord avec lui, je privilégiai les cours
donnés par ses deux collègues. Il les suivait
également, de là, nous deviendrons bons
amis.
Né à Montpellier, le 30 août 1924, d’un
père employé chez « Braye et Cie, tailleurs »
et d’une mère professeur de piano, René
Bon prit ses premières leçons à l’âge de
sept ans, sous la direction de Madame
Céréda, maîtresse de ballet de l’Opéra
municipal de Montpellier. « Quelques
années plus tard, écrit-il, c’est avec Jeanne
Langlois et Juliette Davin, les nouvelles
maîtresses de ballet du théâtre que je
continue mon apprentissage. Lesquelles
après mon départ vers 1937 formeront
Violette Lautard, Robert Poujol et
d’autres ». Longtemps premières danseuses
au Capitole de Toulouse, Jeanne Langlois
et Juliette Davin signèrent un engagement
à Montpellier en 1934-35. Il subsiste de
ce temps un cliché représentant René Bon
et sa jeune sœur Evelyne dans Donnes-moi
des cerises dont les costumes avaient été
confectionnés par leur père, qui plus tard
réalisera tous les pourpoints du fiston.
« En 1937, à Paris, en même temps que
les études au lycée Janson de Sailly (grâce
à deux belles bourses d’études gagnées à
Montpellier) je prends des cours avec Mr
Robert Quinault (rue Georgette Agutte). A
mes côtés apprend aussi le jeune Michel
Renault mon cadet de cinq ans. Je deviens
aussi à peu près à la même époque l’élève
de Mlle Irène Collin, ex 1ère danseuse et
régisseur de la danse à l’Opéra-Comique.
Un jour, Maître Léo Staats m’ayant vu
danser dans un concours à l’Académie
Piltan de Saint-Germain veut que je vienne
travailler tous les jours rue Saulnier à un
coût abordable pour mes parents aux
revenus modestes. En même temps que le
lycée et les leçons chez Maître Léo Staats
(derrière Suzanne Lorcia, Serge Peretti,
Madeleine Lafon de l’Opéra), je deviens
figurant à l’Opéra-Comique, puis figurant
danseur, danseur au cachet, danseur au
mois, et ensuite au salaire fixe dansant
beaucoup en 1er danseur. »
« Après environ cinq cents apparitions
dansées de sept à seize ans », c’est en
1940, sous la direction de Constantin
Tcherkas, que René Bon débuta sa
carrière professionnelle. Par parenthèse
et pour démentir l’idée que la création
chorégraphique fut longtemps un précarré masculin, depuis 1879, le Ballet de
l’Opéra-Comique n’avait pas été conduit
par un homme. Elève de Nicolas Legat à
Saint-Petersbourg, Constantin Tcherkas
avait rejoint en 1923 les Ballets russes de
Serge Diaghilev. En 1930, il entre à l’Opéra
de Paris puis à l’Opéra-Comique, où, de
1933 à 1946, il ajoute à ses « élastiques
bondissements », un talent de chorégraphe
que René Bon défendra dans Un Jour
d’été (1940), Ma Mère l’Oye (1942), Fête
de Jadis (1943), Kermesse (1943), une
« parade foraine » dont le livret concorde
avec Les Forains que Roland Petit régla en
1945. René Bon cultivait alors son art au
Palais Garnier auprès de Serge Lifar et de
Gustave Ricaux, merveilleux pédagogue.
« En juin 1943, ou avril, je rentre sur
concours deuxième quadrille à l’Opéra de
Paris. Ma charmante première partenaire
du corps de ballet, pour ma première
entrée sur scène, fut la coopérante et
délicieuse Renée Jeanmaire déjà deux
catégories au-dessus. Le concours suivant
(septembre 1943) me voit classer premier
au deuxième quadrille et je monte au
premier quadrille pendant que mon
jeune collègue talentueux Michel Renault
engagé l’année précédente monte encore
de catégorie. » Les marches de la hiérarchie
étaient alors : deuxième quadrille, premier
quadrille, coryphée, petit sujet, grand sujet,
premier danseur et étoile. Sans quoi, parmi
les ballets qu’il dansa, René Bon retient
seulement : Coppélia (1870) et deux titres
de Serge Lifar : Le Jour (1943) dans lequel
il figurait un oiseau avec Michel Renault
et Suite en Blanc (1943) qui présida à son
départ pour Monaco.
« En mars 1947, Maître Serge Lifar qui
m’a donné plusieurs petits rôles à l’Opéra,
m’invite comme grand sujet au Nouveau
Ballet de Monte-Carlo qu’il dirige où je
retrouve mon frère de danse, Raymond
Franchetti, déjà 1er danseur ».
A l’automne 1944, malgré les expressions
de soutien, Serge Lifar s’était retrouvé
exclu à vie de l’Opéra par le Comité national
d’épuration des professions d’artistes.
Une disgrâce de courte durée, puisqu’il
réintégra le Palais Garnier en 1947. Cet
épisode ayant été détaillé par Florence
Poudru (1) et Jean-Pierre Pastori (2), notons
seulement avec l’auteur de La Beauté du
diable que le soir même de son exclusion,
grâce à l’amitié de l’industriel Jean Beau
Yon de Jonage, Serge Lifar trouva refuge
en Aquitaine, au château Haute-Barde de
Villenave-d’Ornon, puis à Guéthary. Fin
1945, à l’invitation de l’impresario Eugène
Grünberg, il prendra la tête du Nouveau
Ballet de Monte-Carlo. Succédant à
Marcel Sablon comme directeur du Casino
de Monte-Carlo, Eugène Grünberg avait
été chargé de renouer avec le lustre des
saisons chorégraphiques monégasques.
Seulement, comme le racontait Boris
Traïline dont le souvenir reste ardent
à Biarritz, l’engagement de Serge Lifar
fut jugé inacceptable par les croupiers,
les machinistes, les musiciens… alignés
sur les syndicats parisiens. Quant aux
danseurs, bien que fraîchement syndiqués,
le « choréauteur » restait à leurs yeux une
idole. C’est donc contraint dans un premier
temps de ne pas paraître en public qu’il
prit les rênes de la troupe. A cette époque,
« la meilleure compagnie du monde » (3)
dira Yvette Chauviré. Mais lorsqu’en mars
1947 René Bon la rejoignit, insuffisamment
soutenue par la Société des Bains de Mer,
celle-ci était au bord de la ruine. Car,
hormis des succès à Monaco, en Italie, en
Suisse et une saison écourtée à Londres,
on était loin des tournées nécessaires.
C’est alors que le Marquis George de
Cuevas, riche de la fortune de son épouse,
Margaret Strong-Rockefeller s’attacha la
compagnie, tandis qu’en septembre 1947,
Serge Lifar retrouva l’Opéra.
Présenter « ses enfants » à Paris fut en
1947 le premier objectif du Marquis de
Cuevas. Mais, un à un, il se vit refuser les
grands théâtres, avant que l’impresario
Claude Giraud ne traite avec l’Alhambra :
« un théâtre qui n’était pas chauffé,
situé à l’autre bout de Paris, pendant
q
A vec la verve facétieuse
qu’il mettait en toutes
choses, c’est par « vers
2024 Fin » que René Bon,
danseur étoile et éminent
pédagogue, conclut les notes
biographiques qu’il m’adressa
en 2002. A vrai dire, le nom de
Biarritz plaisant encore à ses
souvenirs, le but était de les
recueillir afin de lui consacrer
cette rubrique. Mais, chaque fois,
il remettait les confidences à plus
tard, changeait de sujet comme
las de chercher, jusqu’au jour où
son passé s’abîmant dans l’oubli,
je devins à ses yeux un parfait
étranger. En août dernier, à 91
ans, le danseur bondissant s’est
envolé vers un autre ciel, semé
d’autres étoiles.
Disons d’emblée, qu’en dehors de ce
qu’il laissa dans les mémoires et les films
témoignant de son étourdissante virtuosité,
la carrière de René Bon est peu documentée.
Surtout rien ne s’est dévoilé à mes recherches
à propos de spectacles à Biarritz. Toutefois,
parmi les nombreuses étiquettes publicitaires
qui tapissent sa malle à costumes, on devine
l’adresse d’une villa et d’un hôtel à Biarritz,
ainsi que celle du Casino municipal. Il y aurait
paru plusieurs fois, notamment lors d’un
tirage de la Loterie Nationale, qui avait alors
lieu partout en France. Mais aucun article de
presse ne se souvient du pas de deux de Don
Quichotte qu’il dansa avec Janine Monin.
Quant aux autres sources, les programmes
par exemple, l’action du temps, secondée
par la négligence des hommes font que les
étagères locales sont vides. Cependant, parce
qu’elles redonnent vie à un pan de l’histoire
de la danse française oublié, ignoré, voire
occulté, les notes de René Bon offrent un
intérêt. C’est pourquoi, je me suis décidé à
les publier en les éclairant de commentaires.
René Bon © photo X, 1953
q
LA DANSE À BIARRITZ # 64
Avec sa soeur Evelyne dans Donnes-moi des
cerises © photo X, 1934
•••
12 13
LA DANSE À BIARRITZ # 64
Le Massacre des amazones
© photo Renoux, 1953
q
•••
une grève des transports » (4) se souvient
George Skibine. Toutefois, souligne Gérard
Mannoni : « au soir du 7 novembre,
l’Alhambra, somptueusement décorée
comme le seront toujours les salles de
premières de la Compagnie à Paris, affiche
complet » (5). Un programme de cette
première saison parisienne dont la presse
et le public firent l’éloge remémore René
Bon dans Les Tableaux d’une exposition
(1929) et Brahms variations (1948) de
Bronislava Nijinska, mais aussi parmi les
quatre spadassins du Roméo et Juliette
(1942) de Serge Lifar au côté de Raymond
Franchetti. Sans quoi, dans le clair de lune
des Sylphides (1909) de Michel Fokine, ce
programme se souvient également d’un
brin d’étoile : Hélène Traïline qui brillera
bientôt au firmament de son art et plus
encore, puisqu’en 1978, la créatrice de
Haut Voltage (1956) de Maurice Béjart ou
encore d’Electre (1960) de Janine Charrat
« 1951, danseur étoile invité par Les Ballets
des Champs-Elysées pour Palerme, Berlin
et Londres où je serai en plus maître de
ballet ». Fondés en octobre 1945, par le
librettiste Boris Kochno, Les Ballets des
Champs-Elysées seront principalement
animés par Roland Petit, jusqu’à son désir
d’indépendance et la création des Ballets
de Paris en 1948. Boris Kochno, l’ancien
collaborateur de Serge Diaghilev fera
ensuite appel à David Lichine et d’autres
chorégraphes avant la dissolution de la
troupe en 1952. Après des représentations
couronnées de succès à Palerme en juin
1951, entouré de Violette Verdy, Hélène
Traïline, Sonia Arova, Jacqueline Moreau,
Wladimir Skouratoff, Igor Fosca, etc.,
René Bon sera salué à Londres dans Jeu
de cartes (1945) de Janine Charrat, dans
Le Rendez-vous (1945) de Roland Petit où
il tient le rôle du Bossu et dans le pas de
deux de l’Oiseau bleu de La Belle au bois
dormant (1890) de Marius Petipa.
ardemment. Ainsi, dans La Somnambule
(1946) de George Balanchine, il se serait
bien vu danser Le Poète, cependant c’est
dans les trois acrobates qu’il était affiché.
Plus grand, il aurait aussi été le cavalier
d’autres partenaires. En compensation, il
les adorait.
14 15
q
Suite en blanc
© photo Detaille Monte Carlo
deviendra directrice du Ballet Théâtre
Français de Nancy. « Ma » directrice de
1980 à 1986 si je peux me permettre
une nouvelle digression personnelle.
Loin du détail, Hélène Traïline garde le
souvenir que René Bon rejoignit Monaco
pour danser « le pas de cinq » de Suite en
Blanc. Un pas réclamant des attaques, du
ballon, de la célérité en batterie est donc
conçu pour une fille et quatre garçons de
petite taille : « les moustiques » comme
les surnommait Serge Lifar. Quelque
part le malheur de René Bon. En effet,
de pair avec les qualités physiques et la
technique, la danse classique distingue :
les danseurs « nobles », les danseurs de
« demi-caractère » et les danseurs de
« caractère » ou comique. La physionomie
de René Bon était propre aux deux
derniers genres, mais naturellement, le
désir de tenir les rôles « nobles » l’animait
« En janvier 1948, je suis nommé 1er
danseur de cette compagnie devenue le
Grand Ballet de Monte-Carlo du Marquis
de Cuevas. » En fait, après la reprise du
Nouveau Ballet de Monte-Carlo sous le
nom de Grand Ballet de Monte-Carlo
du Marquis de Cuevas, détachée de la
Principauté, la compagnie prendra le nom
de Grand Ballet du Marquis de Cuevas
en 1951, puis celui d’International Ballet
of the Marquis de Cuevas en 1958.
En attendant, avec John Taras comme
maître de ballet, les œuvres de William
Dollar, Léonide Massine, Michel Fokine,
Antonia Cobos, Bronislava Nijinska, Ana
Ricarda, etc. font le succès d’une troupe
qui sut d‘emblée conquérir un large
public : «…pourquoi veux-tu que j’épate
les bourgeois, moi je veux épater tout le
monde » (6) dira le Marquis, qui adorait les
succès populaires. René Bon retiendra les
bravos soulevés par Constantia (1944), Le
Beau Danube bleu (1933), Les Femmes de
bonne humeur (1919), Tristan fou (1944),
Le Bal des jeunes filles (1950), Le Spectre
de la rose (1911) et La Femme muette
(1948).
« En octobre 1950, je suis nommé pour
la saison du Théâtre des Champs-Elysées
danseur étoile en compagnie de Serge
Golovine, Raoul Celada et Harriet Toby ».
Auparavant, le 29 avril 1949, il aura épousé
à Nice, une artiste de la troupe, Anne-Marie
Coralli qui portait un nom cher à la danse,
puisqu’en association avec Jules Perrot, Jean
Coralli régla Giselle (1841), l’un des plus
beaux joyaux du répertoire. C’est d’ailleurs
ce doux prénom que les mariés choisiront à
la naissance de leur fille en 1952.
« 1952, assistant de Maître Léonide
Massine lorsqu’il monte pour le festival
de Bordeaux Les Saisons d’Henri Sauguet
avec le concours des Ballets du Marquis
de Cuevas ». Réglé sur la 2e symphonie
du musicien bordelais, d’après un livret
de Jacques Dupont et David Lichine, Les
Saisons furent effectivement confiées
à Léonide Massine. Georges Golovine,
précisant que les répétitions eurent lieu
à Paris salle Pleyel (7) . En revanche, la 1ère
mondiale ne se déroula pas en 1952, mais
le 20 mai 1951, au Grand-Théâtre pour la
2e édition du Mai Musical de Bordeaux,
dont le Grand Ballet du Marquis de
Cuevas était l’invité. L’occasion de dire que
nous ignorons quand René Bon quitta le
« troupeau ailé » du mécène. Y figurait-il
encore, le 8 septembre 1951, date de la
première représentation de la troupe
à Biarritz ? C’est peu probable puisque
la saison londonienne des Ballets des
Champs-Elysées alla du 2 au 29 août 1951.
Au reste tout porte à croire qu’il quitta la
compagnie début 1951, mais Serge Lido
l’ayant photographié avec Serge, Georges
et Jean Golovine à Deauville durant l’été
1953, sans doute dansa-t-il parfois « en
représentation » chez le Marquis. Pour
revenir au Mai Musical de Bordeaux, en
1951, les amateurs de théâtre pourront
y applaudir la compagnie du Grenier de
Toulouse dans Les Fourberies de Scapin
et Le Carthaginois de Plaute. Cofondée
en 1945, le jour de ses vingt-ans, par
le comédien Maurice Sarrazin, cette
compagnie qui devint Centre dramatique
national du sud-ouest en 1949 jouera
régulièrement dans les années 1950 au
Casino de Biarritz. Maurice Sarrazin,
l’un des « monstres sacrés » de la
décentralisation théâtrale unira également
ses efforts à ceux de Janine Charrat :
« Janine rêvait d’une compagnie qui
ne fut pas seulement une collection de
talents individuels ; elle désirait la mise sur
pied d’une œuvre qui malgré la diversité
d’inspiration de ses éléments, bénéficia
d’une unité fondamentale, celle de la
troupe au sens profond » (8).
« 1951, après avoir été danseur étoile des
Ballets des Champs-Elysées au Cambridge
Theatre de Londres où je reprends le
rôle du joker de Jeu de cartes créé par
Jean Babilée, Janine Charrat qui monte
sa compagnie m’engage comme l’une
des étoiles de sa troupe où je crée le rôle
du Cheval Blanc dans Le Massacre des
Amazones comme son partenaire ».
Se battant avec mille difficultés, en 1951
Janine Charrat créa sa propre troupe, qui
deviendra le Ballet de France en 1955.
Elève d’Alexandre Volinine, révélée au
cinéma à 12 ans dans La Mort du cygne
(1937) de Jean Benoît-Lévy, elle avait
formé un couple vedette avec Roland
Petit sous l’Occupation, avant de rejoindre
Serge Lifar à Monte-Carlo. Toujours à
la pointe de l’avant-garde, après Jeu de
cartes (1945), le coup de maître de ses
vingt-deux ans, au prix d’efforts immenses
elle enchaînera les succès à l’instar du
Massacre des Amazones, créé à Grenoble
sa ville natale, le 24 décembre 1951. Dans
q
LA DANSE À BIARRITZ # 64
Jeu de cartes © photo Serge Lido,
collection Pascale Courdioux
•••
LA DANSE À BIARRITZ # 64
cette lutte passionnée de huit chevaux
avec leurs cavalières, on admira l’aisance
de René Bon, son « extraordinaire ballon »,
tandis que dans Jeux d’eau, créé à Lyon
le 4 juillet 1952, Dinah Maggie note :
« Le triomphe de la soirée fut, avec
Janine Charrat, René Bon dont la manière
rappelle souvent celle de Babilée et pour
qui l’air paraît un soutien aussi naturel que
le sol » (9).
•••
q
La Légende de Joseph avec Hélène Traïline
© photo Locchi, 1956
collection Hélène Traïline
« Noël 1952, Théâtre de l’Empire et
tournées internationales (Grèce, Liban,
Egypte, etc.) ». En 1952, avec Maurice
Sarrazin comme directeur du spectacle
et Yves Brieux comme maître de ballet,
Les Ballets Janine Charrat affichèrent
René Bon au Théâtre de l’Empire dans Le
Massacre des Amazones et Danseuse de
Degas (1947). Durant la longue tournée
qui emmena les dix-huit danseurs dans
les principaux pays d’Europe et en Afrique
du Nord, il dansera également Le Spectre
de la rose (1911) avec Maria Fris. Après
quoi, le 20 avril 1953, la compagnie
s’établit au Théâtre des Champs-Elysées
avec son répertoire et des créations,
dont Le Colleur d’Affiche qui mettait en
scène les personnages des publicités du
moment. L’idée étant de déclencher l’aide
financière des marques chorégraphiquement
citées : Airwick, Panzani, Bouchara, etc.
Acrobatique dans le rôle-titre, René Bon
servait de lien entre toutes ces images.
Autrement, Yves Brieux largement connu
à Biarritz, règlera Pas de trois royal pour
Janine Charrat, Hélène Traïline et Peter
Van Dyk. Le mois suivant, Jean Coquelle,
contributeur à Toute la Danse consacre
à notre danseur sa rubrique, intitulée,
Dans le miroir aux étoiles : « On n’a pas
assez parlé de René Bon. Cet être dur, ce
danseur passionné a besoin de louanges et
de blâmes, de feu et de glace. Tout ce qui
marque en sa chair le stimule, excite en lui
cette activité un peu féroce qui cède devant
son humaine faiblesse. Une surveillance
instinctive le sauve de l’attendrissement
fade et de la noblesse paresseuse des
héros romantiques : il se guette et parfois
même se traque ». Plus loin, le journaliste
passe à l’actualité : « La capture provisoire
d’une telle comète n’était pas facile. Tout
de même notre étoile consent à parler
de cette saison qui pour la première fois
avec Feu Rouge, Feu Vert (idée de Bernard
Castelli, musique de Daniel Stirn) fait de lui
un chorégraphe . J’ai le désir, le besoin de
créer confie René Bon. Il me semble sentir
en moi des suites de pas qui plairont. Il me
faut un argument assez fluide pour soutenir
l’inspiration sans me gêner… » (10). Mais,
il est à croire que le projet rendit l’âme
à mi-parcours, puisque le 22 décembre
1953 paraît ce communiqué : « Le Grand
Ballet du Marquis de Cuevas donnera ce
soir à l’Empire, la première mondiale du
ballet de Bertrand Castelli « Feu Rouge,
Feu Vert » sur une musique de Pierre Petit.
Serge Golovine fait, avec ce ballet, ses
débuts de chorégraphe ».
Toujours en 1953, faisant le tour des
espoirs de la danse, le même Jean Coquelle,
auteur de La Belle Légende (1954) réglé
par Roger Fenonjois au Grand-Théâtre de
Bordeaux écrira à propos de la technique
de René Bon : « la plus brillante, la plus
élevée qui soit parmi les danseurs de petite
taille. C’est un virtuose du saut où il atteint
de vertigineuses hauteurs. Vif et remuant,
il garde toujours une impeccable pureté de
ligne ». Quant à l’interprétation : « il excelle
dans les rôles gais et particulièrement
animés. Son interprétation du Colleur
d’Affiche, vue pendant la dernière saison,
donne un éclat exceptionnel au ballet tout
entier » (11).
avait été écrite en 1954 par l’artiste à
l’intention de René Bon : « Cher Bon
Bon, Merci pour ta lettre de Nantes. Je
file maintenant à Florence où je danse le
ballet de Kniaseff… » Renseignements pris,
il s’agissait du ballet de Mazeppa, l’opéra
de Tchaïkovski, que Boris Kniaseff régla au
Maggio Musicale Fiorentino en juin 1954.
Boris, le frère d’Hélène Traïline était aussi à
l’affiche. Quant à René Bon, il se trouvait à
Nantes avec Léonide Massine pour danser
Laudes Evangelii (1952), un mystère
chorégraphique créé en la Basilique San
Domenico de Pérouse et repris à NotreDame-de-Bon-Port du 5 au 18 mai 1954
lors du Mai Musical Nantais.
« 1954-55 avec Le Ballet Igor Fosca pour
Les Jeunesses Musicales de France et de
Belgique, tournée en France, Luxembourg,
Belgique, Maroc, Tunisie ». « Congo belge
et français, Cameroun, Côte d’Ivoire,
Sénégal, de fin octobre à mi-décembre
1957 ». Parallèlement à « Danse et
Culture » de Jean Dorcy qui dès 1947
s’occupa de « rendre accessible à tous
l’esthétique de la Danse et du Ballet » ; en
mars 1954, les J.M.F fondées en 1941 par
René Nicoly pour « éveiller la sensibilité
musicale des jeunes de toute condition…
» organisèrent un « Concours-Référendum
du Ballet » qui vit s’affronter en finale, Dirk
Sanders, Roland Duflot, Manuel Parrès et
Igor Fosca. Danseur aux Ballets de l’Étoile,
que venaient de créer Jean Laurent et
Maurice Béjart, Igor Fosca, formé par Boris
Kniaseff et associé à toutes les aventures
artistiques de cette époque foisonnante,
l’emporta avec un trio intitulé Le Javelot
d’Artémis. Comme chacun des finalistes,
il reçut 50.000 frs, auxquels s’ajouta une
« somptueuse » tournée « de province et
d’Afrique du Nord » qui encouragea le
lauréat à former un groupe. C’est ainsi
qu’il s’entoura de Jane Laoust, Janine
Monin et René Bon. On observera que
les représentations s’achevaient par une
improvisation chorégraphique sur une
musique choisie par le public et que la
troupe passa en 1956 par Biarritz, mais sans
René Bon, assure Claude Poujol-Fosca, née
Claude Andrieu. En revanche, cette annéelà, pour le 350e anniversaire de la fondation
de la ville de Charleville, Igor Fosca créa
avec Solange Schwartz, Le Songe d’une
nuit d’été. Ponctuant la musique de Félix
Mendelssohn de sa fantaisie sans pareille,
René Bon tenait le rôle de Puck. En 1962,
ce spectacle de féerique imagination sera
repris en Espagne avec Claude Andrieu,
Violette Lautard, Madeleine Lafon, Robert
Poujol dans les principaux emplois. René
Bon qui suivait la troupe comme maître de
ballet, prêtera une dernière fois à Puck ses
yeux rieurs.
Autrement, suivant une note jetée
cette fois à mon intention au dos d’une
photographie, retenons la date du 29
janvier 1955. Ce soir-là, au GaumontPalace, René Bon danse Mickey’s be-bop
de Jean Guélis à la première projection des
Diaboliques de Georges Clouzot : « Tout
l’Opéra ou quelques-uns sont venus me
voir, surtout ma diagonale de huit coupésjetés doubles en tournant ». Un pas dont il
était l’inventeur assure Gilbert Mayer.
Confions à présent que la passion de la
collection et des brocantes me permit
un jour de dénicher une carte postale
représentant Hélène Traïline. Passée
la surprise initiale, il s’imposa qu’elle
« 1955 à 58, invité plusieurs fois au Maggio
Musicale Fiorentino sous les directions
de Léonide Massine, Victor Gsovsky
et Aurelio Milloss ». A l’occasion de ce
festival florentin fondé en 1933, René
Bon paru en fait dès 1952 dans plusieurs
titres qu’il n’évoque pas. Mais le Teatro
Comunale se souvient d’Armida (1817) de
Gioachino Rossini dirigée par Tullio Serafin
du 26 avril au 4 mai 1952. Enregistrée
sur le vif, Maria Callas dans le rôle-titre
laissera un document de légende, tandis
que Léonide Massine réglera le ballet
clôturant le second acte avec la troupe
de Janine Charrat. Sans quoi, les délicieux
Jardins de Boboli se rappellent de La
Légende de Joseph (1914) créée le 29 juin
1956 avec Hélène Traïline : « sensuelle,
violente et tourmentée », elle incarnait la
femme de Putiphar, tandis que René Bon,
« à la technique prodigieuse, presque
implacable, dans une partie les plus ardues
de tout le répertoire chorégraphique » (12)
était le petit être en quête d’un monde
divin comme le Joseph de la Genèse.
Aurelio Milloss, qui signa Mélos (1951) à
Biarritz, était l’auteur de la chorégraphie.
« Aussi de 1955-58, tournées en Europe
avec Les Ballets Jean Babilée et Les Ballets
de la Méditerranée de Paul Goubé ». 1er
danseur à l’Opéra en 1933, Paul Goubé
rejoint le Nouveau Ballet de Monte-Carlo
en 1942, où il règle en février Coppélia,
avant de se produire en récital avec
Yvonne Alexander du Covent Garden
de Londres et de former avec sa future
épouse, Les Ballets de Paul Goubé en
1943. En collaboration avec des musiciens
catalans tels Xavier Montsalvatge pour
Le Portait de Dorian Gray (1944) ou Juan
Manén pour Manfred (1945), l’activité
de la troupe se développe surtout en
Espagne qui n’était pas impliquée dans
le conflit mondial. Dès 1945-46, Paul
Goubé est l’interprète de Jean-Jacques
Etcheverry à l’Opéra-Comique tout en
poursuivant son activité de chorégraphe.
C’est ainsi qu’il créera Duo (1954) au
Grand Ballet du Marquis de Cuevas pour
Jacqueline Moreau et Wladimir Skouratoff.
En septembre 1955, il fonde à Nice, Les
Ballets de la Méditerranée. Avec ses vingthuit danseurs, la troupe se produira par
exemple à Berlin, comme en témoigne un
programme de mai 1956.
Entre Les Sylphides et des
fragments de La Belle au
bois dormant avec René
Bon en Oiseau bleu, on
retiendra, Le Pelotari,
« scène basque », sur
une musique de Jesús
Guridi avec Jacqueline
Toussainte, Raoul Celada,
Jean Fananas et René
Bon.
Autrement, Jean Babilée,
enfant de l’Opéra et
danseur
profondément
artiste, signa à 21 ans
sa
première
œuvre,
Sérénité
(1944)
aux
soirées organisées par
Irène Lidova au Théâtre
Sarah Bernhardt. Révélé
ensuite par Janine Charrat
en triomphant dans Jeu
de cartes, puis dans Le
Jeune homme et la mort
(1946) de Jean Cocteau et
Roland Petit, il forma sa
compagnie en juin 1956.
Comme tous les jeunes
chorégraphes de cette
époque, sortir des règles,
« contemporainiser »
la danse classique est
le maître mot. Balance
à trois (1955), ballet
plein d’esprit qu’il crée à
Monte-Carlo avec Yvette
Chauviré et Alexandre
Kalioujny, sera repris par
nombre
d’interprètes
dont René Bon. Lequel à l’occasion de
tournées agencées par Gérard Sayaret,
reprendra également La Création (1948),
un ballet sans musique de David Lichine
mettant en scène un chorégraphe en train
de créer.
« 1959-60 Tournées avec Maurice Béjart
(avant Bruxelles) à la demande de Maurice,
je suis devenu un des 27 corps de ballet
pour la création du Sacre du printemps
à la Monnaie. Assistant et répétiteur au
Ballet du XXe siècle du Concerto Flash de
Janine Charrat que j’accompagnais plus
tard au Théâtre des Champs-Elysées ».
Tout a été dit sur la création du Sacre du
printemps au Théâtre royal de la Monnaie,
q
LA DANSE À BIARRITZ # 64
Le Barbier de Séville avec Tessa Beaumont, 1960
© photo Serge Lido
•••
16 17
LA DANSE À BIARRITZ # 64
LA DANSE À BIARRITZ # 64
•••
« 1961, cinq mois avec l’immense
compagnie du Festival de Nervi : danseur
étoile, professeur et maître de ballet.
Rôle principal « Figaro » dans Le Barbier
de Séville ». Réglé par Léonide Massine,
d’après Rossini, ce ballet en deux actes fut
en fait créé le 21 juillet 1960 à Gênes lors
du 5e Festival de Ballets de Nervi. Tessa
Beaumont tenait le rôle de Rosine.
18 19
q
A Londres avec la Princesse Margaret
« 1962, etc. Entre autres (beaucoup)
invité à l’Opéra d’Etat de Hambourg par
le chorégraphe en chef Peter Van Dyk
pour son Roméo et Juliette (Mercutio) ».
Partenaire de Janine Charrat dès 1953,
puis reçu comme étoile à l’Opéra en 1955,
après une audition publique en raison de
ses origines germaniques, Peter Van Dyk
avait rejoint Rolf Liebermann à Hambourg
en 1960-61. Roméo et Juliette y verra
le jour, le 23 mai 1961, avec Jacqueline
Rayet, étoile de l’Opéra qui formait avec
Peter Van Dyk un couple à « l’insurpassable
harmonie» depuis La Symphonie inachevée
(1957) qu’on applaudira à Biarritz en
1965. Rainier Kocherman était Mercutio
en alternance avec René Bon qui figurait
dans la distribution affichant Maria Fris
en Juliette. Depuis 1953, ils dansaient
régulièrement ensemble, mais le 27 mai
1961, lors d’une répétition, Maria Fris
mourra tragiquement en scène en se
jetant du haut d’une passerelle après s’être
blessée à la cheville.
« 1962, Opéra de Marseille, Grand Gala
avec Rosella Hightower, Colette Marchand,
Janine Monin et Rudolf Noureev ». En
1959-60, Joseph Lazzini, chorégraphe
visionnaire qui avait débuté sa carrière à
Marseille sous la direction de Charles Céfail
fut appelé par le maire, Gaston Defferre
pour reprendre la troupe. Alors sous
contrat avec le Capitole de Toulouse, il
régla malgré tout les danses polovtsiennes
du Prince Igor. Seulement, l’effectif
masculin étant insuffisant, il recruta et
entraîna vingt gymnastes : stupéfaction du
public, qui demanda le bis du final. René
Bon incarnait le Chef polovtsien. La même
saison, le chorégraphe fit appel à Peter
Van Dyk, Claire Sombert, Janine Monin,
Tessa Beaumont et Max Bozzoni, pour des
reprises dont Le Chasseur Maudit (1955) et
Le Bouffon amoureux (1956) créés à Liège.
René Bon sera tour à tour le Chasseur et
le Bouffon. Enfin, en janvier 1962, Joseph
Lazzini créé La Tendre Eléonore, opérabouffe du bordelais, Jean-Michel Damase,
le compositeur de Balance à trois. « Agile
et moqueur comme un elfe » (14) René Bon
sera une nouvelle fois le Bouffon.
Après, avoir interprété « entre 100 et 150
autres ballets, pas de deux, divertissements
ou émissions de télévision » René Bon se
consacra à l’enseignement. Selon des notes
dactylographiées titrées « le professeur de
danse », déjà en 1940, Léo Staats lui confie
« occasionnellement des leçons à donner
à sa place », tandis qu’en 1943 alors
« qu’il était danseur au Ballet de l’Opéra,
quelques danseurs et d’autres élèves
suivent ses cours privés ». Enfin, « en 1948,
le Marquis de Cuevas lui confie à Lisbonne
l’entraînement de la compagnie (en
l’absence de John Taras) et il continuera à
enseigner jusqu’à la fin de sa carrière, tout
en se produisant ». Toutefois, bien qu’ayant
dansé au moins jusqu’en 1962, René Bon
fixe la saison 1960-61 et son engagement
au Ballet d’Amsterdam par Mascha Ter
Weeme au double titre de professeur et
maître de ballet comme point de départ
de sa nouvelle carrière. Dès juillet 1960,
emporté dans un tourbillon d’activités, il
est aussi invité à l’Académie Internationale
d’été de Cologne où son nom resta attaché
jusqu’en 2000.
« De 1963 à 1965, appelé par Aurélio
Milloss, il est pendant deux ans assistant du
directeur de la danse et principal professeur
de l’Ecole de l’Opéra de Vienne ». Après
diverses tournées avec Le Ballet de France
et Les Ballets de Paris. « De 1966 à 1972,
il est le premier français et le seul invité
par Dame Ninette de Valois comme
professeur de danse à l’Ecole du Royal
Ballet de Londres ». On soulignera que
détenir une chaire de professeur à Londres
était sa fierté et qu’il aimait rappeler que
le chorégraphe Jirí Kylián figurait parmi ses
élèves. Autrement, en congés de Londres, «
deux fois invité à Amiens pour enseigner au
Ballet Théâtre Contemporain par Madame
Françoise Adret ». « Premier Centre
Chorégraphique National français » créé
en 1968 avec Jean-Albert Cartier comme
« conseiller artistique » et Françoise Adret
comme « animateur chorégraphique »,
Le Ballet Théâtre Contemporain s’établit
successivement à Amiens (1968-1972) puis
à Angers (1972-1978) : « être le point de
synthèse et de rencontre entre les arts
plastiques, la composition musicale et
l’expression corporelle de notre temps » (15)
était son ambition, il deviendra le Théâtre
Français de Nancy en 1978.
« Octobre 1969, quitte l’Ecole du
Royal Ballet de Londres pour diriger
l’enseignement à l’Académie Janine
Charrat. En novembre 1972, ouvre un cours
privé ». L’Académie de danse classique et
moderne Janine Charrat était située au 70,
rue Réaumur, la publicité du temps faisant
apparaître René Bon comme professeur
principal. Autrement, il ouvrira son propre
cours dans la Mairie du 4e arrondissement.
De mémoire, le studio était perché sous les
toits. A l’entrée, derrière une table, Henri,
le père de René Bon tenait gentiment la
caisse, tandis que Marie, sa mère, une
toute petite femme du même caractère,
accompagnait la classe au piano. Tel un
réveil matin, la musique ne variait guère,
mais elle s’accordait parfaitement, presque
religieusement aux exercices du fils adoré.
« Septembre 1980 - août 1983, professeur
en première division garçons à l’Ecole de
danse de l’Opéra de Paris ».
comme tant d’artistes de cette époque qui
purent conserver « leur dignité et un toit
sur leur tête » (16) grâce à l’action d’Yvette
Bouland-Vinay et de la Fondation de la
Danse aujourd’hui présidée par Richard
Flahaut, quantité de spectacles donnés
en France et à l’étranger n’avaient pas été
déclarés. En clair, il n’était pas à jour pour
toucher l’intégralité de sa pension. C’est
alors qu’il trouva refuge à Lyon chez Pascale
Courdioux. Elève de Gilbert Mayer, formée
à la pédagogie par Christiane Vaussard,
Liliane Gary et René Bon, Pascale Courdioux
reconstitua la carrière du danseur, effectua
les démarches administratives et l’invita à
enseigner au sein de son école. Un épisode
que l’intéressé évoque sans chaleur
particulière. Mais ne jugeons pas les choses
sur l’apparence, René Bon n’avait pas un
cœur de pierre, bien au contraire. Mais,
dans la crainte, sans doute, d’exprimer
ses sentiments profonds, plus il aimait les
gens, plus il était satisfait d’un élève par
exemple, moins il le montrait.
« Depuis 1989, occupé cependant par
les cours qu’il donne assez régulièrement
comme invité à Danse Classique Académie
Lyon et quelques stages ou cours aux
compagnies comme il l’a toujours fait ». Et,
de citer : Batsheva Dance Company, Ballet
de l’Opéra de Nantes, London Festival
Ballet, Ballet Gulbenkian, Cullberg Ballet,
etc… Avant de terminer avec le Stage de
danse de Montpellier dirigé par Robert
Pujol, l’ami de toujours : « Master class
tous les étés à Montpellier jusqu’à juillet
2001. Etc., etc., etc.,……vers 2024 Fin ».
q
le 8 décembre 1959 avec Tania Bari et
Germinal Casado dans les rôles principaux.
Notons seulement que Germinal Casado
débuta en 1955 avec René Bon dans la
troupe de Paul Goubé, avant de rejoindre
le Ballet de Wuppertal, puis le Grand Ballet
du Marquis de Cuevas qu’il quitta en
septembre 1957 après la saison de Biarritz :
« ce départ occasionna ma rencontre avec
Maurice Béjart, et ce fut le vrai départ de
ma carrière artistique » (13) écrira l’artiste.
Quant à « Concerto Flash », toute porte à
croire qu’il s’agit de Fantaisie concertante,
créé le 22 janvier 1960 à Bruxelles et repris
au Théâtre des Champs-Elysées, le 18 avril
1960. A cette occasion, Janine Charrat
remportera un prix d’interprétation.
Remerciements à
Hélène Traïline, Pascale Courdioux,
Gilbert Mayer, Claude Poujol-Fosca et
Anne Londaitz.
(1)
Serge Lifar - La Danse pour patrie, Hermann
Editeurs, 2007
(2)
Pour des motifs non évoqués, en 1983,
René Bon laissa l’Ecole de danse de l’Opéra
et l’équipe pédagogique constituée par
Claude Bessy pour rejoindre le CNSMD de
Lyon après avoir réussi le concours d’entrée
avec une ancienne partenaire : Janine
Monin. Rejoignant finalement le CNSMD
de Paris, Janine Monin sera remplacée
par Vera Filatoff. A Lyon, respectivement
en charge des classes de garçons et de
filles, René Bon et Vera Filatoff créeront
le département danse installé alors rue
Vaubecour dans les studios de Lucien Mars,
une figure lyonnaise de la danse, à l’instar
de Didier Deschamps, qui sera nommé
conseiller des études chorégraphiques du
CNSMD de Lyon en 1985. Quatre ans
plus tard, en septembre 1989, à l’âge de
65 ans, René Bon prit sa retraite, « obligé
loi Rocard » écrit-t-il en marge de ses
notes. Car, au fond, exemplaire d’énergie
et toujours capable « de faire deux tours
en l’air », sous ses dehors de fier-à-bras,
il vécut mal sa mise à la retraite. Surtout,
il se retrouva pratiquement sans un sou.
En effet, bien qu’ayant débuté à 16 ans,
En 2001, à 77 ans, perdant déjà un peu
le fil de ses idées, René Bon se retira à La
Paillade, un quartier de Montpellier. Dans
cet appartement qu’il occupa au-dessus
de celui de sa sœur Evelyne, qui veillera
sur lui jusqu’au dernier jour, il disait faire
quotidiennement sa barre. C’était avant
que la mémoire de son œuvre accomplie
s’envole sans retour, et qu’au téléphone,
il me demande : « Mais qui êtes-vous ? »
D’un dernier élan vers le ciel, il s’est élevé
le 31 août 2015.
Il est banal de dire qu’un artiste ne meurt
pas tout à fait tant qu’il laisse derrière
lui une œuvre. Sauf qu’étant soumise à
la réalité la plus immédiate, la danse est
par nature oublieuse. De plus, on y meurt
généralement sans gloire, puisque la durée
constitue une qualité suprême. Ainsi, la
peinture, l’architecture, la littérature, etc.
paraissent être les arts par excellence,
en raison de leur pérennité. Toutefois,
l’éducation chorégraphique impliquant
un sens du futur, René Bon féconda
assurément la danse et le cœur de ceux qui
l’ont aimé.
n TM
Serge Lifar - La Beauté du diable, Favre, 2009, p.130
Programme « Gala exceptionnel de danse Yvette
Chauviré », vers 1950
(3)
Arts et Danse, Hommage au Marquis de Cuevas,
1960, p.6
(4)
(5)
Le Marquis de Cuevas, JC Lattès, 2003, p.43
Arts et Danse, Hommage au Marquis de Cuevas,
1960, p.6
(6)
(7)
La Russie de mon père, Publibook, 2007, p.82
Programme « Ballets Janine Charrat », Théâtre de
L’Empire, 1952
(8)
(9)
1983,
professeur
au
« Septembre
Conservatoire national supérieur musique
et danse de Lyon dès la création du
département danse qu’il quitta pour une
retraite méritée ».
Un Soir à Vienne, Florence, 1957
Article anonyme
(10)
Toute la Danse, mai 1953
(11)
Toute la Danse, octobre 1953
(12)
Il Tempo, Gianni Carandente, 1er juillet 1956
(13)
Numéro 38, avril 2008
(14)
Toute la Danse, Jean Silvant, mars 1962
Programme Maison de la Culture de Grenoble,
novembre 1970
(15)
(16)
Numéro 55, Richard Flahaut, juillet 2012
FORMATION
SENSIBILISATION
Ballet T
Dans le cadre de Donostia / San Sebastián
2016 Capitale Européenne de la Culture,
autour des représentations de La Belle et la
Bête données au Kursaal, les 3 et 4 février,
Malandain Ballet Biarritz et le Teatro
Victoria Eugenia proposent :
• des master-classes et ateliers de
répertoire les 6 et 7 février au studio du
Teatro Victoria Eugenia : moyen/avancé de
12hà 14h et supérieur/pré-professionnel
de 16h30 à 18h.
• des ateliers Voulez-vous dansez avec
nous ? les 2 et 5 février au studio du Teatro
Victoria Eugenia : adultes non-danseurs et
débutants de 19h à 21h
Renseignements et inscriptions :
Teatro Victoria Eugenia
tél. +34 943 48 38 60
Biarritz - Burgos
Dans le cadre du partenariat de Malandain
Ballet Biarritz avec le Conservatoire à
Rayonnement Régional Maurice Ravel Côte
Basque, accueillant l’Escuela Profesional
de Danza de Castilla y León, une semaine
chorégraphique
transfrontalière
se
déroulera sur Biarritz et Burgos réunissant
les élèves des deux établissements.
Dominique Cordemans transmettra des
extraits de Cendrillon à 15 élèves du
Conservatoire Maurice Ravel et à 15 élèves
de l’Escuela Profesional de Danza. Elle
sera accompagnée par leurs professeurs
: Valérie Hivonnait, Véronique Aniorte,
Ana Ajenjo Soto, Amaya Iglesias et
Angelito Lozano, tous anciens danseurs
du Malandain Ballet Biarritz, ainsi que de
Fabrice Loubatières. Le fruit de ce travail
sera présenté le 22 février à 19h au Colisée
de Biarritz, puis à Burgos, le 26 février à
19h à l’Auditorium de l’Escuela Profesional
de Danza de Burgos.
40 élèves de CP et CE1 de l’Ecole Edouard
Herriot d’Anglet accompagnés de leurs
enseignantes Mesdames Cardonne et
Citerin ont été accueillis au CCN le 27
novembre. Après avoir préparé leur venue
à l’aide d’un matériel
pédagogique,
les élèves ont découvert le théâtre, les
coulisses, été sensibilisés aux aspects
techniques du spectacle (lumière, son et
régie) avant de suivre la réalisation des
costumes de La Belle et à la Bête. A ce titre,
ils purent échanger avec le décorateur et
les couturières, après quoi ils assistèrent
à la classe des danseurs. Ce parcours s’est
achevé en décembre par la venue des élèves
et de leurs parents aux représentations de
La Belle et la Bête ou de Cendrillon. En mai,
ces élèves participeront au Rendez-vous
sur le quai de la Gare, ils assisteront alors
aux représentations scolaires de Roméo et
Juliette, programmées par Biarritz Culture.
Autour des tournées
Equinoxe
Scène Nationale de Châteauroux
Lors de la représentation de Cendrillon
du 9 janvier, master-classe et atelier de
répertoire avec Giuseppe Chiavaro avec les
élèves du Conservatoire à Rayonnement
Départemental de Châteauroux et le Centre
Académique de Danse de Châteauroux.
Opéra-Théâtre de Limoges
Lors des représentations de Cendrillon des
16 et 17 janvier données avec l’Orchestre
de Limoges et du Limousin sous la
direction de Philippe Hui dans le cadre de
Danse-Emoi biennale 2016 :
• Rencontre avec Thierry Malandain
précédée d’une projection du
documentaire : Cendrillon, un an
de création réalisé par BoiSakré
productions, le 15 janvier au foyer du
théâtre à 18h.
• Master-classes et atelier de répertoire,
le 16 janvier avec Dominique Cordemans
pour les élèves du Conservatoire à
Rayonnement Régional de Limoges.
• Mégabarre animée par Dominique
Cordemans, le 16 janvier au foyer du
théâtre à 18h.
Renseignements : Opéra-Théâtre de
Limoges : tél. 05 55 45 95 00
Opéra-Théâtre de Saint-Etienne
Lors de la représentation de Cendrillon,
du 26 janvier à l’Opéra-Théâtre de
Saint-Etienne, plusieurs évènements se
dérouleront du 23 au 26 janvier en lien
avec l’Opéra Théâtre de Saint-Etienne, le
Conservatoire à Rayonnement Régional
Jules Massenet et la Mission culturelle du
Conseil Départemental de la Loire.
Option Art-danse
d’Aquitaine 10 ans déjà !
Renseignements : Conservatoire
Jules Massenet : tél. 04 77 49 65 30
[email protected]
Le premier trimestre aura permis
aux élèves de l’Option Art- danse du
Lycée André Malraux de Biarritz de
rencontrer plusieurs intervenants,
avec lesquels ils ont pu découvrir les
œuvres chorégraphiques du répertoire
classique et contemporain inscrites
à leur programme scolaire. Ainsi lors
d’ateliers théoriques et pratiques, avec
Nathalie Adam ils ont abordé Giselle
et Le Lac des cygnes. Avec Enrico
Tedde ils ont découvert l’univers de
Pina Bausch et sa version du Sacre du
printemps. Enfin avec Robert Thomas,
celle de Maurice Béjart.
Dans le cadre de la collaboration de
l’Opéra-Théâtre de Saint-Etienne avec
l’Académie de Lyon - Rectorat et du
Plan Académique de Formation (PAF),
Dominique Cordemans animera le 25
janvier une journée de formation sur la
thématique « Danse et figures féminines »
pour une quinzaine de professeurs de
Lettres, de Musique et d’EPS à travers
des lectures-vidéos de ballets de Thierry
Malandain et des ateliers de pratique.
Par ailleurs, la chorégraphe interprète
Johanna Etcheverry de la Compagnie
Traversée leur a proposé des ateliers
autour de son propre langage
chorégraphique. Tandis que les élèves
de 1ère travaillent actuellement avec
le chorégraphe Gilles Schamber
à la création d’une pièce qu’ils
présenteront le 31 mai au Casino de
Biarritz pour célébrer les 10 ans de
l’Option Art-danse d’Aquitaine.
Renseignements : Opéra-Théâtre de
Saint-Etienne - Relations avec les publics,
médiation et actions culturelles :
tél. 04 77 47 83 31
Option Art-danse libre
de Bordeaux
© Olivier Houeix
Master-classes et ateliers de répertoire
les 23 et 24 janvier ouverts aux écoles
de danses et aux conservatoires de la
Région Auvergne-Rhône-Alpes animés par
Dominique Cordemans.
Atelier Voulez-vous danser avec nous ?
le 25 janvier de 18h à 20h pour adultes
non-danseurs, musiciens et chanteurs à
l’Opéra-Théâtre de Saint-Etienne.
Rencontre avec Thierry Malandain le 26
janvier à 19h à l’Opéra-Théâtre de SaintEtienne.
Renseignements : Opéra-Théâtre de
Saint-Etienne : tél. 04 77 47 83 47
Dans le cadre du partenariat entre
le Malandain Ballet Biarritz et Le
Cuvier CDC d’Artigues-près-Bordeaux,
Gaël Domenger interviendra en
janvier auprès de l’Option Art-danse
facultative du Lycée Camille Julian de
Bordeaux en proposant des ateliers
autour de sa dernière création : L’Arbre
intégral. q
CRR de Reims
Lors du stage de danse, qui se déroulera
du 8 au 12 février au Conservatoire à
Rayonnement Régional de Reims en
collaboration avec la Région AlsaceChampagne-Ardenne-Lorraine,le
Département de la Marne et l’Opéra de
Reims, Dominique Cordemans animera des
master-classes et des ateliers de répertoire.
Elle proposera également une lecturevidéo de La Belle et la Bête, le 11 février
à 16h45 à l’Auditorium du Conservatoire
à Rayonnement Régional de Reims. (Tout
public / Entrée libre) D’autres projets
verront le jour durant la saison 2016-17 à
l’occasion des représentations de La Belle
et la Bête à l’Opéra de Reims, les 16, 17 et
18 octobre 2016.
Renseignements et inscriptions :
CRR de Reims :
tél. 03 26 09 74 90 - 03 26 35 61 27
LE LABO
et ESTIA :
L’Arbre intégral
festival FACTS 2015
Pour mémoire, l’ESTIA (Ecole
Supérieure
des
Technologies
Industrielles Avancées) de Bidart
et LE LABO de Malandain Ballet
Biarritz collaborent depuis près
de 10 ans sur les thématiques
que sont l’usage de l’interaction
homme machine et l’utilisation des
techniques de projection en 3D
stéréoscopiques dans le spectacle
vivant afin d’explorer de nouvelles
propositions qui parviennent à
accorder recherche scientifique et
recherche chorégraphique.
Ballet augmenté : interaction et
3D stéréoscopique en spectacle
vivant.
Suite à la présentation, le 25 décembre
de L’Arbre intégral au Cuvier CDC
d’Artigues-près-Bordeaux dans le Cadre
du Festival FACTS, Gaël Domenger
et Alexis Clay, chercheur à l’Estia
participeront à une journée d’échanges
et de rencontres autour des actions de
recherche et de pédagogie menée en Arts
et Sciences, organisée par l’Université de
Bordeaux et l’équipe du festival FACTS à
ENSEIRB-MATMECA (L’école nationale
supérieure d’électronique, informatique,
télécommunications, mathématique et
mécanique de Bordeaux).
Alexis Clay et Gaël Domenger présenteront
à cette occasion un retour d’expérience sur
l’intégration de nouvelles technologies
numériques dans le processus de création
qu’ont été leurs collaborations artistiques
et scientifiques : CARE : staging of a
research project (2011), Debussy3.0
(2013) et L’Arbre intégral (2015)
LE LABO
au Portugal
© Olivier Houeix
Autour des représentations de La Belle
et la Bête et de Cendrillon données
respectivement les 5 et 8 décembre, les
27 et 28 décembre à la Gare du Midi
de Biarritz et les 13 et 14 novembre au
Teatro Victoria Eugenia de Donostia /
San Sebastián des ateliers Voulez-vous
dansez avec nous ?, des master-classes et
des ateliers de répertoire ont été proposés
par Dominique Cordemans. Ils ont
réunis près de 300 enfants, adolescents,
étudiants issus d’écoles de danse, de
conservatoires et de centres de formation,
et d’adultes non-danseurs venus de France
et d’Espagne, ayant bénéficié de la formule
Duo permettant l’accès aux spectacles.
Parcours culturel
q
Biarritz
Donostia / San Sebastián
LE LABO
Suite à la rencontre à Biarritz entre le
Malandain Ballet Biarritz et la Ginasiano
escola de dança (Vila nova de Gaïa /
Portugal) en avril 2014 organisée par Silvia
Magalhaes, ex-danseuse du Malandain
Ballet Biarritz, Gaël Domenger s’est rendu
au Portugal du 8 au 20 décembre. Auprès
des élèves de cette école portugaise, il y
a poursuivi l’aventure commencée un an
plus tôt à Biarritz, en donnant des cours
de danse classique ainsi qu’une série
d’ateliers qui ont abouti à la création d’un
essai chorégraphique sur la question du
contrepoint.
LE LABO / Ateliers
Depuis le début de la saison les membres
du LABO, qui se réunissent chaque
lundi de 20h à 22h dans le Grand Studio
de la Gare du Midi, ont pu suivre des
ateliers dirigés par Gaël Domenger, Gilles
Schamber, Johanna Etcheverry et Jesus
Aured. Ils recevront le 29 février la visite
de la chorégraphe coréenne Eun Young
Lee et de sa compagnie Komusin qui sera
en résidence au CCN pour sa nouvelle
création : Han Gamjung Memory. Cette
création d’Eun Young Lee se propose
de porter, avec sérieux et autodérision,
une réflexion, tant chorégraphique
que cinématographique, sur les traits
identitaires particuliers à la Corée du Sud,
à l’intérieur desquels s’opposent modes de
vie traditionnel et moderne.
LE LABO présente
« Regards croisés Begirada Gurutzatuak » 2016
En 2016, avec le soutien du GECT Eurorégion
Aquitaine-Euskadi, le projet de coopération
chorégraphique transfrontalier : Regards
croisés – Begirada Gurutzatuak piloté depuis
quatre ans par Gaël Domenger et LE LABO
de Malandain Ballet Biarritz continue de
gagner en force et en soutien en réunissant
la Fundición de Bilbao (direction Laura
Etxebarria, programmation Luque Tagua), le
Glob Théâtre de Bordeaux (direction Bruno
Lecomte) et cette année la Compagnie de
Pedro Pauwels / Association Pepau, qui
s’implique en programmant à Limoges
une des compagnies sélectionnées. Cette
collaboration permettra à la nouvelle édition
de se dérouler non plus dans trois villes
différentes mais dans quatre : Biarritz, Bilbao,
Bordeaux et Limoges.
Biarritz ouvrira la marche les 30, 31 mars
et le 1er avril en permettant de découvrir,
au Colisée de Biarritz, la rencontre
chorégraphique entre Matxalen Bilbao et
Johanna Etcheverry et une nouvelle création
d’Igor Calonge pour la Compagnie Cielo Raso.
Comme lors de chaque édition, « Regards
croisés - Begirada Gurutzatuak 2016 » sera
un moment d’échange entre chorégraphes,
public et institutions éducatives, à travers des
ateliers, conférences, débats et projections
de documents filmés. La nouveauté sera
de proposer une exposition exceptionnelle
initiée par l’Association Pepau / Compagnie
Pedro Pauwels et pilotée par Olivier Houeix
(photographe officiel de Malandain Ballet
Biarritz) à la Médiathèque de Biarritz. Cette
exposition consacrée au photographe de
danse Jean Gros Abadie, reviendra sur 30
ans de la carrière d’un témoin privilégié
de l’évolution de la scène contemporaine
française et sera commentée par des textes
du journaliste et critique de danse Philippe
Verrièle.
•••
20 21
LE LABO
EN BREF
Le GLOB Théâtre de Bordeaux
La participation du GLOB Théâtre
de Bordeaux consistera pour l’édition
2016 de « Regards croisés - Begirada
Gurutzatuak », à accueillir en résidence
la jeune chorégraphe Eva Guerrero.
Cette résidence sera aussi l’occasion
d’une rencontre, à l’initiative de
Bruno Lecomte, entre la chorégraphe
de Bilbao et la jeune compagnie
bordelaise : La Tierce.
Amis du Malandain Ballet Biarritz
Le 27 décembre, à l’issue de la
représentation de Cendrillon, l’association
des Amis du Malandain Ballet Biarritz,
représentée par sa Présidente, Colette
Rousserie, a remis au Ballet son précieux
chèque de soutien annuel.
Concours de Jeunes Chorégraphes
Parmi les trente-deux candidats au
Concours de Jeunes Chorégraphes organisé
en partenariat avec le Ballet de l’Opéra
national de Bordeaux, six chorégraphes ont
été retenu pour la finale qui se déroulera
le 24 avril à la Gare du Midi de Biarritz :
Ricardo Amarante (Ballet Royal de Flandre),
Yvon Demol (Opéra national de Paris),
Martin Harriague (Kibbutz Contemporary
Dance Company), Olaf Kollmannsperger
(Staats Ballett Berlin), Vitali Safronkine (exdanseur au Béjart Ballet Lausanne), Xenia
Wiest (Staats Ballett Berlin).
Laura Etxebarria et Luque Tagua
recevront à la Fundición de Bilbao, non
pas une compagnie mais deux : Gilles
Baron avec le duo, La nuit entre deux
soleils, les 8, 9 et 10 avril. Puis, Pedro
Pauwels avec le trio, Triphasé, les 15,
16 et 17 avril 2016.
« Regards croisés Begirada Gurutzatuak 2016 »
à Limoges
Du 17 au 19 novembre 2016 « Regards
croisés - Begirada Gurutzatuak » fera
ses premiers pas à Limoges grâce au
soutien de la compagnie Pedro Pauwels
/ Association Pepau qui associera à sa
diffusion le travail du chorégraphe
Igor Calonge et de sa compagnie Cielo
Raso.
© Luna Campet
La Fundición de Bilbao
Instant Présent
Depuis le 22 septembre, déjà une
quarantaine de personnes ont rejoint
l’association Instant Présent qui propose
une immersion dans l’univers de la
danse classique, source d’inspiration des
créations de Thierry Malandain, et ce,
au cœur même du studio de danse du
Malandain Ballet Biarritz.
Dédiée aux adultes et aux seniors, cette
approche originale initiée par Aureline
Guillot, ex-danseuse du Malandain Ballet
Biarritz, mêle cours de danse académique
et ateliers autour d’œuvres du Répertoire,
donnant l’occasion d’explorer l’héritage
classique de Thierry Malandain (du
baroque au néoclassique en passant
entre autres par les ballets romantiques,
classiques, les Ballets russes…)
Planning des cours et ateliers, et
inscriptions sur www.instant-présent.eu
ou par téléphone au 06 04 53 45 27
22 23
La Mort du cygne au CNSMD de Paris
A l’invitation de Jean-Christophe Paré,
directeur des études chorégraphiques du
Conservatoire National Supérieur de Musique
et de Danse de Paris (CNSMD), Giuseppe
Chiavaro remontera en mars La Mort du
cygne (Malandain / Saint-Saëns) dans le cadre
du programme étuDIANSE du CNSMD de
Paris. Première représentation, le 2 mai à 19h
à la Salle d’art lyrique du CNSMD de Paris.
Hivernales de la Danse de Liège
Frederik Deberdt et Arnaud Mahouy,
entourés d’artistes du Royal Ballet de
Londres, du Ballet Royal de Flandres, du
Het National Ballet, de l’Opéra de Paris,
de l’Opéra de Vienne, du Royal Ballet de
Londres et de l’Opéra de Munich, se sont
produits les 21 et 22 novembre à Liège
lors de la 4e édition des Hivernales de la
Danse. Ils ont notamment interprété à
cette occasion un duo tiré du Portrait de
l’infante (Malandain / Ravel).
Compagnie Illicite - Fábio Lopez
Le 21 décembre, Fábio Lopez, ex-danseur
au Malandain Ballet Biarritz a présenté en
répétition publique au CCN des fragments
de sa prochaine création, Poil de Carotte
sur une musique de Thierry Escaich.
Réception en l’honneur de
La Belle et la Bête
Pour célébrer la création de La Belle et
la Bête, l’Hôtel du Palais, fidèle mécène
du Ballet, a convié toute l’équipe du
Malandain Ballet Biarritz et l’Orchestre
Symphonique d’Euskadi le 8 décembre
dernier.
Gare du Midi
23, avenue Foch • F-64200 Biarritz
tél. +33 5 59 24 67 19 • fax +33 5 59 24 75 40
[email protected]
président Michel Laborde
vice-président Pierre Moutarde
trésorière Solange Dondi
secrétaire Richard Flahaut
président d’honneur Pierre Durand
Direction
directeur / chorégraphe Thierry Malandain
directeur délégué Yves Kordian
Artistique / Création
maîtres de ballet Richard Coudray, Françoise Dubuc
artistes chorégraphiques Ione Miren Aguirre, Raphaël
Canet, Mickaël Conte, Ellyce Daniele, Frederik Deberdt,
Romain Di Fazio, Baptiste Fisson, Clara Forgues, Michaël
Garcia, Jacob Hernandez Martin, Irma Hoffren, Miyuki
Kanei, Mathilde Labé, Hugo Layer, Guillaume Lillo,Claire
Lonchampt, Nuria López Cortés, Arnaud Mahouy, Ismael
Turel Yagüe, Patricia Velazquez, Laurine Viel, Daniel
Vizcayo, Lucia You González
professeurs invités Angélito Lozano, Bruno Cauhapé,
Giuseppe Chiavaro, Sophie Sarrote
pianistes Alberto Ribera-Sagardia, Miyuki Brickle,
Jean - François Pailler
Transmission du répertoire
maîtresse de ballet Françoise Dubuc
Production / Technique
directeur technique Oswald Roose
régie plateau Chloé Bréneur, Jean Gardera
régie lumière Frédéric Eujol, Christian Grossard
régie son Jacques Vicassiau, Nicolas Rochais
techniciens plateau Raphaël Tadiello, Bertrand Tocoua
réalisation costumes Véronique Murat
régie costumes Karine Prins
construction décors & accessoires Frédéric Vadé
technicien chauffeurs Thierry Crusel, Guy Martial
agent d’entretien Ghita Balouck
Sensibilisation / Relations avec les publics
responsable sensibilisation / transmission du répertoire aux
pré-professionnels Dominique Cordemans
responsable Labo de recherche chorégraphique / médiation / accueil studio Gaël Domenger
Diffusion
chargée de diffusion Lise Philippon
attachée de production Laura Delprat
agents Le Trait d’union / Thierry Duclos,
Creatio 300 / Enrique Muknik, Norddeutsche
Konzertdirektion / Wolfgang et Franziska Grevesmühl,
Internationale Music / Roberta Righi
Communication
responsable image Frédéric Néry / Yocom
responsable communication Sabine Lamburu
attaché de presse Yves Mousset / MY Communications
photographe Olivier Houeix
Mission Euro région / Projets transversaux
administratrice de projet Carine Aguirregomezcorta
Secrétariat général / Mécénat
secrétaire général Georges Tran du Phuoc
Ressources humaines, finances et juridique
directeur administratif et financier Jean-Paul Lelandais
comptable Arantxa Lagnet
secrétaire administrative Nora Menin
Suivi et prévention médicale des danseurs
Romuald Bouschbacher, Jean-Baptiste Colombié, Aurélie
Juret
San Sebastián
Centre Chorégraphique Transfrontalier
© Olivier Houeix
Fidèles partenaires de « Regards croisés
- Begirada Gurutzatuak », les élèves
des sections de danse et musique
de l’Institut national des sciences
appliquées de Toulouse (INSA), sous
la responsabilité de Laurent Grégoire,
seront présents à Biarritz, comme
chaque année, du 31 mars au 1er
avril 2016. Ils seront accompagnés
du chorégraphe Gilles Baron avec
lequel
ils ont pu travailler lors
d’une résidence chorégraphique en
novembre 2015 et février 2016 dans
leurs locaux toulousains. Le résultat de
cette résidence sera proposé par les
étudiants de l’INSA, en présence du
chorégraphe au CCN le 31 Mars.
© Olivier Houeix
L’INSA de Toulouse
A l’invitation de Jean-Claude Ciappara,
directeur des études chorégraphiques
du Conservatoire National Supérieur
Musique et Danse de Lyon, Giuseppe
Chiavaro a remonté trois duos de Mozart
à 2 (Malandain / Mozart) au Jeune
Ballet du CNSMD de Lyon. Françoise
Dubuc les portera à la scène pour la
première représentation qui se déroulera
le 25 janvier à 20h à l’Amphithéâtre
culturel de l’Université Lyon 2 – Bron.
Renseignements : tél. 04 78 28 34 34
centre chorégraphique national
d’aquitaine en pyrénées atlantiques
Malandain Ballet Biarritz
Yves Kordian directeur délégué
Carine Aguirregomezcorta suivi du projet
Arantxa Lagnet relations partenaire, traduction basque
Teatro Victoria Eugenia
Jaime Otamendi directeur
Norka Chiapuso direction de programmation
Maria Jose Irisarri suivi administratif
Koldo Domán suivi des actions
Numéro
direction de la publication Thierry Malandain
conception & design graphique Frédéric Néry
impression Cap Collectif imprimerie
ISSN 1293-6693 - juillet 2002
Claire Lonchampt, La Belle et la Bête © Olivier Houeix + Yocom
•••
Mozart à 2 au CNSMD de Lyon
CALENDRIER
JANVIER > MARS 2016
Représentations en France
09/01
Châteauroux
16/01
Limoges
Cendrillon, avec l’Orchestre de Limoges et du Limousin
17/01
Limoges
Cendrillon, avec l’Orchestre de Limoges et du Limousin
26/01
Saint-Etienne
Cendrillon (scolaire et tout public)
05/03
Fontenay-le-Comte
Cendrillon
07/03
Beauvais
Cendrillon
09/03
Sucy-en-Brie
Nocturnes, La Mort du cygne, Estro
11/03
Plaisir
Cendrillon
12/03
Le Vésinet
Nocturnes, Estro
13/03
Montrouge
Cendrillon
15/03
Rungis
Nocturnes, La Mort du cygne, Une Dernière chanson
17/03
Courbevoie
Nocturnes, Estro
18/03
Garges-lès-Gonesse
Cendrillon (scolaire et tout public)
20/03
Meaux
Cendrillon
22/03
Dinan
Silhouette, Nocturnes, Une Dernière chanson
24/03
Arcachon
Nocturnes, Estro
25/03
Le Bouscat
Nocturnes, Une Dernière chanson
Cendrillon
Allemagne / Lerverkusen
Roméo et Juliette
20/01
Allemagne / Russelsheim
Nocturnes, Estro, Boléro
22/01
Allemagne / Bonn
La Belle et la Bête
23/01
Allemagne / Reimsheid
La Belle et la Bête
01/02
Espagne / Pampelune
La Belle et la Bête, avec Orquesta Sinfónica de Euskadi
19/02
Espagne / San Cugat
Cendrillon
20/02
Espagne / Terrassa
Estro, Nocturnes
24/02
Suisse / Monthey
Nocturnes, Estro
26/02
Allemagne / Fribourg
La Belle et la Bête
27/02
Allemagne / Fribourg
La Belle et la Bête
01/03
Suisse / Morges
Nocturnes, Estro
Représentations Euro région
03/02
Espagne / Donostia-San Sebastián
La Belle et la Bête, avec Orquesta Sinfónica de Euskadi
04/02
Espagne / Donostia-San Sebastián
La Belle et la Bête, avec Orquesta Sinfónica de Euskadi (scolaire et tout public)
06/02
Espagne / Donostia-San Sebastián
Bal de La Belle et la Bête
28/01
Espagne / Bilbao
La Belle et la Bête, avec Orquesta Sinfónica de Euskadi
www.malandainballet.com
12/01
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Représentations à l’étranger
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