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page du rabbin
> Parler de la Bible chrétienne
Dans le cadre de l’exposition sur la Bible au temple de la Fusterie, Hafid Ouardiri et moi
étions invités à parler du Nouveau Testament vu par…
e me suis alors penché sur les
écrits du Professeur Samuel
Sandmel qui enseignait les
religions comparées au He-
brew Union College de Cincinnati.
Dans ses ouvrages, il rappelle que le
christianisme et le judaïsme dit phari-
sien, c’est-à-dire rabbinique, se fondent
tous les deux sur le Tenakh et sur les
écrits qui étaient connus de tous mais
dont certains, comme le Livre des Mac-
chabées, ne furent pas intégrés dans
notre canon biblique. La source d’ins-
piration est donc commune et les doc-
trines similaires.
Dans un premier temps, le christia-
nisme s’est développé dans le même
environnement dans lequel baignait
le judaïsme. Ensuite, il a pris son es-
sor dans le monde gréco-latin qui était
un monde plus hellénisé que le monde
moyen-oriental.
Pour reprendre l’affirmation du profes-
seur Abraham Joshua Heschel, la Bible
est un long et grand midrach, c’est-à-
dire une écriture ou une réécriture de
la Révélation et de l’histoire de notre
peuple. De même, selon le professeur
Samuel Sandmel, les Évangiles sont un
long midrach sur la vie de Jésus.
Mais des différences apparaissent as-
sez tôt.
Ainsi, dans notre Tradition, les Pa-
triarches et les Matriarches, Moïse et
tous les prophètes, sont des exemples
de vie par leur humilité, leur noblesse
de caractère, leur profonde spiritualité.
Mais aucun n’est parfait. Ce n’est pas
la perfection qui est l’aune de référence,
mais la bonté et l’équité. Cela rend plus
aisée l’identification avec eux et permet
de diriger son existence en prenant mo-
dèle sur leurs actes.
Dans les Évangiles et les Épîtres, Jé-
sus est parfait et devient seule source
d’inspiration et de salut. Dans l’Épître
aux Hébreux, cette nouvelle approche
est amplifiée et la «Nouvelle Alliance»
remplace l’« ancienne ». Jésus devient le
médiateur unique et le point focal de la
réflexion théologique. Or cette notion
est étrangère au judaïsme. Elle instaure
donc une rupture fondamentale entre
judaïsme et christianisme.
De plus, selon le Professeur S. Sandmel
et dans une optique juive, l’importance
centrale donnée à la foi est en même
temps la force et la faiblesse des Évan-
giles et des Épîtres. Force, car elle per-
met à tous de trouver une place au sein
de l’assemblée des croyants, faiblesse
car cela «désincarne» l’humain. Cela
étant, comme le judaïsme, le christia-
nisme propose une interprétation de
la volonté divine, mais différente de la
nôtre, et définit «Israël» non comme
un peuple uniquement, mais comme
une communauté de croyants.
Si différences il y a et si ces différences
ont été amplifiées par les dévelop-
pements théologiques au cours des
siècles, un socle commun nous réunit.
Et sans nier l’approche chrétienne qui
peut être cause de disputation théo-
logique, notre proximité est grande et
peut être source de rapprochement.
Les Chrétiens ont un avantage sur
nous: leur Bible contient le Tenakh
alors que notre Tenakh, notre Bible,
ignore leurs écrits bibliques. Mais il est
possible de lire et de parler des Évan-
giles et des Épîtres. En parler dans le
cadre juif, c’est ouvrir le dialogue en
connaissance de cause et sans a priori.
Rabbin François Garaï
J
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