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ZONE FRANCHE MAURICIENNE
Etude sur les zones franches de l’Ile Maurice rédigée par :
Mme Laurence Buzenot
Docteure en géographie, Université de La Réunion
Chercheure associée au laboratoire Gecko Paris Ouest Nanterre, La Défense
http://www.laurence.buzenot.sitew.com/#Recherche_et_CV.A
« Une contribution essentielle au développement des petites économies insulaires (PEI)
L’Ile Maurice : un exemple de réussite face à la mondialisation des échanges et à la dure concurrence
des pays asiatiques.
Les Zones Franches : une réponse au sous-développement et au chômage de masse des Antilles
Guyane »
Claude GELBRAS
CCI de la Martinique
Expert honoraire
Marseille, le 18 septembre 2012
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L’île Maurice, petite île du sud-ouest de l’océan Indien, est située à environ 900 km à l’Est de
Madagascar et elle appartient à l’archipel des Mascareignes (comprenant l’île de La Réunion et l’île
Rodrigue). Elle forme avec l’île Rodrigue, les îles de Saint-Brandon et d’Agalega et l’archipel des
Chagos, un Etat archipélagique.
Sa superficie : 1 865 km²
Sa population en 2012 : 1, 250 million d’habitants avec une densité moyenne de 578 hab/km² et des
zones de très fortes densités atteignant 5 500 hab/km².
Indépendance : 1968, ancienne colonie française (1715 à 1810) et de la couronne britannique (1810 à
1968)
1992 : Avènement de la République
La zone franche mauricienne est lancée en 1970 pour accueillir des activités délocalisées des pays
européens. Elle est surtout spécialisée dans le secteur textile-habillement.
I- Présentation de la zone franche mauricienne
La zone franche mauricienne voit le jour au début des années 1970. Le gouvernement travailliste vote
l’Export processing zone Act. Tout l’île est proclamée zone franche. Les unités de productions peuvent
s’implanter sur n’importe quelle partie du territoire, c’est la raison pour laquelle nous les appellerons
des «points francs». Ce zonage n’est pas unique. Les petites îles indépendantes de la Caraïbe sont
également des zones franches sans délimitations précises. A La Barbade, la loi fiscale de 1974 (Fiscal
Incentives Act) permet aux entreprises produisant pour l’exportation de bénéficier de réductions
fiscales pendant 10 ans : «The Fiscal Incentives Act (1974) provides a maximum 10 years tax holidays
to any manufacturer of en approved product, provided that if meets the definition of an enclave
enterprise : manufacturing exclusively for export outside of CARICOM» et sans restriction
implantation «foreign investors do not need to establish facilities in an specific location». A saint-
Kitts, la loi n°17 de 1974 pour promouvoir l’industrie définit administrativement les entreprises
produisant pour l’exportation. Elles sont appelées des Enclaves Enterprises. Cette loi accorde des
exemptions fiscales sur 15 ans. Malgré la définition administrative, les entreprises s’installent dans les
parcs construits par la Banque de Développement.
La zone franche industrielle mauricienne est considérée comme un modèle par de nombreux
observateurs et spécialistes du développement insulaire. Les investisseurs locaux ont pris une part
importante dans la zone franche industrielle et ils ont participé à la diversification structurelle de
l’économie mauricienne dominée jusqu’en 1986 par la culture de la canne à sucre. En 1992, la zone
franche industrielle est complétée par le dispositif de zone franche portuaire.
Les activités manufacturières nécessitant une main-d’œuvre abondante et peu formée se développent
procédant ainsi à l’industrialisation légère de l’île. La zone franche est une zone franche industrielle
dont la production est orientée vers les marchés extérieurs, tout en laissant possible la vente de 25 %
de la production sur le marché local. Le secteur textile-habillement représente plus de la moitié des
activités (cf. Figure 1). La diversification des activités de la zone franche par d’autres secteurs
d’activité comme la joaillerie, les fleurs coupées (comme l’anthurium), l’électronique et les centres
d’appel font partie des stratégies de développement récent pour limiter la vulnérabilité d’une petite
économie insulaire spécialisée. Le textile-habillement lance la zone franche mauricienne ; il est l’un
des piliers de l’économie mauricienne depuis 40 ans.
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Figure 1 : Les activités de la zone franche mauricienne en 2011
Source : CSO Mauritius, 2011.
La diversification des activités est en cours. Certains secteurs d’activiconnaissent des difficultés. La
joaillerie mauricienne connaît des difficultés sur les marchés étrangers (secteur représente 9% des
activités de la zone franche). Le savoir-faire traditionnel de la communauté indienne est reconnu dans
ce domaine. Les bijoux occupent une part importante dans la culture indienne pour la mise en beauté
des femmes quotidiennement et lors des cérémonies religieuses. Les entreprises de la zone franche ont
du mal à trouver des débouchés en Europe en raison de la forte concurrence. Le développement de
cette activité dépend de ses liens avec le tourisme (la vente dans les hôtels et les magasins
touristiques). L’anthurium (placé dans la catégorie des fleurs) oscille entre «gloire et déboires». La
production d’anthurium représente 3% des activités de la zone franche
1
. Cette fleur originaire d’Hawaï
est introduite dans l’île en 1962. L’exportation connaît des difficultés sur les marchés européens du
fait de la concurrence des piniéristes hollandais et italiens du sud. De plus, les variétés locales sont
difficiles à emballer et à transporter. De nouvelles variétés issues des laboratoires de l’Agricultural
reseach and extension unit sont proposés en 2006 aux producteurs afin de toucher de nouveaux
marchés comme le Japon, la France et Hong-Kong. Succès de courte durée, le marché japonais a
fortement baissé depuis trois ans, depuis que les Taïwanais ont investi dans cette culture.
1
Apexhom : L’Association professionnelle des producteurs exportateurs de produits horticoles de Maurice créée en 1996 a
pour objectif d’assurer la promotion et le développement de la filière horticole. Elle travaille de façon privilégiée sur les
filières suivantes : fleurs, fruits et légumes, épices, produits transformés (défense des intérêts, diffusion des informations
technique et des nouvelles des marchés).
Cordonnées :
P.O. Box 1197
Port Louis, République de Maurice
Ile Maurice
Tel 433 49 06
Fax 433 48 62
Adresse mail [email protected]
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L’électronique est un secteur quasiment absent des activités de la zone franche mauricienne. Il
représente à peine 2 % des activités. Le secteur a eu du mal à décoller par manque de fournisseurs et
de débouchés.
L’industrie alimentaire est en revanche en pleine croissance (9 % des activités de la zone franche en
2011 contre 2 % en 2006). L’essor de l’industrie alimentaire repose sur la présence de l’usine Princess
Tuna associée au projet de Sea Food Hub. Cette entreprise est une conserverie de thon. Elle bénéficie
de l’augmentation des thons déchargés dans le port franc passant de 38 641 tonnes en 2003 à près de
62 670 tonnes en 2009. De plus l’activité bénéficie d’une Zone Economique Exclusive de 1,9 millions
de Km² (cf. figure 2) et de l’appui technique, politique et scientifique du Programme Thonier
Régional de la Commission de l’Océan Indien (COI).
Figure 2 : La Zone Economique Exclusive (ZEE) de l’île Maurice
Le textile-habillement est le secteur d’activité dominant et il sera essentiellement traité dans cette
étude. Ce secteur est à l’origine de l’industrialisation extravertie et légère et il est l’un des piliers de
l’économie mauricienne au côté de l’agriculture, du tourisme et des services. L’étude d’une zone
franche industrielle d’exportation de par la diversité des activités qui s’y trouvent nécessite des
approches sectorielles poussées, permettant ainsi les acteurs publics et privés d’anticiper les évolutions
conjoncturelles et structurelles.
Les activités textile et habillement de la zone franche mauricienne a généré en 2011 près de 50
milliards de chiffre d’affaire. Les exportations diminuent en qualité mais elles gagnent en qualité avec
la montée vers des produits de qualité de nombreux entrepreneurs.
II- Les acteurs institutionnels
Parmi les institutions étatiques et para-étatiques qui jouent un rôle promotionnel ou de régulation dans
le développement économique : la MEDIA devenue le Board of Investment (BOI) et la SMIDO
devenue la SEHDA, sans oublier les Banques Centrales et les Banques de développement. Les deux
dernières institutions ne sont traitées ici.
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La MEDIA
La MEDIA (Mauritius Export Development and Investment Authority), société mixte créée en 1983,
est l’organisme en charge de la promotion des investissements et des exportations de la zone franche.
Cette institution voit le jour au moment la zone franche mauricienne est au début sa phase de
croissance emplois et entrées de devises grâce notamment aux successives dévaluations
monétaires. Elle s’occupe de donner une image attractive du pays auprès des investisseurs potentiels
grâce aux antennes installées en France, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Italie, en Espagne, en
Inde et aux Etats-Unis. Pour se faire, elle publie des brochures promotionnelles aux entreprises
souhaitant délocaliser. Ses activités consistent à rechercher des «niches» économiques, à étudier les
pays concurrents, à mettre en place des projets, à identifier les produits susceptibles de toucher les
marchés européens, étatsuniens et de plus en plus africain et à organiser des missions de promotion
vers les investisseurs intéressés. Elle aménage et gère, localement, les lotissements industriels. Elle
participe aux foires internationales pour faire connaître les potentiels industriels de l’île. Cette
institution a montré des limites dans la gestion des rapports entre investissements étrangers et
exportations. Les investisseurs étrangers se retrouvaient dans des situations de va et vient entre
différents ministères. En 2001, le gouvernement vote l’Investment Promotion Act pour améliorer la
coordination entre investissements et exportations et la loi transfère toutes les activités de promotion et
de facilitation de l’investissement au Board of Investment (BOI).
Le BOI
Le BOI est financé par le Trésor et elle est destinée à traiter rapidement les demandes. Le BOI met à la
disposition des investisseurs et professionnels étrangers une panoplie de services personnalisés. Les
professionnels en poste à la BOI, tous diplômés d'universités, ont une connaissance approfondie des
différents secteurs économiques du pays. Les services suivants sont dispensés gratuitement par le BOI:
- Conseil sur les potentialités d'investissement à Maurice;
- Conseils spécifiques par secteur d'activité et autres informations sur mesure pour le démarrage
de votre entreprise à Maurice;
- Organisation de rencontres et visites sur le terrain;
- Identification de partenaires potentiels pour des projets de "joint-venture";
- Conseil sur le choix de vos équipements et la localisation de votre entreprise;
- Assistance en matière de permis de travail, permis de résidence et autres formalités
- Un département spécial "Vivre et travailler à Maurice" a été mis sur pied pour simplifier et
accélérer les démarches à entreprendre
Site internet : http://www.investmauritius.com/BOIPortal_fr/About2.aspx
Adresse:
Board of Investment
10th Floor, One Cathedral Square Build-
ing,
16, Jules Koenig Street,
Port Louis
Republic of Mauritius
Téléphone: (230) 203 3800 Fax: (230) 208 2924 / Centre de conseil: contact@investmauritius.com
La SMIDO devenue la SEHDA
La seconde intervention de l’État mauricien concerne le développement des petites et moyennes
entreprises (industrielles et de services confondus). La structure d’encadrement dans ce domaine date
de 1983. Elle a été rénovée en 1993 avec la création de la Small and Medium Industries Development
Organization (SMIDO) qui reçoit une assistance technique de l’ONUDI, et elle se concentre sur les
entreprises ayant un équipement d’une valeur inférieure à 10 millions de roupies. La SMIDO s’occupe
de la promotion des liens entre les petites et les moyennes entreprises et les plus grandes, ainsi que la
mise en commun de réparation et d’entretien. La SMIDO est devenue la SEHDA en 2008. La nouvelle
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