Micro et macro-organismes dans les systèmes de distribution d'eau potable
Jean-Claude BLOCK, Professeur (LCPME - UL et CNRS) et Vincent GAUTHIER, Responsable
Qualité Produit (VEOLIA EAU)
Les eaux de distribution publique véhiculent un grand nombre de micro-organismes de type
bactéries, et un nombre beaucoup plus faible de macro-organismes (amibes, aselles,
nématodes, etc). Leur introduction dans le réseau se fait via les eaux traitées (environ 107 à 108
cellules bactériennes/L, hors de tout problème technique ou accident), mais aussi via des
infiltrations associées à des épisodes de pressions négatives, et des retours d’eau accidentels.
De plus la contamination bactérienne systématique du point d’usage est sensible dans des
secteurs particuliers (hôpital, industrie utilisant des eaux ultra-pures, thermalisme). La
survie/multiplication de ces organismes dans le réseau est possible dans l’eau, à la surface des
particules en suspension, au sein des sédiments déposés dans les installations, et des biofilms
formés sur les parois. Dans certains cas, des macro-organismes peuvent aussi servir de cheval
de Troie et véhiculer des bactéries ainsi protégées de l’action des désinfectants.
Cette situation déjà ancienne mérite d’être ré-évaluée régulièrement pour s’assurer de
la qualité des eaux traitées, et surtout de la dynamique de cette biomasse dans les réseaux qui
– quelle que soit leur taille - fonctionnent toujours comme des bio-réacteurs.
Depuis une dizaine d’années, diverses améliorations techniques (diminution de la
matière organique des eaux, post-chloration mieux maîtrisée, nettoyage annuel des réservoirs)
font que les macro-organismes présents en plus faible nombre posent peu de problèmes au
gestionnaire des réseaux publics et sont peu visibles chez l’utilisateur. Du point de vue
bactériologique, l’étude fondatrice de Payment et collaborateurs des années 90 avait bien
montré une faible mais significative association entre gastro-entérites et consommation d’eau
du robinet, mais on peut aujourd’hui considérer que les bactéries véhiculées par les réseaux de
distribution d’eau potable n’impactent pas la santé du consommateur.
Par contre la présence de ces bactéries en interdit l’utilisation directe dans de nombreux
secteurs industriels. Les problèmes sont divers : importance de la masse de bactéries associées
aux sédiments et aux particules qui imposent des nettoyages fréquents, variabilité horaire ou
saisonnière des niveaux de contamination, croissance bactérienne au cours du transport ou lors
des périodes de stagnation qu’il convient de gérer, effet des réseaux intérieurs, bactéries
extrêmement petites capables de passer des filtres de stérilisation, bactéries véhiculées par des
amibes, …
Dans tous les cas, limiter le nombre de ces micro-organismes et leur prolifération reste
un objectif majeur du producteur d’eau.