Sociologie des mondes agricoles
moins qu'en 1990, baisse d'autant plus forte si on s'intéresse aux conjoints ou autres membres de la famille qui travaillent sur
l'exploitation.(pyramide des ages p. 144)
La terre entre patrimoine familial, outil de travail et abstraction foncière : cette évolution recouvre une rupture culturelle. La
taille toujours croissante des exploitations est une autre réalité alliée à la spécialisation des productions. Une activité de plus en
plus intégrée à l'industrie agro-alimentaire, les auteurs parlent de « délocalisation » et de standardisation : les productions sont
désormais plus liées aux industries, aux zones de consommation ou d'échanges qu'au terroir (emmenthal fabriqué en Bretagne).
Un territoire agricole abstrait et de nouvelles formes juridiques changent la donne : sociétés civiles d'exploitation agricole qui
exploitent des terres dans le bassin parisien, le Cher mais aussi la Roumanie voire le Maroc avec des capitaux non agricoles.
Même s'ils restent majoritairement issus d'une famille d'agriculteur ils sont de mieux en mieux formés.
Une force sociale et politique organisée.
Le poids politique est aujourd'hui plus important que le poids démographique. L'organisation professionnelle est ancienne (le
premier syndicat agricole est né en 1883) dont l'histoire est rapidement retracée, elle joue un rôle important dans la définition de
la politique agricole au sein du Conseil de l'Agriculture Française (CAF).
Les auteurs présentent les quatre grands organismes : syndicalisme avec la FNSEA, Le CDJA, le crédit mutuel agricole et la
mutualité agricole et enfin les chambres d'agriculture.
L'émergence d'autres syndicats ne remet pas réellement en cause la place de la FNSEA dans les organismes de gestion.
L'analyse des modes d'expression, manifestations violentes ou non, l'ancrage politique et l'appartenance religieuse sont présentés.
Vers une sociologie des mondes agricoles dans la globalisation
XXIème siècle, un monde urbanisé et malgré tout, à l'échelle mondiale, des paysans toujours plus nombreux sur des exploitations
toujours plus petites, des acteurs de plus en plus pauvres : c'est ce constat qui introduit ce dernier chapitre et ouvre sur une
sociologie rurale mondiale.
Les auteurs proposent un essai de typologie :
• Une agriculture familiale paysanne avec pour horizon des échanges le village (Afrique sub-saharienne, Chine intérieure,
Amérique latine mais aussi montagnes d'Europe centrale) et un projet politique de Via Campesina.
• Une agriculture familiale « diversifiée, pluriactive et territoriale » : un patrimoine familial, des activités diverses,
production, transformation, accueil, services (Bavière, Italie)
• Une agriculture « spécialisée et standardisée » : forte technicité, culture d'entreprise (Europe du Nord, Amérique du Nord)
mais souvent difficile à transmettre, mobilité professionnelle, lourdeur des investissements.
• Une agriculture familiale « sociétaire » avec dissociation travail agricole, capital - gestion patrimoniale et foncière. Les
héritiers non agricoles restent membres de la société foncière. (Bassin parisien, Champagne, Plaine du Pô, Allemagne)
Face à ces formes se développe une agriculture faite de nouveaux acteurs (fonds d'investissement, multinationales, voire états)
qui achètent des terres et emploient des salariés agricoles avec une gestion souvent dominée par le court terme (cultures fruitières
en Amérique centrale, Mato Grosso brésilien, Daewo et huile de palme à Madagascar).
Pourtant un constat s'impose à l'opposé perdure ou progresse une agriculture de subsistance pauvre, (Europe de l'Est à la
périphérie des grands exploitations décollectivisées, Asie, Afrique sub-saharienne, sans terre prolétarisés d'Amérique latine mais
aussi en France - en Mars 2011 selon la MSA plus de 33 000 agriculteurs étaient bénéficiaires du RSA).
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