MIEUX VIVRE AGENDA
La crise en milieu
culturel ?
témoignages
SOCIETE
Fanz’Yo est en colère
contre la condition de
la femme
(Eh dîtes oh ! du mois)
DECEMBRE 2013 - JANVIER 2014 / n°144 / 20 000 EX / www.fanzyo.com
Le mensuel culturel loisirs
environnemental de votre région
DECEMBRE 2013 - JANVIER 2014 / n°144 / 20 000 EX / www.fanzyo.com
ce mois-ci
Sommes-nous
des étrangers
ou des éxilés ?
Interview de Marcel Bozonnet
pour sa pièce “Exilé”
Come in Every Indie Body
to Nîmes
Une soirée Toxic
à Saint-Rémy-de-Provence
Préparez
votre Kolorz d’hiver
Un des plus grands festi-
vals flamenco d’Europe,
c’est à Nîmes, en janvier 2014.
Marseille va se doter
d’un nouvel Affranchi
Le mensuel satirique
“Siné” a besoin de vous !
Un autre Noël
est possible
ambiance, repas,
idées de cadeaux responsables,
marchés de Noël dans vos villes
L’agroécologie :
une agriculture d’ave-
nir assaisonnée à la
sauce Big Mac
> “j’ai rêvé d’un autre monde...”
Bon courage mesdames...
Notre monde actuel évolue… technologiquement mais sûre-
ment pas moralement. Nous savons aller encore plus vite
dans le ciel, sur la route. Nous savons aller dans l’espace et
sauver des baleines échouées sur les plages. Nous savons
organiser une coupe du monde (Brésil) en cachant la pau-
vreté. Nous savons dépenser plus de 30 milliards d’euros
(un record mondial) en période de crise, pour organiser les
prochains Jeux Olympiques. Mais on ne sait toujours pas
traiter les humains à égalité et, plus majoritairement, les
femmes et les jeunes filles.
Une information est passée inaperçue au milieu de la
énième discussion sur les taxes, les rythmes scolaires, le
froid… une information pourtant importante pour notre quoti-
dien. On apprenait fin novembre que l’Afghanistan allait réta-
blir dans son code pénal la lapidation comme peine capitale
pour les auteurs d’adultère !
Qu’est ce que l’adultère ? C’est lorsqu’une femme mariée
tombe amoureuse d’un autre homme par exemple...
Il y a plus de 10 ans, les occidentaux avec l’Otan
(Angleterre, USA,… France) débarquaient en Afghanistan
pour chasser les fous de Dieu (talibans) et installer une
liberté pour les hommes et les femmes cachés derrières des
grilles et des rideaux. 10 ans après, les Anglais et les
Français sont partis. Les Américains bientôt, et cette der-
nière loi qui est en phase d’être votée va encore plus aggra-
ver la liberté et la condition de la femme.
Trouvez-vous normal que nous soyons plus préoccupés par
le dernier Iphone ou les seins de Nabila en silicone, plutôt
que de se pencher sur l’éradication purement et simplement
de ces actes barbares sur terre, non ?
Quoi ? L’Afghanistan, c’est loin et c’est des sauvages ?
Un petit retour à votre mémoire sur notre Histoire…
Sept femmes sur dix dans le monde sont confrontées à des
violences physiques ou sexuelles. Une femme meurt tous
les trois jours en France sous les coups de son conjoint.
Le 29 avril 1945, les femmes françaises ont enfin le droit de
vote et ne dépendent plus de leurs maris pour élire leur
Président de la République, elles ont le droit d’avoir des
idées, des avis et de débattre de leur quotidien.
En France, depuis juillet 1965, les femmes ont le droit de
signer un chèque, d’ouvrir un compte en banque, déposer
leur argent… sans l’autorisation de leur mari.
Vous en voulez encore ?
Comment un monde qui se dit supérieur aux animaux, a pu
imaginer cela ?
Dans le monde animal, la femelle est respectée par le mâle
la plupart du temps, même si la relation reste basique et ins-
tinctive mais auncun ne tue sa femelle “gratuitement”. On
trouve plus de cas de mâles qui meurent pour les beaux
yeux de leurs femelles... que le contraire !
Notre comportement humain vis-à-vis des femmes n’est
donc pas naturel.
Notre monde est peut-être gouverné par les hommes, ceux
qui ont des « corones » et souvent en manque de neurones.
Car malheureusement, on privilégie plus cette charge d’hor-
mones masculines, plutôt que la finesse des femmes.
Ceci explique, un peu, les absurdités de notre monde avec
des guerres idiotes comme au Moyen Orient, en Irlande, en
Chine avec le Tibet, etc.… où l’on privilégie plus la violence
que le dialogue.
Le dialogue, la diplomatie, la finesse d’esprit peuvent entraî-
ner un échange où chaque partie peut s’entendre, partager
et gagner un bout de chemin. Chacun acceptant que toutes
les parties soient gagnantes plutôt que de la jouer “à la cor-
ones” et de faire en sorte qu’il y ait qu’un seul et unique
gagnant. La deuxième solution est source de conflits depuis
la naissance de notre monde.
Depuis quelques temps, on voit des femmes politiques qui
s’engagent dans un monde conservateur et masculin. Elles
ont peut-être plus de courage que les hommes car elles doi-
vent constamment prouver leurs compétences intellec-
tuelles.
Les prochaines élections municipales dans la ville de Paris
montrent qu’il y a, peut-être, une avancée de nos mentalités
puisque les Parisiens seront partagés par deux programmes
menés par deux femmes dans la capitale française. Les
Etats-Unis se préparent également à la première femme pré-
sidente des Etats-Unis avec Hilary Clinton qui viserait le pro-
chain mandat présidentiel, dans la plus grande puissance
économique et militaire mondiale.
Les femmes au pouvoir ? Elles ne peuvent pas faire pire que
la gestion humaine de nos hommes. Elles ne pourront peut-
être pas faire de miracle économique mais elles arriveront
sûrement à apporter un monde plus juste, plus équilibré où
tout le monde ou presque profite des richesses en les parta-
geant au mieux entre tous. Et surtout, elles permettront peut-
être que des aberrations comme les lapidations de femmes
ou de jeunes filles allant à l’école puissent enfin cesser.
L’histoire de l’«homme» existe depuis des millions d’années,
c’est au tour de la «femme» d’écrire mainte-
nant la sienne.
Bon courage mesdames. (DJ)
Hé Dîtes oh !
3 DECEMBRE 2013 - JANVIER 2014
La provocation est
une façon de remettre la réalité
sur ses pieds
Bertold Brecht
Ceux qui pensaient que le nouveau
Président iranien, Hassan Rouhani,
était un réformateur, seront sûrement
déçus : Rouhani vient de signer une
nouvelle loi pour autoriser les hommes à
épouser leurs filles adoptives, à partir du
moment où elles ont atteint l’âge de 13
ans. Le Guardian rapporte que cette loi
était intégrée à une nouvelle législation
qui avait pour but, ironiquement, de pro-
téger les enfants. Elle a été approuvée
par le parlement iranien ce dimanche.
«Cette loi légalise la pédophilie »,
commente l'avocate Shadi Sadr, qui
milite pour les droits de l’homme au sein
de l’organisation Justice for Iran, basée à
Londres. « Se marier avec un enfant
adopté ne fait pas partie de la culture ira-
nienne. Evidemment, il y a de l’inceste en
Iran, plus ou moins comme dans tous les
pays du monde, mais cette loi légalise la
pédophilie et met nos enfants en danger,
faisant de ce délit une norme dans notre
culture », ajoute-t-elle. « Si un père se
marie avec sa fille adoptive qui est
mineure et qu’il y a des relations
sexuelles, c’est un viol ».
Selon Sadr, les législateurs iraniens
justifient cette loi en expliquant qu’elle
permettra de résoudre le problème
des complications liées au hijab (le
foulard) lorsqu’une fille est adoptée. Une
fille adoptée doit porter le hijab devant
son père, et une mère devrait le porter
devant son fils adoptif à partir d’un cer-
tain âge, précise Sadr. « Avec cette loi,
vous pouvez être pédophile et obtenir
une proie en prenant le prétexte d’adop-
ter un enfant », dit-elle.
Shiva Dolatabadi, qui dirige la société
de protection des droits de l’enfant
iranienne, estime aussi que la loi léga-
lise l’inceste. « Vous ne pouvez pas
ouvrir une voie dans laquelle le rôle d’un
père ou d’une mère peut être mêlé à celui
de conjoint. Les enfants ne sont pas en
sécurité dans une telle famille ». En Iran,
les filles peuvent se marier à partir de
l’âge de 13 ans si elles ont la permission
de leur père. Mais un juge peut égale-
ment autoriser le mariage d’une fille de
moins de 13 ans. Les garçons quant à
eux peuvent se marier à partir de l’âge de
15 ans. En 2010, on a recensé 42 000
mariages d’enfants âgés entre 10 et 14
ans, selon le site iranien Tabnak. En
outre, à Téhéran, au moins 75 enfants
âgés de moins de 10 ans ont été mariés.
La loi doit encore être approuvée par le
Conseil des gardiens, qui se compose de
six avocats et six théologiens...
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Secrétaire de rédaction : Val.
Photo couverture : Fest Flamenco / Alejandro Espadero
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We are enfant terrrible
4 DECEMBRE 2013 - JANVIER 2014
COUPS DE PROJECTEUR
CRISE
DE LA CULTURE
« La culture est une arme qui vaut ce
que valent les mains qui la tiennent »
(Jean Vilar)
On nous parle de cette crise qui est née en
2008 et que tout le monde pensait passa-
gère, une crise qui ne resterait que chez
l’Oncle Sam, uniquement dans les circuits
financiers. Et pourtant, cette crise s’est pro-
pagée dans le monde et a touché presque
tous les corps de métier. La culture n’a pas
été épargnée.
La culture n’est pas seulement « prise de
tête » comme nous dit notre star nationale
Nabila, mais un moyen pour nous public,
de ne pas tomber dans la pensée unique,
un moyen de nous éclairer, nous faire réflé-
chir, nous faire avancer intellectuellement et
moralement. La culture n’est pas un gros
mot, bien au contraire. Elle nous permet de
grandir tout au long de notre vie en la fai-
sant partager autour de soi, de ses amis,
sa famille, son voisin, les hommes et
femmes qui accompagnent notre vie.
Nous pensons que les acteurs culturels
comme ceux que nous avons interrogé par
exemple, sont en première ligne de l’évolu-
tion (ou pas) de notre monde, de notre
société. Une culture qui souffre est une
société en souffrance.
Nous avons voulu avoir l’avis de plusieurs
acteurs comme :
Laurence Gurly de Supervues, Gérard
Gélas du Théâtre Chêne Noir, Emmanuel
Serafini des Hivernales, William Balbi du
Café Musique Portail Coucou et l’auteur
militant Manuel Pratt.
C’est pour notre journal le temps de réaffir-
mer notre attachement à la création artis-
tique. Celle-ci ne peut se faire au rabais,
l’exception culturelle française doit être
conservée, la culture n’est pas seulement
un divertissement mais aussi, une activité
intellectuelle dont notre société a besoin.
A l’heure où on popularise beaucoup le
débat sur notre place avec les autres en
société, notre avenir et la façon de vivre
tous ensemble, la culture permet de “reca-
drer” l’être humain dans la société et en
ces temps d’élections municipales où l'on
craint une nouvelle fois une grosse montée
du Front National dans le sud est. On a de
quoi s’inquiéter.
La culture a besoin de subventions pour
maintenir la création. Ces mêmes subven-
tions qui peuvent être remises en cause en
période de crise et aussi, par des discours
populistes “bleu marine”.
Mais toutefois, nous pensons qu’il faut être
aussi exigeants sur les subventions car ce
n’est pas un acquis, la collectivité doit être
également exigeante sur ses dépenses
pour ne pas d’un côté, comme le Roi, favo-
riser uniquement ses favoris.
Les subventions doivent permettre de faire
grandir dans l’intelligence le collectif, notre
société dans son ensemble et non favoriser
le clientélisme.
Voici quelques témoignages d’acteurs cul-
turels qui vous aideront à mieux compren-
dre les difficultés que vivent les artistes, les
structures et certains festivals subvention-
nés (ou pas) de notre belle région. (DJ)
Laurence GURLY
Directrice de Supervue
Festival d’Art Contemporain (13-15 Déc 2013)
Vaison-la-Romaine (84)
Ressentez-vous les effets de cette “crise”
dans la préparation de votre RDV artistique ?
Oui je ressens un resserrement des budgets qui
se consacrent en priorité au fonctionnement des
grosses machines et je crains qu'il soit devenu
plus difficile aujourd'hui de mettre en place un
nouveau projet.
La crise agit-elle comme un frein à la création
ou bien comme un moteur au niveau des
artistes ?
Au mot crise, je préfère celui de "période de muta-
tion" plus riche de perspectives d'avenir et d'in-
vention. Oui j'ai l'impression que le travail des
artistes interroge de manière plus frontale les
rouages de notre monde. La mondialisation, l'ar-
gent, le déplacement des personnes, l'identité,
l'enfermement sont des préoccupations courantes
qui traversent les recherches artistiques. Peut-
être sont elles abordées sans "la fraîcheur" des
artistes des années 70, mais j'y perçois un vent de
militantisme nouveau, ni dupe, ni cynique.
Restez-vous foncièrement optimiste pour
la suite ?
D'un point de vue politique, je regrette que ceux
qui nous gouvernent aient parfois oublié les idées
pour lesquelles ils ont été choisis. Parmi celles-ci
la "sanctuarisation du budget de la culture" n'a
pas eu lieu, le vote des immigrés aux élections
municipales non plus d'ailleurs et c'est devenu un
pur tabou.....
Mes espoirs se portent sur les projets autour de
l'école que semble vouloir mettre en place notre
Ministre de la culture. Non pas une histoire de l'art
vite apprise par des professeurs peu formés, et
vite formatée pour être restituée et notée au bre-
vet des écoles. Mais plutôt des opérations qui
visent à faire entrer l'art contemporain à l'école et
joue sur la familiarisation des élèves avec la créa-
tion contemporaine. Le dispositif "une oeuvre / un
établissement" qui se propose d'installer une oeu-
vre issue de la collection du Frac va dans ce sens.
Autre projet qui s'adresse à la sensibilité des col-
légiens, le dispositif « Les nouveaux collection-
neurs » mis en place dans les Bouches-du-Rhône
permet aux élèves de former leur regard tout en
les rendant acteurs d'un véritable projet culturel.
(ww.nouveauxcollectionneurs.org/)
A plus petite échelle, on trouve également une
multitude d'initiatives réjouissantes et géné-
reuses. Galerie dans des appartements, collection
itinérante ou par exemple ce projet simplissime et
ambitieux que nous avons accueilli cet été à l'hô-
tel. Loop, une galerie voyageuse format maison
de poupée, accueille les multiples transformations
des artistes qui se l'approprient. On y joue avec la
même inventivité le théâtre des galeries, mise en
espaces et scénographie étudiées au millimètre.
LOOP voyage par la poste, et s'arrête dans des
lieux inattendus, centre d'art ou pas.
(www.loooooooooop.blogspot.fr/)
Autant de preuves par l'exemple (s'il en fallait) de
l'ingéniosité toujours renouvelée des artistes et de
quelques passionnés, à trouver de nouveaux
moyens de faire circuler l'art.
Gérard GELAS
Directeur du Théâtre du Chêne Noir / Avignon
Gérard Gelas, vous êtes directeur du Théâtre
du Chêne Noir. Avez-vous ressenti les effets
de la crise économique et d'un changement de
comportement au niveau du public, des
artistes ?
Bien entendu je ressens les effets de la crise.
Mais peut-être pas tout-à-fait comme on pourrait
l’imaginer. Comme on le sait, le public qui fré-
quente les théâtres n’est en général pas le plus
défavorisé. Et pourtant, certains qui pourraient par
exemple tout-à-fait dans l’abonnement prendre 5
spectacles, n’en prennent plus que 3 en invoquant
les difficultés économiques. Cela relève plus d’un
état psychologique que de la réalité de ce public-
là. Pour les autres catégories de la population,
notamment celles qui sont le plus défavorisées, et
les jeunes, nous avons mis depuis bien longtemps
en place des systèmes tarifaires qui permettent
de se rendre au théâtre. Cela amortit donc les
effets de la crise pour ces personnes, qui elles,
sont véritablement touchées.
Une nouvelle baisse des subventions
publiques vous mettrait-elle en danger ?
A ce jour, oui et non. Non parce que nous avons
beaucoup de public, que nous faisons beaucoup
de tournées, ce qui nous amène à ne pas être
totalement dépendants des subventions.
Cependant, les dites subventions qui nous aident
à payer tous les frais du théâtre (location, équipe
permanente etc…) sont tout-à-fait indispensables.
Or, par exemple, le Conseil Régional PACA ne
nous a pas augmentés depuis 18 ans. L’Etat via la
DRAC a divisé notre subvention par 2 en 15 ans.
Et cela nous crée de véritables problèmes car
aujourd’hui les subventions ne couvrent plus les
frais fixes. Les succès actuels du Chêne Noir
nous permettent de continuer, mais il n’y a pas de
recette pour le succès, et 2 insuccès consécutifs
mettraient en péril un théâtre qui, été et hiver
confondus, aura accueilli plus de 80 000 specta-
teurs.
Est-ce que la crise a eu des conséquences sur
votre programmation ?
Non. La programmation, ce sont des coups de
cœur. Pour le travail d’autres artistes, et comme je
n’ai toujours pas d’argent qui m’est donné pour
acheter des spectacles, je m’en remets aux désirs
que je partage avec beaucoup d’artistes qui sont
mes amis. Par exemple Pierre Arditi quand il est
venu au Chêne, non seulement n’a pas voulu
prendre la part de la recette qui lui revenait, mais
il n’a même pas voulu qu’on lui rembourse son bil-
let d’avion. Les seuls spectacles que j’achète sont
ceux des jeunes compagnies qui en ont bien
besoin. Par exemple, dans le cadre du Fest’Hiver
des Scènes d’Avignon, nous achetons les 6 repré-
sentations de Macbeth, création de la toute jeune
Compagnie du Point C que nous accueillons fin
janvier.
Emmanuel SERAFINI
Directeur du CDC Les Hivernales
(1er au 8 Mars 2014 / Avignon)
État des lieux du Festival des Hivernales en
2013 ?
Un succès… le public a suivi cette 35ème édition
comme jamais. Les spectacles ont été suivis mais
aussi les stages qui avaient subi une petite éro-
sion depuis 2010 mais le changement de formules
a eu les effets escomptés… les stagiaires sont de
retour…
On a doublé la fréquentation payante depuis
2009, année de la dernière édition proposée par
La crise est ressentie à plusieurs
niveaux, les salles ont moins de
budgets donc achètent moins de
spectacles, le public est aussi
moins nombreux et limite ses sor-
ties mensuelles plus, hélas, au pro-
fit des gens connus des médias
que pour des découvertes.
photo Lys Aimee Cabagni
Manuel Pratt
NEWS
Polluer ou communier, les Napolitains doivent choisir
Privés d’hostie. Telle est la sanction que l’archevêque de
Naples réserve aux pollueurs de sa province ecclésiastique.
Mercredi dernier, à l’occasion d’une convention du groupe
chrétien pour l’environnement, Greenaccord, le cardinal Sepe
Crescenzio a déclaré que les personnes portant atteinte à
l’environnement ne sont pas dans « la grâce de Dieu et ne
pourront pas communier ». Dans son viseur, la Camorra, la
mafia napolitaine qui se livre depuis des décennies au trafic
de déchets. Cette prise de position inédite - que les pontes de
l’Église catholique réservent généralement aux militants pro-
avortements - répond a une situation critique. Ces dernières
semaines, les incinérations en plein air de déchets toxiques,
suspectées d’être à l’origine du nombre anormalement élevé
de cancers de la région, se sont multipliées. Les piles de
déchets en décomposition qui paralysent des quartiers entiers
de la ville deviennent quant à elles sources d’affrontements et
de protestations.
la précédente équipe, ce qui est un signe encourageant…
Les budgets de coproduction ont-ils été revus
à la baisse ?
Le CDC n'a pas de mission de co-production dans le sens
des autres structures du réseau donc nous n'avons pas eu
"de baisse" de nos interventions qui restent marginales
dans un festival comme Les Hivernales d'autant que –par
chance, mais sans doute aussi grâce au travail engagé et
des signes observés par les tutelles– sans avoir été aug-
mentés, nous avons eu une reconduction de nos subven-
tions… ce qui par les temps qui courent est à la fois rare et
donc appréciable… mais nous partons de si bas par rapport
à d'autres structures que moins, ça aurait été dur… Donc
nous réussissons à accompagner des projets d'artistes en
apportant des moyens de résidence, le plateau du CDC
pour les créations des éclairages, en définitive notre apport
est très modeste en numéraire mais du coup nous jouons
un vrai rôle de "lieu de fabrique" avec la chance de pouvoir
faire bénéficier à notre public des premières puisque les
spectacles se répètent à Avignon, au CDC… Je dirais que
pour nous, grâce à l'attention des tutelles, nous avons pu
maintenir notre rôle…
Doit-on parler de nouveaux comportements dûs à la
crise de la part des artistes & cie, du public, des parte-
naires ?
Assurément… on constate déjà une évolution dans celui du
public qui se décide vraiment au dernier, dernier moment et
au lieu de bénéficier de tarifs groupés avantageux mais qui
l’engage, il préfère acheter un billet plein tarif mais au
moment où ça lui plait… et pour un festival comme Les
Hivernales qui doit faire 30% de recettes propres pour équi-
librer son budget, je ne vous dis pas le stress ! Ensuite les
artistes sont conscients de la situation générale et ce que
je constate c'est un report des projets d'un an ou deux,
faute de production… Lorsque j'ai commencé ma carrière
fin des années 1980, on pouvait monter un projet en un an
avec un seul producteur, ensuite il nous a fallu plusieurs co-
producteurs, puis il a fallu attendre deux ans et plusieurs
co-producteurs, et maintenant on en est à trois ans au
moins pour que les artistes rassemblent les moyens pour
produire leur spectacle dans des conditions modestes…
Pour ce qui est des structures culturelles du réseau natio-
nal, je crois que comme nous avons tout mis dans les pro-
jets artistiques, c'est-à-dire pour certains qu'il sont "à l'os"
des moyens… on prend moins de risques, on fait moins ou
en tous les cas on fait avec nos moyens. Pour exemple,
cette année, alors que le CDC est co-fondateur de Drôle(s)
de Hip Hop (DHH) qui se déploie sur tout le département
depuis 10 ans, faute de moyens suffisants en 2013, j'ai fait
le choix -cornélien- de me retirer de ce projet pour tenir mes
objectifs d'équilibre financier… Avant, sans doute, me
serais-je lancé en comptant sur mes fonds propres ou de
bonnes recettes ou de nouvelles aides… mais comme rien
de tout cela n'était sûr et garanti, j'ai préféré renoncer pour
sauvegarder les autres projets que nous avons et sur les-
quels nous sommes évalués et financés.
Balbi William
Directeur Café-Musiques Portail Coucou (Salon)
(Concert : Black Strobe le Samedi 30 Novembre)
Est-ce que l’effet de la crise influe sur votre façon de
construire l’avenir ?
Cette période critique impose des prévisionnels de fonc-
tionnement prudents, bien entendu. Ceci dit, notre type de
structure qui fonctionne depuis 17 ans avec des aides qui
ont très peu augmenté, a toujours eu pour obligation d’op-
timiser ses budgets.
Crise ou choix d’une politique culturelle, la disparition
des cafés-concerts-Smac, dont beaucoup ont fermé
dans la région, semble particulièrement vous interpel-
ler ?
L’existence de lieux de proximité, de petite et moyenne
capacité n’est manifestement plus une priorité pour les ins-
titutions. C’est pourtant un maillon important d’une carrière
d’artiste et une proposition appréciée du public. Pour conti-
nuer d’exister il nous faut allier le sérieux de gestion, la
convivialité de l’accueil et la pertinence des programmes.
Avez-vous constater un changement de comportement
de la part du public, des artistes, des tourneurs... ?
Pour le public l’attente est la même : il aime la qualité et la
surprise.
Pour les artistes, sans couverture médiatique c’est de plus
en plus dur.
Pour les tourneurs, faut demander, on n’a pas l’impression
qu’ils saisissent ou se soucient de tous nos problèmes.
Manuel PRATT
Artiste auteur militant
les 28. 29. 30. 31. au théâtre des Vents à Avignon
"Pratt se met sur son 31"
Ressentez-vous directement ou indirectement les
effets de la crise ?
La crise est ressentie à plusieurs niveaux, les salles ont
moins de budgets donc achètent moins de spectacles, le
public est aussi moins nombreux et limite ses sorties men-
suelles, plus hélas au profit de gens connus des médias
que pour des découvertes.
La crise agit-elle comme un frein à la création ?
La crise au contraire provoque une double envie de créer et
de se battre pour apporter une vraie qualité et surtout une
différence face à la concurrence de la télévision.
L’acteur créateur de son spectacle est obligé de repenser à
sa manière d agir socialement, baisser ses prix de vente et
devenir abordables pour de plus petits budgets.
Aller vers le public et aussi créèr des structures nouvelles.
Il faut tout revoir de A à Z, je pratique le paiement libre
appelé “paiement au chapeau” depuis presque huit ans et
la crise ne me touche pas ou peu car depuis toutes ces
années je réfute ce système de fric, ces entrées exorbi-
tantes qui empêchent la parole de se diffuser.
Là par obligation, si on ne se plie pas on meurt...
C'est une question de survie.
Pour moi, ça ne change rien, je suis formaté à cela, mais
les subventionnés tirent la gueule...
Le créateur retrouve son rôle social qu'il a perdu par une
aisance financière
Mais hélas encore l’État aide des structures qui en ont
moins besoin mais dont les dirigeants pratiquent le
“léchage de culs” et laisse crever ceux qui possèdent
encore l’amour du spectacle vivant sans rechercher une
publicité malsaine et une gloire poisseuse.
Les Bons plans d’acteurs de notre région
Tous les mois, nous allons demander à des activistes du milieu culturel de nous faire par-
tager un bon plan qu’ils connaîssent près de chez eux, dans la ville, la zone où ils habi-
tent. Quand on vit la culture au quotidien, on est sensible à la finesse, à la subtilité, au
beau. Laissez vous emportez par leur découverte et comme ça, vous aurez vous aussi
un bon plan dans une ville à découvrir !
Géraldine Jeannon- Seznec
présidente de l’association Come on People / Nîmes (30)
www.comeonpeople.fr
340MS, disquaire, 2 rue Auguste Pelet 30 000 Nîmes
Pourquoi 340 MS?
Parce que c'est le seul et unique disquaire indépen-
dant de la ville, et rien que çà c'est important ! Parce
que c'est une institution, 30 ans d'activisme musical,
c'est courageux. Parce que c'est le lieu où tout a
commencé pour beaucoup d'entre nous, passion-
nés et addicts à la musique, grâce à Jean Marie,
son conseil, son écoute... bref la fonction pédago-
gique d'un vrai disquaire qu'Alex et Fabien ont su
maintenir. Il y a une espèce de solidarité avec ces gens et ce lieu, dans la mesure où on sou-
tient la même musique dans un environnement pas forcément facile. Parce que c'est un lieu que
les membres de Come On People aiment fréquenter, surtout Mathieu qui a toujours une pile de
vinyls qui l'attendent... parce qu'on aime bien le petit coin lecture/écoute vintage... et surtout
parce qu'il y a un auto-collant Come On People sur la porte!
Prochaines actus de l’association Come on People
VENDREDI 6 DECEMBRE / CAFE OLIVE, NIMES avec LAETITIA SHERIFF
Loïc Guénin
président de l’association Phare à Lucioles / Sault (84)
www. pharealucioles.org
Lieux dits dans les hauteurs de Sault
Quelque part entre les villes
d’Auzon et Sault, sur le territoire
du futur parc Régional du Mont
Ventoux, à 1000 m d’altitude.
Ce choix ? Mais parce que l’hori-
zon est inatteignable... parce que
la prédominance de la nature,
parce que le son du vent...
Mais aussi, quelque part dans les collines de Blauvac, une source, un lavoir, un bassin où
des enfants jouent.
Un endroit pour écrire, un écrin de réfléxion. La nature tient une place prépondérante dans
mon approche artistique. Vivre ici est un choix. Certains diront que nous somme loin. Je
leur réponds que cela dépend d’où l’on parle.
Prochaines actus de l’association Phare à Lucioles
LES 24 ET 25 MAI 2014 avec le Festival Sons Dessus de Sault
Nicolas Chatenoud
artiste / comédien / musicien Archipass
www.archipass.fr
EXPRESSO CAFÉ, dit “Chez Stéphane” - 50 Rue des Fourbisseurs – AVIGNON
Ce que j’aime Chez Stéphane,
c’est que c’est avant tout situé à un
carrefour. Par son implantation
certes, puisque la rue se sépare en
deux et borde le bar, mais aussi s’y
croise un mélange de populations,
de genres, de discussions. Ici, on
est au milieu de….
Tous les jours en terrasse, quelque
soit le temps, j’apprends les ragots
des commerçants du quartier et
me délecte d’observer et décorti-
quer ce flux incessant venant de
droite... ou de gauche. Une stéréo
de passants et d’éclats de voix, aux silhouettes pressées d’aller bosser, s’engouffre dans la
cuvette de la rue des Fourbisseurs à la lumière si particulière selon les heures…. Et puis il y a
cette question posée par Stéphane chaque matin depuis presque 6 ans…
- “Qu’est-ce que j’te sers Nico?”
Comme s’il ne le savait pas mais ça fait du bien à entendre…
-“Et ben un café Steph s’te plait !..”
Prochaines actus d’Archipass
Nicolas Chatenoud travaille actuellement avec Guillaume Saurel, sous le nom d’Archipass, à la
composition d’un nouveau ciné-concert sur le film de Buster Keaton “LA CROISIÈRE DU NAVI-
GATOR”, continue la collaboration avec Gilles Doyen et MOKY, avec de fortes chances de voir
emmerger un album en 2014 et entame une réflexion sur un projet en solo avec juste une gui-
tare ou une basse.
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