Un lycée public à Ploërmel : Pour quoi faire ? Depuis septembre 2013, le Conseil Régional de Bretagne annonce son intention de créer un lycée public à Ploërmel, en s’appuyant sur des éléments statistiques de l’agence TMO. Devant l’ampleur des conséquences économiques et sociales d’une telle décision, il nous a semblé nécessaire d’affiner et actualiser l’étude des données statistiques en nous appuyant sur les données indiscutables de l’INSEE et d’autres organismes publics. Nous nous sommes posé les questions suivantes : Quelle est la situation du bassin de Ploërmel en terme démographique ? Quels sont les besoins réels du bassin de Ploërmel pour la scolarisation des lycéens ? Quelles sont les conséquences envisageables de l’implantation d’un nouveau lycée ? Cette étude a été réalisée par le Cabinet Géofocus. 1 Le Contexte L’étude citée par le Conseil Régional de Bretagne s’appuie sur l’hypothèse d’une forte attractivité du bassin de Ploërmel et fait le pari du maintien d’un solde migratoire positif, telle qu'était la situation en 2007. Cette hypothèse s’appuie sur 2 piliers : - le modèle Omphale 2010 de l'INSEE, qui s'appuie sur des indicateurs d'avant-crise ; - des scénarios et projections basés sur les accroissements de population scolaire entre les années 2007 et 2012 (population héritée de la période de croissance post-2000 et due au solde migratoire très positif). Or, le contexte a fortement changé ! 1 L’économie rattrapée par la crise L'économie bretonne est résistante car basée sur des fondamentaux (Agro-Alimentaire), c'est pourquoi elle a su résister jusqu'en 2012. Mais les indicateurs économiques depuis cette période montrent une dégradation sérieuse et, depuis peu, le secteur Agro-alimentaire est particulièrement touché (source : Coface - Panorama défaillances décembre 2014). La Bretagne et le Morbihan en particulier connaissent des contre-performances plus importantes qu'au niveau national. Défaillances d'entreprises L'emploi salarié Le bassin de Ploërmel n'est pas épargné, la perte d'emploi nette est de 291, soit -2,1% des emplois, entre 2008 et 2012 (source : Urssaf - Les pays bretons dans la crise mars 2013), et la situation depuis 2012 s'est aggravée. Le chômage a dépassé les 8% sur le bassin en 2014 et progresse plus vite que le taux du département (source Pole emploi Ploërmel – novembre 2014). Depuis 2012, l'attractivité du bassin est sérieusement dégradée ! 2 Le solde migratoire en baisse Évolution du nombre de logements autorisés à la construction . A l'heure actuelle, le secteur de la construction est sinistré et les emplois et projets continuent de baisser. De plus, le pays dispose de + de 11% de logements vacants en 2011, les projets de construction chutent et le marché de l'immobilier s'oriente vers l'ancien, signe évident que le solde migratoire, même si il reste actuellement encore positif, ne correspond plus aux perspectives d'avant crise (source Notaires du Morbihan février 2015). 2 3 La croissance de la population surestimée Le Modèle Omphale de l'INSEE s’appuie sur des paramètres observés entre 1999 et 2007. Les scenarii INSEE bâtis sur le modèle Omphale 2010 sont clairement exposés par l'INSEE Ref : Insee Bretagne - Octant Analyse n° 43 Février 2013 Mais les paramètres ne sont plus valables comme le montre l'Insee elle-même Aujourd'hui, l'INSEE constate 2 phénomènes très forts depuis 2009 : la baisse de la natalité et la hausse de la mortalité. Sans un retour d'une forte croissance le solde naturel devrait être négatif avant 2020 : Hypothèses de l’étude Omphale 2010 Population constatée en 2014 (Insee) Les dernières constatations de l'INSEE sur la population bretonne sont inférieures de -1% . au scénario « ralenti » du modèle Omphale 2010 Solde naturel par commune – cumul de 2006 à 2011 Solde naturel par commune (2015 estimation) Il n’est plus possible d’ignorer les infléchissements de tendance. La revue Octant (n°56 de janvier 2014) : souligne un tassement de la croissance démographique depuis 2006, ce qui remet en cause les projections du modèle Omphale et donc les hypothèses du Conseil Régional. Dans le contexte économique et la configuration de la population actuels, un retour à la croissance très important est indispensable pour retenir les scenarii Omphale 2010. Or, aucune projection économique ne l'envisage à moyen terme. Tout retard pris décale de plusieurs années, voire de décennies, les prévisions démographiques ! 3 4 Vers une stagnation de la population lycéenne du bassin Caractéristiques actuelles La baisse de la natalité est déjà effective en 2010 et se vérifie sur les tranches d'âge scolaire Les lycéens qui sont scolarisés aujourd'hui correspondent à la génération du début des années 2000, marquée par une hausse de la natalité et une période économiquement favorable. Cette génération apporte des effectifs importants de lycéens entre 2015 et 2022, le solde migratoire reste positif mais ralenti à cause de la crise économique (scenario prudent). La population scolaire du bassin devrait croître de manière modérée, jusqu'en 2022 puis baisser lentement si un solde migratoire important n'est pas constaté, ce qui n'est plus le cas (et en considérant que la crise ne s'aggrave pas...). Les projections comparées Il n'y aura pas plus de 3450 lycéens en 2020 et 3400 en 2030 si les conditions économiques ne changent pas ! 4 5 Une surcapacité d'accueil des lycéens Répartition et provenance des lycéens aujourd’hui Hypothèse de la création d’un lycée public : La création d’un lycée conduit à une surcapacité de l’offre et à une fragilisation du réseau d’enseignement public et privé de façon durable! 5 Les impacts Pertes d’élèves L’ouverture d’un lycée public à Ploërmel aujourd’hui entrainerait une perte d’élèves estimée à : . 486 élèves pour les lycées privés : 373 élèves pour le lycée La Mennais, 95 élèves pour le lycée La Touche, Au moins 18 élèves pour le lycée Jean Queinnec de Malestroit. . 164 élèves pour le lycée de Guer Déficit de fonctionnement De telles pertes d’élèves entraineraient une baisse des dotations et des participations familiales évaluées à plus de 500 000 euros par an. L’équilibre économique des lycées privés serait donc sérieusement compromis. Pertes d’emplois 12 à 15 licenciements pour les personnels de droit privé (éducateurs et personnels de service). 22 à 27 enseignants perdront leur emploi sur les seuls établissements de La Mennais et La Touche. Ces personnes ne pourront en aucun cas bénéficier d’un reclassement au sein du nouveau lycée public. Le coût d’un lycée public : Aujourd’hui, le Conseil Régional prévoit un investissement à hauteur de 25 millions d’euros pour le lycée de Ploërmel (estimé à 700 élèves). A titre d’exemple, le coût de construction du lycée de Saint-Malo (qui accueillera 300 élèves) est aujourd’hui officiellement estimé à 25 millions d’euros. Les coûts d’implantation locale (achat du terrain, aménagements de la voirie et équipements sportifs) restant à la charge de la commune. Les infrastructures scolaires permettent aujourd’hui l’accueil de tous les élèves du bassin de Ploërmel. Un établissement supplémentaire entrainera un surdimensionnement des capacités d’accueil, et donc des charges de fonctionnement plus élevées pour les lycées et la collectivité territoriale. La qualité de l’enseignement La baisse des effectifs entrainera une fermeture de plusieurs divisions. Les classes resteront avec un effectif d’environ 35 élèves. Il n’y aura aucune amélioration des conditions d’enseignement. Un tel déséquilibre entrainera des tensions fortes entre les établissements du bassin pour le recrutement des élèves. Elèves en 2nde GT : bassin de Ploërmel (prévisions) 700 650 600 550 500 Nombre d'élèves de 2nde évalués en fonction des effectifs réels des 450 écoles et collèges du bassin. 2028 2027 2026 2025 2024 2023 2022 2021 2020 2019 2018 2017 2016 2015 Source : DDEC 56 2014 400 2013 Lycée La Mennais : 02 97 73 25 00 Lycée La Touche : 02 97 75 12 49 2012 Contacts : 6