NOTE D’INTENTION
Ma rencontre avec le jeune réalisateur Julien Dara (assistant de Tony Gatlif) a insufflé l’envie de cette pièce. Après avoir vu After , ma précédente pièce au
Théâtre Berthelot à Montreuil en Mars dernier, Julien m’a proposé une collaboration sur l’écriture de son court métrage. Son souhait était de travailler
avec un des danseurs de After. Le court métrage intitulé The Ordinary met donc en scène Jeremy Déglise qui est aussi interprète de Twist. The Ordinary
est aujourd’hui en postproduction et sera présenté à Paris en février 2016.
Ce court métrage se passe dans le quartier des Levitt, à Mennecy en Essone qui est un quartier à l’image de Levittown, banlieue résidentielle construite
après la seconde guerre mondiale aux états Unis. On assiste aujourd’hui à son déclin. Les rêves changent, les maisons sont détruites ou abandonnées.
Ce projet m’a touché par sa sensibilité et sa simplicité. Il m’a touché aussi par la beauté des images qui ont été filmées. Le tournage ayant eu lieu sur
place, dans cette banlieue à Mennecy, j’ai eu envie de me plonger dans cet univers. En parlant autour de moi des questions que je me posais sur la vie
dans une banlieue pavillonnaire, les retours étaient intrigants, très vite, une collection de témoignage d’enfance se constituait. Le calme et le chaos, deux
mots opposés utilisés pour décrire ces années. J’ai eu envie d’approfondir ces recherches et de réfléchir sur comment mettre en lien un lieu si particulier
et ce qu’il s’en dégage à travers une pièce chorégraphique.
Dans la continuité de mon précédent spectacle je souhaite poser avant tout un contexte dans lequel les corps évolueraient. Ils existent sur le plateau avec
leurs fragilités et leurs forces. C’est la lourdeur de leurs corps perdus en eux-mêmes qui crée la danse. Ce qui compte dans mon travail c’est de mettre en
place une palette d’émotions qui font le caractère de chaque interprète. Dans la danse, mais aussi la théâtralité, je m’attache à la colère autant que la
tendresse, la rage autant que l’amour.
Je cherche une image cinématographique à travers la mise en scène et la construction des personnages. Il est important pour moi de faire évoluer les
personnages dans un lieu qui poserait une atmosphère définie. Les personnages que l’on découvre dans les films qui nourrissent mon travail ont un nom,
un cadre, une tenue, un âge. Comment s’attachent-on ou non à eux? D’où viennent-il? Où habitent-ils? Quelles sont leurs histoires? Leurs traits de
caractère? Leurs façons de communiquer? Comment leur corps évoluent-ils au fil du film? Les voit-on de loin ou de proche, et comment en sommes nous
affectés. Serait-il possible de retranscire ces questions sur un plateau?
L’humain et ses émotions m’intéressent plus que tout. Comment le corps réagit-il à chaque événement de la vie? Le mouvement vient s’inscrire à
l’intérieur de ces changements, la danse qui en émane est selon moi le moment où elle est le plus justifiée, où elle est le plus juste.
Twist sera écrite comme une fiction où l’on découvrira deux corps pris d’assaut par leurs émotions abandonnées.