
1. INTRODUCTION
Les patients hospitalisés en unités de soins palliatifs sont à haut risque de maladie
thromboembolique veineuse (MTEV), notamment : en raison d’une part de leur
alitement qui est souvent permanent (lié à une grande faiblesse générale, à leurs
pathologies, à des suites de traitements lourds), et d’autre part de la présence
fréquente d’un état cancéreux, qui constitue en soi un facteur de risque indépendant
de MTEV, avec un risque relatif de 4, voire 6 chez le patient recevant une
chimiothérapie, risque encore plus élevé lorsqu’il s’agit de patients âgés et souvent
polypathologiques. De plus, la survenue d’une thrombose veineuse chez un patient
cancéreux est clairement un facteur de mauvais pronostic, avec un taux de survie à
un an réduit à 12%, contre 36% chez des patients ayant un cancer sans MTEV
associée (1).
En effet, le cancer peut être considéré comme un état d’hypercoagulabilité acquise,
avec la production, par les cellules cancéreuses, de substances interagissant avec les
plaquettes, le système de coagulation et de la fibrinolyse. Ces facteurs (cytokines,
chemokines), ont également des actions procoagulantes directes sur les cellules
endothéliales (2).
Par ailleurs, on retrouve chez les patients cancéreux les autres éléments de la triade
de Virchow : la stase (alitement-immobilisation, obstruction veineuse par
compression extrinsèque ou invasion endovasculaire, hyperviscosité sanguine), les
anomalies de la paroi vasculaire (présence d’un dispositif de type cathéter, cytokines
libérées par les cellules tumorales qui adhèrent à l’endothélium, infiltration tumorale,
toxicité directe de la chimiothérapie), et les troubles de l’hémostase (thrombocytose,
hypercoagulabilité mesurée par une baisse du taux de prothrombine et une élévation
du fibrinogène, facteurs procoagulants libérés par les cellules tumorales), par
compression extrinsèque ou décubitus, et les atteintes pariétales par envahissement.
Si, depuis quelques années, les grandes sociétés savantes ont édité des
recommandations concernant la thromboprophylaxie primaire de la MTEV dans
certaines situations médicales aiguës (3), puis plus récemment la
thromboprophylaxie secondaire chez les sujets cancéreux (4), il n’existe,