N° 6942 du jeudi 9 février 2017
Le Potentiel
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2La Une
Kinshasa sous les eaux
(Suite de la page 1)
A haute voix
Il s’agit là d’un défi ma-
jeur auquel le gouverne-
ment provincial s’avoue
vaincu. Le comble, c’est
que le gouverneur de la
ville, ses ministres et
leurs services, affichent
leurs limites de gestion-
naire même dans l’entre-
tien des joyaux de la ca-
pitale alors qu’ils sont
bénéficiaires de plusieurs
infrastructures construi-
tes par le gouvernement
central.
Le gouvernement
provincial excelle au
manque d’entretien cons-
tant des ouvrages d’as-
sainissement, à savoir,
les collecteurs, les égouts
et les caniveaux en plus
d’un curage régulier des
rivières, grands déver-
soirs des immondices et
ordures ménagers par
plus d’un million de ména-
ges dans Kinshasa.
Le tableau sombre
de la dernière pluie dilu-
vienne qui a noyé la capi-
tale de la République dé-
mocratique du Congo, de
la Gombe, le centre-ville,
aux quartiers populaires,
caractérise clairement
l’absence d’une politique
générale centrée sur la
construction des ouvra-
ges d’assainissement, ré-
pondant à l’étendue de la
ville de Kinshasa. Curieu-
sement, les eaux sans is-
sue pendant les pluies au
centre-ville, trouvent re-
fuge devant l’office du
gouverneur, comme pour
lui dire : « voici ce qui ar-
rive aux autres ! »
C’est cette absence
de politique d’urbanisa-
tion qui a fait que l’exten-
sion de la mégapole con-
golaise viole et envahisse
les zones collinaires, gé-
néralement destinées au
reboisement et non habi-
litées à abriter des cons-
tructions du genre mai-
sons résidentielles.
A ce triste constat
s’ajoute l’absence d’une
culture d’hygiène publi-
que dans le chef de la po-
pulation de la capitale,
qui ne diffère en rien de
celle de la campagne,
faute d’une éducation à la
salubrité et à l’hygiène
publique.
C’est ici qu’il faut
s’interroger si la ville de
Kinshasa souffre d’une in-
compétence de ses diri-
geants? Ne pas répondre
à la question, c’est lais-
ser la ville sous les eaux.
Rassemblement : les fossoyeurs s’activent
Dernier héritage politique d’Etienne Tshisekedi, le Rassemble-
ment des forces politiques et sociales acquises au change-
ment, est redouté par la MP. Aussi doit-il faire preuve d’unité
et, comme en juin 2016 à Genval, se ressouder davantage
autour de l’idéal qui a milité à sa création, à savoir, lutter
pour l’alternance démocratique en RDC. La mort du leader du
Rassemblement a inspiré un plan de sa désintégration et ses
fossoyeurs sont à l’œuvre.
LE POTENTIEL
Après le décès du président
du Comité des sages du
Rassemblement des forces
politiques et sociales acquises
au changement, Etienne
Tshisekedi, certaines officines
ne jurent que par l’implosion
de cette plate-forme politique
qui a bousculé le paysage
politique en RDC. Ils sont déjà
à pied d’œuvre, ces fos-
soyeurs qui estiment que ce
regroupement politique qui
s’est imposé après le con-
clave de juin 2016 à
Genval(Belgique) devrait dis-
paraître et être enterré défi-
nitivement avec son prési-
dent. Mon œil ! Ce serait mal
connaître ses fondements et
ses vrais fondateurs de
même que leur détermination
à obtenir l’alternance démo-
cratique au Congo-Kinshasa.
Du coup, toutes les
bonnes intentions qui entou-
rent les funérailles du sphinx
de Limete ne sont qu’une
manière d’endormir l’opinion et
bien envelopper le Rassem-
blement avant de l’étrangler
par étouffement. Dans la
Majorité au pouvoir, on y tra-
vaille déjà. On projette déjà
un assaut final pour asséner
le coup fatal au Rassemble-
ment.Ces fossoyeurs pensent
s’appuyer sur des traitres,
des taupes qui se terrent
dans les rangs du Rassem-
blement. Quelques uns se
sont déjà dévoilés, d’autres
hésitent encore. Au sein du
Rassemblement, l’heure du
reniement approche, dans la
mesure où le pouvoir a mis
tout en place pour déstabili-
ser ce qui constitue le dernier
héritage politique d’Etienne
Tshisekedi. C’est avec lui et
grâce à lui que fut créé, en
juin 2016, à Genval (Belgique)
ce regroupement politique qui
s’est révélé avec le temps
comme une redoutable ma-
chine politique.
LE BAL DE CHAUVES
Le bal de chauves ne
dure jamais éternellement.
Des intrus sans idéal finissent
par sortir des rangs en ten-
tant de semer la confusion.
Le Rassemblement de l’oppo-
sition l’expérimente déjà quel-
ques jours seulement après
la disparition inopinée du pré-
sident du comité des sages
de cette coalition qui a eu l’ad-
hésion spontanée du peuple
congolais. Craignant que ce
redoutable regroupement po-
litique survive grâce à une
unité raffermie et cimentée
après la mort de son chef,
des officines de la majorité au
pouvoir ont mis en mouve-
ment des taupes qui n’atten-
daient que le moment idéal
pour provoquer l’implosion tant
redoutée par des esprits luci-
des. Ainsi, certains agitateurs
professionnels de la classe po-
litique congolaise notoirement
identifiés sont montés sur
leurs chevaux pour exiger de
prendre la direction du Ras-
semblement, poste qu’occu-
pait leur «allié» Tshisekedi.
Faut-il en rire ou en pleurer ?
Il faudrait plutôt plaindre ces
apprentis sorciers qui s’impro-
visent héritiers et, surtout,
voudraient se faire aussi gros
qu’un éléphant.
Aussi curieux que cela
puisse paraitre, l’esprit du lider
maximo qui n’a pas encore
quitté cette terre des hom-
mes, selon la coutume ban-
toue, des pécheurs en eau
trouble ont repris du service
au sein du Rassemblement de
l’opposition. Ces spécialistes
en agitation politique font fi de
la réalité politique du pays et
font la grande gueule. Inuti-
lement !
Ils sont pris à leur pro-
pre piège parce qu’ils rament
à contre-courant par rapport
à ce que celui qu’ils considè-
rent comme leur «allié», a
construit, à savoir l’unité et la
cohésion du Rassemblement
de l’opposition.
C’était son cheval de
bataille. Et de nombreux
membres du Rassemblement
ont également acté qu’il était
normal de reconnaitre la lon-
gue lutte de l’UDPS en lui ac-
cordant la préséance qui lui
revenait de droit. Ce qui a
conduit, à l’unanimité, à his-
ser «le vieux» au-dessus de
la mêlée. Aux négociations du
centre interdiocésain, cette
réalité s’est imposée et il a
été clairement établi que le
statut de Tshisekedi était par-
ticulier dans le contexte ac-
tuel.
NETTOYER LES ÉCURIES
D’AUGIAS
Que ceux qui comptent
s’autoproclamer président du
Rassemblement, en se livrant
à des actes qui risquent de
lézarder l’édifice au bénéfice
de la Majorité Présidentielle
(MP) se ravisent rapidement.
Tshisekedi est mort au front
au nom du Rassemblement
de l’opposition et non en flir-
tant avec le régime pour des
maroquins, mais plutôt dans
l’intérêt supérieur de la nation
et du peuple congolais. Ceux
qui semblent ignorer cette
réalité ont leur place dans la
poubelle bien remplie de l’his-
toire politique de la RDC. Ils
sont identifiés malgré leur jeu
à couvert et nous ne man-
querons pas de les mettre sur
la place publique dans les pro-
chains jours.
Quid ? Nier l’évidence
reviendrait à prendre ses
couilles pour des lanternes. S’il
faut voir la réalité en face, il y
a lieu de considérer que le
poids de l’UDPS au sein du
Rassemblement doit être res-
pecté malgré la disparition du
président Tshisekedi. Le lider
maximo est mort mais l’es-
prit est resté vivant. La ma-
chine est encore et toujours
là avec des animateurs aguer-
ris capables de surmonter
cette absence par une alchi-
mie savante d’un leadership
consensuel qui mettra à l’aise
tout le monde.
De même, le courage
politique du G7 qui a quitté
vaches, vaux et couvées
pour rejoindre la lutte pour l’al-
ternance devrait peser dans
la balance. La Dynamique ou
encore l’Alternance pour la Ré-
publique (AR) sont des com-
partiments du Rassemble-
ment qu’il ne faut absolument
pas négliger. Il s’agit de main-
tenir toujours allumée la
flamme de Genval, ce deal
historique qui a consacré
l’unité de l’Opposition par la
création du Rassemblement.
La Majorité au pouvoir
imagine enterrer le Rassem-
blement à l’occasion de la
mort du président de son
Comité des sages. Nenni ! Il
appartient au Rassemblement
de prouver le contraire en pre-
nant date avec l’histoire.
Aujourd’hui, c’est l’esprit et le
combat d’Etienne Tshisekedi
qu’il faut perpétuer. Par tous
les moyens.
Au sein du Rassemble-
ment, il urge de nettoyer les
écuries d’Augias en mettant
hors d’état de nuire toutes les
brebis galeuses. S’en débar-
rasser équivaut à sauver l’ac-
cord du 31 décembre 2016
et appliquer le testament po-
litique de Tshisekedi co-écrit
par tout le monde : ses parti-
sans et ses détracteurs.
«
Le peuple
d’abord
» est le dogme indé-
crottable qu’Etienne
Tshisekedi lègue au Rassem-
blement et toutes les forces
du changement. Ce n’est
donc pas le moment de tra-
hir sa mémoire. Pérenniser
son combat est la seule ma-
nière pour toutes les compo-
santes du Rassemblement
d’honorer son combat politi-
que pour le triomphe de la dé-
mocratie et de l’Etat de droit.
Rapatriement de la dépouille de Tshisekedi :
les deux préalables de l’Udps
Le rapatriement à Kinshasa
de la dépouille d’Etienne
Tshisekedi s’est mué en un
dossier extrêmement politi-
que. Entre le gouvernement
et l’Udps, on tend vers un
pugilat. Tout se passe par une
guerre de communiqués, via
la presse. Avant tout rapa-
triement, l’Udps pose deux
préalables au gouvernement :
« la fixation du lieu et de la
forme d’enterrement ainsi
que la prise en charge de tous
les frais liés aux obsèques par
l’Etat congolais à travers le
gouvernement de large union
nationale en vue ».
Le torchon brûle entre
le gouvernement et l’Udps
(Union pour la démocratie et
le progrès social). Le rapatrie-
ment et l’organisation des ob-
sèques d’Etienne Tshisekedi,
mort à Bruxelles le 1er
février
2017, opposent fondamenta-
lement les deux camps. Et
lorsque le gouvernement s’est
hasardé à fixer le lieu où de-
vrait être exposé la dépouille
du sphinx de Limete, à l’Udps,
on s’est dit «
indigné par le
comportement récupérateur
du régime en place face au
deuil du président Etienne
Tshisekedi
».
L’Udps n’entend donc
pas laisser une quelconque
marge au gouvernement
pour organiser à sa guise les
obsèques de son président.
Hier mercredi, devant la
presse, le secrétaire général
de l’Udps, n’y est pas allé par
quatre chemins. Sans le citer
nommément, Jean-Marc
Kabund a fait remarquer que
«
l’Udps ne reconnait aucun
comité parallèle, notamment
celui rendu public par le porte-
parole du gouvernement
».
Par conséquent, ren-
chérit-il, «
l’Udps n’est pas in-
téressé par l’offre des titres
de voyage faite par l’actuel
gouvernement à sa déléga-
tion pour la raison suivante :
le caractère malveillant et os-
tentatoire de cette offre nous
pousse à croire que nous
sommes face à des calculs
politiques de mauvai
s goût
dont l’objectif est de faire du
tapage et marchandage inu-
tiles
».
Plus explicite, le secré-
taire général de l’Udps rap-
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