Extrait 2 :
Michel. — Cinq heures et quart — déjà ! (Il va vers la porte du fond.)
Dites-moi... (Il ouvre cette porte. Une femme de chambre va entrer, mais il l'en empêche.)
Ecatérina. — Pourquoi l'empêches-tu d'entrer ? (// a refermé la porte.)
Oh ! Je vous parie qu'il fait jouer sa véritable femme de chambre— vous allez voir. Maria ! Maria !
Michel. — Oh !!! (Entre alors Maria.)
Ecatérina. — Tenez, qu'est-ce que je vous disais ! Bonjour, Maria.
Maria, venant jusqu'à la rampe. — Oh ! C'est Madame qui est là?!
Bonjour Madame. Je suis bien contente de revoir Madame. Madame va bien ?
Michel. — Sortez, je vous prie.
Maria. — C'est que j'aimais bien Madame, Monsieur, moi. Madame était si bonne, si gentille.
Michel. — Voulez-vous sortir, je vous prie.
Maria. — Oui, Monsieur, je m'en vais — mais j'espère bien qu'on va revoir Madame. Il y a peut-être
un malentendu entre Monsieur et Madame...
Michel. — Sortez.
Maria. — Moi, c'a toujours été mon impression — oui, je m'en vais, Monsieur, je m'en vais — mais
comme je suis contente d'avoir revu Madame ! Au revoir, Madame.
Ecatérina. — Au revoir, Maria.
Maria. — Au revoir, Monsieur. (Distraitement, elle tend sa main à Michel —qui, distraitement, la lui
serre —, puis elle sort.)
Ecatérina. — Vous voyez, il fait jouer même ses domestiques ! Il fait jouer tout le monde ! S'il avait
de la famille, la famille jouerait ! (Au public.) Il vous ferait jouer vous-mêmes, allez, s'il le pouvait !
(Michel fait un geste vers elle.) Je ne dis plus rien — fini, je te jure — va ! continue. (On sonne.) On a
sonné, tu as entendu ?
Michel. — Mais oui, j'ai entendu — je t'en prie. (On resonne.) C'est elle !
Ecatérina. — Oh ! Sûrement. (La porte s'ouvre, et paraît Christiane — je dis : Christiane, mais c'est en
vérité Françoise qui vient d'entrer en scène et qui joue le rôle de Christiane dans la pièce de Michel.
Elle va se jeter dans les bras de Michel.)
Françoise. — Mon chéri !
Michel. — Mon amour !
Ecatérina. — Oh ! Mais qu'est-ce que c'est que celle-là ! ?
Michel. — Ah ! Non — maintenant, cela suffit ! (Michel s'avance vers la rampe.) Il n'y a donc pas
d'agents, ce soir, dans la salle ?
Une voix dans la salle, à l'orchestre. — Mais si, monsieur, nous sommes là.
Michel. — Eh bien ! Messieurs, vous ne voyez donc pas ce qui se passe ?
Une autre voix. — Mais si, monsieur.
Michel. — Alors, messieurs, faites votre devoir. (Les deux agents sortent de l'ombre et interviennent.)
Premier agent. — Venez, madame, suivez-nous.
Extrait 3 :
Ecatérina. — Merci. Je meurs de faim. (Elle s'assied à cette place.)
Tu peux continuer dans l'assiette de l'autre — moi je préfère encore la tienne. Et maintenant, Michel,
raconte. Puisque tu m'as fait chasser du théâtre avant la fin du premier acte, il faut que tu me dises
tout de suite si je reviens au deuxième.
Michel. — Comment... si tu reviens ?
Ecatérina. — Oui, enfin... mon personnage, est-ce qu'il revient au ! deuxième acte ?
Michel. — Oui.
Ecatérina. — Ah ! ! !