Comportements et stratégies de reproduction chez les poissons

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Comportements et stratégies de reproduction chez les poissons
La reproduction des poissons est l'un des aspects les plus complexe de leur biologie. Celle-ci sous contrôle endocrinien
est fortement dépendante des conditions du milieu notamment la température et la photopériode qui agissent sur le
timing de la maturation des gonades, sur le développement de caractères sexuels secondaires et sur le comportement
reproducteur.
Ces modifications vont conduire à une période de reproduction au cours de l'année lorsque les conditions du milieu sont
satisfaisantes pour le développement optimal des jeunes.
Tout ceci a un coût, les allocations d'énergie n'étant pas négligeables pour la reproduction et se faisant au dépend des
autres allocations comme pour la croissance ou la "maintenance". Il faut donc s'arranger pour que la reproduction tende à
être la plus efficace possible mais il y a également des différences entre sexes. En effet, produire des oeufs est bien
plus coûteux pour les femelle que produire du sperme pour les mâles. Le potentiel reproductif des mâles est généralement
plus élevé que les femelles. Ce déséquilibre est bénéfique pour les mâles qui peuvent tenter ainsi de féconder un
maximum de femelles mais il ne s'agit pas nécessairement d'une fécondation de qualité. Le potentiel reproductif
moindre des femelles fait qu'il est dans leur intérêt de choisir le partenaire afin de garantir un développement viable
des jeunes.
Pour cela, les femelles exercent souvent une sélection sur les mâles bien que l'inverse existe également. Choisir son
partenaire, c'est rechercher un maximum d'avantages. Ces avantages peuvent concerner l'acte de fécondation des
oeufs. Il s'agit alors pour le sexe sélectionneur de choisir un(e) partenaire avec qui par exemple un maximum d'oeufs
sera fécondé ou qui garantira leur arrivée à terme. Les critères de sélection peuvent être la fécondité potentielle de la
femelle ou la capacité du mâle à garder un nid ou des oeufs, la qualité du nid. Ces avantages peuvent également être
génétiques. Il s'agit alors pour le sélectionneur de choisir un(e) partenaire de qualité. L'expression de cette qualité
peut se faire via des traits épigamiques visibles ou non, plus ou moins extravagants, qui servent au sélectionneur à
choisir le bon partenaire. Il s'agit alors d'obtenir une descendance de qualité, viable. Il s'agit donc d'obtenir ici des
avantages à longs termes. Les modalités d'appréciation de ces traits sont discutées.
Néanmoins, tout ceci a un prix. Les traits épigamiques sont coûteux car ils handicapent souvent l'animal, le rendant
plus vulnérable pour les prédateurs, pour le milieu. Par ailleurs, il y a aussi une compétition intraspécifique à la fois entre
des individus sélectionneurs et des individus sélectionnables. Trouver un partenaire de qualité peut faire l'objet, par
exemple, d'une compétition entre femelles mais il aussi dans l'interêt des mâles de limiter le choix des femelles afin
d'augmenter leurs chances d'être sélectionnés. Associée aux traits épigamiques, la parade est une façon très efficace
d'être vu mais c'est aussi une méthode risquée car se montrer à un partenaire potentiel, c'est augmenter la probabilité
d'être vu par un prédateur.
A toutes ces stratégies, tactiques de reproduction sont également associés différents systèmes reproducteurs. La
polygamie est fréquente chez les poissons notamment lorsque les femelles occupent des zones proches des mâles. Ces
derniers deviennent capables de maintenir un territoire contenant ces femelles, créant ainsi une sorte de harem. La
monogamie existe également mais est plus rare. Elle fait intervenir plus de soins parentaux. Dans la polygamie, le
nombre de jeunes est élevé mais les soins parentaux sont moindres ce qui correspond à une stratégie de type r. Dans le
cas de la monogamie, les oeufs sont moindres mais les soins parentaux sont plus importants ce qui correspond à une
stratégie de type K. A ceci, s'ajoutent des stratégies alternatives où les individus à priori défavorisés physiquement
peuvent féconder des oeufs en pratiquant par exemple les vols de ponte ou de femelle.
Mais les poissons ont aussi la particularités de pouvoir changer de sexe. L'hermaphrodisme est fréquent. Il peut être
asynchrone. Un individu change alors au cours de sa vie de sexe soit lorsque l'individu atteint une taille où changer de
sexe permet d'avoir un potentiel reproductif plus fort, soit parce que la structure sociale d'une population a changé (par
exemple, le mâle dominant a disparu). L'hermaphrodisme peut également être synchrone. Un poisson est alors à la fois
mâle et femelle. Il prend le rôle de mâle ou de femelle lors de la reproduction et change ensuite de rôle selon le principe du
"egg-trading". Un poisson pond un peu de ses oeufs lors de son rôle de femelle puis fertilise les oeufs de son partenaire
devenu femelle à reproduction suivante et vice versa.
Mais la reproduction nécessite aussi de prendre des précautions pour le devenir des oeufs. Le choix et la préparation
du site de ponte est dépendante de la biologie de l'espèce. Les poissons à pontes pélagiques ne préparent pas de site
de ponte alors que les espèces à pontes démersales peuvent concevoir des nids très élaborés. Ces nids peuvent
d'ailleurs servir à la femelle pour choisir un mâle. Le choix du site doit en principe permettre la survie d'un nombre suffisant
d'oeufs c'est à dire limiter la prédation, être suffisamment ventilés et être protégés de l'invasion des microorganismes.
Le devenir des oeufs fait intervenir les stratégies r et K déjà citées plus haut. On peut néanmoins distinguer 3 cas.
Certaines espèces ne procurent aucun soin parental aux oeufs (type r) notamment chez les poissons pélagiques comme
les thons mais également chez des espèces démersales. La production d'oeufs est alors très forte. D'autres espèces
vont garder les oeufs dans un nid et d'autres vont aller jusqu'à incuber les oeufs. Les soins parentaux ne sont pas très
fréquents chez les poissons (22% des téléostéens) et concernent généralement les mâles qui assurent la garde du nid.
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Chez certaines espèces, la protection des oeufs va très loin. Il peut y avoir une incubation buccale des oeufs notamment
chez certains tilapias. Certaines espèces notamment chez les sélaciens ont un développement interne des oeufs
(ovoviviparité) et d'autres espèces vont encore plus loin avec un développement embryonnaire dans l'organisme
maternel ce qui constitue un cas de viviparité. Ces protections ont des coûts relativement élevés ce qui explique entre
autre que le nombre d'oeufs est alors très faible.
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