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LES INEGALITES ET LES PERSPECTIVES DE MOBILITE SOCIALE
NOTE CONCEPTUELLE
I. CONTEXTE
Dans un rapport national, « Prospective Maroc 2030, Exclusion, inégalité et pauvreté : la transition
sociale et ses déterminants
1
», le HCP indique que « dans le domaine économique, le coût de l’objectif
‘pauvreté zéro’ est de quelque 5,5% du PIB annuellement. Majoré par les subventions alimentaires, ce
coût représente 6,4% du PIB, soit l’équivalent du budget annuel que consacre le pays à l’enseignement, la
formation et la recherche scientifique. Sur le plan du manque à gagner, en l’absence de la pauvreté
monétaire, la demande des ménages aurait été révisée à la hausse de 8,5% ».
Selon le même rapport, les coûts de la pauvreté de la pauvreté s’expriment à travers l’incapacité de la
population à se prendre en charge pour assurer un logement, à s’insérer dans le marché du travail et,
enfin, à tirer les avantages offres publiques liées de la santé, l’éducation formation et les infrastructures
sociales et économiques.
Dans un rapport, « Humanity Divided : Confronting Inequality in Developing Countries » publié en 2014
2
, le
Programme des Nations Unies pour le développement PNUD a averti contre les inégalités
croissantes des revenus à travers le monde et a appelé à effectuer une transition vers des modèles de
croissance inclusifs soutenus par des systèmes et des politiques de redistribution sociale. Ce rapport
montre que les inégalités dans le monde ont augmenté de 11% entre 1990 et 2010. Selon le même
rapport, « les niveaux d'inégalités actuels sont injustes, et ils freinent le progrès humain »,
Parmi les faits marquants, le rapport indique qu'une majorité significative des foyers dans les pays en
développement, soit plus de 75% de la population mondiale, vivent dans des sociétés plus inégales
aujourd'hui qu’en 1990. Aujourd’hui, le 1% des plus riches de la planète contrôle 40% des richesses du
monde, tandis que la moitié la plus pauvre de l'humanité ne contrôle guère plus de 1% des richesses.
Dans ce rapport, le PNUD souligne que les fortes inégalités vont au-delà des questions de revenus et
sont aussi liées au genre, à l’âge et au lieu de résidence, dimensions corrélées entre elles et qui peuvent
s’influencer et s’alimenter mutuellement. Si les femmes sont plus présentes sur les marchés du travail,
elles restent surreprésentées dans les emplois précaires et sous-représentées parmi les catégories des
cadres et décideurs, et elles continuent d'être payées beaucoup moins que leurs collègues masculins.
1
Haut-Commissariat au Plan, 2006, Prospective Maroc 2030 : Exclusion, inégalité et pauvreté ; la transition sociale et ses
déterminants. http://www.hcp.ma/file/104412/
2
UNDP, 2013, Humanity Divided: Confronting Inequality in Developing Countries.
2
II. MOBILITE SOCIALE
L'expression mobilité sociale désigne le plus souvent le fait de changer de catégorie socioprofessionnelle
d’une génération à l’autre. Elle peut être ascendante (promotion sociale) ou descendante. Il faut donc
établir des hiérarchies entre les catégories sociales, à partir de leur niveau de rémunération ou de diplôme
par exemple.
Pour mesurer la mobilité sociale, les statisticiens comparent la situation des hommes d'un âge donné à
celle de leurs pères au même âge. On ne mesure que pour les hommes parce que la très forte progression
du taux d'activité féminin rend difficile la comparaison entre mères et filles
3
. Le taux de mobilité brute parmi
les femmes est de 78,6% contre 63% pour les hommes et de 75,1% pour les citadins contre 59,2% pour les ruraux ;
néanmoins, à même âge, milieu de résidence, niveau d’études et statut socioprofessionnel du père, un homme a 7,1 fois de
chances de plus qu’une femme d’occuper une position sociale supérieure à celle de son père.
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Les statisticiens distinguent deux formes de mobilité sociale intergénérationnelle. La première est liée aux
changements des emplois. Quand, par exemple, la part des agriculteurs s'effondre, mécaniquement un
certain nombre de fils d'agriculteurs trouvent un emploi dans une autre catégorie. Il s'agit de mobilité
dite "structurelle", car elle est liée à la structure des emplois. La seconde est liée aux chances d'accéder ou
non à une position sociale donnée : la mobilité nette ou "fluidité" sociale, qui se rapproche du concept
d'égalité des chances. Pour calculer la mobilité nette, on déduit la mobilité structurelle de la mobilité
sociale.
Au Maroc, la mobilité sociale affecte 61,2% de sa population. Les changements que connaissent ses
structures économiques, sociales et institutionnelles constituent le principal moteur (mobilité
structurelle). La mobilité sociale ascendante et l’égalité des chances sont toujours influencées par des
facteurs tels que l’enseignement et la formation, le milieu de résidence, la position sociale d’origine,
l’expérience professionnelle, l’urbanisation et le sexe de l’individu.
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IMPACT DES INEGALITES SUR LES JEUNES
La transition politique dans les pays ayant cu le Printemps arabe a démontré le niveau d’exclusion que
les jeunes ressentaient. Cette inégalité ne se manifeste pas seulement par les dépenses de consommation
mais aussi à travers l’accès aux services de base (éducation, formation et santé), l’accès à l’emploi et au
logement, aux espaces de sports et aux centres de loisirs. Au Maroc, la jeunesse est l’un des groupes
sociaux les plus touchés par les inégalités, tout en étant s’exposée à un ensemble de composantes
transversales et cumulatives liées au genre, à l’âge, au lieu de résidence et aux revenus. Les jeunes de 15 à
29 ans représentent environ 30% de la population totale du pays, et 44% des jeunes sont en âge de
travailler. Représentant un atout énorme vue leur représentation démographiques actuelle, les jeunes ont
besoin de plus d’opportunités d’insertion sociale et économique. Cependant, environ 50% d’eux se
trouvent en situation hors du marché de travail et hors du système d’éducation ou de formation
6
. En
termes d’exclusion du marché de travail, près de 90% des jeunes femmes et 40% des jeunes hommes qui
n’ont pas été scolarisés se trouvent sans emploi ou en dehors du marché.
7
Les jeunes les plus affectés par
l’exclusion économique sont ceux à faible niveau d’instruction, du milieu rural, et les jeunes filles.
8
Un
3
Centre d’observation de la Société, 2015, http://www.observationsociete.fr/mobilit%C3%A9-sociale
4
Enquête du Haut-Commissariat au Plan sur la mobilité sociale, 2011.
5
Enquête du Haut-Commissariat au Plan sur la mobilité sociale, 2011.
6
Stratégie Nationale Intégrée de la Jeunesse, 2014, Ministère de la Jeunesse et Sport du Maroc
7
Stratégie Nationale Intégrée de la Jeunesse, 2014, Ministère de la Jeunesse et Sport du Maroc.
8
Stratégie Nationale Intégrée de la Jeunesse, 2014, Ministère de la Jeunesse et Sport du Maroc.
3
avis sur l’emploi des jeunes produit en 2011 par le Conseil économique, social et environnemental
(CESE) démontre que le taux d’activité chez les jeunes est très faible (moins de 48% pour les jeunes de
15-34 ans), avec des taux de chômage observés en 2010 de 14,8% chez les jeunes de 15-34 ans et de
16,7% chez les jeunes de 15-24 ans
9
.
La Charte sociale du CESE vise à contribuer au bien-être social et à l’inclusion des jeunes à travers la
promotion des principes et normes et la réalisation des objectifs définis dans le Référentiel de cette
charte. Ce référentiel qui comporte 39 principes et droits fondamentaux, déclinés en 92 objectifs
opérationnels et un minimum de 250 indicateurs de suivi et de progrès, donnera des orientations
pertinentes pour réduire les inégalités sociales et territoriales.
En 2014, le PNUD a formulé sa Stratégie pour la Jeunesse, qui part de l’identification des enjeux liés à la
jeunesse pour axer les interventions sur trois domaines prioritaires : développement des capacités des
jeunes et le soutien aux organisations basées/dirigées/servant les jeunes ; développement et
implémentation des politiques de jeunesse ; et, plaidoyer et promotion de la transversalité de la jeunesse
(‘youth mainstreaming’).
La réduction des inégalités et la promotion du développement des facteurs déterminants de la cohésion
sociale sont parmi les priorités des politiques publiques de veloppement au Maroc. A cet égard, le
CESE en partenariat avec le PNUD souhaite lancer un débat profond sur la vision des jeunes sur la
problématique des inégalités et leur reproduction intergénérationnelle comme résultat de l’absence d’une
mobilité sociale effective.
III. LE PNUD & L’APPROCHE DE MESURE DES INEGALITES
Pour mieux appréhender l’accroissement des inégalités entre les pays et à l’intérieur de chaque pays, le
Rapport sur le développement humain du PNUD 2010 fait usage de trois nouvelles mesures:
l’indice de développement humain ajusté aux inégalités « IDHI »,
l’indice d’inégalité du genre « IIG »,
l’indice de pauvreté multidimensionnelle « IPM ».
a) l’indice de développement humain ajusté aux inégalités « IDHI» (évalué dans 139 pays) couvre les
déficits de développement humain dus aux inégalités dans les domaines de la santé, de l’éducation et du
revenu. L’IDHI est égal à l’IDH lorsqu’il n’y a aucune inégalité entre les individus, mais est d’autant plus
faible que l’IDH que l’inégalité est plus importante. En 2013, le Maroc présentait un IDHI de 0.433 et
occupe la 96ème position. En ce qui concerne l’inégalité de genre, l’IIG du Maroc était de 0.46, en
occupant la 92ème position.
Au fait, le Rapport sur le développement humain 2009 du PNUD « Lever les barrières : mobilité et
développement » était consacré à analyser la mobilité et le veloppement humain. Le Rapport 2011
« Durabilité et équité : un meilleur avenir pour tous » a approfondi l’analyse des équités.
9
http://www.ces.ma/Documents/PDF/Rapport%20du%20Conseil%20Economique%20et%20Social-Emploi%20des%20jeunes-
Vr_Fr.pdf
4
IV. OBJECTIFS
Partant de ce qui précède et en raison de l’importance du sujet de la jeunesse et de la question des
inégalités, le séminaire qui sera organisé par le CESE en partenariat avec le PNUD se veut une occasion
pour débattre du développement humain d’une manière générale et des thématiques particulières liées à
l’inclusion des jeunes. Les échanges d’expériences, d’information et des connaissances entre les
participant(e)s permettront une réflexion approfondie autour de la question des « inégalités » et de ses
interactions avec la jeunesse et la mobilité sociale.
V. THEMATIQUES PROPOSEES
La consultation constituera une plateforme d’échange et de discussion autour des thématiques
prioritaires pour les jeunes Marocains. Il y aura trois thématiques proposées :
1. Une croissance inclusive : moyen de réduction des inégalités des revenus de manière durable ?
2. La mobilité sociale : vers une redistribution des inégalités ?
3. Inégalités et transition démocratique : Impact des inégalités sur les jeunes.
VI. PARTICIPANTS
Institutions gouvernementales, missions diplomatiques et de coopération bilatérale et multilatérale,
Agences des Nations Unies, Commissions du Conseil Economique, Social et Environnemental,
organisations de la société civile, conseils locaux des jeunes, jeunes parlementaires, secteur privé, jeunes
entrepreneurs et universitaires, représentants des médias, associations professionnelles, etc.
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