économique, basée sur des aides à de grands opérateurs nationaux (cf. Gobelins). Pour Colbert, il
faut défendre la nation contre les autres peuples, grâce à une économie de prédation (« On ne peut
augmenter l’argent dans le royaume, qu’en même temps l’on en ôte la même quantité dans les États
voisins »). Ces activités qui paraissent aujourd’hui appartenir au domaine industriel et commercial
étaient considérées alors comme relevant des fonctions régaliennes (contrôle du territoire ; protection-
nisme), ce qui expliquait leur exercice par l’État,ainsiquelavolontéd’exporter plutôt que d’importer.
Le mercantilisme qui en résulte peut directement s’analyser en un nationalisme économique (importa-
tion de matières premières bon marché, valorisées sur le sol national). L’activité de la poste en est
l’exemple le plus emblématique, permettant le maillage du territoire (il en est de même pour la réali-
sation de grands travaux d’infrastructure). On souhaite mettre en place un « ordre public
économique ».
Plusieurs réalisations industrielles, expression de sa politique de mercantilisme, sont pour certaines
toujours d’actualité : tapisseries des Gobelins, verre à Saint-Gobain... Le bilan de cette politique
reste toutefois mitigé : les marchands français ont souvent contourné les réglementations, et à
l’extérieur, les autres États ont souvent riposté par la mise en place de droits de douane élevés,
ce qui rendait inutiles les subventions accordées aux nationaux. En ce qui concerne l’établissement
de compagnies contrôlées par l’État, et de comptoirs commerciaux, comme les compagnies colo-
niales (des Indes orientales créées en 1604 par Henri IV ; du Levant, du Nord...), ou les comptoirs
(Pondichéry), il s’agissait d’organiser un monopole commercial associant capitaux publics et privés.
Mais la diminution des financements publics a, là encore, conduit à une réorientation de la poli-
tique de Colbert vers plus de libéralisme, avec notamment un abandon partiel des monopoles.
Les rigidités du système, largement basé sur une réglementation stricte (protectionnisme doua-
nier ; contrôle de la qualité des marchandises) ainsi mis en place auront aussi, à terme certains
effets pervers, comme l’incapacité de certains secteurs à se réformer, en raison de contraintes
réglementaires ou de fixation des prix (agriculture par ex.).
■Les principes révolutionnaires
a) Une vision politique
La Révolution française, en réaction contre l’Ancien régime, traduit une volonté de libéralisme
économique, notamment par le biais des physiocrates comme Mirabeau, ou Turgot. On s’ouvre à
l’influence des libéraux (économiques) anglais comme Adam Smith. Sans que ce but ait été vérita-
blement pensé à l’avance, l’interdiction faite aux Parlements de connaître des actes des adminis-
trateurs publics (loi des 16-24 août 1790) va conduire à bâtir un nouveau droit, le droit adminis-
tratif, qui va pouvoir servir de fondement à l’interventionnisme économique public.
INTRODUCTION –Théorie de l’action économique publique 15