Architecture et patrimoine du XXe siècle en Haute-Vienne
Le contexte
En 1939, est implantée, dans les faubourgs nord-
est de Limoges, une usine de construction aéro-
nautique, dépendant de l’Armée de l’Air (Société
Nationale d’Etudes et de Construction de Moteurs
d’Avions : S.N.E.C.M.A.) et spécialisée dans la ré-
paration des moteurs d’avions. Elle est baptisée
Atelier de Réparation de l’Armée de l’Air. Elle prend
en 1940 le nom d’Atelier Industriel de l’Air (A.I.A.)
puis l’appellation d’Arsenal. De cette époque datent
des bâtiments industriels conçus et réalisés, pour la
plupart, par la Société des Grands Travaux en Béton
Armé, basée à Paris, et des bâtiments administra-
tifs, œuvre de l’architecte limougeaud Henri Geay,
associé à l’entrepreneur Dumez. Ce lieu stratégique
a été bombardé à deux reprises pendant la Seconde
Guerre mondiale et détruit pour les trois-quarts en
février 1944.
Les bâtiments, repris par l’Atelier Central des Auto-
mobiles de l’Armement (devenu Atelier de Construc-
tion de Limoges en 1956), connaissent dès lors
une nouvelle affectation et une nouvelle activité : la
production de véhicules à destination militaire. Dès
1948, le site est reconstruit. Divers architectes et
entreprises participent à cette reconstruction : l’ar-
chitecte Georges Tharaud (Limoges), la Société de
Construction Métallique de Civray (Bordeaux), etc.
Une école de formation professionnelle est ajoutée
au site en 1956. La baisse des commandes et la
réorganisation de la production d’équipements mili-
taires conduisent, en 1964, à la cession du site à la
Société Anonyme de Véhicules Industriels et d’Equi-
pements Mécaniques (S.A.V.I.E.M.), et la production
s’oriente vers la construction des moteurs, boîtes de
vitesse, ponts et suspensions pour camions et auto-
cars, tout en poursuivant la construction et la répara-
tion de moteurs de chars. Pour répondre à un essor
rapide de l’activité, de nouveaux ateliers et un troi-
sième château d’eau sont édiés en 1966 et 1974.
L’édice
L’architecture de l’usine de construction aéronauti-
que Renault Trucks témoigne d’un passé fort de la
ville de Limoges et de l’évolution des techniques ar-
chitecturales destinées au secteur industriel.
Les ateliers construits en 1939 sont en béton armé,
couverts de sheds à pans légèrement courbes, en
Usine Renault Trucks (ancien arsenal )
voile mince, recouverts de matériaux synthétiques.
Les ateliers touchés par les bombardements de
1944 ont été reconstruits à l’identique. Néanmoins,
le béton a été quelquefois remplacé par du métal
(pour les sheds ou pour certaines structures porteu-
ses).
Les ateliers, construits dès 1948, sont organisés
suivant trois grands alignements formant travées,
fermés au sud-ouest par un atelier transversal et
ceinturés par quelques ateliers épars. Certains ate-
liers sont couverts de toits-terrasses. L’ancienne
chaufferie, initialement couverte d’une terrasse, fut
reconstruite avec des sheds en tuile mécanique. Elle
est dotée en 1939 d’une cheminée de 60 mètres,
environ, en béton armé du type Monnoyer, à élé-
ments préfabriqués. Des bancs d’essai des moteurs,
construits en 1939 et 1956, subsistent.
Les bâtiments administratifs, de nition plus soignée,
sont tous composés d’un rez-de-chaussée et d’un
étage carré. Certains ont un étage de soubassement
pour compenser la déclivité du terrain. Ils sont en
béton armé, couverts de toits-terrasses, percés de
grandes baies rectangulaires, aux encadrements de
béton ns et saillants, peints en blanc, et surmontés
d’importantes corniches en béton peint en blanc. Ils
sont couverts d’un crépi de couleur grise.
Le plan du bâtiment de la direction a été conçu pour
évoquer la forme d’un avion : les angles des ex-
trémités du corps principal, vitrées, sont traités en
courbe ; l’aile implantée perpendiculairement au
centre de la façade postérieure évoque par son plan
masse un fuselage et son empennage.
Actualité
En octobre 1978, Renault Véhicules Industriels
(R.V.I.) se substitue à la S.A.V.I.E.M. L’entreprise,
vendue en 2000 à Volvo prend le nom de R.V.I.
Trucks.
L’ensemble a été labellisé Patrimoine du XXe siècle
en 2009.
72, rue du Palais, Limoges 1939-1948
1966-1974
Source
Frédéric Pillet, 2003. Région Limousin, Service de l’inven-
taire et du patrimoine culturel.
Textes sous la direction de la DRAC - CRMH - 2009
Architectes,
Henri Geay, Georges Tharaud
Henry Geay,
Voir notice immeuble des P.T.T. (actuelle rési-
dence du collège), Limoges.
Georges Tharaud est ingénieur des Arts et Mé-
tiers et occupe le poste de directeur du départe-
ment Bâtiment de la Société chimique routière
et d’entreprise générale, dont le siège se trouve
à Ivry-sur-Seine. Cette société, née en 1898,
sous le nom de S.C.G., Société Chimique
Girondine, était spécialisée dans la production
de produits dérivés du pétrole, puis dans les
produits de la route (bitume), et décide, après
être devenue en 1936 Société Chimique &
Routière de la Gironde (S.C.R.G.), de diversier
ses activités dans le génie civil, le bâtiment et
la promotion dans tout le sud-ouest et dans
l’ouest, dont font partie les constructions sur
le site de l’Atelier Central des Automobiles de
l’Armement de Limoges.
Usine Renault Trucks
Usine Renault Trucks
© F. Pillet, 2003. Région Limousin, Service de l’inventaire
et du patrimoine culturel