« La problématique du développement économique local et la recomposition du territoire en Algérie : de la construction étatique à la construction libérale » Naima HACHEMI – DOUICI, maître assistante, doctorante DJamal SI MOHAMMED, maître de conférences HDR La faculté des sciences économiques, commerciales et des sciences de gestion Université Mouloud MAMMERI de Tizi Ouzou Algérie La communication s’inscrit dans la cadre de la session spéciale (S), Session spéciale, S19, « Le développement territorial en question, session spéciale en hommage à Denis MAILLAT » Axe : « Rôle des institutions territoriales et gouvernance dans le cadre d’une redéfinition générale des modalités de développement territorial » Résumé : La problématique du développement économique local (DEL) est une préoccupation ancienne en Algérie. Depuis son indépendance, elle a dû faire face à un déséquilibre structurel entre les régions du Nord et celles du Sud, déséquilibre accentué par l’exode rural vers la capitale notamment. Durand les années 70-80, cette problématique était réduite à des actions d’investissement et d’équipements planifiées par l’Etat ou par les organismes déconcentrés de l’Etat auxquels il a été assigné des objectifs d’équilibre régional et d’intégration des territoires locaux dans le territoire national, sans tenir compte des ressources spécifiques locales. Ceci explique que la stratégie de l’Etat a occulté les spécificités économiques, culturelles et historiques propre à chaque territoire et a marginalisé les régions à faible potentialités. Les années 90, ont été marquées par une nouvelle ère de développement économique. Une ère caractérisée par un nouveau contexte national et international. Des mutations profondes interviennent dans la sphère économique dont nous pouvons citer la plus important ; l’adoption du programme d’ajustement structurel qui a conduit le pays à libéraliser et à ouvrir son économie qui était pendant des années dirigées et protégées. Dans ce cas, l’Etat était dans l’obligation de revoir et de redéfinir son mode d’action, l’intervention 1 publique ne devant plus se substituer à l’investissement privé. En effet, l’Algérie est convaincu que le développement du pays ne peut pas être dicté par le haut, par les autorités centrales qui étaient à l’origine de grands déséquilibres régionaux, mais sera structuré et constitué par le bas, par les autorités locales en mobilisant toutes les ressources locales. Contrairement à l’ancienne politique centrée sur la redistribution des ressources entre les régions, la nouvelle problématique met l’accent sur la mobilisation locale des ressources et l’intégration de tous les acteurs locaux comme fondateurs du DEL. Dans ce cas, ces derniers doivent adopter leurs formes de gouvernance aux règles de gestion de l’économie de marché. Une réflexion doit être menée sur les réformes à entreprendre pour qu’ils puissent être à la hauteur de leurs engagements. Pour appréhender la thématique du DEL en Algérie, sous son angle concret, la présente réflexion a pour objectif principal de fournir dans un premier lieu, un aperçu général de la problématique du DEL. L’analyse dans un second lieu va porter sur l’histoire de l’organisation territoriale en Algérie, passant de l’économie planifiée à l’économie libérale, quel est la place du territoire dans ces deux modes de gestion ? Dans un troisième lieu, nous analyserons les principaux changements économiques et institutionnels à opérer afin d’entrainer le développement économique local vers une nouvelle trajectoire de développement tout en proposant un cadre de référence. Mots clés : Développement économique local - territoire libéralisation- acteurs. institution - région - 2 Introduction Pendant long temps, l’Etat algérien pilote le processus du développement économique et social à travers les différents plans de développement. Il avait pris en charge toutes les questions liées à la dynamique socio économique dont le but fondamental recherché était l’amélioration des conditions de vie des individus. Mais, durant les années 80/90, ces plans nationaux de développement ne font plus l’affaire d’autant que la pauvreté et l’exclusion se sont manifestées dans notre société. Ceci a conduit à une remise en cause de ces politiques de développement en faveur d’autres qui vont prendre en considération toutes les préoccupations des acteurs locaux. Il s’agit d’une nouvelle démarche socio économique globale où le DEL aie une place de choix. En effet, la problématique du DEL en Algérie est marquée par l’évolution socio économique du pays durant ces dernières décennies : Durant les années 80, l’économie est caractérisée par la lourdeur des finances publiques ce qui a rendu obsolète le modèle du DEL impulsé par le haut, qui a dominé depuis l’indépendance ; Les nouvelles transformations et prérogatives prises en compte durant les années 90, ont orienté l’économie vers la libéralisation a, ouvert des perspectives à de nouvelles stratégies de DEL. La période de crise et d’ajustement structurel a accru le besoin de mettre en place une nouvelle stratégie de croissance et de développement qui permettra de réduire les disparités régionales installées avec les modes de développement pratiqués avant. L’apparition de nouveaux acteurs de développement, la multiplication des initiatives de création d’activités au niveau local tout en mobilisant les ressources locales, l’émergence d’un entreprenariat dynamique et la mise en place de nombreux dispositifs susceptibles de soutenir les actions du DEL,…. Se sont des évolutions ayant marquées leurs entrée dans cette nouvelle trajectoire. Actuellement, ces actions sont considérées comme un facteur de dynamisation de l’économie nationale dans le cadre de l’ouverture internationale. Pour appréhender la thématique du DEL en Algérie, sous son angle concret, la présente réflexion a pour objectif principal de fournir dans un premier lieu, un aperçu général de la problématique du DEL. L’analyse dans un second lieu va porter sur l’histoire de 3 l’organisation territoriale en Algérie, passant de l’économie planifiée à l’économie libérale, quel est la place du territoire dans ces deux modes de gestion ? Dans un troisième lieu, nous analyserons les principaux changements économiques et institutionnels à opérer afin d’entrainer le développement économique local vers une nouvelle trajectoire de développement tout en proposant un cadre de référence. I- Le concept de développement économique local (DEL) I-1- Emergence et évolution du concept Vers la fin des années 50, TAYLOR (F) et FRIEDMANN (J) et STÖHR (W) ont posé les bases de la théorie du développement endogène. C’est une approche volontariste qui axe le développement sur un territoire restreint et le conçoit comme une démarche partant du bas, privilégiant les ressources locales tout en faisant appel aux traditions industrielles locales et aux valeurs culturelles du territoire et avec la prise en compte des besoins et des aspirations de ses habitants. En réalité, le DEL prend son essor avec les politiques de décentralisation des années 80. GREFF (X), fait remonter les origines du DEL aux mouvements communaux et régionaux d’avant guerre. « Cette idée perdit beaucoup de son impact lorsqu’au lendemain de la dernière guerre, on identifia le progrès économique de la nation au seul développement de logique sectorielles qui, formulées d’en haut, devaient entrainer toute l’économie sur le chemin de la croissance » 1. JOLLIVET (M), a lié l’émergence du DEL au mouvement du développement régional qui a connu un essor durant les années 60 : « Le mouvement s’est exprimé à travers la création de très nombreux comités d’expansion ou d’étude et d’action qui s’identifiaient à un espace précis et qui se donnaient comme objectifs d’impulser et de coordonner les initiatives par la concertation entre tous les partenaires concernés par la vie économique et sociale locale. Ce sont même ces comités qui ont été à l’origine des Comités d’Expansion Economiques Régionaux institués par le gouvernement MENDES- France. Ce sont là les premiers embryons de l’institution régionale. Tous ces comités ont préfiguré d’une certaine manière le mouvement des Comités de Pays qui débute dans les années 50 » 2. 1 GREFF(X), territoire en France ? éd Economica, paris, 1984,p 146. JOLLIVET (M), le développement local, mode ou mouvement social ? in économie rurale, n°166, 1985, pp 1415 2 4 D’une manière générale, pour plusieurs auteurs et dans plusieurs pays, le concept DEL est utilisé pour contester la vision descendante du développement, qui consiste à dicter le développement par les autorités centrales au profit des collectivités locales sans concertation avec les acteurs locaux concernés et qui visent à remédier aux disparités régionales et à organiser les activités économiques dans une logique sectorielle. L’explosion réelle du DEL reste ra la crise des années 70, marquées par la fin des trente années de gloire et de croissance. Pour HOUEE (P), la crise des années 70, a obligé de passer d’politique d’aménagement du territoire à une politique de mise en valeur du territoire 3. En Algérie, jusqu’à la fin des années 90, toutes les décisions ayant trait au développement étaient prises au niveau central, telles que les décisions ayant trait à l’aménagement du territoire, à la localisation des entreprises publiques, aux actions socio économiques,… .C’est une situation justifiée par le système politique suivi, et les lacunes enregistrées au niveau des collectivités locales, notamment en terme de ressources financières propres à ces dernières, ce qui ne leurs permettaient pas d’envisager des stratégies propres de développement local. Mais à partir des années 2000, les autorités centrales ont commencées à envisager une vision du développement dite par « le Bas », ça sera un développement décidé et réalisé par les acteurs locaux, mais s’inscrivait dans le cadre de la politique globale du développement national. Cette nouvelle vision du DEL est expliquée par : L’augmentation des ressources financières de l’Etat ces dernières années qui a permis aux collectivités locales de recevoir des budgets importants ; La prise de conscience que l’Etat seul ne peut pas prendre en charge tout, donc c’est aux acteurs locaux de donner leurs mots dans les questions de développement local les concernant ; La volonté exprimée par certains territoires afin de construire leurs identités. 3 ème HOUEE (P), les politiques de développement rural, éd INRA, Economica, Paris, 1996, p 225, 2 édition 5 I-2- Définition du DEL Le DEL est nourri par des théories et modèles aux origines disciplinaires distinctes qui proposent diverses méthodes et définitions. En effet, le DEL correspond d’avantage à une approche de développement, une vision multidisciplinaire tenant compte des dimensions économique, politique, sociale et territoriale. Si la terminologie « Développement Economique local » s’est imposée, la polysémie des termes autorise une grande diversité des approches. Trois grandes conceptions du DEL peuvent être repérées dans la littérature 4. A. Le développement par le Haut décliné localement ; B. Le développement local synonyme de croissance locale ; C. Le développement local comme concept indépendant. La dernière définition développée durant les années 2000, d’ailleurs c’est la plus répandu, considère le DEL comme une notion indépendante ancrée sur un territoire en réaction au développement « par le Haut » (conception A), plus large que la croissance économique locale (conception B) Comme nous l’avons signalé précédemment, le concept présente une multitude de définition, nous retiendrons : Pour BENKO (G), le développement local, c’est une stratégie de diversification et d’enrichissement des activités sur un territoire donné à partir de la mobilisation de ses ressources (naturelles, humaines et économiques) et de ses énergies s’opposant aux stratégies d’aménagement du territoire centralisées 5. Pour HOUEE (P), le développement local est une démarche globale de mise en mouvement et en synergie des acteurs locaux pour la mise en valeur des ressources humaines et matérielles d’un territoire donné, en relation négociée avec les centres de décisions des ensembles économiques, sociaux et politiques dans lesquels ils s’intègrent 6. Enfin, pour PECQUEUR (B), pionnier du développement local, ce dernier peut se définir à la fois comme « un processus, une démarche, une méthode ». Un processus, car la 4 BOUTIN- KUHLMANN (R ), qu’est ce que le développement local ? Synthèse bibliographique sur la définition du concept de développement local- Mémoire Master 2, 5 BENKO (G), lexique de géographie économie, éd Armand Colin, Paris, 2001, p 95. 6 HOUEE (P), op cit. p 213. 6 construction par les acteurs s’inscrit dans le temps. Elle est spécifique à chaque territoire et, de ce fait, n’est jamais reproductible à l’identique. Une démarche, car le processus de s’encloche jamais mécaniquement de toutes parts. Il existe une part importante de stratégie volontaire et donc, une place pour les politiques publiques. Il s’agit de capitaliser l’apprentissage collectif et de valoriser le savoir faire collectif. Une méthode, car sur un plan plus abstrait, le développement local n’est pas seulement un phénomène observable, il est aussi la méthode d’observation des relations de coordination entre les acteurs de l’économie, et plus généralement de la société 7. De cette ensemble de définition, le DEL apparait comme un dépassement des théories du développement endogène en se référant à la notion du territoire, qui est considéré comme un concours d’acteurs ancrés dans un espace géographique délimité, qui vise à définir un processus de production supposé partagé entre ces acteurs. I-3- Les caractéristiques du développement économique local D’une manière général, quelque soit le territoire analysé, le DEL peu présenter les caractéristiques suivantes : a) Le DEL est une réaction voir un rejet d’un modèle de développement économique dominant ; b) Le DEL est un projet multidimensionnel : il doit intégrer les domaines économique, social, culturel, ainsi que tout domaine lié à l’intérêt de la population locale ; c) Quelque soit sa taille ou sa structure, le DEL doit concerner un territoire, un espace vécu caractérisé par une tradition et une identité culturelle et une originalité économique ; d) Le projet de DEL doit se bâtir sur les capacités endogènes du territoire, mais de même l’ouverture sur l’extérieur en reste une condition ; e) Pour permettre la concentration des différents acteurs locaux et l’enrichissement de leurs initiatives, il est nécessaire d’assurer une bonne circulation de l’information ; f) Le DEL est le produit de solidarité locale et en génère de nouvelles à son tour ; g) Le DEL procède d’un mode de gouvernance partenariale ; 7 PECQUEUR (B), le développement territorial comme préambule à l’économie sociale, in économie sociale et développement local, les cahiers de l’économie sociale, n°03, éd l’Harmattan, Paris, 2002, p 23. 7 h) Enfin, le DEL ne peut être modélisé. I-4- Les conditions et outils du DEL I-4-1- Les conditions : pour que le projet de DEL soit réussi, plusieurs conditions doivent être respectées : L’existence d’une communauté locale : toute initiative de DEL est conditionnée par la participation et l’implication active de la population. Donc, il d’abord important de définir cette communauté, ses intérêts et les services recherchés. La mobilisation des communautés implique un processus permanent d’animation du milieu qui permet au citoyen d’exprimer leurs besoins et de les informer et les former dans les rôles qu’ils peuvent avoir dans la participation au DEL. Plus celle-ci est élevé, plus chances de réussite sont élevées. Le partenariat : l’établissement des partenariats et la création de réseaux d’échange doivent exister dans le cadre du DEL. Les représentants des secteurs privés et publics choisissent de travailler ensemble afin de développer une participation intersectorielle et des interventions transversales. La création d’un environnement favorable à l’action : enfin, la dernière condition est l’établissement d’un environnement propice à l’action communautaire. De ce fait, il est demandé aux autorités locales de mettre à la disposition des autres acteurs des conditions favorables qui permettront de provoquer un climat propice. Ce dernier s’établit souvent par un processus de réflexion qui permet la fixation d’objectifs et l’identification de projet concrets. Le processus à son tour permet d’établir des plans d’action, de fixer des directions afin d’orienter tous les efforts des acteurs dans le même sens. I-4-2- Les outils : les principaux outils du DEL sont : L’aménagement du territoire : c’est un outil qui fixe les grands principes d’aménagement, il décline un ensemble de préconisation à partir desquelles seront élaborés les programmes d’actions territoriales qui sont destinés à prendre en charge les problématiques enregistrées. La décentralisation : qui doit accompagner la déconcentration des structures de l’Etat ; 8 La gouvernance locale : elle peut être définie comme un ensemble d’interactions entre les acteurs d’une communauté locale, orienté vers la définition d’un projet global de DEL. Le financement : le financement des actions de DEL peut être assuré le regroupement de trois moyens : les différentes ressources de l’Etat (fiscalité nationale, rente pétrolière,…), fiscalité locale et les aides internationales. II- Histoire de l’organisation territoriale en Algérie A la veille de l’indépendance, les conséquences de la guerre de libération ont été dramatiques : • Destruction des grandes infrastructures (routes, voies ferrées, entreprises,…) ; • Désorganisation de l’économie due au départ brutal des cadres européens et quasi absence de cadres algériens ; • Centralisation de la décision, c’est le volet politique qui décide de tout ;… II-1- Le territoire durant la période de planification (système socialiste) Durant cette période (de 1962 jusqu’au années 80), la spatialisation du développement est désormais une priorité à l’échelle nationale. Le pouvoir central fait du territoire national la référence de base en matière de développement. La rente pétrolière fait de l’Etat le seul décideur et le dispense de toutes négociations avec les partenaires socio économiques locaux. Le défi était la mise en place d’un modèle de développement asymétrique, de type urbanoindustriel 8, tout en se focalisant sur les investissements de consommation, l’économie et la technologie moderne étant considérées comme des outils privilégiés pour une refonte de la formation sociale algérienne. Comme nous le remarquons, c’est un modèle trop centré sur le niveau macro spatial mais peu d’intérêt aux échelles méso et micro spatiale. Nous pouvons analyser la construction territoriale durant cette période à travers trois phases distinctes : 8 BISSON (J), BISSON (V), BRÛLE (J C ), ESCALLIER (R ), FONTAINE (J), SIGNOLE (P), sous la direction de TROIN (JF), le grand Maghreb, éd Armand Colin, Paris, 2006, p 151. 9 II-1-1- La première phase : 1962-1970 : Au lendemain de l’accession à l’indépendance, le pays d’une manière générale se caractérisé par une instabilité politique (1962-1965) et les acteurs locaux, principalement les collectivités locales fonctionnaient selon des règles héritées du régime colonial. Cette situation a lourdement pesé, puisque la remise en marche de la machine administrative ou la reprise des activités économiques ne pouvait s’accomplir sans l’implication des acteurs locaux. Ceci, étant accompagné d’une réduction très importante des ressources financières locales, a engendré un recul dans l’action de l’Etat et des collectivités locales. En effet, durant cette période, ces dernières n’avaient pas de véritables rôles économiques. Elles doivent suivre le schéma national de développement. Malgré la promulgation du code de la commune (1967) et le code de la wilaya (1969),les actions dites de DEL sont décidées par le centre. II-1-2- Deuxième phase : 1970-1980 : C’est une période caractérisée par les six années de croissance et d’expansion « Six Glorieuses » grâce à la montée des prix des hydrocarbures. De ce fait, l’Etat à investi, a aménagé et a réalisé de grands projets. Même pendant cette période, les actions du DEL sont décidées par le Haut. Il s’agit notamment des : programmes spéciaux de développement des wilayas lancés à la fin des années 60 ; des programmes d’équipement local lancés en 1970 et des programmes d’industrie locale lancés en 1974. Avec ces programmes, la commune, comme acteur principal du DEL est désormais appelé théoriquement à préparer et exécuter son plan de développement, mais en réalité, seul le niveau central a la faculté de modifier et de reformuler tout projet d’investissement jugé incohérent avec le programme de développement régional. A la fin des années 70, il a été constaté que les résultats des actions entreprises dans le cadre de réduction des déséquilibres spatiaux, sont en deçà des objectifs assignés. Même avec la création des plans Communaux de Développement (PCD) et le Fond Commun des Collectivités locales (FCCL) 9, les programmes ont échoués au même titre que la stratégie globale mise en œuvre. 9 - Les PCD : créés par décret exécutif n°73/139 délivré le 09/08/1973 afin d’assurer l’équilibre régional, ces programmes sont considérés comme un moyen méthodique pour la promotion économique, sociale et culturelle des collectivités locales. 10 Enfin, de 1978 à 1980, l’Algérie vit sur ses acquis et la production a commencé à se dégrader II-1-3- Troisième phase : 1980-1990 : De 1980 à 1984, l’économie nationale est caractérisée par la gestion de l’héritage car les ressources de l’Etat ont diminué à cause de la baisse brutale des prix des hydrocarbures. De ce fait, la stratégie du développement est réorientée vers la satisfaction des besoins socioéconomiques de la population. Cette action est concrétisée par la mise en place de L’Agence Nationale d’Aménagement du Territoire (ANAT) en 1982, chargé d’élaborer le Schéma National d’Aménagement du Territoire (SNAT) ; et l’amendement du code de la commune et de la wilaya avec deux lois portant modification et complément qui prévoient les attributions des collectivités locales et les dotent d’instruments spécifiques : les Plans d’Aménagement de Wilaya (PAW) et le Plan d’Aménagement Communal (PAC). Suite à une série de texte, sur le plan de l’organisation territoriale, le nombre de commune et de wilayas a été revu à la hausse pour atteindre les 48 wilayas et 1541 communes (selon le découpage de 1984) En 1986, pour la première fois, la production industrielle a enregistré une régression, la seine politique a connu une contestation ; la dégradation du niveau de vie ;… La période allant de 1988 à 1990, est une période néfaste qu’a connu l’Algérie, c’est la grande crise, à partir de cette date, la gestion de la crise politique prend le pas sur la démarche volontariste de développement et d’aménagement du territoire et de ce fait, l’Etat se retire de plus en plus de la seine économique. Enfin, en dépit des réarrangements institutionnels, la décision en matière de développement local este centralisée et les programmes d’équipement locaux ne dépendent d’aucun projet de DEL. - Le FCCL : créé par le décret exécutif n°73/134 délivré le 09/08/1973, sous la tutelle du ministère de l’intérieur. Ce fond est une société publique à caractère administrative, il possède une autonomie financière et juridique. Il est dirigé par deux caisses : la caisse de solidarité et la caisse de garantie. L’objectif recherché est de diminuer les écarts des revenus entre les collectivités locales, avec une répartition équitable des ressources fiscales. 11 II-2- L’organisation actuelle du territoire (A partir des années 90) Pour comprendre l’organisation territoriale actuelle de l’espace algérien, il faut passer par le dispositif zonal des milieux naturels. Les deux principes qui sont à la base du découpage régional sont : Le principe identitaire : il est basé sur l’approfondissement de l’espace vécu, défini par la population elle-même ; Le principe de fonctionnalité : il est basé sur l’analyse des différents flux et activités organisant et structurant l’espace. Il s’agit de flux matériels (collecte et redistribution de produits) et flux immatériels (circulation de l’information, décision,…). Les études faites dans ce sens ont aboutit à une organisation en quatre grands territoires : l’Algérois, l’Oranie, le Constantinois et le Sahara. II-2-1- L’Algérois : Forte dépendance de la capitale : Alger, capital de l’Algérie, avec une population de 2 988 145 habitants, selon le dernier RGPH (2008). Elle est équidistante du Maroc et de la Tunisie. Elle but sur l’Atlas Blidéen au Sud, le Zaccar à l’Ouest et Tizi Ouzou à l’Est. Néanmoins, l’influence algéroise a pu s’étendre sur un espace plus grand, difficile à délimiter, elle atteint l’Atlas saharien au Sud, le moyen Cheliff à l’Ouest et Hodna et Soummam à l’Est. Dans ce territoire, le Poids d’Alger a empêché l’émergence de centres régionaux de premier ordre. II-2-2- L’Oranie : Forte concentration sur le littoral et le tell : Elle oppose une immense steppe rude à un tell moins étendu mais très peuplé (1 454 078 habitants) et urbanisé. Oran, est considérée comme une agglomération multifonctionnelle et un second centre intellectuel culturel de l’Algérie avec deux universités. Un peu plus d’Oran, quatre centres régionaux ont su s’imposer, il s’agit de Mostaganem, Tlemcen, Sidi Belabbes et Mascara. II-2-3- Le constantinois : Forte polarisation grâce à une métropole intérieure : Le constantinois est une région a organisation spécifique. Moins peuplé que l’Algérois et le Constantinois, il compte 938 475 habitants. Les flux et les réseaux sont structurés de l’intérieur et non pas du littoral. C’est l’une des premières régions à avoir organisé son espace depuis plus de 2000 ans. En effet, Constantine cultive ses héritages, , la plupart des axes et 12 activités pratiquées reprennent des traces de l’histoire, artisanat, traditions commerciales, mais, elle est aussi, une ville tertiaire active et un lieu d’échange grâce à la présence d’une bourgeoisie commerçante apte à jumeler le commerce moderne avec le commerce traditionnel. Enfin, sa zone d’influence est limitée par quatre grandes villes : ANNABA, SETIF, BATNA et SKIKDA. II-2-4- Le Sahara : Un désert à exploiter : Le Sahara est un monde atypique par ses dimensions (plus de 2 millions de Km2, par la faiblesse de sa population et l’irrégularité de sa distribution, plus de la moitié de la population saharienne est concentrée dans le bas Sahara, et le reste est quasiment vide, même si l’Etat a considérablement investi pour affirmer sa souveraineté et préserver les réserves en hydrocarbures. III- Les contraintes et perspectives du développement économiques local en Algérie III-1- Les contraintes : Le développement économique et social qu’a connu le pays depuis l’indépendance, certes a engendré des mutations significatives ayant permis surtout d’améliorer les conditions de vie de la population, mais il ya lieu de relever l’existence des déséquilibres spatiaux du point de vue de la répartition des richesses, d’activités et de population. En réalité, le problème du déséquilibre n’est pas crée mais amplifié par les actions et les programmes de développement mise en œuvre, car naturellement déjà, le territoire est prédisposé aux déséquilibres, physiquement contrasté et confronté à des disparités spatiales assez importantes. Selon le dernier RGPH de 2008, 63% de la population totale est concentrée dans le Nord du pays, alors que la superficie ne représente que 4% du territoire national. Les Hauts Plateaux et le Sud qui représentent respectivement 9% et 87% ne concentrent que 28% et 9% de la population totale. Ce sont des déséquilibres assez importants pour toute la collectivité. En terme de DEL, les résultats jusqu’à l’heure actuelle semble mitigés au regard des besoins exprimés et des attentes des populations et acteurs locaux. Les zones les plus fragiles à savoir, les zones côtières et surtout les zones de montagne sont particulièrement en retard. 13 Pourquoi ces résultats ? Les réformes entreprises ces dernières années (les différentes transformations du dispositif institutionnel) ont induit à l’apparition de nouveaux problèmes touchant directement ou indirectement les acteurs locaux. En fait, cette situation nécessite en réalité la mise en place de nouveaux instruments permettant le renouvellement de l’action du DEL. Parmi les problèmes les plus importants, nous pouvons citer : Le problème de partenariat : en pratique, la création de toute activité nécessite l’intervention de plusieurs acteurs possédant des ressources ou capacités d’action. Vu cette complexité de l’action, il important de mettre les acteurs en relation pour rendre facile la mise en place de ces activités ; Le problème de convergence entre les projets et les stratégies des différents acteurs (entreprises, institutions financières, collectivités locales,…) ; Le problème de financement : avant, c’était l’Etat qui assure l’animation et le financement de toutes les actions du développement d’une manière générale, mais avec les actions locales, il est nécessaire de un instrument qui capable d’assumer ce rôle. III-2- les perspectives « le développement d’une approche territoriale intégrée » Comme précédemment cité, les différents modes d’occupation des territoires au niveau national et la nature des pratiques spatiales qui ont été menées (les différentes approches sectorielles) ont conduit à une situation alarmante et préoccupante qui se résume autour de : • difficultés de réaliser des résultats significatifs ; • difficultés de mobiliser les acteurs du développement et d’assurer la relance effective du développement. Le diagnostic établit par les autorités concerné (Ministère d’Aménagement du Territoire et de l’Environnement MATE) a fait ressortir des enjeux qui nous renseignent sur la complexité de la problématique du DEL. Cette dernière nécessite une organisation territoriale pour affronter les échéances futures et en réalisant des actions dans une démarche novatrice qui repose sur une véritable reconnaissance du territoire et la concertation avec les différents acteurs. 14 Ce constat, nous amène à déduire qu’il faut adopter une stratégie non sectorialisée du DEL, mais une stratégie spatiale du développement économique. Selon des fondements théoriques, la stratégie spatiale est fondée sur trois grands axes : • Les rapports entre les acteurs et leur environnement ; • Les rapports entre les zones littorales et les zones intérieures ; • Les rapports entre les villes et les compagnes. En fait, les stratégies spatiales figuraient déjà dans les anciens programmes de développement mais, ses objectifs sont définis dans le cadre des actions d’aménagement du territoire ; donc les toutes actions liées au DEL est écarté. L’approche territoriale intégrée est considérée comme un des fondements de cette stratégie spatiale, autrement dit, de la politique du DEL. Il s’agit d’une action perçue comme un processus visant à faire valoir au profit des acteurs locaux un ensemble de capacités, à savoir : Valoriser et préserver les ressources et leurs territoires ; Agir ensemble pour la création de richesses et d’emplois ; Créer des liens entre secteurs et acteurs en faisant en sorte de retenir en place le max de valeur ajoutée ; Créer une compétition avec d’autres territoires. Enfin, l’approche territoriale intégrée fournit aux différents acteurs les possibilités de relocaliser et de recentrer leur développement en mobilisant leurs moyens : ressources naturelles et humaines ; spécificités de l’espace ; organisation spécifique propre au territoire ; traditions culturelle. 15 Conclusion Dans le cadre de la mondialisation et d’ouverture internationale, il est impératif de préparer nos territoires à affronter les grands défis de demain. Avec l’émergence de nouveaux acteurs économiques, et de nouveaux modes de gestion et d’intervention dans la sphère économique, il est demandé pour notre pays trois problèmes majeurs : Le premier est lié aux déséquilibres de localisation de la population et des activités dans le territoire national ; Le second est celui de mise en attractivité de nos territoires. Il s’agira de renforcer l’attractivité à travers la réalisation des équipements, la disponibilité de services, aménagement des zones économiques pour accueillir des entreprises, modernisation des réseaux de transport,…. Le dernier est lié à la préservation du capital naturel et culturel. Que faire pour renforcer l’attractivité de nos territoires et relancer le DEL ? Plusieurs actions peuvent être recommandées dans le but de mettre en valeur les ressources locales et d’impliquer l’ensemble des acteurs locaux, il s’agira notamment de : a. Soutenir et renforcer l’attractivité par le développement des infrastructures et équipements structurants ; b. Valoriser les ressources locales ; c. Améliorer l’environnement économiques, social, administrative, réglementaire ; d. Valoriser le rôle de la recherche et développement ; e. Engager des programmes d’action en collaboration avec les collectivités locales et d’autres organismes (ANDI, ANSEJ,…) f. Enfin, soutenir les jeunes créateurs d’activité par des dispositifs spécialisés. 16 Références bibliographiques : A/ Les ouvrages : 1. EL OUARDIGHI (J), HERAUD (J A) et KAHN ( R), politique régionale européenne et rôle des collectivités : l’exemple des politiques de recherches et d’innovation, in H capron , politique régionale européenne, Bruxelles, éd De Boeck, Paris, 2006. 2. MOLLARD (A), SAUBOUA (E) et HIRCZAK (M), territoire et enjeux du développement régional, éd Quae, 2007. 3. NIVOIX (S) et AUDEBERT (C), les territoires dans la mondialisation, regards disciplinaires croisés, éd PUR, Rennes, 2010. B/ les thèses et articles : 1. BELHEDI (A), le développement régional, problématique, objectifs et principes, faculté des sciences humaines et sociales, université de Tunis, Juillet 2012. 2. 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