Plume !
la Science Apéritive
Mai 2009-n°10 www.laplume.info
Prix
Libre
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Science et Apéro
Responsable de Publication
Vincent Bonhomme
Ont participé à ce numéro
Jean-Sauveur Ay, Bastien Blain, Aimeric
Blaud, Antoine Blanchard, Aurélie Cailleau,
Alban Collin, Cédric Gaucherel, Adrien
Merville, Didier Michel, Hélène Monfeuillard,
Margaux Perrin, Thimotée Poisot, Violette
Roche, Claire Trufnet.
Illustrations
Mélo, Sylvain Magne, François Dolambi
p. 2
Maquette/Graphisme
Violette Roche
Coordinatrice rédacteurs
Carol Ann O’Hare
www.laplume.info
réseau, journal électronique, anciens numéros
actualités, courrier des lecteurs, abonnements, goodies, etc.
Tous nos nouveaux abonnés dont le nom a été abondamment béni.
L’Ouvre-Tête, Vera Cruz et le Kir pour leurs invitations à leurs belles et festives semaines de l’environnement (www.grappe.org). L’équipe de Plume! fait
aussi des bisous à la ne équipe d’Animafac et ses pièces rattachées : Ahmed, Cédric, Fanch’, Fanny(mafac), Julien (pour ses folles soirées), Marie-Jeanne,
Mélanie, Manu, Marvin, Morgane, Samir, Stellane, Thibault, Vanessa, Xavier et tou(te)s les autres, oublié(e)s ici. Renaud de Fragil.org, Sébastien Beyou
de Wikimedia, Antoine Moreau d’Art-Libre, l’Etudiant Autonome et Les Ecologistes de l’Euzière pour les mains tendues. Connaisciences pour leurs soirées
pizzas-cinéma-évolution. Thierry et Patricia de l’université Montpellier 2 pour leur contacts fertiles. Kawenga pour leur accueil. François Galabrun et Thierry
Noëll parce qu’ils le valent bien. Laurent Marsault et Jean-Pierre Vigouroux qui nous guident. Les Ecologistes de l’Euzière pour leur accueil (AG pluvieuse,
AG heureuse). Vincent Montigny, Karine Baligand et Camille Gallap pour leurs sympathies et enthousiasmes. Jean-Frédéric Terral et Etienne Jaxel-Truer
pour nous faire conance. Maud Bernard-Verdier pour sa patience qui n’a d’égal que tout le reste. Et bien sûr toi, beau bipède qui tiens entre tes mains
moites d’émotion une belle rasade d’espoir.
*Pour gurer ici, merci d’envoyer un chèque de 200€ sans ordre à l’adresse indiquée ci-dessus.
Coordonnateur illustrateurs
Grégoire Duché
Plume! roule une galoche à* ...
Plume !
Impression
1er tirage 500 exemplaires
Numéro ISSN
1951-9168
Prochaine édition
Juin 2009, Evolution
Diffusion
Abonnement et évènements
Sur demande motivée
Prix libre - abonnement 10/15 €
Édité par l’asso Plume!,
4, rue de la draperie St Firmin
34000 Montpellier
www.plume.info
[email protected] / 06.17.25.02.30
Journal de vulgarisation
scientique apéritive pour tous
et ouvert à tous.
Édito
Ô toi, partenaire épistolaire d’un jour ou d’une année, ce que tu tiens
dans tes petites mains graciles et mutines n’est pas le dernier numéro
de Plume! mais bien le dixième.
À Plume!, nous nous sommes dit que tant qu’à faire la fête à l’occasion
de ce numéro 10, chiffre rond comme un neuf, autant inviter les copains
à parler de leurs motivations et réexions quant à la pratique de la
vulgarisation scientique. Ce panorama n’est peut‑être pas exhaustif,
mais il est chamarré : associations et institutions, parisiens et sudistes,
jeunes loups et vieux rebelles, grands écoliers et universitaires, tous
ont trempé leurs plumes dans l’encrier.
Petit calcul avant de jeter l’ancre. Imaginons, que le gouvernement
décide, dans un moment de lucidité à l’heure de la réforme actuelle
du doctorat, et de tout le reste, que chacun des 17 000 nouveaux
doctorants annuels, puisse consacrer en sus du mois passé en
entreprise, une journée à vulgariser ses activités et connaissances.
La francophonie pourrait accumuler par jour, quelque chose comme :
20 articles de synthèse, 8 analyses d’actualité scientique, 2 tribunes,
5 chats avec le public, 10 entrevues radio, 5 entrevues vidéos,
5 conférences publiques et 30 interventions en milieux scolaires, le
tout assumé par les chercheurs d’aujourd’hui.
Si l’on consacrait 0,5% du coût uniquement salarial d’un doctorat à
nancer une telle opération, soit environ 500 euros, ce serait possible
et encore avec les petits plats dans les grands. Et puis peut‑être même
que tout le monde parlerait de l’exception française. Qui a dit choix
de société ?
Le Front Estudiantin de la Science Sans Encombres.
Plume!
Libido des Sciences
p. 3
Les sciences en événement, les sciences spectacles, les sci-
ences en scène, le eurissement des manifestations de vulgari-
sation scientique, pourquoi ?
Simple événement ou objet de communication ? Besoin de
diffuser ou de (re)nouer un dialogue ? Quels liens les manifesta-
tions de sciences entretiennent-elles avec les citoyens ? avec
notre culture collective ? Et les chercheurs… Qui sont-ils ?
Que font-ils ? Apprentis sorciers, savants fous, constructeurs
de notre futur, transmetteurs de notre passé ? L’imaginaire des
citoyens est bien là. Le mythe de la blouse blanche et du micro-
scope résistent et doivent être dépassés.
Que se passe-t-il dans un laboratoire et que font les chercheurs
au quotidien ? Faire tomber les représentations que nous avons
des chercheurs, passer des instants agréables d’échanges et
de compréhension sont nécessaires. Si les chercheurs sont bien
loin des propriétaires de cabinets de curiosités des XVI et XVI-
Ième siècles, le partage et les discussions que permettaient ces
lieux doivent être recréés. Il est essentiel que les chercheurs
rencontrent leurs concitoyens, transmettent leur passion, leurs
savoirs et le contexte de leur travail, replacé dans une histoire
collective. Un moment de partage de notre culture à laquelle la
culture scientique appartient. Il faut (re)donner du plaisir à la
connaissance et aux sciences. Mélangeons le festif, le ludique,
l’émotionnel dans les manifestations !
Les arts, sous toutes leurs formes : lms historiques, art con-
temporain… doivent pénétrer et imprégner les manifestations
scientiques.
Redonnons la « libido des sciences » (Etienne Klein).
Recherche en cours
Au menu
Didier
(ConnaiSciences)
Libido des sciences (3)
Vulgarisation philosophique (4-5)
Quest-ce quun chercheur
blogueur ? (6-7)
Vulgariser l’évolution (8-9)
La science comme ferment
social. (10)
Atomes Crochus (10)
La biodiversité galvaudée (11)
Science et Société (12)
Le rôle de la vulgarisation (13)
Quand la vulgarsiation
remplacera l’enseignement (14)
Comment et pourquoi
vulgariser l’économie ? (16)
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Masturbez-moi ... p. 4
Vulgarisation
philosophique
Comment la philosophie de nos cours de terminale peut-elle devenir une
charlotte aux fraises ? Road-trip au coeur des recettes de vulgarisation
philosophiquement correctes.
On connaît déjà une certaine forme
d’ « aménagement philosophique »
des concepts vus en classe grâce à
Michel Onfray et son Antimanuel de
philosophie. Il nous explique com-
ment s’approprier des concepts philosophiques
avec des questions contemporaines. Il transgure
les contraintes du programme scolaire et décide
de faire un détour des thèmes abordés en classe
an d’installer chez le lecteur une approche liber-
taire, nouvelle et sarcastique de toute la tradition
philosophique. Or, comment envisager de philoso-
pher si, de prime abord, nous sommes réticents à
goûter à la lecture des auteurs ? Comment après
avoir collé à la philosophie l’étiquette « ennuyeuse
et pédante » se préparer à lire les philosophes ?
Ce n’est pas pour autant qu’Onfray se rie de la rigou-
reuse philosophie ; il nous dit plutôt ceci : « Venez
voir ce à quoi nous pouvons rééchir sans grands
discours ni textes incompréhensibles ». Il détourne
certains concepts métaphysiques bien avant de
nous les enseigner et cela ne parvient pas totale-
ment à faire apprécier l’acte de la réexion aux
non-philosophes. Cet Antimanuel s’engage sûre-
ment trop précocement à travers des sujets comme
l’esclavage engendré par les sociétés libérales, la
menace potentielle de la génétique produisant des
monstres ou encore les nouvelles frontières de la
liberté engendrées par l’Internet… Ces notions,
bien que très actuelles, n’encouragent pas celui
qui lit à penser par lui-même à l’aide de connais-
sances historiques, scientiques et culturelles. De
plus, ce livre ne permet pas vraiment de savoir ce
qu’il est permis de penser ou pas (arriver à ne plus
seulement bavarder) et à quoi correspond l’acte
de philosopher, c’est-à-dire penser avec rigueur et
logique !
Un discoUrs sAvAnt poUr
des sAvAnts ?
Ceci ne vaut pas pour tous ses autres livres car il
utilise dans ceux-là un langage accessible à tous et
traite souvent de sujets provocateurs (lire Le Traité
d’athéologie, Politique du rebelle et La philosophie
féroce) envers les plus conservateurs. En ce qui
Ou i m a i s s a g e m e n t v u l g a i r e
?Aller plus loin :
Onfray M., (2001). Antiman-
uel de philosophie : leçons
socratiques et alternatives.
Bréal.
Kant E., (1783). Prolé-
gomènes à toute métaphy-
sique future qui pourra se
présenter comme science.
Bibliothèque des textes
philosophiques. Librairie
philosophique J. Vrin.
Kant E., (1785). Fondements
de la métaphysique des
mœurs. Bibliothèque des
textes philosophiques. Librai-
rie philosophique J. Vrin.
Kant E., (1798). Anthro-
pologie du point de vue
pragmatique. Bibliothèque
des textes philosophiques.
Librairie philosophique J.
Vrin.
Kant E., (1803). Traité de
pédagogie. Œuvres et
opuscules philosophiques.
Hachette.
p. 5 ... le cerveau !
Alban
concerne la vulgarisation, Onfray aurait comme un
manque de rigueur dans sa façon de transmettre la
philosophie. Mais il n’est pas le seul ! Pour éviter de
faire trop de références inutiles, je dirai simplement
que la philosophie est difcilement accessible dans
son ensemble. Cela est dû au fait qu’elle reste une
discipline particulière où, comme dans toute disci-
pline, il ne pourrait y avoir que des discours savants
pour des savants. Cependant, pour ceux qui veu-
lent la vulgariser, comme Michel Onfray, il y a mani-
festement un manquement au rôle, difcile parfois,
de vulgarisation philosophique.
d’Abord penser ensUite
Agir !
Parlons dès lors de ce que peut et doit enseigner le
vulgarisateur avec l’aide d’Emmanuel Kant et de sa
philosophie critique. Nous nous situons avec Kant
à la n du XVIIIe siècle, dans ce que nous appelons
la période des Lumières. L’Europe est en crise
démocratique, l’heure de la République a sonné et le
problème des limites du pouvoir politique est posé.
Kant est celui que l’on surnomme « le penseur de
la Révolution française », grâce à des œuvres telles
que Qu’est-ce que les Lumières ou Critique de la
raison pure. En bref, Kant montre que notre pouvoir
de connaître est limité. Par les sciences nous pou-
vons parler d’un vrai savoir, dans la mesure nous
pouvons tirer de l’expérience des lois universelles.
En philosophie il s’agit quasiment de l’inverse : il
faut d’abord penser et ensuite agir ! Comme pour le
concept de liberté : pensons la logiquement, selon
qu’elle puisse être universelle et ensuite mettons la
en pratique !
La difculté en philosophie pour Kant est de com-
prendre que la raison a une part consacrée aux
sciences, donc à l’élaboration des lois de toute ex-
périence possible. Une autre partie de la raison va
naturellement penser plus loin, en dehors du monde
sensible : la cause de l’univers, le Monde, l’amour,
la politique, l’Homme… Ces concepts doivent être
pensés en connaissant leurs sources, leurs origines
et leurs logiques internes.
Kant a sûrement fait bailler d’effroi la plupart d’entre
nous lorsqu’en classe de terminale nous pouvions
lire : Prolégomènes à toute métaphysique future,
Critique de la raison pure pratique ou encore Sur
l’usage des principes théologiques en philosophie.
Un peu comme si nous participions à un jeu sans en
connaître les règles. Pourtant, ce côté énigmatique
a probablement fait de Kant l’un des plus grands
philosophes de l’humanité puisqu’il s’est toujours
efforcé d’utiliser un langage très pointilleux et sci-
entique.
rendre son sAvoir
Accessible A toUs
S’il avait une seconde vie, il l’aurait certainement
vouée à la vulgarisation philosophique car malgré
la difculté que l’on peut avoir à le comprendre,
son désir était de rendre son savoir accessible
à tous. Pour Kant, le vulgarisateur est d’abord
un chercheur : il s’élève au plus haut dans la
connaissance de la raison an d’avoir le pouvoir
ensuite la simplier. Kant dénonce la philosophie
populaire des Lumières (dans laquelle je place
l’Antimanuel d’Onfray en avouant l’anachronisme)
et parle d’un droit à la vulgarisation que seul le
travail fondateur et rigoureux évoqué plus haut peut
conférer. La réexion pure est le travail du philosophe,
la vulgarisation une continuité de ce travail. Il n’y a
pas de vulgarisateur qui ne soit philosophe. Rien
n’est plus sérieux que la vulgarisation car elle est
proprement l’art du savant, l’œuvre de l’artiste qui
sait satisfaire l’esprit (au sens du plaisir !). Elle nous
offre une double satisfaction : elle répond au besoin
de la raison pure par une perfection logique et au
désir des sens par une perfection esthétique. Plus
vulgairement, le vulgarisateur doit chercher à unir
la perfection logique avec la perfection esthétique.
Autrement dit combler l’écart de nature qu’il y a entre
l’entendement (faculté de connaître) et la sensibilité
(faculté de sentir). Il s’agit en vérité d’enrichir la
nature humaine, désireuse de bonheur (la raison
pratique) à travers un besoin inlassable et naturel
d’avoir du plaisir (la sensation).
C’e s t Ka n t q u i v O u s p a r l e !
Il faut encourager les gens à penser rigoureusement
les choses, les inciter à rééchir avec comme base
de réexion la philosophie de nos aïeux. Même si
la philosophie ne connaît en ce jour que peu de
vulgarisateurs au sens où nous l’avons décrit, il ex-
iste des textes très abordables. Kant demeure un
penseur indispensable. Pour les plus téméraires,
allez jeter un œil au Court traité de pédagogie et
pour ceux qui y voient un contremaître, feuilletez
les romans philosophique et continuez la causette
intelligente !
Ou i m a i s s a g e m e n t v u l g a i r e
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