Bulletin de la SBV - 4 - n°19 - mai 2009
Botanique Vauclusienne
L’année 2008 peut encore être considérée comme riche en dé-
couvertes floristiques puisque 11 espèces nouvelles ont pu être
détectées. Certaines d’entre elles sont bien indigènes comme
Xeranthemum cylindraceum Smith et Ornithogalum pyrenaicum
L., observées très près des Alpes-de-Haute-Provence dans des
sites habituellement peu prospectés, ou encore comme Minuar-
tia rubra (Scop.) McNeill, Phelipanche rosmarina (G. Beck)
Banfi & al., et Potamogeton berchtoldii Fieber qui étaient peut-
être passées inaperçues car confondues avec d’autres taxons.
Pour ce qui est de Tordylium apulum L., on assiste à une pro-
gression vers l’est de cette espèce bien connue dans la région
Languedoc-Roussillon. Mais le plus surprenant est l’arrivée
dans le Vaucluse de cinq espèces étrangères dont certaines sont
réputées comme étant de redoutables envahissantes
(Botriochloa barbinodis (Lag.) Herter, Elodea densa (Planchon)
Caspary, Myriophyllum aquaticum (Velloso) Verdcourt, Oxalis
dillenii Jacquin, Sporobolus cryptandrus (Torr.) A. Gray). Elles
sont suffisamment bien naturalisées pour être admises dans la
flore vauclusienne.
Bothriochloa barbinodis (Lag.) Herter (= Dichanthium saccha-
roides (Swartz) Roberty) - Grande plante (pouvant dépasser 1 m
de haut) très élégante et décorative, remarquable par ses inflo-
rescences digitées composées de nombreuses grappes spicifor-
mes contractées à la floraison et couvertes de poils argentés
donnant à l’ensemble un aspect brillant.
Elle a été découverte dans le bassin d’Apt (J.-P. CHABERT), le
long de la RN 100 où elle existe en plusieurs petites populations
disséminées sur plusieurs kilomètres, entre le pont Julien et la
ville d’Apt. Elle doit très probablement se trouver ailleurs dans
le même secteur. D’origine américaine (du sud-ouest des États-
Unis à l’Amérique du Sud), elle s’est naturalisée dans d’autres
continents et en particulier en Europe. En France, elle existe
déjà en Bourgogne et dans le Midi (Hérault, Aude, Tarn, etc.).
Elle est considérée comme une envahissante.
Elodea densa (Planchon) Caspary (= Egeria densa Planchon) -
Cette élodée est beaucoup plus robuste que les deux autres déjà
connues dans le Vaucluse (E. canadensis Michaux et Elodea
nuttalii (Planchon) St. John), les feuilles dépassant toujours 1
cm de long et 4 mm de large, normalement verticillées par plus
de 3 et densément imbriquées sur des tiges épaisses.
Détectée d’abord à Avignon dans le Rhône au niveau de l’Islon
de la Barthelasse (A. et N. CHANU), elle a ensuite été observée
à Lapalud à la Désirade (C. ROULET et J.-P. R.), dans une lône
près du Rhône. Originaire d’Amérique du Sud (Brésil, Argenti-
ne, etc.), elle s’est répandue dans tous les continents et y est
devenue envahissante. En Europe, son introduction est déjà an-
cienne (début du XIX ème siècle) et elle y a même été cultivée !
En France, elle a été découverte en milieu naturel en 1961 dans
la Manche, puis elle s’est répandue en Bretagne, dans le Centre,
le Midi et le Sud-Est.
Minuartia rubra (Scop.) McNeill (= M. fasciculata auct., non
(L.) Hiern) - Cette espèce ressemble un peu à M. rostrata
(Pers.) Reichenb., mais elle est annuelle ou bisannuelle avec des
tiges dressées et plus hautes ne formant pas de touffes denses et
surtout ses fleurs ont des pétales très courts.
Cette plante a été signalée autrefois au mont Ventoux
(GONTARD, 1953) où elle n’a pas été retrouvée. En revanche,
quelques populations ont été observées à Lagarde-d’Apt (J.-P.
CHABERT), sur des pelouses rocailleuses sur calcaire décalci-
fié. Elle semble rare et très marginale en région méditerranéen-
ne.
Myriophyllum aquaticum (Velloso) Verdcourt (= M. brasilien-
se Cambessedes) - Plante beaucoup plus robuste que les deux
autres espèces connues dans le Vaucluse (M. spicatum L. et M.
verticillatum L.). Elle présente des feuilles glauques et papilleu-
ses sur des tiges dont les extrémités sortent de l’eau ; les fleurs,
souvent rares, sont situées, isolées, à l’aisselle des feuilles supé-
rieures.
Elle a été observée à Mormoiron dans une petite mare près de la
Jouvette (service technique de la mairie de Mormoiron) en une
population très importante. Originaire de l’Amérique tropicale
du Centre et du Sud, elle s’est naturalisée par la suite dans tous
les autres continents. Elle est considérée comme une redoutable
envahissante, aussi, cette station a fait l’objet d’un début d’éra-
dication.
Ornithogalum pyrenaicum L. (Loncomelos pyrenaicus (L.) J.
Holub) - Comme O. narbonense L., cet-
te espèce a des fleurs en grappes, mais
elle en diffère par les tépales qui sont
plus étroits et de couleur verdâtre à l’ex-
térieur et non blanc pur.
Une toute petite populations (quelques
individus seulement) a été détectée dans
une hêtraie claire sur karst à Lagarde-
d’Apt aux Espagnols tout près des Alpes
-de-Haute-Provence (G. GUENDE et J.-
P. R.). Cette découverte, comme celle
d’ailleurs de Minuartia rubra (Scop.)
McNeill, vient confirmer l’intérêt floris-
tique tout à fait exceptionnel de la partie
sommitale des monts de Vaucluse.
Oxalis dillenii Jacquin (= O. stricta L., nom. illeg.) - Espèce
très proche d’O. fontana Bunge qui est déjà connue des bords
du Rhône (Mondragon et Sorgues). Elle est également à fleurs
jaunes et munies de longs stolons souterrains ; par contre c’est
une plante velue et notamment les capsules qui sont couvertes
de poils courts et retorses et les bractéoles sont situées à la base
des pédicelles alors que chez O. fontana elles sont un peu éloi-
gnées au-dessus de la base des pédicelles. Les différences sont
donc peu évidentes au premier abord et ont pu entraîner des
confusions, d’autant plus que les 2 espèces cohabitent souvent.
Originaire d’Amérique du Sud, elle a été observée à Mondra-
gon, dans la ripisylve du Rhône, près du domaine de Lamiat
(Société botanique du Vaucluse).
Phelipanche rosmarina (G. Beck) Banfi & al. (= Orobanche
rosmarina G. Beck) - Les Phelipanche, précédemment appelées
Phelypaea ou incluses dans les Orobanches, sont nettement
sous-observées dans le Vaucluse. On connaît surtout P. nana
(Reuter) Sojak (taxon englobant P. ramosa (L.) Pomel et P.
mutelii (F.W. Schultz) Pomel) en désignant des plantes basses
(10 cm en général), longuement ramifiées, recherchant les pe-
louses et les cultures sur terrain sableux sec. P. rosmarina est
une espèce différente, parasitant exclusivement le romarin et
caractérisée par des tiges non ramifiées et par des stigmates
jaunâtres.
Nouveautés 2008 pour la flore vauclusienne