Société Botanique du Vaucluse

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Société Botanique
du Vaucluse
Bulletin de liaison de la Société Botanique du Vaucluse
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n°19 - mai 2009
B.P. 1227 - Site Agroparc - 84911 AVIGNON CEDEX 9
Androsace halleri ( Primulaceae)
Sur lande de type subalpin
Cros de Conge
(Massif du Tanargue- Ardèche)
Le 13 juin 2008
Photo. -Jean-Claude Bouzat
Sommaire
-Editorial
P. 3
-Ont participé à ce numéro
Société Botanique
du Vaucluse
-Botanique vauclusienne
-Nouveautés 2007 pour la flore vauclusienne- B. Girerd.- JP Roux.
-Clés de détermination aide-mémoire de la flore du département de
Vaucluse - Introduction - B. Girerd
-Asplenium trichomanes et ses sous-espèces dans le Vaucluse - B. Girerd.
Siège Social
Lycée Agricole
François PETRARQUE
Cantarel - route de Marseille
-Suivi plantes rares et pastoralisme - G. Guende -R. Gaudin.
-Ophrys aegirtica ou Ophrys fuciflora tardif du Vaucluse ? - M. Graille.
-Actualités sur la Garidelle - G. Guende - D. Tatin.
-CEEP… c’est quoi ?
Adresse postale
BP 1227
Site Agroparc
84911 AVIGNON cedex 9
Adresse Internet
Site SBV
http://www.sbvaucluse.org
-La Fraxinelle Dictamnus albus - R. Guizard.
-Calendrier des arbres remarquables du Vaucluse. M.-T. Ziano.
-La SBV en PACA
-Week-end des 23 et 24 juin 2007.
La Montagne de Lure et Alpes de Hautes Provence. - A. Chanu.
Cotisation annuelle
18 euros membres adhérents
9 euros membres associés
9 euros étudiants
demandeurs d’emploi
Droit d’entrée
7 euros nouvel adhérent
Bulletin de la SBV
-Arceuthobium oxycedri - R.Guizard
-Sortie Botanique dans le Var des 31 mars et 1er avril 2007 - F. Feriolo.
-Séjour botanique en SARDAIGNE du 18 au 30 avril 2007 - P. Duthilleul P. 24
-Contes d’apothicaire de Carpentras
Ou comment l’on se soignait au 18ème siècle - J.-M. Pascal
P. 25
-Traditions calendales en Provence au travers des végétaux - J.-M. Pascal
-Parutions récentes
P. 30
-Note de lecture - F. Feriolo
P. 31
-Que danse la biodiversité !!.. - O. Mandron
P. 31
-Encart couleur au centre du bulletin
Distribution
Le bulletin de la SBV est distribué gratuite- I
II
ment aux adhérents.
III
Directrice de Publication
IV
La Présidente : Huguette ANDRE
V
Redaction
VI
VII
Les membres du bureau de l’association
VIII
Maquette: Denis Coquidé
IX
X
Impression: Espace Dupont - 84130 Le Pontet XI
XII
N° ISSN : 1281-2676
Bulletin de la SBV
P. 19
-Genista radiata - R.Guizard
Courriel
[email protected]
Réunion mensuelle
Tous les deuxièmes mardis du mois,
au Lycée François PETRARQUE
P. 4
pages I à XII
- Garidelle - Garidella nigellastrum
- Fraxinelle - Dictamnus albus
- Carte de répartition pour le Vaucluse de Dictamnus albus et Arceuthobium
oxycedri
- Calendrier des arbres remarquables du Vaucluse
- Ophrys aegirtica ou O.Fuciflora tardif du Vaucluse
- Salagon – Les Mourres
- Montagne de Lure (1)
- Montagne de Lure (2)
- Arceuthobium oxycedri
- Genista radiata
- Orchidées de Sardaigne (1)
- Orchidées de Sardaigne (2)
- 2 -
n°19 - mai 2009
Editorial
Le bulletin 19 paraît avec le printemps, cela devient
une coutume - n’est-ce-pas ? Il est joliment illustré ;
merci à tous pour votre participation active et surtout
à Michel pour son travail de composition et à Denis
pour la mise en page définitive.
Au cours de l’année 2008, 10 espèces nouvelles
pour le département ont été détectées par des adhérents. Ainsi
l’inventaire de la flore du Vaucluse ne cesse de progresser. La propagation et l’installation de ces plantes, qui jusqu’à présent se localisaient
dans les départements littoraux situés plus au sud, s’effectuent vers le nord. A la suite d’une série d’années sèches et à hivers peu rigoureux, elles ont trouvé des conditions favorables et colonisent les espaces plus ou moins incultes .Ce phénomène n’est pas nouveau ; je
vous conseille de relire les numéros précédents.
Je précise que les découvertes sont dues surtout à la curiosité et à l’observation, au sérieux
des adhérents, soucieux de bien connaître leur patrimoine floristique .La Société Botanique
du Vaucluse bouge, cherche.
Bernard GIRERD affine peu à peu les clés de détermination des genres ayant plus de 2
espèces. Une nouvelle édition mise à jour au 01 03 2009 est désormais disponible .Vous
pouvez en faire la demande auprès de Mireille.
Autre heureuse nouvelle - la subvention sollicitée auprès du Conseil Général de Vaucluse
pour la 3ième édition de l’inventaire du Vaucluse est acceptée. La trésorière a encaissée le
premier tiers de la somme .Une démarche a été engagée en février auprès d’un éditeur
d’ouvrages naturalistes - Biotope – dont les collections sont bien connues. A l’heure actuelle nous attendons le projet de contrat ainsi que la charte graphique, afin de mettre en
route cet ouvrage, qui sera plus qu’un simple inventaire .La publication est envisagée pour
fin 2010 ?
Il y a encore beaucoup de travail !! Bernard nous recommande de rechercher, d’observer
certaines espèces au cours de l’année 2009, sans oublier de préciser les paramètres indispensables (date et lieu de l’observation, description la plus exacte possible de la plante).Pour une éventuelle récolte, suivez bien ses conseils, donnés dès le début de l’article.
Vous pouvez le contacter directement.
Je pense que vous avez consulté le programme ; quelques oublis m’ont été signalés. Les
corrections ont été faites lors d’une réunion mensuelle et transcrites sur le site Internet de
la SBV. Si vous avez des doutes, n’hésitez pas à me téléphoner ou m’envoyer un message.
A bientôt lors d’une sortie ou d’une prochaine réunion.
Ont participé à ce numéro
Huguette André
30250-Junas
[email protected]
Jean-Claude Bouzat
26110-Condorcet
[email protected]
Alain Camard
30400-Villeneuve -les -Avignon
Alain Chanu
[email protected]
Henri Courtois
84130-Le Pontet
Flavien Feriolo
30330-Connaux
[email protected]
Bernard Girerd
84250-Le Thor
[email protected]
Michel Graille
84310-Morières les Avignon
[email protected]
Roselyne Guizard
84380-Mazan
[email protected]
Amicalement.
Huguette ANDRÉ, présidente.
Bureau 2007 – Elections du 11 mars 2008 - 12 membres.
Huguette André
Présidente
Roselyne Guizard Vice-Présidente
Mireille Tronc
Vice-Présidente
Claire Ventrillard Trésorière
Nicole Chiron
Trésorière – adjointe
Michel Graille
Secrétaire
Flavien Fériolo
Bibliothécaire
Jean-Claude Bouzat Coordonnateur des relevés botaniques
Paule Daillant
Communication et relations avec la presse
Autres membres : Alain Chanu, Hélène Pellecuer, Jacques Mus
Odette Mandron
38700- La Tronche
[email protected]
Jean-Pierre Roux
84200 Carpentras
[email protected]
Conseillers scientifiques :
Bernard Girerd - Jean-Pierre Roux.
Commission de vérification des comptes :
Jean-Marie Bernard-Henri Courtois- Robert Fournier.
Bulletin de la SBV
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n°19 - mai 2009
Botanique Vauclusienne
Nouveautés 2008 pour la flore vauclusienne
L’année 2008 peut encore être considérée comme riche en découvertes floristiques puisque 11 espèces nouvelles ont pu être
détectées. Certaines d’entre elles sont bien indigènes comme
Xeranthemum cylindraceum Smith et Ornithogalum pyrenaicum
L., observées très près des Alpes-de-Haute-Provence dans des
sites habituellement peu prospectés, ou encore comme Minuartia rubra (Scop.) McNeill, Phelipanche rosmarina (G. Beck)
Banfi & al., et Potamogeton berchtoldii Fieber qui étaient peutêtre passées inaperçues car confondues avec d’autres taxons.
Pour ce qui est de Tordylium apulum L., on assiste à une progression vers l’est de cette espèce bien connue dans la région
Languedoc-Roussillon. Mais le plus surprenant est l’arrivée
dans le Vaucluse de cinq espèces étrangères dont certaines sont
réputées comme étant de redoutables envahissantes
(Botriochloa barbinodis (Lag.) Herter, Elodea densa (Planchon)
Caspary, Myriophyllum aquaticum (Velloso) Verdcourt, Oxalis
dillenii Jacquin, Sporobolus cryptandrus (Torr.) A. Gray). Elles
sont suffisamment bien naturalisées pour être admises dans la
flore vauclusienne.
Bothriochloa barbinodis (Lag.) Herter (= Dichanthium saccharoides (Swartz) Roberty) - Grande plante (pouvant dépasser 1 m
de haut) très élégante et décorative, remarquable par ses inflorescences digitées composées de nombreuses grappes spiciformes contractées à la floraison et couvertes de poils argentés
donnant à l’ensemble un aspect brillant.
Elle a été découverte dans le bassin d’Apt (J.-P. CHABERT), le
long de la RN 100 où elle existe en plusieurs petites populations
disséminées sur plusieurs kilomètres, entre le pont Julien et la
ville d’Apt. Elle doit très probablement se trouver ailleurs dans
le même secteur. D’origine américaine (du sud-ouest des ÉtatsUnis à l’Amérique du Sud), elle s’est naturalisée dans d’autres
continents et en particulier en Europe. En France, elle existe
déjà en Bourgogne et dans le Midi (Hérault, Aude, Tarn, etc.).
Elle est considérée comme une envahissante.
Elodea densa (Planchon) Caspary (= Egeria densa Planchon) Cette élodée est beaucoup plus robuste que les deux autres déjà
connues dans le Vaucluse (E. canadensis Michaux et Elodea
nuttalii (Planchon) St. John), les feuilles dépassant toujours 1
cm de long et 4 mm de large, normalement verticillées par plus
de 3 et densément imbriquées sur des tiges épaisses.
Détectée d’abord à Avignon dans le Rhône au niveau de l’Islon
de la Barthelasse (A. et N. CHANU), elle a ensuite été observée
à Lapalud à la Désirade (C. ROULET et J.-P. R.), dans une lône
près du Rhône. Originaire d’Amérique du Sud (Brésil, Argentine, etc.), elle s’est répandue dans tous les continents et y est
devenue envahissante. En Europe, son introduction est déjà ancienne (début du XIX ème siècle) et elle y a même été cultivée !
En France, elle a été découverte en milieu naturel en 1961 dans
la Manche, puis elle s’est répandue en Bretagne, dans le Centre,
le Midi et le Sud-Est.
Minuartia rubra (Scop.) McNeill (= M. fasciculata auct., non
(L.) Hiern) - Cette espèce ressemble un peu à M. rostrata
(Pers.) Reichenb., mais elle est annuelle ou bisannuelle avec des
tiges dressées et plus hautes ne formant pas de touffes denses et
surtout ses fleurs ont des pétales très courts.
Cette plante a été signalée autrefois au mont Ventoux
(GONTARD, 1953) où elle n’a pas été retrouvée. En revanche,
quelques populations ont été observées à Lagarde-d’Apt (J.-P.
Bulletin de la SBV
CHABERT), sur des pelouses rocailleuses sur calcaire décalcifié. Elle semble rare et très marginale en région méditerranéenne.
Myriophyllum aquaticum (Velloso) Verdcourt (= M. brasiliense Cambessedes) - Plante beaucoup plus robuste que les deux
autres espèces connues dans le Vaucluse (M. spicatum L. et M.
verticillatum L.). Elle présente des feuilles glauques et papilleuses sur des tiges dont les extrémités sortent de l’eau ; les fleurs,
souvent rares, sont situées, isolées, à l’aisselle des feuilles supérieures.
Elle a été observée à Mormoiron dans une petite mare près de la
Jouvette (service technique de la mairie de Mormoiron) en une
population très importante. Originaire de l’Amérique tropicale
du Centre et du Sud, elle s’est naturalisée par la suite dans tous
les autres continents. Elle est considérée comme une redoutable
envahissante, aussi, cette station a fait l’objet d’un début d’éradication.
Ornithogalum pyrenaicum L. (Loncomelos pyrenaicus (L.) J.
Holub) - Comme O. narbonense L., cette espèce a des fleurs en grappes, mais
elle en diffère par les tépales qui sont
plus étroits et de couleur verdâtre à l’extérieur et non blanc pur.
Une toute petite populations (quelques
individus seulement) a été détectée dans
une hêtraie claire sur karst à Lagarded’Apt aux Espagnols tout près des Alpes
-de-Haute-Provence (G. GUENDE et J.P. R.). Cette découverte, comme celle
d’ailleurs de Minuartia rubra (Scop.)
McNeill, vient confirmer l’intérêt floristique tout à fait exceptionnel de la partie
sommitale des monts de Vaucluse.
Oxalis dillenii Jacquin (= O. stricta L., nom. illeg.) - Espèce
très proche d’O. fontana Bunge qui est déjà connue des bords
du Rhône (Mondragon et Sorgues). Elle est également à fleurs
jaunes et munies de longs stolons souterrains ; par contre c’est
une plante velue et notamment les capsules qui sont couvertes
de poils courts et retorses et les bractéoles sont situées à la base
des pédicelles alors que chez O. fontana elles sont un peu éloignées au-dessus de la base des pédicelles. Les différences sont
donc peu évidentes au premier abord et ont pu entraîner des
confusions, d’autant plus que les 2 espèces cohabitent souvent.
Originaire d’Amérique du Sud, elle a été observée à Mondragon, dans la ripisylve du Rhône, près du domaine de Lamiat
(Société botanique du Vaucluse).
Phelipanche rosmarina (G. Beck) Banfi & al. (= Orobanche
rosmarina G. Beck) - Les Phelipanche, précédemment appelées
Phelypaea ou incluses dans les Orobanches, sont nettement
sous-observées dans le Vaucluse. On connaît surtout P. nana
(Reuter) Sojak (taxon englobant P. ramosa (L.) Pomel et P.
mutelii (F.W. Schultz) Pomel) en désignant des plantes basses
(10 cm en général), longuement ramifiées, recherchant les pelouses et les cultures sur terrain sableux sec. P. rosmarina est
une espèce différente, parasitant exclusivement le romarin et
caractérisée par des tiges non ramifiées et par des stigmates
jaunâtres.
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n°19 - mai 2009
Cette plante a été identifiée dans une garrigue xérothermophile
à romarin dans le massif de Saint-Sépulcre (La Tour-d’Aigues
au sommet des Buisserettes) et dans le grand Luberon sur des
vires à l’entrée de la combe de Lourmarin (V. NOBLE). Elle
doit très probablement se trouver ailleurs dans le sud-est du
département et y est à rechercher.
Potamogeton berchtoldii Fieber - Plante très semblable P. pusillus L. quoique moins robuste ; la différence est à examiner
dans la forme des stipules qui sont fendues et non entières
(observation délicate). C’est une plante très méconnue à cause
de la difficulté pour la distinguer formellement.
Elle a été détectée dans le béal des Barinques à Lapalud
(Société botanique du Vaucluse). Cette plante à très large répartition mondiale, existe, plus abondante, sur le cours moyen du
Rhône.
Sporobolus cryptandrus (Torr.) A. Gray - Plante ressemblant
un peu Sporobolus indicus (L.) R. Br. dont on connaît quelques
stations dans le Vaucluse. Elle s’en distingue par des inflorescences moins étroites dont les rameaux sont plus longs (3 cm et
plus) ; les feuilles sont munies au niveau ligulaire d’une touffe
de longs poils blancs.
Elle a été découverte à Caderousse à la Piboulette (M. TRONC
et J.-P. R) sur une grève sèche. Originaire d’Amérique du Nord,
cette espèce est d’introduction récente en France. Elle est à surveiller car elle pourrait se trouver ailleurs dans la vallée du Rhône.
Tordylium apulum L. - Plante très différente de l’autre Tordylium vauclusien (T. maximum L.). Ses tiges ne comportent que
des poils mous et ses folioles terminales des feuilles sont arrondies ; mais ce sont les fruits qui sont les plus caractéristiques car
ils sont entourés d’une bordure crénelée très typique.
Observée dans une friche à Avignon au Clos du Mourre (M.
TRONC), cette méditerranéenne dont l’indigénat en France est
très discuté, est actuellement considérée comme en extension
dans les départements de l’Hérault et le Gard. Ailleurs en région
méditerranéenne et sur le continent, les citations récentes sont
très rares (Alpes-Maritimes) et elle semble se comporter en adventice. Aussi, la population vauclusienne sera à surveiller.
Recherches et récoltes a faire en 2009
Parmi les innombrables recherches botaniques à faire en
Vaucluse, je propose la vingtaine de sujets suivants pour lesquels nous manquons de renseignements.
Concernant les récoltes, on est obligé de constater que sans
plantes de référence en herbier on est incapable de tirer des
conclusions, même si on croit avoir bien fait les déterminations
sur le terrain : il faut absolument disposer de plantes complètes
(penser aux fruits mûrs), minutieusement récoltées (si possible
avec racines, stolons ou rhizomes), rapidement pressées et séchées. Il faut aussi penser à noter sur le frais la couleur des
fleurs et du feuillage. Les photographies sont souvent très utiles
mais non suffisantes ; elles laissent presque toujours subsister
un doute.
Il se pose alors le problème de la protection des espèces
rares ou menacées. Les sujets proposés ci-dessous ne comportent pas d’espèces protégées ni de plantes rares ; ce sont seulement des taxons sous-observés. C’est à chacun de juger si le
prélèvement d’un ou de quelques sujets risque de compromettre
les populations, ce qui est plutôt rare. (voir, par contre le cas des
Hieracium rupestres).
Je suis toujours preneur de plantes à étudier. Merci de votre
collaboration. (Bernard GIRERD)
Agrimonia eupatoria : Cette espèce est très abondante en Vaucluse mais Il existe 2 sous-espèces à rechercher et à différencier surtout d’après les fruits qu’il faut récolter bien
mûrs (Voir ci-après dessins de Bernard GIRERD) :
subsp. eupatoria : plante grêle de moins de 80 cm à rosettes persistantes ; fruits de moins de 5 mm à arêtes de moins
de 3,5 mm, donc plus courtes qu’eux.
subsp .grandis : plante robuste (souvent + de 80 cm) à rosettes caduques ; fruits de plus de 5 mm à arêtes également
de plus de 5 mm, donc aussi longues qu’eux. (ce taxon est
le plus probable en Vaucluse).
Dessin: Bernard GIRERD
Xeranthemum cylindraceum Smith [1568] (= X. foetidum
auct.) - Espèce ressemblant beaucoup à X. inapertum (L.) Miller
qui est assez répandue dans le Vaucluse, mais à involucres plus
petits (5 mm de large) composés de bractées velues sur le dos.
Quelques individus ont été détectés dans une friche à SaintMartin-de-Castillon, au Défens, à quelques mètres de la limite
départementale (G. GUENDE, R. GUIZARD et J.-P. R.). Cette
steppique eurasiatique est mieux connue dans les Alpes-deHaute-Provence et en particulier à Céreste, donc très près de la
station vauclusienne.
Bernard GIRERD et Jean-Pierre ROUX
Voir encart couleur n° 1
A noter que:
Luzula sylvatica a été déplacée d’un rang pour la mise en page.
Bulletin de la SBV
Amaranthus hybridus : On distingue facilement A. retroflexus
(à périgones obtus) de A. hybridus (à périgones aigus),
mais il faudrait observer les A. hybridus subsp. hybridus
car on pourrait rencontrer la sous-espèce cruentus caractérisée par des bractées beaucoup plus courtes (2 mm au lieu
de 4) ce qui donne aux épis un aspect moins « chevelu ».
Ce taxon est assez souvent (mais pas toujours) de couleur
rougeâtre (Voir JAUZEIN) – 1 observation à Robion en
2004.
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n°19 - mai 2009
Bunium bulbocastanum : Dans le Vaucluse, on rencontre 2
plantes très différentes tout en appartenant bien à cette même espèce : d’une part, dans les prairies, les pelouses ou les
champs de céréales (Ventoux et monts de Vaucluse), des
plantes robustes à ombelles très fournies et d’autre part
dans les éboulis, les rocailles et les crêtes rocheuses de basse altitude des plantes plus réduites dans toutes leurs parties. Les premières correspondent bien à B. bulbocastanum
type (c-à-d. la var. bulbocastanum) mais celles des éboulis
sont problématiques et semblent méconnues ; leur rattachement à la var nanum ne donne pas satisfaction car, d'après
Reduron, il s’agit d’un taxon d’altitude, ce qui n’est pas
notre cas. Il conviendrait donc de faire de nouvelles observations avec des récoltes comportant des fruits mûrs pour
tenter de solutionner ce problème.
Fumaria : Le genre Fumaria, quoique assez facile à étudier,
semble pourtant avoir été victime de confusions. En particulier Fumaria densiflora, observé en 1980 à Sérignan et à
Lourmarin pourrait avoir été confondu avec le banal F.
officinalis qui a des sépales nettement plus étroits que les
corolles. D’autre part, Fumaria vaillantii présente 2 sousespèces : subsp. vaillantii à pédicelles épais et subsp.
schleicheri à pédicelles grêles. Enfin, F. petteri est peutêtre moins rare qu’on ne le croit. Ne pas hésiter à utiliser
JAUZEIN qui est parfaitement clair pour les déterminations.
Bupleurum ranunculoides : Cette espèce se présente en Vaucluse sous 2 formes très différentes :
- Des plantes élevées (30 à 60 cm), ramifiées, à feuilles
caulinaires larges (4 à 5 mm) ; observées dans les gorges
de Nesque, à Venasque et à Murs, on les attribue à la
subsp .telonense (sans grande certitude car le type de cette
subsp est à feuilles étroites !).
- Des plantes basses (10 à 20 cm) à tiges simples et feuilles
toutes étroites (2 mm maxi), dans le Ventoux, surtout audessus de 1000 m. On attribue des plantes à la subsp. ranunculoides, var. gramineum.
Toutefois, il serait utile de faire de nouvelles observations.
Centaurium erythraea : Cette espèce est assez commune et bien
reconnaissable à ses feuilles basales formant une rosette et
à ses inflorescences corymbiformes. Elle est connue comme morphologiquement variable avec des populations à
fleurs plus grandes que d’autres. C’est le cas à Villars où
Georges Guende a observé des plantes à grandes fleurs
pouvant évoquer C. majus. Mais ce dernier taxon, admis
maintenant comme espèce autonome, a des fleurs nettement plus grandes (lobes de la corolle dépassant 7 mm) et
des inflorescences lâches. Toutefois, il s’agit de plantes
pouvant facilement être confondues nécessitant de nouvelles observations attentives.
Euphrasia : Dans le Vaucluse, on a admis la présence de 3 espèces : E. salisburgensis, E. alpina et E. stricta, les 2 premières dans la partie haute du Ventoux (au-dessus de 1500 m)
la 3° au Mt Serein et sur le plateau décalcifié de St Christol. Or, il s’avère que les plantes disponibles actuellement
en herbier sont en mauvais état et ne permettent pas de
confirmer les déterminations. En particulier, les 2 espèces
citées conjointement en haut du Ventoux pourraient bien
n’en être qu’une seule, mais laquelle ? Conclusion, tout est
à reprendre en faisant des récoltes de plusieurs échantillons
dans chaque station, si possible à 2 périodes différentes
pour avoir des fleurs et des fruits à différents stades. Condition impérative : presser immédiatement les plantes et les
sécher rapidement après avoir bien noté la couleur des corolles (E. alpina doit avoir des fleurs d’un rose assez vif et
des tubes corollaires accrescents). Il faudrait également
revoir les plantes du plateau d’Albion (St Christol et Lagarde).
Bulletin de la SBV
Hieracium cydonifolium – Ce Hieracium n’a été observé qu’une
fois au Ventoux-Nord par J. Molina en 1993. C’est une
plante assez élevée (jusqu’à 1 m) ressemblant fortement à
H. juranum, mais beaucoup plus velue surtout sur les involucres qui sont couverts de longs poils (influence de H.
villosum) et démunis de poils glanduleux. Il serait bien
utile de le retrouver, mais il peut avoir disparu comme les
autres issu de H. villosum !
Hieracium humile et Hieracium ucenicum sont deux Hieracium
rupestres paraissant en voie de disparition. Le premier est
très typique et bien connu aussi bien au Ventoux que dans
les autres massifs rocheux. Le 2° ne peut se trouver qu’en
haut du Ventoux ; il a des feuilles simples et glanduleuses
(moins que chez H. amplexicaule). En cas de trouvailles, il
vaudrait mieux se contenter de photographier que récolter
(ils peuvent facilement se déterminer par photos).
Juncus : il y a parfois eu quelques confusions dans les Joncs. Ce
sont des plantes qui se prêtent parfaitement à l’étude en
herbier. Il ne faut donc pas hésiter à faire des récoltes, mais
en prenant soin de collecter des inflorescences munies de
capsules bien développées et en examinant bien les racines
avec ou sans rhizomes ou avec stolons.
Orobanches : Plusieurs Orobanches sont à rechercher : Orobanche grenieri, jusqu’à maintenant nommée O. cernua, mais
qui n’a pas été revue récemment (surtout parasite des Lactuca) pour bien confirmer la détermination. Et chez les
Phelipanche (anciennement Phaelipaea), il faudrait surveiller P. rosmarina, proche de Ph. nana et parasite exclusif du Romarin. Les photographies sont plus utiles que les
récoltes.
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n°19 - mai 2009
Luzula sylvatica : C’est la
Luzule à larges feuilles des
forêts du Ventoux nord, du
ravin de Prébayon dans les
dentelles et des flancs nord
du Luberon. Deux sousespèces sont décrites : subsp.
sylvatica à feuilles d’hiver (à
observer en début de floraison) dépassant 9 mm de large et subsp. sieberi dont les
mêmes feuilles ont moins de
9 mm de large. Il faudrait
contrôler nos populations
pour définir la sous-espèces
de chacune.
Poa flaccidula : Cette plante
prestigieuse, car c’est une
récente acquisition de la flore
française, a été observée dans
de nombreuses stations vauclusiennes et notamment
dans plusieurs ravins du Petit
Luberon. Elle paraît en régression importante ces dernières années, aussi de nouveaux pointages de présence
seraient très utiles.
car elle peut avoir été confondue avec T. dubium ; Ce sont
2 trèfles à fleurs jaunes (ne pas confondre avec T. campestre qui a des étendards ondulés et dont la forme « minus »
peut tromper !) poussant surtout dans les sables. Jusqu’à
maintenant nous n’avons observé en Vaucluse que T. dubium reconnaissable à ses feuilles dont la foliole médiane
est nettement pétiolulée et à fleurs groupées par plus de 10.
Chez T. micranthum, au contraire la foliole terminale est
presque sessile et les fleurs sont groupées par moins de 10.
La présence de T. micranthum en Vaucluse n’est pas impossible et il serait très intéressant de la trouver car elle
semble bien méconnue (observée par J.-L. Amiet à Taulignan, commune limitrophe du Vaucluse). (pour la détermination voir JAUZEIN).
Vicia loiseleurii – Il s’agit d’une plante méconnue pouvant exister en Vaucluse (citée dans le Var et dans le Gard) ; elle
ressemble à V. hirsuta (gousses à 2 graines) mais s’en distingue surtout par ses gousses glabres (et non velues). Pour
la détermination voir JAUZEIN. Il faut la rechercher dans
les stations à V. hirsuta et notamment dans les sables de
Roussillon-Rustrel. D’après Coulot, elle doit se trouver en
lisières des chênaies pubescentes.
Bernard GIRERD
D’après M. SAULE
Rumex acetosella – Il existe 2 sous-espèces : subsp. acetosella
à valves libres et subsp. pyrenaicus à valves soudées. (cf.
JAUZEIN qui conseille de frotter la semence avec les
doigts dans le creux de la main !). Ces 2 sous-espèces n’ont
pas été définies en Vaucluse ; il serait intéressant de faire
des observations en fin de fructification, même si la sousespèce acetosella est la plus probable.
Thymelaea passerina - 2 sous-espèces sont décrites : subsp.
passerina à tiges glabres et à périgones densément velus et
subsp. pubescens à tiges un peu velues et à périgones à
poils épars. Ces deux taxons sont susceptibles d’exister en
Vaucluse ; recherches à faire. (pour la détermination voir
JAUZEIN).
Torilis africana – Cette appellation correspond à la plante précédemment nommée Torilis arvensis subsp. purpurea. Il
faut rappeler que les Torilis se distinguent des autres ombellifères à fruits couverts d’aiguillons par des fruits de
petite dimension (maxi 8 mm) et que Torilis arvensis au
sens ancien (donc y compris T. africana) a des ombelles
terminales à longs pédoncules (+ de 3 cm).et dépourvues
d’involucres. (alors que Torilis japonica a des involucres
de plusieurs bractées). Torilis africana a des ombelles à 4
rayons maxi (alors que T. arvensis en a plus de 4) et semble
nettement plus rare que T. arvensis (2 observations seulement en Vaucluse (Châteauneuf-du-Pape et Buoux). Quoi
qu’il en soit, compte tenu de la forte ressemblance de ces
taxons, il faudrait intensifier les observations et les récoltes
(d’autant plus qu’il existe 2 variétés à feuilles très différentes).
Trifolium micranthum Viv. – C’est une espèce à rechercher en
Vaucluse (= T. filiforme subsp. micranthum chez Fournier)
Bulletin de la SBV
Extrait de « Le Monde » du 17 02 2009
Sous le titre « Adieu coquelicots, chardons, ivraie,
mais aussi biodiversité » le constat que la révolution agricole a décimé les fleurs des champs et les
mauvaises herbes. Le paysage en a souffert ainsi que
la faune et la flore.
Cependant on retrouve un tiers des espèces disparues des champs au bord des parcelles.
Un effort particulier doit être fait pour préserver ces
bords de champs et les chemins, pour mettre en
œuvre de bonnes pratiques d’entretien - en particulier veiller à la période de fauche – garantissant le
maintien d’un peu de biodiversité !
- 7 -
n°19 - mai 2009
Le Rhône vauclusien
Vers l’ile de l’Oiselet (Sorgues)
Le Rhône, un des plus grands fleuves français, n’est vauclusien
que sur une toute petite partie de son long cours, de l’embouchure de l’Ardèche au nord, à la confluence avec la Durance, à
Avignon, au sud. Le canal de dérivation de DonzèreMondragon et tout le linéaire qui s’articule à partir de ce dernier appartient également à l’espace rhôdanien.
Jusqu’au milieu du XIX ème siècle, le fleuve a été peu modifié
par l’action humaine. Les écosystèmes étaient liés à la dynamique du Rhône et ils présentaient alors une grande diversité biologique (biodiversité confirmée, dans la région d’Avignon par
M. Palun). Ses crues, alors très redoutées, ont vu leur violence
se réduire à la suite des grands travaux effectués, d’abord par le
Service spécial du Rhône (dans le but d’améliorer la navigation), puis par la CNR (Compagnie Nationale du Rhône), principalement pour la production hydroélectrique. C’est ainsi que
trois grands complexes (barrages et usines) ont équipé le Rhône
vauclusien, ceux de Bollène, de Caderousse et d’Avignon.
Le fleuve a été presque entièrement canalisé et endigué
(avec creusement d’un très important canal de dérivation) et un
réseau de contre-canaux de drainage de nappe a été créé. Ces
grands travaux ont bouleversé les écosystèmes en :
•
Concentrant les eaux dans un chenal unique endigué par
des enrochements, ce qui a eu pour conséquence de faire
disparaître la dynamique fluviale naturelle et de réduire
de façon drastique la diversité des écosystèmes
•
Créant de nouveaux milieux qui ont provoqué la destruction de certaines zones boisées et marécageuses ainsi que
la modification des berges et celle du niveau des eaux.
Mais malgré une artificialisation très forte, le Rhône vauclusien
offre encore une grande diversité d’espèces et d’habitats, même
si ces derniers sont souvent relictuels. En amont de l’île-Vieille,
le Rhône, exceptionnellement non endigué, présente un débit
réservé réduit et un aspect naturel prononcé. En particulier, on
peut y observer des grèves importantes de galets et en bon état
de conservation. Des vestiges de bras morts encore fonctionnels (avec lônes et ripisylves) existent toujours, en particulier à
la Désirade et au Tenon de Gilles (Lapalud et Lamotte-duRhône), à l’île Vieille et aux Casiers de Lamiat (Mondragon), à
la Piboulette et aux Broteaux (Caderousse), aux Arméniers
(Châteauneuf-du-Pape et Sorgues), et sur une infime partie de
l’île de la Barthelasse (islon de la Barthelasse à Avignon). De
Bulletin de la SBV
MG
plus, le site de Donzère-Mondragon, est un bon exemple de
dynamique végétale à partir d’un espace entièrement artificiel
puisqu’il a été créé de toute pièce il y a cinquante ans environ,
par la construction de l’usine hydroélectrique A. Blondel et du
canal de dérivation.
Sur le Rhône, on observe une grande partie des groupements
des grands fleuves européens, à l’exception notoire des prairies
naturelles qui y sont très marginales (elles ont été bien souvent
détruites par divers aménagements et par l’urbanisation) :
•
Les groupements herbacés à hydrophytes (plantes aquatiques comme les Potamots, Lentilles d’eau, etc.) qui se
maintiennent très bien dans les contre-canaux et les lônes.
•
Les groupements à hélophytes (plantes qui colonisent les
berges du fleuve comme le Roseau, les Souchets, Laîches, etc.).
•
Les ripisylves qui occupent le lit majeur du fleuve et
sont constituées de forêts pionnières à bois tendre
(Saules, Peupliers, etc.), principalement sur le cours aval
et sur la Réserve de chasse de Donzère-Mondragon et de
forêts plus matures de bois dur (avec Aulne glutineux,
Orme champêtre, Frêne oxyphylle, Chêne pédonculé,
etc.), particulièrement bien développées sur tout le cours
amont.
Dans la ripisylve sèche de la Réserve de chasse de DonzèreMondragon, et à la faveur d’un substrat imperméable, de petites
mares temporaires se sont mises en place. Ce sont pratiquement
les seules qui existent dans le Vaucluse.
La Flore
Bien que situé, entièrement en région méditerranéenne, le Rhône vauclusien constitue une sorte d’avancée, vers le sud, de la
flore continentale à caractère médio-européen. Les éléments
typiques de la flore méditerranéenne y sont très rares et ne s’expriment que sur des biotopes très réduits en surface et à faible
biodiversité (bancs de graviers ou de galets, berges hautes). Il
n’en demeure pas moins qu’à Bollène et donc tout près de la
Drôme on peut encore rencontrer des espèces littorales comme
Limonium echioides (Saladelle faux-Echium), Hordeum marinum (Orge marin) et Polypogon maritimus (Polypogon marin).
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n°19 - mai 2009
Bulletin de la SBV
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n°19 - mai 2009
Même si le Rhône vauclusien est très artificialisé, il n’en
demeure pas moins que la présence d’un bel ensemble de bras
morts (lônes du Vieux Rhône) contribue à y maintenir une grande diversité des espèces et des habitats. C’est ainsi que parmi
les hydrophytes des lônes et contre-canaux, on peut encore
rencontrer Sagittaria sagittifolia (Flèche d’eau) et Nymphoides
peltata (Nénuphar pelté) à la Désirade, Hydrocharis morsusranae (Petit nénuphar), à l’île Vieille et Vallisneria spiralis
(Vallisnérie en spirale) à la Désirade, la Réserve de chasse de
Donzère-Mondragon et à la Piboulette.
Butomus umbellatus
Leur maintien reste néanmoins très aléatoire et dépend du
niveau de l’eau et de la gestion des lônes et des contre-canaux.
Les formations à hélophytes présentent une diversité encore
plus grande avec tout un cortège d’espèce médioeuropéennes qui sont ici bien souvent en limite méridionale de
leur aire de répartition : Gnaphalium uliginosum (Gnaphale des
lieux humides) à l’île Vieille, Carex pseudocyperus (Laîche
faux-Souchet), régulièrement observé sur la Réserve de chasse
de Donzère-Mondragon, et sur le cours du Rhône jusqu’à Avignon et Leerzia oryzoides (faux-Riz) dont la présence régulière
sur tout le Rhône est sans doute plus importante que celle qui
est actuellement connue. Toujours parmi les hélophytes et sur la
Réserve de chasse de Donzère-Mondragon, on rencontre Stachys palustris (Épiaire des marais) et Rorippa amphibia
(Rorippe des marais) qui sont beaucoup plus rares sur le Rhône (Tenon de Gilles et île Vieille) ou encore Carex remota
(Laîche espacée) qui ne se retrouve qu’à Avignon, en particulier
à l’islon de la Barthelasse et Ranunculus sceleratus (Renoncule
scélérate) qui existe aussi à Lapalud (Tenon de Gilles). Dans
les lônes de la Désirade, des espèces très rares (au niveau du
nombre des stations et de l’importance des populations) en région méditerranéennes semblent y avoir trouvé des sites refuges : Cyperus michelianus (Scirpe de Michel), Schoenoplectus
triqueter (Jonc à trois faces), Astragalus cicer (Astragale chiche) que M. Palun citait déjà à Avignon (îles Piot et la Barthelasse) au XIX ème siècle, Corrigiola littoralis (Corrigiole littoral) et Butomus umbellatus (Jonc fleuri). Cette dernière espèce,
une des plus belles de la flore de France se retrouve aussi dans
des fossés et au bord des contre-canaux de la Réserve de chasse
de Donzère-Mondragon. A Lapalud doit sans doute encore exister Inula britannica (Inule britannique).
Bulletin de la SBV
Des fragments de ripisylves médio-européennes âgées et très
matures existent sur l’ensemble du Vieux Rhône. Elles sont
particulièrement bien représentées au Tenon de Gilles, à l’île
Vieille, à la Piboulette, aux Broteaux à l’islon Saint-Luc et à
l’islon de la Barthelasse. Dans les secteurs les plus humides et
les plus froids, les plus impénétrables également on y rencontre
Circaea lutetiana (Circée de Paris) comme à l’île Vieille ou aux
Broteaux où des espèces totalement étrangères à la région méditerranéenne comme Stellaria nemorum (Stellaire des bois) à
l’islon de la Barthelasse à Avignon. Dans la ripisylve pionnière
sèche de la Réserve de chasse de Donzère-Mondragon, on trouve encore Vincetoxicum nigrum (Dompte-venin noir) alors que
dans ses clairières, quelques mares temporaires hébergent Zannichellia palustris (Zannichellie des marais) ou Lythrum hyssopifolia (Salicaire à feuilles d’Hysope). A Avignon, à la Courtine, et entre Rhône et Durance, des pelouses xérothermophiles
situées sur les marges des ripisylves, abritent Orchis coriophora
subsp. fragrans (Orchis parfumé) qui devient plus fréquente
dans la vallée de la Durance, mais qui ne se retrouve pas ailleurs sur le Rhône vauclusien.
Parmi les très nombreuses espèces signalées au bord du Rhône
dans la région d’Avignon par M. Palun et H. Roux au XIX ème
siècle et par L. Charrel au début du XX ème siècle et dont on a
perdu la trace figurent Pulicaria vulgaris (Pulicaire vulgaire),
Mentha cervina (Menthe des cerfs) ainsi qu’Oenanthe globulosa (Oenanthe globuleuse). Plus récemment (années 1980), Aldrovanda vesiculosa (Aldrovandie à vessie) était trouvé près
d’Orange, probablement dans un des contre-canaux du Rhône.
Mais cette station, qui était sans doute la dernière connue en
France, n’a jamais été confirmée.
La très grande biodiversité de la flore du Rhône vauclusien est
actuellement fortement menacée par la prolifération des espèces
introduites dont la présence est favorisée par les exceptionnels
véhicules de transport que constituent tous les réseaux hydrographiques en général et le Rhône en particulier. Si certaines
sont observées de façon accidentelles et n’arrivent pas à s’installer durablement, d’autres, en revanche, se sont implantées au
point d’en devenir envahissantes et de perturber gravement le
fonctionnement des écosystèmes. Tel est le cas d’Amorpha fruticosa (faux-Indigo), de Ludwigia peploides (Jussie) et surtout
d’Ambrosia artemisiifolia (Ambroisie) qui présente un tel danger sur le plan sanitaire qu’un Arrêté préfectoral de destruction
pour le département de Vaucluse existe depuis quelques années
déjà.
Jean-Pierre ROUX
Amorpha fructicosa
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Ambrosia artemisiifolia
n°19 - mai 2009
NOUVELLES MESURES AGRICOLES TERRITORIALISEES (2008-2013)
SOUTENENUES PAR LE PARC NATUREL REGIONAL
DANS LE CADRE DE NATURA 2000
1)L’IMPLICATION DU PNR LUBERON DANS LE RESEAU NATURA 2000
Le Parc naturel régional du Luberon est depuis 1997 solidement engagé dans la mise en place du dispositif européen de protection de la
nature : Natura 2000.
Son territoire est à ce titre concerné par prés de 45 000 ha, sur 8 sites
relevant de la Directive Habitats et/ou Directive oiseaux. Cet engagement est clairement affirmé dans le projet de renouvellement de sa
charte, où il apparaît que Natura 2000 constituera la pierre angulaire
des actions de conservation et de gestion menées sur le territoire du
Parc au cours des prochaines années.
Cet outil ambitieux de protection de la nature qui mise sur les principes
de connaissance partagée, de concertation locale, d’un équilibre Homme-Nature et se traduit concrètement sur le terrain par des contrats
volontaires, correspond parfaitement aux missions et savoir-faire des
Parcs naturels régionaux.
Les Mesures Agro-Environnementales Territorialisées (MAET) qui
s’appliquent sur des territoires précis à enjeux ciblés au sein des zones
d’actions prioritaires que sont les Sites Natura 2000 constituent à ce
titre un des outils privilégiés que le Parc du Luberon utilise au service
de la préservation de ses espaces naturels remarquables.
2)UNE ANTERIORITE :L’OPERATION LOCALE AGRIENVIRONNEMENT « BIOTOPES RARES ET SENSIBLES DU
PARC DU LUBERON »(1995-2000)
Le Parc naturel régional du Luberon a très tôt valorisé ce type d’outils
contractuels pour le maintien de son patrimoine naturel comme le soutien des activités agricoles traditionnelles qui ont contribué à façonner
ce patrimoine. Dés 1994, le Parc, fort de prés de quinze années d’apprentissage et de pratique de la médiation environnementale, fut parmi
les premiers espaces naturels protégés à élaborer une opération Locale
Environnementale,l’OLAE « Biotopes rares et sensibles » qui consacrait le pastoralisme comme outil de gestion des milieux ouverts
(cf :article Bulletin de la SBV N°8.1999) .
Les apports de cette ancienne OLAE ont été déterminants pour la mise
en place de la nouvelle MAET . En particulier un travail important de
regroupement des éleveurs en terrain public et de mobilisation du foncier en terrain privé a été effectué .Le CERPAM (Centre d’Etudes et de
Réalisations Pastorales Alpes Méditerranée) a aidé les éleveurs à se
regrouper sous forme d’une Association des éleveurs du Petit Luberon
et un Groupement Pastoral du Grand Luberon. Ainsi un interlocuteur
unique pouvait négocier sur chaque massif la répartition des quartiers
de pâturage, l’implantation des équipements nécessaires, et ce avec
l’appui technique de la structure en charge du pastoralisme et celui de
l’équipe pluridisciplinaire du Parc. Sur les surfaces privées le Parc du
Luberon a mené un gros travail d’animation foncière pour faciliter la
signature de conventions pluriannuelles de pâturage sur les surfaces
intéressantes a contractualiser .Les résultats de ce travail sont aujourd’hui acquis, et constituent un socle qui facilite la mise en place du nouveau projet de MAE territorialisée.
3)L’ENJEU ENVIRONNEMENTAL DE LA MESURE
Dans le Massif du Luberon la Biodiversité s’exprime beaucoup moins
dans le formations boisées (sauf les fonds de combes) que dans les
formations de garrigues et de pelouses sèches appelés milieux ouverts.
Cet intérêt des habitats naturels ouverts et milieux associés (Matorrals
et Matorrals arborescents) a été confirmé dans le cadre de la Directive
Habitat de la CEE pour la conservation de la Biodiversité. Sur le territoire concerné par le nouveau projet de MAET , tous les habitats ouverts de type pelouses et matorrals à genévriers sont reconnus et labellisés par cette directive comme d’intérêt prioritaire (TheroBrachypodietea) ou communautaires (Festuco-Brometalia,Landes hérissons à genet de Villars,Matorrals à Genévriers).Ces formations sont
souvent noyés dans des habitats non homogènes appelés mosaïques et
matorrals arborescents à chênes. Ces derniers habitats, dans une perspective de reconquête de milieux ouverts, ont souvent été légitimés et
sont gérés au même titre qu’une pelouse bien formatée.
Bulletin de la SBV
Dans un souci de maintien de l’ensemble de ces milieux ouverts et de
sauvegarde de la Biodiversité remarquable qui les caractérisent, le
pastoralisme a été pleinement institutionnalisé, notamment après la
Convention de Rio (1992) dont a dérivé la procédure Natura 2000
mise en place par l’Europe.
Le pastoralisme est aujourd’hui reconnu comme un outil de haute technicité au service de la gestion écologique : il offre un moyen de maintien et de valorisation de la Biodiversité des Habitats naturels non forestiers. L’éleveur voit son rôle et son statut reconnus dans la gestion
des espaces naturels .Cependant la pratique pastorale a ses propres
exigences : elle nécessite conseils, équipements et adaptations au
contexte et à la sensibilité écologique des milieux concernés,que seule
la collectivité est susceptible d’accompagner et de satisfaire.
Depuis trente ans le Parc du Luberon a épousé la cause du pastoralisme
avec l’aide des organismes professionnels, des gestionnaires, et des
scientifiques. Cette politique s’est traduite par de nombreuses initiatives dans les domaines de la gestion, de l’aménagement et de l’équipement. Par ailleurs de nombreuses missions d’expertises techniques
scientifiques et d’inventaires ont été menées .L’inscription de 45 000
hectares de son territoire dans le réseau Natura 2000 a été tout naturellement soutenue par le Parc dans la perspective entre autres d’une reconnaissance de cet enjeu de sauvegarde des milieux ouverts prioritaires et communautaires et des obligations et moyens qui en découleraient.
Par ailleurs la charte du Parc Naturel Régional du Luberon contient
comme objectif prioritaire de maintenir les milieux ouverts dans leur
diversité actuelle et pour cela de pérenniser et étendre les surfaces pâturées.
Les paysages ouverts rares et sensibles sont perçus par le Parc comme
des espaces privilégiés pour les activités pastorales,cynégétiques , de
détente ;mais surtout comme support d’un patrimoine naturel composé
d’une flore et d’une faune exceptionnelles. Ces milieux sont particulièrement valorisés par leur aspect écologique, compte tenu de la grande
diversité spécifique qui les caractérise et par la présence d’espèces
rares ou présentant un fort intérêt biogéographique.
4)LE NOUVEAU PROJET
Les nouvelles MAE territorialisées appliquées aux espaces Natura 2000 constituent un nouvel outil privilégié pour l’amélioration de la fonctionnalité de ces milieux ouverts rares et sensibles
du Parc. Elles s’inscrivent dans une perspective de continuité
d’aménagements pastoraux sur le Parc menée depuis sa création
et qui s’appui sur un socle de connaissances fortement établi.
La nouvelle Mesure Agri Environnementale concerne 700 hectares sur l’ensemble du territoire du Parc dont 500 hectares sur
sa partie Vauclusienne. Chaque contrat est assorti d’un diagnostic initial, et d’un plan de gestion élaboré en relation avec le
Parc, l’ONF, et les Structures professionnelles (CERPAM)
La MAE territorialisée ne concerne que l’entretien purement
pastoral .Elle permet d’engager durablement les activités pastorales s’exerçant sur les espaces écologiquement rares et sensibles du Luberon dans une perspective de gestion environnementale du territoire.
Des contrats de travaux forestiers type débroussaillages, éclaircies ,brûlages dirigés,ouvertures de passages pour améliorer la
fonctionnalité de l’entretien pastoral sont en phase d’études
actuellement et viendront abonder ultérieurement ce dispositif
général d’envergure
Georges GUENDE
Rappel : une première approche de ce thème a été publiée par
Georges GUENDE dans le bulletin n°8 de juillet 1999.
- 11 -
n°19 - mai 2009
MT
MT
En mai 2008 la SBV a renoué avec la tradition d’une grande
exposition de printemps consacrée à la flore vauclusienne.
Elle s’est installée, pour la première fois dans le péristyle d’entrée de la Mairie d’Avignon.
Une présentation originale a été choisie : disposer les plantes
par milieux - 6 principaux - par familles, genres et espèces
dans chaque milieu, plus difficile à organiser (problème des
doublons par la présence de mêmes plantes dans plusieurs milieux), mais plus lisible pour des visiteurs pas toujours familiarisés avec l’ordre retenu par la classification des flores…
Un classeur, à la disposition du public, rassemblait les photographies des principales plantes protégées du département.
Des panneaux, disposés autour de l’exposition, commentaient
l’histoire de la botanique vauclusienne, montraient les documents et techniques de la spécialité, illustraient les caractéristiques des milieux exposés.
MT
Une action pédagogique a, en même temps, été menée avec
quelques classes d’écoles primaires volontaires d’Avignon pendant la journée du vendredi.
673 plantes ont été recueillies, réparties ainsi :
Garrigue
Forêt
Milieu siliceux
Milieux anthropisés
Plantes messicoles
Ripisylves
270
101
63
116
24
99
Un grand succès de fréquentation est venu récompenser les
membres de la SBV ; plusieurs personnes ont manifesté un intérêt particulier pour la botanique et nous avons accueilli quelques futurs adhérents.
Bulletin de la SBV
MG
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n°19 - mai 2009
Du 7 mars 2009 au 2 janvier 2010 se tiennent au Musée Requien d’Avignon deux expositions consacrées aux jardins botaniques.
Tout d’abord, celui disparu, d’Avignon ! Avec son destin très
perturbé.
On peut y voir une belle suite de documents – planches
d’herbiers historiques du Muséum, collections d’Esprit
Requien, de Jean-Henri Fabre ou de John Stuart Mill –
présentation d’herbiers médicinaux et d’herbiers rares
(Petit Séminaire d’Avignon, Loiseleur-Deslongchamps)
ainsi que de nombreux ouvrages anciens, du XVII au XIX
ème siècle, issus de la bibliothèque léguée par Esprit Requien (dont la liste des plantes du jardin Saint Martial par
Joseph Guérin et la liste manuscrite des plantes présentes
dans le jardin en 1836 par E.Requien).
Ensuite, sous le titre « Le voyage des plantes : le jardin botanique de la Marine », le Musée Balaguier de La Seyne-surMer montre l’exemple du jardin botanique de la ville de Toulon. On découvre toute l’importance de ces jardins où les voyageurs laissaient les échantillons des plantes collectées aux quatre coins du monde
Rappel : le bulletin n° 4 de juillet 1997 a publié un article
complet de Pierre MOULET sur
« Histoire du Jardin Botanique d’Avignon »
Bulletin de la SBV
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n°19 - mai 2009
Activités de la S.B.V.
Excursion botanique dans le
massif du Tanargue (Ardèche)
du 13 au 15 juin 2008
Tanargue viendrait de « Taranis » dieu du Ciel et du Tonnerre
chez les Celtes, et de « arga », la montagne, cette mosaïque minérale serait donc la montagne du tonnerre.
Zone charnière entre la Haute Cévenne ou pays des « jeunes
volcans » et la Cévenne méridionale, le Tanargue, culminant à
1511 mètres d’altitude, est une longue barre rocheuse entre les
vallées de la Borne, du Lignon et de la Baume. Par extension
c’est aussi la montagne qui sur environ 80 km2 s’étend depuis le
plateau de Montselgues qui domine la basse vallée de la Borne,
pour remonter sur la rive droite du Haut Allier jusqu’au Cellierdu-Luc, et ensuite, par la Cham Longe rejoindre le col de la
Chavade et dominer la haute vallée de l’Ardèche depuis les crêtes allongées du Serre de la Croix de Bauzon (qui culmine à
1538 m), parallèlement au Tanargue proprement dit. (Cham :
plateau allongé, inculte ; Serre : crête allongée)
Géologiquement l’histoire de ce massif est celle du Massif Central, qui après la surrection des Alpes se disloque et bascule
d’Est en Ouest, subissant de fortes compressions provoquant
des déformations et des recristalisations et ensuite l’inévitable
érosion. Les roches cristallines constituent l’essentiel du massif,
roches magmatiques (granites et volcaniques), roches métamorphiques (migmatites, gneiss, micaschistes, schistes, etc.), des
formations sédimentaires sont localisées sur le trias du plateau
de Montselgues.
La topographie du massif nous donne un relief très accidenté,
vallées profondes et barrières rocheuses dont l’orientation estouest amplifie les différences entre l’adret et l’ubac, elle offre
également quelques zones moins tourmentées, comme les terres
alluviales ou des replats mis à profit par l’homme pour ses
cultures ainsi que des plateaux d’altitude plus ou moins vastes,
domaine de la pelouse.
De part sa position géographique de barrière naturelle le massif
du Tanargue est soumis aux influences méditerranéenne en provenance du SE (forte pluie en automne) que l’altitude va néanBulletin de la SBV
moins modifier (forte précipitations de neige qui peuvent se
produire jusqu’en avril et gelées, surtout au dessus de 1200 mètres) mais également atlantique sur sa frange ouest (brouillard
d’été et d’automne). Ce régime des précipitations et surtout
l’importance de la neige apporte une réserve durable en eau,
essentielle pour la végétation.
Tous ces facteurs climatiques, géologiques et topographiques
sont à l’origine, sur ce vaste ensemble naturel, de biotopes très
variés : vieilles forêts, pelouses, landes, près de fauche, milieux
rocheux avec de vastes éboulis, zones humides et ruisseaux,
situés dans des gradients de végétation qui en fonction de l’altitude vont de l'yeuseraie (forêt de Chêne vert) supraméditerranéenne à la lande subalpine à Airelle des marais, en
passant par la hêtraie-sapinière montagnarde.
C’est donc dans ce massif que la Société Botanique du Vaucluse, en fonction des indications que Monsieur Daniel MICHAU
(responsable ONF) avait bien voulu nous fournir et que nous
avons plaisir à remercier ici et sur les traces de sorties antérieures organisées par la Société Botanique de l’Ardèche que nous
nous étions donné rendez-vous, le vendredi 13 juin 2008 à 10
heures 30, au parking du Col de la Chavade (1266 mètres) entre
Mayres et Lanarce.
Vendredi 13 juin 2008
Prairies de fauche, ce sera notre 1er arrêt, à 1 km au sud du col
de la Chavade en bordure de la route D 239 en direction de la
Croix de Bauzon, entre les fermes en ruines de la Rousseyre et
de la Rousseyrette (altitude de 1300 mètres environ)
Occupant des secteurs de faible pente, souvent le long des cours
d’eau, autour des villages ou des fermes le pré de fauche apprécie un sol légèrement humide et frais, souvent entretenu par des
rigoles, appelées localement «bezaou». L’exode agricole et le
manque d’entretien a entrainé une nette diminution de la surface
de ces prairies de fauche qui se transforme en landes. Bien que
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n°19 - mai 2009
du fait du fauchage annuel le
pré de fauche ne soit pas véritablement un milieu naturel,
certaines espèces étant défavorisées par cette exploitation,
il abrite une flore naturelle
spécifique et particulièrement
riche à la fin du printemps.
La flore du pré de fauche varie suivant le degré hydrique
du sol, sur les pentes non irriguées le sol est plutôt sec
(domaine de la Tulipe australe
et de l’Orchis sureau), la végétation la plus riche occupera
les zones de degré hydrique moyen (flore mésophile) tandis que
les fonds seront généralement plus humides, pouvant parfois
s’apparenter à des narses.
Dans le secteur que nous avons parcouru les deux premiers types ont été notés, avec les plantes croissant aux marges immédiates de la prairie ce sont 70 espèces qui ont été répertoriées, ci
-après classées par embranchement et par famille (nomenclature
bdnff v4.02) : Narcissus poeticus, Narcissus pseudonarcissus,
Carex caryophyllea, Luzula campestris, Dactylorhiza latifolia,
Dactylorhiza maculata, Dactylorhiza viridis, Alopecurus pratensis, Anthoxanthum odoratum, Briza media, Deschampsia
flexuosa, Festuca paniculata subsp. paniculata, Festuca rubra,
Nardus stricta Poa chaixii, Heracleum sphondylium subsp. sibiricum, Meum athamanticum, Achillea millefolium, Arnica montana, Artemisia vulgaris, Centaurea jacea subsp. nigra, Crepis
paludosa, Hypochaeris maculata, Leontodon pyrenaicus, Taraxacum Sect. Vulgaria, Myosotis decumbens, Barbarea intermedia, Cardamine pratensis, Noccaea caerulescens subsp. caerulescens, Phyteuma spicatum Cerastium arvense, Silene dioica, Stellaria graminea, Stellaria holostea, Chenopodium bonushenricus, Knautia maxima, Succisa pratensis, Calluna vulgaris,
Vaccinium myrtillus, Anthyllis vulneraria subsp. carpatica Genista anglica, Genista sagittalis, Lathyrus linifolius, Lotus corniculatus, Vicia sepium, Gentiana lutea, Hypericum maculatum,
Ajuga reptans, Plantago lanceolata, Armeria arenaria subsp.
arenaria, Polygonum bistorta, Rumex acetosa, Rumex acetosella, Anemone nemorosa, Ranunculus acris subsp. acris, Ranunculus bulbosus, Ranunculus tuberosus, Alchemilla monticola,
Potentilla erecta Potentilla neumanniana, Rubus idaeus, Galium verum, Thesium pyrenaicum, Saxifraga granulate, Rhinanthus minor, Veronica arvensis, Veronica chamaedrys, Urtica
dioica, Viola lutea subsp. sudetica, Viola riviniana.
Pelouses et landes montagnardes depuis le Col du Pendu
(1435 mètres), sur la route D 239, entre le Col de la Chavade et
le Bez. Après le pique-nique pris au col du Pendu nous nous
dirigeons vers les Valadoux, point le plus élevé de la Serre
(1548 mètres) et ensuite le Mouse de la Bauche au travers des
pelouses à Nard piquetées de mosaïques de landes à Myrtille et
à Callune, au milieu desquelles se trouvent des micro-tourbières
de pente.
Notre parcours nous a conduit dans des milieux appartenant à la
classe des Nardo-Callunetea abritant des formations végétales
très imbriquées dont la physionomie varie avec la pression du
pâturage qui si elle diminue conduit de la pelouse à la lande et
inversement. Ces milieux prospèrent sur des sols acides, secs ou
frais, ils sont constitués par des pelouses maigres où le Nard et
Bulletin de la SBV
la Canche flexueuse dominent et localement la Fétuque paniculée (refus) accompagnés par des buissons nains de la famille des
éricacées (callune et myrtille) mais aussi des fabacées (divers
genêts)
JCB
Nous avons pu relever une trentaine d’espèces : Carex caryophyllea, Luzula campestris, Luzula spicata ( ?), Tulipa sylvestris subsp. australis, Deschampsia flexuosa, Festuca nigrescens, Nardus stricta,. Poa chaixii, Meum athamanticum, Arnica
montana, Hieracium pilosella, Hypochaeris maculata, Leontodon pyrenaicus, Senecio adonidifolius, Cerastium arvense
subsp. arvense, Cerastium brachypetalum, Cerastium fontanum
subsp. vulgare, Arctostaphylos uva-ursi subsp. crassifolius,
Calluna vulgaris, Vaccinium myrtillus, Alchemilla saxatilis,
Genista pilosa, Ajuga reptans, Polygonum bistorta, Rumex acetosella, Anemone nemorosa, Ranunculus bulbosus subsp. bulbosus, Galium saxatile, Veronica arvensis, Veronica chamaedrys,
Veronica officinalis .
Tourbières de pente Au passage, sur la pente ouest du Valadoux, quelques dizaines de mètres au dessus de la lisière forestière, nous notons la présence de plusieurs zones tourbeuses
dans lesquelles nous notons : Carex nigra (=C. goodenoughii),
Eriophorum angustifolium, Epikeros pyrenaeus, Drosera rotundifolia et Viola palustris.
Landes de type subalpin Après avoir franchi la crête des Valadoux nous passons sur le versant nord et nord-est où nous
rencontrons une lande contenant quelques espèces subalpines et
arrivons sur les rebords pentus du Cros de Conge qui abrite des
espèces intéressantes, comme une petite population d’Androsace halleri et Huperzia selago (non vu), pentes et rochers que
nous ne pourrons totalement explorer, vu l’heure tardive d’une
part et compte tenu de la difficulté d’y conduire un groupe d’autre part.
L’un des facteurs déterminant dans l’apparition de l’étage subalpin est celui de l’altitude, en liaison avec l’humidité
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atmosphérique, l’exposition et de la topographie jouent également un rôle important. Dans les zones sommitales du massif du
Tanargue, soumises au vent et à la neige, c’est vers 1380 m
qu’apparaissent les pelouses de type subalpin qui normalement
s’étend au-delà de 1450 m. Les rebords de plateau où, sous forme de congères, la neige persiste parfois jusqu’au mois de juin,
les rochers d’adret ainsi que les crête rocheuses, les surfaces
rocheuses, pentes, vires et couloirs situés en ubac, abritent chacun des espèces spécifiques
Notre exploration bien incomplète de ces milieux nous a fait
découvrir les espèces ci-après : Gymnocarpium dryopteris, Juniperus sibirica, Pinus sylvestris, Pinus uncinata, Maianthemum bifolium, Carex caryophyllea, Crocus vernus subsp. albiflorus, Luzula multiflora subsp. multiflora, Luzula spicata ( ?),
Lilium martagon, Poa chaixii, Teesdalia nudicaulis, Phyteuma
hemisphaericum, Calluna vulgaris, Vaccinium myrtillus, Genista pilosa, Scleranthus perennis, Ceratocapnos claviculata, Androsace halleri, Anemone nemorosa, Ranunculus auricomus,
Alchemilla saxatilis, Alchemilla transiens, Potentilla erecta,
Potentilla heptaphylla subsp. fagineicola ( ?), Saxifraga pedemontana subsp. prostii (3 pieds), Veronica officinalis, Valeriana tripteris, Viola canina.
(Les luzules dénommées spicata sur le terrain seraient à contrôler, il pourrait s’agir de L. sudetica)
De retour aux véhicules nous prenons la direction de Valgorge,
où se situe notre hôtel « le Tanargue », où nous fûmes particulièrement bien accueillis.
Landes à genêt purgatif Au début du parcours nous longeons
une lande de type secondaire, sans doute conséquence de l’abandon des cultures et du pâturage, Cytisus oromediterraneus
est largement dominant accompagné de Agrostis capillaris,
Deschampsia flexuosa, Sorbus aucuparia, Calluna vulgaris,
Teucrium scorodonia, Senecio adonidifolius.
La piste, outre la lande, traverse des milieux variés, en lisière
desquels nous avons noté Pinus sylvestris, Anthoxanthum odoratum, Cynosurus cristatus, Meum athamanticum, Hieracium
pilosella, Hypochaeris radicata, Omalotheca sylvatica, Betula
pendula, Arabis glabra, Coincya cheiranthos, Teesdalia nudicaulis, Jasione montana, Sambucus racemosa, Silene nutans,
Silene vulgaris, Chenopodium bonus-henricus, Calluna vulgaris, Anthyllis vulneraria subsp. valesiaca, Genista pilosa, Genista sagittalis, Gentiana lutea, Geranium pyrenaicum, Paronychia polygonifolia, Scleranthus perennis, Scleranthus uncinatus, Galeopsis segetum, Thymus pulegioides subsp. chamaedrys, Epilobium angustifolium, Rumex acetosella, Alchemilla
saxatilis, Rubus idaeus, Sorbus aucuparia, Rhinanthus minor,
Veronica chamaedrys, Veronica officinalis, Viola canina, Viola
tricolor.
A proximité de la hêtraie, avant l’épingle à cheveux conduisant
au Rocher des Taillades outre Fagus sylvatica se rencontrent
Cardamine pentaphyllos, Cardamine resedifolia (sur la piste),
Ceratocapnos claviculata rare et localisé dans des genêt purgatifs, Galium odoratum, Lamium maculatum, Polygonatum verticillatum, Senecio ovatus, Viola canina,
Sous le rocher des Taillades, au milieu des myrtilles et de quelques touffes de genêt purgatif prospèrent quelques pieds de
Tulipa australis
Samedi 14 juin 2008
Nous quittons notre hôtel à 8 heures 30 pour rejoindre le col de
la Croix de Bauzon (1308 mètres), où naissent la Borne, orientée vers l’ouest, affluent du Chassezac qui ira rejoindre l’Ardèche en aval de Ruoms, et le Lignon dont le parcours vers l’est
sera plus rapide puisqu’il se jette dans l’Ardèche au Pont de
Labeaume. Ces deux rivières séparent la Serre de la Croix de
Bauzon du Tanargue proprement dit. Aujourd’hui c’est sur la
Serre de la Croix de Bauzon que nous irons par un itinéraire qui
nous conduira aux Roches Taillades (1463 mètres), et au
deuxième point culminant de la Serre, la Tour des Poignets
(1538 mètres) ainsi que sur le versant nord de cette dernière, en
traversant différents milieux : pelouses et landes, rochers, mégaphorbiaies, hêtraies.
Depuis le col de la Croix de Bauzon nous prenons la piste qui
conduit au col des Pergeyres (auquel nous ne nous rendrons
pas) et au Rocher des Taillades (1463 m).
Bulletin de la SBV
Hêtraie et ourlets forestiers De part et d’autres du col des
Taillades s’étendent des bois de hêtres qui dans leur limite supérieure se présentent sous la forme de taillis. Les ourlets en
limite avec la lande voisine abritent une flore riche. Nous y
avons noté Dryopteris filix-mas, Maianthemum bifolium, Carex
caryophyllea, Luzula campestris, Luzula nivea, Luzula sylvatica, Poa chaixii, Poa nemoralis, Paris quadrifolia, Imperatoria
ostruthium, Doronicum austriacum, Senecio adonidifolius, Senecio ovatus, Myosotis decumbens, Erophila verna, Phyteuma
spicatum, Lonicera nigra, Cerastium arvense subsp. strictum,
Stellaria holostea, Vaccinium myrtillus, Cytisus oromediterraneus, Genista sagittalis, Fagus sylvatica, Gentiana lutea, Hypericum perforatum, Lamium maculatum, Thymus pulegioides
subsp. chamaedrys, Epilobium angustifolium, Oxalis acetosella,. Armeria arenaria subsp. arenaria, Anemone nemorosa,
Rubus idaeus, Sorbus aria, Salix caprea, Digitalis purpurea,
Viola riviniana.
Lande subalpine de la Tour des Poignets (1538 m) l’un des
sommets de la Serre de Bauzon, au sortir des taillis de hêtres
nous passons dans une lande rase, qui dans sa partie ultime, audelà de 1500 mètres est constituée d’un épais tapis de Myrtille
et d’Airelle des marais, nous n’y avons pas retrouvé l’Airelle
rouge pourtant présente. Quelques dalles rocheuses et des éboulis abritent une flore des rochers. Dans cet ensemble nous avons
noté 49 espèces Athyrium filix-femina, Gymnocarpium dryopteris, Juniperus communis, Allium victorialis, Narcissus poeticus,
Maianthemum bifolium, Luzula sylvatica, Lilium martagon,
Tulipa sylvestris subsp. australis, Deschampsia flexuosa, Festuca arvernensis, Festuca paniculata subsp. paniculata, Nardus
stricta, Poa chaixii, Poa nemoralis, Paris quadrifolia,
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Meum athamanticum, Achillea millefolium, Antennaria dioica,
Hypochaeris maculata, Leontodon pyrenaicus, Omalotheca
sylvatica, Senecio adonidifolius, Solidago virgaurea, Coincya
cheiranthos, Phyteuma hemisphaericum, Cerastium arvense.
subsp. arvense, Vaccinium myrtillus, Vaccinium uliginosum,
Cytisus oromediterraneus, Genista pilosa, Gentiana lutea, Polygonum bistorta, Ranunculus auricomus, Ranunculus tuberosus,
Alchemilla saxatilis, Alchemilla transiens, Potentilla erecta,
Potentilla neumanniana, Rosa pendulina, Sorbus aucuparia,
Galium saxatile, Galium verum, Thesium alpinum, Melampyrum pratense, Veronica arvensis, Veronica chamaedrys, Valeriana tripteris.
Nous redescendons au col pour pique-niquer avant de continuer
la piste en versant nord de la Serre où, sur un talus rocheux nous
noterons Huperzia selago (1 pied), Gymnocarpium dryopteris,
Solidago virgaurea, Doronicum austriacum, Silene dioica, Pyrola minor, Aconitum lycoctonum subsp. vulparia, Viola canina.
En bordure de la piste nous observons nombre d’espèces déjà
notées auxquelles s’ajoutent Ranunculus platanifolius, Linaria
repens, Calamintha grandiflora, Veronica serpyllifolia (grande
discussion sur les critères distinctifs par rapport à V. officinalis).
Mégaphorbiaie de source au dessus de la piste, vers 1374 mètres, abritant des espèces particulièrement intéressantes, notamment une population importante d’Arabis cebennensis et de
Cardamine amara. On a pu noter en outre Saxifraga rotundifolia, Geranium nodosum, Athyrium filix-femina, Luzula nivea,
Galium odoratum, Lamium maculatum, Acer pseudoplatanus,
Urtica dioica, Imperatoria ostruthium, Cicerbita plumieri, Cirsium palustre, Chrysosplenium oppositifolium, Doronicum austriacum, Filipendula ulmaria, Geranium sylvaticum, Ranunculus aconitifolius, Rumex arifolius, Hypericum maculatum.
Rocailles sur le talus en bordure de la piste, avec une petite
population de Saxifrage de Prost, où l’on note Phegopteris
connectilis, Imperatoria ostruthium, Hieracium amplexicaule,
Campanula rotundifolia, Sedum rupestre, Ranunculus platanifolius, Alchemilla alpigena, Alchemilla saxatilis, Saxifraga pedemontana subsp. prostii, Linaria repens, Thesium alpinum,
Valeriana tripteris.
Nous poursuivons la piste jusqu’à une altitude de 1341 m, où un
ruisseau descend de la pente en cascades et dont les abords abritent des espèces hygrophyles déjà notées dans la mégaphorbiaie
avec également Cacalia alliariae, Streptopus amplexifolius,
Thalictrum aquilegifolium, ainsi qu’une plante non fleurie dont
les feuilles rappellent Aconitum napellus. Sur un rocher quelques touffes d’Asplenium foreziense.
Compte tenu de l’heure nous n’avons pu poursuivre plus en
avant sur flanc nord de la Serre de la Croix de Bauzon, en direction de la Serre de Rabot et du Fautouras où nous aurions pu
voir des érablaies et des forêts de ravin. Comme le rappelle Daniel Michau dans l’un de ses comptes-rendus de sortie de la
SBA (4.07.2004), c’est dans ce secteur que Revol signalait la
présence de Meconopsis cambrica, sans doute disparu aujourd’hui.
Bulletin de la SBV
Dimanche 15 juin 2008
Comme le jour précédent nous reprenons la direction du col de
la Croix de Bauzon pour rejoindre la station de la Croix de Bauzon (1365 mètres) d’où, sur les pentes nord et ouest du sommet
du Grand Tanargue (1511 mètres), nous pourrons découvrir la
hêtraie-sapinière, les mégaphorbiaies, les tourbières, tandis que
dans la zone sommitale nous offrira landes et pelouses.
Les forêts sont surtout implantées sur la partie ouest du massif
du Tanargue (en particulier la forêt domaniale des Chambons) et
dans une moindre mesure en versant nord dans la partie orientale. Ces forêts comptent de nombreuses mégaphorbiaies liées aux
sources ainsi que quelques tourbières, notamment celles du Pradas. Ce sont ces diverses formations que nous allons parcourir
dans la matinée le long de la route forestière des Mayes
(commune de Borne)
Hêtraie-sapinière les forêts domaniales, des Chambons en particulier et du Tanargue, sont biologiquement les plus riches de la
région, les plantations artificielles y sont réduites, elles peuvent
être considérée comme étant "naturelles" et qualifiées de climacique (« est qualifié de climacique un écosystème parvenu à
l'aboutissement théorique de son évolution naturelle, en équilibre avec le sol, le climat et avec toutes ses composantes, et qui
s'autogénère »). En fonction du substrat la composition floristique de la hêtraie-sapinière varie, mais il apparaît que le mélange
des feuillus et des résineux donne un humus moins acide, même
neutre, convenant particulièrement à certaines espèces dîtes indicatrices comme l’Aspérule odorante, le Lamier jaune, le Séneçon de Fuchs, etc.). Le caractère subalpin de ces forêts ressort de
la présence de l’Oseille à feuilles d’Arum, de l’Adénostyle à
feuilles d’Alliaire ainsi que de l’importance prise par les hautes
herbes (mégaphorbiaie). Sur l’ensemble de notre parcours au
sein de cette hêtraie-sapinière y/c bords de chemin et ourlets,
depuis la piste jusqu’en lisière de la lande-pelouse sommitale
nous avons pu noter Dryopteris dilatata, Dryopteris filix-mas,
Athyrium filix-femina, Gymnocarpium dryopteris, Abies alba,
Picea abies, Pinus uncinata, Maianthemum bifolium, Polygonatum verticillatum, Luzula nivea, Luzula sylvatica, Deschampsia
flexuosa, Festuca altissima, Milium effusum, Poa annua, Paris
quadrifolia, Streptopus amplexifolius, Anthriscus sylvestris, Imperatoria ostruthium, Sanicula europaea, Adenostyles alliariae,
Artemisia vulgaris, Doronicum austriacum, Hieracium murorum, Omalotheca sylvatica, Prenanthes purpurea, Senecio ovatus, Lonicera nigra, Sambucus racemosa, Moehringia trinervia,
Silene dioica, Silene vulgaris, Spergularia rubra, Stellaria nemorum, Calluna vulgaris, Vaccinium myrtillus, Cytisus oromediterraneus, Genista pilosa, Fagus sylvatica, Geranium nodosum,
Ajuga reptans, Calamintha grandiflora, Lamium galeobdolon,
Lamium maculatum, Epilobium montanum, Oxalis acetosella,
Rumex arifolius, Actaea spicata, Anemone nemorosa, Fragaria
vesca,
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n°19 - mai 2009
Rosa pendulina, Rubus idaeus, Sorbus aucuparia, Galium odoratum, Salix caprea, Digitalis purpurea, Veronica officinalis,
Viola canina, Viola reichenbachiana, Lobaria pulmonaria.
Mégaphorbiaie de source vers 1360 mètres d’altitude, sous la
piste, quelques centaines de mètres au SW de la station de la
Croix de Bauzon, au sein de la hêtraie-sapinière et sur plusieurs
dizaines de m2, nous observons une végétation particulièrement
exubérante, abritant plusieurs espèces de fougères et des plantes
de grande taille, ainsi que des espèces liées aux écoulements
d’eau qui tapissent le sol. Plusieurs espèces de la forêt apprécient la fraicheur de ce milieu et s’y développent avec profusion. Nous notons Dryopteris dilatata, Athyrium filix-femina,
Gymnocarpium dryopteris, Paris quadrifolia, Imperatoria ostruthium, Sanicula europaea, Doronicum austriacum, Cardamine amara, Stellaria nemorum, Geranium nodosum, Rumex arifolius, Caltha palustris, Ranunculus aconitifolius, Ranunculus
repens, Chrysosplenium alternifolium, Saxifraga rotundifolia.
Bords de ruisseau, celui des Mayes traverse la piste vers
1375 mètres d’altitude, outre de nombreuses espèces déjà notées dans la mégaphorbiaie s’y rencontrent Dryopteris filix-mas,
Phegopteris connectilis, Adenostyles alliariae, Cicerbita plumieri, Petasites albus, Arabis cebennensis, Stellaria alsine, Valeriana tripteris, Fontinalis antipyretica.
Tourbière du Pradas explorée après le pique-nique pris à
proximité. « Le complexe tourbeux du Pradas est situé sur une
dorsale prolongeant vers l’Ouest, le sommet du Grand Tanargue ; il est enclavé dans la Forêt Domaniale des Chambons, sur
la commune de Borne, à une altitude comprise entre 1400 et
1470 m. Il alimente les Ruisseaux de la Tuilerie et du Pradas,
sous-affluents de La Borne, rivière sous-affluent de l’Ardèche.
Il s’inscrit dans la hêtraie-sapinière climacique, composé de
douze zones humides (dont six tourbières plus ou moins atterries), de taille variable, chacune n’excédant pas 65 ares. Il est
surtout représenté par la tourbière n° 5 qui est relictuelle probablement d’une tourbière d’ensellement, occupant un col ;
cette particularité topographique du complexe implique un déficit hydrique occasionné par la diminution des précipitations
hivernales et estivales. » La réhabilitation de cette tourbière fait
l’objet d’un programme LIFE "Nature et Territoire", sur le plan
botanique on y rencontre l’Adénostyle à feuilles d'alliaire, la
Circée des Alpes, le Saule hybride aurita x repens, des Sphaignes, l’Airelle des marais. Nous y avons également noté Carex
echinata, Carex nigra, Carex panicea, Juncus effusus, Juncus
squarrosus, Luzula multiflora, Veratrum album, Dactylorhiza
maculata, Molinia caerulea, Nardus stricta, Poa chaixii, Epikeros pyrenaeus, Cirsium palustre, Crepis paludosa, Myosotis
scorpioides, Succisa pratensis, Calluna vulgaris, Vaccinium
myrtillus, Gentiana lutea, Hypericum maculatum, Circaea alpina, Polygonum bistorta, Rumex acetosa, Potentilla erecta, Galium palustre, Salix aurita, Salix repens, Veronica scutellata,
Viola palustris.
Pelouses et landes rases montagnardes et subalpines sur le
Grand Tanargue (1511 m) que nous atteignons après une montée assez rude sur la pente ouest du massif. Les pelouses occupent les sommets de la partie centrale du site, s’y rencontrent : Pinus sylvestris, Pinus uncinata, Luzula campestris,
Luzula multiflora, Deschampsia flexuosa, Festuca paniculata
subsp. paniculata, Nardus stricta, Meum athamanticum, Achillea millefolium, Arnica montana, Crepis conyzifolia, Leontodon
pyrenaicus, Leucanthemum vulgare, Senecio adonidifolius, Serratula tinctoria, Solidago virgaurea, Noccaea caerulescens,
Bulletin de la SBV
Campanula lanceolata, Campanula rotundifolia, Cerastium
arvense, Cerastium fontanum subsp. vulgare, Silene nutans,
Silene vulgaris, Stellaria graminea, Succisa pratensis, Calluna
vulgaris, Vaccinium myrtillus, Cytisus oromediterraneus, Genista pilosa, Lotus corniculatus, Gentiana lutea, Rumex acetosa, Anemone nemorosa, Ranunculus bulbosus, Alchemilla saxatilis, Potentilla erecta, Galium saxatile, Galium verum.
Tourbières de source, au NE du sommet du Grand Tanargue,
situées en tête de bassin, vers 1480 mètres, les sources du ruisseau des Mayes que nous avons croisé le matin alors que nous
étions sur la piste forestière naissent d’une tourbière connue
sous le nom de tourbière des Mayes, encore active qui a fait
l’objet d’aménagement pour le public dans le cadre du circuit
botanique de la Croix de Bauzon. Cette tourbière est riche, on y
rencontre l’Epilobe à fleurs penchées, la Listère en coeur, les
lycopodes en massue et à rameaux annuels, ainsi que le Rossolis à feuilles rondes. Ces zones sont en voie de classement en
Réserve Biologique Dirigée, certaines espèces y trouvent leur
seule station pour l’Ardèche, aussi nous avons évité de perturber le milieu et de ce fait nous n’avons pu observer toutes ces
espèces. Nous avons néanmoins noté Athyrium filix-femina,
Caltha palustris, Carex echinata, Carex nigra, Carex panicea,
Cirsium palustre, Crepis paludosa, Dactylorhiza maculata,
Deschampsia cespitosa, Drosera rotundifolia, Epikeros pyrenaeus, Eriophorum angustifolium, Eriophorum vaginatum, Festuca nigrescens, Hypericum maculatum, Juncus filiformis, Lycopodium clavatum, Montia fontana, Rumex acetosa, Salix repens, Sanguisorba officinalis.
Nous redescendons vers la station pour nous séparer après ces
trois jours passés au cœur de cette montagne ardéchoise qui
compte bien d’autres sites prestigieux pour le botaniste.
Bibliographie :
- D. Michau, V. Le Besnerais, F. Lèbre
Ecoguide-Milieux naturels-Massif du Tanargue
Ed.: ONF.
- P. de Puytorac :
L’Auvergne (les milieux, la flore, la faune)
Ed. : Delachaux et Niestlé.
- Guide du naturaliste Causse Cévennes – Ed: Libris
- Comptes-rendus de la Société Botanique de l’Ardèche
Les plantes forestières grimpent avec la température
(d’après « Le Monde » du 26 06 2008).
Une étude portant sur 171 espèces de plantes s’étageant entre 0
et 2600 mètres d’altitude, sur les pentes de six chaînes de montagnes (Alpes, Pyrénées, Massif Central, Jura, Vosges et Corse), constate qu’entre 1971 et 1993, les végétaux ont grimpé
de 65 mètres. Ce constat est corrélé avec l’élévation de température enregistrée dans les massifs français. Les déplacements
les plus importants sont observés pour les espèces de montagne
comme Orthilia secunda (très sensibles au changement climatique), et pour les espèces herbacées comme Galium rotundifolium (dont la durée de vie est courte).A l’inverse, les espèces
ligneuses comme Sorbus aria, dont le cycle de reproduction est
plus long, sont moins affectées.
D’autres études ont mis en évidence les changements
d’aires de répartition des espèces végétales en surveillant leurs
mouvements en latitude ainsi que les modifications de la faune associée (insectes…).
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n°19 - mai 2009
Autour de la botanique
Tout botaniste est, un jour, tombé en arrêt devant l’ombelle
d’une apiacée couverte de multiples insectes, devant une chenille, souvent multicolore, dévorant consciencieusement sa
feuille (sur la même plante ?), devant un papillon voletant de
fleur en fleur (de même espèce ou non !).Ces spectacles nous
incitent à explorer les frontières de la botanique, à constater les
liens qui existent dans le monde vivant.
Ouvrons un livre d’entomologie au chapitre
« papillons » ! Et nous lisons…de la rave,…de l’arbousier,…de
la succise,…du serpolet,etc…le lien est confirmé.
Un projet d’article a conduit Jean VIROLLEAUD à me
mettre en relation, au Musée Requien, avec Alain CAMARDmembre de la Société d’Etude des Sciences Naturelles de Vaucluse depuis plus de trente ans - qui s’est engagé sur le champ
à rédiger l’article publié dans ce bulletin. Pédagogue de métier,
entomologiste par passion il s’est surtout attaché à l’observation des lépidoptères et de divers groupes de coléoptères. Il a
réalisé des inventaires des papillons diurnes des environs de
Villeneuve-les-Avignon ainsi que l’étude itérative de populations de lépidoptères du Mont Ventoux. Ardent défenseur des
milieux naturels permettant le maintien d’une certaine biodiversité, il conduit des actions d’information auprès des collectivités gestionnaires. Qu’il soit ici remercié pour nous encourager à
une démarche naturaliste…
Si les adultes peuvent butiner les fleurs de nombreuses espèces
de végétaux, les chenilles sont, la plupart du temps, beaucoup
plus sélectives. On notera que les adultes de certaines espèces
de papillons nocturnes ne se nourrissent pas, étant dépourvus de
tout organe adapté à cette fonction. Leur rôle se limite alors à la
reproduction, opération après laquelle ils meurent rapidement.
Les chenilles de certaines espèces sont extrêmement
polyphages et consomment à peu près tous les végétaux rencontrés. Je me souviens du début des années 1970 où on avait
assisté à des invasions impressionnantes d’un papillon de nuit
appelé Lymantria dispar ; les chenilles issues des pontes étaient
si nombreuses que, dans les garrigues de Villeneuve, et sans
doute de pas mal d’autres sites, elles avaient dépouillé les chênes-verts de la totalité de leurs feuilles. Ensuite, faute de nourriture, elles avaient consommé le feuillage de la végétation basse,
pratiquement sans rien épargner. On assiste parfois à de telles
pullulations, fort heureusement limitées dans le temps.
D’autres espèces, par contre, ne peuvent se nourrir que
d’un groupe restreint de végétaux, parfois même d’une seule
plante.
Michel Graille.
En France, on compte plus de deux cents espèces de
papillons de jour. Pour les nocturnes, c’est environ dix fois
plus ! Je vais donc me limiter à quelques espèces que nous pouvons rencontrer dans notre région sans trop de difficultés.
Les papillons que nous voyons voleter de fleur en fleur à la
belle saison sont des insectes à métamorphoses complètes.
Les femelles adultes pondent des œufs qui, à l'éclosion,
donnent naissance à des larves que nous appelons communément chenilles ; celles-ci muent plusieurs fois au cours de leur
développement. Au bout d'un temps variable qui peut aller de
quelques semaines à plusieurs mois selon les espèces(ou même
à plus d’une année pour un papillon de haute montagne : Oenis
glacialis), les chenilles se transforment en nymphes
(chrysalides), parfois entourées d’un cocon de soie qu’elles ont
tissé préalablement. Cette confection d’un cocon est rare pour
les papillons « de jour » (appelés rhopalocères), mais plus
fréquente pour les espèces dites « de nuit » (les hétérocères).Au bout d’une durée là encore variable selon les espèces
(d’environ deux semaines à plusieurs années), la chrysalide, que
l’on pourrait qualifier de véritable « laboratoire », donne naissance à un adulte (imago) qui, généralement, va rapidement
être capable de se reproduire. Ainsi le cycle sera bouclé.
Je vous parlerai d’abord d’un papillon banal, aux ailes blanches
ornées d’un ou deux points noirs selon le sexe : c’est la Piéride
du chou (Pieris brassicae).Il était autrefois très répandu, un peu
moins de nos jours du fait de l’utilisation des produits phytosanitaires. La femelle adulte pond des œufs en grand nombre et en
groupes, non seulement sur les feuilles des choux, mais aussi
sur pas mal de brassicacées cultivées ou sauvages. Ainsi, dans
mon jardin, je trouve presque chaque année au printemps des
colonies de chenilles de cette piéride sur les siliques encore
tendres de la Monnaie du Pape (Lunaria annua). On notera
que le comportement grégaire de ces chenilles leur est souvent
fatal : facilement
repérables, elles
sont fréquemment
parasitées par de
petits hyménoptères
qui pondent leurs
œufs dans leur
corps !
Bulletin de la SBV
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n°19 - mai 2009
Je voudrais aussi évoquer trois autres espèces de rhopalocères
appartenant au groupe des Piérides, mais bien plus colorées
que Pieris brassicae : l’Aurore de Provence (Anthocaris euphenoides), le Souci (Colias crocea), et le Citron de Provence
(Gonopteryx cleopatra).
L’Aurore de Provence est un superbe petit papillon aux
ailes jaune-vif, avec une large tache orange à l’angle des antérieures pour le mâle. La femelle est d’un jaune plus pâle avec
une tache plus terne.
Cette espèce émerge de sa chrysalide au mois d’avril et les femelles pondent leurs œufs séparément sur les boutons des fleurs
d’une plante des garrigues : Biscutella laevigata. Les jeunes
chenilles consomment les pétales des fleurs puis, devenues plus
grandes, elles se nourrissent des fruits de la plante, formés de
deux disques juxtaposés. La nymphose a lieu deux à trois semaines après l’éclosion des œufs dans les fourrés environnants
et la diapause se poursuit jusqu’au printemps suivant.
Le Souci, quant à lui, doit son nom vernaculaire à la
couleur jaune orangé de ses ailes. Sa chenille se nourrit de trèfle ou de luzerne. Contrairement à l’espèce précédente, qui n’a
qu’une seule génération dans l’année, le Souci en compte jusqu’à quatre qui se succèdent d’avril à novembre.
Le Citron de Provence présente un important dimorphisme sexuel : le mâle a des ailes jaunes, les antérieures étant
envahies par une grande tache orange vif. La femelle est d’un
jaune verdâtre pâle uniforme. Les chenilles de cette espèce
consomment surtout les feuilles du Nerprun (Rhamnus alaternus).Alors que chez bon nombre de papillons la diapause hivernale se produit au stade de la chrysalide, là c’est l’adulte qui
passe l’hiver dissimulé dans divers refuges: arbres creux, buissons touffus ou cavités rocheuses, la ponte intervenant seulement au printemps suivant. Cette espèce vit donc une dizaine de
mois au stade adulte, longévité peu fréquente chez les papillons.
Je vais à présent aborder un groupe qui compte les plus
belles espèces, celles dont les ailes possèdent l’ornementation et
les couleurs les plus riches. Il s’agit des Papilionidae. J’évoquerai cinq espèces.
Deux d’entre elles, de belle taille, munies de « queues » aux
ailes postérieures, peuvent encore s’observer dans nos jardins
pour peu que ceux-ci ne soient pas situés dans des milieux trop
urbains, et surtout pas trop soumis aux traitements chimiques. Il
faut aussi qu’on leur conserve un caractère un peu « sauvage »...
Il s’agit du Machaon (Papilio machaon) et du Flambé
(Iphiclides podalirius).
La chenille du premier consomme des feuilles de diverses apiacées, en particulier le fenouil sauvage (Foeniculum vulgare).
Dans mon potager, je trouve chaque été des larves de Machaon
sur mes plants de carottes. Le Flambé, quant à lui, se nourrit au
stade larvaire des feuilles d’arbres variés : prunelliers, abricotiers, pêchers, …. Dans nos régions le Flambé a deux générations au cours de l’année, alors que le Machaon peut en voir
jusqu'à trois se succéder d’avril-mai à octobre. Pour ces deux
espèces l’hibernation se fait au stade de la chrysalide.
Deux autres papillons de la famille des Papilionidae et
appartenant au genre Zerynthia sont de vrais petits joyaux avec
leurs ailes ornées de taches jaunes, rouges et noires : la Proserpine (Zerynthia rumina) et la Diane (Zerynthia polyxena) se
font toutefois peu remarquer à cause de leur taille modeste et de
leur petit vol discret. Ces deux espèces, très proches d’aspect,
ne fréquentent pas les mêmes milieux : Zerynthia rumina vit
Bulletin de la SBV
surtout en garrigue, biotope où pousse sa plante nourricière –
Aristolochia pistolochia qui se plait dans les lieux secs et ensoleillés. Zerynthia polyxena, quant à elle, se rencontre plutôt
dans des endroits frais, humides, partiellement ombragés, qui
conviennent à sa plante hôte : Aristolochia rotunda. Ces deux
papillons volent surtout en avril pour polyxena et en mai pour
rumina. Les deux espèces, très proches génétiquement, peuvent
s’hybrider sur les rares zones de confluence de leurs milieux
respectifs : pentes calcaires dominant le lit frais d’un vallon par
exemple...
Je vous parlerai enfin du cinquième représentant de la
famille des Papilionidae que j’ai souhaité présenter : il s’agit
d’un grand papillon aux ailes d’un blanc pur ornées de taches
noires et de superbes ocelles rouge vif : l’Apollon (Parnassius
apollo) que l’on ne rencontre qu’a une certaine altitude. Dans
notre région, on peut l’observer au Mont Ventoux, sur les hauteurs du Grand Luberon, ou encore sur les plateaux dominant
les gorges de la Nesque. Ce très beau papillon butine surtout les
fleurs des chardons, alors que sa chenille velue, noire à points
rouges, se nourrit généralement de Sedum. La ponte a lieu en
été, mais les œufs n’éclosent qu’au printemps suivant. L’Apollon présente la particularité de ne pouvoir voler que si le soleil
est présent : qu’un nuage vienne à obscurcir le ciel et voilà le
beau papillon immobilisé au sol ou sur les fleurs qu’il affectionne ; on peut alors le saisir délicatement et le poser dans le creux
de la main d’où il sera bien incapable de s’envoler ! Cette espèce est actuellement protégée du fait de sa raréfaction. Notons
cependant que cette diminution des effectifs est due surtout à la
modification des biotopes : les pelouses sèches et ensoleillées
où pousse la plante nourricière des chenilles sont souvent transformées en plantations de pins noirs d’Autriche, du moins dans
notre région. L’espèce demeure cependant abondante dans les
Alpes du sud et dans certaines régions du Jura.
Abordons maintenant une famille riche en nombre d’espèces : celle des Nymphalidae. Ce groupe de lépidoptères est
très éclectique en ce qui concerne les plantes nourricières des
chenilles.
Prenons le cas d’un assez grand papillon aux ailes très découpées : la Grande Tortue (Nymphalis polychloros). Ses ailes
brun-orangé sont ornées de taches noires et bordées de lunules
bleues. Les chenilles au comportement grégaire sont très polyphages : on peut les trouver sur des essences d’arbres aussi variées que l’orme, divers arbres fruitiers, ou encore sur les saules...Au printemps 2008 on pouvait en observer plusieurs colonies sur des cerisiers à l’abandon à La Roque sur Pernes.
Cette famille des Nymphalidae compte dans ses rangs
un papillon merveilleux, de grande taille, aux ailes riches d’une
grande variété de couleurs réparties en dessins complexes. Les
postérieures portent chacune deux « queues » pointues. Il s’agit
du Jason (Charaxes jasius), seul représentant en Europe du
genre Charaxes, très répandu en Afrique où vivent de nombreuses espèces différentes. La chenille est exigeante, ne pouvant se
nourrir que de feuilles d’arbousier (Arbutus unedo). Ce papillon a deux générations par an : pour l’une d’elles la ponte a lieu
en mai et les chenilles, bénéficiant de la saison chaude, se développent rapidement et donnent des adultes en août ou septembre. Ces adultes pondent à leur tour en automne, mais là les
chenilles vont devoir affronter l’hiver et ne se transformeront en
papillons qu’au mois de mai de l’année suivante. La perte des
effectifs larvaires est importante, surtout si l’hiver est rude !
- 20 -
n°19 - mai 2009
Un autre représentant de cette famille des Nymphalidae, le
Sylvain azuré (Limenitis reducta) doit son nom vernaculaire à
ses ailes noires à reflets bleus sur leur recto. Au verso, elles
présentent toute une gamme de bruns rougeâtres, avec des rangées de taches blanches et une base gris bleuté aux postérieures.
Ce papillon vole d’une façon bien particulière : après quelques
battements vifs de ses ailes, il plane durant plusieurs secondes.
Ce vol si particulier permet de l’identifier de loin. Sa chenille ne
se nourrit que de divers Chèvrefeuilles (Lonicera sp.).
Un autre beau papillon de cette famille, le Tabac d’Espagne (Argynnis paphia) se rencontre un peu plus en altitude
que la plaine rhodanienne, par exemple dans les Monts de Vaucluse, le Ventoux, les plateaux de la Nesque, la Drôme provençale…Voilà encore une espèce de belle taille, au vol puissant et
rapide. Le mâle a des ailes d’un fauve vif, ornées de taches noires ; celles de la femelle sont souvent plus sombres, elles aussi
tachées de noir ; le verso, verdâtre et fauve, est orné de petits
ocelles sombres. Les chenilles de ce papillon se nourrissent des
feuilles de diverses espèces de violettes (Viola sp.).
Dans cette famille des Nymphalidae nous évoquerons
encore deux espèces aux ailes découpées de façon semblable :
le Vulcain (Vanessa atalanta) et la Vanesse du chardon
(Vanessa cardui). Le premier a les ailes noires avec une bande
rouge vif barrant les antérieures et une bordure orangée aux
postérieures. Le second est rose vif avec des taches noires festonnées. Les ailes postérieures sont ornées d’une ligne de petits
ocelles noirs.
La chenille de Vanessa cardui porte bien son nom : elle se
nourrit de feuilles de chardons (Carduus sp.). Celle du Vulcain consomme des feuilles de pariétaire (Parietaria officinalis) ou d’ortie (Urtica sp.). Lorsqu’elle vit sur cette dernière
plante, son comportement est curieux : elle fixe des fils de soie
qu’elle produit sur les deux bords opposés d’une feuille, puis,
les rapprochant, s’en fait une sorte de fourreau à l’intérieur duquel elle se dissimule, se protégeant ainsi d’éventuel prédateurs. Elle mange la feuille de l’intérieur, puis, l’ayant terminée,
elle passe à une autre, recommençant le même manège…
Une autre famille, celle des Satyridae, compte de nombreuses espèces en France. Les chenilles de tous ces papillons
se nourrissent de Poacées.
Je parlerai ici de deux espèces bien différentes d’aspect et de
comportement.
Voyons d’abord le cas d’un grand papillon : le Silène
(Brintesia circe). Ses quatre ailes, à dominante noire au recto
comme au verso, sont traversées par une bande blanche. Il parcourt d’un vol sautillant mais rapide les bois clairs de pins et de
chênes-verts, aimant bien se couler sous les ombrages. Lorsqu’il
se pose sur un tronc, les ailes fermées, son mimétisme avec l’écorce est tel qu’on a beaucoup de mal à le repérer.
L’autre Satyridae dont le vais vous entretenir est nettement plus petit : il a la taille d’une piéride. Sa teinte dominante
est le blanc, mais il possède des taches noires régulièrement
réparties qui lui ont sans doute valu son nom vernaculaire : le
demi-deuil.
En fait ce vocable recouvre quatre espèces assez semblables
entre elles, qui appartiennent au genre Melanargia. Leurs noms
spécifiques sont : galathea, lachesis, occitanica et russiae.
Le premier, Melanargia galathea, est répandu pratiquement partout en France, des plaines aux montagnes, jusqu’à
1500 mètres environ. Les trois autres espèces sont strictement
méridionales, Melenargia russiae vivant surtout à moyenne
altitude dans les montagnes provençales. Sinon le genre Melanargia est largement répandu en Europe : d’autres espèces vivent en Espagne, en Italie, en Grèce…On rencontre aussi d’auBulletin de la SBV
tres Melanargia jusqu’en Iran et en Afghanistan. Tous ont, si
l’on peut dire, un « air de famille » dès le premier coup d’œil!
Brintesia circe
Melanargia galathea
MT
MTZ
Une autre famille nombreuse ! Celle des Lycaenidae. Ce sont
des papillons de taille modeste qu’on appelle souvent les
« petits bleus » à cause de la couleur de la plupart des espèces.
Je vais parler ici d’un Lycaenidae non indigène, introduit récemment d’Afrique du Sud via l’Espagne, à la faveur d’importations de Pelargoniums, sa plante hôte. Il s’agit de Cacyreus
marshalli qui ravage depuis quelques années les plantes cultivées en pots que nous appelons à tort Géraniums.
La femelle adulte pond sur un bouton de fleur et, dès l’éclosion,
la jeune chenille s’introduit dans ce bouton puis, au fur et à mesure de son développement, pénètre dans la tige de la fleur et
enfin dans celle de la plante qui périclite irrémédiablement.
Comme cette chenille passe sa vie à l’intérieur du végétal, on ne
l’aperçoit pas, et elle est de plus inaccessible aux insecticides de
surface.
Le papillon adulte est minuscule : ses ailes ont à peu près la
taille d’un ongle. Ses ailes sont gris bleu au dessus et marbrées
de gris, de beige et de blanchâtre à la face inférieure. Il passe
donc facilement inaperçu. Trois à quatre générations de ce ravageur se succèdent d’avril à novembre. Cacyreus marshalli s’est
d’abord installé dans le sud de notre pays, mais, au fil des ans,
gagne de plus en plus vers le nord.
- 21 -
n°19 - mai 2009
Je terminerai le tour des papillons de jour avec le seul représentant en France de la famille des Libytheidae : l’Echancré
(Libythea celtis), dont le nom vernaculaire lui a été donné sans
doute à cause de l’aspect très découpé de ses ailes antérieures et
de la bordure festonnée des postérieures. C’est un papillon de
couleur brun foncé avec de larges macules orange vif. Sa chenille se nourrit des feuilles de micocoulier (Celtis australis).
Comme cet arbre est très répandu dans le midi on pourrait s’attendre à ce que le papillon soit abondant un peu partout ; or ce
n’est généralement pas le cas : on n’aperçoit pas souvent Libythea celtis ; est-ce dû à une relative rareté, à un comportement
discret, ou encore à des exigences écologiques excédant la seule
présence de l’arbre-hôte ?
Nous parlerons à présent de trois papillons de nuit parmi les plus spectaculaires, appartenant à deux familles différentes : le Grand Paon de Nuit (Saturnia pyri), qui est un Attacidae (anciennement Saturnidae), puis de deux représentants des
Sphingidae- les Sphinx : le Sphinx tête de mort (Acherontia
atropos) et le Sphinx de l’Euphorbe (Hyles euphorbiae).
Le Grand Paon de Nuit est vraiment le plus grand lépidoptère que l’on peut rencontrer en France. L’adulte peut mesurer 14 à15 centimètres d’envergure et, de ce fait, lorsqu’on le
voit voler, on pourrait penser qu’il s’agit d’un oiseau ou d’une
chauve-souris ! C’est un papillon magnifique, avec se grandes
ailes offrant de nombreuses nuances de brun, ornées de grands
ocelles et barrées de bandes en zigzag. Contrairement aux papillons diurnes le corps des nocturnes des deux familles dont il est
question ici est très volumineux. Le mâle Saturnia pyri possède
des antennes pectinées très larges ; celles de la femelle sont
beaucoup plus fines. Les femelles émettent des phéromones
capables d’attirer les mâles à plusieurs kilomètres de distance
comme cela a été montré par les expériences de Jean- Henri
Fabre.
La chenille de Saturnia pyri est superbe, surtout au dernier
stade de son développement. Elle peut atteindre 10 centimètres
de longueur et 2 centimètres de diamètre. D’un vert lumineux,
elle possède de longs poils à la base desquels se trouvent de
petites excroissances bleues en forme d’étoiles. Cette chenille
est très polyphage : elle se peut se nourrir de feuilles de pruniers, poiriers, amandiers, frênes, ormes… J’en ai élevé sur
pistachier térébinthe .Malheureusement le Grand Paon de
Nuit s’est beaucoup raréfié depuis plusieurs décennies à cause
des traitements chimiques sur les arbres fruitiers.
Au moment de la nymphose la chenille tisse un cocon grossier,
très rigide, de soie brun foncé qu’elle fixe contre un tronc d’arbre. Puis elle se transforme en chrysalide à l’intérieur de ce cocon qui constitue une protection efficace. Le cycle est en principe annuel mais il arrive assez fréquemment que le papillon n’émerge qu’au bout de deux ou même trois années. L’adulte, muni d’une trompe atrophiée, ne peut pas se nourrir et meurt rapidement après la reproduction.
Le Sphinx tête de mort est sans doute le papillon le plus
célèbre de sa famille à cause de l’ornementation qu’il porte sur
le thorax : en effet des touffes de poils clairs sur un fond brun
foncé évoquent nettement un crâne. C’est un grand papillon
pouvant atteindre 12 centimètres d’envergure. Ses ailes antérieures sont brunes avec quelques bandes blanchâtres en zigzag.
Les postérieures, jaune vif, sont traversées par deux bandes incurvées brun foncé .L’abdomen est très gros ; il est recouvert de
poils disposés en bandes alternées fauves et brunes.
La chenille, comme celle de tous les sphinx, porte un appendice
pointu et courbé sur le dernier anneau du corps. Elle atteint une
forte taille. Elle se nourrit de plantes de la famille des SolanaBulletin de la SBV
cées cultivées ou sauvages. On trouvait autrefois assez communément des chenilles de ce sphinx dans les plantations de pommes de terre, mais, là aussi, les traitements chimiques des cultures ont fortement diminué les effectifs. Acherontia atropos ne
se rencontre plus guère que sur les Solanacées sauvages. Ce
n’est d’ailleurs pas une espèce indigène : elle est surtout répandue en Afrique et en Asie du Sud-Est. Les adultes qui ont un vol
puissant arrivent en Europe en mai-juin pour s’y reproduire.
Mais les chenilles issues des pontes donnent des chrysalides en
automne qui meurent pratiquement toujours, ne pouvant supporter le froid de nos hivers.
Contrairement à celles du Grand Paon de Nuit, les chenilles des
sphinx ne tissent pas de cocons. Elles s’enfouissent à quelques
centimètres sous terre pour se transformer en chrysalides dans
une logette assez volumineuse.
A noter une fâcheuse habitude des papillons de cette espèce : ils
pénètrent volontiers dans les ruches car ils sont friands de miel.
Mais les abeilles les attaquent vivement et ils survivent rarement à leur incursion.
Je terminerai ce tour d’horizon des papillons avec un
autre sphinx, assez commun dans notre région : le Sphinx de
l’Euphorbe (Hyles euphorbiae) ; C’est une espèce de belle
taille, pouvant dépasser 7 centimètres d’envergure. Ses ailes
antérieures présentent des zones bien délimitées allant de l’ocre
au brun foncé. Les postérieures, de couleur rose, sont traversées
par une fine ligne noire. Ce papillon vole en mai et en août en
deux générations annuelles.
Les chenilles se nourrissent de diverses euphorbes, en particulier Euphorbia characias et cyparissias dans notre région. L’adulte pondant généralement plusieurs œufs sur une même plante, les chenilles sont grégaires et donc faciles à repérer, surtout
au dernier stade, car leur taille et leurs couleurs les rendent très
visibles. Elles sont magnifiques, leur teinte se modifiant au
cours des mues successives. Au dernier stade, sur un fond noirâtre, elles portent une ligne rose tout le long du dos ; leurs flancs
sont ornés de zones triangulaires jaunes et de grands ocelles
blancs. Au moment de la nymphose, elles s’enterrent peu profondément pour donner une chrysalide libre, sans cocon donc.
C’est à ce stade qu’a lieu la diapause hivernale.
En conclusion, que pouvons nous dire ? Nous avons vu
que certaines larves de papillons sont très polyphages. On prétend ainsi, par exemple, que la femelle d’un papillon diurne
fréquent en moyenne montagne, le Gazé (Aporia crataegi)
pourrait pondre en volant, ses œufs se trouvant ainsi disséminés
de façon aléatoire sur la végétation, les chenilles en étant issues
pouvant se contenter de n’importe quel végétal ! Mais ce n’est
sans doute qu’une légende…Quoiqu’il en soit, les espèces vraiment polyphages ne sont pas les plus nombreuses…
La plupart des chenilles- et c’est là une caractéristique strictement attachée à l’espèce- sont dépendantes d’un petit groupe de
végétaux. Et même certaines d’entre elles sont extrêmement
spécialisées comme, par exemple, celle du Lycaenidae -Iolana
iolas- qui ne peut se développer qu’à l’intérieur des gousses du
Baguenaudier (Colutea arborescens) où elle se nourrit des
graines encore tendres…
Alain CAMARD
- 22 -
n°19- mai 2009
1859-2009
150èmes
anniversaires
Année Mireille
Aix en Provence
Charles Darwin
Par un heureux hasard l’année 2009 permet d’évoquer deux
anniversaires, qu’il ne s’agit pas de mettre en parallèle, mais
qui nous intéressent à plusieurs titres :
150 ème anniversaire de Mireille - Mirèio – qui nous permet
de renouer avec la « » lengo nostro » « chère à notre ancien
Président – Maurice Heullant - souvenez-vous , pour les plus
anciens, des programmes des années 90 sous une couverture
présentant les gravures des travaux des champs avec les signes
du zodiaque et se terminant par des vers extraits d’œuvres provençales….hommage justifié par les références permanentes au
végétal dans l’œuvre de Frédéric Mistral, hommage initié et
coordonné par un félibre botaniste de notre Société – Henri
Courtois.
C’est l’occasion d’un développement autour de Vallisneria
spiralis.
« Mireille » est un poème épique à valeur universelle. Le drame
naît de la différence des conditions sociales des protagonistes,
Vincent et Mireille, lui ouvrier vannier ambulant, elle fille de
propriétaire de mas.
En voici les prémisses…
Je chante une jeune fille de Provence
Dans les amours de sa jeunesse,
A travers la Crau, vers la mer, dans les blés,
Humble écolier du grand Homère,
Je veux la suivre. Comme c’était
Seulement une fille de la glèbe,
En dehors de la Crau il s’en est peu parlé
Bien que ce front ne brillât
Que de jeunesse, bien qu’elle n’eût
Ni diadème d’or ni manteau de Damas,
Je veux qu’en gloire elle soit élevée
Comme une reine, et caressée
Par notre langue méprisée,
Car nous ne chantons que pour vous,
Ô pâtres et habitants des mas.
150 ème anniversaire de la parution de « l’Origine des Espèces » de Charles Darwin – nous laisserons la célébration de
ce formidable évènement aux « milieux autorisés », mais il
s’agit, au-delà du simple signal, d’attirer l’attention sur les travaux botaniques de ce savant.
Mireille - Mirèio
Le 2 février 1859, jour de la Chandeleur, Frédéric Mistral achève « Mireille », œuvre capitale pour l’avenir de la langue d’oc.
Mireille est un poème épique en 12 chants, dans lequel il chante
une jeune fille de Provence .L’œuvre marque d’une façon éclatante le renouveau de la langue provençale tel que l’on décidé
les « primadié » réunis presque 5 ans auparavant au Château de
Font-Ségugne à Châteauneuf de Gadagne (Vaucluse) le 21 mai
1854.
MG
MG
Bulletin de la SBV
La strophe du début, mise comme un frontispice au poème, reprend visiblement le commencement de l’Enéide, annonce l’épopée, la volonté de rédiger une œuvre de qualité comparable à
celle des grands auteurs de son époque et digne d’Homère, de
Virgile, chez lesquels il puise son inspiration (L’Enéide déjà
citée, l’Odyssée ; les Bucoliques,…).
Et c’est ainsi que « Mirèio » apparaît en partie comme un poème didactique. La poésie mistralienne vise en effet à l’enseigne- 23 -
n°19 - mai 2009
ment : l’œuvre entier de Mistral se présente comme une somme
des choses de la Provence .Il pratique dès sa première œuvre
une langue littéraire…réussissant pour le provençal ce que les
grands classiques ont fait pour le français.
Dans la seconde strophe, Mistral confirme sa volonté de rehausser l’estime accordée à sa langue et de la porter à une hauteur comparable aux autres langues littéraires
Dans l’invocation au Christ, né parmi les pâtres, il évoque la
fragilité de la vie. Il lui demande la force de porter au plus haut
la langue provençale ; le cadre bucolique apparait….
………………….,sus lis alo
Fai que posque avera la brancodis aucèu !
Bèu Diéu, Diéu ami,sus lis alo
De nosto lengo prouvençalo ;
Fai que posque avera la branco dis aucèu !
Le Prologue : « Maître Ambroise et son fils Vincent s’arrêtent
à la nuit tombante devant le Mas des Micocoules, sûrs qu’on
leur permettra de coucher à la meule de paille ».
Mireille les reçoit….
Mais arrêtons là, oublions l’Epilogue et découvrons ces paysages « clafis » d’arbres, de plantes et de fleurs qui ont émerveillé
le jeune Frédéric .Ne prit-il pas un bain forcé à vouloir cueillir
des fleurs de glai (Iris des marais). De ces plantes, de ces fleurs,
voici un florilège parmi celles qui ont coloré son poème, par
monts et par vaux, depuis le Mas des Micocoules, en passant
par la Crau, dans les Cossouls, au travers de la sansouire jusqu’aux Saintes Maries de la Mer.
Henri COURTOIS
Mistral et la botanique…
Où l’on retrouve la botanique vauclusienne.
Bulletin de la SBV
les noms provençaux qui accompagnent la nomenclature des plantes,
n’appartiennent pas tous au dialecte d’Avignon. Empruntés pour la
plupart au manuscrit de M. Palun,
ils ont été complétés à l’aide de
ceux qu’a bien voulu fournir
M. Mistral, auteur de Mirèio, et
sont, dans ce cas, particulièrement
usités de l’autre côté de la Durance.
(Note de l’administration du Musée-Calvet).
- 24 -
n°19 - mai 2009
Uno di flour, touto souleto,
Mounto sus l’aigo risouleto,
E laisso, au bon soulèu,espandi soun boutoun ;
Mai de la vèire tant poulido,
I’a l’autro flour qu’es trefoulido,
Et la vesès, d’amour emplido
Que nado tant que pòu pèr ié faire un poutoun.
Mireille et la botanique...
A leva l’espingolo ; e soun sen, bouleguiéu
Coume dos oundo bessouneto,
Dins uno lindo fountaneto,
Sèmblo d’aqueli campaneto
Qu’en ribo de mar blanquejon dins l’estiéu.
« L’une des fleurs, toute seule,
monte sur l’eau rieuse,
et laisse,au bon soleil épanouir son bouton ;
mais la voyant si belle,
l’autre fleur tresaille,
et la voilà, pleine d’amour,
qui nage tant qu’elle peut pour lui donner un baiser. »
A ôté l’épingle ; et son sein, agité
Comme deux ondes jumelles
Dans une limpide fontaine,
Ressemble à ces campanules
Qui, au rivage de la mer, étalent en été leur blancheur.
Mirèio/ Mireille – chant 10 e – strophe 61
…ces campanules qui, au rivage de la mer, étalent en été
leur blancheur….l’auteur a voulu parler ici de la belle
fleur qu’on nomme en provençal « ile de mar »….C’est le
Pancratium maritimum L.
E tant que pòu, se desfrisouno
De l’embuscun que l’empresouno,
D’aqui, paureto ! que roumpo soun pecoulet ;
E libro enfin, mai mourtinello,
De si bouqueto palinello
Frusto sa sorre blanquinello…
Un poutoun, pièi ma mort, Mirèio !...e sian soulet !
« Et, tant qu’elle peut, elle déroule ses boucles
(hors) de l’algue qui l’emprisonne,
jusqu’à tant, pauvrette! qu’elle rompe son pédoncule ;
et libre enfin, mais mourante,
de ses lèvres pâlies
elle effleure sa blanche sœur…
Un baiser, puis ma mort, Mireille !...et nous sommes
seuls ! »
MG
A Maillane, dans le cadre du programme des célébrations du
150 ème anniversaire, Henri Courtois propose une exposition
photographique intitulée
« Sur les traces de Mireille…plantes de Provence ».
A la salle d’exposition du Musée Mistral, du 16 mai jusqu’à
fin septembre 2009.
En librairie…
Mirèio – Chant Vème
Les amours de Vincent et de Mireille.
La Vallisneria spiralis L.
ou « l’Erbeto di frisoun ».
Mirèio, escouto : dins lou Rose
Disié lou fiéu de Meste Ambrose
I’ a’ no erbo, que nouman l’erbeto di frisoun;
A dos floureto separado
Bèn sus dos planto, e retirado
Au founs dis oundo enfresquierado.
Mai quand vèn de l’amour pèr éli la sesoun,
Mireille Edition bilingue à l’occasion du 150 ème anniversaire
Présentation de Claude Mauron.
Avec des annexes particulièrement utiles (chronologie mistralienne - le temps et l’espace - orientations bibliographiques,
etc.).
Ed. : Librairie Contemporaine – 2008 – 19 Euros.
Mireille – Edition bilingue
Préface de Louis Bayle
Ed. : Les Cahiers Rouges – Grasset – 2004 – 13 Euros.
« Mireille, écoute : dans le Rhône,
disait le fils de Maître Ambroise
est une herbe que nous nommons l’herbette aux boucles ;
elle a deux fleurs, bien séparées
sur deux plantes, et retirées
au fond des fraîches ondes.
Mais quand vient pour elles la saison de l’amour, »
Exposition de santons - Arles - décembre 2008 - MG
Bulletin de la SBV
- 25 -
n°19 - mai 2009
Le végétal dans Mireille.
Henri Courtois a relevé dans le texte de Mireille toutes
les mentions d’un végétal puis en a effectué le classement. Enfin il a dressé la table de correspondance entre
les mots français et la langue provençale. Vous trouverez cet inventaire dans les pages suivantes.
Une tentative d’établir les équivalents botaniques de
chaque mention a montré la difficulté de l’exercice et
devant les nombreuses incertitudes notées, il a été décidé d’y renoncer, après avis des conseillers scientifiques
de la SBV.
Ail
Ajonc
Amandier
Ansérine ligneuse
Argousier
Arroche salée
Asphodèle
Aster tricolore
Aubépine
Aulne glutineux
Aubergine
Avoine
Barbe de bouc
Berle
Blé
Brome inutile
Bruyère
Bugle
Buis
Cade
Camphrée
Cane, Cannier
Câpre, Câprier
Centaurée jacée
Centaurée du solstice
Cerise, Cerisier
Chardon champêtre
Chicorée
Chêne rouvre
Chêne kermès
Chêne liège
Ciste cotonneux
Cognassier
Corme, Sorbe
Cormier, Sorbier
Cyprès
Erable
Erbetto aux boucles
Dattes, Dattier
Fève
Fèverolle
Figuier
Figue d'Antibes, F.de Barbarie
Fougère(s)
Frêne
Genêt épineux
Genévrier de Phénicie
Gramen salé
Grenade, Grenadier
Hêtre
Ivraie
Jasmin
Jonc
Bulletin de la SBV
Aiet
Argelas
Amelié
Ansérine ligneuse
Rebaudin
Fraumo
Pourraco
Cabridello
Aubespin
Verno
Merinjano
Civado
Barbabou
Berlo
Blad
Calido
Brusc
Buglo
Bouis
Cade
Canfourato
Cano
Tapeno, Tapenié
Centauro
Aurolio
Cerieso, Cereisié
Caussido
Cicourèio
Roure
Aggarus
Siéure
Massugo
Coudounié
Esperbo, Sorbo
Esperbié, Sourbié
Ciprès
Plai
Erbeto di frisoun
Dàti, Datié
Favo
Faveto
Figuièro
Figo d'Antibo, F. de Barbarié
Féuse
Frai
Argelas
Mourven
Bauco salabrouso
Miougrano, Miougranié
Fau
Margai
Jaussemin
Jounc
Lambrusque
Lavande
Lentisque
Lierre
Lin cultivé
Lis
Liseron laineux
Liseron soldanelle
Luzerne
Mandragore
Marguerite
Marrube
Mauve
Mélèze
Micocoulier
Millet
Mousse des rochers
Murier
Myrte
Narcisse
Nèfle, Néflier
Nénuphar, Nuphar
Nerprun
Noisette, Noisetier
Oignon
Olivier
Orge, Paumelle,O. à 2 rangs
Orme
Ortie
Osier
Panicaut champêtre
Panicaut maritime
Petit houx, Gragon
Peuplier noir
Peuplier blanc
Phillyrea, Filaire
Piment, Poivron
Pin
Pinastre, Pin à crochets
Platane
Poireau
Poirier sauvage
Pommier de Paradis
Pommier de la Saint-Jean
Pourpier
Prêle
Prunelle, Prunelier
Romarin
Ronce
Rose, Rosier
Roseau
Sainfoin
Salicorne
Sarriette
Sauge
Saule, Osier blanc
Souchet
Soude
Sparte
Tamaris
Térébinthe
Thym
Tithymale, Euphorbe
Trainasse
Trèfle
Typha
Verveine
Vigne
Violette
Yeuse
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Lambrusco
Lavando
Lentiscle
Èurre
Lin
Ile
Courrejolo
Courrejolo
Luserno
Mandragouro
Margarido
Mentastre
Limaudo
Mèle
Falabreguié
Mi
Maufo roucassiero
Amourié
Nerto
Courbo-dono
Nespo Nespié
Ninfèio
Aigo-espouncho
Avelano, Avelanié
Cebo
Óulivié
Paumaulo
Óume
Ourtigo
Amarino
Panicau dóu campestre
Panicau de mar
Verbouisset
Pibo, Piboulo
Aubo
Daladèr
Pebroun
Pin
Pinastre
Platano
Pòrri
Perrusié
Poumié Sant-Janen
Poumo Sant-Janenco
Bourtoulaigo
Counsòudo
Agreno, Agrenié
Roumanin
Róumio, Róumi
Roso, Rousié
Canèu
Esparset
Engano
Pebre d'ase, Pebre d'ai
Sàuvi
Sause
Triangle
Sóudo
Aufo
Tamarisso
Petelin
Ferigoulo
Lachusclo, Èufórbi
Tirasso
Tréule,Tréuloun
Sagno
Verbeno
Vigno
Vióuleto
Èuse
n°19 - mai 2009
LA VALLISNERIE ET SES AMOURS
ORIGINALES AU FIL DE L’EAU…
Vallisneria spiralis L.
Famille des Hydrocharitacées (comme Elodea, Najas …)
C’est une plante entièrement submergée qui vit enracinée au
fond des eaux stagnantes ou à courant faible.
Originaire d’Amérique, son aire de répartition mondiale est
considérable (pantropicale) ; en Vaucluse, elle est, de nos jours,
rare et bénéficie d’une protection régionale (voir les cartes
dans l’encart couleur et les compléments sur la chorologie dans
l’encadré).
Appareil végétatif
C’est une plante vivace aux racines grêles, fasciculées ; elle
forme des colonies denses.
Les feuilles glabres, toutes radicales en rosettes grêles réunies
par des stolons, sont sessiles, minces, translucides ; elles sont
longues, rubanées (de 30 à 80 cm.), étroites (de 1 à 2 cm.), à 3 à
5 nervures anastomosées et ressemblent aux feuilles submergées
de la sagittaire mais leur sommet est obtus et finement denticulé.
Elle porte un assez grand nombre de feuilles à l’aisselle desquelles naissent des rejets qui s’enracinent et produisent une
nouvelle rosette de feuilles.
A l’aisselle des feuilles naissent aussi les fleurs.
Les pieds femelles sont très différents : les fleurs femelles, solitaires, protégées par une spathe tubuleuse bifide, s’insèrent à
l’extrémité d’un très long pédoncule filiforme enroulé en spirale, formant de belles boucles.
La fleur épanouie est remarquable : elle possède 3 lobes stigmatiques larges, étalés, bifides à bord cilié ; elle est de couleur
rouge brun.
La rencontre
A qui confier sa semence ??
La rencontre des organes sexuels exige le transport du pollen.
Beaucoup d’Angiospermes vivent partiellement immergées en
eau douce ou saumâtre mais peu d’entre elles fleurissent sous
l’eau utilisant l’eau comme agent de transport du pollen ; l’hydrogamie (ou hydrophylie) stricte est donc un phénomène
rare. En effet, la plupart des plantes aquatiques s’épanouissent
au-dessus de la surface des eaux et la majorité sont fécondées
par l’intermédiaire du vent ou des insectes ; c’est donc une hydrogamie de surface ou épihydrophilie qui se rapproche de
l’anémogamie ou de la zoogamie des plantes terrestres. Leur
adaptation secondaire et récente en milieu hydrique pourrait
expliquer qu’une infime minorité des plantes aquatiques confie
son pollen aux flots.
Les exigences de la pollinisation étant en partie identiques pour
les plantes anémophiles et épihydrophiles, on observe de nombreuses similitudes : les fleurs sont peu voyantes, de taille réduite, les pièces du périanthe sont absentes ou peu apparentes,
la séparation des sexes est de règle et la dioicie est très élevée.
Les fleurs
La vallisnérie est une plante dioïque : les fleurs sont unisexuées et portées par des pieds différents.
De la rosette foliaire des pieds mâles naissent des pédoncules
de 5 à 7 cm, chacun se termine par une inflorescence enfermée
dans une spathe étanche. L’inflorescence, en grappe, comprend
un nombre élevé (de 50 à 100) de fleurs mâles minuscules
(environ 0,3 mm.) ; chaque fleur porte 2 étamines au fond d’un
périanthe trimère.
L’art de la boucle !!
Scène 1
A maturité sexuelle, au niveau des pieds mâles, les pièces de la
spathe s’écartent, les boutons floraux rompent leur pédoncule,
se détachent et sont entrainés à la surface grâce à la bulle d’air
qu’ils contiennent. Au contact de l’atmosphère, les boutons
s’épanouissent : leurs sépales se rabattent en arrière transformant la minuscule fleur en nacelle, les sépales prennent appui
sur l’eau et supportent les deux petites étamines dressées ; la
fleur sans se mouiller et poussée par le vent dérive à la surface
des eaux. Les anthères entrent en déhiscence et libèrent un pollen dont les grains relativement gros et visqueux adhèrent les
uns aux autres. Le pollen est hydrofuge, non mouillable. (La
pénétration osmotique d’eau dans le grain de pollen entrainerait
son gonflement et l’éclatement de l’enveloppe externe ou exine
et donc sa destruction.)
Scènes 1 et 2
Scène 3
Scène 2
Pendant ce temps….au niveau des pieds femelles, le long pédoncule, enroulé en spirale, se détend à la manière d’un ressort
et amène le bouton floral à la surface de l’eau où il éclot ; la
fleur femelle, dont les tépales sont imperméables, étale ses stigmates non mouillables sur la surface de l’eau où elle détermine
ainsi une légère dépression.
Bulletin de la SBV
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n°19 - mai 2009
Scène 3
Les fleurs staminées flottantes « naviguent » au gré du vent ; si
pendant leur errance, elles butent sur un stigmate, elles
« chavirent » et tombent dans la dépression et du pollen est
alors déposé sur la surface réceptrice.
La pollinisation a lieu juste au-dessus de la surface de l’eau
suivie de la fécondation conduisant à la formation du fruit, une
capsule cylindrique contenant 200 à 400 graines.
Scène 4
Après la fécondation, le pédoncule de la fleur s’enroule en de
nombreuses boucles et ramène ainsi le fruit dans le calme des
profondeurs pour accomplir sa maturation.
Un exemple remarquable
Le fonctionnement biologique de cette plante est hautement
adapté à un milieu particulier.
A priori, les éléments mâles, emportés au gré des courants, ont
une faible chance de rencontrer les stigmates mais, contrairement au cas de l’anémophilie ou de l’hydrophilie stricte, les
éléments sexuels ne voyagent que dans deux dimensions de
l’espace, la part du hasard est moindre, le mode de rencontre
moins imprécis et l’efficacité accrue.
De plus, les pollens agglutinés forment une masse plus importante et comme en stratégie militaire, plus l’objet détecteur est
large, plus la cible a des chances d’être atteinte !!
Chez la vallisnérie, au cours de la pollinisation, l’élément mobile est la fleur mâle ; elle véhicule le gamétophyte (le pollen) au
contact du stigmate récepteur…cas exceptionnel chez les Angiospermes.
Une plante singulière…pas étonnant qu’elle ait été souvent
chantée par les poètes !!
Roselyne GUIZARD
Bibliographie
J-M. Pelt - Evolution et sexualité des plantes - Horizons de France 1970
Aline Raynal Roques - La botanique redécouverte - Belin
Paul Jaeger - La vie étrange des fleurs - Horizons de France -1959
Pesson et Louveaux- Pollinisation et productions végétales - INRA 1984
René et Roger Molinier - Cours de Biologie végétale - SPCN
1962 .J.Montégut - Le milieu aquatique - ACTA - 1987
Gaston Bonnier –La Grande Flore en couleurs - Tome 4 – Belin.
Abbé H.Coste – Flore de la France - Tome III – A.Blanchard.
J.K. Cronck, M.Siobhan - Wetland plants.
Et contact par Tela-Botanica avec P. Julve - Université Catholique de
Lille.
Vallisneria spiralis par Bernard GIRERD
B. Girerd – Inventaire écologique et biogéographique de la
Flore du département de Vaucluse- 1978
Grenier et Godron (1855) ont indiqué la présence de
cette plante dans les eaux du Rhône à Orange ; il s’agit aussi
d’une plante envahissante, ayant fait des migrations massives au
début de ce siècle .Elle pourrait donc apparaître à nouveau et il
faudrait la rechercher.
B. Girerd - La flore du département de Vaucluse - Nouvel
inventaire- 1990 :
Il serait très intéressant de retrouver dans les canaux de
notre région cette curieuse plante aquatique à feuilles en ruban
et fleurs femelles portées par un pédoncule spiralé. Elle a été
chantée par Mistral ! Les dernières observations, dans le Rhône, remontent à plus de cent ans.
B. Girerd – Mise à jour 1995 :
251 bis – Vallisneria spiralis L.- Plante enfin retrouvée
par J. Molina à Caderousse (Ile des Broteaux ). Elle devrait se
trouver ailleurs sur les bords du Rhône. A rechercher !
Et, en avant-première, le projet de texte pour la publication
annoncée de Bernard GIRERD et Jean-Pierre ROUX.
Vallisneria L. (1 espèce)
Vallisneria spiralis L. [251 bis] - Plante totalement
submergée de 20 à 60 cm, formant des colonnes denses, à feuilles très longues en forme de ruban de 10 à 15 mm de large, obtuses, entières mais denticulées au sommet. Les petites fleurs
femelles verdâtres sont isolées au sommet de pédoncules
flexueux et spiralés s’étirant jusqu’à la surface où elles sont
rejointes par les fleurs mâles, contenues en grand nombre dans
une enveloppe qui se détache et va flotter à la surface de l'eau
où a lieu la fécondation ; la formation des fruits a lieu sous
l’eau.
Étage planitiaire (30-50 m) ; espèce calcicline, hygrophile (eaux
stagnantes à faiblement courantes), thermocline, héliophile ; sur alluvions : cours d’eau, lônes et canaux.
Pantropicale - R - NV : Bollène-Mondragon (entre l’usine hydroélectrique Blondel et le déversoir du Lez). NV-PC :
bords du Rhône (Lapalud au Tenon de Gilles ; LapaludLamotte-du-Rhône à la Désirade ; Caderousse à la Piboulette et aux Broteaux ; Sorgues-Châteauneuf-du-Pape aux
Arméniers).
Note : l’étrange biologie de cette plante a inspiré à Frédéric
Mistral une vingtaine de vers dans le livre V de Mireio en la
nommant « Erbeto di frisoun » par allusion aux pédoncules
ondulés.
Au XIXe siècle Vallisneria spiralis a inspiré bien des auteurs dont CASTEL dans son Poème des plantes...
Bulletin de la SBV
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n°18 - mai 2008
Charles DARWIN
1809-1882
200 ème anniversaire de sa naissance.
150 ème anniversaire de la publication de « l’Origine des Espèces ».
1831-1836 - Voyage du « Beagle » et escale aux iles Galapagos en1835.
N’oublions pas les travaux botaniques parmi tous
les ouvrages rédigés dont : la fécondation des orchidées, les plantes grimpantes, les plantes carnivores,
différentes formes de fleurs, les mouvements des
plantes,…
Quelques exemples de travaux illustrés.
Pour en savoir plus, sites à consulter :
The complete work of Charles Darwin online.
Institut Charles Darwin International.
Bulletin de la SBV
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n°19 - mai 2009
Rencontres
ABBÉS et BOTANISTES : Hippolyte COSTE et Paul FOURNIER
L’Espace Hippolyte COSTE
Huguette ANDRE a assisté à l’inauguration de ce
musée, Jean VIROLLEAUD l’a visité peu après l’ouverture. Témoignage…
Porte d’entrée de « L’espace Coste »….
Entrez !! Le chanoine vous ouvre la porte du presbytère dans lequel il a vécu 30 ans .La porte en fer forgé se reflète à midi sous les rayons du soleil et vous
donne l’impression qu’il est là, en soutane, prêt à
vous recevoir. A l’intérieur vous trouverez, rassemblés sur des pupitres – publications-lettres-planches
d’herbier - les 3
tomes de la Flore
de France illustrée,
ainsi que de multiples
photographies en noir et
blanc sur les murs.
Celles-ci montrent
combien le chanoine aimait partager
ses découvertes,
effectuer des excursions avec les
membres de la Société Botanique de
France et les universitaires montpelliérains.
Son contact facile lui a valu une reconnaissance de la
part des scientifiques et des éditeurs qui lui ont
confié la rédaction de la flore de France, réalisée en
7 années .Nous ne pouvons qu’être admiratif, car il
ne disposait que du train comme seul moyen de
transport – il le prenait à la gare de St. Paul – et
ainsi, il pouvait se rendre dans les Pyrénées, les Alpes ou le midi de la France. Il pouvait aussi recevoir
les botanistes et même les héberger au presbytère. Il
envoyait régulièrement ses planches d’herbier sous
forme de colis aux dessinateurs.
Et 7 années ont suffit !! Si l’informatique avait existé
aurait-il fait mieux ?
Mention de la flore de Coste dans
B n° 2- juin 1996
B n° 3- Janvier 1997
Articles de J.P. JACOB.
Bulletin de la SBV
Inauguration de « l’Espace Hippolyte Coste »
le Samedi 2 août 2008
A Saint Paul des Fonts - Aveyron.
Présidée par Jean-Yves Concé, membre fondateur en 2004 de
l’Association « Les journées Coste ».
10 h du matin place de l'église ; une cinquantaine de personnes
prennent place pour écouter Christian Bernard, professeur
honoraire, botaniste, membre de l'Association de mycologie et
de botanique de l'Aveyron, membre de la Société Botanique de
France, prononcer l'éloge d'Hippolyte Coste.
Il a méticuleusement retracé la double vie du prêtre et du botaniste passionné, mis en évidence sa rigueur scientifique ainsi
que ses qualités d'homme de terrain, de relations humaines - qui
lui ont permis d'élaborer en 7 années une flore descriptive et
illustrée de France en 3 tomes avec 4300 espèces.
L’Abbé H. Coste écrit :
« La rédaction de la Flore descriptive et illustrée de la France
m’a, pendant sept années, imposé un travail opiniâtre et consciencieux. Isolé au fond de la province, éloigné des riches bibliothèques et des grandes collections, je devais nécessairement
rencontrer des difficultés presque insurmontables pour conduire à bonne fin une œuvre de cette importance ; aussi, arrivé au
but final et sur le point d’écrire ces lignes, je suis profondément
saisi par la pensée de mon insuffisance et des graves imperfections de cette œuvre. ».
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n°19 - mai 2009
Cette flore est toujours utilisée et reconnue par de nombreux
botanistes.
L’évolution de la systématique et de la nomenclature montre
très vite la nécessité d’une mise à jour, mais c’est assez tardivement, 65 ans après, que P. Jovet et R.de Vilmorin avec M. Kerguelen ont eu l'heureuse initiative de publier 7 fascicules - de
1973 à 1990- les « Suppléments »
.
Nombreux sont les aveyronnais reconnaissant le travail et la
richesse de l'œuvre de leur compatriote. Certains ont, dans le
cadre de la communauté de communes « Larzac, Templier,
Causses et Vallées », avec le soutien de l'association "les journées Costes", émis le projet de création d'un musée dans le rezde-chaussée du presbytère et de réalisation d’un mini jardin
caussenard.
Il a fallu 4 années pour engager l'Etat, le Conseil Général de
L'Aveyron, le département, la communauté de communes le
Conseil Régional Midi-Pyrénées, afin de réunir les fonds nécessaires. Par ailleurs une souscription de la Fondation du patrimoine en faveur de l'espace botanique Hippolyte Coste ainsi
que des donateurs privés ont fourni des planches d'herbiers.
L’association " les journées Coste" a pris en charge les dépenses
de presse ainsi que le muret en pierre d'accès- piéton .
Les aménagements extérieurs ont été réalisés par le parc naturel
régional des Grands Causses.
Saint Paul des Fonds- petit village réunissant actuellement 208
habitants, à 600m d’altitude, à 9km. de Tournemire (où il y a
encore une gare) et à 20 km. de Saint-Affrique - est situé dans
un cirque très riche du point de vue floristique. L’abbé a recensé
1000 espèces dont certaines ne se retrouvent que dans 3 stations dans le monde entier .Désormais vous pouvez venir voir
l'installation de l'espace botanique et par la même occasion parcourir et découvrir la flore de ces lieux.
Huguette ANDRÉ
Abbé Paul FOURNIER (1877-1964)
Petite notice biographique.
Ordonné prêtre en 1903, professorat de philosophie à Poitiers, Lyon, Saint-Dizier, puis au collège Stanislas de Paris.
De 1922 à 1952 nombreuses publications scientifiques
dont « Les quatre Flores de France » en 1941, la flore
portative la plus utilisée et rééditée.
Il dirige « Le Monde des Plantes » de 1932 à 1946, revue
de liaison botanique toujours vivante ;
En 1937 il a été affecté à la cure de Poinson - les- Grancey (Haute-Marne) où l’a rencontré Bernard Girerd lors
d’une session de la Société Botanique de France intitulée
« Sud -Est du Bassin Parisien » - le 16
Juillet 1951.
Voir :
Le Monde des Plantes
-1964-n° 344 - In memoriam - P. Fournier
par
H .Gaussen.
-1990-n° 437 –Pèlerinage à Poinson -les- Grancey par
Bernard Girerd, note de « botanique sentimentale ».
Bulletin de la SBV
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n°19 - mai 2009
Bernard GIRERD ouvre son album photos….
Le 16 juillet 1951 à Poinson-les- Grancey (Haute-Marne)…
herborisations vers Auberive et le Val-Clarin.
Le « Musée du Vivant »
Il a été organisé à Grignon, dans les Yvelines, par l’école d’agronomie AgroParis Tech.
C’est le premier musée international sur l’écologie et le développement durable. Il rassemble documentations et œuvres
représentant toutes les dimensions de l’écologie scientifique,
politique, économique, pratique et culturelle - une véritable
mine pour la recherche.
Il se visite sur rendez-vous.
Voir sur le web : www.agroparistech.fr/Musee-du-vivant
Bulletin de la SBV
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n°19 - mai 2009
Dans les débuts de la S.B.V. (montage photographique)
On reconnait les locaux
du Musée Réquien et la
très belle salle de la
C.C.I. (cours Jean Jaurès… mise à disposition
de la S.B.V. pour ses
premières expositions et
disparue depuis longtemps)
Exposition et Assemblée
Générale de 1981
Sur le terrain en 1988… En consutant « la Fournier » !
Bulletin de la SBV
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n°19 - mai 2009
Parutions
Jean-Claude RAMEAU - Dominique MANSION - Gérard DUMÉ Christian GAUBERVILLE
J.Bardat - E.Bruno - R.Keller.
Flore Forestière Française - Tome III- Région méditerranéenne.
IDF-Diffusion – 2008 - 2432 pages - 69 Euros.
Maryse TORT - Bernard BELIN - Robert PORTAL
Guide de la Flore de Haute-Loire -Tome 1
Environ 500 pages - 2008 - 40 Euros.
2 tomes sont prévus pour présenter environ 1600 espèces avec, pour
chacune, une fiche descriptive illustrée - dans 8 grands types de milieux.
Ouvrage de terrain, pratique.
Avec une vocation de connaissance, de protection et de restauration de
grands sites naturels de Haute-Loire (Mézenc, gorges de la Loire, marais de Limagne, Mont-Bar, narces de la Sauvetat, zones humides du
Devès,…).
Cette publication entre dans le cadre d’une collection entreprise par le
Conseil Général de Haute-Loire : les premiers volumes étant consacrés
aux Oiseaux et aux Roches et Minéraux du département.
2 ème tome : parution prévue dans un an.
Cet ouvrage décrit un territoire bien connu par les membres de la SBV
et parcouru il y a quelques temps avec les botanistes de Digitalis (dont
les auteurs du livre).
Christian BERNARD
Flore des Causses - hautes terres, gorges, vallées et vallons (Aveyron, Lozère, Hérault et Gard).
2 ème édition -784 pages - relié – 2008
Ed. SBCO - n° spécial 31/ 2008 - 45 Euros.
Cette nouvelle édition intègre les 4 suppléments antérieurement publiés, les dessins de Coste et de M.Saule, de nouvelles cartes de répartition et 54 photos couleur.
Jacques GAMISANS - Daniel JEANMONOD
Flora Corsica
Ed. Edisud - 2007 - 1008 pages - 50 Euros.
Flore portative complète au format de poche et reliure souple.
Contient les espèces indigènes et introduites ainsi que les espèces largement cultivées mais qui marquent le paysage.
Francis HALLÉ - Pierre LIEUTAGHI.
Aux origines des plantes.
Tome I- Des plantes anciennes à la botanique du XXI ème siècle.
Sous la direction de F.Hallé.
Tome II- Des plantes et des hommes.
Sous la direction de F.Hallé et de P.Lieutaghi.
Ed. Fayard- Collection Documents
- Tome I -682 pages - 52 Euros.
-Tome II -675 pages -52 Euros.
Rémy SOUCHE.
Hybrides d’ophrys du bassin méditerranéen occidental.
2008- 288 pages- 250 photos couleur- 31 Euros auprès de l’auteur.
France Orchidées- Société Linnéenne de Lyon.
Actes du colloque de Dijon- 2007.
Peut-on classer le vivant ? Linné et la systématique aujourd’hui.
Ed. Belin- 2008 - 437 pages - 45 Euros.
Musée Départemental Ethnologique – Prieuré de Salagon - 04300 Mane.
Actes du colloque des 27- 28 septembre 2007.
Jardins et médiations des savoirs en ethnobotanique.
Patrick LANGER.
L’olivier.
Ed. Edisud- 2008- 128 pages- 17 Euros.
Sous la direction du Muséum d’Histoire Naturelle d’Aix en Provence. Herbiers de Provence, Alpes et Côte d’Aur. Contributions des 11
plus importantes institutions conservant les collections botaniques de la
région.Ed. Edisud – 2008 - 192 pages - 35 Euros.
Bulletin de la SBV
Atlas de la flore sauvage de Bourgogne.
Co-édition Parthénope/ MNHN Paris - 2008 - 754 pages
Prix indicatif : 65 Euros.
Société des Sciences Naturelles de Bourgogne et Société d’Histoire
Naturelle d’Autun.
Réimpression de la Nouvelle Flore de Bourgogne.
Format poche- papier bible - avec Cédérom comportant illustrations et
partie didactique. 2008 - 79 Euros.
Revue « INGENIERIES »- CEMAGREF- N° spécial.
Plantes aquatiques d’eau douce : biologie, écologie et gestion.
Ed. Quae - 2008 - 160 pages - 22,87 Euros.
Cédric POLLET.
Ecorces : voyage dans l’intimité des arbres du monde.
Plus de 400 photos représentant près de 220 espèces, par continent.
Ed. Ulmer - 2008—192 pages - 36 Euros.
Robert PORTAL
Les Agrostis de France.
Ed. : chez l’auteur – 2009 - 40 Euros + port.
Marie-Claude PAUME
Sauvages et toxiques - Plantes des bois, des prés et des jardins.
Ed.Edisud - 255 pages illustrées couleur – mars 2009 - 22 Euros.
Notes de lecture
par Fabien FERIOLO
The Iris Family, Natural History and classification .
P. Goldblatt & J.C. - Manning, Timber Press, 2008.
Avec plus de 2 000 espèces de 66 genres reconnus, les Iridacées sont présentes sur toute la planète. Cette famille souvent
très colorée est connue pour les Iris bien sur, mais aussi par
d’autres genres comme les Crocus, les Freesia ou les Gladiolus. Ce magnifique ouvrage vous permettra de découvrir, à travers plus de 200 photos et dessins, des genres plus
« exotiques » comme les Aristea, les Babiana d’Afrique du Sud
(très riche en Iridacées) ou les étranges Cypella d’Amérique du
Sud.
Cet ouvrage fait vraiment référence dans le domaine et présente même les dernières découvertes génétiques sur la famille
Endemic plants of the Altai Mountain Country
ouvrage collectif , Wild guides, 2008.
Premier ouvrage publié en anglais (en général c’est en russe !)
sur la flore méconnue des montagnes de l’Altai, il présente 288
espèces endémiques et subendémiques de ces confins de l’Asie
centrale et de la Sibérie méridionale. Cette zone est partagée
entre la Russie, la Mongolie, la Chine et le Kazakhstan avec
des sommets dépassant les 4 000 m. Le climat y est continental
avec de grandes variations entre le nord (plus humide) et le sud
(plus sec, aride). Ce livre présente aussi le statut de protection
des différentes plantes et les principales menaces. Enfin il présente aussi l’environnement, les habitats et les conditions socioéconomiques des populations locales ainsi qu’une solide bibliographie et des contacts sur place pour un éventuel voyage botanique (très dépaysant et mouvementé) !!
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n°19 - mai 2009
Bulletin de la SBV
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Le culte de Cérès,
déesse des moissons
ou les ruses végétales!
Cérès , déesse romaine, (Demeter grecque) , fut obligée d'offrir sa fille
Proserpine (Perséphone grecque) au Dieu des enfers Pluton ( Hadès)
….Devant les pleurs de Cérès, Jupiter ( Zeus) eut pitié et exigea
qu'Hadès offre, à Proserpine, 6 mois de liberté sur terre ….Ainsi naquirent les saisons : 6 mois de mauvais temps avec les pleurs de Cérès
et 6 mois de beau temps lorsque sa fille est auprès d'elle ! Les mythes
tentent toujours l'explication de l'inexplicable du moment … et tous les
cultes furent et sont toujours réservés aux initiés et dissimulés au
grand public soit au travers de la "langue de bois", soit au travers de
rites et de langages d'initiés non décryptables par les profanes…
Ainsi nos petites graines se cachent-elles aux profanes et ne se révèlent-elles qu'aux initiés, vous le savez bien, vous les botanistes amoureux de la plus infime créature végétale, de la plus terne à la plus éclatante, de la plus simple à la plus sophistiquée…
Et du culte à l'agriculture et à la culture, toujours la même part cachée qui, puissante, permet toujours l'éclosion de la vie…avec
"Du beau, du vrai et du bien"
selon Jean-Pierre Changeux,
neuroscientifique, ou François
Cheng, poète académicien, qui
s'interroge "La beauté sauvera-telle le monde ?"
Oui, que de ruses déployées par
toutes nos malicieuses graines
obsédées de survie…car il ne faut
perdre aucune chance d'éclore, il
ne faut perdre aucune chance de
participer à la grande chaîne de la
vie !
Du gynécée de la fleur
émergera le fruit qui, lui-même
protégera la graine…mais oui que
de diversité dans les ruses de dissémination et de protection !
-Mais, chut ! Écoutez les explosives…un imperceptible craquement
nous fait sursauter et nous envoie une pluie de graines comme ce fameux "concombre d'âne" Ecballium elaterium ou les Impatiens glandulifera ou balfouri, comme le Cytisus scoparius…Comme il est amusant de faire sursauter ces humains parfois naïfs, parfois trop ignorants !!
-Les grandes couturières car les graines ont encore plus d'un tour
dans leurs sacs, dans leurs gousses, leurs capsules, leurs siliques et
silicules, leurs follicules….Oui, elles s'habillent "Haute couture" chez
Dame Nature dont l'ingéniosité est toujours à raconter, à observer, à
admirer pour ses réalisations vives, sensibles, fantaisistes alliant poésie
et bon sens….
-La gousse, longiligne fourreau, que Hippocrepis commosa tortille
pour une protection de chaque graine en un "fer à cheval" tandis que
Pisum sativum les aligne sagement comme Phaseolus vulgaris …
Gousse ou cosse, il faut bien les écosser!
-La capsule que Papaver rhoeas emplit de très petites graines rondes
encloses à l'aide d'un opercule-ombrelle (regardez bien !). Et des graines en si grand nombre qui, dès le printemps, font rougeoyer les friches
bercées sous la brise en une mouvance d'incendie…Les Orchidées, aux
robes si sophistiquées, aux étoffes si
picturales, s'offrent aussi des capsules
diversement structurées.
-La silicule où Lunaria annua a brodé
une fine cloison qui répartissent les
graines de part et d'autre, pour nous
offrir ensuite des pièces de monnaie
blanc moiré comme la soutane du Pape
tandis que la silique plus allongée, vêtement ajusté de toutes nos cardamines:
de Cardamine pratensis à Cardamine
pentaphylla et heptaphylla… de nos
sous-bois.
-Le follicule, avec ouverture sur la face
ventrale avec graines disposées de part
et d'autre, chez Helleborus foetidus,
chez Asclepias ou "perruches" qui boivent dans un verre et même chez la
Reine des prés, Filipendula ulmaria, où,
selon son appellation ancienne de Spirée, le polyfollicule se spirale. Pourquoi toujours une touche d'originalité
vestimentaire ?
-Les auto-stoppeuses trouvent
soit une laine de mouton où s'accrocher comme le Séneçon du
Cap (Senecio inaequidens) venu
de l'Afrique du Sud à Mazamet,
uytuiytiytiytiyiyti
soit les flancs du renard ou du
-La baie charnue à l' endocarpe non
blaireau ou nos chaussettes et bas
durci , aux graines-pépins comme la
de pantalon comme Agrimonia
baie du raisin, Vitis vinifera à notre
eupatoria, Geum urbanum, Lappa major, Daucus carota, Orlaya sp…
santé et dont la feuille a vêtu le premier homme, ou celle d'Atropa
qui voyagent ainsi gratuitement !
belladona pour faire briller les yeux des Belles Dames richement ha-Les grandes voyageuses clandestines prennent l'avion, le train ou les
billées de la cour de Louis XIV ou celle de Paris quadrifolia,
pneus de nos voitures pour essaimer le long des voies ferrées, au large
"gourmandise" du renard …puis baies de plus en plus volumineuses
des aéroports, au long des routes et dans les campings…venant d'horiavec les Citrus ou Pommes d'Or du jardin des Hespérides où l'endocarzons divers par goût du voyage et de nouvelles rencontres… et par peur
pe se présente sous la forme de tranches au nombre de carpelles diverde la "consanguinité"!
sifiés, et chacune remplie de poils charnus au jus sucré, parfumé, acide, poils appelés "hespérides"
-Les bonnes marcheuses profitent des semelles des marcheurs et,
ainsi, un jour, au beau milieu de mon jardin, s'est éveillé un Pigamon
-La drupe de tous nos Prunus cerasus, et Prunus avium nos cerises,
Thalictrum sp…aux fragiles aigrettes couleur vieux-rose…
régal du printemps à la robe aux couleurs vives, au noyau dont l'ouverture, pour gagner la vie, sera digne du forçat…puis le volume pro-Les vagabondes, nez au vent, selon l'anémomètre, s'envolent grâce à
gresse depuis Prunus amygdalus (amande) à Prunus persica (pêche),
leurs aigrettes parachutes et chacune dit avec notre bon vieux Larouspuis à Persea americana (avocat) à la graine volumineuse…Soyez
se : " Je sème à tout vent" comme Taraxacum dens leonis que tout
certain que les fruits firent preuve d'une imagination démesurée face à
souffle d'enfant aux yeux émerveillés a regardé s'envoler, Epilobium
tous les dangers possibles…dont il faut à tout prix se protéger ! Enangustifolium qui transmue certains paysages du rouge-pourpre en
fermer sa possibilité de survie en un noyau…et attendre un "accident"
blanc plumeux, Tragopogon pratensis…etc…Voler, ah! oui voler
quelconque pour s'ouvrir !
comme les oiseaux, quelle joyeuse liberté !
La liste est loin d'être complète… il faut bien vous laisser découvrir,
-Les imaginatives s'offrent soit des ailes comme les samares des Éradurant la dormance hivernale, la croissance vernale, la fructification
bles avec lesquels les gamins d'autrefois (et peut-être encore ceux d'auestivale et la récolte automnale, les multiples ruses végétales qui, ainsi,
jourd'hui ?) jouaient aux hélicoptères qui se posent en douceur…..soit,
au gré du temps, au gré du vent, transmettent la continuité dans la lonavant d'être graine, le pollen des pins s'offre un aérostat où il se pelogue chaîne de la Vie !
tonne entre deux ballonnets d'air pour s'éloigner vers une fécondation
Odette MANDRON
croisée…que les plantes en grand nombre semblent privilégier par
rapport à la rareté de l'auto fécondation!
Bulletin de la SBV
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n°19 - mai 2009
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