Colère, critique et censure du clergé
Les comédiens, auteurs et metteurs en scène de l’époque
sont très mal vus par les représentants de la classe
ecclésiastique. Ils sont accusés de libertinages, d’irréligion
et sont même excommuniés par certains évêques. Selon
les bien-pensants de la cour, ce sont des bohèmes sans
morale.
En plus d’être considéré comme libertin, Molière s’attire
l’ire du clergé et des dévots quand il écrit Le Tartuffe
ou l’Imposteur (1644), pièce qui dénonce l’hypocrisie
religieuse et fait réagir vivement le parti dévot. Même la
reine mère, Anne d’Autriche, contribue à faire interdire la
pièce. Tartuffe ne peut finalement être représenté qu’en
1669. Pourtant, à sa création, la pièce obtient un vif
succès.
Dot
La dot est le bien qu’une femme apporte au ménage en
se mariant. Traditionnellement, c’est le père de la mariée
qui fournit la dot à sa fille. Bien que cette coutume perd
en popularité au XIXe siècle, elle est encore pratiquée
à l’époque de Molière. Il existait même une « grille »
appelée Tarif ou Évaluation des partis sortables, pour
faire facilement les mariages. La dot était ainsi calculée
selon la fortune et la situation des pères. Pour les plus
nantis, le montant pouvait varier entre 150 000 et 300
000 livres (entre 750 000 et 1 500 000 $ aujourd’hui). On
comprendra pourquoi Harpagon, riche bourgeois rongé
par l’avarice, insiste pour marier sa fille Élise à Anselme
sans dot.
Envie
« Les envieux mourront, mais n’ont jamais l’envie. »
(Tartuffe, v.1666, Acte V, scène 3)
Autre figure importante dans le royaume de Louis XIV :
Jean-Baptiste Lully. Compositeur et violoncelliste, il est
surintendant de la musique du royaume. En collaboration
avec Lully, Molière écrit plusieurs comédies-ballets, parmi
lesquelles Le Mariage forcé, L’Amour médecin, George
Dandin, Le Bourgeois gentilhomme. Même s’il jouit d’une
excellente réputation, la situation de Lully demeure
précaire et il n’a pas de salle où se produire. Il enviait
Molière, qui jouissait d’une situation financière aisée
et disposait de la salle du Palais Royal pour présenter
ses pièces. Pour améliorer son sort, Lully, plus rapide
que Molière, achète le « Privilège de l’opéra », privilège
vendu sous ordonnance royale, qui empêche quiconque
de produire un spectacle avec plus de deux airs et deux
instruments. Par conséquent, Molière ne peut donc plus
présenter une grande partie de son répertoire, comprenant
bon nombre de comédies-ballets. Comme l’ensemble de
la musique dans l’oeuvre de Molière est écrite par Lully,
les deux collaborateurs se livrent une guerre de droits
d’auteur et demeurent en conflit. Toutefois, Molière
obtiendra une dérogation à l’ordonnance royale pour
présenter son répertoire.
Fauteuil
Ce qu’on appelle « fauteuil de Molière » est maintenant un
objet mythique qui est passé à l’Histoire. Il s’agit en fait
d’un fauteuil Louis XIII ayant d’abord servi à la création
du Malade imaginaire, dernière pièce de l’auteur. En
1673, Molière, gravement malade, monte sur la scène du
Théâtre du Palais-Royal pour jouer Argan, sympathique
hypocondriaque, faisant un pied de nez à la maladie
qui l’afflige. À la quatrième représentation, lors de la
dernière scène, Molière aurait été pris d’un crachement
de sang, aurait été conduit chez lui et n’aurait survécu
que quelques heures. Après son décès, à la reprise de
la pièce, un autre Argan s’est assis dans ce fauteuil et
chaque fois qu’on jouait Le Malade imaginaire, il trônait
au centre du décor. Quand il n’était pas sur scène, on le
retrouvait dans la salle des comédiens et était réservé au
plus éminent comédien de la troupe. Plusieurs acteurs
se sont enorgueillis d’avoir eu l’honneur de s’y asseoir. Le
fauteuil est maintenant sous une cage de verre dans le
foyer de la Comédie-Française.
L’AVARE
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