
144 COMMISSION DES COMPTES DE LA SECURITE SOCIALE - OCTOBRE 2009
La nécessaire détermination d'une échelle des coûts
Déterminer une classification des séjours "homogènes" en termes de coûts constitue le
paramètre clé de la tarification. En général, le choix a été fait de choisir les coûts moyens
comme valeur de référence pour orienter la hiérarchie des tarifs. La difficulté réside dans leur
évaluation, ce qui nécessite une comptabilité analytique détaillée pour l'ensemble des
établissements servant à élaborer l'échelle des coûts (cf. encadré 1). Par ailleurs, certaines
activités telles les urgences, l'enseignement, la recherche ne sont pas par définition toutes
éligibles au financement à l'activité (cf. encadré 2).
Moduler les tarifs pour limiter les risques de sélection des patients et orienter l’activité
Pour une même activité, tous les établissements ne font pas face aux mêmes coûts. Il est
possible dans ce cas de prendre en compte des facteurs exogènes entraînant des surcoûts
que les établissements ne peuvent contrôler tels ceux liés à l'implantation géographique
(immobilier, niveau des salaires, isolement de l'établissement, etc...). Pour éviter que les
établissements soient tentés de "sélectionner" les patients les plus rentables ou de rogner
sur la qualité des soins, des modulations sont appliquées à travers les tarifs et une
classification des séjours plus fine. Les spécificités géographiques sont prises en compte
dans les tarifs nationaux en France et en Angleterre. Aux États-Unis, les tarifs nationaux sont
modulés par établissement pour tenir compte de leur éventuel isolement (en milieu rural), de
leur statut universitaire ou non, de la part de population défavorisée accueillie mais
également d’indicateurs de qualité. En Allemagne, les tarifs tiennent compte de fait des
disparités régionales puisqu’ils sont fixés au niveau des Länder, même si la hiérarchie des
coûts qui sert de base est définie au niveau national. Les tarifs sont ensuite négociés par
établissement au sein de la région1. En France des dotations budgétaires indépendantes de
l’activité, permettent d’adapter le financement aux situations particulières : par exemple,
depuis 2009 les coûts liés à la prise en charge de patients précaires (nécessitant notamment
des durées de séjours supérieures) ne sont plus financés par les tarifs mais par dotation.
Enfin, la hiérarchie des tarifs peut être volontairement déconnectée de celle des coûts afin
d’utiliser la tarification comme levier d'incitation au développement de certaines activités
comme la chirurgie ambulatoire en France2 et en Angleterre lorsqu’elle est jugée plus
efficiente et pour favoriser des activités liées à des plans de santé publique (la cancérologie
en France notamment).
La T2A n’est pas toujours associée à une régulation prix/volume
La T2A étant potentiellement inflationniste en termes de production de soins, plusieurs pays
l’ont accompagnée de mécanismes de régulation des dépenses. A l'exception des États-
Unis, les tarifs sont fixés de manière à respecter un objectif de dépenses, qu'il soit défini au
niveau national comme en France ou local pour les autres pays. En France, en cas de
dépassement des objectifs de dépenses relatives aux activités MCO, il est prévu une baisse
des tarifs nationaux appliquée à l’ensemble des établissements. En revanche, c'est au niveau
de chaque établissement que des régulations s'appliquent en Angleterre et en Allemagne, via
des contractualisations avec les caisses locales. Par exemple, en Allemagne, le budget peut
être minoré (par des baisses de tarifs) ou majoré (par un partage des économies réalisées)
en fonction de l’activité effectuée. En Angleterre, la régulation s’exerce aussi au niveau des
volumes en cas de dépassement du seuil d’activité fixé dans les contrats (en les soumettant
à autorisation). En Belgique, il n’y pas besoin de bouclage macroéconomique ex-post, le
budget global limite de fait les risques de dérive des dépenses. Aux États-Unis, il n’existe pas
de régulation prix/volume des dépenses des établissements : contrairement aux autres pays,
un établissement donné perçoit différents tarifs pour un même séjour selon le type
d’assureur, ce qui limite les marges de régulation au niveau local ou national.
1 A partir de 2010, les tarifs seront identiques pour tous les établissements au sein d'une même région.
2 Pour certains actes de chirurgie (cataracte, canal carpien, …), il existe un objectif de taux de pratique de chirurgie
ambulatoire (voir l'indicateur 4-8 du Programme Qualité Efficience, volet maladie).