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aujourd’hui l’essor massif du fret aérien et le développement des autoroutes de l’information et de la
communication.
J. M Keynes (1920:20-21) nous fait remarquer que déjà en 1920, «Un habitant de Londres pouvait (…)
commander par téléphone les produits variés de toute la terre (..) (..) risquer son bien dans les
ressources naturelles et les nouvelles entreprises de n’importe quelle partie du monde et prendre part,
sans effort ni souci, à leur succès et à leurs avantages espérés ; (..)». (cité par Bantou, 2000).
Sur le plan financier Marc Flandreau et Chantal Rivière ont montré, qu’à « la veille de la Première
Guerre mondiale, en dépit de l’existence d’une taxe Tobin avant la lettre, l’intégration internationale
des flux de capitaux avait atteint un niveau très élevé, qui n’a probablement pas été dépassé depuis».
« Mise en place à l’époque mercantiliste, pendant 3 siècles (1500 à 1800), à travers des politiques
systématiques de destruction des formes anciennes d’interdépendance, pour être au service de ce qui va
devenir «l’accumulation capitaliste», la mondialisation capitaliste moderne a inauguré un phénomène
nouveau dans l’humanité. Elle a produit un écart grandissant, une polarisation grandissante entre
les régions du système mondial ». (Samir Amin, 1997:205).
De nombreux auteurs qui se situent dans la perspective du Tiers mondisme (S. Amin, J. Bantou, Paul
Bairoch, Michel Rogalski ..) ont illustré l’accentuation des inégalités et la polarisation gigantesque et
évolutive qui caractérisent la mondialisation moderne par des faits et des chiffres incontestés.
Entre 1890 et 1913, Paul Bairoch a estimé que le PNB des pays développés avait progressé de 1,7% par
an contre 0,6% pour les pays en voie de développement ; pour la période 1970 à 1990, les mêmes taux
se montent respectivement à 2,2% et 0,9%. Le Nord a, donc, connu une croissance économique
supérieure à celle du Sud de 2,8% et 2,4% pendant ces deux périodes.
La comparaison du rapport entre le PNB réel à parité de pouvoir d’achat par habitant du pays le plus
riche, (les Etats Unis) et la moyenne des cinq pays les plus pauvres révèle une différence de 1 à 8,2 en
1900, contre 1 à 49 en 1995.
Pour 80% de la population du monde, l’écart entre les régions les moins développées et les plus
développées, en terme de productivité moyenne par famille par an était de 1 à 2 ou 3 avant la révolution
industrielle, selon Samir Amin, de 1 à 30 en 1945 et de 1 à 60 à l’heure actuelle.