Les acteurs publics et privés de la régulation urbaine se trouvent confontés à une
situation difficile qui tient tant aux évolutions urbaines elles-mêmes qu’aux
bouleversements récents des modalités de gestion des villes. Des phénomènes très
divers se conjuguent: explosion de la mobilité (sous toutes ses formes);
déréglementation desréseaux de servicespublics ; multiplication et "déhiérarchisation"
des acteurs; phénomènes d’exclusion socialeet spatiale...
L’espace urbain est marqué depuis longtemps par de multiples formes de
différenciation interne. Mais
il
semble bien que
l’on
observe une radicalisation de ces
processus, et que l’on puisse désormais parler d’éclatement urbain : les écarts se
creusent dramatiquement, au sein des agglomérations, entre des espaces qui
concentrent richesses et développement et d’autres pris dans des spirales de
dévalorisation ; plus encore, les dynamiques d’évolution de ces espaces semblent de
plusen plus dissociées les unes des autres.
Comment faire face à ces problèmes ?D’un coté,
il
semble souvent illusoire d’attendre
du développement des pôles dynamiques d’une ville des effets d’entraînement
spontanés sur les espaces dévalorisés ; d’un autre côté, des mesures trop particulières
en faveur de ces derniers risquent de renforcer lesprocessus d’éclatement urbain, alors
même que les démarches et les instruments traditionnels sont inefficaces dans ces
espaces dévalorisés. Ces difficultés ont suscité, au cours de la période récente,
l’émergence de pratiques et de politiques novatrices. Mais, en dépit de ces apports, les
acteurs de
la
ville sont aujourd’hui déstabilisés.
On assiste à l’émergence de logiques d’action
"à
géométrie territoriale variable", qui
correspondent à
la
multiplication des intervenants et des échelles spatiales, et qui sont
favorisées par la reconfiguration des rapports central/local et publics/privés. Ces
évolutions entraînent plus de souplesse, maisaussi
le
brouillage ou même
la
perte de
références communes susceptibles de guider l’action publique.
Dans ce contexte,
le
renouvellement des logiques et des modalités des systèmes de
régulation est un enjeu-clef non seulement pour l’avenir des villesmais aussi pour celui
de la société dans son ensemble. Ce renouvellement suppose une clarification des
référents fondée sur une meilleure compréhension des nouveaux processus en cours.
C’est pourquoi
la
DAEI et
la
DRAST ont décidé d’organiser un séminaire dans cette
perspective. Leur objectif est de susciter,ou de favoriser, une réflexion prospective sur
les modalités et les systèmes de régulation économique, sociale et territoriale mieux à
même de freiner ou d’enrayer lesprocessus d’éclatement urbain.
Ce séminaire s’adresse de façon privilégiée aux divers intervenants, centraux et locaux,
publics et privés, de
la
régulation urbaine.
La
réflexion sera menée à travers un
dialogue associant ces intervenants et des chercheurs travaillant sur ces questions.
Il
comprendra huit séances thématiques,
la
réflexion étant alimentée, pour chacune de
ces séances, par le jeu croisé de différents regards: apports, réflexions et
questionnements émanant des acteurs de la régulation urbaine; informations
provenant de travaux de terrain ou d’études de cas; éclairages plus distanciés et/ou
synthétiques de la part de chercheurs; analyses de situations observées dans d’autres
pays développés.
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La documentation Française : La Ville éclatée : enjeux, logiques et modalités d’une régulation économique...