LE GROS
Monnaie d’argent en France et en Flandre
aux XIIIe et XIVe siècles
Lille janvier 2004
Jean COUSSEMACQ
Président d’honneur
du Numis-Club du Nord
Le GROS
Monnaie d’argent en France
Rappels historiques et monétaires
Monnaie de compte et monnaie réelle
De nos jours nous comptons et évaluons avec la même unité monétaire ( l’Euro)
que la monnaie utilisée, mais sous l’ancien régime cette façon de faire n’existait pas
et le système employé était assez complexe.
Il existait une monnaie dite de compte qui exprimait des sommes d’argent
indépendamment de la monnaie dite réelle (espèces sonnantes et trébuchantes), qui
servait au paiement.
En France l’unité de compte monétaire s’appelle la Livre. Elle vaut 20 sols ou sous et
chaque sol vaut 12 deniers.
C’est Charlemagne qui posa la règle
1 livre = 20 sols = 240 deniers
La livre de compte étant une livre / poids d’argent fin.
Frappe des monnaies
Sous les rois carolingiens il ne sera frappé que des deniers et les rois capétiens n’ont
hérités qu’en théorie, du droit exclusif de frappe de monnaies, de toute part usurpé.
Leurs monnaies ne sont que des cas particuliers de monnaies féodales ; ce sont des
monnaies féodales émises par un comte, qui était roi, et qui a fait graver sur elles son
titre REX.
Systèmes monétaires
Il faut distinguer sous les premiers rois capétiens, deux systèmes :
-le parisis ( monnaie frappée surtout à Paris )
-le tournois ( monnaie frappée à Tours)
La monnaie parisis était plus forte d’un quart sur la monnaie tournois.
Denier parisis = 1,25 deniers tournois
Primitivement il n’y avait que le denier parisis dans le domaine royal, mais après la
conquête de la Touraine, de l’Anjou, du Poitou, du Maine par Philippe Auguste
(1180-1223)aux dépens de Jean Sans Terre, le roi adoptera aussi le denier tournois
créé par l’Abbaye Saint Martin de Tours pour les pays de l’ouest.
Ces deux espèces constituèrent, au tiers d’argent fin environ, le système nouveau de
la monnaie royale.
Denier parisis :
Il était frappé à Paris, Arras, Montreuil sur mer, Péronne, Saint-Omer, son poids
oscillait entre 0,8gr à 1,24gr selon l’atelier.
Denier tournois :
Il était frappé uniquement à Tours pour un poids d’exemplaire de 0,92gr.
Pour les deux systèmes il existait l’obole ou la maille qui valait un demi denier et
d’un poids divisé par deux.
Cet ensemble marchera pendant près de trois siècles et c’est sous le règne de Louis
IX (Saint Louis) principalement de 1266 à 1270 que débutera une ère nouvelle par
l’entrée en scène de l’or (frappe d’un écu valant 10 sols tournois soit (120 deniers) et
d’espèces supérieures en argent fin (frappe d’une pièce valant 12 deniers et appelée
Gros Tournois).
Gros tournois :
Crée le 24 juillet 1266 il était légalement taillé à 58 au marc de Paris de 244,75gr au
titre de 23/24ème Argent le Roi soit 0,958gr d’argent fin, chaque exemplaire ayant un
poids théorique de 4,21gr. Il valait 12 deniers tournois ce qui faisait un poids de
0.336gr d’argent fin par denier.
avers : LUDOVICUS REX en légende intérieure
BNDICTV / SIT : NOME : DNI : NRI : DEI : IHV : XPI
cercle extérieur
revers : TURONIS CIVIS un châtel tournois au centre
le tout dans une bordure de 12 fleurs de lis symbolisant
les 12 deniers tournois.
Suite à la création de ce Gros tournois, les deniers (parisis et tournois) passent en
rang de monnaie noire avec un titre de 0,372 pour le parisis et de 0,299 pour le
tournois.
On cessera de frapper le denier parisis en 1483 sous Charles VIII, le titre était alors
de 0,089.
Le gros tournois fut frappé jusqu’au 24 juillet 1364 sous le règne de Charles V et il
est intéressant d’énumérer tous les Gros tournois émis au fil des différents règnes.
PHILIPPE III dit le Hardi (1270-1285)
Il poursuivit la frappe du Gros tournois et des deniers malgré la hausse du prix de
l’argent - métal, dûe à la concurrence étrangère.
Gros tournois : caractéristiques identiques à celui de Louis IX et frappe inchangée
sauf le nom de PHILIPUS remplaçant LUDOVICUS
Les ateliers de frappe étaient Paris, Mâcon, Saint Quentin, Toulouse.
PHILIPPE IV dit le Bel (1285-1314)
Durant ce règne il y aura alternances de périodes à monnaie forte et à monnaie
affaiblie voire faible. Le roi abuse des « mutations ». Celles ci étaient les
modifications que le roi faisait subir aux espèces sonnantes et trébuchantes tant à leur
masse, leur titre et leur cours en monnaie de compte dont il décidait souvent un cours
forcé.
A cette époque ces mutations étaient redoutées comme des fléaux et ce n’était pas le
principe du seigneuriage sur les monnaies que l’on contestait mais son recours abusif.
C’est pour cette raison que certaines figures de l’histoire furent particulièrement
honnies dans l’imagerie populaire. La plus célèbre était celle de Philippe le Bel
gratifié du surnom de « Roi faux monnayeur ».
Gros tournois:
Taille, titre et poids théorique identiques à ceux du Gros tournois Saint Louis.
La valeur de compte de 12 deniers jusqu’en 1290 est portées à 13 1/8 deniers
tournois par la volonté du Roi, les deniers n’étant plus frappés.
Ce Gros tournois n’était pas altéré dans sa fabrication mais était devenu faible par son
cours.
Les différentes émissions se firent en 1285, 1290, 1302 et avril 1305.
Les ateliers de frappe étant les mêmes que sous Philippe III.
La gravure du Gros tournois de Philippe le Bel est absolument identique à celle du
Gros tournois de Philippe III.
LOUIS X (novembre 1314-juin 1316)
On manquait d’argent pour frapper le Gros tournois, l’or ayant afflué au détriment du
métal blanc.
PHILIPPE V (juin1316-janvier1322)
Le rapport de l’or à l’argent ayant été ramené à 12, on reprend la frappe du Gros
Tournois le 1 mars 1318, mais à la valeur de compte de 15 deniers tournois. Le denier
ne fut pas frappé.
Les caractéristiques sont poids théorique de 4,13gr, titre 0,958.
Les ateliers de frappe sont Paris, Montpellier, Rouen, Saint Pourçain, Troyes et
Tournai.
La gravure est identique à celle de Philippe IV.
CHARLES IV LE BEL (1322-1328)
On ne pouvait pas se servir indéfiniment des petites monnaies de vieille fabrication.
Le roi, après avoir d’abord monnayé dans les mêmes conditions que son prédécesseur
(Gros tournois sans deniers) rentre dans la voix des mutations.
Le Gros tournois fut frappé de février à octobre 1322 aux caractéristiques habituelles,
poids théorique 4,13gr, titre 0,958, valeur de compte = 12 deniers tournois.
Les ateliers de frappe sont les mêmes que sous Philippe V avec Mâcon en plus.
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