Gros Tournois - Numis

publicité
LE GROS
Monnaie d’argent en France et en Flandre
aux XIIIe et XIVe siècles
Lille janvier 2004
Jean COUSSEMACQ
Président d’honneur
du Numis-Club du Nord
Le GROS
Monnaie d’argent en France
Rappels historiques et monétaires
Monnaie de compte et monnaie réelle
De nos jours nous comptons et évaluons avec la même unité monétaire ( l’Euro)
que la monnaie utilisée, mais sous l’ancien régime cette façon de faire n’existait pas
et le système employé était assez complexe.
Il existait une monnaie dite de compte qui exprimait des sommes d’argent
indépendamment de la monnaie dite réelle (espèces sonnantes et trébuchantes), qui
servait au paiement.
En France l’unité de compte monétaire s’appelle la Livre. Elle vaut 20 sols ou sous et
chaque sol vaut 12 deniers.
C’est Charlemagne qui posa la règle
1 livre = 20 sols = 240 deniers
La livre de compte étant une livre / poids d’argent fin.
Frappe des monnaies
Sous les rois carolingiens il ne sera frappé que des deniers et les rois capétiens n’ont
hérités qu’en théorie, du droit exclusif de frappe de monnaies, de toute part usurpé.
Leurs monnaies ne sont que des cas particuliers de monnaies féodales ; ce sont des
monnaies féodales émises par un comte, qui était roi, et qui a fait graver sur elles son
titre REX.
Systèmes monétaires
Il faut distinguer sous les premiers rois capétiens, deux systèmes :
- le parisis ( monnaie frappée surtout à Paris )
- le tournois ( monnaie frappée à Tours)
La monnaie parisis était plus forte d’un quart sur la monnaie tournois.
Denier parisis = 1,25 deniers tournois
Primitivement il n’y avait que le denier parisis dans le domaine royal, mais après la
conquête de la Touraine, de l’Anjou, du Poitou, du Maine par Philippe Auguste
(1180-1223)aux dépens de Jean Sans Terre, le roi adoptera aussi le denier tournois
créé par l’Abbaye Saint Martin de Tours pour les pays de l’ouest.
Ces deux espèces constituèrent, au tiers d’argent fin environ, le système nouveau de
la monnaie royale.
Denier parisis :
Il était frappé à Paris, Arras, Montreuil sur mer, Péronne, Saint-Omer, son poids
oscillait entre 0,8gr à 1,24gr selon l’atelier.
Denier tournois :
Il était frappé uniquement à Tours pour un poids d’exemplaire de 0,92gr.
Pour les deux systèmes il existait l’obole ou la maille qui valait un demi denier et
d’un poids divisé par deux.
Cet ensemble marchera pendant près de trois siècles et c’est sous le règne de Louis
IX (Saint Louis) principalement de 1266 à 1270 que débutera une ère nouvelle par
l’entrée en scène de l’or (frappe d’un écu valant 10 sols tournois soit (120 deniers) et
d’espèces supérieures en argent fin (frappe d’une pièce valant 12 deniers et appelée
Gros Tournois).
Gros tournois :
Crée le 24 juillet 1266 il était légalement taillé à 58 au marc de Paris de 244,75gr au
titre de 23/24ème Argent le Roi soit 0,958gr d’argent fin, chaque exemplaire ayant un
poids théorique de 4,21gr. Il valait 12 deniers tournois ce qui faisait un poids de
0.336gr d’argent fin par denier.
avers : LUDOVICUS REX en légende intérieure
BNDICTV / SIT : NOME : DNI : NRI : DEI : IHV : XPI
cercle extérieur
revers : TURONIS CIVIS un châtel tournois au centre
le tout dans une bordure de 12 fleurs de lis symbolisant
les 12 deniers tournois.
Suite à la création de ce Gros tournois, les deniers (parisis et tournois) passent en
rang de monnaie noire avec un titre de 0,372 pour le parisis et de 0,299 pour le
tournois.
On cessera de frapper le denier parisis en 1483 sous Charles VIII, le titre était alors
de 0,089.
Le gros tournois fut frappé jusqu’au 24 juillet 1364 sous le règne de Charles V et il
est intéressant d’énumérer tous les Gros tournois émis au fil des différents règnes.
PHILIPPE III dit le Hardi (1270-1285)
Il poursuivit la frappe du Gros tournois et des deniers malgré la hausse du prix de
l’argent - métal, dûe à la concurrence étrangère.
Gros tournois : caractéristiques identiques à celui de Louis IX et frappe inchangée
sauf le nom de PHILIPUS remplaçant LUDOVICUS
Les ateliers de frappe étaient Paris, Mâcon, Saint Quentin, Toulouse.
PHILIPPE IV dit le Bel (1285-1314)
Durant ce règne il y aura alternances de périodes à monnaie forte et à monnaie
affaiblie voire faible. Le roi abuse des « mutations ». Celles ci étaient les
modifications que le roi faisait subir aux espèces sonnantes et trébuchantes tant à leur
masse, leur titre et leur cours en monnaie de compte dont il décidait souvent un cours
forcé.
A cette époque ces mutations étaient redoutées comme des fléaux et ce n’était pas le
principe du seigneuriage sur les monnaies que l’on contestait mais son recours abusif.
C’est pour cette raison que certaines figures de l’histoire furent particulièrement
honnies dans l’imagerie populaire. La plus célèbre était celle de Philippe le Bel
gratifié du surnom de « Roi faux monnayeur ».
Gros tournois:
Taille, titre et poids théorique identiques à ceux du Gros tournois Saint Louis.
La valeur de compte de 12 deniers jusqu’en 1290 est portées à 13 1/8 deniers
tournois par la volonté du Roi, les deniers n’étant plus frappés.
Ce Gros tournois n’était pas altéré dans sa fabrication mais était devenu faible par son
cours.
Les différentes émissions se firent en 1285, 1290, 1302 et avril 1305.
Les ateliers de frappe étant les mêmes que sous Philippe III.
La gravure du Gros tournois de Philippe le Bel est absolument identique à celle du
Gros tournois de Philippe III.
LOUIS X (novembre 1314-juin 1316)
On manquait d’argent pour frapper le Gros tournois, l’or ayant afflué au détriment du
métal blanc.
PHILIPPE V (juin1316-janvier1322)
Le rapport de l’or à l’argent ayant été ramené à 12, on reprend la frappe du Gros
Tournois le 1 mars 1318, mais à la valeur de compte de 15 deniers tournois. Le denier
ne fut pas frappé.
Les caractéristiques sont poids théorique de 4,13gr, titre 0,958.
Les ateliers de frappe sont Paris, Montpellier, Rouen, Saint Pourçain, Troyes et
Tournai.
La gravure est identique à celle de Philippe IV.
CHARLES IV LE BEL (1322-1328)
On ne pouvait pas se servir indéfiniment des petites monnaies de vieille fabrication.
Le roi, après avoir d’abord monnayé dans les mêmes conditions que son prédécesseur
(Gros tournois sans deniers) rentre dans la voix des mutations.
Le Gros tournois fut frappé de février à octobre 1322 aux caractéristiques habituelles,
poids théorique 4,13gr, titre 0,958, valeur de compte = 12 deniers tournois.
Les ateliers de frappe sont les mêmes que sous Philippe V avec Mâcon en plus.
Même gravure que le précédent sauf le nom KAROLUS remplaçant PHILIPUS
PHILIPPE VI DE VALOIS (1328-1350 )
Le règne débutera brillamment par la victoire de Cassel (1328) sur la Flandre.
Les partisans de la rigueur en profitèrent pour opérer le retour au système intégral de
Saint Louis (Gros tournois, Gros parisis, denier tournois, denier parisis). Mais cette
réforme trop radicale ne fut pas ratifiée par l’événement. De plus la guerre dite de
Cent ans commençait avec l’Angleterre, Edouard III ayant des prétentions sur le trône
de France. Mais cette guerre commence par des insuccès en particulier la défaite de
Crécy en 1346.
Les mutations reviennent avec des alternatives de renforcement et d’aggravation
marqués en particulier par les changements de type.
Ces changements sont désormais ponctués pour l’argent à partir de 1337 par ce qu’on
appela « le pied de la monnaie » qui était une façon de calculer le degré
d’affaiblissement de la dite monnaie.
Calcul du pied =
Txc
5xt
T = chiffre de la taille (nombre d’exemplaires au marc )
c= cours en denier tournois
t = nombre de deniers (poids) déterminant le titre (argent Le Roi)
Exemple : Gros tournois de Saint Louis :
pied = 58 x 12 = 11,6 (pied 12ème)
5 x 12d
Exemple : denier tournois de Saint Louis :
pied =
218 x1
=
5 x 3d.18gr
218
= 11,6 (pied 12ème)
5 x 3,75
Ces chiffres peuvent être considérés comme étalon et on se rappellera que plus le
pied est élevé plus la monnaie est faible.
Le Gros tournois de Philippe VI fut frappé à partir du 6 septembre 1329 (titre
0,958,poids théorique 4,079, valeur de compte=12 deniers tournois , pied=12ème)
donc identique à celui de Saint Louis.
Le Gros parisis fut frappé dès le 29 septembre 1329 mais en petite quantité (titre
0,958, poids théorique 5,098gr, valeur de compte 12 deniers parisis soit 15 deniers
tournois, pied =12ème).
Les ateliers de frappe sont les mêmes que sous Charles IV le Bel mais avec en plus
Tours, Montdidier, Agen, Angers, Figère, Limoges et Loches.
En 1346 les monnaies féodales ont presque totalement disparu du domaine du roi qui
ainsi pouvait déclarer, qu’à lui seul appartient le droit de battre monnaie et de lui
donner « tel cours, pour tel pris comme il nous plait ».
Cependant certains grands féodaux, dont le Comte de Flandre, réussirent à maintenir
une monnaie particulière à leur domaine.
Sous Philippe VI d’autres monnaies en argent furent frappées mais nous ne citerons
que les Gros, quelque peu dérivés du Gros tournois :
ème
- Gros à la couronne émis le 1 janvier 1337 au pied 18
ème
- Gros à la fleur de lis émis le 27 janvier 1341 au pied 42
ème
- Gros à la queue émis le 27 décembre 1348 au pied 36
Gros Tournois
Gros Parisis
avers :
PHILIPUS REX FRANCO
à l’extérieur BNDITV : SIT……..
revers :
PARISIS CIVIS ARGENTI
en bordure 15 fleurs de lis
symbole de 15 deniers tournois
JEAN LE BON (1350-1364)
Les désastres s’accumulent sous ce roi (défaite de Poitiers) et la guerre civile s’ajoute
à la guerre étrangère. Aussi les mutations dans la monnaie n’ont plus de frein et des
émissions se succèdent avec une précipitation et à des échelles de poids et de titre
jusqu’alors inconnues.
Enfin après le traité de Brétigny (1360) on revient en deux étapes à une monnaie
saine, sagement limitée au pied 21ème.
Gros tournois émis le 14 avril 1361 au titre 0.958 mais pour un poids théorique de
2.914gr et une valeur de compte de 15 deniers tournois. Il était au pied 21ème ce qui le
différait du Gros tournois traditionnel.
Divers Gros, retenant tous dans leur type quelques uns des traits du Gros tournois,
furent émis pendant le règne de Jean le Bon.
Ce sont :
- Gros à la queue émis le 11 juillet 1355 au pied 64ème, au 9 novembre 1355 on en
était au pied 120ème
- Gros au châtel fleurdelisé émis le 23 novembre 1356 au pied 48ème
- Gros blanc à la couronne émis le 26 mars 1357 au pied 28ème
- Gros dit patte d’oie émis le 22 janvier 1358 au pied 45ème
- Gros à la couronne émis le 22 août 1358 au pied 32ème
- Gros aux trois lis émis le 3 juin 1959 au pied 60ème
au 7 septembre 1359 on en était au pied 120ème
au 10 octobre 1359 au pied 180ème
- Gros à l’étoile émis le 22 novembre 1359 au pied 72ème
au 31 décembre 1359 on en était au pied 144ème
au 15 mars 1360 au pied 500ème ! !
- Gros dit Compagnon émis le 27 mars 1360 au pied 48ème
au 26 mars 1360 on en était au pied 96ème
- Gros blanc à la couronne émis le 30 août 1360 au pied 33ème
- Gros blanc aux fleurs de lis émis le 5 décembre 1360 au pied 24ème
La monnaie forte est pratiquement rétablie à cette date et le Gros tournois fait alors
son apparition au pied 21ème (voir plus haut).
CHARLES V (1364-1380)
Après quelques tâtonnements la monnaie, malgré la guerre qui recommençait, resta
immuable avec en particulier un Gros tournois nouveau :
Gros tournois :
- 1 ère émission : 24 juillet 1364
titre 0,958, poids théorique 2,914, pied 21ème mais sa valeur de
15 deniers tournois.
compte était de
- 2ème émission : 3 août 1369
titre 0,958, poids théorique 2,549gr, pied 24ème et valeur de compte 15 deniers
tournois.
Ce fut la dernière émission du Gros tournois né 103 ans auparavant sous Saint Louis.
Il valait 15 deniers tournois qui étaient en phase avec le denier tournois (monnaie
noire) et qui valait 0,162gr d’argent fin.
Le Gros tournois de Saint Louis était au pied 12ème, celui de Charles V était au pied
24ème. Il finissait donc son existence à la moitié de sa valeur primitive.
Diverses monnaies utilisant le terme GROS, furent encore frappées.
Sous CHARLES VI (1380-1423)
- Gros au lis émis le 7 juin 1413 au pied 29ème
- Gros dit grossus émis le 3 novembre 1413 au pied 29ème
- Gros dit florette émis le 10 mai 1417 au pied 40èm (7 émissions eurent lieu et
la dernière le 6 mai 1420 au pied 160ème)
- Gros heaumé émis le 19 décembre 1420 au pied 30ème
Sous CHARLES VII (1422-1461)
- Gros aux rondeaux émis le 12 septembre 1422 au pied 40ème
- Gros de roi émis le 26 mai 1447 au pied 35ème
Sous LOUIS XI (1461-1483)
- Gros de roi émis le 31 décembre 1461 au pied 42ème
- Gros de roi émis le 30 mai 1477 au pied 48ème
sous ce roi le pied de monnaie est abandonné ce qui consacre la fin des grandes
mutations.
sous CHARLES VIII (1483-1498)
- Gros du roi émis le 24 mai 1489 uniquement à Tournai pour 2000 marcs (titre
0,918, poids théorique 3,547gr)
Sous LOUIS XII (1498-1515)
- Gros de roi émis le 3 février 1512 (titre 1,479, poids théorique 5,359gr, valeur de
compte 30 deniers tournois)
Cette monnaie fut la dernière avec l’appellation GROS . Son denier tournois valait
85,5gr d’argent fin, valeur à comparer avec le denier tournois de Saint Louis qui en
faisait 334.
_______________________
Sources : Les monnaies des Rois de France par Jean LAFAURIE
du Cabinet des Médailles de la Bibliothèque Nationale
1951
LE GROS
MONNAIE D’ARGENT EN FLANDRE
Au XIVème siècle, le comte de Flandre étant le vassal du Roi de France, on ne
s’étonnera pas des similitudes et des liaisons qu’il pouvait y avoir au plan de la
monnaie.
Comme le roi Philippe le Bel en France, le comte Louis de Male en Flandre, fut
l’exemple même du prince sans scrupules, abusant des mutations et ne pensant qu’à
approvisionner son trésor en multipliant la frappe des espèces et en les dévaluant
systématiquement.
En Flandre, les caractéristiques de frappe des monnaies sont identiques à celles de la
France ( taille et titre ).
Du point de vue monnaie de compte, toutes les sources disponibles mentionnent
toujours la livre parisis comme monnaie de compte. Elle était directement liée à la
monnaie réelle ( le Gros la plupart du temps )dans la proportion de 1 à 12, (1 gros
valait toujours 12 deniers parisis, rapport qui fut fixé au début du XIVème siècle et
qui resta immuable à partir de 1312).
Par ce principe le gros de compte ( le sol de la livre parisis ) ne cessa jamais de
coïncider en valeur avec son homonyme sonnant et trébuchant.
L’avantage du système était de faciliter grandement les calculs et les conversions,
tout au mois pour l’argent, le désavantage étant de faire subir à la monnaie de compte
les mêmes variations qu’à la monnaie réelle.
En plus de la livre parisis différentes livres de compte furent également utilisées en
Flandre au XIVème siècle
- la livre de Gros de Flandre valant 12 livres parisis soit 240 Gros
- la livre sterling ou esterlins valant 1/3 de la livre de Gros soit 4 livres parisis
- la livre de mites qui semble avoir été la première valant 1/2 de la livre parisis
(car 2 mites valaient 1 denier parisis )
RAPPEL SUR LES MONNAIES DE COMPTE
1 livre = 20 sols
1 sol = 12 deniers
d’où
1 livre = 2 0 sols = 240 deniers
En France
L’unité de compte est le denier tournois ce qui donne :
1 livre tournois = 20 sols tournois = 240 deniers tournois
Il existe une deuxième unité qui est le denier parisis ce qui donne :
1 livre parisis = 20 sols parisis= 240 deniers parisis
Le denier parisis étant plus fort d’un quart sur le denier tournois nous avons :
1 livre parisis = 1,25 livre tournois
En Flandre
Nous avons la livre parisis comme en Flance.
Il existe une autre unité de compte qui est le Gros ce qui donne :
1 livre de Gros = 20 sols de Gros = 240 Gros ou denier de Gros
avec le rapport de 1 Gros = 12 deniers parisis = 1 sol parisis ce qui donne :
1 livre de Gros = 12 livres parisis = 15 livres tournois
Nous avons aussi la livre sterling et la livre de mite.
Remarques : dans les textes le terme parisis est souvent abrégé et écrit pãr et on
emploie pratiquement toujours le terme de livre de Gros de Flandre.
Introduction de la grosse monnaie en Flandre
Lorsque le comte Louis de Nevers succède à son grand père Robert de Béthune en
1322, la tradition de la grosse monnaie était déjà implantée dans son comté depuis
plus d’un demi siècle.
C’est Marguerite de Constantinople (1244-1280 ) qui fit émettre pour la première
fois des monnaies d’argent dont trois vaudraient en « pois, loi et taille » deux Gros
tournois du roi de France (crées par Saint Louis le 24 juillet 1266 ).
Guy de Dampierre poursuivit la frappe des doubles tiers de Gros à Alost et à Ypres
mais en leur faisant subir un affaiblissement de masse et de titre.
C’est lors de son règne que fut décidée la première frappe d’un Gros d’argent en
Flandre. Par un traité conclu le 2 avril 1300, Robert de Béthune, fils aîné du comte, et
Jean II duc de Brabant décidaient la frappe commune de « Gros denier d’argent aussi
bon de poids et de loi que le Gros tournois du Roi ».
Cette monnaie n’a pas été retrouvée, par contre des Gros imités des Gros tournois de
Philippe le Bel, et appelés « Gros en portail » et « Gros au châtel brabançon » furent
émis de 1302 à 1305 à Alost et à Gand.
De par l’émission de ces monnaies, la monnaie flamande se rattachait encore plus à la
monnaie française, puisque le Gros tournois devenait la base du système monétaire
flamand.
Les sources d’archives
On dispose d’une documentation exceptionnelle pour nos régions au XIVème siècle
permettant d’étudier la production monétaire flamande de façon approfondie.
Cette documentation se compose essentiellement en deux ensembles :
- les comptes remis par les maîtres des monnaies c’est à dire les comptes du droit
seigneurial sur la frappe des monnaies conservés pour la plupart aux archives
générales du royaume à Bruxelles et aux archives départementales du Nord à
Lille ( répertoire numérique série B ). Il s’agit de rouleaux composés de peaux
de parchemin cousues et généralement inscrites d’un côté seulement.
- Les lettres de commission et les instructions monétaires délivrées par le comte
mais pour le règne de Louis de Nevers aucun document antérieur à 1331 n’est
conservé. La période précédente avait été fort troublée notamment par le
soulèvement de la Flandre maritime qui ne fut maté que par l’intervention du
Roi de France à la bataille de Cassel en 1328. A partir de ce moment et jusqu’au
début de la guerre de Cent ans (1337) l’autorité de Louis de Nevers fut
pleinement rétablie dans son comté ainsi que la tutelle française.
Le monnayage de l’argent sous les comtes
Louis de Nevers (1322-1346)
et
Louis de Male (1346-1384)
1ère période de 1330 à 1337 ou période du demi Gros
on frappe le demi Gros et le quart de Gros
2ème période de 1337 à 1365 ou période du Gros
on frappe le Gros dit Compagnon ou Gros au lion et aussi des 1/3 Gros
3ème période de 1365 à 1384 ou période du double Gros
on frappe des doubles Gros mais aussi des doubles 1/3 de Gros, des 1/3 de Gros, des
1/2 Gros et des 1/4 de Gros.
De plus dans ces périodes il faut mentionner les monnaies noires destinées à l’usage
courant :
- la mite sous Louis de Nevers et qui valait ½ denier parisis
- la double mite sous Louis de Male
Période du demi-gros (1330-1337)
Tous les auteurs qui se sont penchés sur la question sont unanimes pour affirmer
qu’avant 1337 aucun Gros d’argent ne fut frappé par louis de Nevers les espèces
monnayées étant des demis et des quarts de Gros.
Demi Gros : valant 6 deniers parisis, à la taille de 114 au marc de Paris, poids
théorique de 2,15 gr et au titre de 0,839 gr d’argent fin.
Quart de Gros : valant 3 deniers parisis, à la taille de 228 au marc, poids théorique de
1,07gr et au titre de 0,839 d’argent fin.
La frappe de ces monnaies considérées comme assez fortes est à mettre en rapport
avec le rétablissement de la bonne monnaie en France par Philippe VI en septembre
1329 lequel engendra une période de stabilité monétaire jusqu’au début de la guerre
de Cent ans (1337). D’autre part le rapport des valeurs de métaux fixé à 16 depuis
Philippe le Bel fut abaissé à 14, correspondant à un renchérissement de l’argent.
On notera qu’en novembre 1331 Louis de Nevers fit réduire l’aloi de ses espèces
d’argent de 12 grains, le ramenant à 10 deniers argent le roi soit 0,799 de fin, ce qui
constituait un affaiblissement de près de 5%.
Période du gros 1337-1365
Des affaiblissements importants pour l’histoire monétaire de la Flandre furent opérés
en 1337. En France les mutations commencèrent dès le 1 janvier 1337, soit 10 mois
avant la déclaration de guerre d’Edouard III d’Angleterre.
En Flandre le premier affaiblissement eut lieu le 25 mai 1337 et la frappe des demiGros fut abandonnée.
Deux nouvelles espèces furent introduites :
- le Gros dit « Compagnon »
taillé à 60,5 au marc soit un poids théorique de 4,05gr et 0,719 de fin ce qui faisait un
poids de 2,191gr d’argent fin. Sa valeur de compte était de 12 deniers parisis.
- le tiers de Gros
taillé à 181,5 au marc et au même titre. Par rapport au titre précédent du demi-Gros,
ce Gros dit « Compagnon » subit un affaiblissement de 8% et part rapport au Gros
tournois de Philippe VI frappé en septembre 1329 la baisse était de 26%.
Le Gros dit « Compagnon » en valeur intrinsèque ne valait donc plus que les 3/4 du
Gros tournois de Philippe VI.
Période de frappe du Gros dit « Compagnon » en l’atelier de Gand
- De mai 1337 au 15 février 1338 il fut frappé 2.188.376 Gros « Compagnon »
- Du 19 février au 20 mai 1338 il fut frappé 588.967 Gros « Compagnon »
- Du 24 juin au 7 novembre 1338 il fut frappé 453.296 Gros « Compagnon »
Ce qui faisait un total de 3.230.639 exemplaires
Le droit de seigneuriage étant de 5 marcs au marc d’argent le roi soit 234.47gr pour la
dernière période.
En octobre 1338 le rapport de valeur des métaux tomba subitement à 10,4 forçant le
Roi de France à altérer sa monnaie d’argent dorénavant émise au pied 24 ème. En
Flandre la frappe du Gros « Compagnon » devenait impossible et fut arrêtée le 7
novembre 1338.
Un an après, soit le 3 décembre 1339, fut conclu un traité de convention entre la
Flandre et le Brabant qui prévoyait la frappe d’une monnaie commune à Gand et à
Louvain.
C’est le Gros Compagnon qui fut choisi pour le Gros de convention. et la frappe en
Flandres serait faite de décembre 1339 à octobre 1343, date à laquelle prit fin le traité
de convention. On notera qu’en juin 1339 le rapport de valeur des métaux était
revenu à 12.
Pendant un an environ ce Gros de convention portait à l’avers les mots : GANDEN
LOVAIN puis on revint en 1340 au type traditionnel du Gros Compagnon.
Le comte Louis de Nevers décida de quitter la Flandre le 13 février 1339 après avoir
échoué dans sa tentative d’entraîner son comté dans le camp français. Il y revint en
octobre 1339 mais repartit immédiatement après avoir ratifié le traité de convention
avec le Brabant.
L’absence du comte posait problème car il ne pouvait y avoir d’approbation officielle
des comptes des monnaies et donc ceux-ci ne pouvaient être conservés aux archives
comtales.
Louis de Nevers revint en Flandre du 25 septembre 1340 au 13 juin 1341 et de juillet
1342 à la fin 1342.
En tant que vassal du Roi de France, Louis de Nevers participa à la bataille de Crécy
où il fut tué le 26 août 1346.
Son fils Louis de Male arriva en Flandre en novembre 1346.
Emission du Gros à partir de l’avènement de Louis de Male
L’arrivée du jeune comte coïncida avec une altération du titre du gros de l’ordre de
5% qui passa de 0,612 de fin à 0,558, la taille restant à 66 au marc donc un poids
théorique de 3,71gr.
Au même moment en France Philippe VI n’était pas en mesure d’émettre de la
monnaie d’argent et il fallut attendre janvier 1349 pour retrouver la frappe d’une
monnaie blanche. Il s’agissait du Gros tournois à la queue qui valait 15 deniers
tournois et était émis au pied 36ème .
En Flandre l’altération permit de faire fonctionner l’atelier de frappe à plein régime.
Atelier de Gand
- du 24 novembre 1346 au 11 août 1347 il fut frappé 3.565.782 Gros Compagnon
- du 24 décembre 1347 au 11 novembre 1348 il fut frappé 3.754.800 Gros
Compagnon
- du 24 décembre 1348 au 21 février 1349 il fut frappé 720.000 Gros Compagnon
sans aucune altération au titre et sans modification de la taille.
Au total on frappa à Gand de novembre 1346 à février 1349 près de huit millions de
Gros qui produisaient au Comte 7086 livres parisis de revenus.
Le type de ce Gros était le même que celui attribué à la dernière émission du règne de
Louis de Nevers : le « Compagnon » avec la croisette initiale dans la légende. Il resta
inchangé jusqu’en mars 1364.
Il y eut 7 émissions de novembre 1346 à mars 1364 et les ateliers de frappe furent
Gand, Bruges, Malines.
Le Gros dit « Compagnon » de Louis de Male eut une circulation très étendue.
Pendant quelques années ce fut la monnaie internationale de l’Europe occidentale,
cette circulation étant prouvée par l’étude de quelques trésors monétaires.
Atelier de Bruges
- du 5 septembre 1349 au 1 août 1350 il fut frappé 4.137.360 Gros, les
caractéristiques étant toujours les mêmes : taille 66 au marc soit un poids théorique
de 3,71gr, titre à 0,558 de fin.
- du 7 août 1350 au 20 avril 1351 il fut frappé 1.384.680 Gros auxquels s’ajoutent
979.875 tiers de Gros.
- du 21 avril 1351 au 27 mai 1351 il fut frappé 128040 Gros auxquels s’ajoutent
292.500 tiers de Gros.
Ces différentes frappes procurent au comte un revenu de 6999 livres parisis, c’est à
dire 2 Gros au marc d’argent le roi .
En France Jean II le Bon succéda à son père le 22 août 1350 mais les émissions à son
nom ne commencèrent que le 18 mars 1351. Les mutations monétaires reprirent alors
dans des proportions jamais encore atteintes, les affaiblissement étant de temps à
autre suivis de réévaluations marquées par autant de nouveaux types.
- à partir du 28 mai 1351 le Gros « Compagnon » fut émis à 6 deniers 12 grains
d’aloi soit 0.518 d’argent fin c’est à dire le titre des 1/3 de Gros fabriqué depuis
novembre 1350 ! !
- du 28 mai 1351 au 31 décembre 1351 il fut frappé 2.049.300 Gros auxquels
s’ajoutèrent 409.500 1/3 de Gros (esterlin) dont la frappe fut abandonnée.
- du 15 janvier 1352 au 5 septembre 1353 il fut frappé le nombre imposant de
6.149.640 Gros générant 10092 livres parisis de seigneuriage.
- du 7 septembre au 24 octobre 1354 il fut frappé un nombre assez modeste de
318.120 Gros dont le titre fut abaissé à 0,506 d’argent fin.
Le seigneuriage était porté à 5 Gros au marc d’argent le roi et rapporta au comte la
somme de 615 livres 19 sols parisis.
L’émission précédente est la dernière effectuée dans l’atelier de Bruges sous la
direction de Johan Percheval maître de la monnaie d’argent qui devait décéder le 24
octobre 1354.
Atelier de Gand réinstallé au château comtal
D’importants aménagements furent réalisés pour un montant de 1800 livres parisis et
cette nouvelle localisation permettait au comte de renforcer sensiblement son contrôle
sur la frappe des monnaies.
Le 20 décembre 1354 Louis de Male prescrivit que le Gros Compagnon serait à 69 de
taille par marc d’où un poids théorique de 3.55gr et à 0.492 d’argent fin.
Le poids d’argent fin par Gros était donc de 1.74 gr (on rappelle qu’à la première
frappe en 1337 du Gros Compagnon celui –ci avait un poids théorique de 4,05gr et
faisait 2,91 gr d’argent fin).
D’autre part pour la première fois des ordonnances nous dévoilent au même moment
les prix pratiqués pour l’achat des métaux ce qui nous permet de mieux cerner le
processus de la retenue exercée sur le métal lors de la frappe.
Ainsi le marc d’argent le roi était payé 118 Gros et en valait intrinsèquement 134,5.
Une fois le seigneuriage payé (4 Gros) il restait 12,5 Gros au maître de la monnaie
pour ses frais et son bénéfice.
La valeur intrinsèque du marc d’argent se faisait comme suit :
1 marc = 244,75gr
1 marc d’argent le roi = 244,75 x 0,956 = 233,98gr payé 118 Gros au marchand
dans 1 marc d’argent le roi on faisait 233,98 soit 134,5 Gros
1,74
d’où la différence 134,5 – 118 = 16,5 Gros cités plus haut.
La retenue exercée sur l’argent représentait ainsi 12% de sa valeur alors que celle de
l’or était d’un peu moins de 4%.
Cette différence explique les valeurs contradictoires trouvées pour le rapport des
métaux selon qu’on le calcule d’après le prix du marc payé aux marchands ou d’après
la valeur intrinsèque des espèces.
Dans le premier cas il était de 11,4 et dans le second cas il était de 10,4.
Cette incohérence fut certainement une des causes de l’instabilité du cours des
monnaies d’or par rapport à celles d’argent.
La double altération prescrite par Louis de Male le 20 décembre 1354 permit
d’alimenter l’atelier de façon substantielle.
- du 20 décembre 1354 au 9 mai 1355 il fut frappé 1.611.150 Gros
- du 9 mai 1355 au 24 décembre 1355 il fut frappé 2.525.400 Gros
Le maître de la monnaie rendit ses comptes à Gand le 16 mai et le 25 novembre 1355
en présence du comte Louis de Male et de son conseil, du receveur du chancelier, du
garde de la monnaie et du maître des comptes.
- du 20 février au 18 novembre 1356 il fut frappé 4.150.350 Gros aux mêmes
caractéristiques.
- du 11 mars 1357 au 22 juillet 1357 il fut frappé 3.639.750 Gros
La frappe de l’or et de l’argent ayant été massive, le montant total du seigneuriage fut
de 31563 livres 10 sols parisis. Jamais les revenus de la monnaie n’avaient été si
élevés et ses recettes étaient vraiment bienvenues pour financer la guerre de
succession du Brabant.
Le 27 juillet 1357 le maître de la monnaie Bardot du Malpelys remit son compte en
présence de Louis de Male et de son conseil. Quelques jours plus tard il disparut en
laissant un passif considérable.
L’activité de l’atelier repris très rapidement sous la direction, pour la monnaie
d’argent, de Aldrigo Enterminelly.
- du 29 juillet 1357 au 4 novembre 1357 il fut frappé 1.191.300 gros
- du 5 novembre 1357 au 22 octobre 1359 il fut frappé 7.376.100 gros
Ouverture de l’atelier de Malines
La guerre de succession du Brabant se termina le 4 juin 1357 par la paix d’Ath et le
comte Louis de Male pouvait s’estimer satisfait car il obtenait pour sa femme
Marguerite, Anvers et ses dépendances et se voyait attribuer définitivement la
seigneurie de Malines qui avait fait l’objet d’un long contentieux. Le comte de
Flandre pouvait même se prévaloir du titre de duc du Brabant.
Le 14 juillet 1357 s’ouvrait à Malines un nouvel atelier monétaire mais l’activité de
celui-ci ne devait pas satisfaire le comte et son entourage. En effet
- du 8 octobre 1357 au 4 novembre 1357 il ne fut frappé que 51.750 Gros, soit
environ 4.4% de la production de Gand pendant la même période.
- du 12 novembre 1357 au 17 juin 1358 il fut frappé 1.360.675 Gros, production
certes améliorée mais ne représentant que le 1/3 de celle de Gand.
Les comptes de l’atelier de Malines du 17 juin 1358 au 22 octobre 1359 ayant été
perdus, nous ne pouvons pas en estimer l’activité, mais nous savons que des Gros
furent quand même frappés.
Par contre une nouvelle mutation nous est révélée par les comptes de Gand et de
Malines commençant le 23 octobre 1359. Le Gros passera à la taille de 70 au marc
faisant un poids théorique de 3,50 gr et au titre de 0,479 d’argent
- du 23 octobre 1359 au 4 décembre 1361 il fut frappé 8.207.500 Gros à Gand et
1.473.500 Gros à Malines mais jusqu’au 26 juin 1361 seulement.
L’atelier de Malines restait toujours moins productif que celui de Gand,
l’approvisionnement en métal y devenait de plus en plus aléatoire.
Le 4 décembre 1361 une nouvelle altération du Gros « Compagnon » fut décidée, la
taille passant de 70 à 72 au marc soit un poids théorique de 3,4 gr et le titre ne
changeant pas.
Pendant ce temps en France, la paix ayant été signée avec l’Angleterre (traité de
Calais 24 octobre 1360) et Jean II libéré, le renforcement de la monnaie se fit par
étapes.
Le Gros tournois fut réintroduit le 14 avril 1361 au très bon aloi de 12 deniers argent
le roi soit 0,956 de fin mais plus léger que le Gros tournois traditionnel. La taille était
de 84 au marc soit un poids théorique de 2,92 gr ce qui faisait un gros tournois au
pied 21ème.
En Flandre, du 4 décembre 1361 au 12 septembre 1362 il fut frappé 1.989.000 Gros
« Compagnon » et cette émission, la septième, rapporta au comte la somme de 2071
livres 17 sols 6 deniers parisis.
Le 31 décembre 1362 une nouvelle altération du Gros « Compagnon » eut lieu, la
dernière pour ce type de monnaie. La taille passait à 78 au marc soit un poids
théorique de 3,14 gr, le titre restant de 6 deniers d’argent le roi soit 0,479 d’argent
fin.
Le prix du métal argent aux marchands était de 132 gros et le seigneuriage du comte
fixé à 3 Gros au marc.
L’émission de ce type ne débuta qu’un an plus tard à Malines soit le 31 décembre
1363.
D’après les caractéristiques de la nouvelle émission du Gros « Compagnon », la
huitième, le rapport des métaux (or ou argent) calculé d’après la valeur intrinsèque
des monnaies était de 11 et passait à 12,6 selon le prix du marc de métal payé aux
marchand.
L’atelier de frappe fut déplacé le 22 juillet 1363 de Gand à Malines.
- du 1 décembre 1363 au 2 mars 1364 on ne frappa que 456.300 Gros qui ne
générèrent que des recettes anecdotiques.
Pour que cette dernière émission puisse être réalisée , le prix du marc d’argent le roi
offert aux marchands avait dû être augmenté considérablement, passant de 132 à 146
gros.
En valeur intrinsèque le Gros « Compagnon » de la dernière émission qui contenait
1,57 gr d’argent fin représentait à peine un peu plus de la moitié du gros compagnon
créé le 25 mai 1337 qui en contenait 3,03 gr.
L’atelier de frappe fut ramené au château de Gand le 4 mars 1364.
- du 20 janvier 1346 au 2 mars 1364 il fut frappé 57.389.679 gros qui nécessitèrent
452260 marc d’argent le roi (voir tableaux page 22).
L’année 1365 fut marquée en Flandre par une importante réforme monétaire devenue
inévitable en raison de la dépréciation du Gros « Compagnon » et de la monnaie
d’or : le mouton.
Ce Gros, frappé depuis près de 30 ans, fut remplacé par une nouvelle monnaie
d’argent qui avait cours pour 2 Gros. Elle était taillée à 57 au marc soit un poids
théorique de 4,29 gr, à l’aloi de 8 deniers soit 0,639 de fin. Ceci faisait donc 2,74 gr
d’argent fin pour 2 Gros.
Le Gros en tant que monnaie réelle n’existait plus mais il était toujours présent à
travers cette pièce de 2 Gros comme valeur de compte.
Il représentait 1,37 gr d’argent fin ce qui représentait un affaiblissement de près de
10% par rapport au Gros « Compagnon » de la dernière émission (décembre 1363 à
mars 1364) dont la teneur en argent fin était de 1,57 gr.
L’érosion monétaire était toujours présente.
Gros « Compagnon » frappé en 1337
sous Louis de Nevers
avers : lion au centre MONETA FLAND
petit aigle bicéphale,
douze feuilles en bordure
revers : BNDICTV SIT NOME…..
en légende extérieure
croix pattée coupant la légende inférieure
LUD.OVI.C COMES
Gros « Compagnon » frappé à partir de 1348
sous Louis de Male
avers : identique au précédent sauf
le remplacement du petit aigle bicéphale
par une croisette
revers : identique au précédent
Sources
La monnaie des comtes de Flandre – Louis de Nevers (1322-1346) et
Louis de Male (1346-1384) d’après les comptes et les ordonnances
monétaires par Olivier ELSEN
Publié par la Revue Belge de Numismatique 1995
Au lecteur qui voudrait étudier la totalité des monnaies (or, argent, billon)
de cette époque tant en France qu’en Flandre, nous conseillons vivement
l’utilisation des sources précitées.
Dans les deux cas :
il aura des détails historiques et numismatiques (ateliers, points secrets,
différents) et avec l’étude de Mr Elsen il trouvera les références et de
nombreux documents conservés aux archives départementales du Nord
Série B.
Téléchargement