18 LA FORMATION DU CAPITAL PAR L’INVESTISSEMENT On donne à la notion de capital des sens très différents. Mais quelle que soit la forme qu’il prend, il demeure, avec le travail, un facteur de production fondamental. Et son accumulation, c’est-à-dire l’augmentation du stock de capital obtenue par l’investissement, constitue un objectif essentiel en système capitaliste. CAPITAL ET INVESTISSEMENT q Les multiples formes du capital La notion de capital renvoie d’abord à une dimension financière : il s’agit de l’ensemble des ressources dont dispose un agent et qui sont engagées pour faire fonctionner une entreprise. Une partie de ce capital est constituée des différents apports effectués par les associés : c’est le capital social. Le complément correspond à des capitaux empruntés. La deuxième dimension de la notion de capital est physique; il s’agit du capital technique (ou « capital fixe »), c’est-à-dire de l’ensemble des moyens matériels durables, qui peuvent être utilisés plusieurs fois au cours du processus de production. On y trouve les biens d’équipement (terrains, bâtiments, machines…), mais aussi les équipements collectifs à la disposition des agents et sans lesquels aucune activité productive ne pourrait être mise en œuvre. D’autres moyens durables sont également utilisés à des fins productives sans présenter un aspect matériel : il s’agit du capital immatériel formé par exemple des brevets, des logiciels… Certains y ajoutent le capital humain et le capital technique. La dernière forme de capital, le capital circulant, comprend les moyens matériels et immatériels que les unités de Le capital humain production utilisent et qu’il faut renouveler à chaque étape du processus de production Il désigne les dépenses pour l’éducation, (l’électricité, les matières premières ou la la formation professionnelle ou les soins réparation du photocopieur par exemple). q Les flux de capital : l’investissement médicaux que les individus engagent afin de maximiser leurs revenus. La notion de capital humain a été développée par Gary Becker, prix Nobel d’économie en 1992. Sommairement, on peut définir l’investissement comme une dépense devant être récupérée sur une période supérieure à l’année. Pour un ménage, elle correspond seulement à l’achat de biens immobiliers. Pour une entreprise, cette dépense porte sur des biens de production qui s’ajoutent à un stock de capital existant ou le remplacent. Le processus d’investissement correspondant à un flux d’entrée de capital fixe nouveau est donc à l’origine de l’accumulation de ce capital. Mais pour que celle-ci ait lieu, il faut que les flux d’entrée de capital soient supérieurs aux flux de sortie, c’est-à-dire aux déclassements du capital existant. En effet, le stock de capital se trouve déprécié avec le temps. Cette perte de valeur du capital est prise en compte par l’amortissement. Du coup, on mesure l’investissement net comme la différence entre l’investissement brut (désigné par la Comptabilité nationale par l’expression « formation brute de capital fixe [FBCF] ») et l’amortissement. 46 L’INVESTISSEMENT DES ENTREPRISES FRANÇAISES q L’investissement financier et l’investissement productif On distingue deux formes traditionnelles d’investissement des entreprises : l’investissement financier et l’investissement productif. Le choix entre l’un ou l’autre varie selon la conjoncture économique et la stratégie des firmes. L’investissement financier est le processus qui permet une croissance externe. Ce processus, appelé « concentration », est en plein essor (voir fiche 15). L’investissement productif se réalise par la mise en place de nouveaux matériels, de nouvelles usines. Sa mesure par le taux d’investissement (rapport de la FBCF à la VA en %) laisse apparaître une lente diminution depuis de nombreuses années en France. Cet investissement peut prendre des formes diverses : investissement de renouvellement (remplacement du matériel usagé), mais surtout investissement de capacité ou de productivité. Les investissements de productivité ont pour but de rationaliser l’outil de production et de réduire les coûts par l’utilisation d’un matériel plus performant. À l’inverse, l’objectif d’un investissement de capacité est d’accroître les capacités de production pour faire face à une forte demande anticipée. q L’investissement immatériel Les dépenses de recherche et développement, de formation, de mercatique et de logiciels (jusqu’en 1999) forment l’investissement immatériel. Celui-ci occupe une place de plus en plus grande dans les stratégies de croissance des entreprises, car il conditionne leur compétitivité. En effet, d’une part ces dépenses améliorent l’efficacité du système productif; d’autre part, elles sont à l’origine des innovations qui permettent de conquérir de nouveaux marchés. Depuis 1999, la réforme de la Comptabilité nationale a intégré les achats de logiciels et ceux de la prospection minière dans les investissements matériels. L’ÉVOLUTION EN VOLUME DE LA FBCF ET DU PIB EN FRANCE En % 10 8 Produit intérieur brut 6 FBCF 4 2 0 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 -2 -4 Source : INSEE, Comptes nationaux. 47