DES GENS BIEN Mercredi 27 avril

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THEATRE
DES GENS BIEN
Mercredi 27 avril
Théâtre Debussy – Palais des Festivals et des
Congrès – 20h30
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Renseignements
Palais des Festivals et des Congrès - Direction de l’Evénementiel
La Croisette CS 30051 - 06414 CANNES Cedex - Tél. : 04 92 99 33 83
Tarifs
1ère Série Orchestre : Public 40€ / Réduit 37€ / Abonné 34€
2e Série Balcon : Public 30€ / Réduit 27€ / Abonné 24€ / jeune 12€ / Enfant 10€
Points de vente
Billetterie Palais des Festivals et des Congrès : ouverte du lundi au samedi (sauf jours fériés)
de 10h à 18h et 1h avant chaque représentation sur le lieu du spectacle.
Tél. : 04 92 98 62 77 - [email protected] - www.palaisdesfestivals.com
Points de ventes habituels : Fnac, Virgin, Cultura, Carrefour, Auchan, E. Leclerc, Géant
Casino, Cora, Intermarché, fnac.com, ticketnet.fr, et digitick.com
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Contacts Presse
Elisabeth Lara – 04 92 99 84 46 – [email protected]
Blandine Dugenetay – 04 92 99 84 45 [email protected]
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DES GENS BIEN
Un texte de David Lindsay-Abaire
Adaptation française de Gérald Aubert
Mise en scène d'Anne Bourgeois
Assistée de Sonia Sariel
Avec
Miou-Miou
Patrick Catalifo,
Isabelle de Botton,
Aïssa Maïga,
Julien Personnaz,
Frédérique Tirmont
Nomination Molières 2015, comédienne Théâtre privé Miou-Miou
Scénographie : Nicolas Sire
Lumières : Laurent Béal
Costumes : Brigitte Faure-Perdigou
Musiques & Sons : Jacques Cassard
L’histoire
Boston, quartiers pauvres. Margie, mère célibataire d’une adulte handicapée, se débat pour
s’occuper de sa fille et trouver du travail, sans se départir d’un humour glacé qui la fait tenir
debout.
Sur les conseils de ses amies, elle retrouve la trace de Mike, son ancien amour, issu comme
elle de la classe ouvrière mais devenu un médecin aujourd’hui reconnu. Convaincue qu’il
peut lui trouver du travail, elle s’invite à son domicile et remue le passé…
Qui sont les « gens bien » ? La notion de réussite doit-elle distinguer les gens qui ont de la
chance de ceux qui travaillent plus dur que les autres ?
Des personnages hyperréalistes au langage corrosif, une humanité qui se débat entre misère
sociale, chômage et fatalité, une réflexion aussi drôle que terrible sur la condition humaine.
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Note d’intention de mise en scène
Dans cette pièce foisonnante de thèmes d’actualité, le miroir sociologique que nous renvoie
l’auteur est presque conforme à la réalité, à ceci près que nous sommes au théâtre et que
son écriture fouille à l’intérieur d’êtres spectaculaires. Cependant, comme dans la vraie vie,
ses personnages ne sont ni ceci ni cela, ils sont à la fois beaux et trompeurs, l’on éprouve de
la compassion pour eux, tout comme ils nous semblent souvent absolument odieux… Une
chose est sûre, on rit de la capacité de l’auteur à nous brosser sans nous embellir, avec nos
défauts, nos sournoiseries et nos courages éphémères, nos actes héroïques et nos puretés
subites, nos phrases assassines et nos trahisons à répétition que nous considérons pourtant
comme minuscules… Etre quelqu’un de bien, (nous dit-il,) c’est quoi ?
Le bien surgit de là où on ne l’attendait pas, et le mal est une notion toute relative dans nos
sociétés de consommation. Chaque personnage de la pièce a de bonnes raisons pour agir, la
première étant de gagner sa vie. Et chacun est persuadé d’être, au plus profond de son être,
quelqu’un de « bien ». Le spectateur n’est pas dans ce débat, il jubile de la fresque qui se
déroule sous ses yeux : « bien » ou non, ces personnages souffrent, respirent, rient, mangent
et boivent pour ne pas mourir, et ne font somme toute, que ce qu’ils sont capables de faire.
On pense autant à Brecht qu’au cinéma d’auteur : on nous parle de l’être humain et de sa
conscience, mais aussi de son impuissance.
Anne Bourgeois
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REVUE DE PRESSE
Attention : Brigitte Catillon, créatrice du rôle de Jean au Théâtre Hébertot, et éventuellement citée
dans les critiques ci-dessous est remplacée en tournée par Frédérique Tirmont
Miraculeuse Miou-Miou
L'actrice effectue un retour d'une admirable délicatesse dans "Des gens
bien", de David Lindsay-Abaire, une pièce mise en scène par Anne
Bourgeois.
Le théâtre américain nous paraît souvent un peu carré, ou pataud, ou bien
empêtré dans un réalisme désuet. Mais il sait aborder les réalités sociales, faire appel à l'émotion un sentiment que la plupart de nos auteurs ne savent même plus utiliser. On comprend donc que le
théâtre Hébertot n'ait pas hésité à faire traduire Des gens bien, écrit par un auteur dont nous ne
savons pas grand-chose, David Lindsay-Abaire (il a eu quelques récompenses de l'autre côté de
l'Atlantique, mais les awards, là-bas, se ramassent à la pelle).
La pièce traite d'un thème qu'on aborde généralement dans la bonne conscience : il s'agit de la
cohabitation des riches et des pauvres, de la vie de nos sociétés inégalitaires où les classes sociales
cohabitent sans que les favorisés se posent trop de questions sur les défavorisés. David LindsayAbaire a le mérite de ne pas tomber dans l'angélisme ou le pamphlet. D'une plume calme et noire, il
conte un destin malheureux qui croise des destins plus heureux.
Une femme pauvre qui frappe à la porte des riches Caissière, Margaret arrive tous les jours en retard
à son travail. Elle a une excuse: sa grande fille est handicapée. Mais l'entreprise ne peut pas prendre
en compte sa vie privée. C'est l'un de ses meilleurs copains, un sous-fifre, mais néanmoins supérieur
hiérarchique, qui lui annonce qu'elle est virée. Que peut-elle faire pour s'en sortir ? On lui rappelle
que l'un de ses amis de jeunesse, qui a grandi avec elle dans les quartiers pauvres, a su gravir les
échelons pour devenir un médecin très coté. Elle lui rend visite, dans l'espoir que cet homme lui
permettra de sortir du chômage.
Les retrouvailles se passent bien. Le médecin invite même son ancienne camarade chez lui. Lui et son
épouse, une Noire, professeur d'université, brassent avec la visiteuse des souvenirs personnels et des
considérations sur le monde où ils évoluent. La discussion est d'abord amicale, l'épouse montre
beaucoup d'affection pour cette ouvrière. Mais l'harmonie se gâte peu à peu. La prolétaire a des
choses très désagréables à rappeler, les riches se montrent accueillants à condition de ne pas être
poussés au-delà d'une certaine limite de confort moral et financier...
Le pastel de Miou-Miou Le texte de David Lindsay-Abaire bénéficie d'une belle adaptation de Gérald
Aubert, qui sait donner de l'élégance au langage parlé et fait entendre le parler populaire dans une
grande justesse, sans passer par les clichés ou une trivialité appuyée. La mise en scène d'Anne
Bourgeois n'amplifie pas le drame, le met en place comme sans y toucher, chargeant les suspens et
les silences d'être aussi clairs que les paroles. Lindsay-Abaire a tendance à installer ses scènes, Anne
Bourgeois à les alléger, à leur donner une incertitude, une ambiguïté, de sorte que rien n'est joué
d'avance, ou rendu prévisible par un dessin au crayon noir.
Surtout, il y a Miou-Miou dans le rôle de Margaret la malheureuse prolétaire. Il y a longtemps qu'on
ne l'avait pas vue au théâtre. Elle effectue un retour d'une infinie délicatesse. Elle semble toujours
habillée de silence. Qu'elle dise des mots sensibles ou envoie des piques amères, elle ne sort pas
d'une perpétuelle douceur. Rêveur et secret, son personnage, tel qu'elle le compose, ignore la colère
et l'âpreté. Il est à la fois ici et ailleurs, dans la compréhension et la bienveillance. Le jeu de MiouMiou, les pieds sur terre et la tête dans les étoiles, est tout à fait miraculeux. Elle est un pastel qui en
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dit plus long qu'une peinture, qui atteint la profondeur rien que par la suggestion, la touche la plus
fine.
Style musclé À côté d'elle, Patrick Catalifo, qui joue le médecin arriviste et arrivé, recourt à un style
plus musclé, fait de réactions nerveuses et contradictoires. Le contraste avec l'interprétation de
Miou-Miou est parfait. L'un et l'autre illustrent deux humanités opposées. Aïssa Maïga interprète le
rôle difficile de la femme noire embourgeoisée, à la générosité trompeuse et superficielle. Elle la
campe dans la nuance, sans chercher les rires, ce qui rend le portrait encore plus complexe et
terrible. Brigitte Catillon, Isabelle de Botton et Julien Personnaz se chargent des rôles restants - tous
situés au bas de l'échelle sociale - en associant des tempéraments différents d'une manière souvent
plaisante, dégageant ce que peut avoir de comique ce texte surtout nourri de tragédie quotidienne.
C'est dans de telles soirées que le théâtre prend victorieusement ses distances avec la télévision et
les récits charbonneux d'une certaine écriture moderne. Ici, les sentiments vibrent dans une musique
sourde et magnifique, comme craque une fine couche de glace sous les pas.
Gilles Costaz, Le Point, 14 février 2015
Miou-Miou, la noblesse des humbles
Très bien entourée, et dirigée par Anne Bourgeois, elle incarne avec une
grande retenue l'héroïne d'une pièce américaine contemporaine. « Des
gens bien » est une plongée dans le monde des pauvres, à Boston.
Elle est fine, frêle, têtue, très intelligente et fière, cette Margaret que l'on découvre le jour où le
responsable du magasin, dans lequel elle est caissière, lui annonce qu'il est obligé de la renvoyer à
cause de ses retards répétés. Elle a ses raisons, Margie. Une grande fille qu'elle élève seule et dont
on comprend vite qu'il faut quelqu'un pour la surveiller. Dottie (Isabelle de Botton), sa logeuse, qui
garde Joyce, n'a pas le sens de la ponctualité. Un engrenage prosaïque… mais un engrenage tragique.
Stevie (Julien Personnaz), que Margie a connu enfant, est lui-même ligoté par sa hiérarchie.
Un point de départ simple pour une pièce que l'Américain David Lindsay-Abaire développe en
longues scènes, traduites avec fluidité par Gérald Sibleyras, comme les stations d'une quête sur fond
de tableau social. Retrouver du travail, dans les quartiers pauvres de Boston, de nos jours, c'est
mission difficile, sinon impossible, malgré la solidarité, vertu première des démunis, ici.
Jean, une de ses copines (Brigitte Catillon), partenaire de bingo, la grande machine à espérer de ce
milieu défavorisé, lui suggère de demander de l'aide à un ancien camarade de collège. Il a réussi, lui.
Il est devenu médecin et habite les beaux quartiers, bien loin…
Margaret retrouve Mike (Patrick Catalifo). Elle force un peu la porte de son cabinet, ce qui offre à
l'auteur l'occasion d'un très beau face-à-face. On touche là le fossé qui sépare, malgré l'enfance
heureuse partagée, les amours envolées. Il n'a pas oublié ses origines, il aide les jeunes. Mais
quelque chose est rompu entre eux. Il a traversé un mur.
Une comédie cruelle
Et lorsqu'elle s'invite chez lui et rencontre son épouse, Kate (Aïssa Maïga), professeur de littérature,
fille du patron de la faculté, Margie est dans une impasse. Elle a tiqué, dans le bureau, en découvrant
la photo de Kate: une Noire splendide dont le père a réussi… Lui aussi a traversé un mur quand
Margie est restée de l'autre côté, et la sollicitude de Kate la blesse.
Les scènes, copieuses, se succèdent dans le décor à transformations rapides de Nicolas Sire. L'auteur
injecte des moments savoureux dans cette comédie cruelle et l'on rit beaucoup. Anne Bourgeois met
en scène avec son art sûr des rythmes et de la direction d'acteur.
La distribution est remarquable. Isabelle de Botton compose une Dottie voyante et larguée ; Brigitte
Catillon est une Jean pragmatique qui ne s'embarrasse pas d'états d'âme et s'habille comme une
bourgeoise branchée. Aïssa Maïga dessine très bien Kate, dont l'auteur laisse entendre au passage
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que son mariage n'est peut-être pas aussi réussi que cela… Julien Personnaz confirme les qualités
qu'il dévoilait en début de saison dans Les Cartes du pouvoir. On retrouve avec un grand plaisir
Patrick Catalifo, forte personnalité, excellent dans une partition délicate.
Miou-Miou fascine. Elle défend, sans démonstration aucune, cette Margie capable de méchanceté,
d'intolérance, cette femme complexe et pure, qui ne connaît pas toutes les règles du jeu social mais
qui décoche ses flèches avec esprit. Une femme contrastée et digne, libre. La comédienne cherche au
plus profond la vérité du personnage. Sa voix fruitée, tendre jusqu'à la blancheur, son maintien, sa
sobriété, tout fait de Margie une grande figure du théâtre contemporain.
Armelle Héliot, Figaro, 9 février 2015
Il était une fois l’Amérique en crise, au théâtre Hébertot
Hébertot on Broadway… Le théâtre parisien est passé cette saison sous
pavillon américain ! Après la satire politique – la machine électorale US
épinglée dans « Les Cartes du pouvoir » –, place à la critique sociale, avec
« Des gens biens » (« Good People ») de David Lindsay-Abaire. Ce n’est pas pour rien que cette
comédie grinçante a reçu le Critic Award de la meilleure pièce à New York en 2011. Même si elle est
un peu bavarde, elle offre une chronique sans concession de la crise qui frappe depuis 2008 les EtatsUnis et le monde.
Dans un quartier pauvre de Boston, Margaret, une caissière quinqua, est virée de son travail – suite à
ses retards répétés dus à la prise en charge de sa fille handicapée. Faute de pouvoir payer le loyer à
l’amie qui l’héberge, elle risque de se retrouver à la rue. En désespoir de cause, elle va frapper à la
porte de son ancien petit ami devenu médecin dans la partie huppée de la ville, pour solliciter un
travail. Ce dernier, marié à une jeune Noire lettrée, n’a pas envie de remuer le passé. Avec sa
conscience de classe aiguë, son franc-parler et sa rage de s’en sortir, Margaret va provoquer un
séisme, jusqu’à faire vaciller le couple parfait.
« Des gens biens » a un côté formaté comme une (bonne) série US, mais peu à peu le côté trash à la
Cassavetes l’emporte. Dommage que la mise en scène sensible d’Anne Bourgeois soit un peu trop
sage […].
Bouleversante Miou-Miou
Par leur jeu âpre et intense, les comédiens corrigent heureusement le tir. Et d’abord Miou-Miou,
bouleversante d’ambiguïté dans le rôle de Margaret. Porte-parole des déshéritées, à la fois loup et
agneau, elle montre combien il est difficile de rester « good people » quand on est sans le sou.
Lumineuse comédienne qui sait incarner toute la condition humaine !
Brigitte Catillon et Isabelle de Botton sont irrésistibles dans le rôle des « copines » déjantées. Patrick
Catalifo endosse parfaitement le rôle ingrat du bourgeois parvenu, lâche et imbu de lui-même. Aïssa
Maïga donne force et grâce au rôle de Kate (sa femme) – une révélation. Enfin, Julien Personnaz est
touchant dans le rôle de Stevie, le jeune manager tiraillé par sa conscience. Quand le théâtre privé
donne dans le pamphlet social… « The times they are a changin’ », comme dit la chanson. Philippe
Chevilley, Les Echos, 9 février 2015
Miou-Miou au théâtre, une femme bien
Accompagnée d’une distribution complice, Miou-Miou retrouve les
planches, irradiante dans cette comédie douce-amère sur les pauvres gens.
Elle s’appelle Margaret. Elle est caissière dans un supermarché. Elle gagne
9,20 dollars de l’heure. Juste de quoi payer son loyer. Mais elle « s’en sort ». En bonne fille des «
quartiers sud », ces quartiers pauvres de Boston, elle a appris à se débrouiller.
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Son seul souci, c’est sa grande fille, handicapée mentale, qu’elle élève seule. Dottie, sa propriétaire,
la garde en son absence. Or, elle doit souvent l’attendre, au risque d’être de plus en plus souvent en
retard à son travail. Jusqu’au jour où son jeune « manager », qu’elle a connu gamin, lui annonce
qu’elle est renvoyée. Elle a beau supplier, proposer une baisse de son salaire, rien n’y fait.
Ses amies lui conseillent d’aller demander secours à Mike, qui fut son « petit copain », quand elle
avait 16 ans. Il est devenu médecin et habite de l’autre côté de la ville, le côté chic. Margaret se
résout à l’appeler, mais, bien sûr, rien ne se passera comme prévu… Les « pauvres » restent des «
pauvres », et les « riches » des « riches », surtout lorsqu’ils sont « nouveaux »…
De Broadway à Paris
Présenté à Paris, Des gens bien marque le retour de Miou-Miou à la scène, dans le rôle de Margaret.
Créée en 2011 à Broadway, où elle a triomphé, la pièce est signée David Lindsay-Abaire, scénariste et
auteur de théâtre à succès, lauréat du prix Pulitzer théâtral en 2007. Issu lui-même de quartiers
populaires, il l’a manifestement nourrie de son expérience, bien qu’il se défende de toute
autobiographie.
Ce qui compte, c’est le regard qu’il porte sur une société où le fossé entre les riches et les pauvres ne
cesse de se creuser ; où, face à la persistance, voire l’aggravation, de la crise et du chômage, la
formule « il suffit de vouloir, pour pouvoir » sonne de plus en plus creux ; où, malgré les beaux
discours, le déterminisme social s’impose plus que jamais ; où la charité n’est, souvent, que bonne
conscience pour ceux qui la dispensent et honte pour ceux qui la reçoivent – question de dignité.
L’efficacité d’un bon scénario
Certes, il s’agit d’une « pièce américaine », avec tout ce que cela induit de distance en regard de la
réalité vue et vécue en Europe – et donc en France. Nul slogan révolutionnaire, nulle revendication
politique. L’idéologie s’en tient aux bons sentiments. L’écriture est sans écarts de langage, ni
débordements, ponctuée de formules à l’emporte-pièce : « Les souvenirs des pauvres, c’est toujours
un peu vulgaire » ; « C’est pas bien de parler d’argent. Surtout avec ceux qui en ont ! »
L’efficacité est celle d’un bon scénario. [...]
Un sextuor d’acteurs en parfaite harmonie
Ces scories n’interdisent pas de se laisser entraîner dans cette histoire attachante, d’autant plus que,
mise en scène par Anne Bourgeois, elle est interprétée par un sextuor d’acteurs en parfaite
harmonie. Si les personnages sont un tantinet taillés à la serpe, chacun lui apporte une existence
charnelle, une vérité propre.
Ainsi Patrick Catalifo, tout d’ambiguïté dans le rôle du médecin passé des bas aux beaux quartiers. En
quoi se renie-t-il ? En quoi se sert-il d’une jeunesse difficile pour jouer les héros qui construisent
seuls leur destin, à la force du poignet ? Que serait-il devenu s’il n’avait pas eu de père, comme
Margaret et beaucoup d’enfants de sa cité ? Un père qui l’a retenu alors qu’il était en train de
massacrer un adolescent de son âge, pour le seul motif qu’il était « noir ». Aurait-il connu la même
ascension sociale sans ses liens avec son professeur d’université, dont il a épousé la fille ?
Miou-Miou-Margaret
Cette fille, c’est Kate… une « noire ». Elle est interprétée par Aïssa Maïga, comédienne de grande
classe, qui parvient à merveille à échapper à tout poncif, faussement innocente, profondément
lucide. Il y a aussi Julien Personnaz, en « jeune manager » à l’humanité insoupçonnée ; Isabelle de
Botton, « propriétaire » un rien « allumée », mais qui derrière ses airs excentriques, compte ses sous
un par un ; Brigitte Catillon, superbe amie de Margaret, prête à jouer les dures pour ne pas se laisser
écraser par les autres.
Et puis, bien sûr, il y a Miou-Miou – Miou-Miou-Margaret, doit-on dire, tant elle se fond dans son
personnage, le fait sien. Sans doute y retrouve-t-elle cette adolescente qu’elle fut, quittant l’école à
16 ans, pour partir en apprentissage. Forte et fragile, vulnérable et fière, elle irradie, passant de la
douceur quasi maternelle à la méchanceté agressive quand il ne reste plus que la hargne pour seule
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arme. Mais toujours en retenue, à fleur de peau. En équilibre perpétuel sur le fil d’un rasoir invisible,
elle est le personnage combattant. La femme bien.
Didier Méreuze, 12 février 2015
Boston, quartiers pauvres. Margie (Miou-Miou très convaincante), mère
célibataire d'une adulte handicapée, se débat pour trouver du travail, sans
se départir d'un humour glacé.
En 1974, Miou Miou jouait le rôle de Marie-Ange, la shampouineuse, dans « Les Valseuses », aux
côtés de Gérard Depardieu et Patrick Dewaere dont elle partageait la vie. Quarante ans après, la
Bretonne du Nord-Finistère, de son vrai nom Sylvette Herry, revient au Théâtre Hébertot pour
interpréter Margareth dans « Des gens bien ». Une adaptation de « Good People » de l'Américain
David Lindsay-Abaire, l'un des grands succès de Broadway. Virée de son boulot de caissière de
supermarché à cause de son absentéisme, Margie, qui élève seule, dans les quartiers pauvres de
Boston, sa fille Joyce, handicapée, doit impérativement survivre. Et pour ce faire, elle renoue avec
Mikael, un amour de jeunesse, lui aussi issu d'un milieu populaire, devenu un riche médecin. Avec
ses deux copines (Brigitte Catillon et Isabelle de Botton), qu'elle retrouve régulièrement à la salle des
fêtes, Margie met au point un stratagème pour entrer dans le couple que forme Mike (Patrick
Catalifo) avec son épouse noire, Kate (Aïssa Maïga).
Un retour gagnant pour Miou-Miou
L'actrice, qui avait reçu un César en 1980 pour « La dérobade », revient donc à ses premières amours
après avoir débuté au Café de la Gare avec Coluche. Elle n'était pas remontée sur les planches depuis
douze ans, mais reconnaît dans une interview au Figaro avoir d'emblée aimé cette histoire à la Ken
Loach, le grand cinéaste britannique, fortement teintée d'humour. À presque 65 ans, notre Miou
Miou nationale n'a rien perdu de sa fraîcheur et de son apparence juvénile. Ce rôle à la fois grave et
primesautier lui ressemble car, elle aussi, comme son héroïne, a dû quitter l'école à 16 ans alors que
sa mère travaillait aux Halles et vendait des légumes.
Une pièce sur la morale, la réussite...
C'est donc une pièce sur la réussite, l'échec et la morale. La qualité humaine se partage-t-elle entre
ceux qui ont des principes et ceux qui ont les moyens d'en avoir ? Face aux réticences de Mike pour
prendre son ex à son service, ne serait-ce que comme baby-sitter, Margie déroule devant sa femme,
Kate, le récit de l'enfance de son mari et de son ascension sociale. Un portrait évidemment moins
flatteur qui irrite celui dont elle fut brièvement la maîtresse et qu'elle regrette aujourd'hui d'avoir
quitté un peu vite. Au point, d'ailleurs, de réécrire leur histoire et de placer le médecin dans une
situation embarrassante face à une femme encore jeune et naïve mais qui ne tardera pas à se
rebeller et à prendre la défense de son époux, furibard. La grandeur d'âme traverse-t-elle les classes
sociales ou est-elle un luxe que dans certaines situations critiques on ne peut s'offrir ? C'est donc le
thème universel de cette pièce sur la comédie des bons et des mauvais sentiments.
Hubert Coudurier, © Le Télégramme, 15 février 2015
Au théâtre Hébertot, les fauteuils sont moelleux. Pourtant Miou-Miou, de retour
sur les planches, parvient à mettre son spectateur en situation d’inconfort.
Adaptée du texte de David Lindsay-Abaire, la pièce ébranle toute opinion
manichéenne sur la misère et la réussite sociales. Entre chaque scène, point de
rideau rouge, mais une carte de Boston, qui dessine en filigrane les éternels
retours à la case départ de Margaret. Cette quinquagénaire, mère d’une enfant handicapée, tente de
retrouver du travail auprès d’un ancien amant, Mike, devenu docteur émérite. Des quartiers pauvres
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où le quotidien se résume à maison, boulot, parties de bingo, Margie tente de s’extraire en remuant
le passé. Avec sa bande son léchée et ses jeux d’acteur subtils, la mise en scène pointe la mince
barrière entre sentiments de légitimité et de culpabilité dans l’ascension sociale. Qui est le plus
méritant, celui qui se débat sans réussir ou celui qui finit par y arriver ?
Amandine Pilaudeau, La Vie, 19 février 2015
Retour gagnant pour Miou-Miou, irrésistible sur scène dans "Des gens bien"
Après 12 ans d'absence sur les planches, la comédienne incarne Margie, une
mère de famille des quartiers pauvres de Boston fraîchement licenciée qui part à
la recherche d'un emploi tout en s'occupant de sa fille adulte handicapée. Une
comédie sociale grinçante qui ne manque pas d'humour à découvrir sur la scène
du théâtre Hébertot à Paris.
Le chômage, Margaret (Miou-Miou) - Margie pour les intimes - ne l'avait plus connu depuis plusieurs
années. Alors quand elle est licenciée pour cause de retards multiples, cette mère célibataire issue
des quartiers pauvres de Boston va devoir remettre le pied à l'étrier. Objectif : décrocher un nouvel
emploi. Mais comment faire quand on a plus de 50 ans, une fille adulte handicapée qu'on ne peut
pas laisser seule et qu'on vient du soit disant "mauvais côté" de la ville ? S'appuyer sur ses anciennes
connaissances semble un bon compromis. Poussée par deux de ses copines, Margie se tourne alors
vers son ancien petit-ami Mike (Patrick Catalifo), qui a quitté la classe ouvrière pour un cabinet de
médecin du très huppé Chestnut Hill et une jeune épouse de bonne famille magnifique de 20 ans sa
cadette (Aïssa Maïga). Des gens bien, un choc entre deux mondes porté par une Miou-Miou très
convaincante en mère courage parfois désabusée et qui pourtant ne perd pas sa verve.
Pour son retour au théâtre après douze ans d'absence, la comédienne est omniprésente. Sans en
faire trop. Pas une scène ne se passe sans Margie, à qui l'on répète sans cesse que "quand on
cherche, on trouve". Alors elle finit par trouver. Surtout la petite bête quand il s'agit de mettre Mike
(Patrick Catalifo) face à son passé. Alors que le sujet peut sembler lourd, l'humour - souvent grinçant
- est toujours au rendez-vous dans cette pièce de David Lindsay-Abaire, traduite de l'anglais et joué
pour la première fois à Broadway il y a quatre ans. Les répliques les plus drôles échoient à Isabelle de
Botton, géniale et excentrique Dottie, l'amie et logeuse de Margie qui s'occupe de temps en temps
de sa fille Joyce.
Le bien/le mal : la vision manichéenne de la société remise en question
Mais les autres personnages ne sont pas en reste dans cette comédie sociale où personne n'est
entièrement ce qu'il laisse paraître. Brigitte Catillon (Jean) en copine guindée finalement pas si
froide, Aïssa Maïga (Kate) en épouse modèle à la vie finalement pas si parfaite, Patrick Catalifo (Mike)
en ancien petit caïd devenu une figure de la haute société et Julien Personnaz (Stevie), directeur de
supérette au grand cœur... L'ensemble de la distribution excelle dans ce jeu d'équilibriste. Cet entredeux passe également par la mise en scène épurée d'Anne Bourgeois qui amène le spectateur d'un
lieu à l'autre grâce à une grande carte de Boston taguée des mots "bad" et "good".
Car c'est finalement une réflexion sur le manichéisme de la société et les frontières pas si opaques
que ça entre le bien et le mal qui se dessine sur scène. Tous les personnages en sont persuadés : ils
sont des gens bien. Mais au fond, le sommes-nous tous vraiment ? Au bac de philo, on vous aurait
donné quatre heures. Le Théâtre Hébertot vous en offre deux. Avec en bonus de joyeux éclats de
rire.
Delphine De Freitas, MyTF1News, 10 février 2015
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Parce qu'elle vient de perdre son emploi et qu'elle doit seule entretenir sa
fille handicapée, Maggie se résout à aller demander un emploi à un ancien
petit ami qui a bien réussi et est devenu gynéco dans les quartiers chics de
Boston. L'occasion de régler ses comptes avec le passé… Miou-Miou apporte toute sa gouaille et son
humanité chaleureuse à cette comédie sociale façon Ken Loach. Dans ce ping-pong verbal
croustillant, elle peut s'appuyer ses des partenaires solides : Patrick Catalifo est irrésistible en
nouveau riche taraudé par sa mauvaise conscience, et Aïssa Maïga apporte une dose de burlesque
bienvenue à son personnage de femme au foyer bourgeoise. Mention spéciale aux deux copines de
Margie, Brigitte Catillon et Isabelle de Botton, sortes de Laurel et Hardy râleuses et à côté de la
plaque.
B.T., 28 février 2015
[…] Des gens bien, amère comédie sociale américaine, sagement montée
par Anne Bourgeois. Et surtout il y a Miou-Miou, à la présence quant à elle
étonnamment sobre, directe, simple. Bouleversante. Son personnage de
caissière au chômage, de mère célibataire d'une enfant handicapée, de
femme sans illusion dans la banlieue prolo de Boston est pourtant peu séduisant. D'autant que
Margie est raciste, de mauvaise foi, tire-au-flanc. Mais cette femme ordinaire jamais enjolivée se bat
comme elle peut. Et les autres face à elle ne sont pas forcément non plus ces "gens bien" qui
pourraient l'aider et qu'elle cherche en vain. […] la mise en scène […] permet à la Miou un lumineux
retour sur les planches. Accompagnée par d'irrésistibles compares : Brigitte Catillon et Isabelle de
Botton. Le plaisir de les voir sur scène se débattre avec la vie n'est pas rien.
Fabienne Pascaud, 25 février 2015
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