THEATRE DES GENS BIEN Mercredi 27 avril Théâtre Debussy – Palais des Festivals et des Congrès – 20h30 Page 1 Renseignements Palais des Festivals et des Congrès - Direction de l’Evénementiel La Croisette CS 30051 - 06414 CANNES Cedex - Tél. : 04 92 99 33 83 Tarifs 1ère Série Orchestre : Public 40€ / Réduit 37€ / Abonné 34€ 2e Série Balcon : Public 30€ / Réduit 27€ / Abonné 24€ / jeune 12€ / Enfant 10€ Points de vente Billetterie Palais des Festivals et des Congrès : ouverte du lundi au samedi (sauf jours fériés) de 10h à 18h et 1h avant chaque représentation sur le lieu du spectacle. Tél. : 04 92 98 62 77 - [email protected] - www.palaisdesfestivals.com Points de ventes habituels : Fnac, Virgin, Cultura, Carrefour, Auchan, E. Leclerc, Géant Casino, Cora, Intermarché, fnac.com, ticketnet.fr, et digitick.com Suivez-nous sur les réseaux sociaux Twitter Facebook Instagram Cannes is yours Palais des Festivals Cannes is yours Palais des Festivals Cannes is yours Contacts Presse Elisabeth Lara – 04 92 99 84 46 – [email protected] Blandine Dugenetay – 04 92 99 84 45 [email protected] Page 2 DES GENS BIEN Un texte de David Lindsay-Abaire Adaptation française de Gérald Aubert Mise en scène d'Anne Bourgeois Assistée de Sonia Sariel Avec Miou-Miou Patrick Catalifo, Isabelle de Botton, Aïssa Maïga, Julien Personnaz, Frédérique Tirmont Nomination Molières 2015, comédienne Théâtre privé Miou-Miou Scénographie : Nicolas Sire Lumières : Laurent Béal Costumes : Brigitte Faure-Perdigou Musiques & Sons : Jacques Cassard L’histoire Boston, quartiers pauvres. Margie, mère célibataire d’une adulte handicapée, se débat pour s’occuper de sa fille et trouver du travail, sans se départir d’un humour glacé qui la fait tenir debout. Sur les conseils de ses amies, elle retrouve la trace de Mike, son ancien amour, issu comme elle de la classe ouvrière mais devenu un médecin aujourd’hui reconnu. Convaincue qu’il peut lui trouver du travail, elle s’invite à son domicile et remue le passé… Qui sont les « gens bien » ? La notion de réussite doit-elle distinguer les gens qui ont de la chance de ceux qui travaillent plus dur que les autres ? Des personnages hyperréalistes au langage corrosif, une humanité qui se débat entre misère sociale, chômage et fatalité, une réflexion aussi drôle que terrible sur la condition humaine. Page 3 Note d’intention de mise en scène Dans cette pièce foisonnante de thèmes d’actualité, le miroir sociologique que nous renvoie l’auteur est presque conforme à la réalité, à ceci près que nous sommes au théâtre et que son écriture fouille à l’intérieur d’êtres spectaculaires. Cependant, comme dans la vraie vie, ses personnages ne sont ni ceci ni cela, ils sont à la fois beaux et trompeurs, l’on éprouve de la compassion pour eux, tout comme ils nous semblent souvent absolument odieux… Une chose est sûre, on rit de la capacité de l’auteur à nous brosser sans nous embellir, avec nos défauts, nos sournoiseries et nos courages éphémères, nos actes héroïques et nos puretés subites, nos phrases assassines et nos trahisons à répétition que nous considérons pourtant comme minuscules… Etre quelqu’un de bien, (nous dit-il,) c’est quoi ? Le bien surgit de là où on ne l’attendait pas, et le mal est une notion toute relative dans nos sociétés de consommation. Chaque personnage de la pièce a de bonnes raisons pour agir, la première étant de gagner sa vie. Et chacun est persuadé d’être, au plus profond de son être, quelqu’un de « bien ». Le spectateur n’est pas dans ce débat, il jubile de la fresque qui se déroule sous ses yeux : « bien » ou non, ces personnages souffrent, respirent, rient, mangent et boivent pour ne pas mourir, et ne font somme toute, que ce qu’ils sont capables de faire. On pense autant à Brecht qu’au cinéma d’auteur : on nous parle de l’être humain et de sa conscience, mais aussi de son impuissance. Anne Bourgeois Page 4 REVUE DE PRESSE Attention : Brigitte Catillon, créatrice du rôle de Jean au Théâtre Hébertot, et éventuellement citée dans les critiques ci-dessous est remplacée en tournée par Frédérique Tirmont Miraculeuse Miou-Miou L'actrice effectue un retour d'une admirable délicatesse dans "Des gens bien", de David Lindsay-Abaire, une pièce mise en scène par Anne Bourgeois. Le théâtre américain nous paraît souvent un peu carré, ou pataud, ou bien empêtré dans un réalisme désuet. Mais il sait aborder les réalités sociales, faire appel à l'émotion un sentiment que la plupart de nos auteurs ne savent même plus utiliser. On comprend donc que le théâtre Hébertot n'ait pas hésité à faire traduire Des gens bien, écrit par un auteur dont nous ne savons pas grand-chose, David Lindsay-Abaire (il a eu quelques récompenses de l'autre côté de l'Atlantique, mais les awards, là-bas, se ramassent à la pelle). La pièce traite d'un thème qu'on aborde généralement dans la bonne conscience : il s'agit de la cohabitation des riches et des pauvres, de la vie de nos sociétés inégalitaires où les classes sociales cohabitent sans que les favorisés se posent trop de questions sur les défavorisés. David LindsayAbaire a le mérite de ne pas tomber dans l'angélisme ou le pamphlet. D'une plume calme et noire, il conte un destin malheureux qui croise des destins plus heureux. Une femme pauvre qui frappe à la porte des riches Caissière, Margaret arrive tous les jours en retard à son travail. Elle a une excuse: sa grande fille est handicapée. Mais l'entreprise ne peut pas prendre en compte sa vie privée. C'est l'un de ses meilleurs copains, un sous-fifre, mais néanmoins supérieur hiérarchique, qui lui annonce qu'elle est virée. Que peut-elle faire pour s'en sortir ? On lui rappelle que l'un de ses amis de jeunesse, qui a grandi avec elle dans les quartiers pauvres, a su gravir les échelons pour devenir un médecin très coté. Elle lui rend visite, dans l'espoir que cet homme lui permettra de sortir du chômage. Les retrouvailles se passent bien. Le médecin invite même son ancienne camarade chez lui. Lui et son épouse, une Noire, professeur d'université, brassent avec la visiteuse des souvenirs personnels et des considérations sur le monde où ils évoluent. La discussion est d'abord amicale, l'épouse montre beaucoup d'affection pour cette ouvrière. Mais l'harmonie se gâte peu à peu. La prolétaire a des choses très désagréables à rappeler, les riches se montrent accueillants à condition de ne pas être poussés au-delà d'une certaine limite de confort moral et financier... Le pastel de Miou-Miou Le texte de David Lindsay-Abaire bénéficie d'une belle adaptation de Gérald Aubert, qui sait donner de l'élégance au langage parlé et fait entendre le parler populaire dans une grande justesse, sans passer par les clichés ou une trivialité appuyée. La mise en scène d'Anne Bourgeois n'amplifie pas le drame, le met en place comme sans y toucher, chargeant les suspens et les silences d'être aussi clairs que les paroles. Lindsay-Abaire a tendance à installer ses scènes, Anne Bourgeois à les alléger, à leur donner une incertitude, une ambiguïté, de sorte que rien n'est joué d'avance, ou rendu prévisible par un dessin au crayon noir. Surtout, il y a Miou-Miou dans le rôle de Margaret la malheureuse prolétaire. Il y a longtemps qu'on ne l'avait pas vue au théâtre. Elle effectue un retour d'une infinie délicatesse. Elle semble toujours habillée de silence. Qu'elle dise des mots sensibles ou envoie des piques amères, elle ne sort pas d'une perpétuelle douceur. Rêveur et secret, son personnage, tel qu'elle le compose, ignore la colère et l'âpreté. Il est à la fois ici et ailleurs, dans la compréhension et la bienveillance. Le jeu de MiouMiou, les pieds sur terre et la tête dans les étoiles, est tout à fait miraculeux. Elle est un pastel qui en Page 5 dit plus long qu'une peinture, qui atteint la profondeur rien que par la suggestion, la touche la plus fine. Style musclé À côté d'elle, Patrick Catalifo, qui joue le médecin arriviste et arrivé, recourt à un style plus musclé, fait de réactions nerveuses et contradictoires. Le contraste avec l'interprétation de Miou-Miou est parfait. L'un et l'autre illustrent deux humanités opposées. Aïssa Maïga interprète le rôle difficile de la femme noire embourgeoisée, à la générosité trompeuse et superficielle. Elle la campe dans la nuance, sans chercher les rires, ce qui rend le portrait encore plus complexe et terrible. Brigitte Catillon, Isabelle de Botton et Julien Personnaz se chargent des rôles restants - tous situés au bas de l'échelle sociale - en associant des tempéraments différents d'une manière souvent plaisante, dégageant ce que peut avoir de comique ce texte surtout nourri de tragédie quotidienne. C'est dans de telles soirées que le théâtre prend victorieusement ses distances avec la télévision et les récits charbonneux d'une certaine écriture moderne. Ici, les sentiments vibrent dans une musique sourde et magnifique, comme craque une fine couche de glace sous les pas. Gilles Costaz, Le Point, 14 février 2015 Miou-Miou, la noblesse des humbles Très bien entourée, et dirigée par Anne Bourgeois, elle incarne avec une grande retenue l'héroïne d'une pièce américaine contemporaine. « Des gens bien » est une plongée dans le monde des pauvres, à Boston. Elle est fine, frêle, têtue, très intelligente et fière, cette Margaret que l'on découvre le jour où le responsable du magasin, dans lequel elle est caissière, lui annonce qu'il est obligé de la renvoyer à cause de ses retards répétés. Elle a ses raisons, Margie. Une grande fille qu'elle élève seule et dont on comprend vite qu'il faut quelqu'un pour la surveiller. Dottie (Isabelle de Botton), sa logeuse, qui garde Joyce, n'a pas le sens de la ponctualité. Un engrenage prosaïque… mais un engrenage tragique. Stevie (Julien Personnaz), que Margie a connu enfant, est lui-même ligoté par sa hiérarchie. Un point de départ simple pour une pièce que l'Américain David Lindsay-Abaire développe en longues scènes, traduites avec fluidité par Gérald Sibleyras, comme les stations d'une quête sur fond de tableau social. Retrouver du travail, dans les quartiers pauvres de Boston, de nos jours, c'est mission difficile, sinon impossible, malgré la solidarité, vertu première des démunis, ici. Jean, une de ses copines (Brigitte Catillon), partenaire de bingo, la grande machine à espérer de ce milieu défavorisé, lui suggère de demander de l'aide à un ancien camarade de collège. Il a réussi, lui. Il est devenu médecin et habite les beaux quartiers, bien loin… Margaret retrouve Mike (Patrick Catalifo). Elle force un peu la porte de son cabinet, ce qui offre à l'auteur l'occasion d'un très beau face-à-face. On touche là le fossé qui sépare, malgré l'enfance heureuse partagée, les amours envolées. Il n'a pas oublié ses origines, il aide les jeunes. Mais quelque chose est rompu entre eux. Il a traversé un mur. Une comédie cruelle Et lorsqu'elle s'invite chez lui et rencontre son épouse, Kate (Aïssa Maïga), professeur de littérature, fille du patron de la faculté, Margie est dans une impasse. Elle a tiqué, dans le bureau, en découvrant la photo de Kate: une Noire splendide dont le père a réussi… Lui aussi a traversé un mur quand Margie est restée de l'autre côté, et la sollicitude de Kate la blesse. Les scènes, copieuses, se succèdent dans le décor à transformations rapides de Nicolas Sire. L'auteur injecte des moments savoureux dans cette comédie cruelle et l'on rit beaucoup. Anne Bourgeois met en scène avec son art sûr des rythmes et de la direction d'acteur. La distribution est remarquable. Isabelle de Botton compose une Dottie voyante et larguée ; Brigitte Catillon est une Jean pragmatique qui ne s'embarrasse pas d'états d'âme et s'habille comme une bourgeoise branchée. Aïssa Maïga dessine très bien Kate, dont l'auteur laisse entendre au passage Page 6 que son mariage n'est peut-être pas aussi réussi que cela… Julien Personnaz confirme les qualités qu'il dévoilait en début de saison dans Les Cartes du pouvoir. On retrouve avec un grand plaisir Patrick Catalifo, forte personnalité, excellent dans une partition délicate. Miou-Miou fascine. Elle défend, sans démonstration aucune, cette Margie capable de méchanceté, d'intolérance, cette femme complexe et pure, qui ne connaît pas toutes les règles du jeu social mais qui décoche ses flèches avec esprit. Une femme contrastée et digne, libre. La comédienne cherche au plus profond la vérité du personnage. Sa voix fruitée, tendre jusqu'à la blancheur, son maintien, sa sobriété, tout fait de Margie une grande figure du théâtre contemporain. Armelle Héliot, Figaro, 9 février 2015 Il était une fois l’Amérique en crise, au théâtre Hébertot Hébertot on Broadway… Le théâtre parisien est passé cette saison sous pavillon américain ! Après la satire politique – la machine électorale US épinglée dans « Les Cartes du pouvoir » –, place à la critique sociale, avec « Des gens biens » (« Good People ») de David Lindsay-Abaire. Ce n’est pas pour rien que cette comédie grinçante a reçu le Critic Award de la meilleure pièce à New York en 2011. Même si elle est un peu bavarde, elle offre une chronique sans concession de la crise qui frappe depuis 2008 les EtatsUnis et le monde. Dans un quartier pauvre de Boston, Margaret, une caissière quinqua, est virée de son travail – suite à ses retards répétés dus à la prise en charge de sa fille handicapée. Faute de pouvoir payer le loyer à l’amie qui l’héberge, elle risque de se retrouver à la rue. En désespoir de cause, elle va frapper à la porte de son ancien petit ami devenu médecin dans la partie huppée de la ville, pour solliciter un travail. Ce dernier, marié à une jeune Noire lettrée, n’a pas envie de remuer le passé. Avec sa conscience de classe aiguë, son franc-parler et sa rage de s’en sortir, Margaret va provoquer un séisme, jusqu’à faire vaciller le couple parfait. « Des gens biens » a un côté formaté comme une (bonne) série US, mais peu à peu le côté trash à la Cassavetes l’emporte. Dommage que la mise en scène sensible d’Anne Bourgeois soit un peu trop sage […]. Bouleversante Miou-Miou Par leur jeu âpre et intense, les comédiens corrigent heureusement le tir. Et d’abord Miou-Miou, bouleversante d’ambiguïté dans le rôle de Margaret. Porte-parole des déshéritées, à la fois loup et agneau, elle montre combien il est difficile de rester « good people » quand on est sans le sou. Lumineuse comédienne qui sait incarner toute la condition humaine ! Brigitte Catillon et Isabelle de Botton sont irrésistibles dans le rôle des « copines » déjantées. Patrick Catalifo endosse parfaitement le rôle ingrat du bourgeois parvenu, lâche et imbu de lui-même. Aïssa Maïga donne force et grâce au rôle de Kate (sa femme) – une révélation. Enfin, Julien Personnaz est touchant dans le rôle de Stevie, le jeune manager tiraillé par sa conscience. Quand le théâtre privé donne dans le pamphlet social… « The times they are a changin’ », comme dit la chanson. Philippe Chevilley, Les Echos, 9 février 2015 Miou-Miou au théâtre, une femme bien Accompagnée d’une distribution complice, Miou-Miou retrouve les planches, irradiante dans cette comédie douce-amère sur les pauvres gens. Elle s’appelle Margaret. Elle est caissière dans un supermarché. Elle gagne 9,20 dollars de l’heure. Juste de quoi payer son loyer. Mais elle « s’en sort ». En bonne fille des « quartiers sud », ces quartiers pauvres de Boston, elle a appris à se débrouiller. Page 7 Son seul souci, c’est sa grande fille, handicapée mentale, qu’elle élève seule. Dottie, sa propriétaire, la garde en son absence. Or, elle doit souvent l’attendre, au risque d’être de plus en plus souvent en retard à son travail. Jusqu’au jour où son jeune « manager », qu’elle a connu gamin, lui annonce qu’elle est renvoyée. Elle a beau supplier, proposer une baisse de son salaire, rien n’y fait. Ses amies lui conseillent d’aller demander secours à Mike, qui fut son « petit copain », quand elle avait 16 ans. Il est devenu médecin et habite de l’autre côté de la ville, le côté chic. Margaret se résout à l’appeler, mais, bien sûr, rien ne se passera comme prévu… Les « pauvres » restent des « pauvres », et les « riches » des « riches », surtout lorsqu’ils sont « nouveaux »… De Broadway à Paris Présenté à Paris, Des gens bien marque le retour de Miou-Miou à la scène, dans le rôle de Margaret. Créée en 2011 à Broadway, où elle a triomphé, la pièce est signée David Lindsay-Abaire, scénariste et auteur de théâtre à succès, lauréat du prix Pulitzer théâtral en 2007. Issu lui-même de quartiers populaires, il l’a manifestement nourrie de son expérience, bien qu’il se défende de toute autobiographie. Ce qui compte, c’est le regard qu’il porte sur une société où le fossé entre les riches et les pauvres ne cesse de se creuser ; où, face à la persistance, voire l’aggravation, de la crise et du chômage, la formule « il suffit de vouloir, pour pouvoir » sonne de plus en plus creux ; où, malgré les beaux discours, le déterminisme social s’impose plus que jamais ; où la charité n’est, souvent, que bonne conscience pour ceux qui la dispensent et honte pour ceux qui la reçoivent – question de dignité. L’efficacité d’un bon scénario Certes, il s’agit d’une « pièce américaine », avec tout ce que cela induit de distance en regard de la réalité vue et vécue en Europe – et donc en France. Nul slogan révolutionnaire, nulle revendication politique. L’idéologie s’en tient aux bons sentiments. L’écriture est sans écarts de langage, ni débordements, ponctuée de formules à l’emporte-pièce : « Les souvenirs des pauvres, c’est toujours un peu vulgaire » ; « C’est pas bien de parler d’argent. Surtout avec ceux qui en ont ! » L’efficacité est celle d’un bon scénario. [...] Un sextuor d’acteurs en parfaite harmonie Ces scories n’interdisent pas de se laisser entraîner dans cette histoire attachante, d’autant plus que, mise en scène par Anne Bourgeois, elle est interprétée par un sextuor d’acteurs en parfaite harmonie. Si les personnages sont un tantinet taillés à la serpe, chacun lui apporte une existence charnelle, une vérité propre. Ainsi Patrick Catalifo, tout d’ambiguïté dans le rôle du médecin passé des bas aux beaux quartiers. En quoi se renie-t-il ? En quoi se sert-il d’une jeunesse difficile pour jouer les héros qui construisent seuls leur destin, à la force du poignet ? Que serait-il devenu s’il n’avait pas eu de père, comme Margaret et beaucoup d’enfants de sa cité ? Un père qui l’a retenu alors qu’il était en train de massacrer un adolescent de son âge, pour le seul motif qu’il était « noir ». Aurait-il connu la même ascension sociale sans ses liens avec son professeur d’université, dont il a épousé la fille ? Miou-Miou-Margaret Cette fille, c’est Kate… une « noire ». Elle est interprétée par Aïssa Maïga, comédienne de grande classe, qui parvient à merveille à échapper à tout poncif, faussement innocente, profondément lucide. Il y a aussi Julien Personnaz, en « jeune manager » à l’humanité insoupçonnée ; Isabelle de Botton, « propriétaire » un rien « allumée », mais qui derrière ses airs excentriques, compte ses sous un par un ; Brigitte Catillon, superbe amie de Margaret, prête à jouer les dures pour ne pas se laisser écraser par les autres. Et puis, bien sûr, il y a Miou-Miou – Miou-Miou-Margaret, doit-on dire, tant elle se fond dans son personnage, le fait sien. Sans doute y retrouve-t-elle cette adolescente qu’elle fut, quittant l’école à 16 ans, pour partir en apprentissage. Forte et fragile, vulnérable et fière, elle irradie, passant de la douceur quasi maternelle à la méchanceté agressive quand il ne reste plus que la hargne pour seule Page 8 arme. Mais toujours en retenue, à fleur de peau. En équilibre perpétuel sur le fil d’un rasoir invisible, elle est le personnage combattant. La femme bien. Didier Méreuze, 12 février 2015 Boston, quartiers pauvres. Margie (Miou-Miou très convaincante), mère célibataire d'une adulte handicapée, se débat pour trouver du travail, sans se départir d'un humour glacé. En 1974, Miou Miou jouait le rôle de Marie-Ange, la shampouineuse, dans « Les Valseuses », aux côtés de Gérard Depardieu et Patrick Dewaere dont elle partageait la vie. Quarante ans après, la Bretonne du Nord-Finistère, de son vrai nom Sylvette Herry, revient au Théâtre Hébertot pour interpréter Margareth dans « Des gens bien ». Une adaptation de « Good People » de l'Américain David Lindsay-Abaire, l'un des grands succès de Broadway. Virée de son boulot de caissière de supermarché à cause de son absentéisme, Margie, qui élève seule, dans les quartiers pauvres de Boston, sa fille Joyce, handicapée, doit impérativement survivre. Et pour ce faire, elle renoue avec Mikael, un amour de jeunesse, lui aussi issu d'un milieu populaire, devenu un riche médecin. Avec ses deux copines (Brigitte Catillon et Isabelle de Botton), qu'elle retrouve régulièrement à la salle des fêtes, Margie met au point un stratagème pour entrer dans le couple que forme Mike (Patrick Catalifo) avec son épouse noire, Kate (Aïssa Maïga). Un retour gagnant pour Miou-Miou L'actrice, qui avait reçu un César en 1980 pour « La dérobade », revient donc à ses premières amours après avoir débuté au Café de la Gare avec Coluche. Elle n'était pas remontée sur les planches depuis douze ans, mais reconnaît dans une interview au Figaro avoir d'emblée aimé cette histoire à la Ken Loach, le grand cinéaste britannique, fortement teintée d'humour. À presque 65 ans, notre Miou Miou nationale n'a rien perdu de sa fraîcheur et de son apparence juvénile. Ce rôle à la fois grave et primesautier lui ressemble car, elle aussi, comme son héroïne, a dû quitter l'école à 16 ans alors que sa mère travaillait aux Halles et vendait des légumes. Une pièce sur la morale, la réussite... C'est donc une pièce sur la réussite, l'échec et la morale. La qualité humaine se partage-t-elle entre ceux qui ont des principes et ceux qui ont les moyens d'en avoir ? Face aux réticences de Mike pour prendre son ex à son service, ne serait-ce que comme baby-sitter, Margie déroule devant sa femme, Kate, le récit de l'enfance de son mari et de son ascension sociale. Un portrait évidemment moins flatteur qui irrite celui dont elle fut brièvement la maîtresse et qu'elle regrette aujourd'hui d'avoir quitté un peu vite. Au point, d'ailleurs, de réécrire leur histoire et de placer le médecin dans une situation embarrassante face à une femme encore jeune et naïve mais qui ne tardera pas à se rebeller et à prendre la défense de son époux, furibard. La grandeur d'âme traverse-t-elle les classes sociales ou est-elle un luxe que dans certaines situations critiques on ne peut s'offrir ? C'est donc le thème universel de cette pièce sur la comédie des bons et des mauvais sentiments. Hubert Coudurier, © Le Télégramme, 15 février 2015 Au théâtre Hébertot, les fauteuils sont moelleux. Pourtant Miou-Miou, de retour sur les planches, parvient à mettre son spectateur en situation d’inconfort. Adaptée du texte de David Lindsay-Abaire, la pièce ébranle toute opinion manichéenne sur la misère et la réussite sociales. Entre chaque scène, point de rideau rouge, mais une carte de Boston, qui dessine en filigrane les éternels retours à la case départ de Margaret. Cette quinquagénaire, mère d’une enfant handicapée, tente de retrouver du travail auprès d’un ancien amant, Mike, devenu docteur émérite. Des quartiers pauvres Page 9 où le quotidien se résume à maison, boulot, parties de bingo, Margie tente de s’extraire en remuant le passé. Avec sa bande son léchée et ses jeux d’acteur subtils, la mise en scène pointe la mince barrière entre sentiments de légitimité et de culpabilité dans l’ascension sociale. Qui est le plus méritant, celui qui se débat sans réussir ou celui qui finit par y arriver ? Amandine Pilaudeau, La Vie, 19 février 2015 Retour gagnant pour Miou-Miou, irrésistible sur scène dans "Des gens bien" Après 12 ans d'absence sur les planches, la comédienne incarne Margie, une mère de famille des quartiers pauvres de Boston fraîchement licenciée qui part à la recherche d'un emploi tout en s'occupant de sa fille adulte handicapée. Une comédie sociale grinçante qui ne manque pas d'humour à découvrir sur la scène du théâtre Hébertot à Paris. Le chômage, Margaret (Miou-Miou) - Margie pour les intimes - ne l'avait plus connu depuis plusieurs années. Alors quand elle est licenciée pour cause de retards multiples, cette mère célibataire issue des quartiers pauvres de Boston va devoir remettre le pied à l'étrier. Objectif : décrocher un nouvel emploi. Mais comment faire quand on a plus de 50 ans, une fille adulte handicapée qu'on ne peut pas laisser seule et qu'on vient du soit disant "mauvais côté" de la ville ? S'appuyer sur ses anciennes connaissances semble un bon compromis. Poussée par deux de ses copines, Margie se tourne alors vers son ancien petit-ami Mike (Patrick Catalifo), qui a quitté la classe ouvrière pour un cabinet de médecin du très huppé Chestnut Hill et une jeune épouse de bonne famille magnifique de 20 ans sa cadette (Aïssa Maïga). Des gens bien, un choc entre deux mondes porté par une Miou-Miou très convaincante en mère courage parfois désabusée et qui pourtant ne perd pas sa verve. Pour son retour au théâtre après douze ans d'absence, la comédienne est omniprésente. Sans en faire trop. Pas une scène ne se passe sans Margie, à qui l'on répète sans cesse que "quand on cherche, on trouve". Alors elle finit par trouver. Surtout la petite bête quand il s'agit de mettre Mike (Patrick Catalifo) face à son passé. Alors que le sujet peut sembler lourd, l'humour - souvent grinçant - est toujours au rendez-vous dans cette pièce de David Lindsay-Abaire, traduite de l'anglais et joué pour la première fois à Broadway il y a quatre ans. Les répliques les plus drôles échoient à Isabelle de Botton, géniale et excentrique Dottie, l'amie et logeuse de Margie qui s'occupe de temps en temps de sa fille Joyce. Le bien/le mal : la vision manichéenne de la société remise en question Mais les autres personnages ne sont pas en reste dans cette comédie sociale où personne n'est entièrement ce qu'il laisse paraître. Brigitte Catillon (Jean) en copine guindée finalement pas si froide, Aïssa Maïga (Kate) en épouse modèle à la vie finalement pas si parfaite, Patrick Catalifo (Mike) en ancien petit caïd devenu une figure de la haute société et Julien Personnaz (Stevie), directeur de supérette au grand cœur... L'ensemble de la distribution excelle dans ce jeu d'équilibriste. Cet entredeux passe également par la mise en scène épurée d'Anne Bourgeois qui amène le spectateur d'un lieu à l'autre grâce à une grande carte de Boston taguée des mots "bad" et "good". Car c'est finalement une réflexion sur le manichéisme de la société et les frontières pas si opaques que ça entre le bien et le mal qui se dessine sur scène. Tous les personnages en sont persuadés : ils sont des gens bien. Mais au fond, le sommes-nous tous vraiment ? Au bac de philo, on vous aurait donné quatre heures. Le Théâtre Hébertot vous en offre deux. Avec en bonus de joyeux éclats de rire. Delphine De Freitas, MyTF1News, 10 février 2015 Page 10 Parce qu'elle vient de perdre son emploi et qu'elle doit seule entretenir sa fille handicapée, Maggie se résout à aller demander un emploi à un ancien petit ami qui a bien réussi et est devenu gynéco dans les quartiers chics de Boston. L'occasion de régler ses comptes avec le passé… Miou-Miou apporte toute sa gouaille et son humanité chaleureuse à cette comédie sociale façon Ken Loach. Dans ce ping-pong verbal croustillant, elle peut s'appuyer ses des partenaires solides : Patrick Catalifo est irrésistible en nouveau riche taraudé par sa mauvaise conscience, et Aïssa Maïga apporte une dose de burlesque bienvenue à son personnage de femme au foyer bourgeoise. Mention spéciale aux deux copines de Margie, Brigitte Catillon et Isabelle de Botton, sortes de Laurel et Hardy râleuses et à côté de la plaque. B.T., 28 février 2015 […] Des gens bien, amère comédie sociale américaine, sagement montée par Anne Bourgeois. Et surtout il y a Miou-Miou, à la présence quant à elle étonnamment sobre, directe, simple. Bouleversante. Son personnage de caissière au chômage, de mère célibataire d'une enfant handicapée, de femme sans illusion dans la banlieue prolo de Boston est pourtant peu séduisant. D'autant que Margie est raciste, de mauvaise foi, tire-au-flanc. Mais cette femme ordinaire jamais enjolivée se bat comme elle peut. Et les autres face à elle ne sont pas forcément non plus ces "gens bien" qui pourraient l'aider et qu'elle cherche en vain. […] la mise en scène […] permet à la Miou un lumineux retour sur les planches. Accompagnée par d'irrésistibles compares : Brigitte Catillon et Isabelle de Botton. Le plaisir de les voir sur scène se débattre avec la vie n'est pas rien. Fabienne Pascaud, 25 février 2015 Page 11