assoiffés de connaissances et de
pouvoirs, en recherche de sens et
d’amour au prix des pires volontés de
domination et de violences…?
Réjouissons-nous encore que depuis
l’après-guerre, notre pays – grâce
principalement à des artistes et
spécialement des « théâtreux » - ait
fait le choix d’opter pour une forte
politique qui s’empare de la place de
l’Art et de la Culture dans nos sociétés
en se dotant d’un Ministère spécique
et en alimentant par des fonds d’État
tout un maillage territorial dont nous,
ici, à Vire, pouvons proter. C’est une
rareté et une erté qu’une Nation
ait eu la conviction que ces valeurs
émancipatrices soient portées haut.
À l’heure des crises économiques, des
réformes territoriales, des montées
réactionnaires voire extrémistes, ces
idées sont contestées, malmenées
et largement sous-estimées. Nous
devons plus que jamais défendre
cette « exception française », se
sentir honorés de le faire. Non,
la fréquentation des théâtres,
des cinémas, des musées, des
bibliothèques… ne relève pas d’un
luxe, mais bien d’un droit, d’une
nécessité.
Les politiques sont dépositaires de
ces prises de position. Il leur revient
d’être visionnaires, de faire preuve
d’ambition et de ne pas céder aux
sirènes si puissantes du populisme,
du démagogique, de l’attendu, du
atteur et du nombre, tout ce qui
témoigne non de l’amour du peuple
mais de son profond mépris. C’est
l’idée que l’on se fait de l’être et de
son devenir dont il est question.
Cette nouvelle saison du Préau
s’annonce donc joyeuse et prolique
en propositions à nous retrouver
autour d’écritures classiques
et contemporaines, de paroles
d’artistes qui, inlassablement,
viennent à votre rencontre. Nous
avons imaginé d’autres manières de
toucher un public encore plus large,
à Vire, dans le Bocage et au sein de
cette nouvelle Région élargie, mais
aussi sur l’ensemble du territoire
métropolitain et d’outre-mer.
Nous persistons dans notre conviction
ambitieuse et utopique de vous
enthousiasmer, d’aimer l’assemblée
au théâtre, d’aimer penser, d’aimer
rêver, d’aimer imaginer, d’aimer tout
court.
Bienvenue chez vous!
Pauline Sales
& Vincent Garanger
Les événements de janvier,
l’assassinat d’artistes, de journalistes,
de policiers, de civils auront
profondément bouleversé ce début
d’année. Qu’en reste-t-il aujourd’hui
où tout semble reprendre son cours
inexorable ? Que s’est-il passé
véritablement ? Quelles traces
demeurent dans nos esprits?
Il nous a semblé que l’immense
réaction qui a poussé tant de gens
dans les rues défendait d’abord la
liberté d’expression et s’insurgeait
contre l’intolérable pensée que l’on
pouvait risquer sa vie en commettant
des dessins et en exprimant une
opinion. En France. En démocratie.
De nombreux débats ont lieu depuis
sur les notions de laïcité, de valeurs
républicaines, de respect des
croyances de chacun, des différences
de culture qui doivent cohabiter à
l’intérieur d’une même nation, d’un
même continent.
Réjouissons-nous d’appartenir à
un pays où il est permis à chacun
d’émettre son avis. Même si nous
croulons sous les «opinions» des uns
et des autres, sans doute la rançon
de la liberté que nous défendons.
Le théâtre rend
compte de la
complexité et c’est
ce qui nous le fait
aimer. Écrire, mettre
en scène, jouer un
rôle, c’est cela:
descendre dans les
profondeurs de la
psyché humaine
et en déceler ses
méandres, ses
contradictions,
ses prisons, ses
enfers aussi bien
que ses capacités à
produire du beau,
du vrai, du sens, ses
facultés créatrices,
démiurgiques.
C’est s’interrompre pour se regarder
vivre, s’assembler pour partager
des moments de poésie avec, en
ligrane, la question toujours posée:
Qui sommes-nous, nous les terriens,
bâtisseurs autant que destructeurs,
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