Démondialisation : prenez garde à ce que vous souhaitez réellement 6 Perspectives 2017 Luke Bartholomew Investment Manager, gestion obligataire - EMOA Il y a quelques années, il aurait semblé étrange de parler de démondialisation. Mais depuis maintenant sept ans, nous vivons la plus longue période de stagnation du rythme d’intégration économique au niveau mondial en plus de 70 ans. Le ratio des échanges commerciaux mondiaux par rapport au produit intérieur brut est resté juste au-dessous de 60 % et le montant des investissements directs étrangers (IDE) a reculé d’un niveau record de 1 900 milliards de dollars en 2007 à 1 200 milliards de dollars en 2014. Dans les pays développés, le soutien politique envers ce qui a constitué le projet de politique étrangère des États-Unis et des pays occidentaux depuis la fin de la guerre, est en train de décliner. Graphique 1 : Commerce bilatéral mondial des biens et des services, 1960-2014 2010 2005 2000 1995 Commerce bilatéral mondial Périodes de stagnation relative À titre purement indicatif. Source : Statistiques de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement. 2012 2008 2004 2000 1996 1992 1988 1980 1984 Graphique 2 : Les flux mondiaux d’IDE, 1980-2014 2,0 1,8 1,6 1,4 1,2 1,0 0,8 0,6 0,4 0,2 0,0 Il est vrai que les échanges bilatéraux ont été plus fructueux mais leurs effets resteront faibles à l’échelle mondiale. De plus, leurs avantages potentiels sont plus que compensés par des mesures protectionnistes à l’échelle locale et la réglementation formulée par les gouvernements qui favorisent les produits nationaux par rapport aux importations. Par exemple, le Fonds monétaire international estime qu’à l’échelle mondiale, le pourcentage de produits affectés par des barrières commerciales provisoires est à son plus haut niveau historique (près de 2,5 %). Le trilemme de la mondialisation 1990 1985 1980 1975 1970 1965 1960 Pourcentage du PIB mondial 65 60 55 50 45 40 35 30 25 20 Le soutien de moins en moins marqué pour la mondialisation n’est pas particulièrement surprenant. Après tout, les avantages de la mondialisation n’ont pas toujours été équitablement répartis, et une tranche importante de la population, qui représente plus ou moins la classe ouvrière et la classe moyenne inférieure des pays développés, a très peu profité de la croissance mondiale au cours des 20 dernières années. L’élection de Donald Trump souligne encore davantage le fait que la mondialisation souffre de plus en plus d’un manque d’engouement populaire, et combien le libre-échange et les économies intégrées ne coulent pas de source et ne sont pas une fatalité. Ils sont la conséquence de choix politiques, et si ces choix ne recueillent plus le soutien des peuples, alors la mondialisation subira le même sort. 4,5 4,0 3,5 3,0 2,5 2,0 1,5 1,0 0,5 0,0 Milliers de milliards de dollars % du PIB mondial Un triple arbitrage est au cœur du problème. Le professeur Dani Rodrik, de l’université d’Harvard, considère que la démocratie, la souveraineté nationale et l’intégration économique mondiale sont mutuellement incompatibles. Il est possible de combiner deux des trois composantes, mais elles ne pourront jamais fonctionner toutes les trois simultanément et dans leur intégralité. Il appelle cela le « théorème d’impossibilité » de l’économie mondiale. Les risques sont importants pour la mondialisation. Non seulement beaucoup n’en ont pas profité, mais si nous voulons conserver la démocratie et l’État-nation, elle devra fatalement fixer certaines limites sur le niveau d’intégration des économies entre elles. Peut-être le monde a-t-il désormais atteint le seuil maximum de mondialisation compatible avec le maintien des États-nations démocratiques. Mais une telle évolution impliquerait des transformations fondamentales de nos sociétés et de leur fonctionnement. Il s’agit peut-être du remède adéquat, mais il n’est pas évident que le patient soit du même avis. De plus, un recul de la mondialisation affecterait très certainement le potentiel de croissance de l’économie, compte tenu de la solidité des liens empiriques entre les échanges commerciaux et la croissance à l’échelle mondiale. Les deux Allemagnes d’avant la réunification sont de parfaits exemples. Tandis que l’Allemagne de l’Ouest s’était imposée comme un moteur de l’activité manufacturière mondiale, l’Allemagne de l’Est avait fermé ses frontières et avait sombré économiquement. Quelle conclusion doit-on alors tirer de tout ceci pour l’avenir des marchés obligataires internationaux ? Un ralentissement de la croissance potentielle réduirait le taux d’intérêt d’équilibre (le niveau d’intérêts compatible avec le plein emploi et l’objectif d’inflation) puisqu’il entraînerait aussi une baisse de la demande d’investissement, ce qui réduirait le besoin de liquidité et provoquerait par conséquent une diminution équivalente du taux d’intérêt. Parallèlement à la baisse des taux d’intérêt à long terme, les taux à court terme pourraient augmenter plus rapidement, entraînant une correction des obligations à échéance courte. En outre, la hausse des taux d’intérêt à court terme résultant de la diminution de l’intégration mondiale exercerait des pressions haussières sur les prix à la consommation. En effet, la démondialisation permettrait d’accroître la capacité de négociation des travailleurs dans les pays développés puisque ces derniers ne seraient plus en concurrence avec la main-d’œuvre bon marché des pays en développement. Et même si cela peut sembler favorable aux travailleurs, cela supposerait probablement aussi pour les banques centrales de relever le taux de chômage afin que la croissance des salaires soit conforme à leur objectif d’inflation. En fin de compte, les mêmes travailleurs qui soutiennent la démondialisation afin de protéger leurs emplois et de favoriser une hausse des salaires pourraient aggraver leur situation encore davantage. Le phénomène de la mondialisation est loin d’être parfait. Pourtant, rompre totalement avec lui ne ferait qu’appauvrir les déçus de la mondialisation. Il est irréaliste d’espérer qu’une solution à la fois acceptable et efficace apparaisse l’année prochaine comme par miracle. Dans le même temps, en tant qu’investisseurs, nous allons suivre la situation de près pour détecter le moindre signe de progrès. Il s’agit d’une problématique qui ne peut tout simplement pas être ignorée. À titre purement indicatif. Source : Statistiques de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement. aberdeen-asset.fr7 Important information Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. La valeur des investissements peut varier à la hausse comme à la baisse, et les investisseurs peuvent récupérer des sommes inférieures à leur investissement initial. Les informations contenues dans la présente newsletter sont de nature générale et données à titre informatif seulement. Elles se basent sur des sources estimées fiables [mais nous ne pouvons en garantir l’exactitude et toutes les opinions exprimées le sont de manière honnête à la date applicable. Si les informations présentées dans ce document contiennent des prévisions ou toute autre estimation sur l’avenir, ces déclarations ne sont que des conjectures et les événements ou résultats réels peuvent se révéler très différents. 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