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SOCIÉTÉ
Le terme «Rom» que nous utilisons en France est celui
adopté par l’union Romani Internationale (IRU). Il englobe
différentes populations que l’on a tendance à confondre.
C’est pourquoi nous vous proposons un petit éclaircisse-
ment concernant les dénominations en question.
Mais d’abord, un petit retour historique sur les origines.
En effet, beaucoup pensent que les Roms viennent de
Roumanie, c’est une erreur. Leurs origines sont à cher-
cher en Inde. Une des hypothèses concernant leur nom
supposerait que celui-ci dériverait du nom du dieu indien
Râma, avatar de Vishnu. Quoiqu’il en soit, les causes et
les dates de leur départ de ce pays sont mal connues
mais on sait qu’ils arrivèrent en Europe aux alentours du
XVe siècle. Ces peuples parlent une langue, le romani,
langue indo-européenne qui se décline en plusieurs dia-
lectes.
Une fois en Europe, ces minorités importantes se sont
dispersées, à ce que l’on sait, entre la France, l’Espagne
et les pays germaniques; on les retrouve également
jusqu’en Ecosse et en Scandinavie. Ces imprégnations
géographiques et sociétales diverses créent une pre-
mière différence entre les populations Rom.
Nous pouvons, parmi eux, distinguer les Manouches, les
Gitans, les Tziganes et les Yéniches.
Les Manouches (du nom indien Mânouch:
homme), seraient pour la plupart originaires du Pakistan.
Beaucoup, implantés dans les pays germaniques, ont été
victimes d’extermination par les nazis. On trouve égale-
ment des manouches en France. Et il se trouve parmi eux
des noms célèbres, Django Reinhardt pour la musique,
Torino Zigler pour la peinture, les Bouglione, les Zavatta,
pour le cirque. Les Manouches de la Loire sont parmi les
plus modestes, certains vivent encore avec des roulottes
tirées par des chevaux; en Alsace, en revanche, ils ont
créé des écoles de musique et contribuent à perpétuer la
richesse de cette culture inépuisable.
Les Gitans se retrouvent essentiellement en Es-
pagne, qu’ils soient andalous ou catalans. Ceux-ci ont été
inuencés par les cultures importantes de ces régions et
ils ont alors marqué très fortement de leur personnalité
la musique et la danse du amenco. La langue dans la-
quelle ils s’expriment est appelée «calo» et fait partie de
la branche du romani mais elle est uniquement parlée en
Espagne. Les gitans résident plus au sud et vivent avec
difculté une sédentarisation forcée qui est bien souvent
un échec. Tony Gatlif, leur chantre au cinéma à travers
des lms superbes, notamment celui intitulé «Liberté»,
est de père kabyle et de mère gitane.
Les Tziganes sont aujourd’hui dispersés dans le
monde entier et majoritairement sur notre continent. Par-
venus en Europe par l’Asie Mineure et le Bosphore, ils
se sont installés d’abord dans les Balkans, puis dans les
Carpates et, petit à petit, dans tous les pays euro-
péens. Qu’ils soient Kalderas, Lovara ou Curara, ils vi-
vent surtout en Europe Centrale.
Les Yéniches ou «Tziganes blonds»,
sont le dernier groupe ethnique européen nomade. Ils re-
fusent, quant à eux, d’être considérés comme des Roms.
Certains se disent d’origine celte mais la thèse est très
contestée, tout comme celle qui en fait les descendants
de commerçants juifs itinérants. Leur origine est donc en-
core mal connue. Au moment de la guerre de trente ans,
ils auraient, à la suite d’événements historiques, quitté le
Palatinat et adopté le mode de vie des Tsiganes (période
palatine 1618-1623). De nombreux mariages eurent lieu
entre Manouches et Yéniches au cours des siècles. Enn,
c’est en 1714 qu’on trouve le premier document mention-
nant le nom de «Yéniche».
Les problèmes que connaissent aujourd’hui ces popula-
tions viennent essentiellement d’un mode de vie nomade
qui ne semble plus adapté à celui de sociétés sédentaires,
caractérisées par le sens de la propriété. Leur destin est
un peu comparable à celui des Indiens d’Amérique du
Nord, submergés par le nombre, l’armement et ce sens
de la propriété auxquels ils étaient étrangers, des colons
occidentaux.
Les Roms, quant à eux, se retrouvent obligés à vivre
de manière xe dans des sociétés déjà installées. Cela
étant, nombre d’entre eux qui ne participent à aucun lar-
cin ni vol -l’exception étant toujours montrée du doigt- et
tentent de rester et de trouver un travail dans leurs pays
d’accueil subissent les effets de préjugés, encore plus fa-
ciles à manipuler en temps de crise, et de lois non encore
adaptées à leur cas. Pourtant, beaucoup s’en sortent de
manière exemplaire. Les contraintes pesant sur leur ac-
cès au travail devraient ‘être «assouplies», dixit Cécile
Duot, ministre du Logement en France, le 22 Août de
cette année. Le parlement Européen tente, quant à lui,
entre Commissions et colloques de trouver des solutions
au problème.
Pourtant, notre gouvernement de gauche, au pays de la
Liberté, Égalité, Fraternité, poursuit la politique d’expul-
sions préconisée par Mr Sarkozy, privant ainsi la France
de possibilités d’intégration de personnes à la culture
passionnante, riche et millénaire...
Dans notre prochain numéro, nous développerons ces
derniers aspects, notamment en regardant comment la
politique du gouvernement précédent et celle de Mr Hol-
lande concordent. Ou en quoi elles divergent. Et le sort
fait au Roms dans les différents pays de l’Union. Plus tard,
nous parlerons aussi des actions et des solutions envisa-
gées par le Conseil de l’Europe quant à cette question
exemplaire, nous semble -t-il, de la politique européenne
vis à vis de ces personnes dont la situation nancière et
sociale critiques leur mérite le doux nom d’«immigrées».
Les Roms en question (suite)
- Jérémy -