Singe qui peut! Dossier pédagogique de l’exposition du Pandamobile Sommaire Préface 3 1. La forêt tropicale 4 Fiche d’activité n° 1: Le cycle des nutriments dans la forêt tropicale 6 ( expérience: 9-12 ans) 2. Les grands singes 9 Les chimpanzés Les bonobos Les gorilles Les orangs-outans Les gibbons Fiche d’activité n° 2: Les singes et la parole (expérience: 9-12 ans) Fiche d’activité n° 3: Dian Fossey et les gorilles (compréhension de texte: 11-12 ans) Fiche d’activité n° 4: Jeu des 5 familles (jeu de société: 9-12 ans) 3. Menaces sur les grands singes et la forêt tropicale! Fiche d’activité n° 5: «Gibbons, attention!» (activité physique: 9-12 ans) Fiche d’activité n° 6: Les orangs-outans en danger (texte à compléter: 11-12 ans) 4. Comment préserver les grands singes et la forêt tropicale? Comment agir depuis la Suisse Fiche d’activité n° 7: Une histoire pour sauver les grands singes! 11 12 13 14 16 17 18 20 21 24 26 27 28 30 (bricolage et expression orale: 9-12 ans) Fiche d’activité n° 7: Le projet Ecomakala Fiche d’activité n° 7: Le projet de Dzanga-Sangha Fiche d’activité n° 8: «1, 2, 3… action!» (matchs d’improvisation: 9-12 ans) Bibliographie 2 Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut! 31 32 33 34 Préface Imaginez-vous à l’aube, en train de vous promener dans une forêt tropicale. Il fait encore sombre, mais les animaux commencent à s’éveiller: la forêt résonne de cris et de clameurs. Vous entendez au loin le chant mélodieux d’un couple de gibbons qui délimite son territoire. Soudain, vous apercevez une mère orang-outan et son petit qui disparaissent dans le feuillage d’un arbre. Magnifique vision. La réalité ne s’en éloigne guère, mais pour combien de temps encore? Les grands singes sont en effet menacés d’extinction. Si nous ne faisons rien, dans 40 ans à peine, chimpanzés, bonobos, gorilles, orangs-outans et gibbons auront disparu! En effet, leur habitat principal, les forêts tropicales d’Afrique et d’Asie, est en proie à une gigantesque déforestation. Le WWF s’engage depuis longtemps dans des projets de préservation d’aires protégées et de protection des grands singes. C’est dans ce contexte que l’exposition «Singe qui peut!» du Pandamobile vous invite à passer une journée dans le monde fascinant des grands singes. Saviez-vous que les chimpanzés organisent des parties de chasse, que le petit orang-outan passe 8 ans auprès de sa mère avant de partir à l’aventure ou que les gibbons, une fois en couple, ne se quittent plus? Ce dossier pédagogique, composé de 4 chapitres et 8 fiches d’activités, vous aidera à préparer la visite du Pandamobile. Chaque chapitre comprend une partie destinée à l’enseignant ainsi qu’une ou plusieurs fiches d’activités pour les élèves, à faire seul ou à plusieurs. Ces activités requièrent une leçon préalable sur le thème concerné. Elles abordent la forêt tropicale, approfondissent le sujet des grands singes et les menaces qui planent sur eux, avant de s’attarder sur les solutions pour les sauver, au moyen d’exercices de compréhension de textes, de jeux ou encore de saynètes de théâtre! Bon voyage au cœur des forêts tropicales et bienvenue dans le monde fascinant des grands singes! L’équipe du Pandamobile Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! 3 Chapitre 1: la forêt tropicale A proximité de l’équateur s’étendent les forêts pluviales. Au fur et à mesure que l’on s’éloigne de cette ligne imaginaire, apparaissent des zones où alternent saisons sèches et saisons humides. C’est dans ces contrées que se situent les forêts tropicales humides et les forêts tropicales sèches, que nous regroupons dans ce dossier sous l’appellation générale de forêts tropicales. Celles-ci, comme leur nom l’indique, sont donc circonscrites aux régions se trouvant entre le Tropique du Cancer et le Tropique du Capricorne et forment une bande de végétation dense tout autour du globe. Les forêts tropicales hier et aujourd’hui Il y a 10000 ans, cette ceinture verte couvrait encore 20% de la surface terrestre. Aujourd’hui, la forêt tropicale n’en tapisse que 5,3%1 et ne cesse de diminuer sous l’effet de l’activité humaine. La forêt tropicale, se développant au rythme des interactions entre végétaux, animaux, micro-organismes et éléments non organiques comme l’air et l’eau, accueille plus de la moitié de la biodiversité de la planète, dont on ne connaît qu’une infime partie. L’Amazonie abrite ainsi quelque 10% de l’ensemble des espèces animales et végétales de la Terre, soit 40 000 plantes, 427 mammifères, 3000 poissons, 1300 oiseaux, 378 reptiles et 42 amphibiens. Le saviez-vous? Bien que le rythme de déforestation, selon le rapport de 2011 de la FAO, soit en train de ralentir par rapport aux années 1990, quelque 130000 km2 de forêt tropicale sont encore détruits chaque année2, soit plus de 3 fois la surface de la Suisse! 4 Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! Le saviez-vous? En Amazonie péruvienne, on dénombre jusqu’à 300 espèces d’arbres sur un hectare (soit un peu plus qu’un terrain de football) contre seulement 77 sur toute la Suisse!3 Un écosystème particulier Pour qu’une forêt tropicale existe, plusieurs conditions climatiques essentielles doivent être réunies: • une température élevée relativement constante (20 à 28° C) • d’abondantes précipitations (entre 1500 et 4000 mm par an, répartis de 100 à 200 mm par mois en comparaison des 1456 mm par an en Suisse et des 790 mm en Europe) • un taux d’humidité de l’air de 70% au minimum Les régions équatoriales reçoivent plus de soleil que le reste de la Terre. Comme le soleil brille au zénith presque 12 heures par jour toute l’année, la température reste constamment élevée. Ce fort ensoleillement entraîne un réchauffement des masses d’air humides qui s’élèvent. A ce phénomène d’évaporation des océans, des lacs, des cours d’eau et des sols, s’ajoute celui de la transpiration des végétaux. Ceux-ci rejettent en effet une grande quantité d’eau lors de la photosynthèse. L’air tropical chaud saturé en eau se refroidit à mesure qu’il monte dans l’atmosphère. La vapeur d’eau se condense alors et retombe sous forme de précipitations. Dans cet écosystème particulier, les plantes fleurissent, portent des fruits et se fanent tout au long de l’année. Il arrive souvent que l’on observe sur un arbre toutes les phases simultanément. Malgré cette abondance végétale, ces forêts poussent sur des sols extrêmement pauvres en humus. En effet, les nutriments qui le constituent sont immédiatement réabsorbés par la végétation qui, grâce au climat tropical, croît rapidement. Ces éléments nutritifs sont ainsi continuellement en mouvement dans le cycle de la vie, au même titre que l’eau qui leur sert de support. 1 Boesch Christophe, Grundmann Emmanuelle et Mulhauser Blaise, Manifeste pour les grands singes, Le savoir suisse, Lausanne, 2011 2 Evaluation des ressources forestières mondiales 2010, Etude FAO: Forêt 163, http://www.fao.org/docrep/013/i1757f/i1757f00.htm 3 http://assets.wwf.ch/downloads/wwf_aktuell_oktober_09_frz.pdf © Paul Forster/WWF-Canon 70 m Canopée 45 m Les différents étages de la forêt tropicale On distingue toujours dans la forêt tropicale 3 étages délimités par la hauteur des arbres. Ces strates, formant des niches écologiques variées, accueillent un règne animal très diversifié. La strate supérieure, qu’on appelle canopée, est formée d’arbres émergents pouvant atteindre jusqu’à 70 m de haut. Exposé aux éléments climatiques, cet étage n’héberge que peu d’animaux en dehors de quelques singes comme les gibbons. Au-dessous, à environ 45 m du sol, se trouve un étage dense et épais de cimes d’arbres qui arrête la pluie et filtre les rayons solaires. Il constitue la strate moyenne ou la voûte. C’est là que vivent la plupart des animaux arboricoles, comme les oiseaux, les singes, les insectes et les félins. Le sombre sous-bois abrite les arbrisseaux, les fougères ainsi que les mousses et les champignons. Le tapir, le gorille ou l’éléphant de forêt en ont fait leur habitat, ainsi que des milliers d’insectes et d’invertébrés. Voûte 20 m Sous-bois Les strates de la forêt tropicale Se fixant sur d’autres plantes, elles tirent l’eau et les nutriments directement de l’air. Dans cette catégorie se trouvent aussi les lianes et autres plantes grimpantes, qui montent vers la lumière en s’enroulant et s’accrochant grâce à leurs vrilles, s’étirant souvent sur 400 m de long! Dans leur lutte vers la lumière, beaucoup de végétaux ont dû faire preuve d’imagination. Ainsi, les épiphytes, comme les orchidées et certaines broméliacées (famille de l’ananas), n’ont pas besoin de terre pour vivre. © WWF-Brazil/Adriano Gambarini Si vous désirez des informations complémentaires sur la forêt tropicale, il existe un dossier sur ce thème: La forêt tropicale, découvertes, recherches et expérimentations WWF Suisse, 2001, 72 pages, A4 - âge 8/12 ans disponible en partie sur la page web WWF Ecole ou en vente en ligne sur www.shop.wwf.ch (page précise: http://www.shop.wwf.ch/fr/product.cfm?uCat=169&uPrd=33672) Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! 5 Fiche d’activité n o 1 Cycle des nutriments dans la forêt tropicale Mots-clés cycle des nutriments, décomposition, humus Type d’activité observation Objectifs comprendre le principe de la décomposition des organismes et les particularités de la forêt tropicale Matériel ● 4 petits sachets en plastique transparent ● 1 banane ● 2 paquets de levure sèche (de bière) ● de l’eau ● la fiche de l’élève «Tableau d’observation» Lieu en classe Durée observation pendant 3 à 4 jours et 45 minutes pour l’exploitation Marche à suivre pour l’enseignant 1 Les 4 sachets sont marqués des lettres A, B, C et D. 2 On dépose dans le sachet • A: quelques rondelles de banane • B: quelques rondelles de banane et le contenu d’un paquet de levure • C: quelques rondelles de banane et un peu d’eau • D: quelques rondelles de banane, le contenu d’un paquet de levure et un peu d’eau (2-3 cuillers à café) 3 Tous les sachets sont hermétiquement fermés et déposés à l’intérieur dans un endroit ensoleillé (bord de fenêtre). 4 Devoir d’observation: les élèves observent chaque jour ce que deviennent les rondelles de banane dans chacun des 4 sachets et notent leurs remarques dans le tableau d’observation. Discussion avec la classe après 3-4 jours L’enseignant discute avec la classe des résultats obtenus et peut se baser sur les éléments cidessous pour susciter la discussion: • Les rondelles de banane du sachet A ont une couleur plus foncée. Elles ont commencé à se décomposer à cause des micro-organismes présents naturellement dans le fruit, mais ce processus n’a pu se développer, car il n’y avait ni humidité, ni levure. • La levure de bière du sachet B a un peu enflé. En effet, elle a commencé le processus de décomposition des bananes, mais puisqu’il n’y avait pas d’eau, ce dernier n’a pas pu se développer. • Les rondelles de banane du sachet C ont un aspect un peu pourri, elles commencent à se décomposer du fait de la présence naturelle de micro-organismes contenus dans le fruit et de l’humidité. L’absence de levure explique que le processus de décomposition ne soit pas avancé. 6 • Les rondelles du sachet D présentent un état avancé de décomposition. Le liquide dans le sachet produit des bulles: il s’est formé du dioxyde de carbone (CO2) et le sachet s’est légèrement gonflé. Son contenu dégage une forte odeur. Dans ce cas-ci, les conditions favorables à une rapide décomposition étaient réunies: l’humidité et la chaleur qui régnaient dans le sac plastique ont favorisé le développement de millions de micro-organismes de levure. On peut faire le parallèle avec ce qui se passe dans la forêt tropicale. Lorsque toutes les conditions sont réunies (humidité, chaleur et nourriture), les micro-organismes se développent rapidement et décomposent la matière organique, ce qui constituera de l’humus. Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! o Fiche d’activité n 1 Prénom Sachet B Sachet A Date Remarques et observations Sachet C Sachet D Cycle des nutriments dans la forêt tropicale Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! 7 Fiche d’activité n o 1 Cycle des nutriments dans la forêt tropicale Dans la forêt tropicale, lorsqu’un arbre perd ses feuilles, celles-ci se décomposent en quelques jours grâce à l’efficacité des micro-organismes se trouvant dans le sol. La chaleur et l’humidité favorisent le développement des micro-organismes, dont le rôle est de décomposer la matière organique en précieux nutriments. Dans les régions tropicales, ces nutriments ne sont pas stockés dans le sol mais sont absorbés au fur et à mesure, ce qui permet une croissance rapide de la végétation de ces écosystèmes. Par conséquent, le sol des forêts tropicales n’est recouvert que d’une fine couche d’humus. Au contraire, dans nos régions tempérées, le sol des forêts possède une couche d’humus riche en éléments nutritifs. En effet, la croissance des arbres est plus lente, particulièrement à cause de la longue pause hivernale. Les déchets organiques comme les feuilles mortes, une fois décomposés, constituent de l’humus qui s’accumule. Pourquoi donc pleut-il souvent et abondamment dans les régions équatoriales? Parce que la quantité d’eau que peut contenir l’air dépend de la température de celui-ci: plus il est chaud, plus il peut contenir d’eau. A l’équateur, comme le soleil brille plus fort et plus longtemps (environ 12 heures par jour toute l’année) que chez nous, il y a plus d’évaporation d’eau (mers et végétaux). L’air contient ainsi plus d’eau, ce qui produit des pluies fréquentes! Les sols d’une forêt suisse et d’une forêt tropicale Glossaire de l’activité Micro-organismes Etres vivants microscopiques comme les bactéries, les champignons, des algues vertes et des animaux tels que le plancton. Nutriments Eléments qui composent la nourriture, comme les sels minéraux ou les vitamines. Ecosystème Le cycle de l’eau Tout comme les nutriments, l’eau qui leur sert de support fait partie d’un cycle permanent. Puisée dans le sol par les racines, l’eau circule dans les plantes et finit par s’évaporer par les feuilles. Ce phénomène s’appelle la transpiration des végétaux. L’air chaud et humide s’élève. En se refroidissant au contact de l’atmosphère, les gouttelettes d’eau se condensent, forment des nuages et retombent sous forme de pluie. Le savais-tu? On estime que les deux tiers des pluies en Amazonie et les trois quarts dans le bassin du Congo ont pour origine directe la transpiration des végétaux1. Ensemble d’organismes vivants (plantes, animaux, micro-organismes… ) qui interagissent entre eux et avec leur milieu (air, eau, sol, lumière). Matière organique Matière qui compose ce qui est vivant (animaux, végétaux, micro-organismes). Humus Couche supérieure du sol formée par la décomposition des animaux et des végétaux morts. L’humus est une matière souple et aérée, qui absorbe et retient bien l'eau, d'aspect brun ou noir. Atmosphère Enveloppe gazeuse de 1 500 km d’épaisseur qui entoure la planète; elle est divisée en plusieurs couches. C’est dans la couche appelée basse atmosphère qui fait 10 km d’épaisseur que se forment les nuages. 1 http://fr.mongabay.com/rainforests/ 8 Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! Chapitre 2: les grands singes Tout comme les humains, les grands singes, que l’on appelle aussi singes anthropoïdes de par leur ressemblance avec l’Homme et leur absence de queue, appartiennent à l’ordre des primates et à la superfamille des hominoïdes. Les hommes, les chimpanzés, les bonobos, les gorilles, ainsi que les orangs-outans font partie de la famille des hominidés alors que les gibbons appartiennent à celle des hylobatidés. L’homme ne descend pas du singe, mais tous deux partagent un ancêtre commun qui vivait il y a quelque 55 millions d’années. Les grands singes vivent dans «l’Ancien Monde», en Afrique et en Asie, principalement dans les forêts tropicales. Le saviez-vous? Les grands singes, bien qu’ils marchent parfois sur leurs pattes arrières, pratiquent généralement une quadrupédie spéciale, dite la «marche sur phalanges» : les deux mains avant sont refermées en poing, le contact avec le sol se faisant par le dos des mains. Les hommes et les grands singes ont quelques comportements semblables. On a observé chez certaines espèces comme les chimpanzés, les bonobos ou les gorilles qui vivent en groupe, des comportements tels que la jalousie, la gourmandise ou encore les disputes. Comme les humains, les grands singes atteignent leur maturité sexuelle beaucoup plus tard que les autres mammifères. Les femelles ont leur premier petit vers 13 ans en moyenne et ne peuvent en avoir plus de 5 à 6 durant toute leur vie. Ces derniers vont attentivement observer chacun des gestes de leur mère, les copier et ainsi acquérir progressivement les comportements de leur espèce et les liens sociaux de leur communauté. Les petits vont être dorlotés, surveillés et éduqués pendant 6, voire 8 ans! © Martin Harvey/WWF-Canon Les hommes et les grands singes se ressemblent et partagent des caractéristiques physiologiques. Ils peuvent se tenir debout. C’est grâce à leurs orbites orientées à l’avant de la tête et leur cerveau davantage développé qu’ils voient en relief et apprécient les distances avec justesse. Leur pouce opposable leur permet notamment de manier des outils avec une grande dextérité. Gorille des montagnes Au-delà de l’apprentissage, le lien qu’entretient une mère avec son petit est primordial pour le développement psychique du jeune singe. Les scientifiques ont ainsi souvent remarqué des jeunes se laissant mourir suite à la disparition de leur mère. Le saviez-vous? Les petits de la plupart des mammifères sont indépendants au bout d’un an, parfois moins. Il ne faut que 8 mois à un chiot pour devenir un chien. Le souriceau, lui, est déjà une souris au bout de 5 semaines. Le petit singe anthropoïde, quant à lui, a besoin de 5 à 8 ans1! 1 Platt Richard, Les singes. Tout près des gorilles, babouins, macaques…, Nathan, Italie, 2004. Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! 9 © Martin Harvey/WWF-Canon Couple de gibbons à mains blanches Les espèces de grands singes diffèrent de par leur mode de vie, mais tous sont plus ou moins arboricoles et passent la majeure partie de la journée à la recherche de nourriture. A l’exception des gibbons, les grands singes se reposent durant l’après-midi. Ils en profitent pour faire la sieste dans des nids fabriqués en quelques minutes, s’épouiller les uns les autres pour réaffirmer les liens sociaux et jouer. Le jeu occupe en effet une place prépondérante dans la vie des primates. Si beaucoup d’animaux jouent, les grands singes nous ressemblent par l’imaginaire présent dans leur environnement social et matériel! En jouant, le petit teste les limites de ses capacités physiques et mentales et explore son environnement. En groupe, il expérimente des comportements sociaux qu’il sera amené à vivre plus tard. Le jeu reste constamment présent, même à l’âge adulte: jeux sociaux, manipulation d’objets, exercices et jeux de rôle. Il semblerait qu’ils partagent la même faculté d’empathie que les humains ainsi qu’une palette d’émotions variées et la conscience de soi. A ce propos, les expériences du psychologue Gordon Gallup Jr. montrent que la plupart des grands singes développent face à un miroir une reconnaissance de soi. Quant aux émotions, les mimiques similaires entre singes et hommes parlent d’elles-mêmes, bien qu’il faille prêter attention aux faux-amis: en effet, un sourire toutes dents dehors indiquera plutôt une grande peur chez les singes. © Martin Harvey/WWF-Canon Le saviez-vous? Une jeune bonobo essaya de faire voler à nouveau un étourneau qui s’était cogné contre la vitre de l’enclos. Ayant constaté que cela ne fonctionnait pas, elle le veilla jusqu’à ce que son protégé ait repris des forces et se fût envolé2. Mère bonobo et son petit 10 Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! 2 Grundmann Emmanuelle, L’homme est un singe comme les autres, Hachette Pratique, Espagne, 2008. Les chimpanzés Les chimpanzés sont avec les bonobos les animaux les plus proches de nous du point de vue de la génétique. Chimpanzé Pan troglodytes Taille et poids: Mâle: 120 cm et 50 kg Femelle: 70-110 cm et 40 kg Longévité: 30 à 40 ans en milieu naturel Niger Tchad Reproduction: Burkina Faso Guinée Bénin Nigéria Côte d’Ivoire d’Ivoi d I e Ghana République ue ne Centrafricaine Cameroun Gabon Congo République Démocratique du Congo ongo Mode de vie: Alimentation: Angola Répartition géographique des chimpanzés Les chimpanzés, dont il existe 4 sous-espèces, constituent des communautés de 20 à 100 individus des deux sexes et de tout âge. La plupart du temps, ils se scindent en petits groupes de 3 à 6 individus et vaquent à leurs occupations la journée, avant de se réunir le soir. C’est ce qu’on appelle la fission-fusion (*). Les chimpanzés ont une vie sociale très active de par leur mode de vie. Elle implique de fréquentes salutations, des formations d’alliance, des séances d’épouillage pour réaffirmer les liens, des partages de nourriture, de nombreuses bagarres suivies d’actes de réconciliation et ainsi de suite. Les mâles vont d’ailleurs à Habitat: 60 ans en captivité Puberté: 6-8 ans Première portée: 12-15 ans Gestation: 7 mois et demi Intervalle entre 2 portées: 5-6 ans fission-fusion (*) Régime omnivore: fruits et jeunes feuilles essentiellement, bourgeons, graines, fleurs, résine, écorce, insectes, oiseaux et mammifères Les forêts tropicales et les savanes de plus de 20 pays d’Afrique centrale, du Sénégal à la Tanzanie. léopard Prédateur: Population estimée: 1960: 1 million 2011: 150000 Situation: en danger d’extinction la chasse et organisent régulièrement de véritables raids à l’encontre d’autres communautés. Les chimpanzés communiquent entre eux par des cris, mais aussi avec des postures, des gestes et des mimiques. Par exemple, lorsqu’il tend la main, s’accroupit ou sautille, le chimpanzé exprime une attitude de soumission, qu’il peut renforcer par des sons que l’on nomme «halètements-grognements». Dans cette société, ce sont les mâles qui dominent. Parmi eux existe également une hiérarchie très stricte. Les mâles restent dans leur communauté natale, tandis que les femelles émigrent à la puberté et s’en vont rejoindre un autre groupe. En compétition pour l’accès aux femelles, certains chimpanzés mâles essaient de changer de statut social en mettant en œuvre diverses stratégies. La quête du pouvoir entraîne ainsi des changements hiérarchiques. © Martin Harvey/WWF-Canon Le saviez-vous? Les chimpanzés sont les grands singes qui ont été les plus utilisés dans la recherche scientifique, notamment pour élaborer des vaccins. De plus, beaucoup d’entre eux se sont retrouvés à devoir imiter les comportements humains dans des soirées mondaines, des cirques ou pour des publicités afin de nous divertir. Deux chimpanzés à la pêche aux termites Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! 11 © Michel Gunther/WWF-Canon Quelque 40 comportements différents ont été observés dans les populations de chimpanzés, dans l’utilisation d’outils notamment: la pêche aux fourmis n’est pas pratiquée dans toutes les communautés et le cassage de noix est uniquement observé en Afrique de l’Ouest. Plier des feuilles pour qu’elles retiennent de l’eau ou les réduire en bouillie afin qu’elles l’absorbent, ces différences comportementales ne sont pas innées. On peut donc parler, à l’instar des cultures des hommes, de cultures des chimpanzés! Séance d’épouillage Les bonobos Comme les chimpanzés, les bonobos possèdent 98% de gènes identiques aux nôtres. Cette espèce de singes n’a été identifiée qu’en 1929, car ils étaient auparavant considérés comme des chimpanzés! Les bonobos, souvent appelés chimpanzés nains, ont simplement un visage plus longiligne et des membres plus allongés que ceux des chimpanzés. Leur pelage et leur face sont complètement noirs. Bénin Nigéria Côte d’Ivoire Ghana République Centrafricaine Cameroun Gabon Congo République Démocratique du Congo Les bonobos vivent aussi en petits groupes qui se rassemblent en communauté à diverses occasions. Ce sont les femelles qui partent de leur groupe natal vers 9 ans. Elles tentent d’instaurer des Angola Répartition géographique des bonobos Bonobo Pan paniscus Taille et poids: Mâle: 110 cm et 40 kg Femelle: 70-95 cm et 30 kg Longévité: environ 40 ans en milieu naturel Reproduction: Puberté: 6-8 ans Habitat: © Martin Harvey/WWF-Canon Mode de vie: Alimentation: Première portée: 13-14 ans Gestation: 8 mois Intervalle entre 2 portées: 4-5 ans fission-fusion Régime omnivore: fruits et graines essentiellement, feuilles et fleurs, insectes, et petits animaux République démocratique du Congo, dans le bassin du Congo, délimité au nord et à l’ouest par le fleuve léopard Prédateur: Population estimée: 1980: 100000 2011: 20000 Situation: en danger d’extinction Jeux de bonobos 12 Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! relations sociales avec les femelles plus âgées, car c’est le lien le plus puissant dans une société bonobo. En effet, contrairement aux chimpanzés, le rôle dominant revient aux femelles. Celles-ci bénéficient d’une préséance sur la nourriture par rapport aux mâles. Les bonobos ne sont généralement pas connus pour l'utilisation d'outils, mais ils ont été observés en train d'avaler des feuilles, pour se débarrasser de parasites intestinaux. Avaler ces feuilles rugueuses au lieu de les mastiquer comme ils le font habituellement facilite l’expulsion des vers. Les gorilles Bien qu’il puisse être impressionnant, le gorille se révèle être un paisible végétarien. © Martin Harvey/WWF-Canon Plus pacifiques que les chimpanzés, les bonobos se bagarrent néanmoins souvent. Pour résoudre leurs conflits, faire du troc ou tisser des liens, ils passent par le sexe. Celui-ci occupe d’ailleurs une place si importante dans leurs mœurs que l’on qualifie souvent la sexualité des bonobos de débridée! Bonobo s’abreuvant à la rivière Gorille Espèces: Taille et poids: Bénin Nigéria République Centrafricaine Cameroun Gabon Longévité: Reproduction: Congo République Démocratique du Congo Mode de vie: Répartition géographique des gorilles Il existe deux espèces de gorilles ainsi que 4 sous-espèces. Les gorilles de l’Est sont plus foncés, plus poilus et plus râblés que ceux de l’Ouest. Cette différence d’apparence, ainsi qu’un régime alimentaire davantage porté sur Alimentation: Habitat: Gorilles de l’Ouest Gorilla gorilla Gorilles de l’Est Gorilla beringei Mâle: 160-170 cm debout et 160-180 kg Femelle: 140-150 cm debout et 70-90 kg environ 35 ans en milieu naturel et jusqu’à 50 ans en captivité Puberté: 7-8 ans Première portée: 10-11 ans Gestation: 8 mois et demi Intervalle entre 2 portées: 4 ans harem familial pouvant comporter jusqu’à 30 individus alimentation principalement végétarienne: feuilles, bourgeons, pousses, tiges, racines bulbes, sève, écorces, fruits, insectes forêts tropicales d’Afrique (Nigéria, Cameroun, Angola, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Guinée équatoriale, Gabon, Rwanda, Ouganda) léopard © Martin Harvey/WWF-Canon Prédateur: Population estimée: Gorilles de la rivière Cross: 250-300 Situation: Gorilles des plaines de l’Ouest: 125000-200000 Gorilles des plaines de l’Est: 1998: 16900 2011: 5000 Gorilles des montagnes: 1981: 250 2011: 780 en danger critique d’extinction Gorille avec son petit sur le ventre Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! 13 Le saviez-vous? La parade d’intimidation du gorille qui consiste à pousser des cris, à se dresser sur ses pattes arrière en se frappant la poitrine et à se ruer sur l’intrus n’est qu’une pseudo-attaque. Elle se termine brusquement et le gorille disparaît dans les fourrés sans avoir touché l’intrus. jeunes mâles approchent l’âge adulte, il les chasse. Les mâles solitaires sont donc constamment à la recherche de femelles et il n’est pas rare qu’ils essaient de briser l’autorité du chef d’un harem. © naturepl.com/T.J. Rich/WWF Chez les gorilles des montagnes en revanche, près de la moitié des groupes comprennent jusqu’à 6 dos argentés qui se partagent les femelles quand le mâle dominant prend de l’âge! Dos argenté (gorille de l’Ouest) les feuilles que sur les fruits sont notamment expliqués par l’environnement dans lequel vivent les gorilles de l’Est. Il est situé plus en altitude que les plaines de l’Ouest. On observe également des différences comportementales. Chez les gorilles de l’Ouest, la structure sociale s’apparente aux harems. Un mâle dominant, le dos argenté, vit avec ses femelles et leurs petits, et dès que les En se frappant la poitrine, le gorille est capable d’émettre des sons qui résonnent jusqu’à 1 km à la ronde. Des organes dont nous sommes dépourvus en sont la cause. Ces sacs vocaux, poches bien distinctes des poumons qui se situent juste sous la peau et que le gorille peut remplir d’air à sa guise, fonctionnent comme des caisses de résonance. Outre le fait d’impressionner ses adversaires et de séduire les femelles, cette pratique permet également de communiquer. Les gorilles ne font pas exception à la règle. Comme les autres anthropoïdes, ils fabriquent à l’aide de branchages et de feuilles des nids pour la sieste ou pour la nuit. L’habitude varie selon les groupes, certains dormant toujours à terre et d’autres préférant se reposer dans les arbres. Des femelles placent parfois leur nid à 20 m du sol! Les orangs-outans Aujourd’hui, ces grands singes ne se trouvent qu’en Indonésie et en Malaisie. Les 3 sous-espèces de l’orang-outan de Bornéo sont plus foncées et ont une face plus arrondie que l’orang-outan de Sumatra. 14 Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! © David Lawson/WWF-UK Orang-outan signifie en malais «homme des bois». Chez les Iban de Bornéo, l’orang-outan incarnait le dieu de la guerre et les Dayak croyaient que les hommes pouvaient se transformer en singes et vice-versa. Une légende javanaise raconte d’ailleurs que les orangs-outans sont dotés de parole, mais qu’ils ne nous parlent pas de peur de devoir être mis au travail. Orang-outan mâle (Bornéo) Malaisie Orang-outan Espèces: Orang-outan de Bornéo Pongo pygmaeus Orang-outan de Sumatra Pongo abelii Taille et poids: Mâle: 140 cm et 90 kg Indonésie Longévité: Reproduction: Répartition géographique des orangs-outans A la maturité, l’orang-outan mâle acquiert des bourrelets graisseux en forme de demi-lune sur les joues et une poche sous la gorge, le sac laryngien, qui lui permet d’amplifier ses appels en de longs cris – affirmant par la même occasion son rôle de reproducteur – tout en avertissant les autres mâles de sa présence pour ne pas les croiser. L’orang-outan mène en effet une vie plutôt solitaire et n’a pas de territoire fixe. Plus grand mammifère arboricole au monde, il se déplace dans les arbres à la recherche de fruits mûrs. Plus lourd que le gibbon, il se meut lentement et avec précaution. La majorité des orangs-outans est nomade mais revient régulièrement dans une zone donnée. Ceux qu’on appelle «les résidents» constituent une minorité et possèdent un haut statut social: ils ont accès à plusieurs femelles dont les territoires chevauchent le leur. Mode de vie: Alimentation: Habitat: Prédateur: Femelle: 110 cm et 40 kg 40 ans en milieu naturel et jusqu’à 50 ans en captivité Puberté: 9-10 ans (mâle adulte à 15 ans) Première portée: 13-14 ans Gestation: 8 mois et demi Intervalle entre 2 portées: 7-8 ans semi-solitaire Régime essentiellement végétarien: fruits et graines, écorce, feuilles, miel et insectes Forêts tropicales humides, forêts marécageuses de tourbières et zones montagneuses de Bornéo et Sumatra Panthère longibande, python, tigre, cochon sauvage Population estimée: 7000 à Sumatra et 55000 à Bornéo; Situation: on estime qu’il y a 91% moins d’orangs-outans actuellement qu’au début du XXe siècle! en danger critique d’extinction Les femelles et les mâles ne se rencontrent ainsi que pour s’accoupler. La femelle s’occupe ensuite seule de son petit et l’élève pendant près de 8 ans! Le lien qui se crée alors est le plus fort de ceux qui existent chez les autres mammifères, à part peut-être chez l’homme. Il ne se rompra jamais: adulte, le jeune singe arrangera des rencontres très régulières avec sa mère au détour de ses pérégrinations arboricoles. © Fletcher & Baylis/WWF-Indonesia Bien qu’inventif et plus précis que le chimpanzé lors de tests en captivité, l’orang-outan en liberté emploie peu d’outils. S’il sait néanmoins fabriquer des chapeaux contre la pluie ou manier la cuiller en bois pour récolter du miel, c’est dans la construction de nid que le singe roux excelle! Il est extrêmement sélectif quant au choix des matériaux: essence et type de feuilles, taille ou structure de l’arbre qui les accueille, il prête attention à tout! Jeune orang-outan mâle dans un centre de réhabilitation de Sumatra Le saviez-vous? L’envergure des bras d’un orang-outan peut atteindre 2,40 m! Dossier pédagogique du WWF Pandamobile –Singe qui peut ! 15 Les gibbons à la puberté. Il arrive cependant que les parents les chassent avant qu’ils ne leur fassent concurrence: bien que les gibbons ne fonctionnent pas selon le mode dominant-dominé, ils sont territoriaux. Les gibbons sont des acrobates-nés. Le personnage de Tarzan en est d’ailleurs inspiré! Chine Myanmar Thaïlande Ces petits singes anthropoïdes possèdent de très longs bras et sont légers. Ils se déplacent d’arbre en arbre, espacés parfois de 15 mètres à la seule force de leurs bras. On appelle ceci la brachiation. Laos Cambodge Vietnam Malaisie Les gibbons sont de talentueux chanteurs. Ils commencent dès l’aube à chanter. Mâle et femelle d’un même couple vocalisent en duo, alternant mélopées complémentaires. Ces chants montent en tonalités à mesure que les gibbons s’exaltent et peuvent s’entendre à des kilomètres. Indonésie Répartition géographique des gibbons Gibbon Hylobatidae Taille et poids: Longévité: Reproduction: Mode de vie: Alimentation: Habitat: - Hoolock - Nomascus - Hylobates - Symphalangus Mâle: 45-65 cm et 5-7,5 kg Femelle: 45-65 cm et 4-6,6 kg 25-30 ans en milieu naturel et jusqu’à 50 ans en captivité Maturité sexuelle: 6-7 ans Première portée: 7 ans Gestation: environ 7 mois Intervalle entre 2 portées: 2-3 ans Couple ou groupe familial de quelques individus Régime omnivore, composé essentiellement de fruits et de feuilles, d’oeufs et d’insectes Canopée des forêts vierges des plaines et des collines en Asie du Sud-Est (Birmanie, Bangladesh, Inde, Vietnam, Cambodge, Laos, Thaïlande, Bornéo, Sumatra, Java) Python © Martin Harvey/WWF-Canon Espèces: 17 espèces se répartissant en 4 genres: Siamang (le plus grand des gibbons) Prédateur: Population estimée: Données incomplètes Situation: Statut vulnérable pour le gibbon à joues blanches, statut en danger critique d’extinction pour le gibbon de Cao-Vit, statut en danger d’extinction pour les 15 autres espèces de gibbons Les gibbons vivent majoritairement en couple et se partagent l’éducation des petits. Une famille de gibbons ne compte jamais plus de 4 ou 5 individus, car les jeunes la quittent de leur plein gré 16 Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! Outre ces chants servant à avertir leurs congénères des limites de leur territoire, les gibbons possèdent 7 expressions vocales de base, dont la signification change en fonction du contexte: arrivée d’un prédateur, conflit, changement anormal dans l’environnement, contact… Les gibbons sont les seuls anthropoïdes à ne pas céder à la sieste de l’après-midi. Ils demeurent actifs toute la journée, mais vont se coucher plusieurs heures avant le coucher du soleil. Ils ne construisent pas non plus de nids, préférant dormir assis sur une branche, les bras autour des genoux et la tête repliée à l’intérieur. Le saviez-vous? Singe anthropoïde le plus arboricole, il arrive cependant au gibbon de devoir se déplacer sur la terre ferme: il court alors tout en levant les bras au-dessus de sa tête! Fiche d’activité n o 2 Les singes et la parole Mots-clés larynx, cordes vocales Type d’activité expérience Objectifs ● découvrir le rôle du larynx quant au language ● comprendre pourquoi les singes ne peuvent pas parler comme les humains Matériel ● nombre de verres remplis d’eau correspondant au nombre d’élèves de la classe Lieu à l’extérieur Durée 1/4 d’heure pour l’expérience et 1/2 heure pour la discussion avec les élèves Marche à suivre pour l’enseignant 1 Chaque enfant essaye de boire une gorgée de son verre d’eau et de respirer en même temps. 2 Dans un second temps, l’élève tente de prononcer des mots ou des lettres tout en plaquant sa langue contre le palais. 3 Chaque enfant place une main sur son cou et parle en même temps. Discussion avec la classe • Les deux premières expériences ont-elles été concluantes? • Que peuvent en dire les enfants? • Qu’ont-ils senti lors de la troisième expérience? ✄ o Fiche d’activité n 2 Prénom Les singes et la parole Les organes des hommes et ceux des grands singes se ressemblent. Pourquoi donc nos cousins ne parlent-ils pas comme nous? Mais comment arrivons-nous à parler d’ailleurs? Premièrement, nous respirons. L’air expulsé par les poumons met en mouvement les cordes vocales qui se trouvent au milieu du cou, dans ce qu’on appelle le larynx. C’est au niveau de cet organe que se réunissent les voies de l’air et de la nourriture, soit la trachée et l’œsophage. Les vibrations des cordes vocales produisent des sons. C’est la deuxième étape. Enfin troisièmement, nous arrivons à transformer ces sons en langage articulé grâce au pharynx, sorte de caisse de résonance qui va les filtrer. C’est grâce à notre palais, qui s’abaisse ou se relève, ainsi qu’à notre langue extrêmement mobile et à nos lèvres que nous émettons ensuite des voyelles, des consonnes et des mots! Les grands singes, quant à eux, n’ont pas accès au langage articulé. La raison est très simple. Leur larynx est situé beaucoup plus haut dans la gorge, à la même hauteur que leur langue. Leur cavité pharyngale n’est pas assez grande pour jouer le rôle de filtre. De plus, leur langue plus large et plus plate que la nôtre occupe toute la bouche et les empêche de former les mêmes sons que nous. Cependant les singes, ainsi que nos nourrissons dont le larynx descend après environ 8 mois, peuvent boire et respirer en même temps, chose que nous ne pouvons pas faire! Mais ce n’est pas parce qu’ils ne peuvent pas parler que les grands singes ne communiquent pas. Ils le font entre eux au moyen de mimiques, de gestes et de divers cris. Certains singes à qui on a appris un langage des signes ou de symboles arrivent même à tenir de petites discussions avec des hommes! Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! 17 o Fiche d’activité n 3 Prénom Dian Fossey et les gorilles Lis le texte ci-dessous et réponds ensuite aux questions. Les belles journées ensoleillées font la joie des gorilles. Pendant qu’ils se reposent ou se nourrissent, ils émettent des vocalises ressemblants à des rots: naoum, naoum, naoum, qui provoquent des réponses similaires des animaux alentour. L’imitation de ces vocalisations est un excellent moyen de contact pour l’homme quand les gorilles sont partiellement ou entièrement cachés dans la forêt. J’informais ainsi les gorilles de ma présence par le bruit que je faisais en approchant. Ce type de «vocalisations-rots», comme je les appelai, est la forme la plus fréquente de communication orale à l’intérieur d’un même groupe. Prolongées, elles expriment le contentement. Plus courtes, elles sont utilisées dans le sens d’un léger reproche envers des jeunes. Le «grognement de porc», une autre vocalisation, est employé par les dos argentés pour faire cesser une querelle dans le groupe. Les femelles peuvent utiliser ce type de vocalisations lors de conflits à propos de la nourriture ou encore avec leurs enfants quand elles ne veulent plus qu’ils tètent. Les jeunes poussent ce genre de grognements au cours de certains jeux brutaux. Ce n’est que lorsque les gorilles se furent habitués à ma présence qu’ils remplacèrent leurs signaux d’alarme exprimés par des cris et des grognements par ces fameuses vocalisations de communication. Fin 1972, quand les premiers étudiants commencèrent à travailler à Karisoke, mes premiers cours commençaient toujours par des «vocalisations-rots». Certains ne réussirent jamais à imiter correctement les sons. Je me souviens d’un étudiant dont les imitations ressemblaient à un chevrotement. Pourtant, au bout de quelques semaines, les gorilles s’habituèrent à son signal sonore de bienvenue. Parfois, les étudiants et moi-même tombions sur des gorilles, sans avoir eu le temps de les avertir de notre présence. Les animaux chargeaient alors, surtout si plusieurs groupes étaient proches les uns des autres, s’ils se déplaçaient dans une zone dangereuse fréquentée par les braconniers, ou s’il y avait parmi eux un nouveau-né. Je suivais un jour les traces d’un groupe de gorilles que je pensais à plusieurs heures de marche devant moi. L’air fut soudain déchiré par les cris stridents de cinq gorilles qui dévalaient la colline en chargeant dans ma direction. Quand le dos argenté me reconnut, il freina brusquement. Il était environ à un mètre de moi. Les quatre mâles qui le suivaient lui tombèrent dessus. Je me laissai glisser lentement à terre, prenant une pose soumise. Les poils des gorilles se dressaient au-dessus de leur tête et ils montraient les dents. Je restai immobile pendant plus d’une demi-heure, car les mâles se mettaient à crier dès que j’esquissai un mouvement. Finalement, je fis semblant de manger de l’herbe. Ils me laissèrent faire puis, d’un pas raide, remontèrent la colline. Tout en sachant que les charges des gorilles sont purement défensives, on réagit instinctivement par la fuite, impulsion qui invite les gorilles à la poursuite. Convaincue de la gentillesse des gorilles, j’ai toujours pensé que leurs charges ressortaient de l’intimidation et n’ai jamais hésité à rester sur place. Devant la violence de leurs cris et la rapidité de leur approche, je m’accrochais fermement aux plantes qui m’entouraient. Si je n’avais pas eu ce support, j’aurais certainement tourné les talons et me serais enfuie à toutes jambes. Adaptation d’un passage du livre de Dian Fossey, Gorilles dans la brume: treize ans chez les gorilles, paru en 1983, deux ans avant son assassinat par des braconniers. 18 Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! o Fiche d’activité n 3 Prénom Dian Fossey et les gorilles: questions 1. Que représentent les «vocalisations-rots» que les gorilles utilisent et à quoi servent-elles? 2. A ton avis, pourquoi la primatologue Dian Fossey impose des leçons de «vocalisations-rots» aux étudiants qui viennent la rejoindre sur le terrain? 3. Qu’est-ce qui pousse les gorilles à charger? 4. Dans l’anecdote que raconte Dian Fossey, saurais-tu dire pourquoi les mâles lui foncent dessus? 5. Selon toi, quel problème pourrait poser le fait d’habituer les gorilles à la présence de l’homme? Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! 19 o Fiche d’activité n 4 Prénom Jeu des 5 familles Jeu à 4 joueurs. Chaque joueur reçoit 5 cartes et doit essayer de reconstituer le plus de familles possibles. Dès qu’une famille est complète, il pose les cartes devant lui. Le premier joueur commence en demandant à un autre joueur une carte qui lui manque et qu’il souhaite obtenir (ex. As-tu le père dans la famille Gibbons? ). La carte lui est donnée seulement s’il répond correctement à la question. Le tour passe ensuite au joueur se trouvant à sa gauche, et ainsi de suite. ✄ LE PÈRE CHIMPANZÉ LA MÈRE CHIMPANZÉ LE PETIT CHIMPANZÉ Les mâles vont parfois à la chasse. Que ne chassent-ils pas: antilopes, petits singes ou chats sauvages? Quel est l’intervalle de temps en moyenne entre deux portées pour une mère chimpanzé? A. 2-3 ans B. 5-6 ans C. 8 ans Combien de temps en moyenne peut vivre un chimpanzé dans la nature? A. 20 à 30 ans B. 30 à 40 ans C. 50 à 60 ans LE PÈRE BONOBO LA MÈRE BONOBO LE PETIT BONOBO LE JEUNE BONOBO Combien en moyenne mesure un mâle bonobo adulte? A. 95 cm B. 110 cm C. 140 cm Qui a le rôle dominant chez les bonobos? A. Les mâles B. Les vieilles femelles C. Les petits Combien de mois le petit reste-il dans le ventre de sa mère? A. 3 mois B. 6 mois C. 8 mois Où vivent les bonobos? A. Dans le bassin du Congo B. Sur l’ile de Sumatra en Indonésie C. En Amazonie LE PÈRE GORILLE LA MÈRE GORILLE LE PETIT GORILLE Comment appelle-t-on un mâle pleinement adulte? A. Un dos argenté B. Un dos gris C. Un dos blanc À quel âge environ une guenon gorille met bas son premier petit? A. 5-6 ans B. 10-11 ans C. 15-16 ans Le petit apprend en regardant et en imitant sa mère. Vrai ou faux? Chez les gorilles de l’Ouest, que fait le jeune adulte? A. Il aide le mâle dominant à contrôler le harem. B. Il quitte le groupe à la recherche d’autres femelles. C. Il tue son père. LE PETIT ORANG-OUTAN LE JEUNE ORANG-OUTAN Combien de temps le petit reste-il auprès de sa mère? A. 4 ans B. 6 ans C. 8 ans Où vivent les orangs-outans? A. A Madagascar B. A Sumatra et Bornéo C. Sur les îles de Papouasie-Nouvelle Guinée LE PÈRE ORANG-OUTAN Grâce à quel organe le mâle adulte arrive-t-il à amplifier ses cris? A. Ses bourrelets graisseux en demi-lune B. Son sac laryngien (poche sous la gorge) C. Ses poumons Les orangs-outans vivent en couple. Vrai ou faux? LE PÈRE GIBBON LA MÈRE GIBBON Un gorille pèse jusqu’à 180 kg. Combien environ pèse un gibbon mâle adulte? A. 5-7,5 kg B. 15-20 kg C. 30 kg Les gibbons vivent en couple. Que font-ils toujours à l’aube? A. Ils se baignent B. Ils chantent en duo C. Ils vont chasser LA MÈRE ORANG-OUTAN LE PETIT GIBBON Le petit apprend avec ses parents à se déplacer dans les arbres avec ses bras. Comment s’appelle cette manière de se déplacer? A. La quadrupédie B. La brachiation C. La bipédie LE JEUNE CHIMPANZÉ Les chimpanzés sont complètement végétariens. Vrai ou faux? LE JEUNE GORILLE LE JEUNE GIBBON Le gibbon est le seul des grands singes à ne pas construire de nid pour dormir. Vrai ou faux? A agrandir lors de l’impression 20 Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! Chapitre 3: menaces sur les grands singes et la forêt tropicale! La décimation à large échelle des grands singes a débuté dès la seconde partie du XXe siècle. Dans les années 1960 et 1970, les singes anthropoïdes étaient en effet capturés pour alimenter zoos, cirques et laboratoires de recherche. Pour chaque petit livré vivant, il fallait compter sur la mort d’une dizaine de singes: les mères et parfois les mâles trop protecteurs étaient tués lors de la capture, et de nombreux petits ne survivaient souvent pas au voyage. Si actuellement ce trafic a été démantelé grâce à l’adoption par plus d’une centaine de pays de la Convention de Washington sur la protection des espèces animales (CITES) et au succès des élevages dans les zoos, la capture de jeunes singes perdure au profit de particuliers, qui les achètent toujours comme animaux de compagnie. La vente locale de gibbons et d’orangs-outans est particulièrement répandue en Asie du Sud-Est, mais de grands ports internationaux comme Singapour et Hong-Kong servent également de plaques tournantes pour un marché mondial très lucratif: aux Etats-Unis, on recense ainsi plus de 15000 singes achetés illégalement comme animaux de compagnie. Le saviez-vous? Aucun grand singe ne peut être légalement utilisé pour la recherche scientifique en Europe depuis 2002. Cependant, bien que leur nombre diminue du fait de l’interdiction de la reproduction en captivité et de leur importation, il existe encore un millier de chimpanzés de laboratoire aux USA1. A cause de leur grande proximité génétique, les singes anthropoïdes sont très vulnérables à la transmission de maladies par l’homme et inversement. Le virus Ebola en est un bon exemple. La première épidémie au Soudan date de 1976 et a touché aussi bien les hommes que les grands singes. Depuis lors, ce virus s’est propagé vers l’Ouest, décimant des populations entières de grands singes – il aurait fait 5 000 victimes durant quelques mois en 2002. Les grands singes sont également très sensibles à d’autres virus, comme ceux de la grippe, et peuvent même en mourir. © David Greer Selon la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), toutes les espèces de grands singes sont menacées, leur statut oscillant entre «en danger» et «en danger critique d’extinction». Mais la chute des populations des grands singes – l’on parle ici d’un déclin de plus de 70% durant les 10 dernières années2 – a pour principale cause la destruction de leur habitat par l’homme. Les grands singes, étant étroitement adaptés à la vie arboricole dans les forêts tropicales qui leur fournissent nourriture et couvert, ne peuvent simplement pas survivre dans des milieux dégradés par les activités humaines. © Mark Edwards /WWF-Canon La déforestation frénétique pratiquée dans toutes les forêts tropicales du globe, résulte en réalité de plusieurs activités régies par de grands enjeux économiques: les coupes rases de bois précieux légales et illégales côtoient les plantations de monocultures défrichées par le feu telles que le palmier à huile, le soja ou encore l’hévéa, le fameux arbre à caoutchouc, Défrichement par le feu à Sumatra 1 http://www.rtbf.be/info/societe/detail_usa-de-vieux-chimpanzes-malades-pour-tester-des-medicaments?id=5726163] 2 David Greer, compte-rendu du programme WWF «African Great Apes», décembre 2011 Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! 21 © Alain Compost/WWF-Canon Déboisement illégal à Sumatra pour la fabrication de pâte à papier sans oublier les prairies artificielles pour l’élevage bovin ou les cultures destinées à la production d’agro-carburants. La dégradation et le morcellement de la forêt sont encore accentués par les exploitations minières et par la croissance démographique des populations locales: les ressources forestières sont de plus en plus sollicitées pour le bois de © Adriano Gambarini/WWF-Brazil Si l’Asie du Sud-Est a encore le monopole dans la production d’huile de palme, l’Afrique qui rasait ses forêts au bénéfice du café et du cacao, voit apparaître les premiers investisseurs dans cette culture, comme l’illustre l’exemple récent de cette compagnie américaine qui tente de créer des plantations de palmiers au Cameroun, précisément sur le territoire des gorilles de la rivière Cross4. Monoculture de soja au Brésil chauffe et la culture sur brûlis (mise en culture de terrains défrichés par le feu). Quant aux réseaux routiers qui ne cessent de s’étendre dans la forêt, ils facilitent particulièrement le travail des braconniers. L’on assiste en effet à une recrudescence du braconnage. En plus d’être hautement prisée par les élites urbaines, la viande de brousse demeure un apport non négligeable © Tantyo Bangun/WWF-Canon Le saviez-vous? A Sumatra, plus de 100 millions de m3 de bois sont coupés chaque année pour alimenter la douzaine d’usines de pâte à papier installées sur l’île; 65% des arbres sont issus de la forêt, le reste de plantations d’acacias ou d’eucalyptus3. Palmiers dans la fumée d’incendies en Indonésie 22 Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! 3 Boesch Christophe, Grundmann Emmanuelle et Mulhauser Blaise, Manifeste pour les grands singes, Le savoir suisse, Lausanne, 2011 4 David Greer, compte-rendu du programme WWF «African Great Apes», décembre 2011 pour nourrir les ouvriers des «villes» de l’industrie du bois et des mines. Plusieurs cas de vente et de consommation de viande de grands singes ont également été relevés dans de grandes villes européennes et américaines. Un tel commerce met en péril la survie des grands singes, d’autant plus qu’ils se reproduisent à un rythme très espacé! • En plus de mettre à mal la biodiversité, la déforestation engendre une érosion des sols, due au manque de végétation. La mince couche d’humus est rapidement emportée, provoquant alors une désertification progressive. • Les conditions climatiques locales tendent par ailleurs à se modifier. Comme la formation des nuages et le volume des précipitations sont perturbés, les sécheresses deviennent plus fréquentes. Bûcheron à l’œuvre à Bornéo • Les produits chimiques employés dans les monocultures empoisonnent les eaux de ruissellement et polluent ainsi nombre de cours d’eau. Il est à craindre que les conséquences environnementales deviennent de plus en plus graves. L’on peut en effet calculer, selon le rythme actuel de déforestation, que d’ici 2030, 10% de l’habitat des grands singes aura été préservé en Afrique et seulement 1% en Asie5! © Jürgen Freund / WWF © Mark Edwards / WWF-Canon • La destruction par le feu représente le quart des émissions mondiales de CO2, l’un des principaux gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique. © Martin Harvey/WWF-Canon Enfin, le pillage et la destruction des forêts tropicales, outre le fait de porter atteinte à la survie des grands singes, ont des conséquences directes sur l’environnement. Route conduisant à des plantations de palmiers à Sumatra 5 Boesch Christophe, Grundmann Emmanuelle et Mulhauser Blaise, Manifeste pour les grands singes, Le savoir suisse, Lausanne, 2011 Palmiers à huile en Papouasie-Nouvelle Guinée Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! 23 Fiche d’activité n o 5 «Gibbons, attention»! Mots-clés menaces, braconniers, déforestation Type d’activité jeu de mise en situation (variante des chaises musicales et des chats/souris) Objectifs ● identifier les dangers menaçant les grands singes, ici les gibbons ● mettre en évidence le rôle de l’homme dans ces menaces Matériel ● moitié moins de cerceaux que d’élèves (ou tapis de sol, caissons… ) ● des sautoirs de deux couleurs différentes (par exemple jaune et rouge) Lieu à l’extérieur, dans une salle de gymnastique Durée 30 minutes de jeu et 15 minutes de discussion Règles du jeu Il s’agit d’un jeu dynamique, où plusieurs enfants «braconniers» essaient d’attraper d’autres enfants «gibbons». Ceux-ci se déplacent les bras en l’air, imitant le gibbon mal à l’aise au sol avec ses longs membres. Les cerceaux disposés dans un espace assez large pour que l’on puisse y courir sont des refuges qui peuvent abriter jusqu’à 3 gibbons: ils représentent les arbres d’une forêt tropicale malaisienne. Au fil du jeu, l’enseignant retire des cerceaux. 1. L’enfant qui souhaite être le braconnier reçoit un sautoir jaune. Tous les autres reçoivent un sautoir rouge: ils représentent des gibbons à mains blanches qui vagabondent d’arbres en arbres à la recherche de nourriture. Lorsque le jeu commence, tous les élèves sont à l’intérieur des cerceaux, à l’exception du braconnier, qui se trouve un peu plus loin. Au signe de l’enseignant, le braconnier entre dans la forêt. 2. A chaque fois que l’enseignant tape dans ses mains et crie «Gibbons, attention!», les gibbons doivent changer d’arbre. Quand ils sont hors des cerceaux, le braconnier peut les toucher et ils deviennent braconniers à leur tour, recevant alors un sautoir jaune. 3. Avant de relancer en disant «Gibbons, attention!», l’enseignant décide 3 ou 4 fois pendant le jeu d’enlever des cerceaux, de façon à créer deux ensembles séparés (il sera plus risqué pour les enfants cherchant un refuge de traverser cette route). A ce moment-là, les braconniers se retirent de la 24 Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! forêt. L’enseignant choisit une raison de cette déforestation parmi celles-ci et la dit à haute voix: • Une entreprise forestière européenne s’est installée dans une région de Sumatra et commence aussitôt à abattre des arbres pour en faire de la pâte à papier. • Dans une concession chinoise, l’on rase des pans entiers de forêt: ce bois est destiné à fabriquer meubles et parquets pour les pays européens. • Des entrepreneurs malaisiens brûlent des hectares de forêt afin d’y planter des palmiers à huile. • Des villageois décident d’agrandir leur surface cultivable et brûlent une partie de la forêt. © naturepl.com / Juan Carlos Munoz / WWF Plantation de palmiers à huile à Bornéo 4. Afin de pimenter le jeu, l’enseignant peut choisir à tout moment de transformer des gibbons en braconniers ou vice-versa, en énonçant une des raisons suivantes: Voici quelques pistes pour une discussion et une synthèse: • Grâce aux réseaux de routes creusées dans la forêt, les braconniers capturent un jeune gibbon et tuent ses parents. Le petit sera vendu comme animal de compagnie. • Des villageois ou des exploitants d’entreprises forestières tuent un gibbon afin de le manger. • Des jeunes gibbons captifs interceptés par la police sont relâchés dans la nature après avoir passé quelques années dans un centre de réhabilitation. • Quels sont les dangers qui menacent les gibbons? 5. Il est possible de faire plusieurs parties de ce jeu en 30 minutes. Quand le jeu s’essouffle, l’enseignant y met fin. Il rassemble les enfants, et leur demande ce qu’ils ont appris grâce au jeu. • Est-ce que les autres grands singes sont dans le même cas? • Pourquoi est-ce que des villageois coupent des arbres dans la forêt? Pourquoi pratiquent-ils la culture sur brûlis? Croissance de la population: augmentation des besoins en bois de chauffe et en nourriture (plantations de nouvelles cultures). • Quels sont les problèmes que posent la construction de routes au cœur de la forêt? • La forêt tropicale où vivent les grands singes se trouve réduite à quelques enclaves, séparées les unes des autres par des zones d’activités humaines. Quels problèmes cela pose-t-il quand il n’y plus assez de nourriture dans une zone? © David Greer • Pourquoi et pour qui des entreprises rasent-elles des pans entiers de forêt? • Pourquoi les cultures d’huile de palme et de soja ne cessent-elles de progresser? Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! 25 Prénom o Fiche d’activité n 6 Les orangs-outans en danger Place les mots suivants au bon endroit dans le texte. Indonésie – braconnage - fruits – orangs-outans - espèces végétales - pesticides - palmier à huile pollution – biodiversité– monocultures – arbres – destruction Les forêts indo-malaises disparaissent pour la production de la pâte à papier, d’huile de palme, de caoutchouc ou pour la coupe de bois destiné à fabriquer meubles et parquets. Cette immense couverture végétale où régnait une grande (diversité animale et végétale) se voit grignotée de toutes parts par les activités de l’industrie du bois et les cultures de soja et de palmier à huile. La culture du est devenue depuis les années 1990 la cause principale de la déforestation dans ces régions: la Malaisie en cultive sur 2 millions d’hectares alors que l’ a planté près de 10 millions d’hectares de palmier (plus de 2 fois la Suisse!). Avant d’y planter des palmiers à huile, des parties entières de forêts sont brûlées pour faire de la place, provoquant une massive à cause de la fumée qui s’élève dans le ciel. Ces monocultures de palmier nuisent d’ailleurs à l’environnement car des quantités énormes de (produits chimiques) sont utilisées. En plus de ces zones de (cultures d’une seule plante), la construction de pistes forestières et de routes au cœur de la forêt facilite son morcellement en de petits îlots intacts, séparés les uns des autres. La survie des orangs-outans est donc menacée. Habitués à parcourir de longues distances pour pouvoir se nourrir – les arbres n’ont pas tous des au même moment –, les orangs-outans se voient obligés de traverser des terrains occupés par les hommes, risquant de se faire tuer ou capturer pour être vendus comme animaux de compagnie. En moyenne, 3 000 orangs-outans disparaissent chaque année à la suite de la de la forêt, des incendies et du . © Alain Compost/WWF-Canon © James Morgan/WWF International Les orangs-outans sont pourtant indispensables au rajeunissement de la forêt. En effet, ils se nourrissent de plus de 100 fruits différents, dont ils recrachent ou défèquent les graines au cours de leurs déplacements. De nouveaux pourront ainsi pousser un peu partout dans la forêt. S’ils peuvent survivre dans des forêts raisonnablement exploitées par l’homme, les sont condamnés dans les vastes monocultures de palmiers à huile où le nombre d’ est faible (par conséquent leurs sources de nourriture le sont aussi). Si les orangs-outans s’éteignent, c’est tout un écosystème qui disparaîtra. Traitement phytosanitaire dans une plantation de palmiers à huile à Sumatra 26 Déforestation à Bornéo 1950-2005, et projections jusqu’en 2020. Source: WWF Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! Plants de palmiers nouvellement plantés sur un pan de forêt déboisé de Bornéo Chapitre 4: comment préserver les grands singes et la forêt tropicale? De nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) et associations s’engagent depuis des dizaines d’années déjà dans le développement et la mise en œuvre de projets et de plans d’action en vue de protéger ces extraordinaires écosystèmes. Le WWF coopère notamment sur des projets qui vont dans ce sens, comme par exemple le Programme pour les grands singes d’Afrique (African Great Apes Programme) créé en 2002. Volcan Sabinyo dans les Virunga zones entières interdites d’utilisation, le WWF a rapidement compris qu’il fallait intégrer les communautés locales à ses projets environnementaux pour qu’ils fonctionnent. Les zones protégées ne peuvent en effet être préservées que si l’on implique les populations toujours plus nombreuses qui vivent des ressources de la forêt. La réussite de ces projets repose par conséquent sur la participation et l’implication des populations locales. © Martin Harvey/WWF-Canon S’il y a 40 ans sa politique en matière de protection des forêts tropicales consistait à établir des © Martin Harvey/WWF-Canon Les forêts tropicales abritent une prodigieuse diversité de plantes et d’animaux, régulent le climat et le cycle de l’eau et protègent les sols, mais elles sont aussi une source d’approvisionnement en bois et en multiples autres matières premières précieuses pour l’homme, comme le rotin, le bambou, les fruits secs ou les plantes aux propriétés médicinales. Pourtant, comme nous l’avons déjà vu, elles se réduisent comme peaux de chagrin, provoquant la disparition des grands singes. La protection de ces derniers dépend en grande partie de la préservation de leur habitat! Patrouille de gardes dans les Virunga Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! 27 © Martin Harvey/WWF-Canon Monitoring dans le parc national des Virunga Cependant, pour sauvegarder grands singes et forêts tropicales, en plus des communautés villageoises locales, il faut tenir compte de tous les autres acteurs concernés, notamment les entreprises forestières et les peuples chasseurs-cueilleurs trop souvent spoliés. Les moyens d’actions engagés essaient ainsi d’associer les éléments suivants: • l’établissement d’aires protégées, comme la création de parcs nationaux tels que Salonga en République démocratique du Congo, • la formation de gardes qui patrouillent pour éviter le braconnage, • le développement de l’écotourisme tel qu’il est proposé dans le projet Dzanga-Sangha au Nord du bassin du Congo et d’autres activités génératrices de revenus pour les populations locales, • la création de centres de réhabilitation pour les jeunes singes (récupérés par les autorités, ils passent plusieurs années au centre avant d’être relâchés dans la nature), tels le centre des Montagnes Kagwene pour les gorilles de la rivière Cross ou celui de Nyaru Menteng à Bornéo accueillant des orangs-outans, • des activités de reboisement pour les besoins en bois de chauffage, • la gestion durable de concessions forestières, • et la sensibilisation aux bonnes pratiques des populations (par le biais de spectacles, d’émissions de radios, d’activités pédagogiques) et des entreprises, aussi bien sur place que dans les pays du Nord. 1 Boesch Christophe, Grundmann Emmanuelle et Mulhauser Blaise, Manifeste pour les grands singes, Le savoir suisse, Lausanne, 2011. 28 Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! Cependant, il faut préciser que la corruption et la non application des lois concernant le braconnage et la déforestation en vigueur dans ces pays amoindrissent l’efficacité de ces projets. Un travail accru au niveau étatique est donc plus que nécessaire, ainsi que la poursuite du soutien à la lutte contre le trafic d’animaux, qui a rapporté près de 10 milliards de dollars en 2010, et à la surveillance des sociétés internationales dont le siège social se situe dans les pays occidentaux, qui «oublient» de s’acquitter des impôts locaux. Comment agir depuis la Suisse? Nous venons de voir différents moyens d’action pour préserver les grands singes et leur habitat. Ces projets sur le terrain sont primordiaux si l’on veut continuer à les protéger. Mais nous pouvons également agir ici en Suisse. Nos choix en tant que consomm’acteurs et nos gestes quotidiens peuvent en effet contribuer à sauvegarder les grands singes! Le saviez-vous? Dans l’ensemble des continents, plus de 2 000 gardes de parcs nationaux ou de réserves naturelles ont été assassinés ces 10 dernières années durant leur activité de protection des animaux et de la nature. Ils sont le plus souvent victimes de braconniers ou de rebelles armés, mais aussi de réseaux internationaux du crime organisé1. Papier + carton = bois! Plus de 40% du bois abattu industriellement sert à fabriquer du papier. En utilisant le papier avec parcimonie et en le recyclant, on préserve les forêts! Acheter des produits labellisés FSC (Forest Stewardship Council) garantit que les matériaux utilisés ont été exploités et fabriqués de façon durable et respectueuse de l’environnement et des populations locales. • Employez les déchets d’impression comme brouillons. • Prenez soin de récolter le vieux papier et le carton! • Bois local plutôt que tropical: si la demande en bois précieux diminue, les pressions sur les forêts tropicales seront moindres. • Pensez à réparer vos produits en bois plutôt que de toujours acheter du neuf! Et surtout, faites passer le mot! La préservation des forêts tropicales et des grands singes passe par l’information! Pour plus d’informations: www.wwf.ch sous la rubrique: gestes écologiques http://www.fsc-schweiz.ch/fr http://www.maxhavelaar.ch/fr © Alain Compost/WWF-Canon Café + soja = déforestation Les forêts tropicales reculent devant les monocultures de bananes, de café, de cacao, de soja… Pourtant, il est possible de cultiver ces denrées d’une manière rentable et respectueuse des critères écologiques et sociaux, sur des surfaces déjà existantes! Des labels du commerce équitable comme Fairtrade ou Max Havelaar en témoignent. Et l’huile de palme = ? On trouve cette huile dans la plupart des produits industrialisés. Sur les emballages, elle se cache souvent sous les appellations «graisse/huile végétale», «kernelate de palme sodique», «palmitate d’isopropyle ou de cétyle». En tant que consomm’acteur, vous pouvez inciter les entreprises à n’utiliser que de l’huile de palme répondant aux directives de la Table ronde sur la production durable d’huile de palme (RSPO) et lutter ainsi contre la destruction des forêts tropicales! Vétérinaire soignant un jeune pensionnaire du centre de réhabilitation de Nyaru Menteng à Bornéo Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! 29 Fiche d’activité n o 7 Une histoire pour sauver les grands singes! Mots-clés protection, projets, écotourisme, habituation, reboisement Type d’activité bricolage et expression orale inspirée du conte imagé (théâtre kamishibaï) Objectifs ● comprendre le fonctionnement des organisations comme le WWF dans leur contribution à la protection des grands singes et de la forêt tropicale ● arriver à expliquer le contenu de projets à d’autres personnes par le biais du théâtre en papier ● exercer l’expression orale et la pensée systémique ● confectionner un bricolage Matériel ● les fiches des 2 projets ● un support cartonné ● deux baguettes à brochette par enfant ● de la colle, de la ficelle ● des ciseaux et des poinçons ● une feuille de papier épais ou cartonnée ● des feuilles collées ensemble à la manière d’un papyrus ● de quoi dessiner: peinture, crayons, feutres, néocolors Lieu en classe Durée 3 fois 45 minutes Marche à suivre pour l’enseignant L’enseignant propose aux élèves de raconter à leurs copains ou à leur famille un projet de protection des grands singes et de la forêt tropicale en s’inspirant soit des projets décrits en détails dans la fiche d’activité n° 7, soit en en imaginant un (centre de réhabilitation pour les jeunes singes, patrouilles de gardes forestiers…). Ils s’aident pour cela du théâtre en papier qu’ils portent autour du cou en y faisant défiler un rouleau d’images dessinées. Construction du théâtre 1. Choisir le format du support cartonné ainsi que celui des feuilles de papier (les feuilles du rouleau vont devoir être plus petites que les incisions pratiquées dans le support afin qu’elles puissent s’y insérer). 2. Faire deux incisions verticales assez espacées dans le support cartonné. 3. Percer deux trous dans les coins supérieurs de la feuille, passer au travers un bout de la ficelle et nouer les deux extrémités. 4. Décorer le cadre du théâtre en papier. 5. Diviser le projet choisi en séquences et les dessiner. 6. Coller les séquences dessinées de l’histoire les unes aux autres en un grand rouleau. 7. Glisser le rouleau dans les incisions. 8. Coller ensuite aux extrémités du rouleau les 2 baguettes. Enrouler ensuite la majeure partie du rouleau autour d’une des baguettes, afin que le début de l’histoire apparaisse dans le cadre. 9. S’entraîner à raconter le projet en petits groupes, en faisant avancer l’histoire en tournant la seconde baguette. 10.Raconter le projet de sauvegarde des grands singes choisi au plus grand nombre de personnes possible! 30 Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! o Fiche d’activité n 7 Prénom Le projet Ecomakala Le parc des Virunga, à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda, s’étend sur 800000 hectares. Il est constitué de forêts tropicales, de savanes, de volcans et de chaînes de montagnes. C’est là que vivent les gorilles des montagnes. Le Programme Ecologique pour les Virunga vise à sensibiliser les communautés de la région du plus ancien parc national africain sur l’importance de protéger l’environnement et de gérer durablement ses ressources, notamment grâce à des activités de reboisement. Dans cette région, la population ne cesse de croître. Tous les habitants utilisent du charbon de bois pour cuisiner. Et comme le besoin en bois de chauffage augmente et qu’il n’y en a pas suffisamment à disposition, les habitants se fournissent dans les forêts protégées à l’intérieur du parc. Les arbres sont coupés et des sentiers sont créés au cœur de la forêt, menaçant la forêt et ses animaux! La déforestation et la production du charbon de bois sont en grande partie produits par des groupes rebelles au gouvernement qui imposent leur prix à la population. Ainsi, entre 2002 et 2007, le prix d’un sac de «makala» ou charbon de bois a augmenté de 300%! Ces prix exorbitants appauvrissent la population. Le projet Ecomakala du WWF, qui a débuté en 2007, prévoit de fournir à la population un charbon de bois alternatif et durable à un prix tout à fait abordable. Pour ce faire, des millions d’arbres ont été replantés (déjà 10 millions d’arbres sur 2'000 hectares!) dans le but de produire du charbon. Ce sont des associations locales qui gèrent cette production: seul le tiers des arbres est abattu après 4 ans. Les arbres coupés sont aussitôt remplacés par de jeunes plants. Cette nouvelle forêt se régénère ainsi graduellement. Le reboisement procure donc du bois pour le charbon, et les habitants n’ont plus besoin de détruire la forêt du parc des Virunga. Actuellement, le WWF prépare la deuxième phase du projet: la transformation du bois en charbon. Il faut que le processus de transformation en charbon – les arbres doivent être brûlés – soit le plus efficace possible pour éviter tout gaspillage. Il faut ensuite que ce charbon soit vendu à bas prix pour que les habitants puissent se le procurer. En résumé, le projet Ecomakala permet donc de ralentir la déforestation, de créer des emplois dans les plantations, de subvenir aux besoins de la population en bois de chauffage et enfin de protéger les animaux qui vivent dans le parc des Virunga! © Edward Parker/WWF-Canon © Kate Holt/WWF-UK Le savais-tu? A Madagascar, où la déforestation est très avancée, le WWF collabore à un projet de production et de vente de fours solaires. En un an, chaque four solaire permet de préserver plus de 7 tonnes de bois, soit un hectare de forêt (plus qu’un terrain de football), et d’éviter ainsi l’émission de 2 tonnes de CO2! 1 Homme s’apprêtant à brûler du bois pour en faire du charbon 1 Magazine WWF n°3, septembre 2011 Projet scolaire de reforestation à Udzungwa en Tanzanie soutenu par le WWF Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! 31 o Fiche d’activité n 7 Prénom Le projet de Dzanga-Sangha Ce projet que le WWF soutient a pour but la préservation des aires protégées qui s’étendent sur quelque 2,8 millions d’hectares et qui couvrent 3 parcs nationaux au Cameroun, dans la République centrafricaine et dans la République démocratique du Congo. Loin des grandes localités et des axes routiers, cette région a conservé sa biodiversité. En plus des patrouilles de gardes trinationales parcourant la forêt pour lutter contre le braconnage, le projet de Dzanga-Shanga développe un écotourisme (tourisme écologique respectueux de l’environnement) qui contribue à la survie des grands singes tout en améliorant les conditions de vie des communautés locales. En effet, les billets d’entrée du parc national financent directement la conservation du site et la protection des gorilles, et une partie de l’argent ainsi récolté est partagé avec les populations locales. Mais pour que les touristes puissent voir des grands singes, il faut d’abord les accoutumer à la présence de l’homme sans pour autant influencer leur comportement! Le projet de Dzanga-Sangha inclut donc un programme d’habituation des primates, ici les gorilles des plaines de l’Ouest. Il s’agit d’un très long processus, qui s’étale sur 5 années de recherche scientifique et qui exige des pisteurs issus des tribus des pygmées BaAkas. Vivant dans la forêt depuis des générations, ce peuple de chasseurs-cueilleurs peut entendre le plus léger bruit, sentir l’odeur la plus diffuse, identifier les empreintes de tous les animaux et en déduire la direction qu’ils ont prise ou l’heure de leur dernier passage. Une fois qu’un groupe de gorilles est repéré grâce à ses nids, excréments ou brindilles cassées, les chercheurs et les pisteurs le suivent tous les jours, en s’approchant de plus en plus près. Comme la végétation est très dense, la visibilité va rarement au-delà de 15 m. Les chercheurs émettent alors un bruit, comme un claquement, lorsqu’ils sont à proximité des animaux, pour les habituer à leur présence. Pendant les premières années, les gorilles se montrent craintifs et s’enfuient. Ensuite, ils deviennent agressifs, particulièrement les mâles dos argentés. Puis, durant la troisième année, le dos argenté reconnaît les observateurs comme des éléments plus ou moins neutres dans l’environnement et leur permet de se rapprocher davantage. Les femelles mettent encore une année ou deux pour accepter la présence des hommes. Finalement, le groupe est habitué et les excursions touristiques peuvent commencer. Ce processus d’habituation n’est pas sans dangers pour les chercheurs. Les gorilles peuvent souvent attaquer, mordre et causer de grandes frayeurs, surtout quand les observateurs se font charger par un dos argenté! Il faut toujours respecter la distance adéquate à chaque singe. Les gorilles reconnaissent chaque personne qui les suit, et se souviennent si un observateur ou un pisteur s’est approché de trop près. Ils se montrent ensuite beaucoup plus méfiants avec cette personne-là! Le savais-tu? Il n’existe actuellement que 4 groupes d’une vingtaine de gorilles habitués à l’homme sur les quelque 125000-200000 gorilles des plaines de l’Ouest!1. 1 David Greer, compte-rendu du programme WWF «African Great Apes», décembre 2011 32 Pygmées BaAkas habitant dans le parc trinational de Dzanga-Shanga Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! © Harvey/WW-Canon Durant ces longues années, il faut également rester très vigilants pour ne pas transmettre de maladies aux gorilles. Les chercheurs, et plus tard les touristes, portent alors des masques et respectent une certaine distance pour ne pas contaminer les gorilles. Fiche d’activité n o 8 «1, 2, 3… action!» Mots-clés protection, projets, déforestation, culture de palmiers à huile, braconnage, corruption, FSC Type d’activité match d’improvisation Objectifs ● comprendre la situation inquiétante des grands singes et de la forêt tropicale et savoir échanger sur ce sujet ● développer l’expression orale et la pensée systémique ● développer l’esprit de coopération et la répartie Matériel aucun Lieu en classe Durée 90 minutes Marche à suivre pour l’enseignant Cette activité s’organise en tournoi de matchs d’improvisation. Les élèves de la classe se répartissent en 4 équipes. A l’annonce du thème et de la durée de l’improvisation par l’enseignant qui joue le rôle de l’arbitre, les deux premières équipes qui s’affrontent ont une minute pour se concerter avant de débuter la partie. L’une après l’autre, les équipes improvisent sur le thème donné. Puis, le public constitué des autres élèves, votent pour l’équipe la plus convaincante. L’arbitre compte les votes: le point va à l’équipe qui a obtenu le plus grand nombre de voix. C’est ensuite aux deux autres équipes de jouer l’une contre l’autre, et ainsi de suite, jusqu’à ce que toutes les équipes se soient affrontées. S’il y a 4 équipes, il y aura 6 matchs. Selon le temps à disposition, il peut y avoir plus de matchs. L’équipe gagnante est celle qui remporte le plus de points. Tous les membres d’une équipe doivent participer à l’improvisation, même s’ils sont muets. S’il le désire, l’enseignant peut parfois faire jouer les deux équipes en même temps. Thèmes: à choisir ou en imaginer d’autres! 1. Arrivée dans un centre de réhabilitation d’un jeune gibbon: 2 minutes 2. Grands singes, huile de palme et Nutella!: 3 minutes 3. Rencontre imprévue entre chercheurs et gorilles…: 2 minutes © Michel Terrettaz/WWF-Canon 4. Une journée avec un braconnier: 3 minutes 5. Tentative de collaborateurs WWF d’associer une communauté villageoise à un projet de protection des grands singes: 3 minutes 6. A la recherche d’une guitare FSC…: 3 minutes Petit orang-outan recueilli au centre de Sepilok à Sabah, Bornéo Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! 33 Bibliographie Bibliographie Livres pour enfants • Boesch Christophe, Grundmann Emmanuelle et Mulhauser Blaise, Manifeste pour les grands singes, Le savoir suisse, Lausanne, 2011. • Dröscher Vitus B., Menschaffen, Wissen Tessloff, Nüremberg, 2008. • Fossey Dian, Gorilles dans la brume. Treize ans avec les gorilles, France Loisirs, Paris, 1988. • Grundmann Emmanuelle, L’homme est un singe comme les autres, Hachette Pratique, Espagne, 2008. • Hess Jörg, Grands singes, mère et enfant, Editions Friedrich Reinhardt, Bâle, 2009. • Morris Desmond, Planet Ape, Mitchell Beazley, Londres, 2009. • Mulhauser Blaise, Haenni Jean-Paul, Dufour Christophe, Le propre du singe, catalogue publié à l’occasion de l’exposition du même nom au Muséum d’Histoire naturelle de Neuchâtel, 2008. • Nelleman Christian, Redmond Ian et Refisch Johannes (éd.), « Le dernier carré des gorilles. Criminalité environnementale et conflits dans le bassin du Congo». Rapport d’évaluation rapide. Programme des Nations Unies pour l’environnement, GRID-Arendal, 2010. www.grida.no • Nelleman Christian, Miles Lera, Kaltenborn Bjorn P., Virtue Melanie et Ahlenius Hugo, «The last stand of the orangutan. State of the emergency: Illegal logging, fire and palm oil in Indonesia’s national parks». Rapport d’évaluation rapide. Programme des Nations Unies pour l’environnement, GRID-Arendal, 2007. www.grida.no • WWF Magazine n° 3 septembre 2011 et n° 5 novembre 2011 DVD • Rencontre avec les gorilles (C’est pas sorcier, 26 mn, 2009) • Le gorille si loin, si proche, de Brian Leith (BBC, 46 mn, 2006) • Les primates (C’est pas sorcier, 26 mn, 2006) 34 Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! • Platt Richard, Les singes. Tout près des gorilles, babouins, macaques…, Nathan, Italie, 2004. • Steedman Scott, Un singe, Gallimard, Paris, 2001. • Cook David et Hughes Jill, Les grands singes, Deux Coqs d’Or, Grande-Bretagne, 1976. • Jane Goodall, De tout cœur: dix messages d’amour dans la vie des chimpanzés, Nord-Sud, Belgique, 1998. • Sourd Christine, L’orang-outan: l’acrobate des forêts, Milan, Toulouse, 1996. Sites internet • http://fr.mongabay.com/rainforests/ • http://www.un-grasp.org/ • http://www.iucnredlist.org/ • http://www.janegoodall.fr • http://www.grands-singes.com/index.html • http://www.snv.jussieu.fr/vie/dossiers/ evolution/ligneehumaine/homo.htm • http://www.fao.org/docrep/013/i1757f/ i1757f00.htm • www.wwf.ch, www.wwf.be et www.wwf.org Films • Gorilles dans la brume, de Michael Apted (USA, 1989, 2h08) • Gorilles du Congo, sauvetage à la tronçonneuse, de Thomas Weidenbach (Allemagne, 2011, 52 mn), diffusion Arte • Bonobos, d’Alain Tixier (France, 2009, 1h30 ) Remerciements A tous ceux qui ont collaboré à la réalisation de ce dossier pédagogique: Véronique Bezençon, Rute Bucho-Buschbeck, Doris Calegari, Jennifer Darras, Deborah Demeter, Nicole Devals, David Greer, Jörg Hess, Stefania Janner, Pierrette Rey, Dominik Ruprecht, Jan Schlink, Michel Terrettaz, Noémie Tharin, Dina Walser et Katia Weibel, un grand merci! Nous remercions également le Musée d’Histoire naturelle de Neuchâtel pour son don de nombreux exemplaires du carnet «Le propre du singe», ainsi que nos sponsors, Migros et l’Office fédéral de l’environnement (OFEV). Depuis 2001, Migros est le sponsor principal du Pandamobile et depuis 2009, des programmes du WWF destinés aux enfants et aux adolescents. Grâce à ce partenariat, le WWF éveille l’intérêt des plus jeunes aux problématiques environnementales et les sensibilise à une utilisation durable de nos ressources. © WWF Suisse 2012 © 1986 Panda symbole WWF ® «WWF» est une marque enregistrée du WWF Impressum Editeur WWF Suisse Avenue Dickens 6 1006 Lausanne +41 (0)21 966 73 73 Fax: +41 (0)21 966 73 74 [email protected] www.wwf.ch/ecole Auteurs Julia Nerfin, Christophe Grand Graphisme et illustrations Nicole Devals Traduction Version allemande: Regina Reuschle Version italienne: Federica Correco Impression Atelier Grand SA, Le Mont-sur-Lausanne Imprimé sur du papier recyclé Dossier pédagogique du WWF Pandamobile – Singe qui peut ! 35 WWF Suisse Avenue Dickens 6 1006 Lausanne +41 (0)21 966 73 73 Fax: +41 (0)21 966 73 74 [email protected] www.wwf.ch/ecole Notre raison d’être Arrêter la dégradation de l’environnement dans le monde et construire un avenir où les êtres humains pourront vivre en harmonie avec la nature.