CTA (Central de los Trabajadores de Argentina,
- Remplacement des Directions gorilles des
vieux appareils syndicaux par des dirigeants plus
combattifs.
Ce ne sont donc pas les conseillers
économiques du couple Kirchner qui gouverne
l’Argentine depuis 2002 qui ont poussé à la
déclaration de cessation de paiement de la dette et
à renationaliser les secteurs clés de l’économie
mais bien la mobilisation des classes populaires.
C’est là une leçon essentielle pour la crise
actuelle. C’est la mobilisation ouvrière qui en
finira avec la dette. A cet égard, l’Argentine a
montré un moment la voie.
Mais revenons à cette crise révolutionnaire :
-Les chômeurs sont sortis de leur isolement
et se sont auto-organisés en piqueteros. Il est
impossible de faire un décompte du nombre de
barrage de routes, de manifestations spectaculaires
dans la capitale et dans toutes les provinces. Ces
piquets étaient quasi invincibles et au bord de
s’armer si la crise avait perduré,
- Les travailleurs du secteur public, les
enseignants au premier rang se sont mobilisés sans
discontinuer et ont donné l’exemple aux autres
travailleurs en créant un nouveau syndicat. Ils ont
été suivis par les cheminots, les employés de
banque etc.…
-Les travailleurs de l’industrie frappés par
des plans massifs destruction ont réussi à virer les
gorilles syndicaux et à rejoindre les mobilisations.
-Les classes moyennes paupérisées se sont
aussi massivement mobilisées auprès des salariés
et dans leurs quartiers.
Peu à peu, bien avant Facebook et Twitter, les
manifestants s’autoconvoquaient et les menaces
du FMI et du gouvernement de la mi-décembre
allaient provoquer les manifestations
révolutionnaires des 19 et 20 décembre 2001.
Le ministre de l’économie ne dut alors la vie
sauve qu’à un miracle et le président dut s’enfuir
depuis les toits de la « Casa Rosada » (l’Elysée
argentin) en hélicoptère car les manifestants
avaient réussi à envahir le palais présidentiel !
La bourgeoisie oligarchique prit peur et
s’enfuit, les travailleurs ont transformé leurs
entreprises en coopérative ouvrière.
Les travailleurs et les classes moyennes ont
également pris d’assaut les banques avec la
complicité des employés pour récupérer leur
argent bloqué en raison du Corralito (250 dollars
par semaine).
Une économie parallèle s’est rapidement mise
en place basée sur des échanges en monnaie
frappée par une ville ou un quartier.
Ceux d’en bas ne voulaient plus de ceux d’en
haut et s’en donnaient les moyens. Ceux d’en haut
ne pouvaient plus diriger.
Il s’agissait bien d’une crise révolutionnaire
classique.
Les assemblées générales étaient quotidiennes
et les questions politiques et économiques étaient
débattues sur les lieux de travail, dans tous les
quartiers avec au centre l’exigence de
l’annulation totale de la dette et le renvoi de
tous les politiciens et dirigeants d’entreprise
corrompus : « que se vayan todos » .
Cependant, il manqua à ce formidable
mouvement une coordination générale
principalement dans la capitale Buenos Aires. Une
coordination des piqueteros, des délégués
d’assemblées qui auraient construire le pouvoir
populaire et prendre un pouvoir qui était vacant et
à prendre.
La nature et les rapports de classe ayant
horreur du vide, une alternative politique se
dessina rapidement en provenance du vieil
appareil péroniste autour de Nestor Kirchner
ancien montenero (aile gauche anti-impérialiste du
péronisme dans les années 70).
Situé politiquement entre Lula le modéré et
Chavez plus radical, Kirchner fut aidé par les deux
dirigeants latino-américains. Kirchner allait
d’abord parvenir à prendre le contrôle du principal
mouvement auto-organisé: les « piqueteros » avec
une politique intelligente combinant l’assistance
concrète en aliments et argent et un certain
radicalisme.
Puis sous la pression des travailleurs, il
renationalisa des secteurs clés de l’économie et
prit le contrôle des exportations de matières
premières et de produits agro-alimentaires (le
fameux soja malheureusement transgénique).
Il gagna le cœur d’une partie des vieux
opposants (« Les mères de la playa Mayo »
notamment) en remettant en prison les militaires
de la dictature, le président corrompu Menem,
Cavallo et compagnie.
Kirchner parvint donc à se faire reconnaître et
à reconstruire l’autorité de l’état bourgeois
argentin.
La situation se normalisa dans un contexte de
mobilisation qui permit au gouvernement de
négocier dans une position de force avec ses
créanciers, FMI en tête. Moi ou la révolution,
vous devez choisir ! Par peur de tout perdre, les