LA PRESSE MONTRÉALLUNDI27MARS 2006ARTS &SPECTACLES 5
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THÉÂTRE
EN BREF
La Robedemariée deGisèle Schmidt
Lesonge deGisèleSYLVIE ST-JACQUES
Encore
Encore une fois
Iln’est pastrop tardpour voir
Louison Danis,aliasMaman
Bougon,entrerdanslapeaude
lathéâtrale Nana, personnage
calquésur lamèredeMichel
Tremblay.Dessupplémentaires
de laproductionEncoreune fois,
sivous le permettezparle Théâtre
desgensd’en bassontprévues
pour le 26 mars à15h ainsique
les29,30,31mars et1eravril à
20h.
L’histoire
d’uncoeur
Àpartirdu28mars,le Théâtre
Incliné occupe lascèneduMo-
nument-NationalavecL’Histoire
d’uncoeur.Sur untexteécritsur
mesureparLarry Tremblayet
une miseenscène de JoséBa-
bin,cettepièceallie marionnet-
tesmorcelées,musiqueetom-
bres.Elle évoqueletrajet
mouvementéd’uncoeur
transplantéd’uncorpsàl’autre,
«dansunstyle situéquelque
part entreHamletetPaillas-
son ». Une «courteforme »(mi-
ni-pièce) présentée dansle hall
d’entrée duMonument-Natio-
nal,précéderachacune des10
représentations.Du28mars au
8avril.
Bonbons assortis
en joual
AprèsHosannaetEncoreune fois,
Bonbonsassortisclôtcettesemai-
ne la«trilogie Tremblay»dela
saison. René RichardCyr assure
lamiseenscèned’une suitede
saynètesquidépeignentlavie
familiale québécoise. La distri-
bution compteRitaLafontaine,
GillesRenaud,PierretteRobi-
taille etGermain Houde,quise
donnerontlarépliqueenjoual
danscetteoeuvreoùTremblay
revisitesessouvenirs de jeunes-
se.
LeQuat’Sous,
sens dessusdessous
«C’est comme silessoeurs
Brontëavaientfaitdesbiscuits
aupot!» EnentrevueavecLa
Presse,en septembredernier,
c’est ainsiqu’ÉricJean,direc-
teur artistiqueduQuat’Sous,a
résumé lasérie en cinq épisodes
LesMystèresde quat’sous.S’inspi-
rantdupassémythiquedela
maison de laruedePins,l’au-
teur PascalBrullemansaimagi-
né une histoiredejeune femme
sauvée deseaux parunmonstre.
S’yentremêlentlesgenrescom-
me lesépoquesets’entrecho-
quentdespersonnagesétranges
etéclatés.Lequatrième épisode
dufeuilleton,La Malédictiondu
costumier,seraprésentéau
Quat’Sous le 1eravril à23hetle
2avril à19h.
Uncontevert
pourles tout-petits
L’équipe de L’Illusion,Théâtre
de marionnettes,offreunadap-
tation ducélèbreconteJacqueset
le haricotmagique.Onyraconte
l’histoiredeClairequi,avec
l’arrivée duprintemps,s’amuse
avecl’ombredespremiers
rayonsdusoleil etproposeà
son voisin,Jacques,de planter
desharicots.Musique,ombres,
lumière,mouvement,objets et
marionnettess’allientpour ra-
conterceclassiquedel’enfance,
interprétéparClaireVoisard.
SYLVIE ST-JACQUES
CRITIQUE
«Lesacteurs sontdespasseurs
de rêves»,disaitGisèle
Schmidt.AvecsacréationLa Ro-
bedemariée de Gisèle Schmidt,Ju-
lie Vincentoffreunsonge théâ-
traltrèsémouvantàson amie
disparueen2005.
Pour cetteoeuvreensixta-
bleaux quiemprunteson ryth-
me aurecueil de nouvelles,cette
auteure,comédienne etmetteu-
seenscène acréé desapartés
amoureux dédiésàcellequiau-
raitdonnétoutesacarrièrepour
vivreune grande histoire
d’amour.
Julie Vincentauraitpusecon-
tenterd’unsimple hommage
biographiqueàlagrandecomé-
dienne aux yeux de braise. En
choisissantlafiction,elleest al-
lée beaucoupplus loin.La Robe
de mariée de Gisèle Schmidtest une
oeuvreoriginale d’une grande
sincéritéquifrappe l’imaginai-
re.
«Qu’est-cequelegrand
amour ?»demande lapièce. En
guisederéponse,une vieille ro-
bedemariée sepromène entre
leshistoiresquisedéroulenten
divers temps.Ellesefaittémoin
desillusionsd’amour de cou-
plesimprobablesqui,eux aussi,
rêventdugrand amour.
Rencontresérotiques,passions
impossibles,liaisonsdésespé-
rées...La robeblanche en voit
de touteslescouleurs,maisau-
cunmariage avecpromessede
bonheur éterneletde nombreux
enfants ne croisesaroute. Seul
l’amour duthéâtresubsiste,
portépardescomédiensinspi-
résetune auteureinvestie de la
mission d’immortaliserune pas-
sion entièrepour le théâtre.
Ingénieuse,lascénographie
nous transportesanspeine dans
cetunivers auquel Gisèle
Schmidtaconsacrésavie.Sur la
scènedel’EspaceGo,une se-
condescène en plandecoupe,
avecvuesur lescoulisses(oùse
changentlescomédiens)nous
rappelle cetteexistenceconsa-
crée àlascène. Enarrière-plan,
une tapisserie dentelée,vestige
apparentd’unpassélointain,
évoquel’histoireduthéâtre
québécois.
Ilsuffitde rapideschange-
ments de costumespour queles
singuliers personnagesissus de
l’imagination de Julie Vincent,
sepromènententredeslieux
aussidifférents qu’unwagon du
métrodeMontréalen2003,un
hôtel de passeàNîmesouun
soirde février,àChicoutimi.
Forcément,leur vision de
l’amour est intimementliée à
leur époque. Photographe de
guerre,marin,ouvrièreportu-
gaiseemployédecaissepopu-
laire... Ilspartagenttous le mê-
me rêvedegrand amour que
Gisèle Schmidt.
Detouteévidence,lesquatre
comédiensquisepartagentla
scène vouentune belle affection
àl’actricedisparue. Celle-cirè-
gne surlapiècecomme unspec-
treomniscient.La ressemblance
entreleregardperçantde Jacin-
the LagüeetceluiMme Schmidt
est saisissante. Rayonnante,La-
güejoueavecgrâceeténergie.
La «mère»duprojet,Julie Vin-
cent,serévèle quantàelle tou-
chantedansson interprétation
de personnagesquil’habitent
depuisquatreans.
Souventremarquable,le solide
textedeVincenttientle specta-
teur en haleine pendanttoute
l’heureetdemie quedurela
pièce. La qualitédesdialogues
etdesinterprétationsn’est pas
tout àfaitégale d’untableauà
l’autre,maiscertainsmoments
de grande intensiténous font
oubliercettefaiblesse. Divers
degrésd’interprétationssesu-
perposentdélicatement,sibien
quecetteoeuvrenous habite
longtempsaprèslachuteduri-
deau.
Charmantmomentde
théâtre,La Robedemariéede
Gisèle Schmidtest une pas-
sation artistiqueetamou-
reuseentreGisèle Schmidt
etsessuccesseurs.Encette
époquedetéléréalité,cette
piècedémontrequelafiction est
toujoursplus intéressanteque
l’anecdotique.
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LA ROBE DE MARIÉE DE GISÈLE
SCHMIDT, texteetmise en scène de
Julie Vincent.Une création duPàP en
coproduction avecSingulier Pluriel. À
l’EspaceGo,jusqu’au15 avril.
PHOTOYANICK MACDONALD
ÉricCabana, Julie Vincent,Jacinthe LaguëetPaulSavoie,dans lapièceP La Robedemariée deGisèle Schmidt.
Ingénieuse,lascénographie noustransporte
sans peine dans cetunivers auquel Gisèle Schmidt
aconsacré savie.
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THÉÂTRE-DANSE /Demain
Danser surlabraise
JADE BÉRUBÉ
CRITIQUE
COLLABORATION SPÉCIALE
Pendantquel’univers sebrise,la
jeunessedenotremonde porte
l’optimisme en flambeau.Tout
irabien,vous verrez,nous di-
sent-ils.Etleur candeur ressem-
ble àlanôtre,perduedansle dé-
tour desannées.
Paulade Vasconcelosclôticisa
trilogiedelaTerreavecunder-
nieropus intitulé Demain,laissant
cettefoisàseptinterprètesdans
lajeune vingtaine le choixdu
propos.Ici,aucunpersonnage.
L’heuren’est plus àlafiction. Les
interprètesagissentselon une
énergie quileur est propre,leur
corpsetleur espritétantlamatiè-
repremièredecettenouvelle
création.
La trilogie de laTerrefut
d’abordpensée parl’artistecom-
me unmanifesteartistique. In-
quiètedusort de notreplanète,
de Vasconcelosamorçaiten 2004
son bilanentroistempsavecune
premièreoeuvreintituléeBabylo-
ne,une création alliantle théâtre
àladanseetàlamusiquetradi-
tionnelle interprétée en direct.
Leberceaumythiquequerepré-
sentelaville de Babylone abritait
unmonde naissant,vouéàlafra-
gilité,tel unjardin suspendu
dansl’espace. Poursuivantle
triptyque,de Vasconcelosprésen-
taitl’année dernièreune ode au
miracle de l’éclosion dujour avec
lacomplicitéduphotographe
Serge Clément.
Pour parlerduprésent,lacréa-
triceinterdisciplinairechoisissait
lapoésie de l’aube. Desphoto-
graphiesprisesaupetitjour dans
diversesmétropolesdumonde
côtoyaientle drame personnel
d’une quadragénaireenperte
d’identité.
Pour mettreenimage le futur,
l’artistes’est icientourée d’une
jeunessefougueuseetlaisseune
grande placeàson énergie débor-
dante. Lescorpssonthyperactifs,
frénétiquestout en étantextrê-
mementorganisés.
La danserestedoncle canal
principaldecettegénération I-
Pod (plusieurs tableaux semblent
d’ailleurs directementinspirésde
lacampagne publicitairedu
géantaméricain). Projetantles
penséesdesdanseurs en herbe
sur écran,lachorégraphe s’assure
de ne pasbrouillerlespistes.
Nous ne sommesplus dansle
domaine de l’interprétation mais
celuideladémonstration. Voici
ceux quifaçonnerontbientôtno-
tremonde. Écoutezleur enthou-
siasme. Voyezàquel pointleurs
inquiétudesne sontencoreque
de surface. Même lorsquedeVas-
conceloschoisitde projeterla
mort desinterprètesen nous of-
frantl’image magnifiquedeleurs
corpsmariésàde laterre,l’image
restepresquechimérique. La
mort ne génèreaucune résonance
encoresinon celle d’une finalité
romantique.
Cettejeunessecitoyenne du
monde (lelangage chorégraphi-
quepuiseabondammentdansla
gestuelle indienne) s’apprêteaux
sauts.Moulinets,étirements,les
chairs sepréparent.Etsilare-
cherche de l’équilibresoudain
habitecesêtresauprintempsde
leur vie,ceux-cis’amusentrapi-
dementdescontrepoidsengen-
drés.
S’identifiantparfoisaux athlètes
olympiques,cherchantlesave-
nuespossiblesoùil semble y
avoircul-de-sac (seglissantpar
exemplesous unrideaufermé),
lesinterprètesévoluentdansune
scénographie aux couleurs fluo-
rescentes.La communication est
rapide,lesinterférencesassimi-
léesetintégréesàlaseconde. Ef-
ficace,lajeunessemaîtrise. Quel-
quefoisinquiète,elle n’arrête
paspour autantde s’activeren
tout sens.Lesjeunesdansentsur
labraised’unmonde écroulé
avecune confiancebouleversan-
te.
Cherchantdanstoutessesoeu-
vresàconcilierlescheminsde
traversesde l’individuetl’uni-
versalité,de Vasconcelosutilise
cettefoislaboîtedePandore
qu’est Internet.
Branché sur le monde en direct,
le spectateur devienttémoin de
cetart épistolairerenouvelé alors
qu’une discussion s’échafaude
sur écranentreunmembredela
compagnie etuncorrespondant
dubout dumonde pendantlare-
présentation.
Sil’idée paraîtde prime
abordfort àpropos,lamise
en pratiqueest décevante.
Onysentle désirde provo-
querunmomentintime
sansnécessairementypar-
venir.Lemondialisme in-
hérentau«chat»reste
étrangementinexploité. Il
est doncàespérerquele
projetévolue.
Iln’en demeurepasmoins
quelederniervoletde cette
trilogie offreencoreune
foisdesmoments de pur ravisse-
mentsouventgénérésparlaforce
descorpsen mouvement,prou-
vanthors de tout doutequela
puissancedefrappe deschoré-
graphiesde Paulade Vasconcelos
demeureintacte.
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DEMAIN, mise en scène,chorégra-
phies etscénographie dePaulade
Vasconcelos avecNatalie-ZoeyGauld,
François Gravel,Suzanne Laforest,
Forty Nguyen,Manuel Roque,Jeannie
Vandekerkhove,MeaghanWegg et
Émile Vasconcelos-Taillefer. Jusqu’au
8avril àl’Usine C.
La trilogie delaTerre fut d’abordpensée par
l’artistecomme unmanifesteartistique. Inquiètedu
sortdenotre planète,deVasconcelos amorçaiten
2004son bilanentrois temps avecune première
oeuvre intitulée Babylone,une création alliant
le théâtre àladanse etàlamusiquetraditionnelle
interprétée en direct.
ENTRÉE EN SCÈNE
>Jacques etle Haricotmagique,
Studio-théâtre deL’Illusion,
1 er au30avril
>L’Histoire d’uncoeur,
Monument-National,28mars
au8avril
>Bonbons assortis,RideauVert,
28mars au29avril
>Prodigy,Théâtre Sainte-
Catherine,29mars au9avril
>Les Mystères dequat’sous,
Théâtre deQuat’Sous,1er et
2avril
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