Chère Rosette
En dépit de son maigre salaire et deux enfants à élever
seule, ma mère, parvenait à épargner, peu mais assez
régulièrement.
Elle ne plaçait pas ses économies en banques, elle
achetait des pièces d’or : Napoléon, Souverain etc, qu’elle
dissimulait, selon l’adage : « Ne pas mettre tous ses œufs
dans le même panier » dans divers endroits : pots de
plantes, paquets en carton de riz, lentilles ou sac de
serviettes hygiéniques… Elle nous confiait où se trouvait
notre trésor mais comme elle changeait souvent de
cachettes nous n’en étions pas toujours informés.
Un jour, subitement, elle ressentit de violentes
douleurs au ventre et fut immédiatement hospitalisée.
Notre tante et notre oncle qui habitaient près de chez nous,
eurent la bonté, malgré la charge de leurs trois enfants en
bas âge, de nous héberger le temps que dura la maladie de
maman.
Ils récupérèrent dans notre placard les aliments qui
risquaient de se gâter : fruits, légumes, fromages et un peu
de charcuterie.